Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

La grâce conduisant à la repentance

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Vous me chercherez et vous me trouverez si vous me cherchez de tout votre coeur. Je me laisserai trouver par vous, dit l'Éternel.
(Jér. 29 : 13.)


C'était dans la nuit du 11 février 1899, à 11 heures. J'étais encore attablé à l'auberge du Bären à Dürrgraben. Un homme venait d'entrer. Il commanda une limonade et une saucisse. Voyant cela, je pensai : « Voilà un homme heureux ! » car moi, j'étais en train de jouer aux cartes et boire du vin. À la fin du jeu, un désir ardent me saisit et je pensai : « S'il y a possibilité qu'un homme soit sauvé sur terre, eh bien ! dès à présent, je serai cet homme ! Maintenant, je veux croire ce qui est écrit dans la Bible, je veux faire ce qu'elle ordonne et laisser de côté tout ce qu'elle prescrit de laisser ! » Alors je sentis une force descendre en moi, ainsi qu'une félicité merveilleuse ; je savais de façon certaine que j'avais joué aux cartes pour la dernière fois. Ensuite, j'entendis une voix disant que je devais signer un engagement de la « Croix-Bleue ». Ne sachant pas ce que cela signifiait, je me rendis la nuit même chez mon voisin, le notaire, pour demander ce que signifiait le nom : « Croix-Bleue ». Il m'expliqua qu'il s'agissait ici d'une société dont les membres se sont engagés à s'abstenir de toute boisson alcoolique. Il ajouta encore qu'il allait se renseigner au sujet d'une société de ce genre et qu'il viendrait avec moi pour signer aussi. Ce notaire était un camarade de jeu et nous signâmes tous deux.

Me rendant à la maison, j'eus l'impression d'être enveloppé d'un manteau de soie, et cette parole devint effective pour moi : « Il prendra les agneaux dans ses bras, il les portera dans son sein ; il conduira les brebis qui allaitent. » (Esaïe 40 : 11.) Je déclarai à ma femme : « C'est la dernière fois que j'arrive ainsi à la maison ; dès à présent, j'ai rompu définitivement avec la vie d'auberge ! » Naturellement, et vu que je l'avais trompée fréquemment, elle n'y ajouta pas foi. Quant à moi, j'étais certain de la victoire ! La parole suivante prit de l'importance à mes yeux : « Vous me chercherez, et vous me trouverez, si vous me cherchez de tout votre coeur ! » Il n'était plus question de rompre avec cinq péchés seulement ; je voulais commencer une vie nouvelle. Le Seigneur Jésus dit clairement : « Ainsi donc, quiconque d'entre vous ne renonce pas à tout ce qu'il possède ne peut être mon disciple et celui qui aime quelque chose plus que moi, n'est pas digne de moi. » Le fait d'user d'un parlé pieux et d'obéir à Dieu en certaines choses n'est nullement suffisant. Celui qui se convertit est d'accord, à l'instant même, d'obéir en toutes choses à Dieu et à sa Parole.

Précédemment, j'avais honte d'assister aux assemblées mais, dès cet instant, la Parole de Dieu me réjouit beaucoup. Souvent, rentrant de l'auberge, mes camarades et moi nous promettions de nous rendre au culte mais, lorsque le dimanche arrivait, je ne manquais pas de leur faire dire : « Je ne viens pas ! » J'étais persuadé que fréquenter les assemblées et devenir un mômier était quelque chose de bien triste, cela devait être la fin de toute joie. Mais comme je fus agréablement « trompé » et comme je fus inondé de joie ! Jamais je n'avais imaginé une telle félicité ! C'est à cette époque déjà que je modifiai le couplet d'un chant disant :

Si les gens croyaient au Sauveur, leur vrai bien,
Certes, encore aujourd'hui, tous deviendraient chrétiens.

Tous, et non pas, comme il était dit : « plusieurs ». Tout de suite j'eus la victoire sur beaucoup de choses. J'étais dans la louange en témoignant comment Jésus m'avait délivré du jeu decartes, du jeu de quilles, des mensonges, ainsi que de l'emploi en vain du saint nom de Dieu.

