Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LES MARTYRS SOUS HENRI Il

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ANNE DU BOURG

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VII - LE TROISIÈME APPEL DE DU BOURG. SA DÉGRADATION.

Il restait en effet une troisième juridiction à parcourir. Du Bourg, décidé à aller jusqu'au bout, en appela de la sentence de l'archevêque de Sens à l'archevêque de Lyon, primat des Gaules. C'était là une juridiction contestée, à laquelle plusieurs métropolitains, notamment ceux de Rouen et de Sens avaient résisté.

Le cardinal de Lorraine, irrité de cette prolongation d'un procès dont il lui tardait de voir l'issue, essaya, par tous les moyens, d'empêcher ce « tiers appel, » soutenant que « les deux sentences étant confirmées par arrêts, elles étaient exécutoires nonobstant ledit tiers appel. » Il ne réussit pourtant pas à empêcher ce nouvel appel de suivre son cours.

Le vieux cardinal de Tournon, que Catherine de Médicis avait fait rentrer au Conseil privé, était alors archevêque de Lyon, et, prenant au sérieux sa dignité primatiale, il donna à son grand vicaire l'ordre de rassembler à Paris les membres de son Conseil. Mais « quelque diligence qu'on y mît, un mois ou deux passèrent » avant que l'archevêque de Lyon eût, à son tour, confirmé la sentence des premiers juges ecclésiastiques. Cet arrêt fut rendu le 28 septembre, et du Bourg se hâta d'en appeler de nouveau au Parlement. Les vacances de ce corps étant survenues sur ces entrefaites, le jugement de cet appel subit quelque retard, malgré les lettres patentes du roi, en date du 13 octobre, chargeant la Chambre des vacations de procéder au jugement, et validant d'avance « le jugement qui y sera donné, comme si le Parlement avait été séant (1) ». Cette fois encore, bien des semaines s'écoulèrent en délibérations, et ce ne fut que le 18 novembre que la Cour mit à néant l'appel de du Bourg et le déclara non recevable (2).

Cette fois, l'arrêt était exécutoire, et le surlendemain du jour où il fut rendu, du Bourg reçut la visite à la Bastille, des délégués de l'évêque de Paris, chargés de le dégrader des ordres de diaconat et de sous-diaconat qui lui avaient été conférés. Ces délégués étaient Jean-Juvénal des Ursins, évêque de Tréguier, Frère Philippe Musnier, évêque in partibus de Philadelphie et Frère Nicolas de Saint-Ouen, docteur en théologie, abbé de Montebourg, « séant in pontificalibus pour l'exécution de la sentence par ci-devant donnée par Révérend père en Dieu monseigneur Monsieur Eustache du Bellay, évêque de Paris, à l'encontre de maître Anne du Bourg, conseiller du roi en sa Cour de Parlement à Paris, prisonnier audit lieu de Bastille. »

Plusieurs théologiens assistèrent aussi, comme témoins, à la cérémonie, et l'un d'eux, Bruslart, dans son Journal, prend soin de nous dire que « furent gardées les solennités à ce requises (3). »

On observa en effet le cérémonial, à la fois compliqué et puéril, en usage en pareil cas dans l'Eglise romaine. Du Bourg, après avoir longuement discuté le côté juridique de la question (4), se soumit sans résistance à ce qui n'était à ses yeux qu'une vaine forme. À ceux qui lui présentaient les vêtements ecclésiastiques, qu'il devait revêtir : « Bien, dit-il, puisque faire le faut ! » et il ajouta que, s'il en avait appelé de la sentence de dégradation, « ce n'était pas pour regret qu'il eût à laisser lesdits ordres, et qu'il y avait longtemps qu'il les voulait laisser, s'il eût pu, et les avait seulement pris pour être capable de l'état qu'il a. Et que s'il eût pu être reçu audit état sans icelles, ne les eût jamais pris. »

On le revêtit d'une robe noire « à usage d'homme d'église, » d'un surplis, de l'aube, de la ceinture, de l'étole et du fanon ; on mit successivement en ses mains les évangiles, le calice, les burettes, les chandeliers. Puis l'évêque officiant lui ôta l'un après l'autre les vêtements, ornements, livres et vaisseaux, en prononçant certaines formules contraires à celles de l'ordination. On lui coupa aussi les cheveux du sommet de la tête pour effacer toute trace de tonsure. Après quoi, on lui présenta « robe et bonnet servant à homme lai. » Il protesta, en disant que sa robe de conseiller ne pouvait lui être enlevée que par le Parlement.

