Commentaire sur
l'épître aux Romains
CHAPITRE
V.
(suite)
19. Car
comme par la désobéissance d'un seul
homme plusieurs ont été rendus
pécheurs,
ainsi par
l'obéissance d'un seul plusieurs seront
rendus justes.
Dans ce verset l'Apôtre motive la
déclaration qui est contenue au
précédent, que d'un côté
un jugement avait condamné les hommes, et
que de l'autre un don libre les avait conduits
à la justification en la vie. La raison en
est que comme par la désobéissance
d'une seule personne, qui avait le caractère
public de représentant de sa
postérité, plusieurs ont
été rendus ou constitués
pécheurs, et ont été
traités comme tels, sans que l'on ait eu
auparavant égard à leurs
transgressions personnelles, ainsi, par
l'obéissance d'un seul, qui avait aussi un
caractère public et était le
représentant de ses fidèles,
plusieurs ont été rendus ou
constitués justes et traités comme
tels, sans que l'on ait auparavant pris en
considération leur obéissance
personnelle qui dérive de leur union avec
Christ, comme aussi leur dépravation
provient de leur union avec Adam.
C'est dans ce verset que nous trouvons le vrai sens
de l'entrée du péché dans le
monde dont il est parlé au commencement de
ce discours, au
verset douzième. Il est
certain que les hommes deviennent personnellement
pécheurs, en conséquence de la
désobéissance d'Adam
de qui ils tirent leur nature corrompue, et qu'ils
deviennent personnellement saints, par
l'obéissance de Christ, dont ils partagent
les effets dans le renouvellement par l'esprit
saint, qui les sanctifie par la
vérité. Mais l'Apôtre ne parle
ici ni de sainteté, ni de dépravation
personnelle ; il parle de la condamnation
à mort qu'à encourue tout le genre
humain par le seul péché d'Adam, et
non par le péché de plusieurs, de
même que le don libre de la justification de
vie est attribué à tous par la seule
justice de Christ.
Le changement du mot tous qui est
employé dans le verset
précédent, avec le mot plusieurs,
(Matt. XX. 28.
XXVI. 29,
Rom. VIII. 29.
Héb. IX. 28) dont Paul se
sert dans celui-ci, indique la limitation du sens
du premier et le borne aux seuls fidèles,
quant à ce qui se rapporte aux
bénédictions que leur a
apportées le second Adam, ce qui est l'objet
principal dont l'Apôtre voulait parler.
Le sommaire de toute la doctrine de l'entrée
et de l'éloignement du péché
est contenue de la manière la plus claire
dans ce verset, comme par la.
désobéissance d'un seul homme
plusieurs ont été rendus
pécheurs, ainsi par l '
obéissance d'un seul, plusieurs
seront rendus justes. Il est impossible de
concevoir comment les hommes pouvaient être
rendus pécheurs par Adam,
ou justes par Christ, en quelque
portion que ce fut, si on se refuse à
admettre l'idée de l'imputation ; ceux
qui s'opposent à cette doctrine feraient
bien de montrer comment la
désobéissance du premier ou
l'obéissance du second, peuvent être
la cause soit de la condamnation, soit de la
justification des hommes, si elle ne leur
étaient pas imputées. D'un
côté, ce chapitre nous montre
l'introduction du péché, la
condamnation et la mort ; de l'autre,
l'introduction de la justice, la justification et
la vie.
20. Or
la Loi est intervenue afin que l'offense
abondât maïs où le
péché a abondé, la grâce y a abondé
par dessus.
L'Apôtre appelle encore ici l'attention des
saints de Rome, sur l'introduction de la loi de
Moïse pour détruire ce
préjugé si fortement établi
chez les Juifs, et qui pouvait même
s'insinuer dans les esprits de ceux d'entre eux qui
avaient embrassé l'évangile, savoir
que la loi avait été établie
comme moyen de justification, tandis qu'elle avait
été ajoutée à cause,
des transgressions.
(Gal. III. 19) et, pour servir
à l'exécution des grandes promesses
de la grâce.
Le plan de la justification avait été
arrangé et exécuté, longtemps
avant la dispensation Mosaïque, comme Paul l'a
déjà montré par l'exemple
d'Abraham. Mais la loi, en y comprenant la
dispensation Mosaïque, était
entrée un peu s'étendant
à la seule nation d'Israël et
comparativement, pour un temps assez court ;
et bien loin que par elle les hommes fussent
justifiés, elle avait occasionné des
transgressions multipliées.
Tous sont, à cause d'elle, renfermés
sous la rébellion ; parce qu'elle
révèle clairement l'autorité
et la volonté de Dieu, et montre ainsi,
combien les hommes étaient
éloignés de lui, et
l'impossibilité où ils étaient
d'être justifiés par leur
obéissance personnelle ; ainsi le
péché a abondé, son extension,
le mal qu'il y a en lui, et ce qu'il mérite
ont été pleinement
déclarés, et l'on a vu manifestement
la nécessité du remède que
Dieu avait préparé et annoncé.
La seule faute d'Adam, avait entraîné
la mort de toute sa postérité, de
ceux-là même qui n'avaient point
péché de la même manière
que lui. Mais la loi de Moïse, en
annonçant la malédiction
attachée à toute transgression
personnelle, faisait que l'offense qui
méritait la mort, abondait, et la
déclaration faite dans le second
commandement que Dieu punira
l'iniquité des pères sur leurs
enfants jusqu'à la troisième et
quatrième génération,
était propre à imprimer
profondément dans les esprits, la grande
vérité de l'entrée du
péché dans le monde et la
condamnation à la mort que tous les hommes
avaient encourue par la transgression du premier
auteur de leur race. Tous ces puissants obstacles
semblaient être placés sur la voie de
l'homme pour lui rendre son rétablissement
entièrement impossible.
La loi, et le péché, et la mort,
étaient réunis contre le coupable
pour sa destruction, car l'aiguillon de la mort
c'est le péché, et la
puissance du péché c'est la loi.
(I. Cor. XV. 56) Cependant, là
où le péché abondait par la
loi, là où il avait les plus
d'avantages sur le pécheur et où il
était armé de tout son pouvoir et de
toute la force légale pour le condamner,
là même se montrait la
plénitude de la grâce divine, et elle
abondait encore par-dessus. Car Christ, le second
Adam, fut soumis à cette loi pour satisfaire
à tout ce qu'elle pouvait exiger des
coupables, qui formaient son peuple dans toutes les
nations, et les racheter par son obéissance
à la mort, de la malédiction qu'ils
avaient encourue, ayant été
lui-même fait malédiction pour
eux,
(Gal. III. 10) et étant ainsi
la fin de la loi en justice à tout
croyant.
