Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

DISCOURS XV.

L'engagement des Catéchumènes.


Je vous somme devant Dieu, qui donne la vie à toutes choses, et devant Jésus-Christ qui fit une si belle confession devant Ponce Pilate; je vous somme, dis -je, d'observer tous ces préceptes, en vivant sans tache et sans reproche jusqu'à l'avènement de Notre Seigneur. 1 Timoth., VI, 13, 14.


Pour une réception de Catéchumènes.

C?EST à son cher Timothée que Saint Paul adressait cette grave et imposante exhortation. C'est à vous principalement, Catéchumènes, que nous la répétons aujourd'hui. C'est la grande leçon que nous avons à vous donner. Après avoir travaillé de toutes nos forces à former vos coeurs pour le Ciel: dans ce moment où nous allons recevoir vos promesses, vos sermens; où vous êtes prêts à vous consacrer pour la vie au Dieu que nous vous avons fait connaître, au Sauveur que nous vous avons appris à aimer; dans ce moment si solennel, il importe de vous retracer l'engagement que vous allez prendre; il faut vous en faire sentir les éternelles conséquences, la redoutable sainteté.

Le voilà donc arrivé ce jour qui doit vous mettre en possession de tous les privilèges de l'Évangile; ce jour où vous allez contracter avec le Seigneur une alliance indissoluble; où vous lui appartiendrez par choix et non pas seulement par votre naissance! Jour de bonheur pour vous, de consolation pour les justes, d'instruction pour les pécheurs, de joie pour l'Église. Elle en fait une de ses principales solennités. Elle y invite tous les Chrétiens. Elle réunit leurs voeux et leurs prières pour implorer sur vous les bénédictions du Ciel. Elle se rouvre à l'espérance. Elle croit voir renaître ces temps heureux où
le Seigneur ajoutait sans cesse de nouveaux membres à son Église pour être sauvés (Act., II, 47).

Puissiez-vous, ah! puissiez-vous ne pas tromper un si doux, un si légitime espoir! Puissent nos exhortations avec le secours de l'Esprit Divin faire sur vos coeurs une vive, une profonde impression! Puissent-elles vous affermir dans les sentiers de la justice et du bonheur! Ainsi soit-il.

I. Ces préceptes que nous vous sommons aujourd'hui d'observer, ce sont ceux qui nous sont donnés dans l'Évangile, ceux que nous vous avons expliqués ligne après ligne, commandement après commandement (Es., 28, 10).

Pour les remettre en un seul tableau sous vos yeux, prenons le formulaire dont notre Église se sert pour vous admettre à la Sainte Cène. Les questions auxquelles vous aurez à répondre dans quelques instans renferment l'abrégé de tous vos devoirs. Il suffira de vous en donner une idée nette pour ne vous rien laisser ignorer sur la vocation du Chrétien.

Première question. Vous qui souhaitez d'être admis à la Sainte Cène et qui avez été instruits des vérités de l'Évangile, êtes-vous si bien persuadés de ces vérités que rien ne puisse vous faire renoncer à la Religion Chrétienne, et que vous soyez prêts à tout souffrir plutôt que d'en abandonner la profession.

Ainsi donc, Catéchumènes, dès aujourd'hui vous reconnaissez Jésus-Christ pour votre Sauveur et votre Chef: vous le choisissez pour Maître; vous faites, gloire de lui tout devoir, d'être ses rachetés, d'être à lui. Vous promettez de lui demeurer à jamais fidèles, de défendre sa Religion, de soutenir ses droits avec courage en toute occasion. Je l'espère; vous n'aurez pas à redouter, en confessant Jésus-Christ, comme aux premiers siècles de l'Église, les proscriptions et les bûchers. Le temps de ces épreuves si terribles pour la chair et le sang semble désormais passé. Nous les avons vues pourtant se renouveler en d'autres Églises; nous les avons redoutées pour nous-mêmes. Mais il est d'autres combats à soutenir. Il est un genre de persécution toujours subsistant dans l'Église et qui demande aussi pour y résister de la fermeté, du courage. C'est celle que vous aurez à souffrir de la part des hommes corrompus dans les moeurs ou dans la foi, qui s'efforceront de vous rendre semblables à eux.