Six ans avant ma conversion, j'avais rompu avec le braconnage, car Dieu m'avait parlé de diverses manières, en sorte que je n'eus plus le courage de continuer. Un soir, à l'affût à l'angle d'une forêt, un lièvre passa soudain à portée de ma main. Pour ne pas trop abîmer sa peau, je ne tirai pas immédiatement. J'attendis qu'il fut à vingt mètres environ et je fis feu. Une longue flamme sortit de mon fusil. Lorsque je me relevai, la grenaille sortait seulement du canon ! Cela m'ébranla énormément. Une autre fois, j'étais aux aguets au coin d'une forêt ; à l'opposé, le terrain était en pente et en zone découverte. Brusquement, quelque chose de couleur rouge fit une courte apparition à l'orée du bois. Me préparant à tirer, je pensai : « Si c'est un lièvre, il ne retournera pas dans la forêt, mais il sortira ! » Je ne tirai pas. Décidant ensuite de faire feu j'y renonçai de nouveau. En fin de compte, je me rendis sur les lieux pour voir ce que c'était. C'était un buisson au feuillage jaune et rouge sous lequel un de mes collègues était à l'affût. Il avait agité le feuillage en s'y installant. Si j'avais tiré, je serais devenu un meurtrier. Quelques instants après, le temps s'était assombri, et me trouvant sur le chemin du retour, j'entendis un coup de fusil non loin de moi. Je vis la grenaille entrer en terre ! La coupe était pleine. Ces incidents me firent abandonner le braconnage. À cette époque, je cessai également de dérober.
On racontait qu'un homme en vue de voler, était monté sur un prunier situé près d'une maison. Quelqu'un, ayant surveillé ses faits et gestes, s'était rendu dans la grange, puis, s'était muni d'un long tuyau et le portant à sa bouche, avait crié par un trou du toit : « Tu ne déroberas point ! » Le voleur eut l'impression que cette voix venait du ciel, et, descendant prestement de l'arbre, il se convertit ; les choses avaient certainement été dirigées par le Seigneur et le but fut atteint. Lorsque j'étais tenté de m'approprier du bien d'autrui, ces paroles me revenaient chaque fois en mémoire « Tu ne déroberas point ! » Je ne pus oublier cette anecdote. Dieu se sert de moyens bien divers pour nous aider !

Il était grand temps que je me convertisse. Le jour suivant déjà, ma femme accoucha et tomba malade, ce qui nous apporta beaucoup de tribulations. Ma position à l'égard de Dieu était maintenant tout autre. J'étais content et reconnaissant ! La maladie de ma femme empira, devint très grave, et l'on ne pouvait, à vues humaines, songer à une guérison ; tout au plus pouvait-on entrevoir comme seule issue la paralysie. Cette maladie dura sept mois. D'abord, ma femme eut la fièvre puerpérale, ensuite les seins malades ; puis commença une phlébite et finalement la goutte fit son apparition. Une jambe s'était raccourcie de 30 centimètres environ. Le dos se voûtait peu à peu. Tout ceci se produisait dans d'atroces douleurs. Vu notre situation, il m'était impossible de faire appel à une garde-malade. À mon travail, s'ajoutaient les soins à donner à ma femme. Nos enfantsétaient en bas âge et ne pouvaient prêter aide ; ainsi je devais m'occuper du ménage également ; mais le Seigneur m'accorda la grâce nécessaire. De temps à autre, nous étions aidés par quelqu'un mais, en général, la charge totale m'incombait. On admirait ma patience, mais il me semblait être un homme impatient ; les autres ne pouvaient voir dans mon coeur. Cependant, je ne me suis jamais plaint, bien que je fusse tenté de le faire.

Un jour, ma femme reçut la visite de deux hommes. Ils savaient si bien prier que j'eus souvent cette pensée : « Que ne donnerais-je pas pour savoir prier ainsi ! » Ils prièrent avec ma femme déclarant qu'elle était bienheureuse, sauvée. Et pourtant, elle n'était pas convertie et encore bien moins en possession de la paix de Dieu. Elle resta malade en dépit de ces belles prières ! Je me rendais assidûment chez le médecin, pensant que si les apôtres Pierre, Jacques ou Jean étaient encore sur terre, j'irais auprès d'eux pour obtenir la guérison de ma femme. Je me trouvais être trop pécheur pour croire que Dieu exaucerait ma prière. Selon l'usage, je faisais appel au médecin, ne croyant pas encore, à cette époque au pardon des péchés tel qu'il peut être obtenu par le sacrifice de Christ. Après sept mois de traitement, environ, le docteur déclara qu'il ne connaissait plus de remèdes, ajoutant que l'estomac de ma femme était malade par leur absorption et que, d'ailleurs, il me faisait perdre mon argent. Il termina par ces paroles : « Aide-toi, le ciel t'aidera ! » Je fis alors la réflexion : « Tu mens, car Dieu ne le peut aussi longtemps que je puis encore m'aider moi-même ! » Je me rendis à la maison, ne songeant plus ni à moi-même, ni à une belle prière, et je dis : « Cher Père céleste, je ne sais plus que faire et je ne veux pas être un obstacle pour toi. Maintenant, je te fais place pour aider ma femme ! » Et il aida. La constatation que Dieu est aussi médecin était pour moi une découverte. Aucune des personnes ayant visité ma femme n'avait parlé de ce divin Médecin ni ne l'avait rendue attentive au salut de son âme.