(Rom. X. 4. Voyez aussi
Gal. III. 10-15.
IV. 4-5) Le péché
s'est élevé et a couvert le monde
comme un déluge ; mais pour ceux qui
ont reçu le don de la justification, la
grâce s'est élevée encore
au-dessus, les a soutenus, et enfin les a
sauvés des effets destructeurs du
péché.
21. Afin que comme le
péché a régné par la
mort,
ainsi la
grâce régnât par la justice
pour conduire
à la vie
éternelle par Jésus-Christ
Notre-Seigneur.
Nous avons appris dans le verset
précédent la surabondance de la
grâce, ici nous voyons les degrés de
cette surabondance dans les croyants. Le
péché a exercé son empire en
les soumettant à cette mort dont les hommes
ont été menacés, et qui est
opposée à la vie éternelle.
Elle consiste en ce que l'âme perd l'image de
Dieu ; que le corps meurt, et que le
pécheur est éternellement
séparé de Dieu, et livré
à la misère qui accompagne cet
état. Les fidèles, comme tous les
autres hommes, ont encouru cette mort ; mais
par la surabondance de la grâce, ils en sont
délivrés ; ils étaient
nés enfants de la colère comme les
autres,
(Eph. II. 3) mais ils sont
passés de la mort à la vie ;
(I. Jean. III. 4) il sont nés
de nouveau, non d'une semence corruptible, mais
d'une semence incorruptible, par la parole de Dieu,
vivante et permanente à toujours.
(I Pier. I. 23) Ainsi, c'est par la
grâce qu'ils sont sauvés,
(Eph. II. 5) étant faits en
Jésus-Christ de nouvelles créatures.
(II. Cor. V. 17) Ils ont
été ainsi
délivrés de la mort spirituelle, et
par conséquent, de la mort éternelle.
Ils sont, à la vérité, soumis
encore au trépas du corps, mais il ne les
sépare point de Dieu. Le
péché, l'aiguillon de la mort est
détruit pour eux à jamais, et la
division du corps et de l'âme n'a lieu que
pour un temps. Leur corps mortel ressuscitera
incorruptible à l'immortalité, et la
mort des fidèles sera absorbée dans
la victoire.
Néanmoins le péché a
régné sur eux jusqu'à la
mort ; la loi a été, quant
à eux, exécutée dans toute son
étendue ; Christ a reçu la
punition due à son peuple pour avoir
violé la loi, car Christ est mort pour lui.
(Rom. V. 8) Les fautes que les
fidèles ont commises, ont donc
été punies en lui, et ils ont
été ensevelis avec lui dans sa mort.
(Rom. VI. 4) Mais à cause de
l'infinie dignité de sa personne, il
était impossible à la mort, de le
retenir dans ses liens,
(Act. II. 24) auxquels il avait
été livré selon la sentence de
la loi. Il est monté à une vie
éternelle, et son peuple s'y est
élevé avec lui,
(Rom. VI. 5) qui jouit en lui de
toutes les bénédictions spirituelles,
ayant obtenu la rédemption en son sang, et
le pardon des péchés suivant les
immenses richesses de la grâce de Dieu ;
(Eph. II. 3-7) ainsi la grâce
qui règne par la justice de
Jésus-Christ, agit d'après la
justice, en ne la négligeant jamais, et
satisfaisant au contraire à tout ce qu'elle
peut exiger, et comme le péché a
régné dans les croyants
jusqu'à la mort, de même la
grâce règne en eux jusqu'à la
vie éternelle par Jésus-Christ
Notre-Seigneur.
C'est ainsi que nous voyons réunies
« la miséricorde et la justice.
(Ps. CI. 1) La bonté et la
vérité se sont
rencontrées ; la justice et la paix se
sont entrebaisées.
(Ps. LXXXV. 11) La justice et
l'équité sont la base de ton
trône, la gratuité et la
vérité marchent devant ta face.
(Ps. LXXXIX. 15) Il y aura
propitiation pour l'iniquité, par la
miséricorde et la vérité.
(Prov. XVI. 6) Il n'y a point d'autre
Dieu que moi, il n'y a point de Dieu fort, juste et
sauveur que moi. »
(Esa. XLV. 21)
La doctrine de la corruption de la nature
humaine, comme provenant du péché du
père commun du genre humain, est pleinement
établie dans le chapitre qui nous
occupe ; cette vérité,
quoiqu'elle soit fortement combattue par les
préjugés que les hommes ont contre
elle, est exactement analogue à ce qui se
passe chaque jour sous nos yeux. Suivant la
constitution générale du monde
fixée par la sage et souveraine disposition
de Dieu, les choses de la même espèce,
sont étroitement
liées entre elles. Cet
ordre est établi dans les règnes
animal et végétal, et même dans
l'économie morale du monde. La plante et la
semence ont une correspondance intime ; les
qualités de chaque animal passent à
sa postérité ; les causes et les
effets moraux, sont enchaînés les uns
aux autres ; le mal procède du mal, et
le bien procède du bien.
Nous pouvons apercevoir sous différents
rapports, les avantages qui naissent de cette
constitution, quoique comme dans toutes les choses
qui nous entourent, il y ait des difficultés
qui y tiennent ; mais partout où nous
apercevons la main de Dieu, notre devoir est de
réprimer toute idée qui serait une
censure de son administration, et d'acquiescer
pleinement à tout ce qu'il ordonne.
Ce qui prouve irrésistiblement quel est
l'état déchu de la nature de l'homme
et la rébellion de son coeur, contre le
dominateur tout puissant des cieux et de la terre,
c'est qu'il ait jamais pu être disposé
à la révolte contre une
vérité qui porte l'empreinte de
l'autorité de Dieu. Nous voyons
« les bords de ses voies »,
mais combien est petite la portion que nous en
connaissons ?
(Job. XXVI. 14) Aussi loin que peut
pénétrer notre entendement, nous
trouvons des sujets d'admirer et de glorifier Dieu.
Où nous ne pouvons le comprendre c'est notre
devoir d'être persuadés, que celui qui
juge toute la terre est juste lui-même.
Job humilié devant la présence de
Dieu, confessa sa témérité et
sa faute. « J'ai donc parlé et je
n'y entendais rien, ces choses sont trop
merveilleuses pour moi, je n'y connais
rien ». J'avais oui de mes oreilles
parler de toi, mais maintenant mon oeil t'a vu.