J'avoue que
la piété a les promesses de la vie présente (1 Tim. 4, 8), que c'est elle qui assure à un jeune homme l'estime publique, inspire pour lui à ceux qui l'environnent des sentimens de bienveillance, et lui ménage ainsi d'avance pour sa fortune et son établissement des circonstances favorables; mais cette opinion publique, judicieuse, éclairée, se forme lentement et en silence, tandis que la tourbe méprisable et bruyante des libertins et des moqueurs cherche a intimider, dès les premiers pas, celui qui entre dans la carrière que l'Évangile nous ouvre, et à l'entraîner dans une autre route. 

Catéchumènes, voilà vos ennemis et vos persécuteurs! Ils blasphémeront peut-être la Religion en votre présence. Soutenez alors les intérêts, et la  gloire de votre Maître comme vous défendriez la cause d'un bon père indignement outragé. Si vous ne vous sentez pas en état de fermer la bouche à l'impie par la force de vos raisonnemens, confondez-le du moins par l'horreur que vous témoignerez pour son impiété, par votre empressement à rompre tout commerce familier avec lui.
Si ces ennemis de votre âme essaient de tourner la piété en dérision; s'ils traitent de petitesse les devoirs du culte ou la simplicité de la foi; et votre délicatesse, de scrupule minutieux, opposez-leur une fermeté digne d'un soldat de Jésus-Christ.
Comme leurs paroles sont vides de sens et de sagesse, comme leur arrogance n'est fondée que sur la faiblesse qu'ils vous supposent, pour leur en imposer et les déconcerter, il vous suffira d'un dédain tranquille et d'une constance inébranlable. Dites-leur avec un grand Apôtre;
Nous ne sommes pas de ceux, qui se retirent pour se perdre, mais nous gardons la foi pour sauver nos âmes (Hébr., X, 39).
Dites-leur, comme autrefois, Josué aux Israélites:
Choisissez qui vous voulez servir: pour moi et ma maison, nous servirons l'Éternel (Josué, XXIV, 15). Voilà le langage que vous devez leur tenir. Voilà comment vous montrerez qu'elles sont toujours présentes à votre esprit ces paroles énergiques de notre Maître, et l'époque redoutable à laquelle il fait allusion: Quiconque aura honte de moi parmi cette race adultère et corrompue, le Fils de l'homme aura aussi honte de lui, lorsqu'il viendra accompagné des Saints Anges et dans la gloire de son Père (Luc., IX, 26).

Il ne suffirait pas de déployer cette fermeté lorsque vous serez en présence des ennemis de la Religion, et seulement pour les devoirs extérieurs qu'elle vous prescrit; il faut que la même fidélité se retrouve dans toute votre conduite, et que votre foi paraisse par la sainteté de votre vie. C'est pour vous le rappeler que l'Église vous adressera cette autre question.

Deuxième question. Vous êtes vouséprouvés vous -mêmes? Êtes-vous résolus à renoncer au péché, et à régler toute votre vie sur les commandemens de Dieu?

Vous l'entendez, Catéchumènes, ce n'est point le monde; ce ne sont point ses exemples, ses maximes qui doivent être votre règle, mais les commandemens de Dieu.
Vous ne suivrez donc jamais la multitude pour faire le mal (Exod., XXIII, 2). On n'entendra jamais sortir de votre bouche cette misérable excuse: Je n'ai rien fait que ce que beaucoup d'autres font, que ce qu'on fait tous les jours. Vous vous souviendrez que vous n'êtes pas du monde, que vous appartenez à Jésus, qu'il faut vous revêtir de son esprit, vous former à son image, que vous avez dit comme lui à notre Père Céleste: Me voici, o Dieu, pour faire ta volonté (Ps. XL., 8.).

Cette volonté sainte doit régler toutes vos actions; il ne s'agit point de choisir dans les commandemens de Dieu ceux qui s'accordent avec nos penchans pour les observer, en vous déguisant a vous-mêmes la loi sur d'autres articles par une illusion volontaire.
Celui qui viole un seul Commandement, dit l'Écriture (Jaq., II, 10), est aussi coupable que s'il les avait tous violés, parce qu'il outrage également la Majesté Suprême qui les a tous sanctionnés.
S'il y avait quelque distinction à faire entre eux, ce serait pour vous attacher avec plus de soin à l'observation de ceux qui contrarient vos inclinations, parce que c'est là que vous devez vous surveiller et vous défier de vous-mêmes.

