Nous nous sommes d'abord tournés vers le
Fils, et nous avons entendu le témoignage
qu'il rend à l'Écriture. Maintenant
nous nous tournons vers le Saint-Esprit, et nous
demandons quel témoignage Celui qui est Dieu
avec le Père et le Fils a rendu à
cette Parole qui nous est conservée dans les
oracles de Dieu.
Je sais, mes frères, que ce sujet est
difficile ; je sais même que quelques
protestants n'aiment pas à en entendre
parler ; mais je n'hésite pas à
dire que ce point a, à mes yeux, une grande
importance dans l'Eglise évangélique,
surtout pour la foi des petits. D'ailleurs, s'il
faut maintenir les droits de l'Écriture, il faut aussi
maintenir
les droits de l'Esprit. On ne doit sacrifier ni
l'un ni l'autre. Ceux qui attaquent le règne
des Écritures ruinent par là
même le règne de l'Esprit. Nous
voulons que l'on désire et surtout que l'on
possède le Paraclet qui formait le principe
puissant de la communauté apostolique. Nous
voulons qu'encore à cette heure. l'Esprit saint nous donne la
lumière,
la foi, la prière, la vie. Si, d'un
côté, nous repoussons la tentative
audacieuse de ceux qui, en disant : Esprit,
Esprit ! rejettent l'autorité
des Écritures de Dieu, de l'autre nous
combattons la desséchante doctrine de ceux
qui, tout en respectant l'inspiration des
apôtres, ne savent pas que nul ne peut
dire que Jésus est Seigneur, si ce n'est par
le Saint-Esprit (I
Cor., XII, 3)
Pour connaître le témoignage
qui fut rendu à la Parole de Dieu par le
Saint-Esprit dans les premiers temps du
christianisme, je vous demanderai de m'accompagner
dans quelques villes de l'Orient.
Venez donc, entrez avec moi dans cette ville
de Philippes de Macédoine, près de
laquelle eut lieu la bataille qui laissa dans Rome
le parti républicain sans défenseur.
Un homme chrétien, Paul de Tarse y adresse
près d'une rivière, à des
femmes assemblées, ces enseignements divins
qu'il donnait alors de bouche et que nous avons
maintenant dans ses écrits. Que fait le
Saint-Esprit qui est aussi là ? Le
Saint-Esprit rend témoignage dans l'esprit
d'une marchande de pourpre aux paroles que Paul
prononce. Il lui ouvre le coeur ;
dès lors, cette femme croit que cette parole
est une parole de Dieu, et elle est
sauvée.
Allons Plus loin : entrons dans cette
ville de Thessalonique, en Mygdonie, à
laquelle la soeur d'Alexandre donna son nom.
Voilà ce même Paul qui
parle. Et que
fait le Saint-Esprit dans ceux qui
l'écoutent ? Le Saint-Esprit
(I
Thes., II, 12-13) leur rend
témoignage que la parole qu'ils entendent
est, non la parole des hommes, mais
véritablement la Parole de Dieu ;
il la fait agir en eux avec efficace ; et ces
hommes croyant que, quand Paul parle, Dieu parle,
ils sont sauvés.
Poursuivons notre course dans le
Levant : allons jusqu'à cette ville de
Corinthe, célèbre par son commerce,
ses richesses, son luxe, ses Prytanes :
voilà encore ce même Paul qui
prêche. Et que fait le Saint-Esprit qui est
aussi là ? Le Saint-Esprit
(l
Cor., II, 4, 5) fait que sa
prédication ne consiste pas en paroles
persuasives d'une sagesse humaine, mais en démonstration d'esprit
et de puissance,
en sorte que leur foi procède, non de la
sagesse des hommes, mais de la puissance de
Dieu.
