Commentaire
sur l'épître aux
Romains
CHAPITRE VIII.
1. Il
n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux
qui sont en Jésus-Christ, lesquels ne marchent point selon la
chair, 'mais selon l'esprit.
L'Apôtre a établi qu'il y avait en
lui, comme dans tous les fidèles, un combat
entre la vieille nature corrompue et la nouvelle
vie qu'ils ont reçue. Il a fait une
distinction : ce n'est point la même
chose qu'être retardé dans sa
course
par la corruption naturelle, ou être
resté sous cette domination dont Dieu, par
Jésus-Christ, a affranchi les croyants.
Il n'y a donc maintenant, dit-il, aucune
condamnation pour ceux qui sont en
Jésus-Christ, unis à lui par la
foi comme à un chef vivant. Cette union, la
base de la justification et de la vie spirituelle,
car celui qui a le Fils a la vie,
(I. Jean V. 12) cette union est
exprimée dans l'écriture par
différentes figures, telles que celles du
chef et des membres,
(Eph. I. 22. 23) des fondements et de
l'édifice,
(Eph. II. 20) du tronc et des
branches,
(Jean XV. 5) du mari et de la femme,
(Apoc. XIX. 7) et surtout, de la
manière la plus remarquable dans la
prière de Jésus-Christ, pour tous
ceux qui croiraient en lui : « Afin,
dit-il, que tous soient un ainsi, que toi
Père, es en moi, et moi en toi, afin qu'eux
aussi soient un en nous, et que le monde
croie que c'est toi qui , m'as envoyé, et je
leur ai donné la gloire que tu m'as
donnée, afin qu'ils soient un, comme nous
sommes un, je suis en eux et toi en mi , afin
qu'ils soient consommés en un.
(Jean. XVII. 21-23)
En conséquence de cette union avec Christ,
ceux qui en sont les objets sont, nous l'avons
déjà vu, affranchis de la
malédiction de la loi. Ils sont pleinement
justifiés, ce que l'on voit avec
évidence , parce qu'ils marchent selon
l'esprit et non selon la chair! Étant un
avec Christ, ils reçoivent
continuellement de sa plénitude et
grâce pour grâce,
(Jean I. 16) aussi leur voie
n'est-elle pas selon la chair, c'est-à-dire,
selon les mouvements de leur nature corrompue, mais
selon l'esprit, c'est-à-dire, selon les
sentiments du nouvel entendement qu'ils ont
reçu par le Saint-Esprit. Ils prennent
plaisir à la loi de Dieu ,
(Rom. VII. 22) lui rendant de leur
entendement une obéissance que leur juge
approuve , et cherchant toujours à
l'accomplir. Ils marchent dans la lumière
comme Jésus est dans la lumière ; ils
ont communion avec Dieu, et le sang de son fils
Jésus-Christ auquel ils
ont constamment recours, les nettoie de tous leurs
péchés, dont ils se repentent tous
les jours, et qu'ils confessent avec
humilité.
(I. Jean l. 7.8.9.) Ainsi
l'état habituel de la vie des
chrétiens et la conduite qu'ils ont
constamment , est l'obéissance à la
volonté de Dieu , quoiqu'ils soient
violemment contrariés par l'opposition
constante de leur nature corrompue et
pécheresse. Ils ont appris par leur
expérience , aussi bien que par
l'écriture, qu'à moins qu'ils ne
demeurent en Christ par la foi, ils ne peuvent
glorifier Dieu en portant des fruits de
justice, et même qu'ils ne peuvent rien
faire, rien absolument, dans la voie de
l'obéissance chrétienne, pour un
service agréable à Dieu. Mais par la
fi , ils sont en celui qui est le véritable
cep, et c'est de lui qu'ils tirent leur sève
et leur fécondité.
Combien n'y a-t-il pas d'hommes, parmi ceux qui
prennent le nom de chrétiens, qui ne veulent
point croire que la seule voie de salut, c'est
d'être dans Christ ?
Ils ne peuvent penser que toute cette foule qui les
entoure et qui évidemment ne lui appartient
pas, soit condamnée toute entière.
Cependant la destruction par le déluge du
genre humain tout entier , excepté
Noé et sa famille, qui se sauvèrent
dans l'Arche, est un type et une
représentation frappante de cette
vérité.
Au temps du déluge, le monde ne voulait pas
non plus croire l'avertissement qui lui
était donné ,
(Luc XVII. 26. 27) et qui fut
proclamé pendant cent vingt ans ,
(Gen. VI. 3) tandis que l'Arche se
préparait.
(I Pier. III. 18. 20)
(1) Nous
voyons par là quel est la
situation de ceux qui ne peuvent supporter
l'évangile, lorsque les
vérités qu'il contient leur sont
clairement déclarées, et qu'elles
leurs sont adressées à
ceux-mêmes , comme à des
pécheurs coupables, prêts à
périr, et qui n'ont point d'autre voie de
salut. Ils voudraient qu'on ne leur
annonçât que des choses
flatteuses. « C'est ici un peuple rebelle
, des enfants menteurs, des enfants qui ne veulent
point , écouter la loi de l'Éternel :
qui ont dit aux Voyants, ne voyez point : et
à ceux qui voient des visions, ne voyez
point de visions de justice , mais dites-nous des
choses agréables, voyez des visions
trompeuses . »
(Esa. XXX. 9. 10)
2. Parce que la Loi de l'Esprit de vie
qui est
en
Jésus-Christ , m'a affranchi de la Loi du
péché et de la mort.
Paul s'étant donné lui-même
pour exemple, en parlant des combats
intérieurs que tous les fidèles ont
à soutenir, déclare ici, ce qui est
également applicable à tous, que la
loi ou le principe moteur de la vie spirituelle,
communiqué par l'esprit de Dieu, l'a
affranchi du principe du péché
et de mort qu'il sent encore agir dans ses membres;
qu'il l'a affranchi, non du combat qu'il
doit toujours soutenir contre le
péché qui demeure en lui, mais de
l'influence dominante qu'il pourrait exercer.
Quoique les hommes se vantent d'être libres,
ils sont tous, dans leur état naturel,
esclaves du péché. Lorsque
Jésus parlait aux Juifs qui faisaient
profession de croire en lui, mais qui , comme on
vit bientôt après, n'entendaient pas
sa doctrine , il leur disait : . «
vous connaîtrez la vérité et la
vérité vous rendra libres. Ils lui
répondirent.... nous ne servîmes
jamais personne, comment donc dis-tu, vous serez
rendus libre ?