J'étais alors pauvre et misérable, mais jamais je ne souhaitai recommencer ma vie d'autrefois ! Dieu eut compassion de nous et fit un miracle à l'égard de ma femme ; les grandes douleurs se calmèrent et elle reprit visiblement des forces. À nouveau, son dos se redressa et elle put étendre les jambes, mais l'une de celles-ci était encore environ quinze centimètres plus courte que l'autre ; cependant elle redevint normale au bout de quelques jours. Après un laps de temps très court, la santé de ma femme fut rétablie à tel point qu'il lui fut possible d'effectuer à nouveau des travaux pénibles et même de piocher des sillons tout le jour. Les personnes qui l'avaient approchée durant sa maladie pouvaient à peine ajouter foi à cette guérison et bien des gens, venant de loin, désirèrent constater ce miracle. Tous ces événements m'encouragèrent à me confier en Dieu à l'avenir, même dans la maladie. Jusqu'à ce moment-là, j'avais été obsédé par l'idée que j'étais par trop mauvais et que Dieu ne m'exaucerait que si j'étais un homme meilleur ; ainsi, je ne pouvais concevoir un exaucement de prière qu'après une amélioration de mon état. Toutefois, combien n'ai-je pas été réjoui par ces paroles qui, aujourd'hui encore, me fortifient : « Tu oses venir, tel que tu es tu seras accepté par grâce ». Dès lors je fus encouragé à prier également pour les autres. Deux ou trois personnes soi-disant incurables furent guéries. Lorsque je rencontrais le médecin, il ne manquait pas de me dire : Veux-tu me faire à nouveau concurrence ? » Néanmoins son respect augmentait à mon égard.

J'étais tellement rempli de ces expériences que j'aurais désiré fonder un second « Rämismühle », mais Dieu choisit un autre chemin pour moi.


Confession des péchés et réparation des torts.

Celui qui cache ses transgressions ne prospère point, mais celui qui les avoue et les délaisse obtient miséricorde.
(Prov. 28 : 13.)


Peu après ma conversion, je me rendis à l'évidence que mes péchés devaient être confessés et réparés dans la mesure du possible. Alors la honte m'envahit, et je me dis : « Lorsque je devrai avouer avoir dérobé du bois ou des cerises, que diront les gens lorsqu'ils m'entendront ? » J'avais volé du bois à un voisin ; je me rendis chez lui et heurtai en tremblant à la porte. Personne ne vint ouvrir, ce qui intensifia encore ma crainte. Je désirais m'enfuir, mais je craignais qu'il ne me vît ; c'est ce qui me retint. Enfin, la porte s'ouvrit. Étant entré, je lui indiquai le pourquoi de ma visite : « Je veux vivre pour le Seigneur et je veux être sauvé. Comme je t'ai dérobé du bois, je viens en payer la contre-valeur ! » Il répondit : « N'y regarde pas de si près et ne sois pas accablé pareillement » - « Je veux me défaire de ce fardeau pesant ! » Alors il me déclara qu'il aurait, lui aussi, bien des choses à réparer s'il voulait agir ainsi et que, d'ailleurs, il m'avait aussi volé. Nous possédions un peu de forêt et certains paysans, lorsqu'une perche leur faisait défaut, ne s'inquiétaient pas outre mesure lorsqu'ils s'étaient servis chez le voisin. C'est ainsi que ce voisin pardonna mon délit, et j'en fis de même à son égard.

Je fus obligé de me rendre également chez d'autres paysans au sujet de bois dérobé. Si je ne réparais pas mes torts, je savais très bien que ces faits seraient mis à découvert au jour du jugement et que je serais condamné, bien que j'aie eu soin de recouvrir les souches avec de la mousse afin que l'on ne remarquât rien. Je tenais à avoir une conscience purifiée et c'est le motif pour lequel je mis tout en ordre. Les cerises et les pommes volées faisaient également partie de ces méfaits, bien que leur poids n'atteignît ni vingt, ni même dix kilos ! Mais je savais que tout devait être mis à découvert chez moi, sinon je me voyais en pensée au jour du jugement, perché sur l'arbre au pied duquel se trouvait le propriétaire - et j'étais condamné et damné. C'est la raison pour laquelle je me rendis partout, confessant mes fautes et payant ce que j'avais dérobé. Si l'on agit ainsi, les gens sont témoins d'une foi agissante. Tel a été chez moi le début et je crois que beaucoup réalisent également les choses ainsi.

J'avais dérobé trois choses différentes chez un paysan. Je confessai mon premier vol, puis je revins pour le deuxième, mais le courage me fit défaut pour confesser le troisième. Ce dernier se rapportait plus spécialement à une pièce de cuir destinée au ressemelage et ayant une valeur d'environ septante centimes. L'affaire était minime et je songeais que sa réparation n'était nullement importante mais, sans cesse ce cuir me revenait en mémoire. Je me disais : « Que va dire cet homme, si je me rends chez lui pour la troisième fois ? » Sa réaction sera la suivante : « Combien de fois reviendras-tu et que m'as-tu encore dérobé ? » Tout devait être mis à découvert et je dus me rendre encore une fois chez lui.

Un certain jour de marché, j'avais volé un petit couteau valant vingt centimes ; lorsque je me convertis, j'eus souvenance de ce délit. Malgré les recherches faites, je ne trouvai pas trace du vendeur et je remis quatre-vingts centimes à la Mission, soit donc le quadruple, selon les Écritures. Plusieurs années s'écoulèrent et, un beau jour, j'aperçus mon marchand de couteaux dans le train. À Langnau, nous sortîmes ensemble ; quelques personnes me reconnurent. Lorsque l'homme futsur la route je courus jusqu'à lui, et comme il avait l'oreille dure, je fus contraint de crier bien fort : « Je t'ai dérobé un couteau ! » Les larmes commencèrent à couler sur son visage, mais je fus fort soulagé lorsque je lui eus remis quatre-vingts centimes.

