Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PAIX À CEUX QUI CHERCHENT JÉSUS.

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L'ange dit aux femmes : « Pour vous ne craignez point, car je sais que vous cherchez Jésus ». (Matthieu XXVIII, 5.)

« Ne crains point ! ne craignez point ! » Cette parole de Dieu à l'homme se lit plus fréquemment qu'aucune autre peut-être dans les Saintes Écritures. Lorsque Dieu trouve bon de rendre sa présence et sa puissance sensibles à des hommes, lorsqu'il fait irruption en quelque sorte dans le monde visible, comme il en a le droit et le pouvoir (autrement il ne serait pas Dieu), la première impression des témoins de cette manifestation inattendue est toujours la crainte. Crainte de la créature en face du Créateur, crainte du pécheur devant son Juge. Cette crainte est légitime ; il est bon, il est nécessaire que l'homme l'éprouve ; mais il ne faut pas qu'il demeure accablé et paralysé par elle, car le but de Dieu n'est pas de juger, mais de sauver ; le Père céleste ne s'approche pas de ses enfants. pour les consumer, mais pour les attirer à lui. C'est pourquoi Dieu dit aussitôt, ou le messager divin dit à sa place : « Ne craignez point. » Un ange l'avait dit aux bergers la nuit de Noël ; un autre ange le dit aux saintes femmes le matin de Pâques.

Il m'a semblé, mes frères, que ce message était celui qu'il nous fallait. Nous avons éprouvé des malheurs qui nous ont abattus, consternés ; malgré nous, nous sommes comme sous un poids de tristesse, rebelles à toutes les consolations humaines, C'est pourquoi, je viens vous dire de la part de Dieu, et en face de la tombe ouverte de votre Sauveur : « Paix à tous ceux qui cherchent Jésus ».


I


Nous n'avons pourtant pas le droit de laisser entièrement dans l'ombre l'autre côté, le côté sévère de la vérité. Les mots même de l'ange : « Pour vous, ne craignez point », font supposer ou plutôt impliquent évidemment que d'autres ont sujet de craindre. Tels sont ces gardes que le Sanhédrin avait placés autour du tombeau ; « de la frayeur qu'ils eurent, » dit notre évangéliste, « ils furent tout bouleversés et ils devinrent comme morts. » L'ange ne les rassure pas. Non, la résurrection de Jésus-Christ n'est pas un événement propre à causer de la satisfaction et de la joie à n'importe quel homme, quelles que soient ses dispositions morales.

Elle nous dit qu'il y a un Dieu, Créateur et Maître de l'univers, qui fait ce qu'il lui plaît dans les cieux et sur la terre, et dont la puissance est infiniment supérieure à toute autre, même à celle de la mort. Si vous aimez mieux n'avoir à faire qu'à la Nature et à ses lois immuables, s'il vous déplaît d'entrer en relation avec le Dieu vivant, si vous n'êtes pas en paix avec lui, et si vous n'êtes pas prêt à vous réconcilier aujourd'hui avec lui, par la repentance et par l'obéissance, craignez ! La résurrection de Jésus-Christ nous dit encore qu'il y a une vie au-delà de celle-ci, que la pierre de notre tombeau sera un jour soulevée, comme le fut celle du tombeau du Christ ; que chacun de nous recueillera, dans l'Éternité, la moisson des semailles qu'il aura faites ici-bas. Si cette perspective vous effraie plutôt qu'elle ne vous console, si vous avez des raisons pour ne pas souhaiter de revivre, si vous aimez mieux considérer la mort comme un sommeil sans rêves et sans réveil et s'il vous plairait qu'on pût vous garantir ce sommeil-là, craignez !

La résurrection de Jésus atteste enfin qu'il est le Christ, le Fils de Dieu ; elle est le sceau de l'entière approbation du Père, mis sur sa personne, sa parole et son oeuvre ; si vous n'êtes pas des disciples et des amis de Jésus-Christ, si vous cherchez plutôt des raisons de douter de lui, que des raisons de croire ; si votre attitude vis-à-vis de lui est en somme une attitude de réserve et de froideur, je ne veux pas dire d'hostilité, craignez !