»(Jean VIII. 32.33)
C'est de la même manière que les
hommes qui ne sont point convertis à Christ
vantent leur liberté. Ils affirment que leur
volonté est libre, et qu'ils peuvent choisir
le bien, tout comme ils peuvent choisir le mal. Que
si par cette liberté, ils entendent le
pouvoir de choisir sans aucune force
extérieure qui les contraigne ou qui les
empêche, ils ont raison et ils sont libres
dans ce sens. Mais un agent moral choisit suivant
les dispositions ou l'inclination de son
âme.
On doit toujours se souvenir que la volonté
est la volonté de l'âme, et que le
jugement est le jugement de l'âme.
C'est l'âme qui conçoit, qui
juge, qui veut. Un fou juge avec
folie, un méchant veut avec
méchanceté, un homme de bien veut
avec bonté. Il est dit dans
l'écriture que Dieu ne peut se renier
lui-même,
(II. Tim. II. 13) qu'il ne peut
mentir.
(Tit. I. 2.) Il ne peut donc
choisir le mal. Sa nature étant parfaitement
sainte, le mal lui est impossible.
D'un autre côté, les esprits
méchants et pervers, ne peuvent
choisir ce qui est saint. « Toutes
les fois que le diable profère le mensonge,
il parle de son propre fonds. Car il est
menteur. »
(Jean. VIII. 44)
L'homme dans son état charnel choisit le
mal, mais il ne peut choisir le bien, non
pas à la vérité à cause
de quelque obstacle extérieur, car alors il
ne serait point criminel, mais à cause de
l'opposition de ses inclinations perverses. Il est
incliné au mal et il fera le mal.
« Le coeur des hommes est plein au-dedans
d'eux-mêmes d'envie de mal faire.
(Eccl. VIII. 11),
Toute l'imagination des pensées de leur
coeur n'est que mal, en tout temps
(Gen. VI. 5)
Le coeur des hommes est plein de maux. »
(Eccl. IX. 3)
Il leur est dit : « le More (l'Éthiopien)
changerait-il sa peau, et le léopard
ses taches ? Pourriez-vous aussi faire
quelque bien, vous qui n'êtes (n'avez) appris qu'à
mal faire. »
(Jér. XIII. 23)
Leur langage est « J'aime les
étrangers et j'irai après eux.
(Jér. II. 25) Quant à
la parole que tu nous as dit au nom de
l'Éternel, nous ne l'écouterons pas.
(Jér. XLIV. 16)
« Israël, dit le Seigneur ne m'a
point eu à gré.
(Ps. LXXXI. 12) J'ai tous les
jours étendu mes mains au peuple rebelle,
à ceux qui marchent dans le mauvais chemin,
savoir après leurs pensées.
(Esa. LXV. 2) Ils disent au Dieu
fort, retire-toi de nous
(Job. XXII. 17)
Retire-toi de nous ; car nous ne nous
soucions point de la science de tes
voies.
Qui est le Tout-puissant, que nous le servions, et
quel bien nous reviendra-t-il de l'avoir
invoqué ?
(Job. XXI. 14. 15)
Nous ne voulons pas que celui-ci
règne sur nous. »
(Luc. XIX. 14)
Le résultat de leur consultation contre le
Seigneur et contre son oint, est
« rompons leurs liens et jetons loin
de nous leurs cordes. »
(Ps. II. 3)
Ainsi « c'est des méchants que
vient la méchanceté.
(I Sam. XXIV. 14)
Le mauvais arbre ne peut produire de bons
fruits.
(Matt. VII. 18)
Si quelqu'un n'est né de nouveau, il ne
peut point voir le royaume de Dieu..... si
quelqu'un n'est né d'eau et d'esprit, il ne
peut point entrer dans le royaume de Dieu.
(Jean III. 3. 5)
Nul ne peut venir à moi si le
père qui m'a envoyé ne le tire.....
Il leur dit donc, nul ne peut venir vers
moi, s'il ne lui est donné de mon
père.
(Jean VI. 44- 65)
L'homme animal ne comprend point les choses qui
sont de l'Esprit de Dieu, car elles lui sont une
folie, il ne peut même les entendre
parce qu'elles se discernent spirituellement.
( I. Cor. II. 14)
Voici leur oreille est incirconcise et ils ne
peuvent entendre. Voici la parole de
l'Éternel leur est en opprobre et ils n'y
prennent point de plaisir. »
(Jér. VI. 10)
Il est dit que leur coeur est un coeur de pierre.
(Ezech. XXXVI. 26)
Ils ont rendu leur coeur dur comme le diamant.
(Zach. VII. 12)
Comment pourriez-vous parler bien,
étant méchants, car de l'abondance du
coeur la bouche parle ?
(Mat. XII. 34)
Comment pouvez-vous croire, vu que vous
cherchez la gloire l'un de l'autre, et que vous ne
cherchez pas la gloire qui vient de Dieu
seul ?
(Jean. V. 44)
Le monde ne peut point recevoir l'Esprit de
vérité.
(Jean XIV. 17)
Pourquoi n'entendez-vous pas mon langage ?
c'est parce que vous ne pouvez
écouter ma parole.
(Jean VIII. 43)
Nul ne peut dire que par le Saint-Esprit que
Jésus est le Seigneur.
(I. Cor. XII. 3)
Ainsi l'affection de la chair est inimitié
contre Dieu, car elle ne se rend point sujette
à la loi de Dieu et aussi ne le peut-elle
point, à quoi il est ajouté,
c'est pourquoi ceux qui sont en la chair, ne
peuvent plaire à Dieu. »
(Rom. VIII. 7. 8)
Il suit de là qu'il y a dans l'homme
naturel, une incapacité morale
entière de choisir ce qui est bien, quoique
ce fût son devoir, et qu'il ait
été convenable de le lui ordonner. Il
est « privé de toute
force. »
(Rom. V. 6)
Les hommes dans cet état sont toujours
représentés dans les écritures
mêmes, comme marchant « selon le
Prince de la puissance de l'air qui est l'esprit
qui agit maintenant avec efficace dans les enfants
rebelles à Dieu, »
(Eph. II. 2) comme étant sous
le pouvoir de Satan.
(Act. XXVI. 18)
Ils sont sa proie, ils sont ses captifs
légitimement, parce qu'ils le sont
volontairement. Ils ne peuvent en être
affranchis que par le moyen de la parole de Dieu
qui est l'épée de l'Esprit,
(Eph. VI. 17) que l'Éternel
emploie, accordant à ceux à qui il
lui semble bon, la bénédiction de la
régénération suivant qu'il lui
plaît,
(Jean III. 8) et
distribuant ses dons, selon qu'il le
jugeà propos.