C'est pourquoi j'ai horreur d'avoir ainsi
parlé et je m'en repens sur la poudre et sur
la cendre. »
(Job. XLII. 3,5. 6)
Au lieu de nous abandonner à un esprit
audacieux d'impiété et de suffisance
qui appelle le Dieu des cieux au tribunal de la
raison humaine, écrions-nous avec le
Prophète : « O
Éternel ! que tes oeuvres sont en grand
nombre ! Tu les as toutes faites avec sagesse,
la terre est pleine de tes
richesses ; »
(Ps. CIV. 24) et avec
l'Apôtre : « O profondeur des
richesses et de la sagesse et de la connaissance de
Dieu ! Que ses jugements sont
incompréhensibles et ses voies impossibles
à trouver ! »
(Rom. XI. 33)
Que tous les descendants d'Adam aient
été enveloppés dans les effets
de la transgression de leur premier père,
c'est ce qui est clairement déclaré
dans l'écriture, et ce qui est intimement
indiqué à chacun par son
expérience intérieure. Ce n'est point
dans cette constitution divine, le
développement d'un
principe différent de
celui qui régit le monde et par lequel
toutes choses sont liées ensemble, et
personne ne peut nier que ce principe ne
s'étende à tout ce qui regarde et
intéresse les hommes. On le retrouve dans
toutes les relations de nations, de familles, et
d'individus.
La condition civile des parents, détermine
celle de leurs descendants. Le fils d'un homme
libre naît libre, et le fils d'un esclave est
esclave, à moins qu'il ne soit
racheté ou délivré de sa
condition de quelque autre manière ; le
fils participe généralement à
la constitution physique et aux qualités
mentales de ses parents, et il gagne ou il perd
à leur conduite bonne ou mauvaise.
Si cette suite continuelle d'opérations et
de réactions, est le sujet de nos
observations journalières, si l'on ne peut
en douter, et s'il ne s'élève
point de réclamations à ce sujet,
pourquoi trouverait-on tant de répugnance
à admettre ce que l'écriture affirme
relativement à la manière dont le
péché et sa punition ont
été introduits dans le
monde ?
Il nous arrive souvent d'être
enveloppés dans la plus grande
détresse par la conduite des autres ;
qu'y a-t-il donc de surprenant à ce que le
même résultat se soit ensuivi de la
chute de notre premier père ? à
ce qu'Adam ayant perdu par sa rébellion la
vie spirituelle qu'il avait possédée
d'abord, et étant devenu l'esclave du
Diable, sa postérité naisse à
son image et entre dans le monde placée dans
la même condition ?
Mais nous surtout qui péchons
volontairement à la ressemblance de la
transgression d'Adam, comment pourrions-nous nous
plaindre d'être enveloppés dans les
conséquences de la même punition. Le
fait que tous les hommes sans exception sont
pécheurs, « qu'ils se sont
égarés dès la matrice, qu'ils
ont erré dès le ventre de leur
mère en parlant faussement »
(Ps. LVIII. 4) est
attesté par l'histoire du monde dans tous
les pays et chez toutes les nations.
La sombre peinture du caractère des peuples
les plus civilisés d'entre des païens,
au temps où la philosophie et la science
étaient parvenues chez eux au plus haut
point, est retracée dans le premier chapitre
de cette épître, et pleinement
confirmée par les récits de leurs
historiens et les descriptions de leurs
poètes. Après la venue du Messie, la
plus violente opposition à la lumière
de l'évangile se manifesta de toutes
pars ; le libre exercice de toutes les autres
religions avait été permis, mais
lorsque la religion chrétienne parut, la
plus horrible persécution fut dirigée
contre ceux qui la professaient, et après
que l'idolâtrie eut été vaincue
dans ce combat, que ses rites
absurdes furent
exposés au jour et renversés par la
vérité et l'évidence de
l'évangile, lorsque à cause du nombre
des prosélytes à la vraie religion,
le monde prit le nom de chrétien, et
professa la religion chrétienne, la gloire
de celle-ci fut bientôt après
éclipsée par les corruptions les plus
grossières, qui la formèrent sur le
modèle du monde et l'adaptèrent
à ses goûts.
L'inclination que la nation d'Israël avait
pour l'idolâtrie, ses murmures et ses
rébellions contre Dieu, offrent un exemple
frappant de la dépravation humaine, qui se
déployait au milieu des plus grandes
obligations et de la jouissance des
privilèges les plus insignes. Mais c'est
surtout le traitement qu'elle fit éprouver
aux Prophètes que Dieu leur envoyait, et
plus qu'à tous les autres, au Messie
lui-même,c'est ce traitement qui
complète cette histoire affligeante de sa
perversité.
Un philosophe païen, dans l'ignorance
où il était de la nature humaine,
avait dit que si la vertu descendait sur la terre,
tous les hommes se prosterneraient devant elle et
l'adoreraient. Cette supposition de la descente de
la vertu sur la terre était
réalisée, mais combien fut
différent l'accueil qu'on lui fit.
« Les nations se mutinent, les Rois de la
terre se trouvent en personne et les princes
(d'Israël) consultent ensemble contre
l'Éternel et contre son oint.
(Ps. II. 1.2) Les princes de ce
siècle, ont crucifié le Seigneur de
gloire, »
(I. Cor. II. 8) et
généralement les progrès de
son royaume ont été toujours et
partout, combattus d'une manière ou de
l'autre jusqu'à ce jour.
Mais ce n'est pas seulement sur les hommes qui
suivent le monde, qui sont sous le pouvoir de
Satan, qui combattent l'évangile, que nous
voyons la corruption innée du coeur humain
exercer ses ravages. On la découvre aussi
dans les fidèles de Dieu, par les actes de
leur coeur pervers, la faiblesse de leur foi et le
défaut d'une conformité
entière à la loi de Dieu. Dans les
narrations de l'ancien et du nouveau testament,
pleines de fidélité et
d'impartialité, nous rencontrons partout des
preuves frappantes, que le coeur de l'homme est
trompeur et désespérément
malin par-dessus toutes choses,
(Jér. XVII. 19) nous en voyons
beaucoup d'exemples parmi ceux qui avaient obtenu
un bon témoignage par la foi, et nous
observons des chutes dans quelques-uns de ceux qui
étaient les plus éminents, et sous le
rapport particulier qui les distinguait le
plus.
Abraham manque de foi,
(Gen. XII. 13.
XX. 2)
(1)
Job de patience,
(Job. III. 3)
(2) Moïse de
douceur,
(Nomb. XX. 10)
(3)
Élisée de force,
(I. Rois XIX. 4)
(4) Jean de
modération,
(Luc IX. 54) Pierre de courage.
