Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

DISCOURS XVII.

Le don de la sagesse.


Si quelqu'un a besoin de sagesse , qu'il la demande à Dieu qui la donne à tous libéralement : elle ne lui sera point refusée ; mais qu'il la demande avec foi. Jaq., 1,5, 6.


Pour la Communion de Pentecôte.

MES Frères ; Quoique dans la première Pentecôte Chrétienne dont nous célébrons aujourd'hui la mémoire, le Ciel ait répandu ses grâces avec abondance sur l'Eglise naissante, ce précieux trésor n'est point épuisé. Nous aussi, nous pouvons avoir part aux priviléges de cette grande journée; et tout ce qu'il y eut d'essentiel, de plus à désirer dans ce que le Saint-Esprit fit autrefois pour les premiers Chrétiens, il le fait encore pour nous. Les lumières, la prudence , la fermeté qui nous sont nécessaires pour vivre d'une manière digne de notre belle vocation , il nous les offre comme à la primitive Église ; et dans cet instant une voix céleste semble nous répéter cette touchante invitation que nous venons de vous faire entendre, et qui fut consignée dans nos Saints Livres pour l'instruction, pour la consolation de tous les âges :
Si quelqu'un a besoin de sagesse, qu'il la demande à Dieu.

Méditons-les ces belles paroles. Disposons nos coeurs à s'ouvrir aux grâces du Ciel; et puissions-nous ne retourner dans nos maisons qu'après en avoir été enrichis! Ainsi soit-il.

Si quelqu'un a besoin de sagesse, dit l'Apôtre : eh ! quel homme n'en a pas besoin , n'en a pas un grand , un pressant besoin ? S'il ne s'agissait que de cette sagesse mondaine qui consiste à bien prendre ses mesures pour réussir dans ce que l'intérêt ou l'ambition fait entreprendre afin de s'avancer dans le monde, je l'avoue, on pourrait trouver des hommes qui excellent dans cette science, peut-être même, qui s'y montrent beaucoup trop habiles. Mais pour cette sagesse céleste qui nous dirige et nous soutient dans la voie du salut, cette sagesse qui est pure , paisible, pleine de miséricordes et de bons fruits (Jaq., III, 17), tous les hommes ont besoin d'en recevoir une nouvelle mesure : tous en manquent plus ou moins; mais avec cette différence essentielle, que les uns ne s'en aperçoivent pas, tandis que les autres le sentent et en sont pénétrés.

Les uns ressemblent à ce Pharisien de l'Évangile qui fermait les yeux sur ses défauts, s'exagérait son mérite, ne se présentait devant Dieu que pour faire l'étalage de ses vertus , et s'élever au- dessus du reste des hommes. Les autres ressemblent à l'humble publicain qui se frappait la poitrine, n'osait lever les yeux au Ciel, et s'écriait :
o Dieu , aie pitié de moi qui suis un grand pécheur (Luc, XVIII, 13) ! On peut appliquer aux premiers ce reproche que l'Esprit de Dieu fait à l'Eglise de Laodicée (Apoc. III, 17) : Tu as dis : Je suis riche; je n'ai besoin de rien ; et tu ne vois pas que tu es pauvre, misérable, aveugle , dénuée des vrais biens !

Ce n'est point à de tels hommes que nous adressons l'exhortation de l'Apôtre; ils ne l'écouteraient pas, ou ils s'en tiendraient offensés. Nous ne l'adressons qu'aux justes, qui gémissent de se voir si éloignés encore de la perfection, et aux pécheurs qui s'humilient , qui sentent leur misère, qui, suivant l'expression du Sauveur ,
sont travaillés et chargés (Matth., XI, 28). C'est à eux que nous disons dans ce jour : Si quelqu'un a besoin de sagesse, qu'il la demande à Dieu.