(l. Cor. XII. 11) C'est seulement par
Dieu lui-même que les hommes sont
délivrés du pouvoir des
ténèbres,
(Col. I. 13) de la domination du
péché,
(Rom. VI. 14.
22) la loi de l'esprit de vie qui
est en Jésus-Christ m'a
« affranchi de la loi du
péché et de la mort ..... Si le fils
vous affranchit vous serez
véritablement libre. »
(Jean VIII. 36)
Lorsque Dieu veut faire du bien aux hommes, il
accomplit envers eux cette gracieuse
promesse : « Je leur donnerai un
coeur pour me connaître. »
(Jér. XXIV. 7)
C'était cette préparation du coeur
que David, Roi d'Israël, suppliait Dieu
d'accorder à son fils Salomon, en même
temps qu'il reconnaissait avec gratitude que
c'était de l'Éternel que venaient sa
propre bonne volonté dont il avait la
conscience, et celle qu'avait son peuple (et
dont il demandait la continuation) d'offrir
à l'Éternel ce qui lui avait
été donné par
lui-même.
« Puis David bénit
l'Éternel en présence de toute
l'assemblée, et dit : ô
Éternel ! Dieu d'Israël, notre
Père ! (2)
Tu es béni, de tout temps
et à toujours. O, Éternel !
c'est à toi qu'appartiennent la
magnificence, la puissance, la gloire,
l'éternité et la majesté, car
tout ce qui est aux cieux et en la terre est
à toi ! O Éternel ! le
royaume est à toi, et tu es le Prince de
toutes choses. Les richesses et les honneurs
viennent de toi ; et tu as la domination sur
toutes choses ; la force et la puissance sont
en ta main, et il est aussi en ta main d'agrandir
et de fortifier toutes choses.
Maintenant donc, ô notre Dieu, nous te
célébrons et nous louons ton nom
glorieux. Mais qui suis-je et qui est mon peuple
que nous ayons assez de pouvoir pour offrir ces
choses volontairement ? Car toutes choses
viennent de toi et les ayant reçues de ta
main, nous te les présentons ; et
même nous sommes étrangers et forains
chez toi, comme ont été tous nos
pères, et nos jours sont comme l'ombre sur
la terre, et il n'y a nulle espérance.
Éternel notre Dieu ! toute cette
abondance que nous avons préparée
pour bâtir une maison à ton Saint Nom,
est de ta main, et toutes ces choses sont à
toi. Et je fais, ô mon
Dieu, que c'est toi qui sondes
les coeurs et que tu prends plaisir à la
droiture. C'est pourquoi j'ai volontairement
offert, d'un coeur droit toutes ces choses, et j'ai
vu maintenant avec joie que ton peuple qui s'est
trouvé ici, t'a fait son offrande
volontairement. O Éternel ! Dieu
d'Abraham, d'Isaac et d'Israël nos
pères, entretien ceci à toujours,
savoir l'inclination des pensées du coeur de
ton peuple, et tourne leurs coeurs vers toi.
Donne aussi un coeur droit à Salomon mon
fils, afin qu'il garde tes commandements, tes
témoignages, et tes statuts, et qu'il fasse
tout ce qui est nécessaire et qu'il
bâtisse le palais que j'ai
préparé. »
(I Chron. XXIX. 10-19)
Dans une autre occasion, David en avouant
humblement la dépravation de sa 'nature et
ses péchés actuels, demande à
Dieu « que l'esprit de
l'affranchissement le
soutienne. »
(Ps. LI. 14)
C'est le Saint-Esprit qui affranchit l'âme du
pouvoir du péché et de Satan, qui
produit une disposition pure, juste et libre, qui
enseigne aux hommes à honorer Dieu et les
rend capables de le faire comme enfants et non
comme esclaves. « Où est l'Esprit
du Seigneur, là est la
liberté. »
(II. Cor. III. 17)
Ainsi même ceux qui sont
régénérés ne peuvent
rien faire que par un continuel fournissement
de l'esprit de J. C.
(Phil. I. 19)
(3) Ils ne
peuvent avoir d'eux-mêmes une bonne
pensée. « Non que nous soyons
capables de nous-mêmes de penser
quelque chose, comme de nous-mêmes, mais
notre capacité vient de
Dieu. »
(Il. Cor. III. 5)
Ils ne peuvent même faire les choses qu'ils
désirent. « Car la chair convoite
contre l'esprit, et l'esprit contre la chair et ces
choses sont opposées l'une à l'autre,
tellement que vous ne faites point les choses que
vous voudriez. »
(Gal. V. 17) Toute leur
capacité de faire quelque oeuvre bonne vient
du Seigneur. « Le sarment, ne peut
point de lui-même porter de
fruit. »
(Jean XV. 4)
II n'y a donc rien qui empêche les hommes
d'obéir à la volonté de Dieu,
que les mauvaises dispositions qui leur sont
propres, et leur aversion pour les choses de Dieu.
Les facultés naturelles de l'homme sont
suffisantes pour qu'il puisse faire ce qui lui est
demandé, s'il les emploie bien. S'il les
emploie d'une autre manière, la faute en
appartient exclusivement à
lui-même ; et comme la corruption de
notre nature ne prive l'homme d'aucune de ses
facultés naturelles, ou d'une liberté
entière d'agir conformément aux
décisions de son propre esprit, l'obligation
où il est d'agir justement continue à
avoir la même force sans
aucune diminution. S'il était possible que
le renoncement à la justice
dégageât l'homme de ses obligations,
il s'ensuivrait la plus absurde conséquence,
savoir : qu'une créature pourrait,
lorsqu'elle voudrait, se rendre « sans la
loi quant à Dieu, » par un acte de
rébellion, et se trouver par une
conséquence naturelle, placée hors
des bornes de la juridiction divine.
D'après cela, nous voyons ici avec quelle
justice Dieu punit pour leurs crimes, les hommes
qui n'ont pu se soustraire à l'esclavage du
péché et de la mort hors qu'ils
n'aient été conduits par la
grâce de Dieu.
Nous y voyons aussi avec quelle justice une
parfaite obéissance leur est
demandée ; Dieu n'est point sous
l'obligation de donner sa grâce, et, dans
l'homme, l'incapacité d'obéir
à la loi de Dieu n'étant point
naturelle, mais morale,
(4) ne peut
détruite le droit qu'a le Très-Haut
d'exiger l'obéissance sous la peine
d'encourir sa terrible colère.