Certaines cerises volées me revenaient continuellement en mémoire. J'entendis un jour un prédicateur déclarer que si on oubliait le tort fait après avoir prié, nul n'était besoin de le réparer, et qu'il n'y avait lieu de confesser que ce qui nous accablait. Ainsi lorsque je pensais à ces cerises, je priais et je les oubliais. Mais elles étaient à nouveau présentes à mon esprit lorsque quelqu'un parlait de vol de cerises. Une telle chose non réparée vous poursuit comme un chien et vous crie : « Ce n'est pas bien, ce n'est pas bien ! » Il n'est pas possible de croire sur une telle négligence ! En ce temps-là, un de mes garçons tomba malade ; il respirait difficilement et devenait bleu. Je voulais me rendre chez le médecin, mais je savais que : « Jésus est le médecin » et je résolus de me confier en lui.
Ouvrant la Bible, je tombai sur le texte d'Ezéchiel 33 : 15: « Si le méchant rend le gage » s'il restitue ce qu'il a ravi, s'il suit les préceptes qui donnent la vie, sans commettre l'iniquité, il vivra, il ne mourra pas. Tous les péchés qu'il a commis seront oubliés ». Je me dis qu'en ce qui me concernait, j'avais réparé les torts que j'avais commis.
Après un moment, j'ouvris de nouveau la Bible et je lus : « Celui qui cache ses transgressions ne prospère point. Mais celui qui les avoue et les délaisse obtient miséricorde ». (Proverbes 28 : 13.)
Une troisième fois, j'ouvris la Bible et voici ce que je lus : « Lorsque tu as volé, tu dois le restituer en y ajoutant un cinquième ». Finalement, les écailles tombèrent de mes yeux et je vis qu'il n'est pas écrit : « Confesse lorsque tu es accablé, mais : lorsque tu as « dérobé ». Il me vint alors cette pensée : « Que diront les gens ? À l'assemblée, tu as raconté que tes affaires avaient été mises en ordre ; tu seras regardé comme menteur ! » Mais ma décision fut prise en pensant : « Advienne que pourra ! Que les gens disent n'importe quoi ! À présent je me rends chez ce paysan ! » Lorsque j'arrivai chez lui il battait le grain dans sa grange et toute sa famille était là. M'approchant de lui, (je ne dis pas à voix basse : « Viens un peu de côté, j'ai quelque chose à te dire ! ») je confessai mon vol à haute voix, en précisant comment j'avais été enseigné par le prédicateur, et ce qui m'avait été révélé le jour même en lisant la Bible, et je conclus : « Donc, je suis venu pour régler les cerises ! »

Au cours de cette journée, je dus encore me rendre à sept endroits différents et écrire à une huitième personne. Par la suite, on pouvait parler de cerises sans que cela me touche, j'étais tranquille ! Comme autre résultat, mon garçon se rétablit et, le lendemain, il put se rendre à l'école. Je rendis grâces à Dieu de m'avoir ouvert les yeux. Auparavant, je lisais souvent sans réfléchir à ce que je venais de lire. Beaucoup de gens font naufrage ici, préférant les tourments de l'enfer à la confession du péché, mais celui qui veut être sauvé n'hésite pas longtemps ! Lorsque je constatais : « La Parole dit ainsi », je me hâtais de lui obéir, sans remettre les choses au lendemain.

Combien nombreux sont ceux qui pensent qu'il est possible d'avoir une affaire nette, sans confession des péchés ! Cela ne revient pas à dire que chaque péché doit être confessé à un homme, mais il est grandement utile de confesser précisément ce que l'on ne voudrait pas dire. Une personne agissant ainsi peut dire ensuite de tout coeur comment Jésus l'a délivrée. La confession réelle des péchés consiste à rompre totalement avec le péché et ne plus le servir dès l'instant même ! Si quelqu'un n'est pas libéré du péché, il est bon de prier avec lui, selon cette parole : « Confessez donc vos péchés les uns aux autres, et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris ». (Jacques 5 : 16.) L'on dira peut-être : « J'ai dit à Dieu les choses que j'avais à confesser ! » Cela est bien, mais souvent cela ne suffit pas. L'homme doit en effet se montrer une fois tel qu'il est et abandonner ainsi sa propre vie. Nous lisons dans Matthieu 3 au sujet de Jean-Baptiste : « Les habitants de Jérusalem, de toute la Judée et de tous les pays des environs du Jourdain se rendaient auprès de lui et, confessant leurs péchés, ils se faisaient baptiser par lui dans le fleuve du Jourdain ». Exhortant encore spécialement les gens pieux, il leur disait : « Produisez donc du fruit digne de la repentance. Déjà la cognée est mise à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bon fruit sera coupé et jeté au feu ! »

