Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

La grâce procurant le salut éternel

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Car c'est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu. Ce n'est point par les oeuvres, afin que personne ne se glorifie.
(Eph. 2 : 8-9.)

Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles.
(II Cor. 5 : 17.)


Une fois, j'entendis un homme déclarer : « Je ne pèche plus ! » Je me fâchai contre cette personne, je devins même furieux. Bien qu'à l'heure actuelle je ne puis admettre cette façon de s'exprimer, je dois dire que ces paroles me donnèrent le coup de grâce de manière inattendue. Ma piété extérieure avait disparu et cela contribuait à me faire réfléchir et rentrer en moi-même. Mais cette déclaration fit que je rentrai furieux chez moi, pensant : « Je ne permettrai plus à cet homme de prendre la parole dans notre assemblée ; nous avons suffisamment de propres justes ! » Je déployai du zèle, pensant qu'il était divin, mais, cette nuit-là, Dieu se manifesta à moi. En vision, je vis devant moi les vaisseaux sanguins de l'homme ; le sang qui s'y trouvait était coagulé et je demandai : « Seigneur, que veux-tu me dire ? » J'avais l'impression que le sang de Christ n'avait pas coulé pour moi ! L'image de ce sang coagulé dans les artères et les veines resta devant mes yeux pendant quatre semaines. Je ne fis part de la chose à personne ; ma femme même ignorait cette vision.

Un certain matin, je lisais dans Romains 5 : 1, le passage que j'avais déjà lu maintes fois : « Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ ».

Je ne remarquais pas encore grand'chose ; continuant ma lecture, je vis comment le péché avait fait son entrée dans le monde, et par le péché, la mort. Le désir vient par le tentateur, la convoitise enfante le péché, et le péché produit la mort : « Ainsi la mort s'est étendue sur tous les hommes, parce que tous ont péché ! » Par conséquent, il doit y avoir une résurrection des morts, selon Colossiens 3: « Si donc vous êtes ressuscités avec Christ... ». Continuant ma lecture, j'arrivai à Romains 6, et le brouillard se dissipa de plus en plus ; à la fin, je fus entouré d'une grande clarté.

Je vis alors cette parole : « Comme par une seule offense, la condamnation a atteint tous les hommes - sans qu'ils y ajoutent quelque chose - de même, par un seul acte de justice, la justification qui donne la vie s'étend à tous les hommes ».

Réfléchissant à cela, je me dis : « Je n'ai pas cherché la première chose, qui s'est produite sans que j'y ajoute quoi que ce soit ; il en est de même pour la seconde ». Lorsque j'arrivai au passage : « Ainsi vous-mêmes, regardez-vous comme morts au péché, et comme vivants pour Dieu en Jésus-Christ ! » la lumière se fit en moi et, lorsque je me considérai comme tel, je réalisai la paix de Dieu. J'entendis ensuite une voix distincte : « Tes péchés te sont pardonnés ! » et je fus traversé de part en part par un courant chaud, se répandant du coeur aux pieds et jusqu'aux extrémités des doigts. Je vis : « Sauvé, sauvé ! Par grâce, par grâce ! » (Éphésiens 2 : 8-9.) Je reçus le témoignage dans mon coeur que j'étais un enfant de Dieu selon Romains 8 : 16 et Éphésiens 2 : 8-9, et en même temps, je vis encore ceci : « Dieu donne le Saint-Esprit à ceux qui lui obéissent ! » selon Actes 5 : 32. Il le donne donc à ceux qui croient selon les Écritures et non pas aux personnes qui, selon leur entendement, faussent le sens des paroles de la Bible en « annonçant les visions de leur coeur ». Je vis aussi clairement que tous les hommes seraient lavés et blanchis comme la neige de leurs souillures, s'ils s'humiliaient et croyaient la Parole de Dieu.