Il est impossible, par la nature de choses, que les
règles éternelles de la justice de
Dieu, pussent cesser de demander aux
créatures raisonnables, une
obéissance parfaite et sans
péché ; dire que
l'incapacité morale de l'homme,
détruit ou affaiblit à quelque
degré que ce soit, l'obligation de garder la
loi morale, c'est ajouter l'insulte à la
rébellion contre l'Éternel. Car
qu'est-ce que cette incapacité morale ?
C'est seulement, comme nous l'avons dit, un
éloignement de Dieu, une inclination
dépravée de l'esprit charnel, qui.
non seulement accueille et favorise
l'inimitié contre Dieu, mais est
elle-même cette inimitié.
Et que l'on ne dise pas pour presser l'objection,
que cette idée que les écritures
donnent de la corruption naturelle de l'homme et de
la grâce souveraine et efficace de Dieu,
réduit les humains à la simple
condition de machines ; il y a entre eux et
des agents mécaniques, cette
différence essentielle, et il nous suffit de
la connaître, que
l'homme est un agent
volontaire, tant dans l'état de nature que
dans l'état de grâce. Il veut et il
agit selon ses dispositions propres, tandis que les
machines n'ont ni pensée ni volonté.
Aussi longtemps que sa volonté est corrompue
et opposée à Dieu, sa conduite est
mauvaise, il accomplit les desseins de la chair et
de son esprit,
(Eph. II. 3) et d'un autre
côté, lorsque Dieu donne au
pécheur une nouvelle pensée et un
nouvel esprit, un changement correspondant a
certainement lieu dans sa conduite.
Quant à l'objection que si l'homme est
tellement corrompu, que s'il n'a point par
lui-même de capacité pour le bien, il
ne peut être blâmé de faire le
mal ; il suffira de faire observer que si elle
avait quelque force, plus un agent volontaire
serait un scélérat diabolique, plus
il devrait être regardé comme
innocent.
Une créature n'est pas sujette au
blâme, si elle n'est pas un agent volontaire,
et si elle l'est, si ses dispositions, sa
volonté, sont absolument méchantes,
elle serait certainement incapable de faire aucun
bien, et d'après l'argument ci-dessus, elle
ne pourra être blâmée si elle
fait le mal.
Une conséquence aussi monstrueuse,
détruit toute la force de l'objection
d'où elle est déduite. Mais si on
pressait l'objection, si quelqu'un demandait
orgueilleusement : « De quoi se
plaint-il encore ? Qui peut résister
à sa volonté ? Pourquoi m'a-t-il
fait ainsi ? » À de tels
murmures, il n'y a de réponse convenable que
celle de l'Apôtre : « Mais
plutôt, ô homme, qui es-tu, toi qui
contestes contre Dieu ? »
(Rom. IX. 20)
Quelques personnes, cependant, prenant le sentiment
contraire, qui est aussi le plus commun, nient la
dépravation innée de leur nature, et
malgré tout ce que l'écriture affirme
à ce sujet, persistent à soutenir
qu'ils n'ont point une pente au mal et qu'ils ne
sont point dans l'impossibilité morale de
faire le bien.
Nous devons leur faire la réponse que Notre
Seigneur adressa à l'ignorant jeune homme
qui, se fiant sur sa propre justice, demandait ce
qu'il avait à faire pour obtenir la vie
éternelle. » Si tu veux entrer
dans la vie, garde les commandements. »
(Matt. XIX. 17) Vous ne pouvez-vous
refuser à avouer que c'est là votre
devoir. Vous devez aimer Dieu de tout votre coeur,
de toute votre âme et de toute votre
pensée, et lui obéir constamment.
L'avez-vous fait ? Non ; dès lors
d'après vos propres principes, vous
êtes justement condamnés, car vous
dites que vous pouvez faire ce qui est droit, et
cependant vous ne le faites pas ; et si vous
ne voulez pas vous soumettre sans condition et sans
réserve à être sauvé par
la voie qui est tracée
par l'évangile, dans
lequel vous voyez à la fois et votre maladie
et le remède dont elle a besoin , votre sang
sera sur votre tête. « Mais
maintenant vous dites : nous voyons, et c'est
à cause de cela que votre
péché demeure. »
(Jean IX. 41)
3-4. Parce que ce qui était
impossible à la Loi, à cause qu'elle
était faible dans la chair, Dieu ayant
envoyé son propre Fils en forme de chair de
péché, et pour le
péché, a
condamné le péché en la chair.
Afin que la justice de la Loi fût accomplie
en nous,
qui ne marchons
point selon la chair, mais selon
l'Esprit.
Les hommes et tous les êtres intelligents qui
sont sortis des mains de Dieu, ont
été créés en
sainteté. Ils étaient à lui,
ils marchaient saintement pour le Seigneur y
consacrant universellement toutes leurs
facultés à sa gloire et en
réglant l'exercice sur la volonté de
celui à qui ils appartiennent ; et
comme c'était leur devoir indispensable,
c'était aussi ce que leur nature non
corrompue les conduisait à faire. Mais
aussitôt que le péché ou
l'opposition à la volonté de Dieu
entra dans la nature, soit des anges, soit des
hommes, dès lors, devenant apostats envers
Dieu et se séparant de lui, ils furent
impies dans leur état, et impies dans leur
nature, et cependant, l'obligation imposée
par la loi sainte, continua toujours, fut toujours
immuable, sans qu'elle fût affaiblie par leur
entière incapacité à accomplir
le moindre de ses préceptes.
Cette incapacité constitue une partie de
l'état déplorable dans lequel le
péché plonge les créatures qui
ont transgressé la loi ; et elle vient
de l'impossibilité absolue dans laquelle se
trouve une créature séparée de
Dieu de se rétablir, par elle-même, au
rang de ceux que Dieu avoue et réclame comme
étant à lui, aussi bien que de
l'opposition qui existe nécessairement entre
une créature tombée et la divine
volonté.
Mais « ce qui était impossible
à la loi à cause qu'elle était
faible dans la chair, Dieu en envoyant son propre
fils en forme de chair de péché et
pour le péché, » l'a
accompli.
