Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PLUS PRÈS DE TOI, MON DIEU !

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Approchez-vous de Dieu. (Jacques IV, 8.)

Vous avez peut-être déjà entendu parler dans cette chaire même du désastre du « Titanic » ; mais je ne puis me dispenser de vous y rendre attentifs à mon tour. Il faudrait que nous fussions bien légers pour n'être émus par un tel événement que d'une façon passagère et superficielle. À la douleur qui nous étreint quand nous nous représentons seize cents de nos semblables, toute une population, passant tout-à-coup de la sécurité la plus complète à la plus affreuse angoisse, et de la vie la plus confortable à la mort la plus cruelle, s'ajoute un sentiment de respectueuse admiration. Certes, il y a eu parmi ces naufragés des cas d'affolement, de lutte furieuse pour la vie ; dans les grandes calamités, la nature humaine se montre telle qu'elle est, avec sa misère comme avec sa grandeur. Mais d'une façon générale, ce qui s'est passé dans le naufrage du « Titanic » fait honneur à l'humanité, à la race anglo-saxonne, qu'il me soit permis d'ajouter ; au christianisme protestant. On a procédé au sauvetage avec ordre, en commençant par les femmes et les enfants ; capitaine, matelots, passagers, télégraphistes, mécaniciens, électriciens, musiciens, chacun est resté à son poste et a fait son devoir jusqu'au bout. Mais ce qui a fait le plus d'impression, c'est le chant final du cantique : « Plus près de toi, mon Dieu ! » Il n'y a pas à dire descendre ainsi dans la froide mer, c'est sublime et les annales de l'humanité n'ont guère de plus belles pages. Aussi ce cantique, soit dans l'original anglais, soit dans la traduction qu'en a donnée notre ami M. Saillens, a-t-il conquis tout-à-coup une célébrité mondiale. Il y a quelques jours, dans une grande assemblée au Trocadéro, à Paris, des voix nombreuses l'ont chanté, tandis que le reste de la foule écoutait, tête nue et dans un religieux silence.

Mais c'est trop peu d'admirer. Il faut nous approprier dès maintenant les sentiments qu'exprime ce cantique ; c'est aujourd'hui qu'il faut, comme nous y exhorte Saint Jacques dans notre texte, nous approcher de Dieu. À l'heure de notre mort, il serait bien tard pour le faire, si nous ne l'avions pas fait pendant notre vie. Ce chant qui, dans cet instant tragique, s'est élevé de l'âme et de la poitrine de tous ces mourants, n'est-il qu'une belle chimère, une survivance de la vieille chanson dont parlait Jaurès, ou n'est-il pas plutôt l'expression d'une conviction vraie, d'un espoir oublié peut-être, mais qui, à ce moment suprême, se réveillait avec une irrésistible puissance ?
Que Dieu nous aide à le comprendre, qu'Il parle par son Esprit à nos consciences et à nos coeurs, comme il a parlé dans sa miséricorde - dirai-je : à nos malheureux ? non ! disons plutôt : - à nos bienheureux frères et soeurs du « Titanic » !


I


« Plus près de toi ! » Se rapprocher de Dieu, c'est avoir une communion plus complète et plus étroite avec lui, c'est entrer dans sa pensée, c'est vouloir ce qu'il veut, c'est aimer ce qu'il aime ; c'est, en un mot, lui devenir semblable. Or c'est là le premier devoir et le premier besoin de la créature faite à son image. Pour contester cela, il faudrait nier Dieu d'abord et nier l'homme ensuite dans tout ce qu'il a de supérieur et de divin. Sans doute, beaucoup de gens méconnaissent cette vérité ; et beaucoup d'autres, qui l'admettent en théorie, n'en sont que médiocrement touchés. Mais, comme les faits viennent de nous le prouver, par la lumière que fait dans la conscience l'imminence de la mort, cette valeur suprême, ce prix infini de la communion avec Dieu, s'impose au croyant trop longtemps inconséquent et endormi, souvent même à l'indifférent et à l'incrédule.