(Matt. XXVI. 56.
74)
Différents vices d'une nature très
grave, sont dénoncés et repris dans
les épîtres aux églises
quoiqu'elles fussent composées de Saints.
Ils ne marchaient pas à la
vérité, selon la chair, semblables
aux hommes du monde, mais la loi était
encore en eux faible dans la chair. Barnabas et
Paul se séparèrent l'un de l'autre
avec aigreur.
(Act. XV. 39) Le dernier, dont la
conduite, depuis qu'il était devenu
chrétien, était en
général si exempte de blâme,
s'afflige amèrement sur ce que sa
dépravation intérieure opère
en lui, sur les inclinations corrompues du vieil
homme qui l'empêchent de faire les choses
qu'il veut, et le forcent à s'écrier
avec douleur : « O misérable
que je suis ! qui me délivrera du corps
de cette mort ! »
Tous les chrétiens font sur eux-mêmes
de semblables expériences. Chacun d'eux
connaît jusqu'à un certain point, la
plaie de son coeur.
(I. Rois VIII. 38) En un mot, la
corruption de la nature humaine paraît dans
tous les sens, et malgré tous les obstacles.
Elle ne se montre pas seulement dans les histoires
générales des temps anciens et
modernes, des peuples sauvages et
civilisés ; dans leurs discutions,
leurs guerres, et les actes de violence dont ils
remplissent la terre ; mais
encore dans les disputes et les querelles
privées, dans les méchancetés
diverses que l'on rencontre dans les familles et
dans les individus. On en trouve des signes dans
tous les enfants sans exception, aussitôt
qu'ils ont la plus légère
étincelle de raison. Elle s'offre à
l'observation de tous les hommes, dans tous ce
qu'ils voient autour d'eux, et surtout dans ce
qu'ils peuvent connaître
d'eux-mêmes.
Le plan entier de la rédemption est
établi sur ce fait, que le monde est en
rébellion contre Dieu, et que Satan y a
usurpé l'autorité. Toutes les parties
de l'histoire scripturaire confirment cette
vérité. Dans la première
révélation de miséricorde,
Dieu promit un libérateur qui devait briser
la tête du serpent et détruire ses
oeuvres. Les préparatifs de l'arrivée
du vainqueur de Satan, forment le sujet des
écritures de l'ancien Testament, celles du
nouveau montrent l'accomplissement de la
première promesse, dans l'incarnation, la
vie, la mort, la résurrection et l'ascension
de celui qui est le Prince du salut.
Dans la suite de l'exécution de ce dessein,
nous voyons d'un côté, la continuelle
souveraineté de Dieu, la pureté de
son caractère divin en opposition au
péché, la sagesse et l'étendue
des moyens employés pour l'accomplissement
de ce plan ; de l'autre, notre attention est
dirigée sur la tendance confiante de l'homme
vers le mal, sur son opposition à ce qui est
bien.
Après que le péché fut
entré dans le monde, « la terre
fut corrompue, devant Dieu et remplie d'extorsion.
Dieu donc regarda la terre et voici elle
était corrompue, car toute chair avait
corrompu sa voie sur la terre.... et
l'Éternel vit que la malice des hommes
était très-grande sur la terre et que
toute l'imagination des pensées de leur
coeur n'était que mal en tout temps.
(Gen. VI. 11. 12) »
Rien ne peut nous enseigner d'une manière
plus frappante la dépravation actuelle et
inhérente à l'homme, que l'ensemble
de l'économie Mosaïque, dans laquelle
la souillure légale était le signe de
l'impureté morale. Lorsque un enfant
était né, la mère était
regardée comme impure, et elle avait besoin
d'une expiation, (5)
L'attouchement d'un corps mort
occasionnait aussi une
souillure, et divers sacrifices étaient
ordonnés pour effacer toute espèce
d'impureté légale que l'on aurait pu
contracter involontairement.
Les sacrifices ne pouvaient être offerts par
le peuple, qu'au moyen des prêtres
consacrés et établis pour ce dessein,
Il y avait aussi des expiations établies
pour ces prêtres eux-mêmes, pour le
tabernacle, pour l'autel et pour les instruments
des sacrifices, avant que les premiers pussent
s'approcher de Dieu, et que les derniers pussent
être employés à son
service.
Chaque année, il y avait un jour
consacré à l'expiation
générale, et c'était le seul
où l'on pût pénétrer
dans le sanctuaire intérieur. Ce jour
là, le grand prêtre, le premier
d'Israël, s'approchait de Dieu avec le sang
des animaux sacrifiés, afin de faire
l'expiation pour lui-même et pour les
péchés du peuple, car
« sans effusion de sang il ne se fait
point de rémission. »
(Héb. IX. 22) C'est ainsi que
l'étroite liaison du péché
à l'âme de l'homme et la punition
qu'il méritait, étaient placés
constamment sous les yeux des Israélites,
depuis leur naissance jusqu'à leur mort,
dans toutes les actions de leur vie, et surtout
lorsqu'ils s'approchaient solennellement de
Dieu.
Sous la nouvelle alliance, depuis que la foi
(l'objet de la foi) est venue,
(Gal. III. 23) depuis que ces
emblèmes extérieurs sont abolis,
depuis que les choses spirituelles ont
été publiées sans
l'intervention d'images sensibles, il a
été établi cependant deux
institutions pour être observées, et
toutes les deux rappellent fortement au croyant, sa
coulpe et sa mort.
Le Baptême représente sa mort par le
péché, le nettoiement de
l'impureté par la
régénération et le
renouvellement par le Saint-Esprit ; en un
mot, sa renaissance avant qu'il puisse entrer dans
le royaume des cieux.
L'autre, la Cène, rappelle l'horreur de Dieu
pour le péché, sa punition
jusqu'à la mort de son Fils par lequel seul
la réconciliation a pu être faite.
Cette institution nous rappelle encore que ce n'est
qu'en mangeant la chair et en buvant le sang du
Fils de l'homme que l'on peut avoir part à
sa mort et obtenir la vie en lui.
Dans la déclaration que celui qui n'aura
point cru l'évangile sera condamné,
(Marc XVI. 16) l'état
pécheur, ruiné, de la nature humaine,
est clairement publié, et en rappelant
à ceux que Dieu a
vivifiés, qu'ils étaient morts dans
leurs fautes et dans leurs péchés, et
qu'ils sont « par nature enfants de
colère comme, les autres, »
(Ephés. II. 1-5) on leur
inculque cette grande vérité,
« que celui qui ne croit point est
déjà condamné, car il n'a
point cru, au nom du Fils unique de
Dieu. »
(Jean III. 18)
Ce mal moral, qui comme on le voit, prévaut
universellement dans ce monde, on a tenté de
l'attribuer à la force de l'exemple ;
mais c'était prendre l'effet pour la cause.