Craignez ! mais puisse cette crainte elle-même, en s'attachant à vous, en vous troublant et vous ébranlant jusqu'au fond de l'âme, en vous jetant comme morts, à la façon des gardes auprès de la tombe ouverte du Christ ; en vous arrachant enfin un cri de détresse, qui se changera bientôt en prière, oui, puisse cette crainte marquer dans votre vie le commencement d'une ère nouvelle, celle de la repentance et de la foi ! Car Dieu ne veut pas la mort du pécheur, mais sa conversion et sa vie, et Jésus-Christ, qui est mort pour tous, est ressuscité pour tous aussi. Il y eut peut-être plus d'un des gardes du saint-sépulcre, il y eut certainement bon nombre d'ennemis et de meurtriers de Jésus, parmi ceux qui, au jour de la Pentecôte, après avoir entendu le message de la résurrection, s'écrièrent : « Hommes frères, que ferons-nous ? » regardèrent avec larmes et componction de coeur à Celui qu'ils avaient percé, et trouvèrent en lui le salut. Faites de même.


II


Mais j'ai droit de penser que, dans cette assemblée que le souvenir de la résurrection du Sauveur a réunie ce matin dans la maison de Dieu, il n'y a que des personnes qui, à des degrés divers, cherchent Jésus. Il y en a même, grâce à Dieu, qui n'ont pas besoin de le chercher, en ce sens qu'elles l'ont déjà trouvé, qu'elles le connaissent. et qu'elles vivent pour son service. Le jour de sa résurrection est pour elles un jour de joie et il semble superflu de les exhorter à ne pas craindre. Mais en est-il vraiment et tout-à-fait ainsi ? Rentrons en nous mêmes, chers frères et soeurs en la foi, et soyons vrais. Est-ce qu'aujourd'hui notre joie est sans mélange ? est-ce qu'elle est exempte de toute crainte ? - Non ! nous craignons, nous aussi ; nous craignons de n'être pas assez joyeux, pas assez fidèles, pas assez chrétiens, pas assez morts et ressuscités avec Jésus-Christ. En un jour béni, jour de résurrection spirituelle, nous l'avons trouvé ; mais nous n'avons pas su, comme nous le devions, comme nous le pouvions, le retenir et demeurer en lui. En ce sens, nous sommes encore aujourd'hui de ceux qui le cherchent, et l'encouragement contenu dans notre texte n'est nullement superflu en ce qui nous concerne. « Pour vous, ne craignez point, car je sais que vous cherchez Jésus. » Comme ce : « je sais » est consolant !

L'ange le prononce de la part de Dieu. Dieu, qui lit dans nos coeurs et qui y voit, hélas ! bien des misères, bien des sentiments que nous osons à peine nous avouer à nous-mêmes, y discerne aussi ce soupir vers Jésus, cet ardent besoin de le trouver, cet amour pour lui par conséquent, encore imparfait, mais réel, qui est un fruit de son Esprit. Et Dieu vient au-devant de ce désir, il veut exaucer cette prière, il répond à cet amour ; il vous dit, parson faible serviteur, comme jadis aux saintes femmes par la voix de l'ange : « Ne craignez pas, cet ami, ce Sauveur que vous cherchez, il n'est pas mort, il est vivant ; il n'est pas éloigné, il est tout près de vous. »
Aide-nous, Seigneur, à recevoir ce message, comme le reçurent Marie-Madeleine et les autres amies de Jésus !


III


Ne craignez donc pas, vous qui doutez, mais qui cherchez Jésus. Marie-Madeleine et ses compagnes doutaient. Je ne dirai pas qu'elles doutaient de la résurrection, car, en se rendant au tombeau le matin du premier jour de la semaine, elles n'en avaient même pas l'idée ; mais, ce qui semble plus grave, elles doutaient de Jésus lui-même. Sa mort sur la croix contredisait d'une façon si flagrante et si accablante tout ce qu'elles croyaient et attendaient du Messie, qu'elles ne savaient plus que penser de lui. Mais elles le cherchaient ; leur amour survivait à leur foi et à leur espérance, et c'est cet amour qui les avait attirées vers le sépulcre. Aussi furent-elles, d'abord par le message de l'ange, puis, quelques instants après, par la vue du Ressuscité lui-même, magnifiquement récompensées, éclairées, relevées, affermies dans la foi pour toujours.

