Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EXPANSION ET PURETÉ DE L'ÉGLISE.

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Les disciples étaient tous d'un commun accord sous le portique de Salomon. Toutefois, aucun des autres n'osait se joindre à eux, mais le peuple faisait ouvertement leur éloge. Le nombre de ceux qui croyaient au Seigneur augmentait de plus en plus ; c'étaient des multitudes d'hommes et de femmes. (Actes V. 12-14.)

Il y a deux jours, le Conseil presbytéral de notre Association cultuelle s'est constitué. Cet événement important nous invite à vous entretenir de la vocation et des devoirs de l'Eglise. Au reste, depuis bien des mois déjà, ce sujet est à l'ordre du jour. Il s'impose à l'attention des indifférents eux-mêmes. L'Eglise, c'est, en dépit du terme aujourd'hui écrit dans la loi, plus qu'une association cultuelle : c'est la société des chrétiens comme tels, c'est la famille des enfants de Dieu. Comme il y a, dans le monde physique, deux grandes forces qui se font équilibre, l'attraction et la force centrifuge, ainsi l'on peut constater, dès l'origine, dans l'Eglise ou la société chrétienne, deux aspirations, légitimes l'une et l'autre, mais qui sont jusqu'à un certain point contraires : le souci de l'expansion et le souci de la pureté.

D'un côté l'Eglise a, dans la personne des apôtres, reçu de son fondateur cette mission : instruire toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. À cet égard, son ambition ne sera satisfaite que le jour où « toute langue confessera que Jésus est le Seigneur, à la gloire de Dieu le Père », c'est-à-dire le jour où l'Eglise et l'humanité se confondront, par là s'explique l'existence des Églises nationales, des Églises de multitude ; et il est permis d'y voir un fait providentiel, même si l'on juge qu'il a fait son temps.

D'un autre côté, l'Eglise est distincte du monde et même opposée à lui ; elle est appelée le corps du Christ, l'épouse du Christ, elle a le devoir de se conserver fidèle à son chef et de veiller contre les erreurs et contre les scandales. Tel est le fondement des Églises triées, qui sont ou veulent être, suivant le cas, des Églises de professants, de croyants, de convertis. On peut dire que celui qui aurait trouvé le moyen de concilier ces deux principes et de faire à chacun la part qui lui revient, aurait résolu la question d'Eglise, qui est difficile entre toutes. Nous n'avons pas cette prétention, mes frères. Mais puisque le livre des Actes des Apôtres nous fait connaître une Église qui, d'un commun accord, est regardée comme un modèle, l'Eglise primitive de Jérusalem, nous pensons qu'il y aura intérêt et profit à y chercher une réponse à cette double question ; Comment cette noble Église défendait-elle sa pureté ? Comment assurait-elle son expansion ?


I


En ce qui touche la pureté de l'Eglise primitive, voici le témoignage de notre texte : « Les disciples étaient tous d'un commun accord sous le portique de Salomon. » « Aucun des autres, c'est-à-dire de ceux qui n'étaient pas des disciples, « n'osait se joindre à eux ». Cela signifie que la jeune Église se défendait elle-même contre l'intrusion des profanes par le respect mêlé de crainte qu'elle inspirait. Des profanes, ai-je dit ; car il va sans dire que ceux qui n'étaient pas des profanes, ceux dont le coeur était touché, ceux qui étaient gagnés par l'ascendant moral des fidèles et par la contagion de leur foi, osaient fort bien se joindre à eux ; ils accouraient par centaines et par milliers, et ils étaient toujours les bienvenus. Mais, alors comme aujourd'hui, « la foi n'était pas de tous. »

Or, en ce temps-là, ceux qui n'avaient pas la foi n'osaient généralement pas en prendre les apparences ni s'en approprier le langage. Ils en auraient eu envie, peut-être, pour divers motifs. Tel esprit porté vers les nouveautés était ébloui par cette grande idée de la messianité de Jésus de Nazareth, de sa résurrection, du salut offert à tous en son nom. Telle imagination, avide de surnaturel, ne se lassait pas d'admirer les miracles opérés par les apôtres et souhaitait d'en voir toujours de nouveaux et de plus étonnants. Tel indigent enviait le sort des Nazaréens pauvres qui s'asseyaient à la même table que leurs frères plus aisés et jouissaient des mêmes avantages. Tel coeur triste, témoin de la joie de ces gens-là, disait : « Je voudrais bien leur ressembler ! » Quand des impressions ou des réflexions de ce genre amenaient la conversion, rien de mieux. Mais lorsque la conversion ne se produisait pas, lorsque ces juifs, admirateurs de la secte nouvelle, ne se décidaient pourtant pas à s'y rattacher de coeur, ils n'osaient pas faire semblant.

