Comment convient-il de considérer la
place et l'exécution du chant dans
l'Église ? Les psaumes contiennent de
nombreuses invitations à louer
l'Éternel en chantant. Nous les retenons
d'autant plus que notre joie se sent à
l'aise dans l'expression de la louange par le
chant, auquel est donné son unique
direction : « chantez à
l'Éternel » ;
« chantez à la gloire de son
nom » ; chantez pour Le
célébrer, Le bénir, avec
actions de grâces en son honneur. Cette
direction reste la même, lorsque le psalmiste
chante la force de l'Éternel, sa
fidélité, sa bonté, et sa
justice. Les psaumes, appelés aussi
« cantiques », étaient
accompagnés par des instruments de musique
variés (à vent, à cordes ou
à percussion) ; et, parmi les fonctions
sacerdotales figuraient celles des chantres ;
ce qui montre la place importante accordée
au chant dans le culte israélite. Et ces
psaumes-cantiques sont devenus parole de Dieu,
comme les prières qu'elles renferment. Qu'en
est-il maintenant, dans l'ère de
l'Église et de l'alliance nouvelle qui est
la nôtre ?
Contrairement à l'Ancien Testament,
le Nouveau Testament ne consacre au chant que
quelques discrètes mentions, et il se tait
quant à la musique instrumentale. Il est
certain qu'il faut tenir compte de cette
constatation, et ne pas suivre la tradition
catholique qui a puisé ses
éléments dans l'Ancien Testament, en
négligeant les caractères que prends
le culte selon le Nouveau Testament (adoration en
esprit et en vérité). Le mot musique
ne figure qu'une seule fois, en Luc
15 : 25, dans la parabole
du Fils prodigue. Bien sûr, prenons et
mettons en pratique les enseignements qui nous
concernent directement. Les voici
résumés :
1° JÉSUS CHANTE DES CANTIQUES AVEC SES DISCIPLES, plus d'une fois sans doute, quoique les Évangiles ne mentionnent ce fait qu'à une seule occasion (Mat 26.30 et Marc 14.26) et qu'aucun relief ne lui est donné.
2° L'ÉGLISE PRIMITIVE UTILISAIT LE CHANT COURAMMENT. Dans la prison de Philippes, Paul et Silas priaient et chantaient les louanges de Dieu (Actes 16.25). D'autre part, dans l'exhortation que l'apôtre Paul adresse aux Romains de glorifier Dieu, père de Jésus-Christ, il cite le psaume 18 et notamment ce passage :
« Je chanterai à la gloire de ton nom » (Ro 15.5-9). En 1 Cor 14.15, cet apôtre écrit : « Je prierai par l'esprit mais je prierai aussi avec l'intelligence ». En 1 Cor 14.26 : « que faire donc Frères ? Lorsque vous vous assemblez, les uns ou les autres parmi vous ont-ils un cantique, une instruction, une révélation, une langue, une interprétation, que tout se passe pour l'édification. » Notons, en passant, la grande liberté laissée à l'Église dans le culte ou plutôt au Saint-Esprit en ses membres. L'épître de Jacques fait aussi mention du chant : « quelqu'un est-il dans la joie ? Qu'il chante des cantiques » (Jac 5.13).
3° INSTRUCTIONS AUX MEMBRES DE L'ÉGLISE. D'abord, Eph 5.19 : « entretenez-vous par des psaumes, par des hymnes et par des cantiques spirituels, chantant à Dieu dans vos coeurs sous l'inspiration de la grâce ». Ces trois désignations : « psaumes, hymnes, cantiques spirituels » indiquent que toute forme de chant devait tendre à procurer à l'Église une voie d'adoration de Dieu en esprit et en vérité, et participer aussi à l'entretien de la foi et de l'amour.