O vous ! qui avez été
enfantés par la Parole de
vérité
(Jacq.,
I, 18), il vous est facile de
comprendre le témoignage que le Saint-Esprit
rendait, au commencement, à cette Parole que
nous a conservée l'Écriture, puisque
ce même Esprit (si vous croyez) rend
maintenant ce même témoignage dans vos
coeurs.
Oui, mes frères, de même que le
don de la sainte Écriture est un don de
cette grâce de Dieu qui a pour but de sauver nos âmes, la foi
à la
sainte Écriture est une
partie de la foi qui nous sauve. Ce ne sont pas des
arguments qui peuvent nous tirer de l'état
d'insensibilité spirituelle où
l'homme naturel se trouve. Il faut que Dieu nous
donne un nouveau coeur, un nouvel esprit. Cette même
Parole qui dit au
commencement, pour l'univers, que la
lumière soit, et la lumière fut,
se fait entendre à notre âme :
elle crée en nous une lumière
nouvelle, et nous sommes contraints à
reconnaître la divinité,
l'autorité de cette Parole créatrice.
Tant que ce nouvel Esprit ne nous a pas
été donné, l'Évangile,
qui est pour le croyant la sagesse de Dieu, est
pour nous une folie.
La conversion est la grande preuve de la
divine autorité des Écritures. Nul ne
peut reconnaître l'Esprit de Dieu dans les
Écritures, si ce n'est celui auquel Dieu ouvre pour cela
l'esprit. Toutes les fois
qu'il s'agit de discerner un objet, il faut un oeil
pour le voir. Or, c'est Dieu qui donne cet oeil, et
Il nous le donne par l'Écriture
même. C'est l'Écriture qui
opère ce miracle de la
régénération. Le Saint-Esprit,
comprenez-le bien, mes chers auditeurs, ne se
communique pas immédiatement à
vous : c'est là la pensée des
mystiques et des illuminés, mais ce n'est
pas celle du Seigneur. Cet Esprit ne se communique
au coeur de l'homme qu'avec et par la Parole de
Dieu, parce que, dans cette Parole, dans cette
Écriture, se trouve,
comme dit saint Pierre, une
semence incorruptible qui vit et demeure à
toujours
(I
Pierre, I, 23).
Quoi ! mes frères, je reconnais
Dieu dans la Parole qui a fait l'univers, que
dis-je ? dans celle qui a créé
un brin d'herbe ; je sais qu'aucune parole
d'homme n'eût pu le faire, et je ne
reconnaîtrai pas Dieu dans cette parole qui
m'a créé de nouveau, qui m'a
donné la paix de mon âme ?
« Comme la pluie et la neige
descendent des cieux, dit Esaïe, et n'y
retournent plus, mais qu'elles arrosent la terre,
la font produire et la font germer tellement
qu'elle donne la semence au semeur et le pain
à celui qui mange, il en sera de même
de ma Parole, qui sera sortie de ma
bouche, dit l'Éternel ; elle ne
retournera point à moi sans effet, mais elle
aura son effet dans les choses pour
lesquelles je l'aurai envoyée ; car
vous sortirez avec allégresse et vous serez
conduits en paix »
(Esaïe,
LV, 10-12).
Ainsi, comme les productions de la terre
sont un témoignage rendu à la pluie
venue du ciel, la paix et la joie du
chrétien sont un témoignage rendu
à la Parole venue de Dieu. Il y a
plus : « La semence, dit le
Seigneur, c'est la Parole de Dieu »
(Luc,
VIII, 4-15). La semence et la
Parole ont également en elles une certaine
puissance qui se manifeste dans les champs ou dans
les coeurs par les fruits qu'elle
produit, et ces fruits sont tels qu'il faut y
reconnaître l'oeuvre même de Dieu.
