Au sommet des oeuvres confiées à
l'Église se situe la prédication de
la parole de Dieu. Voyons quelques passages qui
l'affirment : « La
prédication de la croix est une folie pour
ceux qui périssent ; mais pour nous qui
sommes sauvés, elle est une puissance de
Dieu »
(1
Cor 1.18). L'apôtre Paul
montre également comment agit la
prédication de la croix ; elle ne
repose pas sur les discours persuasifs de la
sagesse, mais sur une démonstration d'esprit
et de puissance, afin que la foi des auditeurs
s'établisse bel et bien sur la puissance de
Dieu, et non sur l'habileté d'une
rhétorique
(1
Cor 2.4-5). Paul avait
été établi
« PRÉDICATEUR ET
APÔTRE » par Dieu
(1
Tim 2.7, 2
Tim 1.11). Le Seigneur
Jésus a été oint
« pour ANNONCER LA BONNE NOUVELLE DU
ROYAUME DE DIEU » et ceux qu'il envoie
reçoivent cette même mission :
« Comme le Père m'a envoyé,
moi aussi je vous envoie »
(Jean
20.21). « Allez,
prêchez et dites : le royaume de Dieu
est proche »
(Mat
10.7). Annoncer la parole,
annoncer le royaume avec assurance, annoncer toutes
les paroles de cette vie, tel est bien
objectivement et de façon restrictive le
commandement de Dieu à l'égard de
toute l'Église
(Ph
2.14-16 ; 1
Pi 2.9).
Peut-on disposer dans le service de Dieu,
d'une ample faculté d'agir et de parler
à son gré ? Non, les voies sont
tracées, l'oeuvre à accomplir est
celle de Dieu ; les prédicateurs et les
témoins sont « OUVRIERS AVEC
DIEU », l'Église étant le
champ de Dieu, l'édifice de Dieu
(1Cor
3.9). L'oeuvre confiée
à l'Église ne tient rien de l'homme,
et si elle emploie des hommes, c'est après
que l'Esprit Saint les a dotés des
qualifications surnaturelles indispensables. Celui
qui sert Dieu (et cela devrait être le cas de
tous) n'a aucune puissance, ni aucune
capacité par lui-même ; il ne
peut agir efficacement qu'armé de son
charisme :
« Qu'as-tu que tu n'aies
reçu ? Et si tu l'as reçu
pourquoi te glorifies-tu comme si tu ne l'avais pas
reçu ? »
(1
Cor 4.7). Dans la seconde
épître aux
Corinthiens, 3.5 : « Ce n'est
pas à dire que nous soyons par
nous-mêmes capables de concevoir quelque
chose comme venant de nous-mêmes. Notre
capacité, au contraire, vient de
Dieu. »
Le dessein parfait et glorieux de Dieu
comporte absolument tout ce que fait l'oeuvre de
l'Évangile : rédemption
accomplie, Esprit Saint envoyé, parole
à annoncer, capacité d'ordre
surnaturel, puissance, sagesse, envoi et directions
venant d'en haut, voilà ce que sont les
biens que le Seigneur remet à ses serviteurs
et qu'il leur demande de faire valoir
jusqu'à son retour. La plénitude du
Saint-Esprit que chacun doit prendre soin de
conserver constante apporte force, sagesse et
amour ; elle n'appelle aucun complément
à puiser en l'homme lui-même ou dans
le monde. Les capacités naturelles de
l'homme, si elles sont utiles, n'interviendront que
dans leur totale soumission à
l'Esprit ; elles seront alors
mobilisées et régies par l'Esprit.
Les facultés intellectuelles et le savoir
humain utilisés sur l'initiative de celui
qui les possède n'apportent que
ténèbres dans l'Église.
C'est malheureusement dans les
caractéristiques de cette maladie des
derniers temps, le « syndrome
immunodéficitaire acquis » que
l'on découvre une comparaison saisissante du
mal qui, incontestablement, a
pénétré dans
l'église.
L'aspect nouveau et redoutable de cette
maladie réside dans le fait que le virus qui
la provoque (appelé H. I. V.) parasite les
lymphocytes T4, dont le rôle dans le sang est
de lutter contre les microbes
pathogènes ; en s'introduisant dans le
globule blanc T4, le virus s'adapte à son
hôte dont il paralyse la fonction
défensive, et qu'il finit par tuer.
