Car c'est
par la grâce que vous êtes
sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne
vient pas de vous, c'est le don de Dieu. Ce n'est
point par les oeuvres, afin que personne ne se
glorifie.
(Eph.
2 :
8-9.)
Si
quelqu'un est en
Christ, il est une nouvelle créature. Les
choses anciennes sont passées ; voici,
toutes choses sont devenues nouvelles.
(II
Cor.
5 : 17.)
Une fois, j'entendis un homme
déclarer : « Je ne
pèche plus ! » Je me
fâchai contre cette personne, je devins
même furieux. Bien qu'à l'heure
actuelle je ne puis admettre cette façon de
s'exprimer, je dois dire que ces paroles me
donnèrent le coup de grâce de
manière inattendue. Ma piété
extérieure avait disparu et cela contribuait
à me faire réfléchir et
rentrer en moi-même. Mais cette
déclaration fit que je rentrai furieux chez
moi, pensant : « Je ne permettrai
plus à cet homme de prendre la parole dans
notre assemblée ; nous avons suffisamment de
propres
justes ! » Je déployai du
zèle, pensant qu'il était divin,
mais, cette nuit-là, Dieu se manifesta
à moi. En vision, je vis devant moi les
vaisseaux sanguins de l'homme ; le sang qui
s'y trouvait était coagulé et je
demandai : « Seigneur, que veux-tu
me dire ? » J'avais l'impression que
le sang de Christ n'avait pas coulé pour
moi ! L'image de ce sang coagulé dans
les artères et les veines resta devant mes
yeux pendant quatre semaines. Je ne fis part de la
chose à personne ; ma femme même
ignorait cette vision.
Un certain matin, je lisais dans Romains
5 : 1, le passage que
j'avais déjà lu maintes fois :
« Étant donc justifiés par
la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre
Seigneur Jésus-Christ ».
Je ne remarquais pas encore
grand'chose ; continuant ma lecture, je vis
comment le péché avait fait son
entrée dans le monde, et par le
péché, la mort. Le désir vient
par le tentateur, la convoitise enfante le
péché, et le péché
produit la mort : « Ainsi la mort
s'est étendue sur tous les hommes, parce que
tous ont péché ! » Par
conséquent, il doit y avoir une
résurrection des morts, selon Colossiens
3: « Si donc
vous êtes ressuscités avec
Christ... ». Continuant ma lecture,
j'arrivai à Romains 6, et le brouillard se
dissipa de plus en plus ; à la fin, je
fus entouré d'une grande clarté.
Je vis alors cette parole :
« Comme par une seule offense, la
condamnation a atteint tous les hommes - sans
qu'ils y ajoutent quelque chose - de même,
par un seul acte de justice, la justification qui
donne la vie s'étend
à tous les hommes ».
Réfléchissant à cela,
je me dis : « Je n'ai pas
cherché la première chose, qui s'est
produite sans que j'y ajoute quoi que ce
soit ; il en est de même pour la
seconde ». Lorsque j'arrivai au
passage : « Ainsi
vous-mêmes, regardez-vous comme morts
au péché, et comme vivants pour Dieu
en Jésus-Christ ! » la
lumière se fit en moi et, lorsque je me
considérai comme tel, je réalisai
la paix de Dieu. J'entendis ensuite une voix
distincte : « Tes
péchés te sont
pardonnés ! » et je fus
traversé de part en part par un courant
chaud, se répandant du coeur aux pieds et
jusqu'aux extrémités des doigts. Je
vis : « Sauvé,
sauvé ! Par grâce, par
grâce ! »
(Éphésiens
2 :
8-9.) Je reçus le témoignage dans
mon coeur que j'étais un enfant de Dieu
selon Romains
8 : 16 et Éphésiens
2 :
8-9, et en même temps, je vis encore
ceci : « Dieu donne le Saint-Esprit
à ceux qui lui
obéissent ! » selon Actes
5 : 32. Il le donne donc
à ceux qui croient selon les
Écritures et non pas aux personnes qui,
selon leur entendement, faussent le sens des
paroles de la Bible en « annonçant
les visions de leur coeur ». Je vis aussi
clairement que tous les hommes seraient
lavés et blanchis comme la neige de leurs
souillures, s'ils s'humiliaient et croyaient la
Parole de Dieu.