Ce n'est pas tout. En déclarant que vous êtes résolus de renoncer au péché, et de régler votre vie sur les commandemens de Dieu; en réunissant ces deux choses, vous reconnaissez que pour plaire à Dieu il ne suffit pas d'éviter le mal qu'il défend, mais qu'il faut aussi faire le bien qu'il commande.

Vous n'emprunterez donc jamais le langage de tant de Chrétiens de nom qui, lorsqu'on leur reproche leur tiédeur, leur négligence dans le service de Dieu, répondent avec audace qu'ils ne font point de mal. Ne vous y trompez pas, Catéchumènes; quand il serait vrai que vous ne faites point de mal, c'est-à-dire, comme on l'entend d'ordinaire, que vous n'avez aucun de ces vices grossiers, indignes également de l'honnête homme et du Chrétien, que vous n'êtes ni impudiques, ni avares, ni médisans, ni vindicatifs, ni injustes; hélas! sont-ils exempts de tous ces vices, ceux qui disent, je ne fais point de mal? Mais quand vous n'en seriez point souillés, si vous ne faites pas de bonnes oeuvres, vous n'êtes encore semblables qu'à ce figuier stérile, à cet arbre qui ne porte point de bons fruits et dont le Sauveur a dit:
qu'il serait coupé et jeté au feu (Matt., III, 10). Vous ne pouvez entrer dans Je royaume du Ciel.

Nos Livres Saints ne nous présentent- ils pas le Chrétien sous l'emblème du laboureur? Et suffit-il pour se promettre de riches moissons, de n'avoir pas ensemencé la terre de graines empoisonnées? Le royaume du Ciel ne nous est-il pas proposé ailleurs comme une récompense, un salaire qu'il faut acheter par le travail de la journée? Vous-mêmes, croiriez- vous devoir quelque chose au serviteur qui se contenterait de ne pas nuire dans votre maison, sans y rendre aucun service? Accorderiez-vous le prix convenu à des ouvriers qui n'auraient point fait la tâche que vous leur auriez prescrite, qui n'auraient pas même mis la main à l'oeuvre que vous leur auriez donné à faire? Par quelle étrange inconséquence vous flatteriez-vous donc d'être récompensés par le Seigneur, si vous ne faites rien pour vous en rendre dignes?

Troisième question. Comme dans le Sacrement de la Sainte Cène nous faisons profession d'être tous un même corps, voulez-vous vivre dans la paix et dans la charité, aimer sincèrement vos frères et leur en donner des marques dans toutes les occasions?

Catéchumènes, que la Religion qui vous parle ainsi doit vous paraître aimable! à votre âge où le coeur n'est pas encore gâté par les passions, ulcéré par l'injustice, flétri par la triste connaissance des hommes; à votre âge où il s'ouvre naturellement à une bienveillance générale, que cette loi d'amour; est douce! qu'on en sent bien l'attrait!  C'est celle de notre Divin Chef. Il règne sur nous par l'amour; il nous a acquis par le sacrifice de l'amour;  il nous unit les uns aux autres par l'amour; il a fait de l'amour la livrée de ses disciples: tous ses Chrétiens auxquels par la rédemption il a donné une nouvelle naissance, ne doivent former qu'un seul corps dont il est le Chef, et comme les membres du même corps ne se bornent pas à ne point se nuire, à ne point se déchirer mutuellement mais qu'ils souffrent des mêmes maux ou partagent le même bien-être, ainsi une étroite sympathie doit vous unir a vos frères. Vous devez les regarder comme une partie de vous-mêmes;vous devez ressentir leurs maux, les soulager quand cela dépend de vous, les secourir, les défendre autant qu'il est en votre pouvoir. Comme votre Divin Maître, il faut être occupés sans cesse de la pensée de leur faire du bien.