C'était le 12 février 1902. Dès cette heure, j'eus cette assurance : « Dès à présent, j'appartiens à Jésus ! » De joie, je ne pus dormir pendant huit nuits consécutives. Le soir de ce jour mémorable, je voulus prier selon « la vaine manière de vivre que nous avons apprise de nos pères » : « Pardonne-moi mes manquements de ce jour ! », mais je savais que mes péchés étaient pardonnés. Alors une voix forte se fit entendre en moi : « Mais ils sont pardonnés ! » Je m'humiliai alors d'avoir négligé l'efficacité du salut, puis je rendis grâces parce que ma dette était payée par Jésus ; je savais que son sacrifice a une valeur éternelle ! Le pardon était mien comme il est dit dans le Psaume 34 - 23: « Tous ceux qui l'ont pour refuge échappent au châtiment ! » À partir de ce moment-là, je me trouvais être placé dans l'« avoir » spirituel. Lorsque je péchais encore, - ce qui se produisait, - je m'humiliais immédiatement devant Dieu, sachant en même temps : « Dieu ne m'impute rien ! » Puis, je lui rendais grâces de tout coeur pour la juste rétribution qu'avait également reçue cette faute. Hébreux 2 : 2-3 : « Toute transgression et toute désobéissance ont reçu une juste rétribution. Comment échapperons-nous en négligeant un si grand salut ? »

 

Le matin où je reçus l'assurance du pardon de mes péchés, je vis la grâce, mais j'en ignorais la grandeur ; aujourd'hui, cette grandeur m'est encore inconnue. Cependant, combien de fois n'ai-je pas réalisé déjà la grâce surabondante de Dieu !


Salut perdu et retrouvé.

Je dis cela afin que personne ne vous trompe par des discours séduisants. Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie, s'appuyant sur la tradition des hommes, sur des rudiments du monde, et non sur Christ.
(Col. 2 : 4-8.)

Car - chose impossible à la loi, parce que la chair la rendait sans force - Dieu l'a fait en condamnant le péché dans la chair.
(Rom. 8 : 3.)


Lorsque je réalisai la nouvelle naissance, Dieu me montra d'une façon très claire ce que Jésus a accompli pour nous et comment on obtient la délivrance par lui. Malgré cela, je tombai tôt après sous la loi, par l'enseignement basé sur la tradition des hommes, ou l'enseignement selon l'intelligence des hommes. La croissance intérieure s'arrêta et je devins tout à fait malheureux.

Dans les réunions on disait toujours que nous manquions d'amour et que nous étions avares. Un prédicateur, voulant démontrer que nous sommes avares de nature, raconta qu'un homme, lors de sa conversion, s'était défait de tout son bien pour aider aux autres. Ensuite, il posa plusieurs fois cette question : « Ne sommes-nous pas encore tous avares ? Soyez francs ! La main sur le coeur ! » Alors je fus assailli chaque fois par cette pensée : « Tu l'es encore ; les choses doivent aller autrement dans ta vie ! » Après avoir assisté à de telles réunions, je rentrais à la maison en pensant que j'avais été « béni » et je me disais : « Je suis encore avare, Dieu me l'a révélé ! » Pourtant, j'avais réalisé la nouvelle naissance ; par conséquent, j'étais délivré de l'avarice. Par les discours de la sagesse humaine, le prédicateur était arrivé à me faire croire que j'étais encore dans ce péché-là. Il m'avait ravi mon salut, au lieu de m'enseigner selon les Écritures qui déclarent : « Considérez-vous comme étant morts au péché ». Après de tels sermons, j'étais malgré tout un avare à mes yeux et, souvent, je vidai le contenu de mon petit porte-monnaie pour le remettre au prédicateur.

D'autres prédicateurs nous maltraitaient de la façon suivante : « Ne sommes-nous pas tous sans amour ? Ne devons-nous pas dire que nous n'avons pas eu suffisamment d'amour ? » En assistant à un tel culte, on peut croire aisément que l'on manque d'amour ! S'il en est ainsi, on est alors séparé de Christ. « Il est amour » et « l'amour de Dieu est répandu dans nos coeurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné. » Il existe plus de ravisseurs de ce genre qu'on ne saurait le croire. C'est pourquoi veillons, car il est d'une grande importance que nous ne perdions pas les dons que nous avons reçus.