C'était le 12 février 1902.
Dès cette heure, j'eus cette
assurance : « Dès à
présent, j'appartiens à
Jésus ! » De joie, je ne pus
dormir pendant huit nuits consécutives. Le
soir de ce jour mémorable, je voulus prier
selon « la vaine manière de vivre que nous
avons apprise de
nos
pères » :
« Pardonne-moi mes manquements de ce
jour ! », mais je savais que mes
péchés étaient
pardonnés. Alors une voix forte se fit
entendre en moi : « Mais ils sont
pardonnés ! » Je m'humiliai
alors d'avoir négligé
l'efficacité du salut, puis je rendis
grâces parce que ma dette était
payée par Jésus ; je savais que
son sacrifice a une valeur éternelle !
Le pardon était mien comme il est dit dans
le Psaume
34 - 23: « Tous
ceux qui l'ont pour refuge échappent au
châtiment ! » À
partir de ce moment-là, je me trouvais
être placé dans
l'« avoir » spirituel. Lorsque
je péchais encore, - ce qui se produisait, -
je m'humiliais immédiatement devant Dieu,
sachant en même temps : « Dieu
ne m'impute rien ! » Puis, je lui
rendais grâces de tout coeur pour la juste
rétribution qu'avait également
reçue cette faute. Hébreux
2 : 2-3 :
« Toute transgression et toute
désobéissance ont reçu une
juste rétribution. Comment
échapperons-nous en négligeant un si
grand salut ? »
Le matin où je reçus l'assurance du pardon de mes péchés, je vis la grâce, mais j'en ignorais la grandeur ; aujourd'hui, cette grandeur m'est encore inconnue. Cependant, combien de fois n'ai-je pas réalisé déjà la grâce surabondante de Dieu !
Je dis cela afin que personne ne vous trompe par des discours séduisants. Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie, s'appuyant sur la tradition des hommes, sur des rudiments du monde, et non sur Christ.
(Col. 2 : 4-8.)
Car - chose impossible à la loi, parce que la chair la rendait sans force - Dieu l'a fait en condamnant le péché dans la chair.
(Rom. 8 : 3.)
Lorsque je réalisai la nouvelle
naissance, Dieu me montra d'une façon
très claire ce que Jésus a accompli
pour nous et comment on obtient la
délivrance par lui. Malgré cela, je
tombai tôt après sous la loi, par
l'enseignement basé sur la tradition des
hommes, ou l'enseignement selon l'intelligence des
hommes. La croissance intérieure
s'arrêta et je devins tout à fait
malheureux.
Dans les réunions on disait toujours
que nous manquions d'amour et que nous
étions avares. Un prédicateur,
voulant démontrer que nous sommes avares de
nature, raconta qu'un homme, lors de sa conversion,
s'était défait de tout son bien pour
aider aux autres. Ensuite, il posa plusieurs fois
cette question : « Ne sommes-nous
pas encore tous avares ? Soyez francs !
La main sur le coeur ! » Alors je
fus assailli chaque fois par cette
pensée : « Tu l'es
encore ; les choses doivent aller autrement dans
ta
vie ! »
Après avoir assisté à de
telles réunions, je rentrais à la
maison en pensant que j'avais été
« béni » et je me
disais : « Je suis encore avare,
Dieu me l'a
révélé ! »
Pourtant, j'avais réalisé la nouvelle
naissance ; par conséquent,
j'étais délivré de l'avarice.
Par les discours de la sagesse humaine, le
prédicateur était arrivé
à me faire croire que j'étais encore
dans ce péché-là. Il m'avait
ravi mon salut, au lieu de m'enseigner selon les
Écritures qui déclarent :
« Considérez-vous comme
étant morts au
péché ». Après de
tels sermons, j'étais malgré tout un
avare à mes yeux et, souvent, je vidai le
contenu de mon petit porte-monnaie pour le remettre
au prédicateur.