Je ne pense pas me tromper, mes frères, en supposant chez plusieurs de ceux qui m'entendent un état d'esprit qui n'est pas sans analogie avec celui de ces femmes avant la vision céleste. Sans avoir rompu avec la tradition chrétienne, vous n'êtes pas impunément de votre siècle. Vous avez entendu dire que la critique a tout saccagé, tout saboté, comme on dit aujourd'hui, dans l'histoire sainte, et notamment dans l'histoire évangélique, et vous êtes vaguement inquiets.

Vous vous demandez si des laïques, des femmes, des gens dépourvus d'érudition et de compétence théologiques ont le droit de croire fermement à quoi que ce soit, en particulier de retenir cette affirmation fondamentale du christianisme : la résurrection du Seigneur Jésus-Christ. Mais votre coeur ne s'en détache pas volontiers ; vous avez soif de certitude, de paix, d'espérance et vous sentez que si la grande nouvelle de la résurrection était démentie, tout cela, pour dire le moins, serait singulièrement compromis et menacé. Vous voudriez croire pour tout de bon et sans arrière-pensée ; en un mot, vous cherchez Jésus. S'il en est ainsi, ne craignez pas. Ne craignez pas pour le vieil Évangile ; il est plus solide que vous ne pensez. Voilà bientôt deux mille ans que les adversaires de la résurrection du Christ s'efforcent de battre en brèche ce fait divin et rédempteur, entassant contre lui, non pas des témoignages contraires, (ils n'en ont pas un seul) non pas de vraies raisons de le nier, (il n'y en a pas pour qui croit en Dieu) mais des hypothèses, qui se remplacent et se renversent mutuellement, et ils ne sont pas plus avancés qu'au premier jour.

Tout laïque que vous êtes (Jésus aussi était un laïque), vous avez le droit, et j'ajoute hardiment que vous avez aussi le devoir de croire les sûrs et véridiques témoins qui attestent cette résurrection : un Jean, le disciple bien-aimé du Maître, qui, sans se nommer, selon sa coutume, vous raconte avec tant de précision comment et à quel moment la foi en la résurrection entra dans son âme et l'illumina ; un Pierre, qui commence son épître par une hymne de louange et d'actions de grâce dont la résurrection de Jésus est le thème ; un Paul, qui a connu personnellement des centaines de témoins de la résurrection et qui, appelé le dernier parmi les apôtres, mais le premier par le génie et la puissance spirituelle, eut lui-même du Ressuscité une vision tellement glorieuse. qu'elle transforma et renouvela jusqu'au fond son âme, sa pensée et sa vie.

Au-delà et au-dessus des apôtres, regardez le Maître lui-même ; voyez-le répandant son Esprit sur ses apôtres, fondant son Église par le message de sa résurrection, l'étendant avec une merveilleuse rapidité, la soutenant dans ses épreuves, apparaissant à son premier martyr Etienne, et recevant son esprit ; convertissant par une nouvelle apparition le persécuteur Saul de Tarse, dont il fait son apôtre, le visitant plusieurs fois aux jours d'épreuve et de défaillance ; enfin, jusqu'a ce jour, (car il faut abréger) déployant les richesses de sa miséricorde envers ceux qui l'invoquent, brisant les chaînes des esclaves du péché, consolant les mourants, se glorifiant dans ses martyrs... Sont-ce là les oeuvres d'un mort ou d'un ressuscité ? d'un faux Messie qui pourrit dans le tombeau, ou d'un Christ qui vit au siècle des siècles ?

Peut-être une chose manque-t-elle encore pour affermir et vivifier votre conviction : une rencontre personnelle et spirituelle avec Jésus-Christ. Seigneur, daigne la leur accorder aujourd'hui, jour de ta résurrection ! daigne, comme tu fis pour tes compagnons de route à Emmaüs, te manifester à eux tout-à-l'heure, quand tu leur rompras le pain !