Qu'est-ce donc qui arrêtait ainsi les inconvertis sur le seuil de l'Eglise ? Était-ce une confession de foi ? - Certes, les premiers croyants avaient une foi commune ; mais, à cette époque, ils n'avaient pas encore eu l'idée de la rédiger et de la résumer en articles obligatoires ; rien de pareil ne se fit durant le cours du premier siècle et le Nouveau Testament n'en offre aucune trace. Plus tard, les confessions de foi ont pu avoir leur raison d'être, leur nécessité même ; il ne paraît pas cependant qu'elles aient jamais réussi à protéger la pureté morale et religieuse de l'Eglise.

Qu'est-ce donc, encore une fois, qui arrêtait alors les indignes ? Était-ce une discipline ? - Certes, le Saint-Esprit avait lui-même exercé la discipline d'une façon terrible par le châtiment subit d'Ananias et de Saphira, et l'on peut croire que ce lugubre événement inspira une grande frayeur à ceux du dehors. Mais quant à une discipline organisée, exercée par des hommes, imposant en quelque sorte un rigoureux examen d'entrée à tous ceux qui se présentaient comme candidats au baptême, il n'y en avait pas dans l'Eglise primitive ; témoin l'admission simultanée de trois mille croyants, puis de deux mille autres au moins.

Était-ce donc la crainte des persécutions qui, s'opposait à l'entrée dans l'Eglise de tous ceux qui n'étaient pas sincèrement chrétiens ? - Oui, probablement, dans bien des cas. La persécution est une admirable gardienne de la pureté de l'Eglise. Elle est comme un creuset bien propre à séparer l'or pur de la foi, de tout ce qui le ternit et le contrefait. C'est pourquoi, au seizième siècle comme au premier, l'âge de la persécution fut l'âge héroïque, et son ralentissement suffit pour amener une certaine décadence. Toutefois, quand on relit attentivement notre texte, on n'a pas l'impression que cette phrase remarquable : « aucun des autres n'osait se joindre à eux », fasse allusion à la crainte de la persécution. Elle fait plutôt penser au respect qu'inspirait alors l'Eglise, à l'auréole de sainteté qui l'entourait. On sentait tellement que Dieu était avec ces gens-là qu'on n'osait pas se mettre de leur nombre, si l'on n'appartenait pas vraiment à Dieu.
Dieu, pour rappeler une belle parole du prophète Zacharie, était comme une muraille de feu autour de son Église ; ou, pour employer une autre image, il y avait sur le sommet de la nouvelle Sion, comme autrefois sur celui du Sinaï, des éclairs et des tonnerres qui tenaient en respect et à distance ceux qui n'étaient pas initiés et purifiés. Tout ceci semble nous imposer cette conclusion : la meilleure sauvegarde de la pureté d'une Église, c'est cette pureté elle-même. Qu'elle soit vivante, aimante, active, pleine du Saint-Esprit, en état de réveil permanent, elle se préservera toute seule des profanes et des hypocrites ; ou, s'ils se glissent chez elle. elle ne tardera pas à les éliminer par sa propre vertu. C'est ainsi qu'on a pu dire : « Si, par impossible, un homme étranger à l'amour de Dieu s'introduisait par contrebande dans le ciel, il s'y sentirait tellement dépaysé qu'il n'y pourrait rester longtemps, et qu'il fuirait bientôt jusqu'en enfer.


II


Si maintenant nous posons la seconde question : « Comment l'Eglise de Jérusalem assurait-elle son expansion ? » la réponse sera presque la même. Cette sainteté, cette vie en Dieu et selon Dieu, qui, repoussait les éléments hétérogènes, les coeurs charnels, les volontés perverses, attirait les éléments homogènes, les âmes affamées et altérées de justice. Si toutefois nous cherchons plus de précision, le livre des Actes ne nous laisse pas dans l'ignorance sur les principaux attraits de l'Eglise primitive, sur les moyens par lesquels s'exerçait sa féconde et rapide propagande.