Et ne croyez pas que ce noble devoir de Chrétien ne soit le privilège que du Grand, du Puissant. Dans toutes les conditions, avec un coeur animé du feu de la charité, vous pourrez être utiles par des services, des conseils, des secours proportionnés à vos moyens, par le charme tout seul de cette aimable disposition qui fera le bonheur de tous ceux qui vous entourent, qui répandra autour de vous la douceur et la paix; Fût-elle sans influence sur le sort des autres hommes, elle n'en trouverait pas moins sa récompense auprès du Seigneur, Mais, au contraire, du moment où les passions ennemies de la charité infecteraient votre coeur; du moment où vous y cacheriez quelque levain d'égoïsme, de haine, de ressentiment,  de vengeance, de malice, de jalousie, lors même qu'elles ne produiraient pas encore d'effet au-dehors, vous ne seriez plus à Jésus-Christ: son Ministre qui ne lit point dans votre âme vous recevait encore à la Table Sainte, mais vous ne seriez plus membres de l'Église invisible; vous n'auriez plus communion avec le Seigneur.

Mais, direz-vous peut-être, comment remplir ces obligations diverses et conserver cette fermeté, cette fidélité entière, cette charité pure, tandis que les passions, les agitations, les intérêts de la terre tendent sans cesse à les altérer?
Ici, Catéchumènes, la Religion vient à votre aide. Écoutez, écoutez, quels secours, quels moyens de salut elle vous a préparés.

Quatrième question. Pour affermir toujours plus votre foi et votre piété, promettez-vous de vous appliquer avec soin à la lecture, à la méditation de la parole de Dieu et à la prière: de fréquenter assidûment les saintes assemblées, et d'employer tous les autres moyens que la Providence vous fournira pour avancer votre salut?

Vous le sentez, Catéchumènes, ce n'est pas là un nouveau joug que la Religion vous impose; c'est une précaution de sa tendresse. Quels soins touchans elle prend de vos âmes! Ce n'est pas assez pour elle de vous recevoir dans la Communion des Saints; elle veille sur vous. Ce n'est pas assez de vous ouvrir le bercail; elle veut vous y retenir. Ce n'est pas assez d'avoir formé vos âmes à la vertu; elle veut protéger votre innocence, vous lier à la piété, vous entourer de barrières et d'appuis.
Entre ces appuis, ces secours, elle compte d'abord nos saintes assemblées. Ici vous pouvez continuer, perfectionner votre instruction religieuse qui n'est rien moins qu'achevée, et de laquelle on peut dire que s'arrêter, ce serait retourner en arrière; ne pas acquérir, ce serait oublier. Ici tout vous élève au-dessus de la terre et des passions; tout vous rappelle ces objets spirituels que les fantômes du monde et les soins de la vie font trop oublier, votre âme, votre sublime vocation, le Ciel, l'immortalité, un Dieu Créateur, un Dieu Rédempteur, un Dieu qui sera votre Juge. A peine êtes- vous entrés sous les voûtes de ce temple consacré au Seigneur, où nous sommes réunis en son nom, que ces grandes pensées se réveillent d'elles-mêmes dans votre esprit. Ici l'on vous retrace vos devoirs, non d'après les maximes du siècle, mais d'après l'Évangile. Ici vous entendez dans toute leur sévérité, dans toute leur pureté, ces.vérités éternelles qui doivent régler notre conduite. Ici nos voix mêlées ensemble, nos prières faites en commun, nos émotions, nos sentimens confondus, tout nous unit les uns aux autres et à notre Père commun. 

N'abandonnez donc jamais nos saintes assemblées (
Héb. X, 25), vous dirons-nous avec l'Apôtre. Ah! remplissez-le cet engagement sacré qui sera le gage de votre fidélité sur tous, les autres, points. Ne trompez pas les espérances,! de ceux qui vous ont nourris du lait de la parole. Ne portez pas la douleur et, l'inquiétude dans leur âme. Si vous commenciez jamais à vous relâcher à cet égard, l'indifférence et la tiédeur suivraient de près: il y aurait quelque chose de gâté dans votre coeur.
Hélas! ceux qui s'éloignent de ces temples nous donnent le premier signal de l'oubli du devoir, de l'oubli de Dieu et des choses du Ciel. Les gens de bien en jugent comme nous; et nous ne tardons pas à voir confirmer ce triste présage. Nous ne tardons pas à les voir s'égarer dans les routes des passions, se plonger dans le désordre, devenir des hommes tout charnels.