L'évêque de Tréguier le remit alors aux mains du lieutenant du capitaine de la Bastille, et par lui aux mains des juges séculiers, avec la recommandation hypocrite « d'agir avec icelui du Bourg doucement et humainement. » En prenant congé du prisonnier, il lui recommanda de prendre patience et de « se consoler en Dieu, » en prenant les avis de « quelque bon docteur en théologie. » À quoi du Bourg répondit qu'il allait se consoler avec Dieu, le seul consolateur qui lui restât, puisque les hommes l'avaient délaissé.

Quelle impression fit cette cérémonie du moyen âge sur du Bourg ? D'après le témoignage du ministre. Chandieu, bien placé pour être renseigné, elle apporta à sa conscience un vrai soulagement. « Ce qu'il reçut, dit-il, comme un grand honneur d'être du tout nettoyé de ces ordres et vilaines marques de la bête, et mis hors de la synagogue des méchants, comme membre de notre Seigneur Jésus-Christ (5) » Au dire de Regnier de la Planche, « ceux qui le dégradèrent des ordres étaient merveilleusement étonnés de ses remontrances (6). »



ANNE DU BOURG


VIII -
DERNIERS EFFORTS POUR SAUVER DU BOURG.

Pendant qu'Anne du Bourg usait de sa science consommée du droit et de la procédure pour disputer à ses ennemis son siège de conseiller et sa vie, ses amis faisaient les plus grands efforts pour le sauver.

C'était le moment où Catherine de Médicis, sortant de l'ignominieuse retraite où l'avait reléguée, du vivant de Henri II, la faveur scandaleuse de Diane de Poitiers, affirmait sa volonté de régner enfin, sous le nom de son fils mineur. Les protestants tentèrent énergiquement, à cette heure où elle cherchait sa voie, de la décider à faire cesser la persécution. Le prince de Condé, sa belle-mère, la dame de Roye, l'amiral de Coligny lui écrivirent dans ce sens. Le sire de Villemadon lui adressa cette lettre éloquente et hardie, où il lui remettait en mémoire le temps où elle chantait les psaumes de Marot, et lui rappelait que le roi son époux avait été, par un juste châtiment de Dieu, frappé à mort par la main même de l'homme qui, « par son commandement avait lié et emprisonné l'innocent du Bourg, lequel ce pauvre roi s'était proposé, et par serment, faire et voir brûler de ses yeux propres, avant que partir de Paris (7) »

Plus hardie encore fut la lettre que l'Eglise de Paris crut devoir, au mois d'août, adresser à la reine mère, qui, loin de faire droit aux espérances des réformés, se jetait toujours plus dans les bras des Guise et poussait activement le procès de du Bourg. Ils lui représentèrent, au dire de Regnier de la Planche :

« Que sur son assurance de faire cesser la persécution, ils s'étaient de leur part contenus selon son désir, et avaient fait leurs assemblées si petites que l'on ne s'en était comme point aperçu, de peur qu'à cette occasion elle ne fût importunée par leurs ennemis de leur courir sus de nouveau ; mais qu'ils ne s'apercevaient aucunement de l'effet de cette promesse, ains sentaient leur condition être plus misérable que par le passé, et semblait, vu les grandes poursuites contre du Bourg, qu'on n'en demandait que la peau, comme aussi ils avaient entendu de bonne part ses ennemis s'en être vantés. Quoi advenant, elle se pouvait assurer que Dieu ne laisserait une telle iniquité impunie, vu qu'elle connaissait l'innocence d'icelui, et que tout ainsi que Dieu avait commencé à châtier le feu roi, elle pouvait penser son bras être encore levé pour parachever sa vengeance sur elle et ses enfants, et serait témoignage de son jugement si manifeste qu'il ne pourrait aucunement être déguisé, ni dissimulé ; que la procédure contre du Bourg se trouvait de toutes personnes si étrange que, si on attentait plus outre contre lui et les autres chrétiens ; il y aurait grand danger de troubles et émotions (8) »

La reine mère trouva cette lettre « âpre et dure, » et entra dans une violente colère : « On me menace, » s'écria-t-elle, « cuidant me faire peur, mais ils n'en sont pas encore là où ils pensent (9) » Une telle démarche ne put qu'aggraver la situation de du Bourg.