« Plus près de toi ! » c'est un voeu qu'en un sens l'ange lui-même peut s'approprier. Dieu est le centre de lumière et de vie vers lequel toutes les créatures intelligentes tendent sans jamais pouvoir le toucher. Mais, dans la bouche de l'homme, ce voeu devient une supplication et un cri de détresse. Car l'homme n'est pas seulement fort au-dessous de Dieu, par suite de l'imperfection inhérente à sa nature, il est séparé de Dieu par son péché. Dieu est Esprit et nous sommes charnels ; il est saint et nous sommes impurs ; il est amour et nous sommes égoïstes ; il est lumière et nous sommes pleins de ténèbres.
Quand nous avons compris cela, nous avons l'impression, non seulement que nous sommes infiniment éloignés de Dieu, mais qu'il y a entre Dieu et nous comme d'infranchissables montagnes. Et pourtant, le sentiment de notre affinité native avec Dieu demeure indestructible, et du fond de l'abîme nous crions encore : « Plus près de toi, mon Dieu ! »

Dieu a entendu ce cri de sa créature déchue, mais grande encore dans son abaissement. Nous voyant incapables de nous élever à Lui de nous-mêmes, il est descendu vers nous dans la personne de son Fils unique. Jésus-Christ rejoint l'homme à Dieu par sa nature et par son amour ; sa croix est la véritable échelle de Jacob qui relie la terre au ciel. « Par lui, dit un apôtre, nous avons un libre accès auprès du Père sous l'impulsion de l'Esprit. » Réconciliés avec Dieu par le sacrifice et la médiation de Jésus-Christ, au moyen de la foi en lui, en un sens nous ne sommes plus éloignes, - jamais assez près pourtant ! Fussions-nous chrétiens comme Saint Paul, comme lui nous aspirerions encore à entrer plus avant dans la communion des souffrances, de la mort et de la résurrection du Fils de Dieu, à connaître le Père comme nous avons été connus de Lui. À ce point de vue, la mort, sous quelque forme qu'elle se présente, nous sera bienvenue, comme devant nous transporter auprès de Jésus-Christ, c'est-à-dire dans le voisinage immédiat du Père. À la dernière heure, sans nous émouvoir de ce que la terre ou la mer - peu importe laquelle des deux - s'ouvre pour recevoir notre dépouille, nous regarderons en haut, nous ouvrirons nos ailes et nous nous écrierons avec les naufragés du « Titanic » : « Plus près de toi, mon Dieu ! »


II


La destinée et la gloire de l'homme, c'est donc de s'approcher de Dieu. Mais comment le peut-il et le fait-il ? Est-ce par la mort ? - Ce n'est pas par la mort seulement ; il faut avoir le courage d'ajouter : ce n'est pas nécessairement par la mort. Celui qui, sur la terre, n'a pas connu et aimé Dieu, comment trouverait-il son bonheur à le rencontrer dans l'autre monde et à passer l'Éternité auprès de lui ?
Est-ce donc par ce que l'on appelle le progrès que l'homme se rapproche de Dieu ? Est-ce par le développement de son intelligence et de sa puissance, par ses conquêtes sur la nature ? - Je ne répondrai pas à cette question par un « non » pur et simple. Ce serait oublier que le premier commandement de Dieu à l'homme fut celui-ci : « Croissez et multipliez, remplissez la terre et l'assujettissez. » L'intérêt personnel aidant, l'homme a accompli ce commandement beaucoup mieux qu'aucun autre, et certes c'est à son honneur.

Le Psaume huitième exalte l'empire que Dieu a donné à l'homme sur toutes les créatures et s'écrie : « Tu as fait de lui presque un dieu ! » Et pourtant, qu'est-ce que l'homme savait et pouvait alors, en comparaison de ce qu'il sait et de ce qu'il peut aujourd'hui !