Un autre secours d'un prix inestimable et que vous seriez bien coupables de négliger, ce sont nos Écritures. Qu'il soit dans vos mains, ce divin livre, lumière, trésor du simple comme du savant. Qu'au sortir de ce temple, il vous soit remis par vos parens ou par vos bienfaiteurs, comme le Code immortel où vous devez puiser tous vos principes, comme le guide avec lequel vous ne sauriez vous égarer. Qu'il soit pour vous ce qu'est pour le voyageur le plan qui lui trace sa route et qu'il consulte tous les jours, à chaque pas, pour ainsi dire, de peur de se tromper et de se perdre.
Heureux si vous savez y mettre votre plaisir, si vous pouvez le
méditer nuit et jour! Heureux encore si même dans une vie agitée et remplie de travaux, vous ne le perdez jamais de vue! Heureux si ne pouvant vous en occuper à loisir, vous en lisez du moins chaque jour quelques lignes pour vous en faire l'application, pour en tirer quelque leçon, salutaire!

Ajoutez enfin à la lecture, à la méditation de cette parole céleste l'exercice de la prière qui nous unit à Dieu d'une façon plus intime encore, et auquel il attache des consolations si douces et des grâces si puissantes. Il n'est pas un de vous qui ne puisse élever son âme à Dieu, au milieu même des occupations de la vie, et l'invoquer avec ardeur, avec droiture, avec simplicité. Vous comprenez assez que je ne veux point parler ici de quelques formulaires appris par coeur, récités sans attention, peut-être même sans en bien comprendre le sens.
Je parle de ce divin commerce, de ce doux entretien de l'âme avec son Dieu, de ces prières du coeur dont Saint Paul a dit:
Priez sans cesse (1 Thess., 5, 17).  Le fidèle parle au Seigneur comme un ami à son ami, comme un fils à son père;  il lui raconte ses peines; il lui expose ses besoins; il examine, il éprouve ses sentimens, et repasse ses actions en sa présence et sous ses regards; il implore son secours. Le moins instruit, le plus timide d'entre vous, mes chers Enfans, peut avec confiance s'entretenir ainsi avec son Dieu, et compter sur cette bonté Divine qui daignera l'écouter et venir à son aide. Ne négligez jamais un tel privilège. Si vous savez vous en prévaloir, vous conserverez toujours votre innocence. Revêtus des armes de Dieu, suivant l'expression de l'Écriture (Ephés. VI, 13), vous serez assez forts contre toutes les tentations.

Catéchumènes, c'est là ce que vos parens promirent pour vous lorsqu'ils vous apportèrent dans ce temple pour être lavés dans les eaux du baptême. Vous ne pouviez alors comprendre cet engagement: aujourd'hui que votre raison et votre coeur se sont développés vous venez la ratifier en présence de l'Église, en répondant à cette dernière question.

Cinquième question. Confirmez-vous sincèrement le voeu de votre baptême, qui vous oblige à combattre vos passions, à vous consacrer à Dieu et à Jésus-Christ votre Sauveur, à vivre dans sa Communion selon la tempérance, la justice et la piété?

Quel tableau de la vie du Chrétien! Sous quel point de vue on vous le présente! Pur et modéré dans ses moindres actions, dans ses actions les plus secrètes, irréprochable devant les hommes, fervent devant Dieu, brûlant des nobles ardeurs de l'amour Divin, étranger enfin à toutes les séductions, à tous les vices du siècle.

Voilà sa belle vocation, voilà la vôtre, Catéchumènes! Vivre dans le monde sans appartenir au monde, sans ressembler au monde, sans respirer la contagion du monde; faire partie de cette Église Sainte, invisible, de ce peuple que Jésus s'est formé et qui marche à la lumière (
1 Jean 1, 7), telle est votre destination, tel est votre devoir; tel est le chemin qui vous est tracé et que vous devez suivre jusqu'à la fin de votre vie, jusqu'à  l'avènement du fils de Dieu.