L'assurance du salut me fut ravie parce que je ne discernais pas que ces affirmations venaient de la sagesse humaine. Je croyais que les sermons de la morale et l'enseignement des bonnes moeurs correspondaient à l'Évangile. La morale est bonne, mais on périt si l'on y recherche la vie divine. On entendait dire de tous côtés : « Nous manquons journellement, nous péchons tous les jours ». Cela donne une impression de grande humilité, mais celui qui prête l'oreille à ces propos et qui s'y soumet, ne demeurant pas en Jésus selon les enseignements que l'onction lui a donnés, est dépossédé de son salut. On disait également : « Le vieil homme vit encore aussi longtemps que l'on succombe dans un péché ». On déclarait même que le vieil homme et l'homme nouveau vivaient en commun dans le même corps ! Bien que l'onction m'ait enseigné autre chose, il me semblait alors souvent que ces prédicateurs avaient raison. L'onction nous enseigne que le vieil homme a été crucifié et qu'il est remplacé par un nouvel homme : « Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles ! » Contrairement à la Parole de Dieu, la sagesse humaine me disait que certaines choses vieilles avaient passé et que certaines seulement étaient devenues nouvelles ; ce qui revient à dire qu'une partie du vieil homme doit encore devenir nouvelle ! Cette sagesse prétendait en outre que tout homme avait un bon côté, et que le mauvais côté devait être amélioré, afin qu'aussi il devienne bon.

Cependant, la Bible dit : Si Edom dit : « Nous sommes détruits, nous relèverons les ruines ! » Ainsi parle l'Éternel des armées : « Qu'ils bâtissent, je renverserai, et on les appellera pays de la méchanceté, peuple contre lequel l'Éternel est irrité pour toujours ». (Mal. 1 : 4.) Je ne saisissais pas la portée de ces paroles lorsque je prêtais foi à l'enseignement de la sagesse humaine ; aujourd'hui je les comprends mieux.

Les sermons entendus à cette époque m'incitèrent à travailler avec une ardeur nouvelle, pour devenir, par ma conduite et mes oeuvres, l'homme que je devais être. Je voyais très bien que ma position n'étais plus celle que j'avais précédemment et que je n'étais plus heureux comme à ma nouvelle naissance. Par mon travail, ainsi que par des visites effectuées de jour et de nuit, je m'efforçais de conduire des âmes au Sauveur. Je pensais que, pour avoir de nouveau ce que j'avais perdu, il y avait lieu de prier davantage, lire la Bible plus assidûment, exhorter mieux, donner plus d'aumônes bien que, durant ce temps-là, ce que je donnais ne représentait pas, pour moi, du superflu ! C'est ainsi que je me tourmentais.

En ce temps-là, j'entendis un frère raconter qu'un socialiste lui avait dit : « Si vraiment vous croyiez à une damnation éternelle et que vous fassiez preuve d'amour à notre égard, vous tomberiez à genoux devant les gens, les suppliant de se convertir ». Je pensai que cet homme avait raison et que ce besoin me manquait encore. Je sais, me dis-je, que notre enseignement est véridique, mais jamais encore je n'ai supplié les gens à genoux ! Longtemps, cette pensée me tracassa, mais combien ce fardeau s'allégea lorsque je lus : « Apprenez de moi ! » Il est vrai que Jésus était beaucoup à genoux devant son Père, mais il n'a pas supplié les gens à genoux, ni les socialistes, ni les pharisiens !

Je pensais que je serais un chrétien authentique s'il m'était possible de vivre comme Jésus vécut, et que je serais semblable à lui si je pouvais être comme lui en toutes choses. De même, j'avais le sentiment que si je parvenais à aimer et être patient comme lui, je lui ressemblerais. Par mes propres forces, j'essayai de produire l'amour, la patience, la compassion, la force ; mais tout restait souillé et empreint de péché, comme il est écrit : « Toute notre justice - non pas notre injustice - est devant Dieu comme un vêtement souillé ! » (Esaïe 64 : 5.)

Bien que parlant encore de la grâce, je dois dire qu'à ce point de vue j'agissais comme certains paysans possédant un cheval âgé qui ne va plus bien vite, mais capable encore de tirer. Lorsqu'un marchand cherche à faire l'achat d'une telle vieille bête, on entend dire : « Non, je ne la donne pas ; elle vit encore du pain de grâce ! » Mais ce cheval est encore attelé tous les jours, si possible à côté d'un jeune pour empêcher que ce dernier ne s'échappe. Si c'est le soir et que quelque chose reste à conduire, on dit : « Il faut prendre soin du jeune cheval ; allons avec le vieux ! » Ainsi la rosse vivant par grâce doit porter le harnais journellement et, en fin de compte, lorsque son souffle devient pénible et qu'elle n'est plus à même de gagner sa subsistance, le paysan décide de la vendre à un boucher. Comme preuve de la mort de la bête, le paysan prend soin d'inscrire son nom au fer rouge sur les sabots que le boucher doit rendre ensuite. Bien que le cheval ait toujours gagné son pain, le paysan a la conviction de l'avoir nourri du pain de grâce.

