L'ange dit aux femmes : « Pour vous ne craignez point, car je sais que vous cherchez Jésus ». (Matthieu XXVIII, 5.)
« Ne crains point ! ne craignez
point ! » Cette parole de Dieu
à l'homme se lit plus fréquemment
qu'aucune autre peut-être dans les Saintes
Écritures. Lorsque Dieu trouve bon de rendre
sa présence et sa puissance sensibles
à des hommes, lorsqu'il fait irruption en
quelque sorte dans le monde visible, comme il en a
le droit et le pouvoir (autrement il ne serait pas
Dieu), la première impression des
témoins de cette manifestation inattendue
est toujours la crainte. Crainte de la
créature en face du Créateur, crainte
du pécheur devant son Juge. Cette crainte
est légitime ; il est bon, il est
nécessaire que l'homme
l'éprouve ; mais il ne faut pas qu'il demeure
accablé
et paralysé par elle, car le but de Dieu
n'est pas de juger, mais de sauver ; le
Père céleste ne s'approche pas de ses
enfants. pour les consumer, mais pour les attirer
à lui. C'est pourquoi Dieu dit
aussitôt, ou le messager divin dit à
sa place : « Ne craignez
point. » Un ange l'avait dit aux bergers
la nuit de Noël ; un autre ange le dit
aux saintes femmes le matin de
Pâques.
Il m'a semblé, mes
frères, que ce message était celui
qu'il nous fallait. Nous avons
éprouvé des malheurs qui nous ont
abattus, consternés ; malgré
nous, nous sommes comme sous un poids de tristesse,
rebelles à toutes les consolations humaines,
C'est pourquoi, je viens vous dire de la part de
Dieu, et en face de la tombe ouverte de votre
Sauveur : « Paix à tous ceux
qui cherchent Jésus ».
Nous n'avons pourtant pas le droit de laisser
entièrement dans l'ombre l'autre
côté, le côté
sévère de la vérité.
Les mots même de l'ange :
« Pour vous, ne craignez
point », font supposer ou plutôt impliquent
évidemment que d'autres ont sujet de
craindre. Tels sont ces gardes que le
Sanhédrin avait placés autour du
tombeau ; « de la frayeur qu'ils
eurent, » dit notre
évangéliste, « ils furent
tout bouleversés et ils devinrent comme
morts. » L'ange ne les rassure pas. Non,
la résurrection de Jésus-Christ n'est
pas un événement propre à
causer de la satisfaction et de la joie à
n'importe quel homme, quelles que soient ses
dispositions morales.
Elle nous dit qu'il y a un Dieu,
Créateur et Maître de l'univers, qui
fait ce qu'il lui plaît dans les cieux et sur
la terre, et dont la puissance est infiniment
supérieure à toute autre, même
à celle de la mort. Si vous aimez mieux
n'avoir à faire qu'à la Nature et
à ses lois immuables, s'il vous
déplaît d'entrer en relation avec le
Dieu vivant, si vous n'êtes pas en paix avec
lui, et si vous n'êtes pas prêt
à vous réconcilier aujourd'hui avec
lui, par la repentance et par l'obéissance,
craignez ! La résurrection de
Jésus-Christ nous dit encore qu'il y a une
vie au-delà de celle-ci, que la pierre de
notre tombeau sera un jour soulevée, comme
le fut celle du tombeau du Christ ; que chacun
de nous recueillera, dans l'Éternité,
la moisson des semailles qu'il aura faites
ici-bas. Si cette
perspective vous effraie plutôt qu'elle ne
vous console, si vous avez des raisons pour ne pas
souhaiter de revivre, si vous aimez mieux
considérer la mort comme un sommeil sans
rêves et sans réveil et s'il vous
plairait qu'on pût vous garantir ce
sommeil-là, craignez !
La résurrection de
Jésus atteste enfin qu'il est le Christ, le
Fils de Dieu ; elle est le sceau de
l'entière approbation du Père, mis
sur sa personne, sa parole et son oeuvre ; si
vous n'êtes pas des disciples et des amis de
Jésus-Christ, si vous cherchez plutôt
des raisons de douter de lui, que des raisons de
croire ; si votre attitude vis-à-vis de
lui est en somme une attitude de réserve et
de froideur, je ne veux pas dire
d'hostilité, craignez !