Je sais qu'à votre âge on porte d'ordinaire avec plaisir le joug du Seigneur. Le souvenir encore récent des instructions qu'on a reçues, le charme des premières émotions de la piété, la délicatesse d'un coeur où les passions n'ont pas encore porté le trouble, d'une conscience qui n'a pas encore été souillée par de grandes fautes, tout cela inspire du zèle et du courage pour marcher dans les voies de Dieu; mais par degrés on se croit tenu à moins de régularité; les soins de la terre remplacent les habitudes de la piété; les pensées de la foi s'effacent; les sentimens religieux s'affaiblissent et s'éteignent. De là l'infidélité de tant de lâches Chrétiens qui retournent sur leurs pas, plus coupables sans doute de se livrer au monde après avoir connu les joies du Seigneur, que s'ils ne les avaient jamais goûtées.

Mettez-vous en garde à l'avance contre cet écueil, mes chers Enfans; dites-vous bien à vous-mêmes que la sévérité de la morale Évangélique ne change point, et que les lois du Seigneur, ses droits sur vous, ses promesses et ses menaces étant toujours les mêmes, votre fidélité doit être toujours égale; que le jour qui fermera pour vous la carrière doit ressembler à celui-ci pour la soumission, la foi, la ferveur.

Mais que dis-je? Ce ne serait pas assez que le dernier jour fût semblable au premier. Vous devez croître sans cesse dans
la grâce et la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ (2 Pier., III, 18).
Ne pas faire des progrès dans le chemin de la piété, c'est nécessairement reculer. Chaque jour d'ailleurs vous offrira de nouveaux motifs à la vertu; chaque jour ajoutera de nouvelles grâces à celles que vous avez déjà reçues du Seigneur; et si vous n'en profitez pas pour vous perfectionner davantage, chaque jour vous rendrait plus ingrats et plus coupables. Chaque jour, vous approchant du terme de votre vie, de la grande époque des rétributions et du jugement, doit voir s'accroître votre espérance, votre crainte, votre vigilance.

Le but du Chrétien, c'est la perfection. Ne pouvant l'atteindre, il doit du moins y tendre sans cesse; il doit pouvoir dire avec un grand Apôtre:
Je ne me flatte point d'être parvenu à la perfection; mais voici ce que je fais: je laisse les choses qui sont derrière moi, et m'efforçant d'aller vers celles qui sont devant moi, je poursuis ma course pour remporter le prix auquel Dieu m'appelle par Jésus-Christ (Philip., III, 13, 14).

II.Je vous somme à présent Catéchumènes d'observer tous ces préceptes, et de vivre sans tache et sans reproche jusqu' à l'avènement de notre Seigneur.
Je vous en somme, à la décharge de ma conscience et au péril de votre âme, de cette âme immortelle que Jésus a sauvée, et que vous ne voulez pas perdre.

Je vous en somme devant cette assemblée. Qu'elle doit vous paraître intéressante et respectable! Ce sont des fidèles qui viennent se réjouir de votre entrée dans l'Église. C'est votre Pasteur qui vous chérit comme ses enfans dans la foi. Ce sont vos amis, vos parens, vos maîtres; ce sont des Supérieurs qui vous connaissent, qui auront les yeux sur vous. Faudra-t-il que, dans la suite de votre vie, ils soient réduits à vous dire: Jeune homme! est-ce là ce que tu avais promis à la face des autels? Au dérèglement de tes moeurs peut-on reconnaître un disciple de Jésus? Ah! l'Église te désavoue: tu l'affliges; tu la déshonores par tes excès... Voudriez-vous entendre les hommes de bien vous adresser ce langage?

Je vous en somme devant Dieu qui donne la vie à toutes choses. Pour quoi vous a-t-il créés ce Dieu saint et juste? Quels sont ses desseins sur vous? S'il vous a donné la vie, s'il vous a placés sur la terre, est-ce afin que vous ne pensiez qu'à la terre?
Est-ce afin que vous courriez en insensés après des biens et des plaisirs frivoles?
Est-ce pour assouvir brutalement vos sens et vos passions, pour tout rapporter à vous mêmes, à vos intérêts charnels? Non, non; quand il vous a formés, je ne saurais trop vous le répéter, il vous a formés pour être ici-bas son image, pour aspirer sans cesse à ce bonheur infini qu'il nous réserve dans son sein.
Nous sommes l'ouvrage de Dieu, dit l'Écriture, ayant été créés pour faire des bonnes oeuvres, que Dieu a préparées, afin que nous y marchions (Eph., II, 10).

