Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LE ROI DÉBONNAIRE.

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Dites à la fille de Sion : Voici, ton Roi vient à toi, débonnaire. (Matth. XXI, 1-5.)

Quel est ce Roi sublime et tendre
Qui, vers nos vallons attiédis,
Les yeux en pleurs, paraît descendre
Des bleus côteaux du Paradis ?

Quoique Jésus, entrant à Jérusalem le jour des Rameaux, descendît, non des côteaux du Paradis, mais du mont des Oliviers, ces beaux vers d'un jeune poète chrétien retracent d'une manière vraie et touchante la physionomie du Sauveur, telle que nous la présente l'événement dont nous célébrons aujourd'hui la mémoire. Les apôtres qui assistaient à cette scène et qui y prirent part, se souvinrent, non pas sur le moment, mais plus tard, en y réfléchissant, d'une prophétie de Zacharie : « Sois transportée d'allégresse, fille de Sion ! pousse des cris de joie, fille de Jérusalem (1). Voici, ton Roi vient à toi ; il est juste et victorieux, il est humble et monté sur un âne, le poulain d'une ânesse. » L'évangéliste a laissé de côté les mots « juste » et « victorieux » ; mais il a retenu l'autre épithète, celle « d'humble » qu'il remplace par un équivalent, celle de « débonnaire ». Débonnaire ! voilà un mot qui n'est plus guère à la mode. Vraisemblablement, aucun de nous ne serait flatté d'être appelé débonnaire ; sous l'éloge apparent, il sentirait une pointe d'ironie. Et pourtant cette qualification convient bien à Jésus, fort étranger à cette fierté dont nous sommes tentés de nous faire un mérite.

La débonnaireté est un mélange d'humilité et de douceur ; or Jésus a dit lui-même : « Venez à moi, car je suis doux et humble de coeur ». Venir à Jésus-Christ de tout notre coeur, ou pour la première fois ou tout de nouveau, c'est précisément ce que je vous demande, mes frères, et c'est aussi la grâce que j'implore pour vous et pour moi durant cette semaine sainte. À cet effet, je pourrais développer notre texte en son entier : « Voici, ton Roi vient à toi, débonnaire ». Je pourrais vous dire Venez à lui, car il est votre Roi ; venez à lui, car est venu a nous le premier ; venez à lui, car il est débonnaire ; et certes, aucune de ces raisons ne manquerait de force. Mais pour aujourd'hui la troisième nous suffit. L'objet unique que je veux vous présenter, le joyau de la couronne de votre Roi que je vous invite à contempler, l'arme puissante par laquelle je veux vous vaincre, c'est la débonnaireté de Jésus. Oh ! que par la grâce de Dieu elle touche et brise nos coeurs, en sorte qu'aucun de nous ne résiste à ton attrait !


I


Dans les détails comme dans l'ensemble du récit de l'entrée de Jésus à Jérusalem, tout manifeste sa débonnaireté. Rappelons qu'il est roi, vrai roi de droit divin celui-là, comme l'attestent les prophéties ; qu'il le sait, qu'il a jusque-là peu parlé de sa royauté, de peur d'être mal compris, mais qu'il a résolu, avant la crise finale, de l'affirmer publiquement, dans la capitale de la Judée. Qu'est-ce qu'un autre aurait fait à sa place ? Quand je parle d'un autre, je n'entends pas un ambitieux vulgaire et sans scrupules, mais plutôt un homme ayant la crainte de Dieu, et pourtant ne négligeant pas les moyens que suggère la prudence humaine ; tel qu'était, par exemple, le grand prêtre Joad ou Jéhojadah ; vous vous rappelez comment il prépara l'avènement de Joas. Il prépara, ai-je dit, oui, un tel homme aurait sans doute préparé avec soin son coup de théâtre ; il se serait entouré de ses plus énergiques partisans venus de la Galilée ; il aurait fait prévenir sous main ceux de la capitale ; il n'aurait rien négligé pour que sa démarche surprît ses adversaires par sa soudaineté et par son éclat.