D'autres prédicateurs nous
maltraitaient de la façon suivante :
« Ne sommes-nous pas tous sans
amour ? Ne devons-nous pas dire que nous
n'avons pas eu suffisamment
d'amour ? » En assistant à un
tel culte, on peut croire aisément que l'on
manque d'amour ! S'il en est ainsi, on est
alors séparé de Christ.
« Il est amour » et
« l'amour de Dieu est répandu dans
nos coeurs par le Saint-Esprit qui nous a
été donné. » Il
existe plus de ravisseurs de ce genre qu'on ne
saurait le croire. C'est pourquoi veillons, car il
est d'une grande importance que nous ne perdions
pas les dons que nous avons reçus.
L'assurance du salut me fut ravie parce que
je ne discernais pas que ces affirmations venaient
de la sagesse humaine. Je croyais que les sermons
de la morale et l'enseignement des bonnes moeurs
correspondaient à l'Évangile. La
morale est bonne, mais on
périt si l'on y recherche la vie divine. On
entendait dire de tous côtés :
« Nous manquons journellement, nous
péchons tous les jours ». Cela
donne une impression de grande humilité,
mais celui qui prête l'oreille à ces
propos et qui s'y soumet, ne demeurant pas en
Jésus selon les enseignements que l'onction
lui a donnés, est
dépossédé de son salut. On
disait également : « Le vieil
homme vit encore aussi longtemps que l'on succombe
dans un péché ». On
déclarait même que le vieil homme et
l'homme nouveau vivaient en commun dans le
même corps ! Bien que l'onction m'ait
enseigné autre chose, il me semblait alors
souvent que ces prédicateurs avaient raison.
L'onction nous enseigne que le vieil homme a
été crucifié et qu'il est
remplacé par un nouvel homme :
« Les choses anciennes sont
passées ; voici, toutes choses sont
devenues nouvelles ! » Contrairement
à la Parole de Dieu, la sagesse humaine me
disait que certaines choses vieilles avaient
passé et que certaines seulement
étaient devenues nouvelles ; ce qui
revient à dire qu'une partie du vieil homme
doit encore devenir nouvelle ! Cette sagesse
prétendait en outre que tout homme avait un
bon côté, et que le mauvais
côté devait être
amélioré, afin qu'aussi il devienne
bon.
Cependant, la Bible dit : Si Edom
dit : « Nous sommes détruits,
nous relèverons les
ruines ! » Ainsi parle
l'Éternel des armées :
« Qu'ils bâtissent, je renverserai,
et on les appellera pays de la
méchanceté, peuple contre lequel
l'Éternel est irrité pour
toujours ».
(Mal.
1 : 4.) Je ne saisissais
pas la portée de ces
paroles lorsque je prêtais foi à
l'enseignement de la sagesse humaine ;
aujourd'hui je les comprends mieux.
Les sermons entendus à cette
époque m'incitèrent à
travailler avec une ardeur nouvelle, pour devenir,
par ma conduite et mes oeuvres, l'homme que je
devais être. Je voyais très bien que
ma position n'étais plus celle que j'avais
précédemment et que je n'étais
plus heureux comme à ma nouvelle naissance.
Par mon travail, ainsi que par des visites
effectuées de jour et de nuit, je
m'efforçais de conduire des âmes au
Sauveur. Je pensais que, pour avoir de nouveau ce
que j'avais perdu, il y avait lieu de prier
davantage, lire la Bible plus assidûment,
exhorter mieux, donner plus d'aumônes bien
que, durant ce temps-là, ce que je donnais
ne représentait pas, pour moi, du
superflu ! C'est ainsi que je me tourmentais.