O hommes inconvertis ! voulez-vous
avoir la foi véritable ? Venez à
l'école du Saint-Esprit ; ouvrez devant
vous, dans votre cabinet, les Écritures,
sans croire encore, si vous le voulez, qu'elles
sont la Parole de Dieu. Lisez, cherchez, sondez,
pesez attentivement dans votre coeur les paroles
qui s'y trouvent, ligne après ligne, mot
après mot. Attendez !... Quand, au
milieu de votre lecture, le Saint-Esprit, qui a
poussé les saints hommes de Dieu, fera tout
à coup resplendir sa lumière dans
votre coeur, comme parle Paul
(2
Cor., IV, 6) ; quand ce
Saint-Esprit rendra témoignage au dedans de
vous que Jésus est le Fils de Dieu, le
Sauveur ; quand ce Saint-Esprit vous
convaincra que Dieu vous donne la vie
éternelle, et que cette vie est en son
Fils, - oh ! alors, mon frère, il
naîtra en vous une foi toute autre et
beaucoup plus élevée que celle que
donnent les preuves humaines, une foi divine qui
vous rendra parfaitement certain que
l'Écriture qui vous annonce Christ est de
Dieu.
La foi qui nous apportera le salut
renfermera aussi la foi à cette
Écriture, dans laquelle ce salut nous est
présenté. Vous croirez à la
grâce de Christ, mais vous croirez aussi
à sa parole ; vous croirez à sa
compassion, mais vous croirez aussi à sa
vérité : Ta Parole
est parfaitement pure ;
je
me suis assuré en elle
(Ps.
CXIX). O admirable
mystère ! la Parole divine entre en
nous, oui, dans notre pauvre coeur, et elle se
démontre à nous comme le soleil
démontre son existence, quand il
s'élance hardiment dans les cieux. Il n'y a
pas ici un simple degré de
probabilité, comme des chrétiens
inattentifs seraient disposés à le
croire : il y a démonstration d'esprit
et de puissance.
Quand vous éprouvez en vous la
puissance vivifiante de la parole des
prophètes et des apôtres, vous vous
sentez poussés vers Jésus-Christ, que
vous ne connaissiez point encore,
entraînés vers lui comme par une
affinité intime. Le Saint-Esprit vous fait
sentir que la vie qui commence à se
réveiller en vous, mais qui a encore tant
besoin de croître, et la vie qui abonde dans
les Écritures, avec une si admirable
perfection, que ces deux vies sont de
même nature et proviennent l'une et l'autre
d'une action spéciale et merveilleuse de
Dieu. Il y a entre ces deux vies (la vie
éternelle de l'Écriture et la vie
nouvelle de votre coeur) une identité qui
vous frappe. Si vous avez vraiment reçu la
vie de Dieu, vous devez me comprendre.
Le principe de vie éternelle qui est
mis en vous quand vous êtes convertis, et qui
est, hélas ! encore si imparfait, n'est
certes pas d'origine humaine, c'est Dieu, oui, Dieu
même, qui en est
l'auteur.
Pour confesser que c'est Dieu et
non l'homme qui vous a convertis, vous seriez
prêts à donner votre vie. N'est-il pas
vrai, enfants de Dieu ?... Comment donc ces
Écritures, où se trouve une vie,
divine, bien plus pure, bien plus parfaite, bien
plus, originelle et primitive que celle qui est
dans notre pauvre coeur, seraient-elles d'origine
humaine ? Comment Dieu n'en serait-il pas
l'auteur ?... Ah ! si, je reconnais la
main de Dieu et l'Esprit de Dieu dans un petit
coteau, à bien plus forte raison je les
reconnais dans les masses blanches et gigantesques
des Alpes. Si je reconnais la main de Dieu et
l'Esprit de Dieu dans l'abeille qui bourdonne,
à bien plus forte raison je les reconnais
dans la face majestueuse de l'homme. Si je
reconnais la main et l'Esprit de Dieu dans la lueur
nouvelle qui paraît dans mon coeur, à
bien plus forte raison je les reconnais. dans la
lumière créatrice qui resplendit dans
les saintes Écritures et qui fait que tout homme voit.