On a cherché aussi à l'imputer
à l'influence du corps sur l'âme, en
disant que les hommes naissent purs, mais
que les passions l'emportant sur leur raison, ils
sont séduits par elles ; comme si les
passions ou les vives émotions d'une
âme pure ne devaient pas être pures
aussi, et d'ailleurs comme les hommes naissent avec
leur constitution, et avec des passions ou des
inclinations qui uniformément engendrent le
mal, la difficulté n'est pas résolue
et reste la même qu'auparavant.
Mais si, par le péché, la mort est
entrée dans le monde,
(Rom. V. 12) si, comme l'indique
l'écriture, « les gages du
péché c'est la mort, »
(Rom. VI. 23) si la mort est un
ennemi,
(1. Cor. XV. 26) comment
d'après leurs principes, ceux qui combattent
la doctrine d'une corruption inhérente
à l'homme et qui dérive de sa nature,
pourront-ils rendre raison de la mort des
enfants ? Car s'il parait contraire à
la raison que les enfants souffrent pour le
péché de leurs pères, si les
enfants naissent purs, comment expliquera-t-on que
les maladies, les peines et la mort, leur soient
infligées ? qu'ils soient
particulièrement assujettis à la
souffrance, et qu'une grande partie du genre
humain, meure avant l'âge de dix
ans ?
Si l'on réplique que cela est dû
à des causes naturelles, nous demanderons
à notre tour, qui est-ce qui a
ordonné ces causes ?
Il y a de l'athéisme à supposer qu'il
y a quelque chose que l'on appelle nature et qui
est indépendant de Dieu, ou même qui
lui serait supérieur. Que sont donc les lois
de la nature, si elles ne sont pas les lois de
Dieu ?
Nous, en opposition à ces vains
raisonnements contraires à la parole de
Dieu, nous concluons avec certitude que puisque la
mort, qui est la punition du
péché, règne sur les
enfants et sur les idiots, puisqu'ils meurent aussi
bien que les autres, quoiqu'ils n'aient point de
péché actuel, alors ils meurent pour
le seul péché d'Adam.
(6)
Malgré ce qui est dit si positivement :
tous meurent en Adam,
(1 Cor. XV. 22) et malgré les
déclarations répétées
dans le chapitre qui nous occupe, que par l'offense
d'un seul tous les hommes ont encouru le
péché et la mort, on allègue
souvent comme une objection à cette
doctrine, que le mot imputé, n'est
employé nulle part dans l'écriture,
relativement au péché d'Adam, et que
par conséquent cette imputation ou cette
allouance à sa postérité,
n'existe point. Mais on pourrait aussi bien dire
que, parce que ce mot n'est appliqué nulle
part dans les saintes écritures, à
beaucoup de maux moraux tels que
l'incrédulité, l'idolâtrie,
l'orgueil, le vol, le parjure, etc., c'est une
raison pour que ces péchés ne soient
point imputés à ceux qui les ont
commis.
D'autres faisant une distinction vaine entre
tache et coulpe, supposent que Dieu
n'impute point à la postérité
d'Adam, toute la coulpe de son
péché, mais seulement une petite
partie ; « ils supposent
relativement aux enfants, que quoique le
péché leur soit vraiment
imputé, de sorte qu'ils soient
exposés à une punition réelle,
cependant il ne leur est pas imputé au
même degré, et qu'ainsi ils ne
sont point comme Adam lui-même,
exposés à une punition
éternelle, mais seulement à la mort
temporelle ou l'anéantissement, Adam
lui-même, l'auteur immédiat du
péché, ayant été
infiniment plus coupable que ne peut l'être
sa postérité. Nous observons
là-dessus, que supposer que Dieu n'impute
pas tout le péché d'Adam, mais
seulement une partie, ne lève aucune des
difficultés et ne soulage que notre
imagination.
Penser que ces pauvres enfants souffrent pour le
péché d'Adam, des tourments aussi
vifs que ceux qu'ils endurent quelquefois dans le
monde, et que ces tourments finissent par la mort
et l'anéantissement, peut être plus
facile à concevoir pour l'imagination,
qu'une éternelle misère ; mais
cela n'est point un moyen de lever les
difficultés qui embarrassent la raison.
Il n'y a point de raison ni de règle qui
puissent être supposés exister contre
l'imputation entière d'un
péché commis par une personne
à une autre qui ne l'a pas commis
personnellement, qui ne soit aussi bonne pour
combattre l'imputation et la punition partielles.
Car toutes les raisons, s'il y en a, portent
contre l'imputation en elle-même et non pas
contré le degré de cette
imputation.
S'il y a quelque règle, s'il y a quelque
bonne et forte raison, qui milite contre la
communication de la coulpe de celui qui a agi,
à celui qui n'a point agi, cette raison sera
également bonne pour tous les cas de la
même nature. S'il y a quelque force dans les
arguments que l'on allègue contre
l'imputation du péché d'Adam à
sa postérité, c'est qu'Adam et sa
postérité, ne sont pas un même
être. Mais c'est aussi concluant contre
l'imputation d'une partie de la coulpe que contre
l'imputation entière. Car la
postérité d'Adam, n'étant
point un avec lui, n'a pas plus de part
à une petite partie de ce qu'il a fait,
qu'elle n'en a à la totalité. Elle
doit être absolument dégagée de
tout intérêt dans ses actes, soit que
cet intérêt fût particulier ou
général ; et il n'y a point une
raison qui puisse être alléguée
pour soutenir que le péché d'un homme
ne peut être justement imputé dans sa
totalité, au compte d'un autre qui
n'était pas encore, qui ne puisse aussi bien
être objectée contre l'imputation en
partie, de manière que celui à qui le
péché serait imputé, fût
sujet à quelque condamnation ou à
quelque peine à raison de cette
imputation.
Si ces raisons sont bonnes, toute la
différence qu'il peut y avoir est
celle-ci : infliger aux enfants une grande
punition pour le péché d'Adam, est
une grande injustice, et leur infliger une punition
comparativement petite, est une plus petite
injustice ; mais il ne sera ni vrai, ni
aisé à démontrer, que l'un ne
soit pas un acte injuste comme
l'autre. »
« Éclaircissons ce cas par un
exemple : pour prouver que je ne puis pas
exiger d'un de mes voisins, ce qu'un autre me doit,
on me dit qu'il est autre que mon
débiteur, et que leurs affaires, leurs
intérêts, leurs biens sont distincts.