Oseriez-vous, Catéchumènes, tromper votre destination? Le pourriez-vous impunément? Pouvez-vous vous soustraire à l'autorité de ce Dieu qui donne la via à toutes choses, de qui votre sort dépend, qui n'a qu'à retirer sa main pour que vous retombiez en poussière; de ce
Dieu qui peut non-seulement ôter la vie du corps, mais jeter l'âme dans la géhenne (Luc, XII, 5)?

Je vous en somme devant Jésus- Christ, qui fit, en présence de Pilate, cette belle confession, je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité (Jean, XVIII,  37).
Jésus-Christ! voila votre modèle, Catéchumènes. Comme lui, montrez-vous fidèles à la Religion,  défenseurs intrépides de la vérité, Jésus-Christ!
C'est en lui que nous avons été créés pour faire de bonnes oeuvres. Les hommes étaient morts dans leurs fautes et dans leurs péchés; ils étaient perdus pour le bien; ils ne vivaient que d'une vie grossière, animale; et non de la vie spirituelle des enfans de Dieu. Jésus nous à donné une seconde naissance; il nous a tirés de l'abîme du péché pour nous rendre à la vertu. C'est donc pour la vertu seule que des Chrétiens doivent vivre puisque c'est pour elle qu'ils ont été reproduits,  et qu'ils ne vivent devant le Seigneur qu'autant qu'ils travaillent à devenir Saints, qu'autant que Jésus-Christ vit en eux. C'est en lui et par lui seul que nous pouvons produire toute sorte de bons fruits. Il est le cep, et nous en sommes les branches: comme la branche de la vigne ne saurait d'elle- même porter du fruit, ainsi nous n'en pouvons porter aucun, si nous ne demeurons en lui (Jean XV, 5).

Il vous parle encore en frère, en ami; il est présent dans ce temple; il se tient auprès de vous; il frappe à la porte de vos coeurs: c'est lui qui les remue; c'est lui qui les échauffe, c'est lui qui dit à chacun de vous:
Mon fils! au nom de tout ce que j'ai fait, de tout ce que j'ai souffert pour toi, mon fils! donne-moi ton coeur (Prov. XXIII, 26). Hélas! il ne vous préviendra pas toujours ainsi par sa grâce: un jour, et qui sait si ce jour est fort éloigné pour quelques-uns de vous? un jour il ne sera plus que votre Juge. Ce serment de fidélité que vous allez lui prêter, et que les Anges écriront dans le Livre de vie, il vous le rappellera au jour de son avènement; il en fera la règle de votre éternelle destinée.

Qu'elle est donc importante la démarche que vous allez faire! A cette idée ne sentez vous pas palpiter votre coeur? ne sentez-vous pas un frémissement secret circuler dans vos veines? Ah! plutôt mourir aux pieds des autels que d'être jamais infidèle!

Mais écartons de si lugubres images. Serait-il besoin de tant de sommations pour vous faire désirer de conserver votre innocence, d'être agréables au Ciel et approuvés des hommes, d'attirer sur vous la protection du Tout-Puissant, de vous assurer une éternité de bonheur? Ah! vous le voulez, j'en suis certain; mais, pour le vouloir avec succès, sachez nourrir la piété qui vous anime, sachez résister aux premières tentations qui vont s'offrir à votre jeunesse. Ces premiers efforts attireront sur vous des grâces abondantes; Dieu sera plus attentif à vous préserver: ces prémices pures de votre vie, il les acceptera comme les gages de votre salut, comme l'offrande d'une créature qui lui appartient, et qu'il a mise au nombre de ses rachetés et de ses élus.