L'intervention de ses frères ne fut pas plus heureuse. À la nouvelle de son arrestation, ils étaient accourus à Paris pour solliciter sa grâce. On refusa de leur donner audience et on leur enjoignit brutalement de quitter la ville, dans les trois jours, « sous peine d'encourir l'indignation du roi et d'être privés de leurs états (10). » En traitant ainsi les neveux d'un chancelier de France, le cardinal de Lorraine voulait décourager toute tentative ayant pour but l'élargissement du prisonnier. Les frères de du Bourg tentèrent, un peu plus tard, de faire agir « à force d'écus, » auprès de la Cour de Rome, pour rendre possible un suprême appel au pape, et, au dire de La Planche, ils obtinrent une bulle à cet effet. L'accusé eût été mandé à Rome, et il eût été aisé de le délivrer en route. Mais il refusa de paraître reconnaître ainsi la suprématie du siège romain (11).

Ses amis, ne pouvant rien obtenir par les voies de douceur, tentèrent de le délivrer par un coup de main. S'il faut en croire le Journal de Bruslart (12), confirmé d'ailleurs par La Planche, un complot fut organisé, en septembre, pour faire évader le prisonnier. Celui-ci aurait écrit une lettre chiffrée à un certain Durant, organisateur du complot. Le serviteur, chargé de la remettre à son adresse, aurait été trompé par la similitude des noms, et l'aurait portée à un procureur nommé Durant, lequel, conseillé par son curé, l'aurait remise au président de Saint-André (13). L'échec de cette tentative d'évasion attira sur du Bourg de nouvelles rigueurs, et on l'enferma dans la cage de fer, réservée aux prisonniers dangereux. Le cardinal de Lorraine, ému, dit-on, d'une prophétie de Nostradamus, ainsi conçue : Le bon Bourg sera loin, et dans laquelle le populaire voyait l'annonce d'une évasion heureuse du prisonnier, fit redoubler les gardes de la Bastille et donna l'ordre qu'on arrêtât quiconque stationnerait devant la prison. À défaut de lettres de du Bourg, qui seraient si précieuses pour jeter quelque lumière sur ses sentiments intimes. pendant cette longue captivité, nous avons le témoignage de Chandieu, qui dit de lui :

« Il n'était point en la prison sans beaucoup souffrir. Car on le tenait bien étroitement en la Bastille, et n'avait point le traitement comme requérait son état ; mais quelquefois était là au pain et à l'eau. La communication de toute personne de ses amis lui était interdite, tellement qu'il ne pouvait être secouru et soulagé. Quelquefois pour soupçon qu'on avait qu'il se faisait entreprise pour le délivrer, il fut mis en une cage en la Bastille. On peut penser en quel malaise. Ce nonobstant il se réjouissait toujours, et glorifiait Dieu, ores empoignant son luth pour lui chanter psaumes, ores le louant de sa voix. Plusieurs venaient à lui pour le détourner, mais ils perdaient leur peine, étant repoussés d'une grande constance. Car il remontrait toujours l'équité de sa cause et qu'il n'était tenu que pour la confession de notre Seigneur Jésus-Christ. Et pourtant il ne fallait qu'il fût si lâche et déloyal, que de faire chose aucune pour racheter sa vie et la bonne grâce des hommes, au déshonneur d'icelui notre Seigneur et au péril de son âme (14). »

À la suite de l'exécution de l'arrêt de dégradation, qui avait eu lieu le 27 novembre, du Bourg, sans doute encouragé par ses amis du Parlement et de l'Eglise, eut de nouveau recours à l'appel comme d'abus, qui devait prendre encore un mois avant de se vider et retarder d'autant sa sentence définitive. Ce temps fut mis à profit par des amis catholiques pour faire auprès de lui une suprême tentative dans le but de l'amener à des concessions en matière de doctrine.