L'enfant nourri par sa mère
connaît le sein de sa mère ; il
sait que ce sein lui donne le lait, comme le
chrétien sait que l'Écriture lui
donne l'Esprit. Aussi l'enfant cherche-t-il le sein
de sa mère ; comme la source de la vie.
Lui enlever sa mère, c'est lui enlever son
lait. O saintes Écritures ! ô
saintes mamelles qui m'avez allaité !
je vous cherche ; je ne veux pas être
séparé de vous, car
vous, enlever à moi, c'est
m'enlever la vie. je reconnais en vous la vie de
Dieu et j'adore Celui qui a mis, en vous cette
vie !
Ainsi donc, mes frères, cet Esprit
saint, que l'on veut exalter en excluant
l'autorité de l'Écriture, atteste
lui-même, au contraire, cette divine
autorité des oracles de Dieu.
On a dit récemment que, en cessant de
reconnaître la Bible pour une
autorité, on sera amené à
rechercher plus ardemment le Saint-Esprit, que
l'Écriture et l'Esprit s'excluent ; que
là où est l'Écriture, l'Esprit
disparaît.
Ces paroles sont étranges, mes
frères ; elles seraient énormes
de danger, si elles n'étaient énormes
d'erreur. Le Saint-Esprit est communiqué
à l'homme, mais par le canal des
Écritures. La Parole nous déclare que
les saintes Écritures sauvent par la foi en
Jésus-Christ, que la foi vient de ce qu'on
entend, et que l'on entend au moyen de la parole de
Dieu. Voilà, l'enseignement de Dieu.
Ces paroles : « L'Esprit et
l'Écriture s'excluent, »
reviennent aux propositions suivantes, : un
champ de blé et le pain qui nourrit l'homme
s'excluent ; une source et l'eau qui
désaltère l'homme s'excluent ;
le soleil et la lumière qui éclaire
l'homme s'excluent ; le sein, d'une
mère et le lait qui fait vivre l'enfant
s'excluent.
Non, il n'est pas vrai que là
où est l'Écriture, l'Esprit
disparaît. Tout au contraire, rien n'est uni
aussi intimement que l'Esprit et l'Écriture.
L'Écriture fait trouver le
Saint-Esprit ; le Saint-Esprit donne la foi
à l'Écriture.
Ce n'est pas l'autorité de l'Eglise
qui nous donne la foi à la Parole, comme le
prétendent les papes ; ce ne sont pas
certains principes de la raison, comme le
prétendent quelques théologiens
protestants ; c'est Dieu qui crée lui-même cette foi en
nous
par
sa Parole et par son Saint-Esprit. Nous avons de la
divinité de l'Écriture une
démonstration immédiate, provenant de
la vie qui a été manifestée et
qui est la lumière des hommes. Notre foi
à la Parole de Dieu n'est pas une foi
simplement historique, comme quelques-uns se
l'imaginent, ni une foi simplement philosophique, comme
d'autres le
pensent ; non, c'est une foi divine,
une foi qui a ainsi une certitude, une fermeté intime
élevée,
inébranlable, comme Dieu qui en est
l'auteur.
Cette doctrine, mes frères (car c'est
une doctrine), a été souvent
combattue : d'abord par les catholiques
romains, mais aussi par les arminiens, les
sociniens, les rationalistes vulgaires et non
vulgaires qui, quand il s'agit de s'opposer
à la Parole de Dieu, font cause avec les
papistes. Et pourquoi cette doctrine a-t-elle
été ainsi attaquée ? -
Parcequ'on a trop fait de la
religion une affaire de connaissance, un
intellectualisme mort. Pour plusieurs
(peut-être pour plusieurs de ceux qui sont
ici), le témoignage de l'Esprit n'a
été autre chose qu'une certaine
probabilité qui découle d'une
certaine influence vague, mais bienfaisante, que le
christianisme exerce sur notre coeur. On a, en
conséquence, regardé ce
témoignage comme insuffisant, et l'on a fait
dépendre la foi à la divinité
des Écritures des preuves de
l'entendement.