En ce temps-là, j'entendis un
frère raconter qu'un socialiste lui avait
dit : « Si vraiment vous croyiez
à une damnation éternelle et que vous
fassiez preuve d'amour à notre égard,
vous tomberiez à genoux devant les gens, les
suppliant de se convertir ». Je pensai
que cet homme avait raison et que ce besoin me
manquait encore. Je sais, me dis-je, que notre
enseignement est véridique, mais jamais
encore je n'ai supplié les gens à
genoux ! Longtemps, cette pensée me
tracassa, mais combien ce fardeau s'allégea
lorsque je lus : « Apprenez de
moi ! » Il est vrai que Jésus
était beaucoup à genoux devant son
Père, mais il n'a pas supplié les
gens à genoux, ni les socialistes, ni les
pharisiens !
Je pensais que je serais un chrétien
authentique s'il m'était possible de vivre
comme Jésus vécut, et que je serais
semblable à lui si je pouvais être
comme lui en toutes choses. De même, j'avais
le sentiment que si je parvenais à aimer et
être patient comme lui, je lui ressemblerais.
Par mes propres forces, j'essayai de produire
l'amour, la patience, la compassion, la
force ; mais tout restait souillé et
empreint de péché, comme il est
écrit : « Toute notre justice
- non pas notre injustice - est devant Dieu comme
un vêtement souillé ! »
(Esaïe
64 : 5.)
Bien que parlant encore de la grâce,
je dois dire qu'à ce point de vue j'agissais
comme certains paysans possédant un cheval
âgé qui ne va plus bien vite, mais
capable encore de tirer. Lorsqu'un marchand cherche
à faire l'achat d'une telle vieille
bête, on entend dire : « Non,
je ne la donne pas ; elle vit encore du pain
de grâce ! » Mais ce cheval
est encore attelé tous les jours, si
possible à côté d'un jeune pour
empêcher que ce dernier ne s'échappe.
Si c'est le soir et que quelque chose reste
à conduire, on dit : « Il
faut prendre soin du jeune cheval ; allons
avec le vieux ! » Ainsi la rosse
vivant par grâce doit porter le harnais
journellement et, en fin de compte, lorsque son
souffle devient pénible et qu'elle n'est
plus à même de gagner sa subsistance,
le paysan décide de la vendre à un
boucher. Comme preuve de la mort de la bête,
le paysan prend soin d'inscrire son nom au fer
rouge sur les sabots que le boucher doit rendre
ensuite. Bien que le cheval ait toujours gagné son
pain, le paysan
a la conviction de l'avoir nourri du pain de
grâce.
Pendant dix ans, je fus un
« cheval de grâce » de ce
genre-là, à la respiration
oppressée, tombant et se relevant avec
peine !
Une fois, je vis un homme tenant un morceau
de fromage d'une main et un bâton de l'autre.
Il levait le bâton comme s'il voulait
frapper, tendant en même temps le fromage
à un chien qui aurait bien aimé le
saisir, mais qui n'osait approcher à cause
du bâton. Je me représentais Dieu un
peu ainsi : Il devait être
mécontent de moi parce que je m'étais
mal conduit, et c'est pour ce motif que je n'osais
accepter la grâce qu'il m'offrait !
Lorsque l'assurance du salut me fut ravie
par les discours de la sagesse humaine et que je
voulus - sincèrement - gagner la grâce
par mes bonnes oeuvres, le diable arrivait sans
peine à me chasser en plein dans les oeuvres
de la loi, car je n'avais pas encore
d'expérience de la parole de la justice.
Ainsi, je ne réalisais pas la victoire et
j'étais tourmenté continuellement par
cette pensée : « Il n'y a
plus de grâce pour moi ; j'ai
péché volontairement et il n'y a plus
de pardon possible ! » Combien je
fus poursuivi par cela ! Un jour, j'entendis
quelqu'un déclarer :
« Lorsqu'on a commis le
péché contre le Saint-Esprit, la
crainte a disparu ! » Quant à
moi j'étais dans la frayeur et j'en
déduisis que je n'avais pas commis ce
péché-là. Mais
immédiatement, je fus assailli par
ceci : « Tu n'as plus peur, tu l'as
donc tout de même commis ! »
Puis,
j'étais saisi de nouveau par la crainte
parce que je ne sentais pas la peur ; mais
ensuite, je croyais de nouveau.