Lorsque de nombreux lymphocytes sont ainsi
mis hors de combat, l'organisme se trouve
exposé â tous les processus infectieux
possibles ; il ne détecte plus ses
ennemis, et ne les combat donc plus.
Voilà à quoi l'Église
se trouve exposée en cette fin de
20ème siècle ! Tout comme un
corps humain dont les lymphocytes ne jouent plus
leur rôle, la communauté
évangélique peut se trouver atteinte
d'une incapacité à reconnaître
l'intrusion de facteurs dangereux et à les
expulser. Ces facteurs prennent en
général la forme de communications,
de propositions, d'exemples, de pratiques
nouvelles, de visites de personnes rendant
état d'expériences suscitant
l'enthousiasme, de mise en service des produits
d'une technologie avancée, d'enseignements
saisissants, etc. L'Église se laisse
subjuguer ; elle espère pouvoir
amplifier son action ou sortir de la stagnation, et
elle adopte de nouveaux moyens, sans un
sérieux examen au regard de la parole de
Dieu, sans s'apercevoir que le culte rendu à
Dieu va souffrir d'initiatives qui l'amoindrissent,
sans démasquer le côté
séducteur des entraînements auxquels
on a cédé.
Cette incapacité à
reconnaître la séduction, ou la
non-conformité à l'esprit de la
parole de Dieu, voire même à sa
lettre, s'apparente à une déficience
immunitaire sur 1er plan de la
fidélité et de la sagesse. On ne voit
plus l'ennemi ; non seulement les dominations,
les autorités, les princes du monde des
ténèbres, qui sont des ennemis
instigateurs, mais aussi la subtilité des
offres proposées en provenance du
monde ; offres que l'on accepte avec un
enthousiasme aveugle, comme la meilleure des
aubaines, en s'imaginant qu'elles vont apporter des
possibilités décuplées
d'évangéliser une
société
désespérément fermée.
Autour d'elles, les communautés aux maigres
effectifs, ou celles plus importantes qui
voudraient grandir, constatent avec envie les
effets de la puissance considérable des
médias. Certes, les réseaux officiels
et les chaînes de télévision
ont des exigences de prix qui tiennent les
Églises en respect ; celles-ci
cependant s'efforcent de développer
l'équipement audio-visuel qu'elles se sont
procuré, et ne renoncent pas à
prendre place dans les moyens de communication les
plus avancés. Elles pensent que ce moyens
sont autant de perches tendues à
l'Évangile, et ambitionnent d'insuffler la
foi au monde à armes égales avec
lui.
D'autre part, il y a les programmes des
chaînes de télévision auxquels
concourent tous les styles du cinéma, du
théâtre, de la musique, du chant et de
la danse. Il faut des artistes en grand
nombre ; et cela donne à penser aux
promoteurs évangéliques qu'il faut
aussi des artistes à l'Église. Le
mouvement prend de plus en plus une allure
assurée vers l'association de plusieurs
formes d'art au culte chrétien, notamment la
musique instrumentale, la chorale, et la
représentation théâtrale, en
des genres empruntés aux goûts en
vogue et aux techniques en usage dans le monde
profane. Celui-ci organise des festivals un peu
partout ; des groupements dits
évangéliques font de même. On y
voit le prédicateur en bien petite position
derrière les artistes dont les noms et le
renom attirent l'assistance à eux seuls. Ces
manifestations exercent une influence
aisément visible sur les communautés.
La chaire du prédicateur cède son
estrade à la scène, et l'ère
de l'auditorium remplace celle du temple.
Nous ne trouvons dans le Nouveau Testament que
deux sortes d'affection. Le chapitre
8 des Romains oppose les
choses de la chair aux choses de l'esprit ; et
le chapitre 3 des Colossiens
(verset
2) oppose les choses d'en
haut à celles qui sont sur la terre. II
paraît normal de rapprocher les choses de
l'esprit des choses d'en haut, et les choses de la
chair, des choses qui sont sur la terre. C'est en
ce second groupe que prennent place les moyens
d'action que le monde peut nous céder ;
car, même si on regarde la technique comme
neutre dans la distinction entre chair et esprit,
son utilisation ramène à des
préoccupations matérielles prenant le
service que l'on se proposait de consacrer à
Dieu. Ces préoccupations accaparent le
temps, la pensée, l'intérêt, la
volonté au profit du maniement des
appareils, de leur installation et des
préparatifs d'ordre scénique. Tous
les soins vont à ces tâches exigeantes
auxquelles on s'efforce d'apporter une
habileté technique professionnelle.