Mais, mes frères, ne voit-on pas la
philosophie elle-même, la meilleure la plus
élevée, celle de Kant si vous le
voulez, reconnaître que la conviction
religieuse ne peut être
démontrée par des arguments ? - La philosophie
n'enseigne-t-elle pas, de nos jours, que cette
conviction est le fruit d'une nouvelle vie, qu'elle
doit être donnée par la foi ? et
n'a-t-on pas remis en honneur l'ancien
principe : Per fidem ad
intellectum ?
Objecterez-vous qu'il est des âmes
qu'on regarde comme converties et qui n'admettent
pourtant pas la divine autorité des
Écritures ? Je répondrai que le
cas est tout au moins bien exceptionnel. Un nuage,
il est vrai, peut passer sur l'Esprit d'un enfant
de Dieu, sans qu'il soit pour cela déchu de
la grâce ; mais si ce nuage ne passe
pas, si la nuit s'étend au lieu de se
dissiper, c'est une preuve que
cette conversion n'était pas
véritable. On verra cette âme
redescendre peu à peu dans les
ténèbres d'où elle avait paru
sortir.
Direz-vous, de plus, que des paroles
prononcées par des hommes ont aussi
elles-mêmes converti ? Je ne
m'arrêterai pas à une remarque qui a
été faite, savoir : qu'une
conversion opérée uniquement par
l'Écriture a d'ordinaire plus de
vérité et de profondeur que quand il
se trouve entre l'âme et la Bible quelque
intermédiaire humain. Mais je
demanderai : Où a-t-elle
été prise, cette parole
prononcée ou écrite par un
homme ? de quoi est-elle la
répétition ? De la Parole de
Dieu dans l'Écriture. Si une Parole ne vient
de là, elle ne convertira jamais. L'eau que
vous buvez vient sans doute des citernes ou des
réservoirs que vous avez dans vos
demeures ; ces réservoirs peuvent
même lui avoir communiqué un
goût qui ne lui est pas naturel ; mais
si elle vous désaltère, si elle
conserve votre vie, est-ce à ces
réservoirs de pierre, de terre, de bois, que
vous l'attribuerez ? Cette vertu ne
provient-elle pas de la source dont primitivement
cette eau jaillit ? Pour avoir
séjourné quelque temps dans vos vases
et y avoir perdu de sa pureté primitive,
elle ne sort pourtant pas moins pure des montagnes
de Dieu, et elle proclame son Créateur.
Ferez-vous encore une autre objection ?
Direz-vous que cette démonstration du
Saint-Esprit n'est pas nécessaire, qu'il y a
des arguments par lesquels la théologie
démontre la révélation et
l'inspiration, et qu'il n'est pas permis de les
affaiblir ? je réponds deux choses
à cet égard : la
première, que ces arguments ne sont pas
inutiles ; la seconde, qu'ils ne sont pas
suffisants.
Ils ne sont pas inutiles ;
ils
servent à nous conduire à
l'Écriture, à nous rendre attentifs
au sceau de divinité que Dieu a mis
en elle.
Mais ils ne sont pas suffisants.
Une
conviction qui ne reposerait que sur ces preuves
scientifiques ne serait pas de la bonne
espèce. Ce ne serait qu'une foi humaine, et une foi humaine ne
sauve
pas.
Comprenons bien, mes frères, les
rapports dans lesquels se trouve avec la foi, la
science, dans ce moment trop exaltée par les
uns et trop méprisée par les autres.