Ayant ainsi mis tout en ordre, je réalisai beaucoup de joie. Lorsque le poids des péchés s'allège et qu'ils éprouvent de la joie, beaucoup pensent que c'est la paix de Dieu décrite dans la Bible. Depuis l'époque de ma conversion jusqu'à la nouvelle naissance, j'eus bien des joies et les choses se passèrent comme il est écrit : « Les ordonnances de l'Éternel sont droites, elles réjouissent le coeur ! » (Psaume 19 : 9.) À certaines occasions, je versais même des larmes de joie mais je n'avais pas encore réalisé la paix de Dieu. Je me rendais assidûment à l'église, de même qu'à l'assemblée, et je ne voyais pas de frontière entre la vie et la mort spirituelles ; selon ma conception, partout s'annonçait la vérité, et j'étais « béni » en tout lieu. Comme personne pieuse, on peut contrefaire de bien des manières la véritable piété, et il est aisé de parler de bénédiction et de joie ; mais celui qui a un bon « odorat » sentira bien vite « la petite odeur de vieux » que répandent de tels chrétiens. (Jérémie 48 : 11.) Tel aurait été le cas chez moi également, si un homme possédant le discernement des esprits m'avait parlé.


Tentations et épreuves.

Tu as multiplié, Éternel, mon Dieu, tes merveilles et tes desseins en notre faveur : Nul n'est comparable à toi ; je voudrais les publier et les proclamer ! mais leur nombre est trop grand pour que je les raconte !
(Psaume 40 : 6.)


À compter du jour de ma conversion, j'eus beaucoup de tentations et d'épreuves, mais, toujours et à nouveau, il m'était accordé de réaliser la fidélité de Dieu d'une façon merveilleuse selon ce texte : « Si tu t'attaches à moi, je te répondrai ! » (Jérémie 15 : 19.)

Lorsque je me rendis à la première assemblée de la Croix-Bleue en vue de signer l'abstinence, on y chantait ce chant : « Que la vie pour le Seigneur est belle ! Qu'elle lui soit donnée entièrement et volontairement ! » J'en fus ému à tel point que j'eus le sentiment de ne plus toucher terre ! Dans notre contrée, l'habitude de boire du vin ou de l'eau-de-vie était ancrée fortement, comme si cela devait faire partie de la vie ; aussi, mon engagement d'abstinence donna-t-il lieu à du scandale. L'usage du thé était inconnu. Par conséquent, on m'offrait partout soit du vin, soit de l'eau-de-vie, en disant : « Seulement un verre ! » Je répondais alors : « Je veux être sauvé et je veux vivre pour le Sauveur ! Dieu m'a ordonné de ne plus boire d'alcool ». Si l'on insistait pour que je boive, je versais alors le contenu du verresur le sol, que cela soit le sol d'une chambre ou d'un chantier ! Les choses se passèrent de façon identique avec le tabac. Jamais on ne m'offrit autant de cigares que depuis le jour où je ne fumai plus ; même des prédicateurs ! Je répondais : « Je ne fume plus, je suis délivré ! » Mais on rétorquait : « Seulement un cigare cela ne fait rien ! » Alors, prenant le cigare, je le brisais et le foulais aux pieds. Ainsi, on cessa de m'en offrir.

À l'exception d'une seule fois, je ne me rendis plus jamais à l'auberge. Aux assemblées de la Croix-Bleue, j'entendais déclarer que l'on pouvait très bien s'y rendre pour boire une limonade, montrant ainsi que l'on peut être heureux sans boissons alcooliques. Donc, je m'y rendis une fois mais, remarquant que l'on jouait aux cartes à mes côtés, je fus tenté et me dis : « À vrai dire, je pourrais aussi me joindre au jeu, que je comprendrais certainement mieux que ceux-là ! » Me rendant compte du danger, je pensai à cette parole : « Heureux l'homme qui ne s'assied pas en compagnie des moqueurs ! » Commentant ce fait à l'assemblée suivante, je déclarai : « Il n'est pas convenable de se rendre à l'auberge ; vous avez parlé faussement ! » Alors commença la haine à mon égard.

Je n'ignorais pas que j'avais également à exhorter les jureurs ; je tremblais, mais je savais que Dieu exigerait leur sang de mes mains si je ne le faisais pas. (Ezéchiel 3 : 17-19.) Si au cours d'une journée je n'avais pas repris quelqu'un qui jurait, la nuit suivante le sommeil me fuyait. Si je connaissais cette personne, je cherchais à racheter ma faute le jour suivant, car je savais que celui qui ne reprend pas le jureur hait sa vie tout en étant complice du péché. (Proverbes 29 : 24 et Lévitique 5 : 1.) Dieu nous a placés en qualité de gardiens et si le jureur n'accepte pas l'exhortation, il en supportera les conséquences, mais alors, de notre côté, nous sommes déliés d'une responsabilité.

Après ma conversion, je savais que le culte de famille m'incombait, mais je n'avais pas encore lu dans la Bible que le père de famille devait faire la lecture de la Parole de Dieu le matin, à midi et le soir : qu'il devait en inculquer les éléments aux enfants, tout en s'entretenant avec eux de ce qui s'y trouve écrit lorsqu'ils se couchent, se lèvent, ou encore s'ils sont en chemin ; mais je fus conduit par l'Esprit de Dieu. J'avais pour habitude de lire dans le livre intitulé : « L'échelle du ciel » et j'avais une grande opinion de ce livre de prières que je croyais être bon.