Qu'il la demande à Dieu ! En avouant le besoin que nous en avons , croirions-nous pouvoir l'acquérir par nous-mêmes sans le secours du Ciel?
Ainsi l'ont pensé quelques esprits superbes, quelques prétendus philosophes qui n'ont pas eu bonté de mettre au rang des fanatiques ceux qui croient à cette assistance que les âmes pieuses reçoivent de la Divinité, et qui demandent humblement au Père des lumières ce secours que l'Écriture-Sainte appelle
la sagesse qui vient d'en haut (Jaq., III, 17). Ainsi donc, dans l'ivresse de son orgueil , le faible mortel, l'enfant de la poussière s'imagine qu'il est assez puissant , assez indépendant , assez habile pour bien régler son coeur sans l'intervention de celui qui l'a formé ! Il ose déïfier en quelque sorte sa faible raison ! Il veut substituer cette lumière incertaine et vacillante à celle du Soleil de justice qui daigne nous éclairer !

Présomption fatale ! Source des chutes les plus honteuses! Illusion d'autant plus funeste qu'elle semble conduire par degrés à l'affreux Athéisme ! Il est assez naturel en effet que ceux qui nient l'influence de l'Etre Suprême sur les esprits, en viennent peu-à-peu à la nier aussi sur les corps et sur les événemens. Dieu n'agit pas à l'un de ces égards d'une manière plus frappante, plus surnaturelle qu'à l'autre. Quand il veut envoyer à quelqu'un la prospérité temporelle, il n'ouvre pas les Cieux pour remplir ses trésors, et il ne se sert pas, pour l'enrichir, de moyens miraculeux. L'homme vain et ingrat aurait donc autant de raison d'attribuer à sa propre habileté toutes les bénédictions dont Dieu le comble dans cette vie, qu'il en aurait d'attribuer à ses propres forces ses progrès dans la vertu; et si l'on se persuade une fois que Dieu n'étend plus ses soins ni sur nos âmes par son Esprit, ni sur nos corps par sa puissance ; si l'on ne reconnaît ni le Dieu de la grâce, ni celui de la Providence, ne devient-il pas pour nous un Être inutile ? N'est-il pas pour nous comme s'il n'existait plus ?

Mais pour admettre ces folles et dangereuses idées , il faudrait ne point se connaître soi-même , et n'avoir jamais lu la parole de Dieu. Il faudrait ne faire aucune attention à ce qui se passe dans notre coeur, et à ce qui nous est enseigné dans l'Ecriture.

L'Écriture, en effet, ne cesse de nous avertir que c'est Dieu qui par sa bonté nous fait
vouloir et exécuter ce qu'il nous commande (Philip., II, 13); que par nous-mêmes nous ne pouvons rien ; mais que Dieu par son Esprit nous rend accomplis en toute sorte de bonnes oeuvres. De là ce voeu de Saint Paul en faveur des Éphésiens (Chap. I, 17 et 18) : que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ vous donne l'Esprit de sagesse et de révélation qui éclaire les yeux de votre entendement.
De la ces prières que David faisait à Dieu, de lui ouvrir les yeux,
afin qu''il vît les merveilles de sa loi ; de créer au-dedans de lui un coeur pur , et de le faire marcher dans la voie de ses Commandemens (Ps. CXIX) De là ces promesses que les Prophètes faisaient aux Juifs de la part de Dieu, qu'il mettrait sa Loi au-dedans d'eux , et qu'il l'écrirait dans leur coeur (Jérémie, XXXI, 33). De là vient encore que les vertus sont appelées dans nos divins Livres les fruits de l'Esprit (Gal., V, 22), et les Chrétiens, les temples du Saint-Esprit (I Cor. VI, 19) ; en sorte qu'il faut ou rejeter l'Évangile, ou reconnaître avec lui que Dieu nous dispose et nous aide à travailler à notre salut,
et que par nos seules forces nous ne pourrions y réussir.

Mais n'est-ce pas là une vérité dont chacun peut se convaincre par un examen attentif de soi-même? O homme! considère ce que tu es devenu depuis la chute de tes premiers parens ; vois avec quelle facilité tes passions se soulèvent contre les lois de la raison, avec quelle répugnance tu te soumets au joug le plus légitime; avec quelle légèreté tu te dégoûtes de ce qui te paraissait d'abord digne de toute ton ardeur ; avec quelle promptitude tu perds courage lorsque tu as à combattre la chair et le sang.
Considère la puissance et la ruse de tes ennemis spirituels , la force des tentations qui t'assiègent, la multitude des obstacles qui retardent ou arrêtent tes progrès. Compare la grandeur de la tâche avec ta faiblesse, la nécessité de persévérer avec ton inconstance, le pouvoir qu'ont sur ton coeur les objets présens et sensibles avec le précepte de t'en détacher.
Rassemble, pèse ces considérations, et tu conviendras sans peine que dans la carrière du salut le secours de Dieu nous est nécessaire comme dans celle de la vie, et que notre vertu ne saurait se soutenir et se perfectionner , qu'autant que le Seigneur déploira sa force dans notre infirmité.