Notre texte, ou plutôt notre contexte, n'en mentionne expressément qu'un seul, les guérisons miraculeuses. Certes, il est facile de nous rendre compte de l'impression qu'elles produisaient. Comment un homme aurait-il pu rejeter un message lié à un si grand bienfait que sa propre guérison, ou celle d'un être aimé, guérison immédiate, complète, absolument et visiblement au-dessus de toutes les ressources de l'art et de la science ?

Nous ne possédons plus ce pouvoir, et il est clair qu'il y a là pour nous une très réelle et très sensible infériorité. Toutefois, les bienfaits moraux, sociaux et matériels d'un christianisme réel et vivant, la sympathie ingénieuse et intarissable dont il est la source, les prodiges de charité qu'il enfante, ces prodiges-là, disons-nous, surtout s'ils étaient partout et toujours ce qu'ils devraient être, ce qu'ils sont quelquefois, tiendraient lieu de miracles et ne persuaderaient pas moins. C'est ainsi qu'aujourd'hui encore, sur terre païenne, le médecin missionnaire prépare très efficacement les voies au prédicateur de l'Évangile.

Quoi qu'il en soit, les autres moyens de propagande dont disposait l'Eglise primitive appartiennent, ou en tout cas pourraient et devraient appartenir, à l'Eglise de tous les temps. Le livre des Actes insiste sur le témoignage rendu par les apôtres à la résurrection de Jésus-Christ. Certes, la prédication chrétienne n'a jamais manqué d'organes ; elle en a eu de plus éloquents probablement que les apôtres. Mais celle des apôtres avait ce caractère particulier et bien digne de remarque, d'être un « témoignage ». Ils ne dissertaient guère, ils prouvaient peu, si ce n'est par des citations de l'Ancien Testament. Mais ils disaient : « Ce que nous avons vu, ce que nous avons entendu, ce que nos mains ont touché, nous vous l'annonçons ». Aujourd'hui encore, ceux qui comme eux parlent d'expérience, les vrais témoins du salut et du Sauveur, ne parlent pas en vain. J'ajoute que ce témoignage des apôtres avait pour objet principal la résurrection de Jésus-Christ, le sceau de Dieu mis sur la personne, la parole et l'oeuvre de son Fils : le péché par donné, la mort vaincue, le salut manifesté et attesté, le ciel présent et ouvert. - Enfin, ce glorieux témoignage, les apôtres étaient les premiers, mais, non les seuls, à le rendre. La parole du diacre Étienne eut un moment plus de retentissement et d'éclat que la leur. Ce sont des missionnaires anonymes qui accomplirent l'oeuvre la plus étonnante et la plus féconde du premier siècle : la fondation de la première Église chrétienne sur le sol païen. Que de lumières et d'encouragements n'y a-t-il pas dans ces faits pour l'oeuvre d'évangélisation qui nous incombe aujourd'hui !

Toutefois, c'est moins encore par leur parole que par leur vie, par le rayonnement de leur joie et de leur amour, que les premiers chrétiens, pris en masse, rendaient témoignage à l'Évangile. Rien ne nous est plus familier, plus présent à l'esprit, que les traits par lesquels l'historien sacré peint cette société presque céleste. Quoiqu'Ils fussent nombreux déjà, « ils n'étaient qu'un coeur et qu'une âme » ; dans l'élan spontané de leur charité, ils mettaient tous leurs biens en commun ; une grande grâce était sur eux tous ; rompant le pain de maison en maison, ils prenaient leurs repas avec joie et simplicité de coeur, louant Dieu et étant agréables à tout le peuple », Quand nous lisons aussitôt après : « Le Seigneur ajoutait tous les jours à l'Eglise des gens pour être sauvés », la chose nous paraît toute naturelle. Il est clair qu'une telle Église ne pouvait que progresser et s'étendre. Ce qui étonne, c'est qu'un tel centre n'ait pas tout attiré, c'est qu'un tel foyer n'ait pas tout réchauffé ; c'est qu'il se soit trouvé des hommes pour tourner le dos à une société pareille et même pour la persécuter.