Inconverti, j'ai beaucoup récité l'Oraison dominicale et, depuis ma conversion, bien plus souvent encore. Au commencement, je ne réfléchissais pas à ce que je lisais dans ce livre de prières. Mais un jour je me mis à y penser. Un matin, je lus ceci : « En me couchant, je pensais que l'eau montait jusqu'à mon âme ! » J'avais lu ce passage souvent mais la pensée suivante m'assaillit : « En me couchant hier soir, j'étais heureux et je n'ai pas du tout songé à cela, c'est un mensonge ! » Saisissant alors ce livre de prières, je le jetaisous le fourneau, aux yeux de ma famille qui me regarda curieusement. Je pris alors la Bible pour faire la lecture. Ensuite, pour la première fois, je priai par coeur. Comme je n'étais pas instruit, la chose me paraissait pourtant impossible. Néanmoins, je balbutiai quelques mots - je ne sais plus quoi - et la présence de mes gens me fit transpirer !

Le jour suivant, l'aubergiste, dont j'avais été un fidèle client, vint chez nous. C'était l'homme qui m'inspirait le plus de crainte depuis ma conversion ! Contrairement à son habitude, il passa le seuil de la porte, entra dans la chambre où nous étions en train de prendre un repas, et prit place sur le fourneau. Le dîner touchait à sa fin, mais l'aubergiste ne faisait pas mine de partir. « Il s'en ira peut-être avant la fin du repas, si je mange lentement ! » pensais-je. Mais il ne bougea pas ! Le Père céleste le tenait bien à sa place ! La peur commença à me saisir : « Comment un homme aussi ignorant que moi pourrait-il lire et prier en présence de l'aubergiste ? » Puis je pensai que je pourrais avoir recours à l'oraison dominicale - il n'y avait pas d'opprobre à dire cette prière que chacun faisait sans agir selon son enseignement - et faire la lecture de la Bible plus tard, lorsque l'aubergiste aurait enfin pris la décision de s'en aller ! Mais la parole suivante m'arrêta : « Car quiconque aura honte de moi et de mes paroles au milieu de cette génération adultère et pécheresse, le Fils de l'homme aura aussi honte de lui, quand il viendra dans la gloire de son Père ! » Par conséquent, il ne me restait qu'à agir. La Bible était placée sur un banc ; je la soulevai - Oh ! comme elle me paraissait lourde - puis je l'ouvris et j'articulai quelques versets. Des gouttes de sueur tombaient sur les pages. Enfin je priai brièvement. L'aubergiste s'en alla. La « bataille » était gagnée. J'étais content et me sentais léger d'avoir confessé le nom du Seigneur. Le soir, son beau-fils vint également assister au culte, mais déjà la lutte ne fut plus aussi âpre. Il était évident qu'on voulait savoir ce qui se passait chez moi !

Il y a des instants dans la vie où le dicton : « Oiselet, mange ou meurs ! » se réalise pleinement, et je ne sais comment les choses auraient tourné si j'avais capitulé ; peut-être aurais-je connu ensuite la défaite si je n'avais pas pris nettement position ! Nous avons un Dieu merveilleux, qui conduit à bon port ceux qui se sont vraiment livrés à lui de tout leur coeur !

Avant ma conversion, lorsque nous rentrions du restaurant nous prenions quelquefois la décision de nous rendre à l'assemblée le dimanche suivant, mais je craignais terriblement de passer devant la laiterie où quelques hommes prenaient généralement place sur un banc ; je faisais alors dire aux collègues, avant que le dimanche fût là, que j'y renonçais. Il en fut autrement après ma conversion. Passant à cet endroit, je m'approchai de ces hommes pour leur dire que je m'étais converti à Dieu et que j'avais réalisé le vrai bonheur, et les inviter à assister aussi à l'assemblée. Ils rougissaient et cherchaient des excuses ; c'étaient là les hommes qui, auparavant, m'avaient inspiré la terreur ! Le dimanche suivant, ils disparaissèrent lorsqu'ils m'aperçurent de loin.

Lorsqu'on est assailli par la crainte, il est bon de prendre un fortifiant, par exemple la parole de la reine Esther : « Si je dois périr, je périrai ! » Mais, jusqu'à ce jour, j'ai été épargné.