Je vous fais grâce de l'énumération des progrès et des inventions modernes, souvent faite et jamais terminée ; je ne mentionnerai qu'une seule de ces inventions, cette merveilleuse télégraphie sans fil, qui a permis à l'immense navire en perdition de jeter de tous côtés, à travers les ténèbres, des appels désespérés mais non inutiles. Grâce à l'intervention du « Carpathia », qui répondit à ses signaux de détresse, un tiers des habitants de cette cité flottante qu'était le « Titanic » a pu être sauvé, et tout le monde l'aurait été sans la déplorable et coupable insuffisance des moyens de sauvetage. Certes, de telles inventions méritent toute notre admiration ; par elles l'homme réalise une partie importante de la tâche qui lui a été assignée ; il conquiert sur la terre une puissance, une royauté comparables jusqu'à un certain point à celles que Dieu possède dans l'Univers ; il s'approche donc de Dieu. Il reste bien loin pourtant de la toute-puissance divine, puisque sa royauté est toujours contestée et précaire; puisque cette Nature, dont il se vante d'être le maître, détruit parfois, comme en se jouant, ses plus coûteux et ses plus magnifiques ouvrages, et lui-même par dessus le marché. Mais surtout, si, par cette voie de progrès scientifique et industriel, l'intelligence de l'homme se rapproche de celle de Dieu, il n'en est pas de même de sa volonté ; or, la volonté est le fond de l'homme, et, s'il nous est permis de le dire, le fond de Dieu aussi.

Au contraire, le progrès matériel devient trop souvent pour l'homme une occasion de sensualité, d'égoïsme, d'orgueil, de folle confiance en lui-même, et alors il s'éloigne de Dieu.
À cet égard le nom donné au « Titanic » a une signification symbolique, que le triste sort de ce superbe bâtiment fait cruellement ressortir. Les Titans, d'après la fable, étaient des géants qui prétendirent escalader le ciel, et Jupiter les foudroya. Le « Titanic » était une orgueilleuse affirmation du génie humain ; il devait transporter des milliers de personnes d'Europe en Amérique, dans des conditions de confort, de bien-être, de luxe, de rapidité aussi, qui n'avaient jamais été égalées. Il se déclarait insubmersible. Or, voilà que dès son premier voyage, rencontrant un bloc de glace, non pas même un des plus formidables par ses dimensions, il coule à fond et disparaît pour jamais avec toutes les richesses qu'il porte.

Les nombreuses victimes de cet épouvantable désastre n'ont pas eu sujet de remercier le progrès et la civilisation. Si elles se sont approchées de Dieu dans leur mort, évidemment c'est par une autre voie.


III


C'est en effet une voie toute différente pour aller à Dieu que nous indique notre texte. Hâtons-nous de la définir. C'est la voie de l'humiliation et de la repentance : voie plus étroite sans doute, mais plus courte, plus sûre, et qui a en même temps l'immense avantage d'être accessible à tous les hommes, non pas seulement aux intellectuels. C'est la voie de l'humiliation, ai-je dit. « Humiliez-vous devant le Seigneur », dit l'apôtre. Chose étonnante ! Pour s'approcher du Très-Haut, il faut commencer, non par monter, mais par descendre. Jésus avait déjà dit : « Celui qui s'abaisse sera élevé » ; et dans le second Esaïe, après avoir dit : « Le ciel est mon trône, et la terre est mon marchepied », l'Éternel ajoute : « À qui regarderai-je ? À celui qui est humble et qui a l'esprit contrit, et qui tremble à ma parole. »
Cela se conçoit, après tout. Nous avons vu que la distance qui nous sépare de Dieu est faite surtout de nos péchés. Or, pour guérir une maladie, il faut avant tout la connaître ; pour être délivrés de nos péchés, il faut donc commencer par les discerner et les confesser.