Craignez ! mais puisse
cette
crainte elle-même, en s'attachant à
vous, en vous troublant et vous ébranlant
jusqu'au fond de l'âme, en vous jetant comme
morts, à la façon des gardes
auprès de la tombe ouverte du Christ ;
en vous arrachant enfin un cri de détresse,
qui se changera bientôt en prière,
oui, puisse cette crainte marquer dans votre vie le
commencement d'une ère nouvelle, celle de la
repentance et de la foi ! Car Dieu ne veut pas
la mort du pécheur, mais sa conversion et sa
vie, et Jésus-Christ, qui
est mort pour tous, est ressuscité pour tous
aussi. Il y eut peut-être plus d'un des
gardes du saint-sépulcre, il y eut
certainement bon nombre d'ennemis et de meurtriers
de Jésus, parmi ceux qui, au jour de la
Pentecôte, après avoir entendu le
message de la résurrection,
s'écrièrent : « Hommes
frères, que ferons-nous ? »
regardèrent avec larmes et componction de
coeur à Celui qu'ils avaient percé,
et trouvèrent en lui le salut. Faites de
même.
Mais j'ai droit de penser que, dans cette
assemblée que le souvenir de la
résurrection du Sauveur a réunie ce
matin dans la maison de Dieu, il n'y a que des
personnes qui, à des degrés divers,
cherchent Jésus. Il y en a même,
grâce à Dieu, qui n'ont pas besoin de
le chercher, en ce sens qu'elles l'ont
déjà trouvé, qu'elles le
connaissent. et qu'elles vivent pour son service.
Le jour de sa résurrection est pour elles un
jour de joie et il semble superflu de les exhorter
à ne pas craindre. Mais en est-il vraiment
et tout-à-fait ainsi ? Rentrons en nous mêmes,
chers frères
et soeurs en la foi, et soyons vrais. Est-ce
qu'aujourd'hui notre joie est sans
mélange ? est-ce qu'elle est exempte de
toute crainte ? - Non ! nous craignons,
nous aussi ; nous craignons de n'être
pas assez joyeux, pas assez fidèles, pas
assez chrétiens, pas assez morts et
ressuscités avec Jésus-Christ. En un
jour béni, jour de résurrection
spirituelle, nous l'avons trouvé ; mais
nous n'avons pas su, comme nous le devions, comme
nous le pouvions, le retenir et demeurer en lui. En
ce sens, nous sommes encore aujourd'hui de ceux qui
le cherchent, et l'encouragement contenu dans notre
texte n'est nullement superflu en ce qui nous
concerne. « Pour vous, ne craignez point,
car je sais que vous cherchez
Jésus. » Comme ce :
« je sais » est
consolant !
L'ange le prononce de la part de
Dieu. Dieu, qui lit dans nos coeurs et qui y voit,
hélas ! bien des misères, bien
des sentiments que nous osons à peine nous
avouer à nous-mêmes, y discerne aussi
ce soupir vers Jésus, cet ardent besoin de
le trouver, cet amour pour lui par
conséquent, encore imparfait, mais
réel, qui est un fruit de son Esprit. Et
Dieu vient au-devant de ce désir, il veut
exaucer cette prière, il répond
à cet amour ; il vous dit,
parson faible serviteur, comme
jadis aux saintes femmes par la voix de
l'ange : « Ne craignez pas, cet ami,
ce Sauveur que vous cherchez, il n'est pas mort, il
est vivant ; il n'est pas
éloigné, il est tout près de
vous. »
Aide-nous, Seigneur, à
recevoir ce message, comme le reçurent
Marie-Madeleine et les autres amies de
Jésus !
Ne craignez donc pas, vous qui doutez, mais qui
cherchez Jésus. Marie-Madeleine et ses
compagnes doutaient. Je ne dirai pas qu'elles
doutaient de la résurrection, car, en se
rendant au tombeau le matin du premier jour de la
semaine, elles n'en avaient même pas
l'idée ; mais, ce qui semble plus
grave, elles doutaient de Jésus
lui-même. Sa mort sur la croix contredisait
d'une façon si flagrante et si accablante
tout ce qu'elles croyaient et attendaient du
Messie, qu'elles ne savaient plus que penser de
lui. Mais elles le cherchaient ; leur amour
survivait à leur foi et à leur
espérance, et c'est cet amour qui les avait
attirées vers le sépulcre. Aussi
furent-elles, d'abord par le message de l'ange,
puis, quelques instants après, par la vue du
Ressuscité lui-même, magnifiquement
récompensées,
éclairées, relevées, affermies
dans la foi pour toujours.