Cette vérité est tellement fondée sur notre nature, qu'elle n'a point échappé aux sages Païens. Sans Dieu, il n'est point d'homme de bien, dit l'un d'eux. C'est lui qui inspire les grandes idées et les desseins relevés. Reconnaissez, disait un autre, que tout le bien que vous faites vient principalement des Dieux. Si un mauvais Génie te porte au crime, dit un troisième , fuis aux pieds des autels, et prie le Ciel d'écarter de toi ce Génie mal-faisant. Un quatrième va plus loin encore : parlant des actions extraordinaires et périlleuses qui demandent une force plus qu'humaine et une espèce d'inspiration, loin de la croire impossible ou déraisonnable , il dit qu'il n'y a que des hommes vains ou ignorans qui s'en moquent, mais que les vrais philosophes en sentent la nécessité.

Mes Frères ; Peut-on entendre ces beaux témoignages rendus à la vérité, sans s'étonner de l'aveuglement de ces incrédules qui ne voient pas aujourd'hui ce que voyaient les Païens , et qui, croyant attaquer la Révélation , outragent en effet les premières notions du sens commun et les plus saines leçons de la philosophie.

Mais que dis-je? N'ont-ils pas eux- mêmes rendu plus d'une fois hommage à la vérité ? Cette vérité qu'ils combattaient, ou qu'ils affectaient de méconnaître , ne leur a-t-elle pas souvent arraché des aveux frappans ? Écoutez celui d'entr'eux qui avait dit le plus hautement que notre volonté seule suffit pour obtenir la victoire sur nos passions. Écoutez-le revenant bientôt à une doctrine parfaitement conforme à l'Évangile, et nous disant avec lui : « Le plus grand de tous nos besoins est celui de sentir nos besoins. Soyons humbles  pour être sages : esclaves par nos faiblesses, nous sommes libres par la prière ; car il dépend de nous de demander et d'obtenir la force qu'il ne dépend pas de nous d'obtenir par nous-mêmes. »

Et c'est ainsi , mes Frères, que la connaissance de notre nature dégénérée, les déclarations de l'Évangile, le consentement de tous les vrais philosophes, l'aveu même des incrédules , se réunissent pour établir cette grande vérité:
Si quelqu'un a besoin de la sagesse, il doit la demander à Dieu. La grâce du Ciel, son secours est aussi nécessaire à la piété, à la vie de l'âme , que la respiration l'est à la vie du corps.

Mais, ajoute l'Apôtre, que celui qui a besoin de sagesse,
la demande avec foi, c'est-à-dire, avec toutes les dispositions que Dieu attend de nous ; et d'abord, avec une ferme confiance en la puissance , en la bonté de ce Dieu qu'on invoque, de ce Dieu Créateur et Rédempteur ; avec une vive persuasion que c'est lui qui donne la sagesse comme il donne la vie ou la santé ; que ce Père des Esprits, qui ne voit rien en nous de plus grand que notre âme, se plaira surtout à l'embellir, et qu'il ne nous refusera point le plus précieux de ses dons , celui qu'il accorde à tous libéralement, et qu'il nous invite lui-même à demander.

Avec foi, c'est-à-dire, avec un profond sentiment du besoin que nous en avons ;
car Dieu résiste aux orgueilleux , mais il fait grâce aux humbles (Jaq., IV., 6). Avec foi, c'est-à-dire, avec un désir ardent de l'obtenir ; car une grâce si précieuse ne saurait être accordée à ceux qui n'en sentent pas le prix, et qui ne la mettent pas au premier rang des biens. Les grâces temporelles, Dieu trouve souvent à propos d'en faire part à ceux-là même qui ne daignent pas les lui demander, et qui ne pensent pas qu'il en est aussi l'Auteur, mais il faut avoir faim et soif de la justice pour en être rassasié (Matth., V, 6). C'est- là ce royaume du Ciel qui veut être forcé, et qu'emportent ceux-là seulement qui usent d'une sainte violence (Matth., XI, 12).