Personne ne peut supposer, sans être
aveuglé par l'orgueil, qu'un être
apostat fût capable par son action libre,
d'être rétabli au même
état que ceux qui sont de Dieu, et ce
rétablissement est cependant le fondement
nécessaire de toute correspondance sainte
avec lui. On ne peut pas même supposer qu'il
pût rien faire pour y parvenir. - Il n'y a
que l'ignorance de la nature du vrai Dieu, qui ait
pu conduire à imaginer que si une telle
créature pouvait être rétablie,
elle pût l'être autrement que par le
Dieu de qui elle était déchue et cela
par un acte de sa miséricorde libre et
souveraine ou qu'il fût
compatible avec sa justice et sa
vérité, avec la gloire essentielle
à son caractère, que cette
miséricorde fût étendue
autrement que par la voie que révèle
l'évangile. C'est une doctrine qui n'aurait
pu monter au coeur d'aucune créature
(I. Cor. II. 9), si elle n'avait
été révélée,
elle l'a été et elle est
véritablement la puissance de Dieu et la
sagesse de Dieu en salut, à ceux qui sont
appelés.
(I. Cor. I. 24)
Le péché qui a séparé
Dieu de l'homme devait être
détruit ; la justice devait être
amenée ; la loi divine devait
être magnifiée et rendue honorable,
pendant que les transgresseurs seraient reconduits
à Dieu.
L'Éternel devait être juste, en
justifiant les impies, de sorte que des
créatures méchantes devinssent
saintes au Seigneur, et lui formassent un peuple
particulier. Ce sont ces choses, impossibles aux
hommes, que le Seigneur Jésus, le Christ,
l'Emmanuel, Dieu manifesté en chair, a
accompli par son obéissance, jusqu'à
la mort.
II est « l'Agneau de Dieu qui ôte
le péché du monde : »
il est le serviteur volontaire de Jéhovah,
et a accompli l'oeuvre pour laquelle le Père
l'avait envoyé sur la terre, et maintenant
tous ceux qui croient le témoignage de
l'évangile, sont en lui,
ramenés à Dieu avec une pleine
acceptation de leurs personnes, et par
conséquent une sainteté
complète de leur état comme un peuple
séparé pour Dieu, dont l'acceptation
ne peut pas plus être partielle, que sa
restauration dans son premier état ne peut
dépendre de son action libre.
Dès lors, c'est uniquement par l'envoi que
Dieu a fait de son Fils, dans la forme de la nature
humaine tombée et pécheresse, que les
fidèles ont été affranchis de
la loi du péché et de la mort.
Quoique libre de péché, Jésus
devînt sujet aux infirmités
auxquelles, à cause du péché,
les hommes sont exposés. Il fut
compté parmi les transgresseurs de la loi,
et puni comme s'il était un
pécheur.
C'est ainsi qu'il fut désigné pour
être une oblation pour le
péché ;
(5) par ce moyen,
Dieu ayant montré son horreur pour le
péché, pût pardonner aux
personnes des croyants et les justifier, puisque
leur sentence de condamnation avait
été exécutée sur leur
nature corrompue par sa crucifixion et sa
destruction. Cette justification ne
pouvait venir de la loi, car
la loi sainte, juste et bonne en elle-même
était rendue inefficace pour cela à
cause de la dépravation humaine, et ne
pouvait que condamner. Cela est d'accord avec ce
que le même Apôtre dit aux
Galates : « Si une loi eût
été donnée pour pouvoir
vivifier, véritablement la justice serait
d'une loi, mais l'écriture a tout
renfermé sous le péché, afin
que la promesse, par la foi en Jésus-Christ,
fût donnée à ceux qui
croient. »
(Gal. III. 22)
L'envoi du Fils de Dieu et la condamnation du
péché en la chair eurent lieu afin
que la justice de la loi pût être
accomplie en ceux qui marchent, non selon
la chair, mais selon l'Esprit.
Marcher selon l'esprit, autant que l'on peut y
parvenir, c'est accomplir la justice de la loi, et
par la nouvelle alliance, ce but a
été complètement atteint. La
justice que la loi demande est accomplie par
Jésus-Christ, qui est le garant des
fidèles, le chef en qui ils sont rendus
accomplis, comme étant un avec lui : sa
justice non seulement leur est imputée pour
leur justification, en les affranchissant de la
condamnation de la loi, dont il est parlé
dans le premier verset, mais encore leur est
départie, leur étant
communiquée par leur chef qui est aussi leur
sanctification, et à la fin, lors qu'ils
seront tous parfaits en gloire, l'accomplissement
de la loi, aura lieu en eux personnellement.
Dans tout son discours, l'Apôtre continue
à opposer la chair à l'esprit :
désignant par la chair, comme nous l'avons
déjà observé, la nature
corrompue, dont tous les hommes ont reçu
l'héritage, et qu'il appelle
expressément chair de
péché. La chair et l'esprit,
comme nous l'avons aussi vu, sont opposés
l'un à l'autre dans l'épître
aux Galates, où les oeuvres et les fruits de
chacun font décrits particulièrement,
(Gal. V. 16-25.
VI. 8) et où l'on voit aussi
les conséquences opposées et
certaines qui s'ensuivent de semer à l'un ou
à l'autre.
Dans le verset 9 de ce chapitre, l'esprit
dont il est parlé ici, est distingué
de l'Esprit de Dieu. Partout où cet esprit
ou cette vie spirituelle existent, ils sont
produits par le Saint-Esprit, ils font
inséparablement liés ; et de la
présence du premier qui est le
rétablissement de l'image de Dieu dans
l'âme, on doit conclure la présence et
l'opération du dernier.
5-8. Car ceux qui sont selon la chair,
sont affectionnés aux choses de la
chair ; mais ceux qui sont selon l'Esprit
sont
affectionnés aux choses de l'Esprit. Or
l'affection de la chair est la mort ;
maisaffection de l'Esprit est la
vie et la paix. Parce que l'affection de la chair
est inimitié contre Dieu, car elle ne se
rend point sujette à la Loi de
Dieu ;
et aussi ne le
peut-elle point. C'est pourquoi ceux qui sont en la
chair ne peuvent point plaire à Dieu.
Ceux qui marchent selon la chair, recherchent le
plaisir et la satisfaction de leurs dispositions
perverties et l'amour de ce monde occupe leurs
pensées, mais ceux qui marchent selon
l'Esprit recherchent les choses qui nourrissent en
eux cette nature divine, dont ils sont faits
participants, et qui lui appartiennent.
Quoique le principe corrompu demeure encore en eux,
au lieu de se soumettre à lui, ils le
combattent, ils le mortifient, et tachent d'obtenir
son entière destruction.
Ainsi la chair et l'esprit conduisent dans des
directions opposées ; l'affection de la
chair est une mort spirituelle, dont la fin est une
éternelle mort, mais l'affection de
l'esprit, c'est avoir le commencement de la vie
éternelle, et avoir dès à
présent la paix de l'âme. C'est la
paix de la conscience et la paix avec Dieu.