Déjà à cette époque, et sans ambages, je pouvais raconter beaucoup de choses de ce Dieu bon, témoignant que c'est auprès de lui qu'est le bien-être. L'occasion de parler de Dieu était toujours présente : chez les paysans durant la semaine, à l'assemblée le dimanche et lors des visites que je faisais. J'attaquais le péché, ne ménageant personne, qu'il s'agisse ou non d'hommes importants. C'est aux grands qu'en général je m'adressais précisément, leur faisant sentir le poids de leurs responsabilités. Beaucoup de gens pieux furent saisis de crainte et se convertirent. Au début de ma conversion, je me mettais encore souvent en colère. Oh ! cette colère ne me poussait pas à saisir un bâton, mais elle était cachée dans mon coeur ! Je m'en rendais compte et je savais aussi que j'irais en enfer si je m'adonnais à la colère ! Car les enfants de colère n'hériteront pas le royaume des cieux, et cela m'inquiétait. Un jour, un frère dans le Seigneur vint me rendre visite ; nous étions à table, mangeant, sans viande, des pommes de terre et du légume avec appétit. Ayant ouvert la porte, ce frère leva son bâton comme s'il allait frapper et dit « Y a-t-il encore des démons ici ? » Je pensai : « Si tu avais la possibilité de chasser les démons avec un bâton, je le pourrais certes aussi ! » Il arrivait d'une autre maison où il avait posé une question identique, et la femme pieuse habitant là avait été grandement indignée parce que l'évangéliste s'était permis de supposer qu'il y avait encore des démons dans la maison.

Pour mon compte, j'avais maille à partir avec le démon de la colère et je répondis : « Oui, le démon de la colère est ici ! » - « Je m'en vais le chasser à l'instant ! » répondit-il, ajoutant : « Tu es délivré, rends grâces parce que tu es délivré de la colère ! » Je me dis : « Ce n'est pas la vérité, je ne suis pas délivré ! » Mais ensuite, je fis la réflexion : « J'ai lutté bien longtemps contre cela et je n'ai pas eu la victoire ; maintenant, je vais agir selon le conseil du frère ! » Je rendis grâces pour la délivrance et continuai à faire de même lorsque j'étais énervé. Toutefois, cette pensée m'obsédait : « Tu n'es pas délivré et de plus, tu mens encore ! »

En écoutant ces propos, je regardais en moi-même et non pas à l'oeuvre de Christ. Néanmoins, je suivis le conseil du frère. Un mois s'écoula ainsi, lorsque je constatai tout à coup que tout était transformé, trouvant ma femme aimable et mes enfants transformés eux aussi. Et mes voisins, quelle gentillesse ! Je me souvins alors que depuis le matin je ne m'étais pas mis en colère.

Les jours précédents, lorsque personne ne bougeait dans la maison, me levant très tôt, lisant la Bible et priant dans la chambre, j'étais obsédé par cette pensée : « Décidément, ils ne veulent pas se lever ! » Cela me fâchait. Je fermais alors la porte de la chambre et celle de l'entrée à grand bruit et je me rendais à l'atelier en attendant que mes gens se réveillent enfin. Mais tout restait calme dans la maison, et l'obsession recommençait : « Ils ne veulent pas se lever ! » Je désirais vivement me débarrasser de pareilles pensées ; elles m'empêchaient de prier, mais je m'armais de la hache et je frappais sur le banc de menuisier comme si j'étais au travail depuis longtemps, espérant que le bruit réveillerait ces dormeurs. Mais tout demeurait silencieux dans la maison ; Dieu avait fait en sorte que tout restât calme !

Donc, un certain matin je me rendis compte subitement que j'avais pu faire ma prière dans le calme, sans être excité à la colère par des pensées agaçantes ! Les jours suivants, je pus constater de façon évidente : « Je suis délivré de la colère ! » Je n'avais pas encore réalisé la paix de Dieu je n'étais délivré que de la colère. Mais le laps de temps qui s'écouta ensuite fut de courte durée, et c'est au travers de nombreux combats que je réalisai la paix de Dieu.

Après avoir été délivré des péchés grossiers, je commençai à me considérer comme étant très brave et intègre, meilleur que les autres. Avec la meilleure volonté, j'en arrivai à croire que je ne trouverais pas une personne plus brave que moi et ainsi, je commençai à faire une ascension sur un chemin naturellement abrupt et parsemé d'épines ! Ensuite vint la descente et je descendis plus bas que je ne l'avais jamais été auparavant. Lorsque je lisais la Bible et que l'Esprit de Dieu éclairait mon coeur, je constatais que beaucoup de choses, en mon for intérieur, ne concordaient pas avec la Parole de Dieu ; en fin de compte, je ne vis que péchés sur péchés. Si je lisais : « Aime ton prochain comme toi-même ! » je me trouvais être un transgresseur. J'arrivai à cette conclusion : « Je suis un homme chargé de soucis, un païen, et ma confiance repose sur des choses visibles ».

Lorsque les tiroirs de la table ou le buffet de cuisine contenaient encore quelque chose, j'étais plein d'assurance, mais quand tout était vide, je me demandais : « Que mangerons-nous ? Que boirons-nous ? » Les saintes Écritures me disaient que c'étaient là les pensées des païens et que c'était du péché. Regardant autour de moi, je cherchais qui pourrait m'apporter de l'aide, au lieu de tourner mes regards en haut. De même, je constatais combien j'avais des pensées terrestres, et combien j'étais avare lorsque je voulais agir conformément à la Parole de Dieu : « Ne réclame pas ton bien à celui qui s'en empare ! Donne à celui qui te demande et ne te détourne pas de celui qui veut emprunter de toi ! » Lorsque les gens racontaient contre moi, faussement, toute sorte de mal, j'en étais blessé, tandis que j'aurais dû me réjouir et bondir de joie ! Quand je voulais pardonner aux hommes et oublier, selon les Écritures, je n'étais pas non plus en mesure de le faire. En sondant mes pensées, je constatais qu'elles étaient souvent horribles et je devais conclure : « Le Sauveur n'a pas eu de telles pensées ! »