Je devins toujours plus malheureux en
faisant de grands efforts pour plaire à Dieu
et il ne put m'aider qu'après bien des
années. Dans les réunions, je ne
manquais pas de louer Dieu au sujet de ce que
j'avais réalisé, et je parlais de
félicité, - d'autres parlaient de
difficultés. À la fin, des
frères et soeurs remarquèrent cela et
dirent en toute franchise : « Il en
est qui ne parlent que du bonheur passé, qui
ne « réchauffent que les vieilles
choses ! » Je me rendis compte que
cela me concernait. Tout d'abord, je me
défendis en répondant :
« La bouillie réchauffée
est meilleure, vu qu'elle contient de la graisse en
quantité double ». Mais cela me
rendit tout de même songeur et, finalement,
je fus convaincu du juste raisonnement des
frères et soeurs, et j'admis que ma position
n'était plus ce qu'elle devait être.
En vain, je me dépensai en efforts inutiles
pour recevoir à nouveau le bonheur
passé, mais mon horizon s'assombrissait de
plus en plus parce que je cherchais le bonheur en
moi et dans le travail que j'accomplissais pour le
Seigneur.
En ce temps-là eut lieu
l'inauguration de la tente suisse
d'évangélisation par le frère
J. Vetter ; je m'y rendis, et Dieu se servit
d'un homme sage pour m'aider. Le missionnaire Fritz
Widmer, de Bienne, commentait Romains
8, et spécialement le
verset : « Car ce qui était
impossible à la loi parce que la chair la
rendait sans force, - Dieu l'a
fait ! » Il déclara :
« Toutes les résolutions sont
encore la loi ! Lorsque nous disons :
« À présent, les choses
doivent se passer autrement, c'est selon la
loi ! - Je veux prier davantage pour devenir
ainsi : c'est selon la loi ! -
Maintenant, je mettrai plus de zèle à
inviter les hommes à assister aux
réunions : c'est selon la loi ! -
Dès à présent, je veux donner
plus d'aumônes : c'est selon la
loi » ! Énumérant
toutes les choses bonnes que je connaissais, il
ajouta : « C'est selon la loi, Dieu
l'a fait ! - Soulignez cela ! »
Un crayon me faisait défaut, mais je
« soulignai » dans mon coeur.
Le mardi, le mercredi, le jeudi et toute la semaine
il fit le même culte et répéta
les mêmes choses. Il s'agissait en
l'occurrence d'un homme instruit, possédant
et parlant sept langues et qui, par
conséquent, aurait été
à même de dire autre chose ; mais
durant toute la semaine, il nous parla du
même sujet, disant : « Tout
cela, c'est selon la loi et ce qui était
impossible à la loi, Dieu l'a fait.
Soulignez cela ! »
Le jeudi, je commençai à
être un peu plus à l'aise et je pensai
pouvoir rentrer bientôt à la
maison ; j'avais l'impression que les nuages
se déchiraient. Le vendredi, il fit encore
une fois appel au même texte. Alors, je
reçus de nouveau la clarté dont il
m'avait été fait don à la
nouvelle naissance ; oui, elle était
encore plus intense ! À nouveau, je
pouvais me reposer dans l'oeuvre de Jésus et
me réjouir dans sa victoire et son sacrifice
éternel. Nettement, je voyais que j'avais
perdu la lumière en faisant les oeuvres de
la loi, pensant que cela se terminerait bien.
Oui,je puis déclarer que
je réalisai une deuxième fois la
nouvelle naissance, comme l'apôtre Paul
écrit aux Galates : « Mes
enfants, pour qui j'éprouve de nouveau les
douleurs de l'enfantement, jusqu'à ce que
Christ soit formé en vous ! »
(Gal.
4 : 19.)