En fait de préparatifs, Jésus envoie deux de ses disciples détacher un ânon près d'un village voisin, et leur commande de le lui amener. Certes, il agit en roi, puisque en fait d'explication de leur conduite, il leur met ces simples mots à la bouche : « Le Seigneur en a besoin ». Mais, à coup sûr, il agit en roi débonnaire.

Le cortège se forme pourtant ; les acclamations commencent. À la place de Jésus, qu'aurait fait l'autre personnage dont nous parlons ? J'imagine qu'avant tout il se fût arrangé de façon à entrer à Jérusalem, soit sur un cheval de guerre, soit sur un char richement orné. Quand on veut entraîner les populations, il convient de frapper les imaginations. Puis il eût entretenu, par un discours enflammé et plein de promesses, le zèle de ses partisans et leur indignation contre les ennemis du Christ. Jésus acclamé se tait. Ou s'il parle, c'est pour déplorer, non ses propres malheurs, mais ceux qui bientôt vont fondre sur Jérusalem. Tandis qu'en son honneur on pousse des cris de joie, il pleure. Étrange triomphateur ! Roi débonnaire, jusqu'à voiler, jusqu'à compromettre, par sa débonnaireté, sa royauté.

Mais enfin le cortège entre dans Jérusalem. C'est le moment décisif. Un autre n'eût pas manqué d'entraîner le peuple à sa suite dans le temple, de s'y faire proclamer roi, de prononcer la déchéance du Sanhédrin. Jésus se rend bien dans la maison de Dieu, mais c'est pour la purifier de ceux qui la profanent, pour guérir quelques malades, pour accepter l'hosanna de quelques enfants et les défendre contre ceux qui les blâment. Puis il s'en va tranquillement à Béthanie, où il passe la nuit. Un politicien aurait dit : « Coup manqué ! partie perdue ! » Et, à son point de vue, il aurait eu raison. Le Sanhédrin, un moment déconcerté, a maintenant tout le temps d'organiser sa revanche et sa vengeance. Il est aussi prompt à agir et à frapper que Jésus a été pacifique et désintéressé. Si, sur le terrain de la discussion, il constate qu'il a trouvé en Jésus un maître et s'il est presque obligé de l'avouer, d'autres moyens, plus sûrs, lui restent, et le traître Judas lui offre des facilités inattendues dont il se hâte de profiter. L'arrestation de Jésus, son procès, sa condamnation, son exécution, tout cela est l'affaire de quelques heures. Le titre de roi, que le dimanche une foule enthousiaste donnait à Jésus, le vendredi, c'est sur la croix qu'on pourra le lire. Que dites-vous d'un Roi qui, pouvant d'un mot ou d'un geste confondre ses adversaires, se laisse par eux clouer à la croix ? N'est-il pas jusqu'à l'excès, jusqu'à la folie au point de vue terrestre, le Roi débonnaire ?


II


Nous envisagerons la débonnaireté de Jésus sous un aspect un peu différent, en passant en revue les diverses classes de personnes envers qui elle s'exerce. C'est d'abord la multitude, par où j'entends surtout les habitants de Jérusalem. Dans cette cité meurtrière des prophètes, Jésus a trouvé beaucoup moins de sympathies qu'en Galilée. Un seul de ses apôtres paraît avoir été un Judéen, et cet apôtre est Judas Iscariote. La partie mieux disposée de la population est comprimée par la crainte du Sanhédrin. Il est vrai que le jour des Rameaux, les habitants de la capitale ont l'air d'être gagnés par l'enthousiasme des Galiléens ; mais Jésus ne s'y trompe pas. Tandis qu'on l'acclame, il se voit, il se sait déjà rejeté. Il dit avec une indicible tristesse à Jérusalem : « Oh ! si tu avais connu, au moins en ce jour qui t'est donné, ce qui pouvait te sauver ! mais maintenant cela est caché à tes yeux. »