Je ne pense pas me tromper, mes
frères, en supposant chez plusieurs de ceux
qui m'entendent un état d'esprit qui n'est
pas sans analogie avec celui de ces femmes avant la
vision céleste. Sans avoir rompu avec la
tradition chrétienne, vous n'êtes pas
impunément de votre siècle. Vous avez
entendu dire que la critique a tout saccagé,
tout saboté, comme on dit aujourd'hui, dans
l'histoire sainte, et notamment dans l'histoire
évangélique, et vous êtes
vaguement inquiets.
Vous vous demandez si des
laïques, des femmes, des gens dépourvus
d'érudition et de compétence
théologiques ont le droit de croire
fermement à quoi que ce soit, en particulier
de retenir cette affirmation fondamentale du
christianisme : la résurrection du
Seigneur Jésus-Christ. Mais votre coeur ne
s'en détache pas volontiers ; vous avez
soif de certitude, de paix, d'espérance et
vous sentez que si la grande nouvelle de la
résurrection était démentie,
tout cela, pour dire le moins, serait singulièrement
compromis
et menacé. Vous voudriez croire pour tout de
bon et sans arrière-pensée ; en
un mot, vous cherchez Jésus. S'il en est
ainsi, ne craignez pas. Ne craignez pas pour le
vieil Évangile ; il est plus solide que
vous ne pensez. Voilà bientôt deux
mille ans que les adversaires de la
résurrection du Christ s'efforcent de battre
en brèche ce fait divin et
rédempteur, entassant contre lui, non pas
des témoignages contraires, (ils n'en ont
pas un seul) non pas de vraies raisons de le nier,
(il n'y en a pas pour qui croit en Dieu) mais des
hypothèses, qui se remplacent et se
renversent mutuellement, et ils ne sont pas plus
avancés qu'au premier jour.
Tout laïque que vous êtes
(Jésus aussi était un laïque),
vous avez le droit, et j'ajoute hardiment que vous
avez aussi le devoir de croire les sûrs et
véridiques témoins qui attestent
cette résurrection : un Jean, le
disciple bien-aimé du Maître, qui,
sans se nommer, selon sa coutume, vous raconte avec
tant de précision comment et à quel
moment la foi en la résurrection entra dans
son âme et l'illumina ; un Pierre, qui
commence son épître par une hymne de
louange et d'actions de grâce dont la
résurrection de Jésus est le
thème ; un Paul, qui
a connu personnellement des centaines de
témoins de la résurrection et qui,
appelé le dernier parmi les apôtres,
mais le premier par le génie et la puissance
spirituelle, eut lui-même du
Ressuscité une vision tellement glorieuse.
qu'elle transforma et renouvela jusqu'au fond son
âme, sa pensée et sa vie.
Au-delà et au-dessus des
apôtres, regardez le Maître
lui-même ; voyez-le répandant son
Esprit sur ses apôtres, fondant son
Église par le message de sa
résurrection, l'étendant avec une
merveilleuse rapidité, la soutenant dans ses
épreuves, apparaissant à son premier
martyr Etienne, et recevant son esprit ;
convertissant par une nouvelle apparition le
persécuteur Saul de Tarse, dont il fait son
apôtre, le visitant plusieurs fois aux jours
d'épreuve et de défaillance ;
enfin, jusqu'a ce jour, (car il faut
abréger) déployant les richesses de
sa miséricorde envers ceux qui l'invoquent,
brisant les chaînes des esclaves du
péché, consolant les mourants, se
glorifiant dans ses martyrs... Sont-ce là
les oeuvres d'un mort ou d'un
ressuscité ? d'un faux Messie qui
pourrit dans le tombeau, ou d'un Christ qui vit au
siècle des siècles ?
Peut-être une chose
manque-t-elle encore pour affermir et vivifier
votre
conviction : une rencontre personnelle et
spirituelle avec Jésus-Christ. Seigneur,
daigne la leur accorder aujourd'hui, jour de ta
résurrection ! daigne, comme tu fis
pour tes compagnons de route à Emmaüs,
te manifester à eux tout-à-l'heure,
quand tu leur rompras le pain !