Le mot traduit dans ces versets par
affection, signifie toutes les
facultés de l'âme, tant l'acte de
percevoir, que celui de réfléchir et
celui de vouloir. Cette affection de la chair ou
cet esprit charnel, doit être la mort, car
elle est inimitié contre Dieu.
L'Apôtre ne dit pas seulement qu'elle est
ennemie, mais qu'elle est inimitié dans le
sens abstrait et le plus général, par
conséquent elle ne se rend en aucune
manière sujette à la loi de Dieu.
Elle est moralement incapable de faire autre chose
que se révolter contre lui et lui refuser
l'obéissance. Un ennemi peut être
réconcilié, mais l'inimitié ne
peut être réconciliée. Aussi
l'affection charnelle doit-elle être
crucifiée et détruite ; et comme
une créature raisonnable ne peut plaire
à Dieu, en refusant de s'assujettir à
sa sainte loi, il est évident que l'homme
qui n'est point
régénéré, ne peut
plaire à Dieu.
Ainsi la vraie religion est également
éloignée et du système de la
propre justice qui s'attache à la loi pour
la justification, et d'une licence opposée
à la loi qui la rejette comme règle
de conduite. Car à moins que l'homme
n'obéisse à la loi, il ne peut plaire
à Dieu.
Le 7. e v. prouve donc la corruption totale de la
nature humaine et montre qu'elle ne peut être
améliorée ni réformée.
Il faut que le coeur soit changé, qu'une
nouvelle nature soit donnée ; pour
parvenir au salut, les hommes doivent devenir de
nouvelles créatures ;
(II. Cor. V. 17) ils doivent
être régénérés et
participer ainsi de la nature
divine ;
(II. Pier. I. 4) et cette
régénération est
opérée au moyen de l'évangile
qui est la puissance de Dieu en salut.
(I. Cor. IV. 15.
Jacq. I. 18.
I. Pier. I. 23) Le croyant doit
être l'ouvrage de Dieu, créé en
Jésus-Christ pour les bonnes oeuvres
(Eph. II. 10) et Christ doit
être formé en lui.
(Gal. IV. 19)
Il ne peut pas y avoir d'expression plus
énergique que celle-ci, l'affection de la
chair est inimitié contre Dieu.
Telle est la vérité au milieu des
belles prétentions que la chair s'arroge, et
des apparences spécieuses dont elle se
couvre. Les hommes craignent naturellement la
punition et désirent le bonheur dans la vie
future. Beaucoup de personnes veulent avoir de la
religion pour échapper à l'enfer,
beaucoup de gens sont très religieux dans
leurs propres voies, et cependant sont dans
l'inimitié contre Dieu.
Parmi les païens ils s'en trouvaient qui
étaient dans les mêmes
circonstances : parmi les Juifs, beaucoup
avaient du zèle pour Dieu, mais sans
connaissance.
(Rom. X. 2) Paul lui-même,
comme nous l'avons déjà vu,
« avançait dans le judaïsme
plus que plusieurs de son âge dans sa nation,
étant le plus ardent zélateur des
traditions de ses pères »
(Gal. I. 14) En cela, sa religion
était sincère, mais cette religion
était celle d'un coeur qui n'était
point changé ; où pouvait
conduire cette sincérité ?
à la plus violente opposition à
Jésus-Christ. « Il est vrai que
pour lui, il avait cru qu'il devait faire de grands
efforts contre Jésus le
Nazarien. »
(Act. XXVI. 9)
Telles étaient aussi les femmes
dévotes, (6)
qui persécutaient les
apôtres, et parmi ceux qui portent le nom de
chrétiens, il en est beaucoup qui se
trouvent dans la même situation. Ils
récitent beaucoup de prières, ils
lisent les écritures, ils assistent avec
exactitude au culte public, et ils sont souvent
réguliers dans leur conduite, mais en tout
cela ils cherchent à établir leur
propre justice, ils pervertissent l'évangile
et d'une alliance de grâce, ils font
en réalité une alliance d'oeuvres.
Plus ils s'approchent du but de cette religion,
plus ils deviennent orgueilleux et satisfaits de
leur propre justice et plus ils sont opposés
à Dieu et à l'évangile.
Comme l'affection de la chair est inimitié
contre Dieu, celui qui est dans la chair,
qui n'est pas converti, ne peut plaire à
Dieu. Il n'a point d'amour pour lui ni pour sa loi,
il est de ceux dont l'Apôtre a dit ci-dessus,
(Rom. VI. 20) « qu'ils
étaient libres à l'égard de la
justice. » Ces expressions montrent
que ceux qui ne sont pas
convertis, ne ressentent aucune influence dans
leurs actions de la considération de la
gloire et de l'autorité de Dieu. Ils ne
rendent aucune sorte d'obéissance à
la justice, mais sont au contraire les esclaves
volontaires du péché ; d'une
manière ou de l'autre, ils agissent par des
motifs personnels, de sorte que rien de ce qu'ils
font n'est bon devant Dieu.
Celui qui est en la chair est lui-même
l'idole qu'il honore et la fin de tout ce qu'il
fait. Ceux qui dans cet état professent
qu'ils sont chrétiens ne conviennent pas
qu'ils soient aussi méchants que
l'évangile les représente, et veulent
chercher à établir la paix dans leur
conscience ou à avoir une bonne conscience
par d'autres moyens que par la résurrection
de Jésus-Christ.
(I. Pier. III. 21) Ils ne fondent pas
leurs espérances sur l'efficacité du
sang de l'expiation, qu'ils imaginent n'avoir
été versé que dans la vue de
donner du poids à leurs oeuvres, de
manière à suppléer à
leur défaut, de sorte que ne
considérant point ce sang comme
opérant la satisfaction entière, ne
regardant point l'oeuvre de Christ, comme une
oeuvre accomplie, ce n'est pas lui sur lequel ils
portent leur attention, mais seulement sur une
fiction de leur imagination.
Tout ce qui peut être bon dans un homme est
l'effet d'une nouvelle création, d'un
principe surnaturel formé dans son coeur par
l'évangile de Christ et l'action du
Saint-Esprit, et jusqu'à ce que ce soit
effectué, tout ce qu'il peut faire, les
qualités humaines les plus remarquables,
quoiqu'elles puissent l'élever à ses
propres yeux, sont en abomination devant Dieu.
L'évangile est fait et disposé pour
flétrir l'orgueil de la gloire humaine. Il a
été donné, non pour ceux qui
se croient sages et justes, qui fondent des
espérances sur leurs bonnes dispositions et
leurs bonnes oeuvres, mais pour les coupables, pour
les abandonnés, pour les misérables,
pour ceux qui sont près de périr.