Ainsi le chant a été
pratiqué dans l'Église dès son
origine. Pline écrivait à l'empereur
Trajan au sujet des chrétiens :
« Ils chantent entre eux des cantiques
à Christ comme à leur
Dieu ». Les termes de la parole :
psaumes, hymnes et cantiques spirituels,
circonscrivent la nature des chants de
l'Église dans un domaine auquel s'attache
particulièrement le qualificatif
« spirituel », et en lequel les
suggestions de la chair n'entrent pas. Ce domaine
reste celui de l'esprit. Le texte biblique
dit : « Célébrant de
tout votre coeur les louanges du
Seigneur », ce qui exclut la
banalité, la répétition par
habitude, l'exécution du chant sans penser
au sens des paroles, ou pour le seul
agrément qu'on y trouve. Chanter, c'est
célébrer ; on parvient à
cette célébration quand,
intérieurement saisis d'un saint élan
d'amour, l'esprit, l'âme et le corps (la
voix) s'associent dans un mouvement vers Dieu
devenu nécessaire et vrai. Portons
également attention au rôle de la
sagesse, que le texte des Colossiens mentionne.
C'est elle qui distinguera ce qui est saint de ce
qui est profane, et qui établira la mesure
ainsi que l'équilibre de l'utilisation du
chant. Les termes : « sous
l'inspiration de la grâce »
indiquent la seule bonne origine de toute
expression par le chant ; ainsi qu'il en est
de la prière ou de la
prédication.
En conséquence, nous pensons que, de
source profane, nous n'obtiendrons que des
thèmes musicaux ou des rythmes traduisant
les goûts et les aspirations de l'homme
naturel (l'homme psychique - 1
Cor 2.14), ou pire, ceux d'hommes
névrosés et d'hommes en proie aux
passions les plus licencieuses, en honneur dans
notre société. Cet apport, nous ne
pouvons que le déclarer impropre au service
de Dieu. Nous ne saurions regarder comme bonne et
utile la musique dont le rythme actionne le
psychisme, et serait emprunté à des
milieux dévoyés ; pas plus que
la musique langoureuse, conçue pour charmer
et émouvoir, qui donc touche l'âme et
ne peut atteindre l'esprit. L'Église
reçoit de l'Esprit tout ce qui convient
à sa vocation ; ses sources sont en
Dieu et elles lui suffisent. II y a une musique
dans le ciel
(Apo
5.9 : 14.3 ;
15.3)
et je suis certain que nous
pouvons y participer quand nous devenons
participants de la nature divine de Christ.
Pourquoi aurions-nous recours au
professionnalisme et à la technique musicale
de haute conception ? Le monde a-t-il des
ressources mieux adaptées à l'oeuvre
de Dieu que Dieu lui-même ? Qu'est-ce
que l'Évangile prend au monde ? Rien,
sinon des hommes pécheurs qu'il arrache aux
ténèbres et à la mort !
Jésus lui-même, quoique né de
femme, disait : « Vous êtes
d'en bas, moi je suis d'en haut »
(Jean
8.23). Les
ténèbres ne peuvent rien céder
de valable à la lumière. Il y a
opposition entre les deux. Nous avons tout
pleinement en Christ
(Col
2.10). Pierre avait cette
conviction inspirée : « comme
sa divine puissance nous a donné tout ce qui
contribue à la vie et à la
piété, au moyen de la connaissance de
celui qui nous a appelés par sa propre
gloire et par sa vertu... »
(2
Pi 1.3). Le chant dans
l'Église contribue à la vie de
l'esprit et à la piété, et lui
aussi se nourrit d'en haut.
De nombreux jeunes, au coeur brûlant
de foi et d'amour, comme de nombreux tziganes, eux
aussi pleins de ferveur, nous ont fait plus d'une
fois une magnifique démonstration qu'on ne
peut oublier. Ils nous ont démontré
que des dispositions pouvaient naître par
l'action de la grâce de Dieu. En certaines
circonstances, nous avons entendu des
chrétiens élever ensemble, dans des
rassemblements, un chant tellement suave et
spirituel qu'il nous paraissait céleste.
Nous le goûtions du fond du coeur, heureux en
pensant au plaisir de Dieu. C'était vraiment
la communion entre tous et de tous avec le
Maître, au point qu'on aurait pu dire :
le Seigneur chante avec nous ! Il en est de la
musique et du chant comme de la parole ; ce
n'est pas le savoir théologique, ou l'art
d'en parler qui rendront efficace l'oeuvre de Dieu,
mais, comme Paul en témoigne, et comme
l'expérience le montre, c'est par une
démonstration d'esprit et de puissance que
l'oeuvre s'accomplit.