IV


Ne craignez pas, vous qui pleurez, mais qui cherchez Jésus. Les saintes femmes pleuraient. Elles pleuraient, parce qu'elles avaient perdu le Maître à qui elles devaient tout et dont la présence semblait indispensable à la vie spirituelle qu'il avait fait naître en elles. Ce qui ajoutait à leur douleur, c'est qu'elles l'avaient vu mourir dans les circonstances les plus cruelles, souffrant inexprimablement dans son corps et dans son âme, délaissé par les uns, conspué par les autres et, un moment, se plaignant d'être abandonné de son Dieu. Mais les larmes mêmes de ces femmes attestaient la fidélité de leur amour ; sans avoir, comme je le disais tout-à-l'heure, l'idée précise de la résurrection, elles ne se résignaient pas à la perte de Jésus ; elles ne voulaient pas la considérer comme complète et définitive ; elles le cherchaient, Quand elles le trouvèrent, comme leurs larmes furent changées en joie !

Ils ne sont pas rares parmi nous, ceux qui pleurent. Il en est qui ont perdu celle ou celui qui, aimé entre tous, semblait absolument indispensable à leur vie ; comme dit le poète : « Un seul être leur manque, et tout est dépeuplé ». Peut-être aussi leur deuil, comme celui de Marie-Madeleine et de ses compagnes, a-t-il été accompagné de circonstances qui en accroissent l'amertume. Ils se disent : « Pourquoi a-t-il tant souffert ? Pourquoi le ciel lui a-t-il été un moment voilé ? Pourquoi nous a-t-il quittés ainsi ? » Mais, n'est-ce pas ? chers affligés, vous ne vous livrez pas tout entiers à ces sombres pensées ; plus vous êtes malheureux, plus vous cherchez Jésus, car vous savez bien qu'il est le seul et le vrai Consolateur, lui, et son autre lui-même, le Saint-Esprit. Alors, ne craignez pas ; regardez à Jésus-Christ ressuscité. La résurrection, c'est ou ce sera l'explication de tous les mystères, la lumière finale qui nous montrera toutes choses concourant à la gloire de Dieu et au bien de ceux qui l'aiment.

La résurrection, c'est la réparation complète des ruines que la mort a faites, et la construction d'un édifice plus beau ; c'est l'être que nous aimions en Dieu, resté le même, comme Jésus, puisqu'il aime et connaît les siens et se fait connaître à eux, et pourtant, comme Jésus aussi, transfiguré, élevé au dessus de la mortalité et de toutes les misères d'ici-bas.

Il y a quelques jours, j'avais le douloureux privilège d'accompagner le convoi funèbre d'un jeune chrétien. Dix-huit mois plus tôt, ce jeune homme avait perdu un père auquel il était uni par une tendresse filiale extraordinaire. Après la mort du fils, sa mère trouva dans le journal intime de ce jeune homme quelques lignes belles et touchantes qu'il avait écrites au retour du convoi de son père. J'en citerai approximativement quelques mots : « J'ai compris que la mort n'est rien, qu'elle ne peut, ni détruire une personnalité comme celle de mon père, ni le séparer de moi pour toujours, et que je le retrouverai au jour glorieux et bienheureux de la résurrection. »

Mes frères, une telle espérance ne peut tromper, autrement l'homme qui la porte et qui la garde dans son coeur serait meilleur que Dieu, qui l'aurait fait naître et qui ne la réaliserait pas ; « c'est pourquoi, consolez-vous les uns les autres, par ces paroles. »


V


Ne craignez pas enfin, vous qui avez péché, mais qui cherchez Jésus. Dans l'histoire de la Passion, les femmes se montrent beaucoup plus fidèles au Maître et plus dévouées que les hommes. On peut dire que ce fut une revanche de l'Eden. Pourtant, dans cette crise de découragement et d'incrédulité qui entraîna tous les disciples sans exception, on peut croire que les femmes ne furent pas absolument sans reproche.

Marie-Madeleine et ses compagnes en ont le sentiment. À leur gré, elles n'ont pas assez aimé, servi, suivi jusqu'au bout leur Maître. Ce regret, ce repentir, accroissent leur douleur et aussi leur besoin de le revoir, de l'entendre, de recueillir de sa bouche une parole de grâce. Dès ses premiers mots : « La paix soit avec vous ! » elles ont compris que tout est pardonné.