La défaillance momentanée qu'il avait eue, quatre mois auparavant, lorsque l'avocat Marilhac l'avait circonvenu, pouvait donner l'espoir, à ceux de ses collègues qui étaient demeurés ses amis, qu'ils viendraient à bout des résistances d'une volonté brisée par une longue et dure captivité. Ils lui représentèrent donc qu'ils se faisaient fort de le sauver, s'il consentait seulement à retirer sa première confession de foi et à la remplacer par une déclaration, « non point directement contraire à la vraie doctrine, mais ambiguë et tellement dressée qu'elle pût contenter ses juges (15) ».

Après avoir longtemps résisté du Bourg se laissa vaincre par ces prières, et le 13 décembre, il signa la confession ambiguë qu'on lui demandait. Ainsi avait fait, trois ans auparavant, l'illustre Thomas Cranmer, archevêque de Cantorbéry, cédant, lui aussi, aux instances de ses amis, et vaincu, lui aussi, par les souffrances et les privations d'une longue captivité. Mais l'un et l'autre, après une courte défaillance, se relevèrent comme des chrétiens qui savent « en qui ils ont cru (16). »

Dès que les chefs de l'Eglise réformée de Paris apprirent la nouvelle de cet acte de faiblesse, ils chargèrent l'un d'eux, le pasteur Augustin Marlorat, qui, deux ans plus tard, devait lui-même mourir martyr à Rouen, d'adresser à du Bourg une lettre de fraternelle remontrance. En voici la teneur, d'après l'Histoire des persécutions d'Antoine de Chandieu :

« Marlorat lui fait une longue remonstrance du devoir de ceux que Dieu présente devant les magistrats, pour être témoins de sa vérité éternelle ; lui annonce les menaces de Dieu, et ses jugements contre ceux qui la désavouent ou la déguisent en quelque façon que ce soit ; l'exhorte de priser plus l'honneur de Dieu que sa délivrance, la vérité de l'Évangile que sa vie corruptible et caduque. Qu'il avait si bien et si heureusement commencé et poursuivi sa course ; maintenant qu'il était si près du but, il ne fallait pas qu'il perdît ainsi courage. Que les nouvelles de sa constance étaient non seulement en toute la France ; mais en toute la chrétienté, et avaient confirmé beaucoup d'infirmes et ému les autres de s'enquérir de leur salut. Que les yeux de tous étaient sur lui, pour voir quelle serait l'issue de sa prison. Et maintenant s'il faisait par crainte chose contraire à sa première confession, il serait cause d'une merveilleuse ruine. Pourtant qu'il advise à donner gloire à Dieu et à édifier l'Eglise de Notre Seigneur Jésus-Christ, et s'assure que Dieu ne l'abandonnera point (17). »

Par quelle voie mystérieuse la lettre du pasteur Marlorat réussit-elle à forcer la sévère consigne qui séparait le prisonnier de ses coreligionnaires, nous l'ignorons. Nous savons seulement qu'elle parvint à son adresse et atteignit son but. « Ces lettres, » dit Chandieu, « trouvèrent M. du Bourg déjà pressé en sa conscience du sentiment de sa faute. Et pourtant les ayant lues et demandé pardon à Dieu, sans aucun délai, il dresse une requête à ses juges, par laquelle il rétracte cette dernière confession, proteste de se tenir à la première, et demande que son procès lui soit fait là-dessus (18). »

Rien ne pouvait plus désormais sauver Anne du Bourg. L'assassinat du président Minard, l'un de ses adversaires les plus acharnés, était un symptôme de la grave surexcitation qui se produisait dans certaines couches de la population. On approchait, tout le faisait pressentir, d'un moment où les protestants ne se laisseraient plus égorger sans résistance. On annonçait, d'autre part, l'arrivée prochaine à Paris d'envoyés de l'électeur palatin, chargés de demander la grâce du magistrat protestant, auquel il faisait offrir une chaire de professeur de droit dans l'université de Heidelberg. En présence de ces réclamations respectueuses ou menaçantes, le cardinal de Lorraine, pour qui l'élargissement de du Bourg eût été un échec personnel, y coupa court en ordonnant au Parlement d'en finir. 


(1) Reg. du Parl. du 20 octobre. Mém. de Condé, t. I, p. 289. 

(2) Ibid. du 18 novembre. Mém. de Condé, t. I, p. 294. 

(3) Journal de Bruslart, dans les Mém. de Condé, t. I, p. 6.