Ne craignez pas, vous qui pleurez, mais qui
cherchez Jésus. Les saintes femmes
pleuraient. Elles pleuraient, parce qu'elles
avaient perdu le Maître à qui elles
devaient tout et dont la présence semblait
indispensable à la vie spirituelle qu'il
avait fait naître en elles. Ce qui ajoutait
à leur douleur, c'est qu'elles l'avaient vu
mourir dans les circonstances les plus cruelles,
souffrant inexprimablement dans son corps et dans
son âme, délaissé par les uns,
conspué par les autres et, un moment, se
plaignant d'être abandonné de son
Dieu. Mais les larmes mêmes de ces femmes
attestaient la fidélité de leur
amour ; sans avoir, comme je le disais
tout-à-l'heure, l'idée précise
de la résurrection, elles ne se
résignaient pas à la perte de
Jésus ; elles ne voulaient pas la
considérer comme complète et
définitive ; elles le cherchaient,
Quand elles le trouvèrent, comme leurs
larmes furent changées en
joie !
Ils ne sont pas rares parmi
nous,
ceux qui pleurent. Il en est qui ont perdu celle ou
celui qui, aimé entre tous, semblait
absolument indispensable à leur vie ;
comme dit le poète : « Un
seul être leur manque, et tout est
dépeuplé ». Peut-être
aussi leur deuil, comme celui de Marie-Madeleine et
de ses compagnes, a-t-il été
accompagné de circonstances qui en
accroissent l'amertume. Ils se disent :
« Pourquoi a-t-il tant souffert ?
Pourquoi le ciel lui a-t-il été un
moment voilé ? Pourquoi nous a-t-il
quittés ainsi ? » Mais,
n'est-ce pas ? chers affligés, vous ne
vous livrez pas tout entiers à ces sombres
pensées ; plus vous êtes
malheureux, plus vous cherchez Jésus, car
vous savez bien qu'il est le seul et le vrai
Consolateur, lui, et son autre lui-même, le
Saint-Esprit. Alors, ne craignez pas ;
regardez à Jésus-Christ
ressuscité. La résurrection, c'est ou
ce sera l'explication de tous les mystères,
la lumière finale qui nous montrera toutes
choses concourant à la
gloire de Dieu et au bien de ceux qui
l'aiment.
La résurrection, c'est la
réparation complète des ruines que la
mort a faites, et la construction d'un
édifice plus beau ; c'est l'être
que nous aimions en Dieu, resté le
même, comme Jésus, puisqu'il aime et
connaît les siens et se fait connaître
à eux, et pourtant, comme Jésus
aussi, transfiguré, élevé au
dessus de la mortalité et de toutes les
misères d'ici-bas.
Il y a quelques jours, j'avais
le
douloureux privilège d'accompagner le convoi
funèbre d'un jeune chrétien. Dix-huit
mois plus tôt, ce jeune homme avait perdu un
père auquel il était uni par une
tendresse filiale extraordinaire. Après la
mort du fils, sa mère trouva dans le journal
intime de ce jeune homme quelques lignes belles et
touchantes qu'il avait écrites au retour du
convoi de son père. J'en citerai
approximativement quelques mots :
« J'ai compris que la mort n'est rien,
qu'elle ne peut, ni détruire une
personnalité comme celle de mon père,
ni le séparer de moi pour toujours, et que
je le retrouverai au jour glorieux et bienheureux
de la résurrection. »
Mes frères, une telle
espérance ne peut tromper, autrement l'homme qui
la
porte
et qui la garde dans son coeur serait meilleur que
Dieu, qui l'aurait fait naître et qui ne la
réaliserait pas ; « c'est
pourquoi, consolez-vous les uns les autres, par ces
paroles. »
Ne craignez pas enfin, vous qui avez
péché, mais qui cherchez
Jésus. Dans l'histoire de la Passion, les
femmes se montrent beaucoup plus fidèles au
Maître et plus dévouées que les
hommes. On peut dire que ce fut une revanche de
l'Eden. Pourtant, dans cette crise de
découragement et d'incrédulité
qui entraîna tous les disciples sans
exception, on peut croire que les femmes ne furent
pas absolument sans reproche.
Marie-Madeleine et ses compagnes
en
ont le sentiment. À leur gré, elles
n'ont pas assez aimé, servi, suivi jusqu'au
bout leur Maître. Ce regret, ce repentir,
accroissent leur douleur et aussi leur besoin de le
revoir, de l'entendre, de recueillir de sa bouche
une parole de grâce. Dès ses premiers
mots : « La paix soit avec
vous ! » elles ont compris que tout
est pardonné.