Mes frères, nous avons péché contre le Seigneur Jésus bien plus que ces pieuses femmes. Nous avons ressemblé plutôt, du moins à de certains jours, aux disciples qui l'ont abandonné, que dis-je ? à Pierre, qui l'a renié ; aux villes de Galilée, qui ne se sont pas converties à sa voix ; à Jérusalem, qui a résisté obstinément à ses tendres appels. Nous n'avons pas obéi à ses commandements, ni marché sur ses traces ; nous ne l'avons pas visité, secouru, consolé dans la personne des petits et des souffrants ; ou en tous cas, nous avons souvent négligé de le faire. Ce coeur qui nous condamne, comme s'exprime l'apôtre Jean, - nous disons, nous : cette mauvaise conscience, - est ce qui nous empêche surtout de nous réjouir pleinement, et comme il convient à des chrétiens, en ce jour de sa résurrection. Resterons-nous donc loin de lui ?

Oh non ! Nous savons trop bien qu'il n'y a point de salut en aucun autre, que seul il apporte le pardon du péché et la victoire sur le péché. Plus nous avons péché, plus nous cherchons Jésus, le Sauveur. Son seul aspect signifie pardon divin. Il atteste en effet que le fardeau sous lequel il a plié à Gethsémané, sous lequel il a succombé à Golgotha, est ôté de ses épaules et par conséquent des nôtres ; que le sacrifice de propitiation qu'il a offert pour nos péchés est accepté par le Père ; qu'en lui la pauvre et coupable humanité, avec laquelle il s'est identifié jusqu'à prendre sa place et à mourir pour elle, est graciée, relevée, réhabilitée. S'il a été livré pour nos offenses, c'est-à-dire pour les expier et les ôter, il est ressuscité pour notre justification, c'est-à-dire pour la manifester et la prouver, pour la rendre certaine et accessible par grâce à quiconque croit en lui.

Regardons encore Jésus ressuscité : son seul aspect signifie puissance rédemptrice. Notre salut est un effet de l'amour et de la puissance de Dieu joints ensemble ; or, si l'amour de Dieu éclate dans la mort de Jésus, la puissance de Dieu éclate dans sa résurrection.

Saint-Paul explique admirablement comment cette même puissance, que nous voyons à l'oeuvre dans la résurrection du Sauveur, se déploie en nous, pécheurs, pour nous tirer du sépulcre de notre corruption et nous soustraire à l'odieux empire du Prince de ce monde. C'est au nom de cette foi et de cette expérience qu'Adolphe Monod mourant s'écriait :

... Lavé dans ton sang et couvert de ces armes
Je puis tout en Jésus mort et ressuscité !

Regardons encore une fois Jésus ressuscité. Son seul aspect signifie victoire. Victoire, non seulement sur le mal qui est en nous, mais sur le mal qui est dans le monde. Ah ! je n'ignore pas que ce mal est grand encore. Je sens aussi douloureusement que qui que ce soit le malaise et l'anxiété qui pèsent sur l'âme et sur l'Église chrétiennes à notre époque. Il est possible que le mal aille plus loin encore ; il est possible que le monde, ennemi de l'Évangile triomphe aussi complètement qu'il le fit à Golgotha, alors qu'il défiait insolemment le Seigneur Jésus de descendre de la croix. Mais il n'aura pas le dernier mot. Aussi vrai que Dieu est vivant et que Jésus-Christ est ressuscité, toute défaite apparente ou réelle de l'Évangile sera suivie d'une victoire, toute mort d'une résurrection.

Le dénouement du drame de la Passion est une prophétie et une garantie de celui de l'histoire du monde. Jésus-Christ règne actuellement au milieu de ses ennemis ; mais « il faut qu'il règne jusqu'à ce qu'il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds. »

Voulez-vous un jour régner avec lui ? Cherchez-le jusqu'à ce que vous l'ayez trouvé ; et si vous l'avez trouvé, demeurez et croissez en lui ; n'ayez, comme son apôtre Paul, d'autre ambition que celle de connaître tous les jours davantage et « la communion de ses souffrances et la vertu de sa résurrection ».

Amen.

Nîmes, Grand-Temple, 16 avril 1911

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