Et il voit déjà en esprit camper autour de la ville coupable la terrible armée romaine, instrument des jugements de Dieu. À un autre moment, il s'écrie : « Jérusalem ! Jérusalem ! que de fois j'ai voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu ! Voici, votre demeure, ce temple dont vous vous glorifiez, vous est laissé ; il sera désormais comme un désert, car la gloire de Dieu l'aura quitté. Je vous dis en vérité que vous ne me verrez plus jusqu'à ce que vous disiez : « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! » Telle est donc l'attitude de Jésus vis-à-vis de Jérusalem : appels multipliés, effort charitable et persévérant pour la sauver ; vue claire de sa culpabilité et de son endurcissement ; prédiction de sa ruine prochaine ; compassion qui va jusqu'aux larmes pour ses malheurs ; espérance enfin, certaine et consolante, d'un lointain relèvement. Le jour des Rameaux aura sa contre-partie et pour ainsi dire son céleste accomplissement ; Jérusalem accueillera vraiment et définitivement son Roi.

Mes frères, nous n'avons pas reçu le don de prophétie et nous ne pouvons rien prédire de certain quant à l'avenir prochain de notre peuple. Mais nous ne pouvons nous dissimuler que ses péchés aussi sont grands et que de sombres nuages s'accumulent à son horizon. Il me semble qu'à son égard aussi cette sévérité et cette charité, ces appels et ces larmes, ces craintes poignantes et ces invincibles espérances, sont bien à leur place. Soyons auprès de lui les messagers et les témoins, les serviteurs et les imitateurs du Roi débonnaire.

Derrière la multitude étaient ses chefs, bien plus méchants qu'elle : prêtres, scribes, docteurs de la loi, pharisiens et sadducéens, constants antagonistes qu'une haine commune met pour une fois d'accord. Ceux-là savent ce qu'ils veulent ; il n'y a pas de fluctuations dans leurs pensées ni dans leurs déterminations ; il n'y a pas même, chez eux, de velléités passagères de conversion et de foi. Ils n'ont vu dans la résurrection de Lazare, qu'ils ne peuvent nier, qu'un motif de hâter le dénouement et de frapper Jésus plus tôt ; ils pensent même à faire mourir Lazare en même temps.

L'entrée de Jésus à Jérusalem les remplit d'inquiétude et de colère ; se sentant incapables, pour le moment, de contenir l'enthousiasme de la foule, ils essaient d'obtenir que Jésus s'en charge lui-même ; ils lui disent, quand l'hosanna éclate sur la route de la capitale : « Maître, reprends tes disciples ! » Et quand des enfants s'en font l'écho dans le temple : « N'entends-tu pas ce qu'ils disent ? » Jésus répond la première fois : « Je vous dis que, si ceux-ci se taisent, les pierres mêmes crieront ! » la seconde fois : N'avez-vous jamais lu cette parole : « Tu as tiré une parfaite louange de la bouche des enfants et de ceux qui tètent » ? Réponses bien dignes du Roi débonnaire ; à l'inébranlable certitude de sa mission divine et royale, s'y unissent un calme et une douceur qui ne se démentent point. Il est vrai que dans son dernier débat avec les Pharisiens, Jésus sera plus sévère ; la tendre compassion qu'il éprouve pour le peuple abusé lui arrache, pour une fois, des paroles empreintes d'une brûlante indignation contre ceux qui l'égarent. Mais, durant les heures cruelles de la Passion, s'il conserve la même tranquille majesté, s'il affirme à nouveau, tout en sachant que cette affirmation va lui coûter la vie, sa qualité de Messie et de Fils de Dieu vis-à-vis de ses implacables persécuteurs, il s'abstient de menaces, comme le remarque son apôtre Pierre, et même de reproches. Il intercède pour eux tous sur la croix. Ressuscité, élevé au ciel, par la voix de ses apôtres, il offrira le pardon et le salut à ses meurtriers au nom même de ce sang versé pour eux et par eux.