Enfin, l'objectif à ne jamais perdre
de vue réside dans le seul désir
d'être agréable à Dieu, en
suivant l'exemple de Jésus, qui pouvait
dire : « Je fais toujours ce qui lui
est agréable »
(Jean
8.29). En harmonie avec cette
parole, l'Écriture nous donne le conseil
suivant : « Examinez ce qui est
agréable au Seigneur »
(Eph
5.8-11). Nous sommes
engagés fermement à être
entièrement agréables au Seigneur
(Col
1.10) et à lui rendre un
culte qui lui soit agréable avec
piété et avec crainte
(Heb
12.28). Or, pour y
réussir, il faudra connaître ce qui
plaît à Dieu, ne vouloir que cela, et
écarter tout ce qui plaît à la
chair en premier. La chose qui nous est
agréable à nous-mêmes, ne
pourra être qu'impropre au service de Dieu,
ne pouvant donc entrer dans l'adoration en esprit
et en vérité. Il en sera ainsi de
tout thème musical que nous aimons, parce
qu'il flatte nos goûts et répond
à notre sensibilité propre au plan
humain. Nous ne chanterons pas pour
nous-mêmes, pour nous distraire ou nous
détendre ; nous chanterons
« à Dieu », dans une
communication avec Lui, et pour réjouir son
coeur de Père. Il y a des airs de musique
qui conviennent à la louange, tout en
flattant l'oreille, mais il y en a aussi qui, tout
d'abord, paraissent ingrats à l'audition,
alors qu'ils sont de bons porteurs de la
louange ; on s'en aperçoit dans un
second temps.
Par conséquent, le choix et
l'adoption des thèmes musicaux ne se feront
pas au jugé de l'ouïe, et selon notre
goût, mais par un esprit de
consécration et d'humilité, sous
l'inspiration de la grâce. Nous avons connu
des chrétiens qui, quoique n'étant
pas musiciens ni chanteurs, recevaient paroles et
musique, non pas toujours spontanément dans
le culte, mais au cours de leurs journées.
Ces personnes en conservaient la mémoire de
façon étonnante, et pouvaient chanter
plusieurs fois ce qu'elles avaient reçu.
LES IMAGES ET REPRÉSENTATIONS
Le livre de l'exode contient les dix
commandements en son chapitre
20, versets 1 à 17.
Le premier commandement stipule que le peuple de
Dieu n'aura aucun autre Dieu que l'Éternel,
et le second a surtout pour objet de
prévenir l'adoration du vrai Dieu par
l'utilisation d'images ou de
représentations. Ce commandement, tout comme
l'ensemble de la loi de Dieu, n'a pas
été aboli, ainsi que Jésus le
précise
(Mat
5.17) et il a sa place dans le
coeur des enfants de Dieu
(Heb
8.10). De plus, selon
l'enseignement du Seigneur dans le chapitre
5 de Matthieu (21 à
48) caractérisé par la
répétition « Mais moi, je
vous dis », la mise en pratique de la
loi, dans l'ère de la nouvelle alliance, va
au-delà de la lettre, pour s'étendre
à toute pensée ou acte contrevenant
à l'esprit de la loi. Par exemple, le
commandement « Tu ne tueras
point » atteint autant la colère
et l'injure que le meurtre lui-même
(Mat
5.21-22 ; 1
Jean 3.15).
Ainsi le second commandement, relatif aux
images et aux représentations, devra-t-il
recevoir une application dépassant les
statues ou les icônes, et allant
jusqu'à écarter toute
représentativité, qu'elle ait Dieu,
le Christ, ou la parole de Dieu pour objet (nous le
montrerons plus loin). Voilà ce qu'est
« servir dans un esprit
nouveau »
(Ro
7.6). En somme, le second
commandement a trait à la façon dont
nous servons ou adorons Dieu. Or, rappelons-le,
nous sommes invités à adorer Dieu en
esprit et en vérité ; par
conséquent, à le servir de
même. Il ne peut être question de se
départir ni d'une relation en esprit, ni de
la vérité, qui doit toujours se
trouver présente dans nos oeuvres, quelles
qu'elles soient. C'est pourquoi les figurations,
les représentations visuelles ou picturales,
les représentations animées, par
gestes ou sous formes théâtrales,
contreviennent toutes, avec la même
évidence, au second commandement.