Mais non ! il ne faut pas nous en étonner. Jésus-Christ n'a-t-il pas eu des ennemis ? et le disciple n'est pas plus grand que son maître. Parce que le péché existe et qu'il règne, hélas ! sur la terre, la vérité, la justice et la charité ont toujours eu et auront jusqu'à la fin des ennemis. Mais parce que l'homme est pourtant fait à l'image de Dieu et que la vérité, la justice et la charité ont des droits éternels à son respect et à sa sympathie, toute société, toute Église qui a offert, ne fût-ce que quelques traits de l'idéal un moment réalisé par l'Eglise de Jérusalem, a possédé quelque chose de son pouvoir d'attraction et de conquête. Au contraire, toute Église qui ne reproduit rien de cet idéal, ne rencontre qu'indifférence, que froideur, qu'incrédulité. Comment en effet croire au surnaturel de la doctrine, s'il ne se traduit pas par le surnaturel de la vie ? Et qu'a de plausible l'Évangile de l'amour crucifié, si ceux qui prétendent en être les objets et les bénéficiaires n'ont rien d'extraordinaire dans leur amour ?


III


Ainsi tout concourt à établir que le secret de la puissance de l'Eglise primitive, l'agent principal de sa préservation comme de ses conquêtes, son bouclier comme son épée, c'était sa sainteté, sa charité, sa vie spirituelle intense. Je ne conteste pas la nécessité historique, ni l'utilité relative des moyens extérieurs qui ont été imaginés et employés plus tard : moyens de défense comme la confession de foi et la discipline ; moyens de propagande, comme les sociétés d'évangélisation et de mission. Toutefois, ces moyens-là ne sont pas indispensables, puisque l'Eglise primitive, qui ne les avait pas, n'en a pas moins été l'Eglise pure et l'Eglise conquérante par excellence ; et ces mêmes moyens sont imparfaitement efficaces, puisque des Églises qui les possèdent aujourd'hui sont loin d'égaler, à ce double égard, l'Eglise primitive.

Mais l'entends votre objection ou votre question : Quel est le résultat pratique de tout cela ? Que pouvons-nous en prendre ou en apprendre, pour ce qui concerne notre Église actuelle et nos devoirs vis-à-vis d'elle ? Car nous ne pouvons pas remonter le cours des âges. Nous ne pouvons pas recommencer l'Eglise. Il nous serait à près aussi difficile, ou aussi impossible, d'emprunter à l'Eglise de Jérusalem sa communauté de biens que ses pouvoirs miraculeux. Cela est vrai, mes frères. Mais ces traits, tout frappants qu'ils sont, ne sont pas l'essentiel.

L'essentiel, c'est ce qui nous reste ou nous appartient aussi, si nous le voulons : la foi, l'espérance et l'amour ; le Saint-Esprit et la prière ; la croix et la résurrection de Jésus-Christ. Mais si nous sentons que ces éléments même, éternels, primordiaux, de la vie spirituelle et chrétienne, nous manquent lamentablement, que faire ? par où commencer ? - Par la prière. L'Eglise des trois mille, l'Eglise de la Pentecôte, fut la fille de la Chambre haute, où les cent-vingt avaient prié pendant dix jours. Si donc nous voulons retrouver quelque chose de la ferveur et de la puissance del'Eglise à ses origines, retournons à la Chambre haute. Y a-t-il ici des chrétiens qui ne prennent pas leur parti de la déchéance actuelle de l'Eglise, de la défaite de la foi, de l'obscurcissement du soleil de justice ? qui sentent peser lourdement sur leur conscience troublée et sur leur coeur contrit, leurs propres misères et celles de leurs frères ? qui soupirent après une solution heureuse et triomphante de la crise que nous traversons, après un Réveil, après un baptême du Saint-Esprit ? Qu'ils prient !

Qu'ils prient d'abord chacun en son particulier, dans le secret, jusqu'à ce que le faible lumignon de leur foi devienne une vive flamme, jusqu'à ce que leurs velléités de mieux faire deviennent une volonté arrêtée de se consacrer au Seigneur et de travailler pour son service.

