Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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Le Mystère de l'Eglise



PRÉFACE

Le plus grand mystère, que l'Écriture Sainte propose à notre acceptation absolue et sans réserve, c'est le Mystère du Christ, c'est-à-dire l'Incarnation du Verbe éternel, Fils unique de Dieu, notre rédemption accomplie par sa mort expiatoire, sa résurrection corporelle, son ascension triomphante, son retour prochain et glorieux. Et le mystère le plus grand après celui du Christ, c'est celui de l'Eglise. Ils sont d'ailleurs inséparables. Le Christ est la tête dont l'Eglise est le corps ; Il est l'Époux dont l'Eglise est l'épouse. Ces deux mystères n'en sont qu'un ; on ne peut accepter pleinement le, premier sans accepter pleinement le second

I

L'Eglise (ecclesia), c'est-à-dire l'assemblée des rachetés du Christ, séparés du monde et unis entre eux et à leur Chef par l'amour et par la foi, - l'Eglise a été créée par Jésus-Christ Lui-même. Elle existait dans la pensée de Dieu, de toute éternité.

Les deux seuls passages où Jésus parle de l'Eglise se trouvent dans l'Évangile selon saint Matthieu. Voici le premier : « Tu es heureux, Simon, fils de Jonas, car ce ne sont pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela (Simon venait de déclarer à Jésus : « Tu es le Christ, le fils du Dieu vivant »), mais c'est mon Père qui est dans les cieux. Et moi, je te dis que tu es Pierre et que sur ce roc, Je bâtirai mon Église, et que les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle. Je te donnerai les clés du royaume des cieux : ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux » (Matthieu 16 : 18-19).

En laissant de côté, pour le moment, la question si discutée de la primauté de Pierre que l'Eglise romaine base sur cet unique verset, constatons que Jésus parle ici de son Église, par où Il entend, à n'en pas douter, l'ensemble de ceux qui devaient croire, en Lui, et se recruter dans tous les pays du monde, jusqu'à la fin des temps.

L'Eglise ainsi comprise est une assemblée idéale qui n'a jamais encore été réunie ; elle forme le corps mystique dont le Christ est la tête (Ephés. 1 : 22-23). C'est par elle que « les autorités et les dominations dans les lieux célestes » - mots par lesquels sont désignées les phalanges angéliques - « connaissent aujourd'hui la sagesse infiniment variée de Dieu, selon le dessein éternel qu'il a mis à exécution par Jésus-Christ, notre Seigneur » (Eph. 3 : 10-11). C'est elle, l'Eglise, qui est l'épouse de Christ. « Il l'a aimée et s'est livré Lui-même pour elle, afin de la sanctifier par la Parole après l'avoir purifiée, par le baptême d'eau, afin de faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irrépréhensible » (Eph. 5 : 22-27).

L'apôtre ajoute : « Ce mystère est grand » et certes, rien n'est plus grand, après l'incarnation l'immolation et la résurrection du Fils de Dieu, que la formation de cette humanité nouvelle, habitation permanente du Saint-Esprit, destinée à partager la gloire du Christ, étant unie à Lui aussi complètement que Lui-même, est uni au Père (Jean 17 : 20-26).

C'est à ce corps unique, à cette mystique assemblée, que Paul fait allusion : « Il (Jésus-Christ) est la tête du corps de l'Eglise, ». C'est en pensant à elle que Paul déclare : « J'achève de souffrir en ma chair les souffrances du Christ, pour son corps qui est l'Eglise ; c'est d'elle que j'ai été fait ministre » (Col. 1 : 24-25).

Il est encore question de l'Eglise, - entendue dans ce sens-là - c'est-à-dire comme étant le corps unique et mystique du Christ, dans l'épître aux Hébreux : « J'annoncerai ton nom à mes frères, je te célébrerai au milieu de l'assemblée (ou église) » (Héb. 2 : 12). Ces paroles, tirées du Psaume 22, sont appliquées par l'auteur de cette épître à Jésus-Christ. Et encore : « Vous vous êtes approchés... de l'assemblée (ou église), des premiers-nés inscrits dans les cieux » (Héb. 12 : 22-23).
Tous ces textes ne peuvent s'appliquer qu'à l'assemblée universelle des rachetés du Seigneur.

Enfin, dans l'Apocalypse, l'apôtre Jean nous présente l'Eglise, complétée et parfaite, comme étant l'Épouse de l'Agneau : « Réjouissons-nous et soyons dans l'allégresse et donnons-lui gloire, car les noces de l'Agneau sont venues, et son épouse s'est préparée et il lui a été donné de se revêtir d'un fin lin éclatant et pur... car le fin lin, ce sont les oeuvres justes des saints » (Apoc. 19 : 7-9). « Je vis descendre du ciel d'auprès de Dieu, la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, préparée comme une épouse qui s'est parée pour son Époux » (Apoc. 21 : 2). Plus loin, elle est appelée « la femme de l'Agneau » (Apoc. 21 : 9. Voir aussi Apoc. 22 : 17) et décrite sous l'aspect de « la ville sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, d'auprès de Dieu, ayant la gloire de Dieu ». La description de cette cité est donnée tout au long de ce chapitre et du suivant, qui sont les deux derniers du Nouveau Testament et, par conséquent, de la Bible.