Or si cette raison est bonne, elle le sera autant
si je lui demande une partie de la dette que si
''en demande la totalité. À la
vérité, c'est pour
moi un plus grand acte d'injustice de prendre tout
que de ne prendre qu'une partie, mais l'un est
aussi véritablement et aussi certainement
injuste que l'autre. »
(7)
Cette vérité de l'imputation de la
coulpe ou de la collocation sur le compte d'un
individu des fautes commises par un autre qui est
lié avec lui, cette vérité est
manifestée partout dans l'ancien Testament
tant relativement aux nations, qu'aux simples
individus.
Au renouvellement du monde on en voit un exemple
remarquable dans le fait relatif à Chanaan,
d'après la malédiction de Noé,
qu'il encourut à cause du
péché de son père,
malédiction dont, jusqu'à nos jours,
sa postérité n'a point
été relevée.
(Gen. IX. 25) Cette
vérité fut encore reconnue
solennellement dans la promulgation publique de la
loi, dans laquelle, au second commandement, Dieu
déclara aux Israélites,
« qu'il punirait les iniquités des
pères sur les enfants, jusqu'à la
troisième et à la quatrième
génération de ceux qui le
haïssent. »
(Exod. XX. 5)
Dans la proclamation même de son nom glorieux
de Jéhovah, cette imputation est
expressément affirmée, lorsqu'il dit,
« qu'il punit l'iniquité des
pères sur les enfants, et sur les enfants
des enfants jusqu'à la troisième et
quatrième
génération. »
(Exod. XXXIV. 7) Moïse fondant
son plaidoyer en faveur d'Israël sur le
caractère de Dieu comme juste, bon, sauveur,
répète encore ces paroles,
« punissant l'iniquité des
pères sur les enfants jusqu'à la
troisième et à la quatrième
génération. »
(Nomb. XIV. 18)
À cause des murmures du peuple lors du
retour des espions, il fut ordonné par Dieu
à Moïse et à Aaron de leur
dire ; « vos enfants seront paissant
dans ce désert pendant quarante ans, et ils
porteront la peine de vos paillardises,
jusqu'à ce que vos charognes soient
consumées au désert. »
(Nomb. XIV. 33) Dieu déclare
en parlant de l'homme qui fait le mal,
« je mettrai ma face contre cet
homme-là et contre sa famille. »
(Lév. XX. 5)
Annonçant des menaces à Israël,
il dit, « ceux qui demeureront de reste
d'entre vous, se fondront à cause de leurs
iniquités, au pays de vos ennemis, et ils se
fondront aussi à cause des iniquités
de leurs pères avec eux. »
(Lév. XXVI. 39) Voyez aussi
dans
le Ps. CIX. 10, la menace faite par le
Saint-Esprit, de la punition des enfants
« du méchant »
« Tu fais miséricorde jusqu'en
mille générations, » dit le
prophète Jérémie,
« et tu rends l'iniquité des
pères dans leurs enfants après
eux. »
(Jér. XXXII. 18) Le même
prophète dit dans ses Lamentations,
« nos pères ont
péché, et ils ne sont plus et
nous avons porté leurs
iniquités. »
(Lam. V. 7) Cela a
été vérifié par
l'exemple des Ammonites et des Moabites auxquels il
n'était pas permis d'entrer dans la
congrégation d'Israël, jusqu'à
la dixième génération, parce
qu'ils ne voulurent point secourir les
Israélites à leur sortie
d'Égypte, et qu'ils louèrent à
prix d'argent Balaam, pour les maudire.
(Deut. XXIII. 3-6) Parce qu'Hamalec
les attaqua dans leur route, Dieu déclara
qu'on lui ferait la guerre de
génération en
génération, et ordonna à
Israël d'effacer son souvenir de dessous les
cieux.
(Exod. XVII. 14. 16.
Deut. XXV. 17. 19)
Telle devait être la punition des descendants
de ceux qui s'étaient signalés
eux-mêmes par leur audacieuse
rébellion contre Jéhovah, en n'aidant
point ou en s'opposant à la nation qu'il
conduisait dans l'héritage qu'il lui avait
destiné.
La même chose se vérifie encore par
l'exemple de l'Égypte, de qui (comme cela
s'accomplit encore aujourd'hui) il avait
été prédit qu'elle serait
« le plus bas des royaumes, et qu'elle ne
s'élèverait plus au-dessus des
nations, »
(Ezech. XXIX. 15) et aussi par celui
des enfants d'Esaü, « contre
lesquels l'Éternel est indigné
à toujours. »
(Mal. I. 4)
Job en retraçant le caractère du
pécheur dit, « Dieu
réservera aux enfants du méchant la
punition de ses violences, il la leur rendra et il
le saura. »
(Job. XXI. 19)
Ce qui fut accompli d'une manière
remarquable dans la famille de Saül. Trois ans
de famine ayant suivi la mort de ce prince à
cause de sa conduite envers les Gabaonites, ses
enfants furent mis à mort, et cette punition
fut approuvée par Dieu, puisqu'il est dit
qu'après cela, Dieu fut apaisé envers
le pays.
(II. Sam. XXI. 1-14) « Tout
le sang, juste qui a été
répandu sur la terre depuis le sang d'Abel,
le juste, jusqu'au sang de Zacharie, »
(Matt. XXIII. 35. 36) retomba sur la
génération des juifs qui
crucifièrent Jésus, et
l'imprécation qu'ils firent sur
eux-mêmes à sa mort, que son sang
soit sur nous et sur nos enfants,
(Matt. XXVII. 25) se vérifie
complètement sur leurs descendants
jusqu'à ce jour.
Les écritures parlent du péché
et de la dépravation, comme appartenant
à l'homme dans son état de chute,
comme une qualité qui lui serait naturelle.
Ainsi il est dit : « que le coeur
des hommes est plein de maux et que des folies
occupent leurs coeurs pendant la vie. »
(Eccl. IX. 3) Cela s'applique
évidemment à l'espèce humaine
toute entière dans son état
naturel ; de même les écritures
désignent souvent les actions et les choses
comme méchantes et criminelles simplement en
disant quelles sont comme de l'homme, semblables
à l'homme ou simplement des
hommes.
La parole de Dieu distingue souvent aussi ce qui
est mal ou criminel, en
l'appelant propre à l'homme, comme
étant proprement ce qui lui appartient.