L'apôtre Jacques, qui a plus d'un trait commun avec Jean-Baptiste, tance rudement ses lecteurs. Il les traite d'âmes adultères, c'est-à-dire infidèles. à l'Époux divin ; il leur reproche de trahir Dieu pour le monde ; il ne désespère pourtant pas de leur salut, mais à une condition, c'est qu'ils s'humilient bien bas, bien profondément : « Sentez votre misère, soyez dans le deuil et pleurez ; que votre rire se change en pleurs et votre joie en tristesse. »

Nous avons l'air d'obéir à ces exhortations, puisque nous professons chaque dimanche « une vive douleur d'avoir offensé Dieu » ; mais cette douleur, l'avons-nous jamais vraiment éprouvée, l'éprouvons-nous à cette heure ? Avons-nous compris ce que c'est que le péché : révolte et ingratitude à l'égard de Dieu, injustice et malignité à l'égard du prochain, folie et suicide à l'égard de nous-mêmes ?

Savons-nous que ce mal-là est plus grand que le plus grand des désastres, que la perte même du « Titanic » ? Or, encore une fois, il faut qu'il soit reconnu et confessé comme tel, pour être pardonné et pour être vaincu. C'est pourquoi le péager qui se frappe la poitrine et dit : « O Dieu ! sois apaisé envers moi pécheur ! » la femme de mauvaise vie, qui baigne de ses larmes les pieds de Jésus, sont plus près de Dieu que le premier des savants et des philosophes, si ce savant ou ce philosophe ne sait pas prier et ne s'est jamais repenti.

Je viens de nommer la repentance. Celle-ci ne consiste pas seulement à confesser ses transgressions, mais aussi et surtout à les délaisser. C'est pourquoi l'apôtre ne dit pas seulement : « Sentez votre misère et pleurez ! » mais aussi : « Nettoyez vos mains, purifiez vos coeurs. »

Nettoyez vos mains d'abord, c'est-à-dire renoncez à toute action, à toute pratique que vous savez mauvaise. Montrez-les moi, ces mains. Ne les cachez pas dans la pénombre ; ne dites pas : « Elles ne sont pas beaucoup plus malpropres que beaucoup d'autres. » Apportez-les à la lumière de la sainte loi de Dieu et sous la clarté directe de son regard. Je ne demande pas si elles sont tachées de sang, quoique la question soit moins hors de propos qu'il ne parait, si l'on considère que, d'après l'Évangile, le principe du meurtre est dans toute violence, toute injure, toute colère et toute haine. Mais je dirai plutôt : vos mains n'ont-elles touché à rien d'impur ? Ne sont-elles jamais l'instrument de quelque mauvais désir, ou de quelque passion coupable ? Sont-elles pures de tout gain déshonnête ? N'y a-t-il dans vos caisses aucun billet de banque, dans vos porte-monnaie aucune pièce d'or ou d'argent dont l'origine vous cause un remords, ou du moins vous laisse un scrupule ? La soif du gain, d'un gain énorme et rapide, n'est-elle pas pour quelque chose et même pour beaucoup dans la perte du « Titanic » et dans une très grande partie des scandales et des misères de notre époque ? Nettoyez vos mains. Comment un injuste, un impur ou un avare pourrait-il avoir communion avec Dieu ?

L'apôtre aurait pu ajouter : « Purifiez vos lèvres », lui qui insiste plus qu'aucun autre écrivain sacré sur les méfaits de la langue. « Malheur à moi ! » s'écrie le prophète Esaïe, « car je suis un homme souillé de lèvres, et j'habite au milieu d'un peuple souillé de lèvres ! » C'est seulement quand le charbon de feu, symbole de l'Esprit purificateur, a touché sa bouche, qu'il devient capable d'être un prophète de l'Éternel. Bannissons donc et fuyons toute parole malséante, malveillante ou mensongère, si nous voulons avoir communion avec Dieu.