Que d'âmes sont séduites et
corrompues aujourd'hui par l'enseignement de la
raison et de la sagesse humaines ! C'est ainsi
qu'elles aboutissent dans la mort
spirituelle ; elles sont dans l'indigence et
souffrent de la faim, croyant être dans la
vérité parce qu'elles ont obtenu une
fois le pardon des péchés. Depuis
lors, j'ai une grande angoisse pour les croyants,
car je sais combien sont nombreuses les personnes
qui se laissent ravir le salut par le raisonnement
humain, au lieu que leur pensée soit
« amenée captive à
l'obéissance du Christ. »
Lorsque, sous la tente à
Rämismühle, je fus donc à nouveau
rempli de clarté, je rentrai avec joie
à la maison, résolu de veiller pour
ne pas tomber de nouveau sous la loi ! Ce
raisonnement s'avérait faux et de nouveau le
« moi » reprenait la
première place. Je veillai, et la
lumière se ternit à nouveau de plus
en plus - pas dans la même proportion que
précédemment - jusqu'à ce que
je reconnus que je faisais une fois de plus les
oeuvres de la loi. Je ne réalisais pas que
j'avais repris une résolution en agissant
ainsi. Il m'est arrivé d'illustrer
l'expérience ci-dessus par l'image
suivante : Jadis, dans l'Emmental, nous
utilisions des harnais très lourds ;
puis vinrent les harnais grisons, plus
légers. Je disais que j'avais quitté
le harnais lourd pour le modèle grison, avec
lequel j'avais même reçu des clochettes. Pendant
quelques
jours, les choses allèrent pour le mieux,
mais bientôt les clochettes tombèrent
et, de nouveau, je me rendis compte que je
n'étais plus à la bonne place. Je ne
pouvais rien faire, mais le Père
céleste savait de quelle manière il
devait intervenir ; un temps
appréciable s'écoula.
Un évangéliste - mon meilleur
ami - se rendait souvent dans notre contrée
en ce temps-là et je l'écoutais avec
grand plaisir. Cependant, après l'avoir
entendu, je constatais, après un temps assez
long, que les choses n'allaient plus très
bien chaque fois que j'assistais à ses
réunions. Je croyais pourtant qu'il avait
parlé d'une façon absolument
véridique. D'un côté, il
annonçait la délivrance et de
l'autre, insensiblement - je le découvris
ensuite - il nous poussait dans les oeuvres de la
loi. Un certain après-midi, à
Konolfingen, je l'écoutais annoncer la
Parole de Dieu. Sa prédication vivait en moi
et, le dimanche suivant, je choisis le même
texte pour une assemblée que j'avais
à présider dans le Jura bernois. Au
cours de la réunion, une soeur, que je
savais être dans la lumière, me
regardait avec réprobation. Mais, pensai-je,
ce que je dis est vrai ! L'après-midi,
je continuai dans le même texte, voulant
convaincre cette soeur et l'amener à porter
un jugement favorable sur ce que je disais.
Brusquement, la lumière se fit en moi et je
constatai que je perdais pied chaque fais que
j'avais écouté ce cher frère,
qui était pourtant l'instrument de la
conversion de bon nombre de personnes. Je remarquai
alors qu'en l'écoutant on
était conduit à porter le joug de la
loi. Ma reconnaissance alla à Dieu et
à ladite soeur. Nous avons un Dieu
miséricordieux, qui termine l'oeuvre
commencée lorsque nous avons faim et soit de
la justice. Jusqu'à ce jour, il a fait
preuve de patience à mon égard ;
c'est pourquoi tout est clair en moi !
Aujourd'hui, je ne voudrais pas ne pas avoir
vécu le temps durant lequel, comme enfant de
Dieu, j'agissais par mes propres forces. Nous
devons, en effet, préalablement être
confondus en nous-mêmes. Celui qui n'emploie
pas toutes ses forces pour arriver à
être un pratiquant de la Parole de Dieu, ne
réalisera jamais la pauvreté en
lui-même. Mais celui qui, de lui-même,
veut exécuter la Parole, arrive à
cette conclusion : « Je ne fais pas
le bien que je voudrais ! » Alors il
s'aperçoit que la mort est en lui et apprend
à vivre par grâce. Il m'est impossible
de partir en campagne avec ma piété,
ni de présenter quelque chose provenant de
moi, ni de m'appuyer sur une oeuvre propre ;
je ne peux compter qu'avec la grâce. Nous
devons et pouvons nous appuyer sur la grâce.