C'est ainsi qu'il est dit que les hommes
abandonnent leur coeur aux convoitises pour marcher
dans leurs propres voies ; dans leurs propres
conseils ; d'après l'imagination de
leurs propres coeurs ; à la
lumière de leurs yeux ; suivant leurs
propres inventions.
(Ps. LXXXI. 13.
Act. XIV. 16.
Eccl. XII. 1.
Jer. IX. 14.
XVIII. 12) C'est de
l'humanité en général qu'il
est dit « nous nous sommes
détournés en suivant chacun son
propre chemin. »
(Esa. LIII. 6) Ces inventions
criminelles, ces conseils, ces convoitises, sont
dits nous appartenir, parce qu'ils nous sont
naturels comme à des créatures
dépravées, et qu'ils dérivent
de notre corruption innée.
Les écritures représentent
l'humanité, dans son état naturel,
comme étant universellement
dépravée, et cela sans aucune
exception, non pas même d'un seul homme.
« L'Éternel a regardé des
cieux sur les fils des hommes pour voir s'il y en a
quelqu'un qui soit intelligent et qui cherche Dieu.
Ils se sont tous égarés, ils
se sont tous ensemble rendus odieux, il n'y
en a aucun qui fasse le bien, non, pas
même un seul. »
(Ps. XIV. 2.3)
L'Apôtre, comme nous l'avons vu plus haut,
cite ce passage pour prouver que Juifs et Gentils,
tous sont sous le péché et que tout
le monde est coupable devant Dieu,
(Rom. III. 9-12) et son argument
repose entièrement sur l'universalité
de la corruption humaine, car s'il y avait quelques
exceptions, il ne pourrait tirer cette conclusion,
« c'est pourquoi, par les oeuvres de la
loi nulle chair ne sera justifiée devant
Dieu. » Il est vrai qu'aux yeux des
hommes et relativement à la
société humaine, il y a des personnes
dont le caractère est de beaucoup
préférable à celui de quelques
autres, et on peut supposer que quelques-unes sont
plus odieuses que d'autres aux yeux de Dieu, mais
les meilleurs ainsi que les pires des hommes ont
« tous péché et sont
entièrement privés de la gloire de
Dieu. » De sorte que relativement
à la justification aux yeux de Dieu, il n'y
a point de différence entre eux. Or
ce qui est universellement et sans exception le cas
de tous les hommes, doit avoir son fondement dans
la nature de l'homme, et puisque tous les individus
de l'espèce humaine, sans exception, sont
déclarés être pécheurs,
il est évident qu'ils ont tous une nature
corrompue, que le péché est
profondément enraciné en eux, et
qu'ils y ont une forte tendance.
« Combien l'homme qui boit
l'iniquité comme l'eau n'est-il pas
abominable et impur.
» (Job. XV. 16. Voyez aussi
I. Rois. VIII. 46.
Prov. XX. 9.
Eccl. VII. 20.
IX. 3.
Esa. I.
6. XLVIII. 8.
LXIV. 6.
Ezéch. XVI. 4-5.
etc.)
La parole de Dieu représente la corruption
de la nature humaine comme totale, et
étendue à l'homme tout entier.
L'âme est dépravée dans toutes
ses facultés, l'entendement est
aveuglé relativement aux choses de Dieu. La
volonté est obstinée et perverse, et
les affections sont toutes charnelles et
terrestres.
D'après cela le coeur de l'homme est
représenté comme aveugle, endurci,
trompeur par-dessus toutes choses et
désespérément malin.
(Eph. IV. 18. Ezéch. III. 7.
Jér. XVII 9) Toute l'imagination de leurs
coeurs, n'est que mal en tout temps,
(Gen. VI. 5) et le Seigneur en parle
comme étant le siège de toutes les
dispositions criminelles, et la source de toutes
les mauvaises actions.
(Marc. VII. 21. 22) Relativement au
corps, l'Apôtre parle de chacun de ses
membres, comme étant un instrument de crime.
(Rom. III. 13. 15.
VI. 19) De sorte que l'homme est
naturellement corrompu par-dessus tout, dans toutes
ses parties, à un très-haut
degré, et que quoique quelques-uns arrivent
à un plus haut point de dépravation
que les autres, tous en ont naturellement les
racines dans leurs coeurs.
Cette dépravation venant d'Adam tombé
qui est la souche naturelle du genre humain, doit
donc être inhérente à notre
nature, et en dériver dès notre
naissance ; telle est la manière dont
David envisage cette matière, lorsque
confessant son péché, il dit,
« voilà, j'ai été
formé dans l'iniquité et ma
mère m'a échauffé dans le
péché,
(Ps. LI. 7) ce qui prouve clairement
qu'étant inspiré par l'esprit de
Dieu, il se voyait lui-même comme
étant une créature
dépravée par la naissance, ou
dès le sein de sa mère ; et
rappelons-nous qu'il le dit, non pour diminuer et
affaiblir son péché, mais comme en
étant le commencement, comme étant la
source de tout, et qu'il l'avoue comme aggravant
beaucoup sa faute.
Job, parlant de l'homme né de femme,
demande, « qui est-ce qui tirera le pur
de l'impur, personne ; »
(Job. XIV. 4) ce qui montre que
l'homme est moralement impur quand il entre dans le
monde, et que c'est l'état de tous ceux qui
sont nés de femme.
La même chose est clairement exprimée
dans ces paroles, « qu'est-ce que de
l'homme, qu'il soit pur et de celui qui est
né de femme qu'il soit
juste ? »
(Job. XV. 14) où l'on
voit que ces deux mots juste et pur
sont synonymes, ce qui prouve qu'il s'agit de
la pureté morale. La forme de ces
interrogations implique une forte négation
de la pureté et de la justice de l'homme.
« Qu'est-ce que de l'homme qu'il soit
pur, » et de peur que l'on ne
pensât que cela s'applique seulement aux
adultes, et que les enfants peuvent être
exceptés de la sentence qu'il prononce, il
ajoute. « et de celui
qui est né de femme qu'il soit
juste, » exprimant clairement par
là qu'il est impur par sa nature et
d'après son origine ; c'est
conformément à cela que le Seigneur
parlant à Nicodème de la
nécessité d'être né de
nouveau, lui en donne la raison :
« ce qui est né de la chair est
chair, et ce qui est né de l'esprit est
esprit »
(Jean III. 6) Être né de
la chair signifie certainement entrer dans le monde
par la génération naturelle, et quant
au mot chair, lorsqu'il est mis en
opposition avec l'esprit, comme il est ici,
il signifie toujours dans le nouveau Testament,
quelque chose qui est moralement corrompu et
pécheur, comme charnel, quand il est
opposé à spirituel,
Ainsi l'humanité est
représenté par la parole de Dieu
comme étant dépravée par sa
nature, et criminelle dès son enfance ou
depuis sa jeunesse.