Pendant dix ans, je fus un « cheval de grâce » de ce genre-là, à la respiration oppressée, tombant et se relevant avec peine !

Une fois, je vis un homme tenant un morceau de fromage d'une main et un bâton de l'autre. Il levait le bâton comme s'il voulait frapper, tendant en même temps le fromage à un chien qui aurait bien aimé le saisir, mais qui n'osait approcher à cause du bâton. Je me représentais Dieu un peu ainsi : Il devait être mécontent de moi parce que je m'étais mal conduit, et c'est pour ce motif que je n'osais accepter la grâce qu'il m'offrait !

Lorsque l'assurance du salut me fut ravie par les discours de la sagesse humaine et que je voulus - sincèrement - gagner la grâce par mes bonnes oeuvres, le diable arrivait sans peine à me chasser en plein dans les oeuvres de la loi, car je n'avais pas encore d'expérience de la parole de la justice. Ainsi, je ne réalisais pas la victoire et j'étais tourmenté continuellement par cette pensée : « Il n'y a plus de grâce pour moi ; j'ai péché volontairement et il n'y a plus de pardon possible ! » Combien je fus poursuivi par cela ! Un jour, j'entendis quelqu'un déclarer : « Lorsqu'on a commis le péché contre le Saint-Esprit, la crainte a disparu ! » Quant à moi j'étais dans la frayeur et j'en déduisis que je n'avais pas commis ce péché-là. Mais immédiatement, je fus assailli par ceci : « Tu n'as plus peur, tu l'as donc tout de même commis ! » Puis, j'étais saisi de nouveau par la crainte parce que je ne sentais pas la peur ; mais ensuite, je croyais de nouveau.

Je devins toujours plus malheureux en faisant de grands efforts pour plaire à Dieu et il ne put m'aider qu'après bien des années. Dans les réunions, je ne manquais pas de louer Dieu au sujet de ce que j'avais réalisé, et je parlais de félicité, - d'autres parlaient de difficultés. À la fin, des frères et soeurs remarquèrent cela et dirent en toute franchise : « Il en est qui ne parlent que du bonheur passé, qui ne « réchauffent que les vieilles choses ! » Je me rendis compte que cela me concernait. Tout d'abord, je me défendis en répondant : « La bouillie réchauffée est meilleure, vu qu'elle contient de la graisse en quantité double ». Mais cela me rendit tout de même songeur et, finalement, je fus convaincu du juste raisonnement des frères et soeurs, et j'admis que ma position n'était plus ce qu'elle devait être. En vain, je me dépensai en efforts inutiles pour recevoir à nouveau le bonheur passé, mais mon horizon s'assombrissait de plus en plus parce que je cherchais le bonheur en moi et dans le travail que j'accomplissais pour le Seigneur.

En ce temps-là eut lieu l'inauguration de la tente suisse d'évangélisation par le frère J. Vetter ; je m'y rendis, et Dieu se servit d'un homme sage pour m'aider. Le missionnaire Fritz Widmer, de Bienne, commentait Romains 8, et spécialement le verset : « Car ce qui était impossible à la loi parce que la chair la rendait sans force, - Dieu l'a fait ! » Il déclara : « Toutes les résolutions sont encore la loi ! Lorsque nous disons : « À présent, les choses doivent se passer autrement, c'est selon la loi ! - Je veux prier davantage pour devenir ainsi : c'est selon la loi ! - Maintenant, je mettrai plus de zèle à inviter les hommes à assister aux réunions : c'est selon la loi ! - Dès à présent, je veux donner plus d'aumônes : c'est selon la loi » ! Énumérant toutes les choses bonnes que je connaissais, il ajouta : « C'est selon la loi, Dieu l'a fait ! - Soulignez cela ! »

Un crayon me faisait défaut, mais je « soulignai » dans mon coeur. Le mardi, le mercredi, le jeudi et toute la semaine il fit le même culte et répéta les mêmes choses. Il s'agissait en l'occurrence d'un homme instruit, possédant et parlant sept langues et qui, par conséquent, aurait été à même de dire autre chose ; mais durant toute la semaine, il nous parla du même sujet, disant : « Tout cela, c'est selon la loi et ce qui était impossible à la loi, Dieu l'a fait. Soulignez cela ! »