L'affection est donc bien en direction des
choses d'en bas, celles où l'homme naturel
trouve son enthousiasme de réalisateur
expérimenté ; celles où
se situe sa profession, ou son violon d'Ingres. Le
croyant qui, avec les bonnes raisons qu'il se
donne, s'ingénie à servir Dieu
uniquement en professionnel des moyens techniques,
sollicite l'église vers un attachement aux
choses d'en bas, et provoque sa mise en
sujétion à l'égard de ces
moyens. Ainsi engagée, l'Église
avancera toujours davantage dans l'utilisation des
arts et des techniques à différents
niveaux professionnels. Elle aura son imprimerie,
ses studios de radio et de
télévision, ses magasins, son
commerce avec l'équipement adéquat,
sa publicité, ses ventes en promotion ;
et au delà des écoles bibliques, elle
aura des centres de formation pour la musique, le
théâtre, la chorégraphie, la
mise en scène, le maquillage, etc. Dans ces
différents départements,
étaient à l'oeuvre de
véritables professionnels
rétribués et engagés en raison
de leurs compétences attestées. Il ne
s'agit pas là de perspectives futures, car
nous y sommes déjà. Nous avons nos
artistes...
Nous ne voulons pas dire que l'Église
doit s'interdire l'usage de certains appareils,
comme la sonorisation, l'enregistrement des
messages en vue de leur diffusion, les automobiles,
etc. Toutefois ces moyens accessoires sont à
contenir afin qu'ils servent discrètement,
n'empiétant en rien sur le vrai service de
Dieu, sur l'exercice des ministères et des
dons, sur le combat de l'Église, et qu'on ne
prétende jamais les considérer en
tant que ministères, ou comme substituts de
la puissance de l'Esprit-Saint. Dans le peuple de
Dieu, qu'il y ait des gens habiles, certes,
essentiellement
en raison de leur foi ; mais qu'il n'y ait pas
de professionnels rétribués sur la
base de compétences et de diplômes. Si
l'on pense devoir s'appuyer sur les ressources des
hommes et du monde, il est absolument certain que
l'on se fermera les écluses des cieux. Le
Saint-Esprit n'accepte pas une telle
collaboration : « Ce n'est ni par la
puissance, ni par la force, mais c'est par mon
Esprit dit l'Éternel des
armées ! »
(Zac
4.6) L'oeuvre de l'Église
en sa totalité est une oeuvre surnaturelle,
qui, sur la terre, n'entend utiliser que l'esprit,
l'âme et le corps des hommes et des femmes
nés de nouveau et revêtus de la
puissance d'en haut. Dans le passé, quand
l'Église se mit à construire des
cathédrales dont on admire encore
aujourd'hui la hardiesse et le style, son coeur
était revenu au monde de la terre ;
tous les moyens des arts étaient
présents ; on servait le plaisir des
yeux, des oreilles, on servait l'ambition, on
servait l'orgueil, l'esprit humain de domination,
on servait même le vice, mais on ne servait
plus Dieu ! C'est sur la même pente
fatale que nous recommençons à nous
engager aujourd'hui.
La recherche de moyens substitutifs à
portée de main naît immanquablement de
l'appauvrissement en ressources surnaturelles dont
l'Église se sent pâtir.
Assurément l'on bute actuellement sur
l'insuccès de nos efforts ; et c'est ou
la stagnation ou le recul. La démographie
poursuit sa course ascendante, et l'Église
du Seigneur ne parvient pas à la suivre,
loin de là ! Nous en ressentons tous
une profonde affliction.
Que faudrait-il faire ? Nous le savons
bien. Prier assidûment, mais non pas une
heure par semaine dans la salle de culte, en petit
nombre. Il faudrait soutenir avec
persévérance le combat par une
prière quotidienne, réunis en
cellules de quelques-uns, par quartiers ou
banlieues. Que de tels groupes soient
appelés « cellules »,
« communautés de
prière » ou « foyers
d'accueil », peu importe, il s'agit de
vivre la parole du Seigneur en Mat
18.19-20 :
« Là où deux ou trois sont
assemblés en mon nom, je suis au milieu
d'eux ». Ces petits groupements
rattachés à l'Église locale
dont ils sont l'étoffe lui apportent le seul
concours de prière en commun efficace et
réalisable, et constituent donc une force
constante. Le volume de prière en commun
demeure grandement insuffisant dans les
Assemblées locales dépourvues de
cellules ; la difficulté pour se
déplacer et se réunir dans les
grandes villes souligne encore cette utilité
des cellules.