Puis qu'ils prient ensemble. Qu'ils s'appellent, qu'ils se cherchent; comme ils ont les mêmes besoins, les mêmes expériences, ils ne tarderont pas à s'attirer mutuellement et à se comprendre à demi-mot. « Alors ceux qui craignent l'Éternel se parleront l'un à l'autre, » comme dit le prophète Malachie en décrivant l'aurore des jours nouveaux qu'il espère. J'ai souvent pensé que ces jours meilleurs commenceront pour notre Église lorsqu'elle possédera une vraie réunion de prières, à laquelle un nombre croissant de chrétiens viendront, non seulement assister, mais prendre une part active. Ces groupes vivants, réveillés, priants, prendraient toujours plus de cohésion et de force, ils éprouveraient bientôt le besoin de joindre à la prière l'action et le témoignage ; ce seraient des familles de frères, unis par la plus étroite solidarité ; ce seraient aussi de fait, sous ce nom ou sous quelque autre, peu importe, des sociétés d'activité chrétienne. On verrait se manifester chez ces groupes ce double pouvoir de préservation et d'expansion que nous avons constaté dans l'Eglise de Jérusalem ; ceux qui ont soif d'un christianisme vivant et sanctifiant seraient attirés, et qui peut dire quel en serait le nombre ?
Qui peut compter et borner les miracles que l'Esprit de Dieu est capable d'accomplir aujourd'hui comme autrefois ?

Ceux qui sont étrangers à toute aspiration de ce genre n'oseraient pas se joindre à ces pieuses assemblées. Celles-ci se sépareraient-elles de la grande Église ? Je ne le crois ni nécessaire, ni désirable. Les premiers chrétiens n'étaient pas sortis de la communauté juive ; ils fréquentaient plus assidûment que les autres le temple de Jérusalem. Ainsi les chrétiens rajeunis et fervents que j'imagine, ne se sépareraient pas de la multitude de leurs frères ; ils agiraient plutôt au milieu d'elle comme un levain pour la pénétrer et la soulever ; ils formeraient, comme on l'a dit, des « ecclesiolae in ecclesia », de petites Églises dans la grande.

Concevez maintenant ces petites Églises se multipliant, ces foyers, de vie s'allumant de toutes parts, puis communiquant, se reliant entre eux, moins par une étiquette religieuse commune - les étiquettes pourraient être diverses, - que par une vraie communauté de foi, moins par une savante organisation que par un ardent amour.

Est-ce que ce ne serait pas le Réveil ? Est-ce que ce ne serait pas une résurrection semblable à celle que contempla le prophète Ezéchiel, lorsqu'il vit les os secs dispersés dans la plaine se remuer, se rapprocher, reprendre vie au souffle de l'Esprit, et devenir enfin un grand peuple qui connaissait l'Éternel ?

Est-ce que ce ne serait pas une réponse victorieuse du Seigneur à ceux qui prétendent que l'Évangile a décidément vieilli et perdu sa force ? Est-ce qu'enfin l'Eglise ainsi renouvelée ne serait pas distincte du monde et n'aurait pas prise sur lui ? Et si l'année où nous commençons à faire l'expérience de la séparation d'avec l'État était aussi celle où commençait à se produire un mouvement de ce genre, ne marquerait-elle pas une date bénie entre toutes dans notre histoire religieuse ? - Tout cela sera, mes frères, si chaque chrétien fait son devoir.

Je crois avoir raconté dans cette chaire que le magnifique Réveil du pays de Galles eut pour point de départ le témoignage d'une jeune fille qui, répondant à l'appel de son pasteur, se leva et dit : « J'aime le Seigneur Jésus-Christ de tout mon coeur. » Que quelques-uns de nous, ne fût-ce que deux ou trois pour commencer, puissent rendre le même témoignage ; qu'ils mettent en commun leurs prières, leurs expériences et leurs efforts ; que, comme c'est naturel et logique, aimant ainsi le Seigneur, ils prient de tout leur coeur et travaillent de toutes leurs forces pour que Jésus-Christ soit connu et aimé de ceux qui ne le connaissent et ne l'aiment pas encore, pour qu'il soit tout-à-fait connu et tout-à-fait aimé de ceux qui ne le connaissent et ne l'aiment qu'à demi, et l'Eglise de Jérusalem aura commencé à revivre parmi nous.

Amen.

Nîmes, Grand-Temple, 1er juillet 1906.

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