Le jeudi, je commençai à être un peu plus à l'aise et je pensai pouvoir rentrer bientôt à la maison ; j'avais l'impression que les nuages se déchiraient. Le vendredi, il fit encore une fois appel au même texte. Alors, je reçus de nouveau la clarté dont il m'avait été fait don à la nouvelle naissance ; oui, elle était encore plus intense ! À nouveau, je pouvais me reposer dans l'oeuvre de Jésus et me réjouir dans sa victoire et son sacrifice éternel. Nettement, je voyais que j'avais perdu la lumière en faisant les oeuvres de la loi, pensant que cela se terminerait bien. Oui,je puis déclarer que je réalisai une deuxième fois la nouvelle naissance, comme l'apôtre Paul écrit aux Galates : « Mes enfants, pour qui j'éprouve de nouveau les douleurs de l'enfantement, jusqu'à ce que Christ soit formé en vous ! » (Gal. 4 : 19.)

Que d'âmes sont séduites et corrompues aujourd'hui par l'enseignement de la raison et de la sagesse humaines ! C'est ainsi qu'elles aboutissent dans la mort spirituelle ; elles sont dans l'indigence et souffrent de la faim, croyant être dans la vérité parce qu'elles ont obtenu une fois le pardon des péchés. Depuis lors, j'ai une grande angoisse pour les croyants, car je sais combien sont nombreuses les personnes qui se laissent ravir le salut par le raisonnement humain, au lieu que leur pensée soit « amenée captive à l'obéissance du Christ. »

Lorsque, sous la tente à Rämismühle, je fus donc à nouveau rempli de clarté, je rentrai avec joie à la maison, résolu de veiller pour ne pas tomber de nouveau sous la loi ! Ce raisonnement s'avérait faux et de nouveau le « moi » reprenait la première place. Je veillai, et la lumière se ternit à nouveau de plus en plus - pas dans la même proportion que précédemment - jusqu'à ce que je reconnus que je faisais une fois de plus les oeuvres de la loi. Je ne réalisais pas que j'avais repris une résolution en agissant ainsi. Il m'est arrivé d'illustrer l'expérience ci-dessus par l'image suivante : Jadis, dans l'Emmental, nous utilisions des harnais très lourds ; puis vinrent les harnais grisons, plus légers. Je disais que j'avais quitté le harnais lourd pour le modèle grison, avec lequel j'avais même reçu des clochettes. Pendant quelques jours, les choses allèrent pour le mieux, mais bientôt les clochettes tombèrent et, de nouveau, je me rendis compte que je n'étais plus à la bonne place. Je ne pouvais rien faire, mais le Père céleste savait de quelle manière il devait intervenir ; un temps appréciable s'écoula.

Un évangéliste - mon meilleur ami - se rendait souvent dans notre contrée en ce temps-là et je l'écoutais avec grand plaisir. Cependant, après l'avoir entendu, je constatais, après un temps assez long, que les choses n'allaient plus très bien chaque fois que j'assistais à ses réunions. Je croyais pourtant qu'il avait parlé d'une façon absolument véridique. D'un côté, il annonçait la délivrance et de l'autre, insensiblement - je le découvris ensuite - il nous poussait dans les oeuvres de la loi. Un certain après-midi, à Konolfingen, je l'écoutais annoncer la Parole de Dieu. Sa prédication vivait en moi et, le dimanche suivant, je choisis le même texte pour une assemblée que j'avais à présider dans le Jura bernois. Au cours de la réunion, une soeur, que je savais être dans la lumière, me regardait avec réprobation. Mais, pensai-je, ce que je dis est vrai ! L'après-midi, je continuai dans le même texte, voulant convaincre cette soeur et l'amener à porter un jugement favorable sur ce que je disais. Brusquement, la lumière se fit en moi et je constatai que je perdais pied chaque fais que j'avais écouté ce cher frère, qui était pourtant l'instrument de la conversion de bon nombre de personnes. Je remarquai alors qu'en l'écoutant on était conduit à porter le joug de la loi. Ma reconnaissance alla à Dieu et à ladite soeur. Nous avons un Dieu miséricordieux, qui termine l'oeuvre commencée lorsque nous avons faim et soit de la justice. Jusqu'à ce jour, il a fait preuve de patience à mon égard ; c'est pourquoi tout est clair en moi !