La seule manière de communiquer la
foi à d'autres consiste à vivre
devant eux la vie nouvelle,
révélatrice des principes de
l'Évangile. Par contre, s'ingénier
à mimer ou à jouer les récits
ou les paraboles de la Bible, selon un
scénario et une mise en scène, avec
ou sans costumes, c'est s'engager à
contre-courant de l'enseignement de la
volonté de Dieu. Ces moyens ne
bénéficient absolument pas de la
grâce et de la puissance divine. Quelle
différence peut-on faire entre une peinture
représentant des personnages ou un
événement biblique et les mêmes
personnages, ou le même
événement en figuration animée
sur une scène ? Les deux sont en
complet désaccord avec l'esprit du second
commandement ; et la représentation
théâtrale accentue plutôt la
désobéissance. Examinons bien les
termes de l'Écriture : « Tu
ne te feras point d'image taillée, ni de
représentation quelconque des choses qui
sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la
terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la
terre. » Même entendu
littéralement, ce texte veut
s'étendre à toute image ou
représentation quelconque (de quelque nature
ou forme que ce soit) prenant pour objet les choses
du ciel (les anges par exemple, ou la personne du
Christ), les choses qui sont sur la terre
(particulièrement les personnages
réels ou fictifs, ceux des paraboles, que la
parole de Dieu utilise pour son enseignement
inspiré), et les choses qui sont dans les
eaux plus bas que terre (les eaux de la mer sont
considérées comme
« l'abîme » ou le
séjour des ténèbres. Aucun
démon, ni même Satan ne doivent
être représentés).
L'on objectera peut-être que les mimes
et les saynètes répondent soit
à un but didactique, soit à
l'intention d'attirer le monde à
évangéliser par un moyen qui ne le
rebute pas. Ce sont là des idées
humaines qu'une réflexion basée sur
la parole de Dieu aura vite balayées. Le
Nouveau Testament nous fait remarquer que nous
marchons par la foi et non par la vue. D'autre part
nul ne vient au Christ Sauveur si Dieu le
Père ne l'attire à son Fils
(Jean
6.44-65) ; or Dieu attire
les hommes par sa parole qu'il fait
pénétrer dans le coeur par Son
Esprit. L'indifférence de nos concitoyens a
plus de résistance qu'on ne croit ;
elle ne sera détrônée que par
la puissance de l'Esprit ou au cours des
épreuves de l'existence. Nous n'avons pas
à combattre selon la chair, ayant à
notre disposition des armes qui ne sont pas
charnelles. quoique puissantes, de telle sorte que
nous pouvons renverser les raisonnements et amener
toute pensée captive à
l'obéissance de Christ
(2
Cor 10.3-5). Toute
représentation selon les idées
humaines se classe dans la catégorie des
« armes » charnelles, ce qui
n'est pas douteux. Du respect du second
commandement, comme des autres, dépend
l'authentique fidélité de
l'église et, sans ce respect, Dieu ne
saurait être glorifié ; et
pourtant, l'Écriture nous demande de tout
faire pour la gloire de Dieu
(1
Cor 10.31). Les images et les
représentations de toutes sortes ternissent
la gloire de Dieu, par le fait d'une transgression
de la loi, et parce qu'elles ne donneront qu'une
idée imparfaite, sans force, du contenu de
la parole inspirée, et qu'alors elles
flétriront la vérité.
« TA PAROLE EST LA
VÉRITÉ » a dit le Seigneur.
La vérité ne se représente
pas ; elle surgit de la
révélation divine, et doit être
entendue seulement.
« Amen, Amen ! »
disait le Seigneur en proclamant la
vérité. Peut-on dire
« Amen » (en
vérité) après avoir
assisté à une représentation
théâtrale ? Non ! On
applaudit !