Que faudrait-il encore ? Entretenir la
communion fraternelle qui est l'une des importantes
composantes de la vie de l'Église. Celle-ci,
étant le corps de Christ, possède le
caractère d'une personne. C'est là ce
que nous enseigne le Nouveau Testament :
« nous qui sommes plusieurs, nous formons
un seul corps en Christ, et nous sommes tous
membres les uns des autres »
(Ro
12.5) ; « qu'il
n'y ait pas de division dans le corps, mais que les
membres aient également soin les uns des
autres ; et si un membre souffre tous les
membres souffrent avec lui... »
(1
Cor 12.25-26) ;
« C'est ici mon commandement :
aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai
aimés »
(Jean
15.12). La parole convie
également les membres de l'église
à s'exhorter les uns les autres, et
même chaque jour
(Heb
3.13). Tout cela n'est pas
réellement vécu, n'est pas
prêché, ni encouragé.
L'esprit de cette communion
n'imprègne pas le coeur des
chrétiens. Leur Assemblée, pour
beaucoup d'entre eux, est le rendez-vous du
dimanche matin ; pour d'autres qui assistent
aux réunions de semaine, l'Assemblée
procure une certaine union et la joie de se trouver
unis entre frères et soeurs ; cependant
que l'on reste encore loin de ce que devrait
être la communion fraternelle des saints de
l'Église, pour atteindre le niveau de la
volonté divine exprimée par les
Écritures. La plupart des chrétiens
d'une même communauté se connaissent
entre eux, s'ils ne sont pas trop nombreux ;
ils se saluent plus ou moins après les
réunions, et là s'arrête la
communion le plus souvent. Quelle tristesse !
L'Évangile, là tout d'abord, n'est
pas vécu. L'individualisme, par contre ne
perd rien de ses profondes incrustations dans le
coeur et dans les habitudes. L'hospitalité
elle-même, pourtant recommandée, est
abandonnée, à l'exception de
quelques-uns pour qui elle reste une source de
réjouissance. II y a donc lieu de
reconstruire l'Église, corps de Christ, sur
toutes ses bases, afin qu'elle soit agréable
à Dieu. Ici encore les cellules favorisent
cette communion.
Posons encore la question : que
faudrait-il ensuite ? Tout simplement un
renouveau de consécration dans le cadre
particulier du foyer, et dans la vie courante de
chacun. Tous ceux qui ont été
justifiés par grâce devraient penser
continuellement à leur besoin d'être
sanctifiés sans cesse, d'achever leur
sanctification dans la crainte de Dieu
(2
Cor 7.1). Assurément, c'est
Dieu qui sanctifie (esprit, âme et corps
&endash; 1
Thes 5.23-24) ; Il sanctifie
uniquement ceux qui s'offrent à l'action de
son Esprit, en lui soumettant leur vie et leur
personne, sans partage et avec
persévérance. Dans chaque maison
chrétienne notamment, le culte du soir
devrait reprendre la place qu'on lui a fait perdre
quand la foi s'est lassée, ou en raison du
trop grand volume des occupations qui
débordent la journée de labeur, ou
enfin par suite de l'usurpation des heures du soir
consenties à la télévision.
Les « veilles » ou la
« veillée » que le
dictionnaire définit comme étant le
temps s'écoulant entre le repas du soir et
le coucher, étaient, fut un temps,
entièrement consacrées au
Seigneur ; maintenant elles lui ont
été retirées. Pourtant comme
quelqu'un l'a dit, le soir de la journée est
le « dimanche » de la
journée ! Comme c'est vrai ! Dieu
voudrait que nous soyons à ce rendez-vous
là. Comptons un peu les
désobéissances que nous cumulons
chaque jour. Relisons le Nouveau Testament dans
cette recherche-là ; nous en serons
étonnés. Il ne peut pas y avoir
d'affermissement de la foi sans VIGILANCE. Relisons Luc
21.34-36 ; Marc
13.33-37. Jésus a
insisté fortement sur l'injonction à
tous ses disciples (je le dis à tous) :
VEILLEZ ET PRIEZ ! Tant que cette consigne
impérative du Christ restera lettre morte,
l'église ne connaîtra ni réelle
croissance, ni réveil. La vigilance
appartient aux « oeuvres justes des
saints ». La grâce de Dieu, si l'on
sait ne pas s'en priver, permet d'y parvenir.
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