Heureux, mes chers Catéchumènes, heureux celui qui porte le joug du Seigneur dès sa jeunesse! Dieu le bénira: ses penchans, tournés d'abord vers le devoir, s'y porteront d'eux-mêmes; ses jours seront tranquilles, sa vie sainte, sa vieillesse honorée; et sa mort, semblable à sa vie, ne sera qu'un passage à la bienheureuse immortalité.

Pères et Mères, qui voyez aujourd'hui vos enfans entrer dans la communion des fidèles et devenir vos frères selon la foi, notre coeur partage les émotions du vôtre: recevez nos félicitations. La Religion accepte l'offrande que vous lui présentez de ces enfans chéris. Elle-même a voulu les instruire et diriger leurs premiers pas. Elle vient de leur parler encore par notre bouche. Maintenant elle les remet sous votre garde; elle vous impose le soin d'achever son ouvrage, de nourrir les heureux sentimens qu'elle a fait naître dans leur coeur. Ah! veillez, veillez avec plus de soin que jamais sur ce dépôt précieux. Que votre exemple les soutienne et les fortifie. Que votre piété anime la leur. Que votre sollicitude éloigne d'eux les dangers.
Prolongez, prolongez pour leur bonheur ce temps précieux où vos fils coulent des jours paisibles à l'ombre de votre protection. Ne la déposez point encore cette autorité bienfaisante que vous tenez de la Religion et de la nature, qui fut en honneur chez les peuples les plus illustres, et à laquelle on n'a porté atteinte en des jours de licence que pour mieux sentir ensuite combien elle importe aux moeurs. Non, ce n'est pas au moment où les vents vont troubler les airs qu'il faut abandonner le gouvernail. Ne vous dépouillez pas vous-mêmes de ce caractère auguste qui fait votre force. Vous n'en serez que plus chers à vos enfans en vous rendant plus respectables. Vous n'en serez que mieux leurs amis en continuant d'être leurs pères. Ainsi vous les préserverez des écarts de la jeunesse: vous en ferez la gloire et la consolation de vos derniers jours: en les conservant pour Dieu, vous les conserverez pour vous-mêmes.

Et vous, mes chers Frères, qui assistez à cette sainte cérémonie, ne croyez pas qu'elle vous soit étrangère. Voici de nouveaux Chrétiens qui vont former avec vous une plus étroite union, qui désirent de vivre avec vous dans la communion des Saints, Leur jeunesse, leur candeur, leur faiblesse, les dangers qui les menacent, tout vous intéresse en leur faveur, tout vous attendrit sur eux. Vous contenteriez-vous d'implorer pour eux les bénédictions du Ciel? Ah! pour plaire au Dieu de charité, ce n'est pas assez de les soutenir par des voeux et des prières; il faut les exhorter, les édifier, les reprendre; il faut être auprès d'eux l'instrument des miséricordes du Très-Haut; il faut les enchaîner à la vertu, en la leur faisant aimer, en leur montrant en vous la paix et le bonheur qu'elle assure. 

Et ne songeriez-vous qu'a eux à cette heure? Ne feriez-vous aucun retour sur vous-mêmes? Une pensée vive, un sentiment profond, ne s'élèverait-il point dans votre âme? Vous aussi, en présence de l'assemblée des fidèles, avec un coeur ému, vous avez promis de vous dévouer à votre Dieu. Vous aussi vous avez pris l'engagement que ces Catéchumènes vont prendre; vous avez fait les promesses qu'ils vont faire. Les avez- vous remplies? Redoutable question! Heureux celui qui peut y répondre sans trouble et sans honte!

Je reviens à vous, Catéchumènes. Recueillez toutes les puissances de votre âme! voici le moment solennel. Priez le Seigneur d'accepter l'offrande que vous allez lui faire. Priez-le de ne pas regarder aux imperfections de la victime qui s'offre elle-même, mais au plaisir, à, l'empressement avec lequel elle se dévoue. Priez-le de vous rendre dignes de lui, de vous conserver à lui. C'est sa grâce qui vous a conduits dans ce lieu saint. C'est elle qui vous soutiendra. C'est par son secours que chacun de vous pourra dire: Je l'ai juré, et je le tiendrai, d'observer les ordonnances de la justice (Ps. CXIX, 108), Amen. Amen.

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