Les nombreuses paroles inutiles que j'avais prononcées - celles dont il faudra rendre compte - me revenaient en mémoire. Souvent, je récitais l'oraison dominicale, mais je devais constater que le malin était mon père. Une fois, comme je rentrais chez moi, je vis mon garçonnet de quatre ans jouer avec des cartes qu'il avait découpées. Me remémorant ma misère d'autrefois, je songeai : « Oui, voilà ce que mes enfants ont appris de moi ! » Quand la question se posait : « Pourrai-je subsister lorsque Jésus apparaîtra ? » je devais reconnaître sur-le-champ : « Je ne pourrai subsister, je suis impur ! »

Selon la Parole de Dieu, je savais pertinemment que seules les personnes irrépréhensibles et sans taches pourront partir avec Jésus lors de son avènement. Alors, je voulais me consacrer à Dieu mieux encore, mais c'était insuffisant. Et si je cherchais de la consolation dans le fait que j'avais tout mis en ordre dans ma vie, je découvrais que malgré cela je n'étais pas prêt. Bien que je parusse être calme devant les gens, il n'en était pas ainsi en moi. Tout cela me plongea dans une angoisse immense. Je m'efforçais d'obéir à la Parole de Dieu dans la mesure où je la comprenais et pouvais la mettre en pratique. Je pensais avoir la vie divine et je croyais que ce que je faisais était vraiment cette vie divine ! Cette parole du prophète correspondait bien à mon état : « Tu trouves encore de la vigueur dans ta main et tu ne dis pas : J'y renonce ! »

Celui qui pense de cette manière là ne se sent pas fatigué et ne cherche pas une autre vie. Je ne possédais ni paix avec Dieu, ni victoire ; j'étais délivré de la passion du jeu de cartes et du jeu de boules, qui ne présentaient plus aucun intérêt pour moi ; cependant ma condamnation me pesait toujours plus. « Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas ! » Mon âme criait aussi : « Misérable que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort ? »

Souvent, je me rendais chez le prédicateur, me lamentant au sujet de mes angoisses et de mon état, déclarant que je n'avais pas la victoire sur le péché. Parfois, on me répondait : « Nous sommes tous sous l'empire du péché ! Il n'y a point de juste, pas même un seul ! » Les gens n'ignoraient pas mon désir de consacrer ma vie à Dieu, et ils voulaient me consoler ainsi.

À cette époque-là, on entendait partout, dans les églises et dans les assemblées, le refrain suivant : « Nous sommes tous de pauvres pécheurs. » Parfois on disait : Tu ne veux tout de même pas être supérieur à l'apôtre Paul, qui s'est écrié : « Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas ! » Mais tout cela ne m'aidait en aucune façon ! Lorsque Paul écrivit ces paroles, sa vie était déjà transformée, ce qui ressort très clairement de Romains 8 ; mais ici encore on voulait me consoler faussement. Beaucoup de gens pieux ont la vaine manière de vivre qu'ils ont apprise de leurs pères ; mais en vivant ainsi ils ne plongent point leur regard dans la loi parfaite de la liberté. Ils cherchent à convaincre les hommes qu'on doit rester pécheur sur cette terre. Ils s'attachent fermement à leur opinion et cela les empêche de voir la sainteté de la Parole de Dieu.

Je savais très bien que les paroles de ces prédicateurs ne pouvaient me satisfaire et, d'ailleurs, ma conscience me rendait témoignage que je ne pourrais pas comparaître devant Dieu. Dans ma Bible, je lisais cette parole : « Quoi donc ! Pécherions-nous parce que nous sommes non sous la loi, mais sous la grâce ? Loin de là ! » (Romains 6 : 15) et j'étais frappé spécialement par cette parole de Jésus : « Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres ! » Je voyais nettement : « Il existe une liberté qui peut être obtenue, que l'on doit recevoir, et que je ne possède pas ! » J'étais assoiffé de cette liberté et voulais croire que j'étais délivré, mais je ne remarquais rien d'une telle délivrance. Un combat violent se livrait en moi et je puis dire qu'alors s'élevèrent des puissances terribles... Combien souvent cette pensée m'accablait : « Oh ! si je n'étais pas né ! Si seulement mon père n'avait jamais vécu ! » Je m'humiliais devant Dieu à cause de ces pensées et je m'exhortais en me disant que Dieu avait raison et que c'était bien que mon père ait vécu et que je sois né. Lors de ma conversion j'ai reçu une force divine car, auparavant, il m'aurait été impossible de subsister dans un tel combat.

Trois ans passèrent ainsi dans de grandes angoisses et alors la parole écrite dans Romains 7 me sortit de mon état de misère, et en même temps d'un christianisme extérieur, sans vie réelle. M'élevant enfin plus haut que les brouillards, je m'écriai : « Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ, notre Seigneur ! C'est accompli ! Je suis délivré, libre ! »

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