Comme l'a dit un poète chrétien « Il faut rendre la source sainte pour rendre les flots innocents » ; en d'autres termes, le vrai et seul moyen de corriger à fond les paroles et les actions, c'est de nettoyer le coeur dont elles procèdent.
C'est pourquoi l'apôtre ajoute : « Vous qui avez le coeur partagé, purifiez vos coeurs ! » Entre quels objets ces coeurs sont-ils partagés ? Le contexte le dit clairement : entre Dieu et le monde. Entre ces deux amours il y a incompatibilité, contradiction même. « L'amour du monde est inimitié contre Dieu », dit Saint Jacques. Saint Jean dit en d'autres mots la même chose. Et l'on serait tenté de dire à l'inverse : « L'amour de Dieu est inimitié contre le monde. » Jésus n'a-t-il pas dit : Si quelqu'un en venant à moi ne hait pas les objets de ses affections. naturelles et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple. Certes, on a raison de protester contre une interprétation littérale de ce précepte si paradoxal. Jésus, qui nous commande d'aimer nos ennemis, n'a pas pu nous faire un devoir de haïr nos parents. Sous cette forme énergique, il a proclamé le droit souverain de Dieu sur le coeur de l'homme. « Au commencement Dieu ».

Le premier commandement est : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur et de toutes tes forces. » Dieu ne consent pas à partager votre coeur avec l'argent, ou le plaisir, ou la vanité, ou toute autre idole. « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon. » Quant aux hommes, il faut les aimer, sans doute mais les aimer en Dieu et selon Dieu ; une affection où Dieu n'entre pas, où la prière et l'action de grâce n'ont aucune place, où la pensée de Dieu et le sentiment de sa présence seraient plutôt une gêne, doit être détestée et crucifiée en tant qu'affection charnelle, pour renaître sous la forme d'un amour chrétien.

Venez donc, mes frères, et apportez vos coeurs, comme tout-à-l'heure vos mains, sous le rayon direct de la sainteté divine. Si vous dites sincèrement et de tout votre coeur : « Plus près de toi, mon Dieu ! » si l'aspiration fondamentale de votre âme est de vous unir à lui, tout ce qui vous rapproche de lui doit être accepté et béni, fût-ce la douleur la plus amère ; tout ce qui vous sépare de lui doit être répudié et retranché, fût-ce la passion la plus forte et en apparence la plus légitime. Celui qui, comme Saint Paul, considère toutes les autres choses comme des balayures afin de gagner Christ ; celui qui, comme le veut Saint Jean, se purifie lui-même comme son Sauveur, est pur, voilà celui qui est près de Dieu.

Mais je vous entends : « Vous demandez l'impossible. Qu'il dépende de nous jusqu'à un certain point de nettoyer nos mains et nos lèvres, nous l'admettons encore, mais purifier nos coeurs ! N'est-ce pas un miracle que Dieu seul peut opérer ? » Oui, sans doute, mais celui qui ferait cette objection n'aurait pas lu notre texte jusqu'au bout : « Approchez-vous de Dieu et il s'approchera de vous. »

Dieu donc n'attend pas de nous que nous franchissions toute la distance qui nous sépare de lui. Il ne fuit pas devant nous comme l'horizon, devant les pas du voyageur. Il n'est pas non plus immobile comme ce pôle qui semblait inaccessible et que d'intrépides navigateurs viennent pourtant d'explorer et de toucher. Comme je le rappelais ; tout-à-l'heure, Dieu s'est le premier approché de nous dans la personne de son Fils ; il vient encore au devant de nous, il nous sollicite et nous attire par son Esprit ; n'avez-vous pas entendu sa voix ce matin même ? Et quand nous essayons de revenir à lui, tremblants et hésitants comme le fils prodigue, il court à nous, comme le père, pressé de nous recevoir et de nous serrer dans ses bras. Ce n'est pas tout : il veut qu'étant sauvés, nous devenions sauveurs, comme ces généreux matelots du « Carpathia » qui ont cherché et accueilli avec tant d'empressement les réchappés du « Titanic ». Par là, nous nous rapprocherons de Dieu et nous lui ressemblerons autant que cela est possible à l'homme sur la terre.

Mes frères, si tous ceux, ou du moins un grand nombre de ceux, qui ont lu le récit de la catastrophe, s'appropriaient ce chant, cette prière, ce cri suprême et désormais célèbre : « Plus près de toi, mon Dieu ! » s'ils en faisaient aujourd'hui la devise de leur vie, afin qu'elle soit demain la consolation de leur mort, on oserait presque dire qu'un si grand bienfait n'aurait pas été trop payé.

Amen.

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