Avec foi, c'est-à-dire enfin,  avec une ferme résolution de travailler de notre côté à nous rendre dignes du secours de Dieu; car, mes Frères, il ne l'accorde qu'à des désirs sincères, qu'à des efforts soutenus. Nous devons concourir avec lui pour rendre son oeuvre efficace. Il nous prévient sans doute ; il agit sur notre coeur d'une manière imperceptible et toujours conforme à notre liberté ; pour nous communiquer la sagesse , il se sert des exhortations de nos Pasteurs, des conseils d'un ami fidèle, d'une lecture édifiante , d'un exemple vertueux et touchant qu'il met sous nos yeux , des encouragemens ou des reproches de notre conscience , des secrets mouvemens qu'il nous inspire, soit pour développer et nous représenter plus vivement les vérités saintes , soit pour émouvoir notre coeur, soit pour relever notre âme abattue.
Si de notre côte nous faisons attention à ces avertissemens qui sont autant de voix célestes, si nous nous montrons dociles , si nous obéissons à la main qui nous dirige ; si nous évitons tout ce qui pourrait arrêter son action ; si nous agissons de concert avec elle , nous nous rendons son intervention utile, et nous nous assurons pour l'avenir des grâces nouvelles. Mais si, au contraire, nous traversons son oeuvre, ou seulement si nous ne la secondons pas, nous la détruisons par cela même , et nous tarissons .pour nous la source des bénédictions ; car, suivant la déclaration de notre Divin Maître:
A celui qui n'a pas, c'est-à-dire, qui ne fait aucun usage de ce qu'il a reçu, on ôtera même ce qu'il a, mais on donnera à celui qui a, qui fait valoir ce qu'on lui a confié , et il sera dans l'abondance (Matth. XXV, 29).

Il s'agit maintenant, mes Frères, de vous appliquer ce que vous venez d'entendre, et d'examiner si vous êtes disposés à répondre à l'invitation que Dieu vous adresse dans ce jour.

Je ne demande pas si vous croyez avoir besoin de sagesse. Si vous n'en étiez pas persuadés, quel sentiment vous aurait conduits dans ce temple? Pourquoi écouteriez-vous la prédication de la parole qui n'a pour but que de nous rendre meilleurs ? Que viendriez-vous chercher à cette table qui n'est dressée que pour ceux qui se reconnaissent pécheurs ; à cette table où se renouvelle l'alliance de grâce, l'alliance dont la première condition est l'aveu de nos fautes et de notre faiblesse ?

Je ne vous demanderai pas non plus si vous croyez fermement que c'est, en Dieu , dans son secours, qu'il faut chercher les forces, le courage , la sagesse dont vous avez besoin. J'aime à penser qu'il n'est parmi vous aucun de ces esprits fiers, orgueilleux, qui voudraient s'affranchir de toute dépendance vis-à- vis de leur Créateur. J'aime à voir en vous des Chrétiens, des Chrétiens dociles aux leçons de l'Écriture, à la voix de l'Eglise , qui viennent , comme le dit notre Liturgie,
chercher ici dans leur communion avec Dieu des secours très-efficaces contre le monde et le. péché.

Mais la demandez-vous celte sagesse plus précieuse que l'or, la demandez-vous avec l'ardeur, dont elle est digne ? Lui assignez-vous dans votre coeur le rang qu'elle y doit tenir? Lui donnez- Vous la préférence qu'elle mérité sur tous les autres biens ? Ah ! c'est ici, mes chers Fières, que l'expérience du passé, une triste connaissance du siècle où nous vivons , et la puissance des objets sensibles , nous font trembler pour vous. Si nous étions appelés à porter la sonde dans vos âmes ; si Dieu vous permettait, comme jadis à Salomon, de lui demander ce que vous voulez qu'il vous donne , ah ! déjà votre coeur se trouble, il balance, et peut-être, hélas! son choix ne serait pas douteux.