« En lui nous avons tous reçu de
sa plénitude, et grâce pour
grâce ! » De même que
pour de l'argent on reçoit du pain ou de la
viande, de même l'on reçoit
grâce par grâce ; on prend de la
grâce et on se réjouit. Ceux qui sont
dans la foi doivent « prendre »
et « reprendre »
continuellement la grâce offerte. Les autres
se basent sur de soi-disant bonnes oeuvres et sur
leur foi. Je ne pourrais plus agir ainsi et la vie
me serait impossible autrement
que par grâce. Je ne puis construire que sur
l'oeuvre de Christ.
Dans la vie par la foi, tout devient
toujours plus facile, exactement comme dans les
choses terrestres par les techniques nouvelles.
Autrefois, lorsque je parcourais de longues
distances à pied, il arrivait qu'un cycliste
me dépassât. La fatigue se faisait
alors sentir d'autant plus que je pensais :
« Oh ! si seulement je
possédais une bicyclette ! »
Par la suite, le Père céleste m'en
offrit une. C'est très agréable de
pouvoir parcourir de longues distances à
bicyclette avec une peine minime. Mais, si le vent
est contraire, il faut pédaler et
transpirer, ou s'il y a une forte pente à
gravir, il faut pousser le véhicule.
Aujourd'hui, on vous dépasse en
motocyclette et l'on pense : « Que
ce serait beau de posséder une
moto ! » Peut-être qu'un jour
on en possède une, ce qui par rapport
à la bicyclette, représente une
bienfaisante et grande amélioration. Mais
quand vient la pluie, la motocyclette perd de sa
valeur et l'on désire une automobile. Puis
vient le jour où ce désir
s'accomplit. Au début, on conduira
soi-même, puis ensuite un autre tiendra le
volant et l'on se mettra à l'arrière
sans le souci de conduire. Il en est de même
dans la vie spirituelle ; on compte tout
d'abord avec son activité propre et ses
efforts personnels puis il nous est donné
d'entrer dans le repos. Il n'existe rien de plus
beau ; c'est la richesse
incompréhensible de la grâce. L'amour
de Dieu est illimité, mais combien souvent
lui ai-je fixé des limites, soit pour moi-même,
soit pour
d'autres ! Oh ! si nous savions croire,
si nous savions demeurer tranquilles ! Le
Père céleste s'occupe de
l'éducation des siens. Après un
certain temps, il semble qu'il nous place pour
ainsi dire dans une marmite, sur le feu, et qu'il
nous en ressort pour nous y remettre, et ainsi de
suite. Au début, on croit que c'est l'oeuvre
du diable mais, à la fin, on se rend compte
que ce sont les voies de Dieu. Lorsque je passais
au travers de certaines expériences, je
disais à mon Père :
« Laisse-moi dans la marmite, mais ferme
bien le couvercle ! » Il le tient
bien. Si la vapeur se met à siffler, cela ne
fait rien ; il sait quand c'est
suffisant !
Il est dit dans Malachie
3 : 3: « Il
s'assiéra, fondra et purifiera l'argent. Il
purifiera les fils de Lévi. Il les
épurera comme on épure l'or et
l'argent. » Et ailleurs « Il ne
permet pas que nous soyons tentés
au-delà de nos forces. » Les
choses ne se passent pas de façon identique
pendant toute la vie mais, durant ces temps
d'épreuve on apprend à
connaître la force de Dieu et l'on constate
qu'on est porté par une puissance glorieuse,
ce qui nous amène à reconnaître
combien la vie est importante. C'est une
préparation de Dieu et l'on est dans la
joie, réalisant la gloire et la
protection ! Un homme passant par ce chemin
reconnaît et loue de plus en plus la
grâce et l'amour de Dieu.
« L'esprit de gloire, l'Esprit de Dieu
repose sur vous ! »
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