Aujourd'hui, je ne voudrais pas ne pas avoir vécu le temps durant lequel, comme enfant de Dieu, j'agissais par mes propres forces. Nous devons, en effet, préalablement être confondus en nous-mêmes. Celui qui n'emploie pas toutes ses forces pour arriver à être un pratiquant de la Parole de Dieu, ne réalisera jamais la pauvreté en lui-même. Mais celui qui, de lui-même, veut exécuter la Parole, arrive à cette conclusion : « Je ne fais pas le bien que je voudrais ! » Alors il s'aperçoit que la mort est en lui et apprend à vivre par grâce. Il m'est impossible de partir en campagne avec ma piété, ni de présenter quelque chose provenant de moi, ni de m'appuyer sur une oeuvre propre ; je ne peux compter qu'avec la grâce. Nous devons et pouvons nous appuyer sur la grâce. « En lui nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce pour grâce ! » De même que pour de l'argent on reçoit du pain ou de la viande, de même l'on reçoit grâce par grâce ; on prend de la grâce et on se réjouit. Ceux qui sont dans la foi doivent « prendre » et « reprendre » continuellement la grâce offerte. Les autres se basent sur de soi-disant bonnes oeuvres et sur leur foi. Je ne pourrais plus agir ainsi et la vie me serait impossible autrement que par grâce. Je ne puis construire que sur l'oeuvre de Christ.

Dans la vie par la foi, tout devient toujours plus facile, exactement comme dans les choses terrestres par les techniques nouvelles. Autrefois, lorsque je parcourais de longues distances à pied, il arrivait qu'un cycliste me dépassât. La fatigue se faisait alors sentir d'autant plus que je pensais : « Oh ! si seulement je possédais une bicyclette ! » Par la suite, le Père céleste m'en offrit une. C'est très agréable de pouvoir parcourir de longues distances à bicyclette avec une peine minime. Mais, si le vent est contraire, il faut pédaler et transpirer, ou s'il y a une forte pente à gravir, il faut pousser le véhicule.

Aujourd'hui, on vous dépasse en motocyclette et l'on pense : « Que ce serait beau de posséder une moto ! » Peut-être qu'un jour on en possède une, ce qui par rapport à la bicyclette, représente une bienfaisante et grande amélioration. Mais quand vient la pluie, la motocyclette perd de sa valeur et l'on désire une automobile. Puis vient le jour où ce désir s'accomplit. Au début, on conduira soi-même, puis ensuite un autre tiendra le volant et l'on se mettra à l'arrière sans le souci de conduire. Il en est de même dans la vie spirituelle ; on compte tout d'abord avec son activité propre et ses efforts personnels puis il nous est donné d'entrer dans le repos. Il n'existe rien de plus beau ; c'est la richesse incompréhensible de la grâce. L'amour de Dieu est illimité, mais combien souvent lui ai-je fixé des limites, soit pour moi-même, soit pour d'autres ! Oh ! si nous savions croire, si nous savions demeurer tranquilles ! Le Père céleste s'occupe de l'éducation des siens. Après un certain temps, il semble qu'il nous place pour ainsi dire dans une marmite, sur le feu, et qu'il nous en ressort pour nous y remettre, et ainsi de suite. Au début, on croit que c'est l'oeuvre du diable mais, à la fin, on se rend compte que ce sont les voies de Dieu. Lorsque je passais au travers de certaines expériences, je disais à mon Père : « Laisse-moi dans la marmite, mais ferme bien le couvercle ! » Il le tient bien. Si la vapeur se met à siffler, cela ne fait rien ; il sait quand c'est suffisant !

Il est dit dans Malachie 3 : 3: « Il s'assiéra, fondra et purifiera l'argent. Il purifiera les fils de Lévi. Il les épurera comme on épure l'or et l'argent. » Et ailleurs « Il ne permet pas que nous soyons tentés au-delà de nos forces. » Les choses ne se passent pas de façon identique pendant toute la vie mais, durant ces temps d'épreuve on apprend à connaître la force de Dieu et l'on constate qu'on est porté par une puissance glorieuse, ce qui nous amène à reconnaître combien la vie est importante. C'est une préparation de Dieu et l'on est dans la joie, réalisant la gloire et la protection ! Un homme passant par ce chemin reconnaît et loue de plus en plus la grâce et l'amour de Dieu. « L'esprit de gloire, l'Esprit de Dieu repose sur vous ! »

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