Ils ne sont pas rares aujourd'hui, les ennemis du Christ qui, tantôt poussent l'ignorance et l'ineptie jusqu'à insinuer qu'il n'a pas existé, tantôt versent le mépris sur sa doctrine, sur sa morale, sur ses disciples, sur sa personne même quelquefois. Combattons-les, il le faut, mais en serviteurs du Roi débonnaire ; d'une part, ne nous laissant jamais intimider par leurs attaques, par leurs railleries, par la multitude de ceux qui les suivent, d'autre part n'opposant jamais l'outrage à l'outrage et l'injustice à l'injustice. Ne nous servons jamais que des armes de la vérité et de la charité. N'altérons jamais au profit de la bonne cause le moindre fait ou le moindre texte, et joignons à la protestation contre l'erreur, le respect et la sympathie, autant qu'ils sont possibles, pour les personnes. Qui sait si, parmi ces adversaires du Christ, il ne se trouvera pas un Saul de Tarse, qui se lassera bientôt de regimber contre l'aiguillon de la grâce et qui deviendra un Saint-Paul ?

Mais la débonnaireté de Jésus envers ses disciples est peut-être encore ce qui me frappe le plus. Il ne s'étonnait, ni de la légèreté de la foule, ni de l'orgueil et de l'hostilité des Pharisiens ; mais sur ses disciples, il semble qu'il aurait dû pouvoir compter ! Eh bien ! ceux-ci, à leur manière, montrent, tout autant que les adversaires mêmes du Christ, la misère et l'infirmité morale de notre pauvre nature humaine. D'abord, même dans leurs moments d'enthousiasme, même dans leurs élans de foi, ils comprennent mal Jésus. Ils ne cessent d'attendre un royaume de Dieu ou du Messie extérieur, éclatant, plus ou moins politique, quoique toutes les paroles et toute la conduite du Sauveur fussent une protestation continuelle contre cette illusion. Cependant, sans céder à un entraînement quelconque, sans dévier un seul instant de la voie droite et humble qu'il a choisie, Jésus accepte avec bonté les hommages de ses disciples anciens ou nouveaux, malgré leur défaut de lumières spirituelles.

Mais que dire de leur inconstance ? C'est presque une énigme historique que la disparition complète, dès le lendemain du jour des Rameaux, de cet enthousiasme populaire pour Jésus qui, ce jour-là, s'était si bruyamment affirmé et avait causé de si vives alarmes au Sanhédrin. Sans doute, la plupart des manifestants, comprenant que Jésus ne voulait décidément pas entrer dans leurs vues et satisfaire leur ambition, se refroidirent ; quelques-uns peut-être, irrités de leur déception, passèrent à l'extrême opposé et se rangèrent du côté des ennemis du Christ. Mais le pire, c'est que, durant la crise finale, les anciens et meilleurs disciples, les nombreux malades que Jésus avait guéris restèrent, eux aussi, complètement inertes et silencieux. Quand Pilate faisait des efforts réitérés pour provoquer parmi la foule un mouvement de sympathie en faveur de Jésus, quand des fous furieux criaient : « Crucifie-le ! » où étais-tu, paralytique de Béthesda ? et toi aussi, aveugle-né, qui avais pourtant confessé ton bienfaiteur avec tant de courage devant les Pharisiens ? où étais-tu toi-même, ô Lazare ? Et vous, apôtres du Christ, où étiez-vous ? En vain vous plaideriez comme excuse l'affolement universel, la terreur qui paralysait tous les coeurs. Même durant ces heures sombres, quelques individus osèrent manifester leur sympathie pour Jésus : la femme de Pilate, les femmes qui pleuraient en voyant passer le Sauveur courbé sous le poids de sa croix ; le brigand repentant, le centurion qui présidait au supplice ; Joseph d'Arimathée, un membre du Sanhédrin. Mais, parmi ces voix, je cherche vainement celle d'un apôtre ; à moins qu'il ne faille excepter, savez-vous lequel des douze ? - Judas Iscariote qui, désespéré, alla dire aux membres du Sanhédrin : « J'ai péché en trahissant le sang innocent ». Mais celui-là avait trahi Jésus ; Pierre le renia ; tous l'abandonnèrent.