En second lieu, images et
représentations produisent un
égarement, car elles opèrent dans le
coeur des gens un mélange de pensées
venant de leur imagination avec celles pouvant
résulter de ce qui a été
représenté. Pensées
d'imagination et pensées
suggérées par le spectacle vont
aboutir à une analyse que le spectateur fera
lui-même, et qui sera bien
éloignée de l'impact que la
vérité prêchée aurait pu
produire en son coeur. Dans le désert,
Aaron, cédant aux instances du peuple,
confectionne un « veau d'or »,
sensé représenter l'Éternel.
« Demain, il y aura fête en
l'honneur de l'Éternel » dit-il
(Ex
32.5). Le lendemain, le peuple se
livra à une orgie. Dans l'idée
humaine, le taureau d'or évoquait la force
de l'Éternel, mais il n'en est
résulté ni crainte de Dieu, ni
incitation à la sanctification. Quand les
pensées de la chair interviennent pour
représenter quelque chose, le
résultat ne peut apparaître que dans
le domaine humain et terrestre, et c'est là
que les réactions des spectateurs se
situent. Tel est l'enseignement de
l'Écriture : « Qui donc parmi
les hommes, connaît ce qui est dans l'homme,
sinon l'esprit de l'homme qui est en lui ? De
même ce qui est en Dieu, personne ne le
connaît, sinon l'Esprit de Dieu. Pour nous,
nous n'avons pas reçu l'esprit du monde,
mais l'Esprit qui vient de Dieu, afin que nous
connaissions les dons de la grâce de Dieu. Et
nous n'en parlons pas dans le langage qu'enseigne
la sagesse humaine, mais dans celui qu'enseigne
l'Esprit, exprimant ce qui est spirituel en termes
spirituels. L'homme laissé à sa seule
nature n'accepte pas ce qui vient de l'Esprit de
Dieu ; c'est une folie pour lui, il ne peut le
comprendre, car c'est spirituellement qu'on en
juge. »
(1
Cor 2.11-14 - TOB)
Que restera-t-il d'un sketch, d'une
comédie musicale ou d'un spectacle
théâtral quel qu'il soit ?
L'attention et le souvenir s'attarderont sur la
pièce jouée elle-même, sur le
jeu des acteurs et sur le plus ou moins grand
intérêt qu'on y a trouvé. En
s'adjugeant de tels moyens, l'église ne
parviendra qu'à montrer sa faiblesse et se
heurtera à cette opposition qu'a
proclamée le prophète Esaïe en
ces termes : « Car mes
pensées ne sont pas vos pensées, et
vos voies ne sont pas mes voies. Autant les cieux
sont élevés au-dessus de la terre,
autant mes voies sont élevées
au-dessus de vos voies, et mes pensées
au-dessus de vos pensées »
(Es
55.8-9). Ces passages, tous les
chrétiens les connaissent, mais ils
n'impressionnent plus ; la rigueur de leur
enseignement n'interpose plus le barrage qu'il
faudrait au-devant d'initiatives provenant des
pensées et des voies humaines.
L'Éternel Dieu, Jésus-Christ,
la parole de Dieu et le Saint-Esprit sont ensemble
un seul et même Dieu, l'unique Seigneur,
comme l'a dit Jésus lui-même
(Marc
12.29). Quant à la
bible, la parole écrite et inspirée,
elle est pour nous le substrat de la parole vivante
de Dieu ; elle a le privilège
d'être la révélation de la
vérité, et à travers la notion
de vérité, nous retrouvons
Jésus-Christ. II ne peut y avoir d'hiatus
entre la parole écrite et la parole vivante
de Dieu, pas plus qu'il n'y en a entre
l'humanité et la divinité de
Jésus-Christ. Si bien que prétendre
représenter théâtralement la
parole de Dieu équivaut à
prétendre représenter Celui qui est
la parole de Dieu, Christ lui-même ;
c'est là un mécompte certain. On ne
fait pas ce qu'on veut de la parole de Dieu ;
on ne plaisante pas avec elle, ce serait
blasphémer ; elle est associée
surnaturellement avec une puissance
d'accomplissement ; elle est sortie de la
bouche de Dieu ; elle est sacrée. Il
est arrivé que sous une puissante onction de
l'Esprit, des hommes aient senti leurs larmes
couler en lisant l'Écriture, et une intense
émotion spirituelle s'étendait aux
assistants. Apprenons ou réapprenons la
crainte de Dieu et de sa parole ! Par
Esaïe, Dieu a dit : « Voici sur
qui je porterai mes regards : sur celui qui
souffre et qui a l'esprit abattu, SUR CELUI QUI
CRAINT MA PAROLE »
(Es
66.2). Esdras note
qu'auprès de lui s'assemblaient ceux que
faisaient trembler les paroles du Dieu
d'Israël
(9.4).