Mes frères, nous avons
péché contre le Seigneur Jésus
bien plus que ces pieuses femmes. Nous avons
ressemblé plutôt, du moins à de
certains jours, aux disciples qui l'ont
abandonné, que dis-je ? à
Pierre, qui l'a renié ; aux villes de
Galilée, qui ne se sont pas converties
à sa voix ; à Jérusalem,
qui a résisté obstinément
à ses tendres appels. Nous n'avons pas
obéi à ses commandements, ni
marché sur ses traces ; nous ne l'avons
pas visité, secouru, consolé dans la
personne des petits et des souffrants ; ou en
tous cas, nous avons souvent négligé
de le faire. Ce coeur qui nous condamne, comme
s'exprime l'apôtre Jean, - nous disons,
nous : cette mauvaise conscience, - est ce qui
nous empêche surtout de nous réjouir
pleinement, et comme il convient à des
chrétiens, en ce jour de sa
résurrection. Resterons-nous donc loin de
lui ?
Oh non ! Nous savons
trop bien
qu'il n'y a point de salut en aucun autre, que seul
il apporte le pardon du péché et la
victoire sur le péché. Plus nous
avons péché, plus nous cherchons
Jésus, le Sauveur. Son seul aspect signifie
pardon divin. Il atteste en effet que le fardeau
sous lequel il a plié à
Gethsémané, sous lequel il a
succombé à Golgotha, est
ôté de ses épaules et par
conséquent des
nôtres ; que le sacrifice de
propitiation qu'il a offert pour nos
péchés est accepté par le
Père ; qu'en lui la pauvre et coupable
humanité, avec laquelle il s'est
identifié jusqu'à prendre sa place et
à mourir pour elle, est graciée,
relevée, réhabilitée. S'il a
été livré pour nos offenses,
c'est-à-dire pour les expier et les
ôter, il est ressuscité pour notre
justification, c'est-à-dire pour la
manifester et la prouver, pour la rendre certaine
et accessible par grâce à quiconque
croit en lui.
Regardons encore Jésus
ressuscité : son seul aspect signifie
puissance rédemptrice. Notre salut est un
effet de l'amour et de la puissance de Dieu joints
ensemble ; or, si l'amour de Dieu
éclate dans la mort de Jésus, la
puissance de Dieu éclate dans sa
résurrection.
Saint-Paul explique
admirablement
comment cette même puissance, que nous voyons
à l'oeuvre dans la résurrection du
Sauveur, se déploie en nous,
pécheurs, pour nous tirer du sépulcre
de notre corruption et nous soustraire à
l'odieux empire du Prince de ce monde. C'est au nom
de cette foi et de cette expérience
qu'Adolphe Monod mourant s'écriait :
- ... Lavé dans ton sang et couvert de ces armes
- Je puis tout en Jésus mort et ressuscité !
Regardons encore une fois Jésus
ressuscité. Son seul aspect signifie
victoire. Victoire, non seulement sur le mal qui
est en nous, mais sur le mal qui est dans le monde.
Ah ! je n'ignore pas que ce mal est grand
encore. Je sens aussi douloureusement que qui que
ce soit le malaise et l'anxiété qui
pèsent sur l'âme et sur
l'Église chrétiennes à notre
époque. Il est possible que le mal aille
plus loin encore ; il est possible que le
monde, ennemi de l'Évangile triomphe aussi
complètement qu'il le fit à Golgotha,
alors qu'il défiait insolemment le Seigneur
Jésus de descendre de la croix. Mais il
n'aura pas le dernier mot. Aussi vrai que Dieu est
vivant et que Jésus-Christ est
ressuscité, toute défaite apparente
ou réelle de l'Évangile sera suivie
d'une victoire, toute mort d'une
résurrection.
Le dénouement du drame de la
Passion est une prophétie et une garantie de
celui de l'histoire du monde. Jésus-Christ
règne actuellement au milieu de ses
ennemis ; mais « il faut qu'il
règne jusqu'à ce qu'il ait mis tous
ses ennemis sous ses pieds. »
Voulez-vous un jour régner
avec lui ? Cherchez-le jusqu'à ce que
vous l'ayez trouvé ; et si vous l'avez
trouvé, demeurez et croissez en lui ;
n'ayez, comme son apôtre Paul, d'autre
ambition que celle de connaître tous les
jours davantage et « la communion de ses
souffrances et la vertu de sa
résurrection ».
Amen.
Nîmes, Grand-Temple, 16 avril 1911
Chapitre précédent | Table des matières | Chapitre suivant |