Et maintenant, quelle fut la conduite de Jésus envers ses disciples si peu dignes de ce nom ? Il prédit leur défection : « Vous me laisserez seul » ; mais il dit cela sans amertume, sinon sans tristesse, et n'ajoute à cette prédiction aucun reproche. Il ne leur en adresse pas non plus après sa résurrection. Il les appelle ses frères, et au moment où Il les revoit, il leur adresse cette salutation : » La paix soit avec vous ». Le faible et coupable Pierre est le premier de ses apôtres auquel il se soit montré vivant ; et s'il lui rappelle ses trois reniements par sa question trois fois répétée : « M'aimes-tu ? » avec quelle délicatesse il le reprend indirectement, avec quelle promptitude et quelle bonté il le relève et le rétablit dans sa charge d'apôtre ! Puis il remplit ses apôtres de son esprit et il accomplit par eux des oeuvres plus grandes encore que celles qu'il a faites étant ici-bas, en attendant qu'il les appelle à lui dans la Maison de Dieu et les fasse asseoir près de son trône.

Mes frères, cette débonnaireté de Jésus envers ses disciples est singulièrement propre à nous toucher, à nous attirer, à nous remplir d'espérance et de confiance, au moment où nous abordons une nouvelle semaine sainte. Comme autrefois les disciples, nous avons beaucoup de torts à nous reprocher envers lui, et nous sommes plus coupables qu'eux, car nous vivons sous l'économie de l'Esprit, nous avons à notre disposition plus de lumières et plus de grâces qu'ils n'en avaient lorsque le Maître était avec eux, avant la croix et avant la Pentecôte.

Nous nous rappelons tant de semaines saintes précédemment célébrées, qui n'ont pas laissé dans nos âmes une trace profonde, qui n'ont pas porté dans nos vies des fruits abondants. Comme les manifestants du jour des Rameaux, nous avons chanté « Hosanna » au jour de la fête et le lendemain, au jour de l'épreuve, quand il fallait travailler et prier avec Jésus, combattre pour sa cause, porter son opprobre, nous n'étions pas là ; nous lui avons refusé peut-être, ou ne lui avons accordé qu'avec parcimonie le plus facile des sacrifices, celui de notre argent ; par nos prières, par nos cantiques, par nos participations à la sainte Cène, nous avions, comme les douze, promis de ne jamais abandonner le Sauveur et de le suivre au besoin jusqu'à la mort ; et comme eux, nous n'avons pas été fidèles, nous ne l'avons pas confessé par nos paroles et par notre conduite ; nous nous sommes cachés quand il fallait nous montrer ; nous avons dormi ou nous sommes tenus en repos quand il fallait agir, heureux si nous n'avons pas été jusqu'à le renier, comme Pierre, par un mot, par un sourire, par une complicité ou une connivence quelconque avec ses adversaires !

Oserons-nous pourtant venir à lui, nous réclamer de son nom, communier avec lui ? - Oui, car il est le Roi débonnaire.
Si nous revenons à lui de tout notre coeur, il nous accueillera ; si nous confessons nos péchés, il nous les pardonnera ; si, comme autrefois ses disciples, en dépit de nos infidélités et de nos inconséquences, nous n'avons jamais cessé de l'aimer, il nous appellera ses amis et ses frères, Si, comme Saint-Paul, nous sommes ambitieux de connaître la communion de ses souffrances, aussi bien que la vertu de sa résurrection, il nous fera entrer plus avant dans cette double et sainte communion ; il nous nourrira de sa chair, il nous abreuvera de son sang, il nous lavera de nos iniquités dans ce sang précieux, il nous baptisera de son Esprit.

Seulement, engageons-nous pour tout de bon et tout entiers à son service ; n'allons pas nous figurer que le Roi débonnaire ne soit Roi qu'à demi ; il est au contraire le plus absolu de tous les maîtres ; car il n'y a point de souveraineté plus haute ni plus doucement impérieuse que celle de l'amour.

Amen.

Grand-Temple, 20 mars 1910.


(1) Fille de Sion ou de Jérusalem, c'est un hébraïsme pour désigner la cité elle-même et sa population. 
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