Enfin
ne soyons pas
indifférents aux qualificatifs
accordés à la parole de Dieu :
elle est droite, éprouvée,
pure ; elle est un feu, une lampe ; elle
est plus douce que le miel ; elle demeure
éternellement.
Imaginer qu'elle soit mise en scène,
pour être jouée selon l'art
théâtral, nous ne pouvons l'admettre.
Encore une fois ; la parole de Dieu est la
« RÉVÉLATION DE LA
VÉRITÉ » ; or la
vérité touche à l'absolu de
Dieu ; elle ne se représente pas, elle
s'énonce par l'esprit et se vit. Dans le
Deutéronome, l'exclusivité
donnée à la parole de Dieu
s'affirme : « Et l'Éternel
vous parla du milieu du feu ; vous avez
entendu le son des paroles, mais vous n'avez point
vu de figure, vous n'avez entendu qu'une
voix »
(Deut
4.12). Dieu veut toujours qu'il
en soit ainsi. La parole de Dieu est seule porteuse
du message du salut.
LE GOÛT DES EXPÉRIENCES
Au cours de sa vie nouvelle, chaque enfant de
Dieu reconnaît dans sa vocation la
nécessité d'acquérir
l'expérience de la parole de justice
(Heb
5.13) et de veiller à sa
croissance. Cependant, en marge des
expériences utiles qui contribuent à
la maturité spirituelle, on assiste
aujourd'hui au développement d'une tendance
à rechercher des expériences, celles
particulièrement qui permettent de rapporter
en forme de témoignage les interventions
opportunes de Dieu en des circonstances diverses.
Les problèmes les plus courants de la vie
active de chaque jour sont présentés
au Seigneur dès qu'ils surgissent et ils
sont soudain miraculeusement résolus. En
général, il s'agit de besoins ou de
difficultés d'ordre financier ou
matériel ; et, avec enthousiasme, on se
plaît à étoffer de longs
témoignages avec les exaucements obtenus,
qu'ils aient eu place dans le foyer, dans la
profession, dans le domaine de la santé ou
dans celui des démarches administratives ou
autres. Nous croyons fermement que, dans son
incessante bonté, Dieu aime manifester sa
sollicitude, ainsi que son action éducative,
en intervenant pour affranchir notre route des
écueils qui nous inquiètent. II est
écrit : « Ne vous
inquiétez de rien ; mais en toute chose
faites connaître vos besoins à Dieu
par des prières et des supplications, avec
des actions de grâce »
(Ph
4.6), en toute chose, par
conséquent au sujet des problèmes de
la vie courante, certes. Remercions humblement et
avec ferveur le Seigneur de cette sollicitude qui
nous est précieuse. Nous n'avons nullement
dans la pensée d'en restreindre le bienfait.
Toutefois nous éprouvons de la gêne du
fait que certains témoignages soient, en
quelque sorte spécialisés, n'ayant
pas d'autre objet que l'aplanissement des
difficultés de l'existence comme, par
exemple, la remise en marche d'une activité
industrielle ou commerciale qui périclitait,
comme le succès des démarches
assurant le gagne-pain, ou la profession, comme
l'heureux aboutissement de la recherche d'un
logement, etc. En toutes ces choses qui nous
préoccupent, assurément Dieu nous
accorde aide et secours ; il fait aboutir nos
démarches, incline au besoin le coeur de
ceux à qui nous avons à nous
adresser. Il désire que nous soyons libres,
dégagés des soucis pour mieux
L'adorer et Le servir.