La science ne peut pas donner la foi, mais elle
peut la justifier. Et si la théologie ne
justifie pas suffisamment notre foi, que
sera-ce ? dira-ton. Ce que ce sera ? Il
est très facile de vous le dire : ce
sera une preuve de l'imperfection de la
théologie, mais ce ne sera, en aucune
manière, une preuve de l'incertitude de la
foi. La foi est au-dessus des arguments de la
science ; et, comme des arguments ne peuvent
pas la donner, des arguments ne peuvent pas
l'ôter. Les attaques des
théologiens ou des incrédules contre
la théologie ne font rien à la foi.
Le christianisme est un fait, une
vérité, une vie, une
expérience. Un chrétien simple peut
se sentir heureux et en parfaite
sûreté dans le christianisme, sans se
soucier en aucune manière des explications
des théologiens.
Ceci est important à remarquer, en
opposition à tous les adversaires, mais en
particulier aux catholiques romains ; car leur
argument contre les principes protestants repose
essentiellement sur la difficulté que
trouvent les simples fidèles à
s'assurer de l'inspiration et de l'autorité
des saintes Écritures (1). Ah !
quand ayant eu
faim j'ai
mangé, et qu'ayant mangé j'ai
été rassasié et
fortifié, je n'ai pas besoin, certes, que
quelque naturaliste ou quelque chimiste viennent,
par leurs dissertations savantes et leurs habiles
analyses, me prouver que ce qui m'a nourri
était bien de vrais aliments,
créés par la main de Dieu même.
La meilleure démonstration, c'est mon
expérience.
La doctrine que nous défendons n'est
pas seulement le témoignage des
Écritures, c'est encore le témoignage
du Saint-Esprit. Si nous maintenons
l'Écriture contre ceux qui ne veulent que
l'Esprit, nous maintenons
l'Esprit contre ceux qui ne veulent que
l'Écriture.
Peut-être le témoignage de
l'Esprit est-il habituellement le premier. C'est ce
témoignage qui ouvre le coeur à la
foi, mais il ne peut rester isolé ; il
faut entendre le témoignage du Fils, de
l'Écriture même, et alors rien ne
pourra ébranler en nous la foi à la
divine autorité de la Parole de Dieu. On a
trop séparé quelquefois le
témoignage de l'Écriture du
témoignage de l'Esprit.
Pour qu'un champ porte des fruits, il faut
d'abord le travailler : c'est l'Esprit qui
travaille le champ de nos coeurs ; mais il
faut ensuite l'ensemencer : c'est la Parole de
l'Écriture qui sème. Non, mes chers
frères, vous qui êtes hors
d'état d'examiner les preuves savantes de la
divinité des Écritures, Dieu ne vous
a pas laissés dans le doute. Il vous a mis
sur un rocher que les petites vagues humaines
n'ébranleront pas. Si l'Esprit de celui
qui a ressuscité Jésus habite en
vous
(Rom.,
VIII, 11), vous dites avec
l'Apôtre : Je vis, non plus moi, mais
c'est Christ qui vit en moi
(Gal.,
Il, 20). Je sais en qui
j'ai cru
(II
Thim., I, 12). VOUS ne doutez pas
plus alors de l'autorité des saintes
Écritures, de la divinité de Celui
auquel ces Écritures rendent
témoignage, de la vie qu'il a mise en vous,
que vous ne doutez de la vie naturelle de vos
corps. Mais surtout, Dieu a ouvert vos yeux pour
connaître les merveilles de sa loi.
Il a ouvert vos oreilles et vos
coeurs, pour entendre et comprendre le
témoignage que l'Écriture rend
à sa propre divinité. Vous croyez
maintenant ce que Dieu dit dans sa sainte
Parole. Vous avez ainsi en vous et en la Bible une
double preuve que tous les savants ne peuvent vous
donner ; mais aussi (sachez-le bien !)
que tous les savants ne peuvent vous
ôter.