« Il a rempli de biens ceux qui avaient
faim, il a renvoyé les riches
vides. »
(Luc. I. 53, Voyez aussi
Apoc. III. 17. 18)
Ce que dit l'Apôtre dans ces versets, de
l'inimitié de l'affection de la chair envers
Dieu, et de l'impossibilité ou l'homme est
de lui plaire tant qu'il n'est point converti, doit
être considéré avec la plus
grande attention. Le péché n'a pas
seulement fait perdre à l'homme la
ressemblance de Dieu en effaçant en nous sa
sainte image ; non seulement il nous a rendus
étrangers à Dieu, en nous
égarant loin de lui, mais il nous a encore
rendus ses ennemis, non seulement ses ennemis, mais
l'inimitié elle-même. Cette
inimitié est peinte ici comme une antipathie
contre la loi de Dieu, un refus
de l'accomplir ; Elle ne
se rend point sujette à la loi de Dieu,
et aussi ne le peut-elle point. C'est dans
l'affection de la chair, une impossibilité
absolue de se rapporter à la loi de Dieu, et
par conséquent à Dieu
lui-même.
La raison de cette impossibilité gît
dans leurs qualités opposées. Dieu
est spirituel et saint : telle est sa loi,
comme l'Apôtre le déclare dans le
chapitre précédent, et l'opposition
qu'il y met entre la vieille nature et la loi,
existe complètement chez tous ceux qui ne
sont point régénérés,
La loi dit-il, est sainte, elle est
spirituelle ; à quoi il oppose,
mais je suis charnel et vendu au
péché.
Que diront à cela ceux qui avilissent la
grâce et qui exaltent la nature, ou
plutôt qui anéantissent la grâce
et déifient la nature ? Voici le plus
grand éloge que fait l'Apôtre de la
nature humaine la meilleure, c'est qu'elle est
inimitié contre Dieu. Tous ces faux
brillants de vertu et de bonté morale parmi
les modernes qui sont du monde, ou parmi les
païens d'autrefois, (7)
n'étaient pas autre chose,
et tel est l'état de tous ceux qui ignorent
le salut de Christ, par qui seul cette
inimitié est éloignée.
L'homme considéré dans sa composition
peut être regardé comme le lien entre
la terre et les cieux, qui se rassemblent et se
réunissent en lui.
Son corps a été tiré de la
poussière, mais son âme est une
respiration de vie émanée du
Père des esprits.
Sa demeure est une maison d'argile, mais l'habitant
de cette maison d'argile est de la plus noble
extraction.
Cependant il a oublié son origine et est
tellement plongé dans la chair, qu'il ne
mérite plus de porter un autre nom que celui
de chair. Il est devenu le serviteur et
l'esclave de son corps, et semblable aux
Israélites en Égypte, il voudrait
perpétuellement travailler dans la fange.
Qu'est-ce que vos arts, votre commerce, vos
manufactures, votre culture, votre économie
rurale ? Toutes ces choses ne font-elles pas
destinées au corps pour
sa nourriture et son vêtement ? L'esprit
doit appliquer ses soins à toutes ces
choses, quoique, à proprement parler, elles
ne s'étendent point jusqu'à lui, et
qu'il n'y ait point d'intérêt ;
il est bien vrai que les besoins du corps en
demandent beaucoup et que des modes superflues en
exigent encore bien davantage ; mais il est
bien affligeant que les hommes forcent leur
âme à s'oublier elle-même,
à négliger sa propre affaire, pour
travailler uniquement à celles-là, et
en faire sa seule occupation. Ils y consument tout
leur temps, ce sont les travaux qu'ils
préfèrent, et ce qui est pire ils y
engagent leurs affections, « Leur fin est
la perdition, .... n'ayant d'affection que, pour
les choses de la terre. »
(Phil. III. 19)
Ne réfléchirez-vous pas que vos
âmes périssent, parce que vous ne
considérez pas leur nature
spirituelle ? Lorsque ce tabernacle terrestre
que vous habitez retombera sur la terre (et ce sera
bientôt) vos âmes doivent entrer dans
l'éternité ; et eussiez-vous des
biens de la terre une part, telle que vos coeurs
terrestres peuvent à présent la
désirer, tous perdront dans ce moment leur
usage. Ils ne sont un vrai bien pour l'âme
dans aucun temps, et ils le seront encore moins
alors.
Si vous tenez pendant tout le temps de votre vie,
votre âme occupée de
l'intérêt et de l'avantage du corps,
combien sera-t-elle pauvre et dénuée
dans cet autre monde pour lequel elle n'aura pourvu
à rien, où elle ne portera que la
culpabilité d'une vie criminelle, qui la
plongera dans l'abîme sans fond ?
Rappelez-vous donc que l'affection de la chair
est la mort. Il est de la plus grande
importance que vous acquerriez la conviction que
vous avez une trop bonne opinion de votre condition
naturelle : vous vous irriteriez même le
plus profane d'entre vous, si quelqu'un vous
prenait à part, et vous disait, vous
êtes l'ennemi de Dieu, et cependant, il
n'est aucun de vous, si vous croyez ce que disent
les saintes écritures, qui ne doive
confesser que tous les hommes sont naturellement
tels ; aussi, à moins qu'un homme ne
trouve en lui-même un changement notable de
son naturel, il demeure vrai qu'il est ennemi,
qu'il est même inimitié contre Dieu.
Quand vous lui étiez étrangers,
devenir liés avec lui ; bien plus, de
ses ennemis devenir ses amis, ce sont des
changements trop remarquables pour qu'ils arrivent
dans l'homme sans qu'il y en ait quelque preuve et
quelque signe. Il est vrai qu'il y a de la
variété dans la manière dont
s'opère la conversion, et pour quelques
personnes, surtout si elle a lieu
dans leurs premières
années, la grâce peut être
donnée de la manière la moins
sensible. Mais nous pouvons affirmer avec
confiance, que, quelle que soit la manière
dont elle est répandue dans le coeur, il y
aura une différence grande et sensible entre
l'amitié avec Dieu, et la condition
originaire de notre nature qui est inimitié
contre lui Ne vous flattez donc pas sur votre
état ; tant que vos esprits sont
ardents pour aimer le monde et froids pour l'amour
de Dieu, que vous êtes « amateurs
des voluptés plutôt que de
Dieu, »
(II. Tim. III. 4) vous êtes ses
ennemis, car avec lui il n'y a point de
neutralité.