Chrétiens, Dieu a daigné avoir égard à votre faiblesse. Il n'a point mis votre fidélité à une épreuve si dangereuse; il vous apprend lui-même ce que vous devez demander, ce que vous devez désirer de préférence, sa grâce, sa sagesse, les biens de l'âme, les secours nécessaires pour lui demeurer fidèles , pour obtenir l'éternelle félicité. Il semble même attacher à cette condition ses bénédictions temporelles, la possession ou du moins la jouissance paisible des biens terrestres.
Cherchez premièrement Le royaume, de Dieu et sa justice , et toutes les autres choses vous seront données par-dessus (Matth.,VI, 33).

Il fait plus : pour réveiller dans nos âmes le désir des vrais biens, il emploie tour-à-tour et les bienfaits et les châtimens. Pendant plusieurs années, il a voulu nous attirer à lui par des cordages d'amour, par l'attrait de la reconnaissance. Il nous a envoyé les saisons fertiles , il a éloigné de nos campagnes, comme par un privilège particulier, les fléaux qui se promenaient autour de nous; mais comme ces grâces n'ont servi qu'à nous endormir dans notre sécurité, qu'à nous attacher à la terre, qu'à nous distraire du Bienfaiteur Suprême qui nous les dispensait, il s'est vu forcé de recourir à d'autres moyens : il nous a traités comme des enfans qu'il voulait sauver à tout prix : en renversant nos espérances , il a voulu nous désabuser , dessiller malgré nous nos yeux ; et en nous montrant la vanité des objets de la terre nous faire soupirer après des biens meilleurs.

O, mes chers Frères , si toutes ces dispensations de la Providence ne peuvent changer notre coeur , si la parole de Dieu, si la religieuse émotion qu'excite la solennité de ce jour, si le recueillement qui semble régner dans ce temple ; si la vue de cet autel dressé, de cette table où nous célébrons la mémoire du sang que Jésus répandit pour nous assurer les biens éternels ; si tout cela ne suffit pas pour rompre les liens qui nous emprisonnent dans le monde présent , pour nous arracher à nos illusions, pour élever nos désirs vers le Ciel, du moins rougissons de notre aveuglement ; sachons gémir de notre esclavage ; demandons au Ciel l'ardeur même qui nous manque. Un père qui demandait à Jésus la guérison de son fils, lui dit:
Je crois, Seigneur, mais suppléez à la faiblesse de ma foi (Marc IX, 24). Il fut exaucé.

Imitons son exemple ; disons à notre tour: Seigneur, je désire, je désire ta sagesse, mais pardonne la langueur de mon âme; supplée à la tiédeur de mes désirs: que le Sacrement auquel je vais participer réchauffe mon coeur , et ranime en moi l'amour des vrais biens.

Mes Frères , joignez vos prières aux nôtres, et que tous les coeurs s'unissent à ma voix. O Dieu, source unique de toute grâce excellente et de tout don parfait ! Toi qui dans un jour comme celui-ci fis éclater les prodiges de ta grâce en faveur de l'Église naissante ! Toi dont la patience ne saurait  s'épuiser, dont la miséricorde est infinie ! si par notre ferveur nous ne méritons pas d'être exaucés , que tes compassions soient émues par l'excès même de nos besoins. Jette un regard propice sur le petit troupeau renfermé dans cette étroite enceinte. Voilà , il n'a pas renoncé à ton Alliance; elle lui est chère encore; il veut aujourd'hui la renouer à ta table ; mais les objets du monde trop puissans sur ses sens , les soins , les désirs , les passions terrestres absorbent, hélas ! son temps, ses facultés , et ne lui laissent plus de place pour ce qui est vraiment digne de le toucher: Dissipe, dissipe ces illusions, ces vains fantômes qui se placent entre Toi et nous. Ranime ces lumignons fumans. Non point pour nous, Seigneur; mais pour l'amour, par les mérites de Jésus, Sauveur, Intercesseur, donne- nous ta sagesse, cette sagesse divine que nous n'avons pas même la force de désirer avec ardeur, et qui seule cependant peut faire notre gloire , notre félicité sur la terre, en attendant qu'elle nous introduise un jour dans cette céleste patrie dont le sang de ton Fils nous a ouvert l'entrée. Ainsi soit-il !

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