Salomon observe que « la folie est
liée au coeur du jeune enfant. »
(Prov. XXII. 15) Le Psalmiste
déclare « que les méchants
se sont égarés dès la matrice,
ils ont erré dès le ventre de leur
mère.
(Ps. LVIII. 4) L'Éternel vit
que la malice des hommes était
très grande sur la terre, et que toute
l'imagination des pensées de leur coeur
n'était que mal en tout temps. »
(Gen. VI. 5)
Si quelqu'un croyait que cela ayant
été dit de la
génération qui disparut de la surface
de la terre par le déluge était
particulier à cette
génération, que l'on observe ce que
Dieu dit après le déluge, lorsqu'il
déclara que tant que la terre subsisterait,
il ne détruirait plus les hommes :
« l'Éternel dit, dans son coeur,
je ne maudirai plus la terre à l'occasion
des hommes, (8)
quoique l'imagination du coeur des hommes, soit
mauvaise dès leur jeunesse.
(Gen. VIII. 21)
En résultat nous avons vu que les
écritures nous enseignent la doctrine de
l'imputation des fautes des pères sur les
enfants, de la manière la plus
explicite ; elle déclare
également dans toutes ses parties,
l'imputation de la coulpe du premier Adam à
tous ceux qui sont unis avec lui par la
génération naturelle, aussi bien que
l'imputation de la justice du second Adam
à tous ceux qui sont
unis avec lui par la génération
spirituelle. L'une et l'autre sont publiées
dans la doctrine des saints livres qui nous les
présentent partout dans la
déclaration de la nécessité de
la circoncision du coeur, de dépouiller le
vieil homme pour revêtir l'homme nouveau.
Mais dans le chapitre dont nous nous occupons, la
corruption originaire et dérivée de
l'homme, et ces conséquences, sont
montrées avec tant de précision et
répétées si souvent, que si
les hommes qui font profession de prendre la bible
pour leur règle, ne sont point convaincus de
ses vérités, et qu'en admettant
qu'ils sont personnellement pécheurs, ils
insistent sur ce qu'ils naissent purs, ils ne
seraient pas non plus persuadés, quand
quelqu'un des morts ressusciterait.
Si cependant des hommes qui prétendent
recevoir la bible comme étant la parole de
Dieu, niaient encore ce qui y est si
évidemment contenu, et blâmaient la
constitution qu'il a établie laissons-les
lui répondre ; il ne daigne pas faire
l'apologie de sa conduite, et avec notre vue
imparfaite et obscure, on pourrait nous trouver
trop officieux de le tenter. « Celui qui
juge toute la terre ne fera-t-il pas
justice ? » c'est la vraie
réponse à faire à toutes ces
objections. N'avouer la justice, la sagesse, la
bonté de la conduite de Dieu, que lorsque
nous pouvons les connaître, ne prouve ni foi
ni humilité, car on avouerait la même
chose d'un égal ou d'un ennemi ; et
ceux qui suivent ce principe doivent broncher sur
la pierre d'achoppement de l'imputation du
péché d'Adam à sa
postérité, quelques efforts qui
soient faits pour l'éloigner. Mais il nous
convient d'adorer les profondeurs que nous ne
pouvons mesurer, et que ce que nous croyons de
Dieu, ce soit ..... « la nuée, et
l'obscurité sont autour de lui, la justice
et le jugement sont la base de son
Trône. »
(Ps. XCVII. 2)
« Dieu a fait l'homme juste, mais ils
ont cherché beaucoup de
discours. »
(Eccl. VII. 29) Cela ne se rapporte
point à la naissance des hommes, mais
à la création de l'homme. Il fut
créé à l'image de Dieu.
« Dieu créa l'homme à son
image, il le créa à l'image de
Dieu ; il le créa mâle et
femelle.
(Gen. I. 26.) Adam était
obligé de rendre obéissance à
son créateur, de qui il avait reçu
l'existence et une abondance de
bénédictions ; mais il
transgressa sa loi, il tomba et il engendra ensuite
un fils à sa ressemblance, selon son
image.
(Gen. V. 3) Quoique ce fait soit
vrai, un homme pourrait-il, d'après ce
fondement, se justifier lui-même et se
défendre par ce moyen du jugement
prononcé contre le
péché ? Si
nous n'étions que de la matière ou
des machines, nous pourrions attribuer tout le mal
des péchés que nous commettons
à notre premier père ; mais il
n'en est pas ainsi. Nous sentons que tout ce que
nous faisons, qui a une culpabilité morale,
nous le faisons volontairement.
Tous les hommes dès le premier moment
où ils distinguent le bien du mal,
pèchent volontairement, et ainsi se rendent
propres la coulpe et la punition du
péché d'Adam. Ils y ont
consenti ; ils l'ont
réitéré ; tous ont
désobéi à la loi, en
opposition à leur propre conscience, et
s'ils périssent, ils périssent dans
leur propre péché. C'est pour cela
que la rédemption, à laquelle Dieu a
pourvu dans sa miséricorde, n'est pas
seulement pour racheter les hommes du seul
péché par lequel la mort était
entrée dans le monde, mais d'une multitude
d'offenses individuelles.
La condamnation vient d'une seule faute ;
mais le don de la. justification s'étend
à plusieurs péchés. Depuis
que Dieu a pourvu à un si glorieux
remède, et que là où le
péché a abondé, la grâce
abonde encore par-dessus, rien n'est plus propre
à mettre au plus grand jour la
rébellion de l'homme et son amour pour le
péché, que de l'entendre d'un
côté nier sa corruption innée,
de l'autre rejeter un aussi grand salut.
Bienheureux sont au contraire ceux qui ne
contestent pas avec leur Créateur, qui ne
lui disent pas pourquoi m'as tu fait
ainsi ?
(Rom. IX. 20) mais qui adorant sa
bonté et sa miséricorde de ce qu'il
ne les a pas abandonnés à la punition
de leurs péchés, telle que leur
conscience leur atteste qu'ils la méritent,
reçoivent avec joie le témoignage de
sa propre parole, que comme par la
désobéissance d'un seul,
plusieurs ont été
constitués pécheurs, ainsi par
l'obéissance, d'un seul, plusieurs
seront constitués justes.
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