Il est cependant impossible que Dieu
n'accorde que des exaucements de cet ordre, ayant
trait uniquement à l'existence
matérielle. Bien au contraire, Il entend
nous faire connaître Son amour sous l'aspect
essentiel de notre perfectionnement ; nous
fortifiant pour que nous marchions de
progrès en progrès, que nous en ayons
la vision et la volonté, que nous
recherchions premièrement le royaume et la
justice de Dieu, sans nous inquiéter du
lendemain sur cette terre (le lendemain aura soin
de lui-même). Dieu veut avant tout nous
préparer à l'entrée dans le
royaume éternel, et il désire surtout
favoriser et bénir nos constants efforts de
foi en ce sens ; Pierre a été
poussé à nous le dire :
« C'est pourquoi, frères,
appliquez-vous d'autant plus à affermir
votre vocation et votre élection, car en
faisant cela, vous ne broncherez jamais. C'est
ainsi en effet que l'entrée dans le royaume
éternel de notre Seigneur et Sauveur
Jésus-Christ vous sera pleinement
accordée. »
(2
Pi 1.10-11)
Dieu entend nous faire grandir dans ses
voies, si bien que le champ de ses exaucements
excède amplement l'ordinaire des
problèmes de l'existence terrestre. Ceux-ci
étant résolus par la grâce de
Dieu, doivent contribuer à notre
élévation spirituelle. Alors pourquoi
montrerait-on presque uniquement de l'enthousiasme
pour les seuls bienfaits de Dieu concernant le
cheminement terrestre ; il doit y en avoir
tant d'autres ! Et pourquoi, par des
témoignages se cantonnant à la
manifestation de la bonté divine devant les
nécessités de la vie courante
matérielle, va-t-on provoquer l'engouement
des chrétiens, et soulever leurs
alléluias, voire même leurs
applaudissements, comme cela devient la regrettable
coutume. Ne voyons-nous pas que, par de tels
témoignages, nous faisons du tort au peuple
de Dieu ? Nous ramenons, en effet, toute sa
pensée vers une forme de christianisme
déviée ; nous lui inculquons
l'idée d'une vie chrétienne où
l'essentiel consiste à recevoir constamment
de Dieu le dénouement de nos
difficultés matérielles et la bonne
marche de nos petites affaires. Ce n'est pas
là le christianisme fidèle. Nous
comptons en toutes choses sur la grâce de
Dieu, alors que « PREMIÈREMENT
NOUS CHERCHONS LA JUSTICE ET LE
ROYAUME ».
Le sage et véritable équilibre
de la pensée chrétienne et de ses
aspirations apparaît dans le passage
suivant : « Elle (la grâce de
Dieu) nous enseigne à renoncer à
l'impiété et aux convoitises
mondaines, et à vivre dans le siècle
présent, selon la sagesse, la justice et la
piété, en attendant la bienheureuse
espérance, et la manifestation de la gloire
du grand Dieu et sauveur Jésus-Christ qui
s'est donné lui-même pour nous, afin
de nous racheter de toute iniquité, et de se
faire un peuple qui lui appartienne, purifié
par lui et zélé pour les bonnes
oeuvres. »
(Tite
2.12-14) Que rien, surtout, ne
puisse détourner la pensée du peuple
de l'Église, et sa recherche, des directions
élevées qui lui sont si clairement
données par l'Écriture, soit
l'espérance de la gloire et le constant
désir d'être trouvé en Christ,
non avec une propre justice, mais revêtu de
la justice qui s'obtient par la foi du Christ, et
qui vient de Dieu. Courons tous vers le but, pour
remporter le prix de la vocation céleste de
Dieu en Jésus-Christ ; et n'en
détournons personne en dirigeant un faisceau
de lumière sur l'aspect uniquement temporel
et matériel des effets de la bonté et
de la fidélité de Dieu, au
détriment de l'aspiration essentielle
à la gloire éternelle.
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