Dans ces versets nous apprenons combien
profondément la corruption a
pénétré dans la nature de
l'homme, et par conséquent, combien doit
aussi agir profondément le remède qui
peut la guérir ; nous y voyons
que toutes les parties de nos corps et toutes les
facultés de notre âme sont
originairement corrompues ;
« l'entendement et la conscience font
souillés, »
(Tit. I. 15) comme le dit
l'Apôtre, car ils sont naturellement
enfoncés dans la chair et asservis par elle,
et par conséquent ils doivent porter son
nom.
Nous sommes entièrement devenus chair, ce
qui est la source de tous nos malheurs ; nous
avons perdu notre première ressemblance avec
le Père des esprits, jusqu'à ce
qu'elle ait été renouvelée en
nous par la participation de son Esprit
Saint ; et telle est souvent l'erreur de
ceux-là même qui sont
renouvelés à sa ressemblance, que
dans leurs propres travaux, ils s'opposent bien au
péché actuel, mais ils ne portent pas
assez la tâche à la racine de l'arbre,
à la « racine
d'amertume » qui est l'inimitié
naturelle et innée contre Dieu.
Jusqu'alors, quand même ils auraient
coupé quelques branches, ils n'auront rien
fait de bien. Tant que la racine a de la vigueur,
elles repousseront de nouveau, et peut être
plus fortement qu'auparavant.
Pleurez sur chacun de vos péchés
connus, car le moindre péché le
mérite, mais en même temps que cette
considération de vos fautes rappelle vos
pensées à ce qui est le siège
de votre rébellion, la perversité de
votre nature qui a commencé à vivre
en vous dès le sein maternel, qui est
née et qui a crû avec vous ; cela
vous humiliera au dernier point et
élèvera vos pensées pieuses
à une grande hauteur. Telle fut, comme nous
l'avons déjà observé, la
marche de David,
(Ps. LI. 7) lorsqu'on
déplorant les péchés
particuliers d'adultère et de meurtre, dont
il s'était rendu coupable, il était
conduit à la corruption de sa nature, qu'il
avouait être la cause de sa profonde
culpabilité et de son
indignité.
Le pouvoir de cette corruption innée est la
grande peine de ceux qui sont
régénérés, elle fait
qu'ils s'écrient comme fait notre
Apôtre dans le chapitre
précédent ; « O
misérable, que je suis, qui me
délivrera du corps de cette
mort ! »
Les convertis sont déjà
délivrés de son empire, comme nous le
voyons par ce qu'il ajoute, mais ils ne sont pas
à l'abri d'être tourmentés et
fatigués par lui. Quoiqu'il ne soit plus,
comme il l'était auparavant, leur
maître absolu, cependant il demeure encore
dans leur maison comme un serviteur
indiscipliné, ou un esclave incommode et
dangereux, et ce corps de mort sera encore la cause
de leurs afflictions jusqu'à ce que le
trépas mette fin à ce combat.
Cette lèpre a pénétré
si profondément dans les murs de la maison,
qu'elle ne peut être parfaitement
purifiée à moins qu'elle ne soit
abattue ;
(Lev. XIV. 44. 45) et c'est
cette peine qui, plus qu'aucune autre des
afflictions de la vie, fait que le serviteur de
Jésus, non seulement est satisfait de
mourir, mais qu'il le désire et qu'il dit
avec l'Apôtre : « mon
désir tend bien à déloger et
à être avec Christ, ce qui m'est
beaucoup meilleur. »
(Phil. I. 23)
Mais comme le péché a abaissé
l'âme et l'a fait
dégénérer, comme il l'a rendue
charnelle, ainsi le fils de Dieu en prenant notre
nature, l'a élevée de nouveau et l'a
rendue spirituelle. L'âme qui le
reçoit est spiritualisée ; il y
a plus ! De même que le
péché a rendu l'âme charnelle,
la grâce rend spirituel le corps
lui-même, en le faisant participer et
coopérer avec l'âme, aux choses
spirituelles, à ses actions, à ses
souffrances, en lui donnons aussi sa part de
l'espérance d'une récompense
éternelle.
Tel est le caractère principal, que
l'Apôtre attribue ici aux chrétiens,
à qui il écrit : c'est qu'ils
avaient l'affection de l'esprit et que leurs
actions répondaient à leurs
affections. « Ils marchaient, non selon
la chair, mais selon l'esprit. » Tandis
qu'auparavant, avec le reste du monde, ils
étaient emportés à la
poursuite des honneurs, des biens et des plaisirs
terrestres, maintenant leurs désirs sont
tournés d'un autre côté. Ils
recherchent l'honneur, ils ont une vive ambition de
l'obtenir, mais c'est l'honneur dont l'Apôtre
parle dans cette épître :
« En persévérant à
bien faire, ils cherchent la gloire, l'honneur et
l'immortalité. » (Rom. II, 7) Leur pensée se
porte sur les biens et les profits ; mais,
comme le même Apôtre, c'est Christ
qu'ils veulent gagner, ils ne font point de cas des
autres choses qu'ils regardent comme nuisibles en
comparaison.
(Phil. III. 8) Ils désirent
ardemment aussi des plaisirs ; mais ce ne font
point les plaisirs de la terre,
ils sont trop vils et de trop courte
durée ; ceux qu'ils ambitionnent sont
ceux qui sont « à la droite de
Dieu, pour jamais. » (1)
C'est le chemin qui conduit à cette vie
dont parle le Psalmiste, c'est la voie de
sainteté qui y mène, qui font leurs
délices. Les exercices spirituels ne sont
pas seulement pour eux une tâche, mais une
joie et un délassement, et ce changement,
c'est l'Esprit Saint qui l'opère, en rendant
leur âme spirituelle, de charnelle qu'elle
était.
Ainsi Dieu a manifesté sa grâce en
établissant une voie de
réconciliation, et n'épargnant pas
son Fils unique bien aimé pour accomplir son
dessein. Celui-ci ne s'est pas
épargné lui-même. O amour
incomparable ! Il n'a point donné sa
vie. pour des amis, mais pour des étrangers,
non seulement pour des étrangers, mais pour
des ennemis, pour des personnes injustes et impies
dont l'affection était inimitié
contre lui.
Après cela, Dieu envoie encore sa parole,
message de réconciliation, à ceux qui
lui sont rebelles ; il envoie son Esprit dans
le coeur de ceux « qui sont élus
dès le commencement pour le
salut, » pour changer leurs
esprits afin qu'ils ne périssent point dans
leur désobéissance, pour amener
à lui ceux qui étaient
éloignés, ayant aboli en la chair
leur inimitié par la mort de son Fils
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