(4) Voir sur ces discussions, et sur les détails de la cérémonie de dégradation, le Procès-verbal de la dégradation d'Anne Du Bourg, que M. N. Weiss a eu la bonne fortune de découvrir, et qui est inséré dans le Bull. de l'hist. du prot. français, 1888, p. 353

(5) Histoire des persécutions et martyrs de l'Eglise de Paris, p. 392.

(6) Edit. Buchon, p. 236. La Vraye histoire dit également : « Ce qu'il receut d'un coeur et visage fort joyeux, disant que, par ce moyen le caractère de la beste, dont il est parlé en l'Apocalypse, lui estoit osté, et ne tenoit plus aucune tache de l'Antéchrist de Rome. » Mém. de bondé, t. I, p. 246.

(7) Mémoires de Condé, t. I, p. 620 Calvini opera, t. XVII, p. 611.

(8) Regnier de la Planche, Estat de la France, édit. Buchon, p. 219.

(9) La Planche, p. 220. François de Morel, dans une lettre à Calvin, du 15 août confirme ces faits : « De vidua regina spes propemodum nulla. Quum enim satis comiter prioribus nostris literis respondisset, et sperare jussisset tolerabiliorem conditionem, deprehendimus paulo post eam de re nulla minus laborare quam de salute piorum... Quapropter nostri senatus jussu literas ad eam scriptas, acerbiores illas quidem, sed quas lenioribus verbis perscribi noluerunt. Quibus perlectis : « Hem, inquit, etiam mihi minantur. » (Calvini Opera. t. XVII, p. 597.)

(10) Chandieu, Histoire des persécutions et martyrs de l'Eglise de Paris, p. 391.

(11) La Planche, p. 236.

(12) Mémoires de Condé, t. I, p. 4. Voyez aussi La Planche, p. 227 ; Hist. eccl., t. I, p. 241. Chandieu, reproduit par Crespin, se borne à dire : « Quelquefois, pour soupçon qu'on avoit qu'il se faisoit entreprise pour le délivrer, il fut mis en une cage en la Bastille » (Crespin, t. II, p. 633.)

(13) Voici, d'après Bruslart, quelle était la teneur de cette lettre : « Durant, ne faillés de soir (sic) à telle heure, de m'apporter une corde de telle grosseur et amenez les chevaux que vous m'avez promis avec bonne compagnie, affin que si nous sommes descouverts, nous scions les plus forts ; et ne faillez à estre garny de bons bastons à feu. Ces termes paraissent peu vraisemblables, et nous nous rangeons à l'avis de M. Cunitz, qui suppose que cette lettre a été « forgée par les ennemis de Du Bourg, dans l'intention de le perdre. Il nia d'ailleurs, en face du supplice, d'avoir eu connaissance de ce complot, ce qui tranche la question.

(14) Histoire des persécutions et martyrs de l'Eglise de Paris, p. 193. Crespin, t. II, p. 689.

(15) Chandieu, Histoire des persécutions et martyrs de l'église de Paris, p. 421.

(16) Le récit de La Planche, reproduit par Bèze. paraît contredire cette défaillance de du Bourg ; mais le témoignage de Chandieu, reproduit par Crespin, place ce fait au-dessus de toute contestation. C'est à tort que M. Alfred Franklin, dans sa notice sur du Bourg (dans les Grandes Scènes du XVIe siècle) identifie cette défaillance avec celle où Marilhac avait joué un rôle. L'une eut lieu au mois d'août et l'autre en décembre. Le Journal de Bruslart (Mémoires de Condé, t. I, p. 7), nous fournit la date précise : « Le mecredy, treiziesme dudit, mois (décembre 1559), Dubourg abjura toutes les propositions hérétiques et erronées qu'il avoit tenuës, et ce en la présence de ses juges et mist une créance et profession de la foy par escrit de sa propre main, laquelle fust envoiée au Roy ; toutesfois on a douté si elle fut feinte ou vraye. ».

(17) Chandieu, Histoire des persécutions, p. 422.

(18) Ibid., p. 23. Le Journal de Bruslart dit de son côté : « Le dix-neuvième dudit mois, ledit du Bourg présenta requête à la Cour, par laquelle, tout au contraire de l'abjuration qu'il avait faite, il persistait et n'entendait se désister des propositions qu'il avait tenues devant l'évêque de Paris ; quoi voyant, fut déclaré non recevable comme appelant de la dégradation qui lui avait été faite. 
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