Mais si nous ne pouvons pas vous ôter
la sainte Écriture, ne pouvez-vous pas,
vous, vous l'ôter à
vous-mêmes ? O
Timothée ! dit Paul, GARDE le
dépôt, te détournant des
objections d'une science faussement ainsi
nommée, dont quelques-uns faisant profession
se sont détournés de la foi
(I
Tim., VI, 21), lesquels
heurtent contre la Parole, dit Pierre, et sont rebelles
(I
Pierre, II, 8). Prenez donc
garde, reprend Paul, que personne ne se
prive de la grâce de Dieu, comme Esaü,
qui, en échange d'un mets, abandonna son
droit d'aînesse
(Héb.,
XII, 15).
Prenez donc garde, mes frères ;
tremblez de perdre cette foi aux saintes
Écritures que Dieu vous a données.
« La sainte Écriture, c'est notre
mère, disait Luther, c'est le sein, ce sont
les flancs dans lesquels nous avons
été formés pour la vie
éternelle. » Je vous dis donc
à tous : Mon frère, la sainte
Écriture, c'est ta mère, car c'est
elle qui t'a enfanté dans cette heure
souveraine de cris, de douleurs,
d'angoisses, où un homme nouveau est
né pour le monde éternel. C'est ta
mère, car c'est elle qui t'a nourri,
comme un enfant nouvellement né, du lait
spirituel et pur qui fait croître. C'est
ta mère, car c'est elle qui a conduit tes
premiers pas et a affermi ton corps chancelant.
C'est ta mère, car c'est à ses
pieds que tu t'es assis quand elle te racontait ces
belles choses que Dieu a faites aux hommes. C'est ta mère, car
c'est elle qui a
apaisé les troubles de ton âme et qui
a essuyé tes pleurs ! - Et tu pourrais
douter de ta mère ! tu voudrais
l'enlever à tes frères ! tu la
poursuivrais de tes coups... - Malheureux !...
veux-tu tuer ta mère ?...
Une personne pieuse ayant entendu ou lu des
paroles dirigées contre l'autorité de
l'Écriture, plaça aussitôt ses
deux mains sur les Écritures qui
étaient devant elle, et s'écria (je
l'entendis) : « C'est ma
Bible ! c'est ma Bible ! c'est mon Dieu qui
me l'a donnée !
personne ne me
l'ôtera ! »
Faites de même, mes frères,
gardez les saintes Écritures et surtout
obéissez aux saintes Écritures. Que
votre obéissance à la Parole de Dieu
soit absolue et vivante. Ce n'est pas seulement en
théorie que l'on peut renverser
l'autorité de la Parole de Dieu ; on le
peut aussi bien en pratique ; et nous tous,
hélas ! nous le faisons chaque jour.
Oui, je m'accuse moi-même et je vous accuse
comme prenant quelque part
à cette funeste erreur. Hâtons-nous de
nous décharger d'une responsabilité
si redoutable. Ne restons pas dans le vague des
généralités ; prenons la
Parole à la lettre et accomplissons cette
lettre par l'Esprit. Savez-vous ce qui vaincra
cette erreur qui menace d'envahir les
Églises ? Ce ne seront pas les
réfutations des docteurs, mais ce sera la
fidélité des disciples, par la vertu
de Dieu.
Que l'Eglise se renouvelle dans
l'obéissance à la Parole; que chaque
fidèle l'accomplisse dans sa sphère,
même dans la plus humble, avec une plus
consciencieuse exactitude, une plus parfaite
vérité; que nos voies soient plus
constamment en accord avec cette règle
souveraine : Voilà l'appel qu'adressent
à toute l'Eglise les circonstances critiques
et nouvelles où nous sommes.
« Soyez observateurs de la Parole
et non pas seulement auditeurs, vous
séduisant vous-mêmes » par
de faux raisonnements »
(Jacq.,
I., 22).
Si nous le faisons, ne craignons rien.
La Parole ne nous manquera pas, si nous ne
manquons pas la Parole. Les cieux et la terre
passeront, mais mes paroles ne passeront pas.
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