Par tous ces passages, il est abondamment prouvé que, dans la pensée du Seigneur, l'Eglise est un corps aux membres multiples, qui grandit par l'action constante du Saint-Esprit. Ce corps ne peut avoir que des membres saints, tous croyants authentiques, tous véritablement régénérés ; leurs noms, par la prescience de Dieu, ont été de toute éternité inscrits dans les cieux.

Cette Église est édifiée sur le Roc, c'est-à-dire sur la personne et sur l'oeuvre du Christ ; sur ce Roc sont placés les fondements qui portent les noms des « douze apôtres de l'Agneau » (Apoc. 21 : 14). Pierre devait être la première de ces pierres fondamentales, et le fut, puisque, le premier, il annonça l'Évangile aux Juifs et aux païens ; mais lui-même, déclare que la pierre angulaire, c'est Christ (1 Pierre 2 : 4-7). C'est à Pierre, en premier lieu, par sa prédication le jour de la Pentecôte, mais c'est à tous les apôtres avec lui, qu'il a été donné de fonder l'Eglise. Tous les apôtres, mais eux seulement, ont reçu le pouvoir de lier et de délier, c'est-à-dire de formuler la doctrine chrétienne et de déterminer ce qu'il est nécessaire de croire et de faire pour devenir membre de l'Eglise. C'est à eux tous, réunis dans la Chambre haute, au soir de la résurrection, que le Maître a dit : « La paix soit avec vous ; comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie. Après ces paroles, il souffla sur eux et leur dit : Recevez le Saint-Esprit. Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés, et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus » (Jean 20 : 21-23).

Il s'agit bien là d'une investiture spéciale, d'une mission unique et fondamentale confiée aux apôtres, à tous et non à un seul, et non transmissible ; non le pouvoir exclusif de condamner ou d'absoudre des pécheurs individuels, mais le don surnaturel de formuler ne varietur (1) la doctrine et les lois de la nouvelle Alliance, comme Moïse avait reçu la mission de, formuler la doctrine et les lois de l'ancienne Alliance. Et c'est ainsi que nous avons un livre unique ; la Bible, en vertu d'un charisme unique : l'inspiration plénière des prophètes et des apôtres.

L'Eglise, dans son sens universel, n'est donc, sous aucune, autre autorité que celle du Christ et de ses apôtres. Elle n'a point de gouvernement temporel ; ni pape, ni évêques, ni conciles, ni synodes, ne peuvent tenir la place des apôtres, dont les écrits perpétuent l'autorité, seule infaillible. L'Eglise n'a point de temples visibles. Ses membres sont tous prêtres, hommes et femmes, car en Christ, ces distinctions n'existent pas ; tous « sont assis, par la foi, dans les lieux célestes en Jésus-Christ » (Eph. 2 : 6).

Il est vrai que l'Église n'est pas encore toute formée le nombre de ses membres s'accroît tous les jours par la propagation de l'Évangile. Mais leurs noms sont écrits d'avance au Livre de vie, et rien ne peut les en effacer. Nul n'a fait ou ne fera partie de l'Église sans en avoir le droit, en vertu de l'élection divine : « Car ceux que Dieu a connus d'avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l'image de son Fils ; et ceux qu'il a prédestinés, il les a aussi appelés, et ceux qu'il a appelés, il les a aussi justifiés, et ceux qu'il a justifiés, il les a aussi glorifiés » (Rom. 8: 28-30).

Cette élection divine a produit en tous ceux qui en étaient les objets « le vouloir et le faire » : c'est librement et volontairement que les pécheurs viennent à Jésus pour être lavés de leurs péchés par son sang ; c'est librement qu'ils se repentent et croient... Et cependant, en se donnant librement, ils ne font qu'obéir simplement à l'attraction souveraine de la grâce...

L'Eglise, avons-nous dit, n'est pas encore au complet. Elle le sera lors de l'avènement glorieux de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. C'est alors qu'elle paraîtra dans la perfection de sa divine beauté : Les sépulcres de ceux qui sont « morts en Christ » s'ouvriront :

Des profondeurs de l'abîme,
De la tombe, noir séjour,
De la plaine et de la cime,
Tous se lèveront un jour !

Il n'y aura aucune erreur. Seuls les rachetés authentiques ressusciteront, ou, s'ils sont encore sur la terre, seront transmués. Le « corps animal » fera place au « corps spirituel ». Le Livre de Dieu contiendra bien des noms qui ne sont pas inscrits dans les registres paroissiaux, et ceux-ci, hélas, en contiennent beaucoup qui ne seront pas appelés au jour du grand Recensement !
Serons-nous de l'Eglise, la seule, celle hors de laquelle il n'y a pas de salut ? Ah ! que le Saint-Esprit rende témoignage à nos esprits, dès maintenant, que nous sommes enfants de Dieu ! « Voyez quel amour le Père, nous a témoigné pour que nous soyons appelés enfants de Dieu ! Et nous le sommes » (1 Jean 3 : 1).

II

La seconde mention de l'Eglise faite par le Sauveur pendant son ministère terrestre se trouve, comme la première, dans l'Évangile de Matthieu. La voici : « Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul ; s'il t'écoute, tu as gagné ton frère. Mais s'il ne t'écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute l'affaire se règle sur la déclaration de deux ou trois témoins ; s'il refuse de les écouter, dis-le à l'Eglise, et s'il refuse d'écouter l'Eglise, qu'il soit pour toi comme un païen et un publicain. Je vous le dis en vérité, tout ce que vous lierez sur la terre, sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel (Matth. 18 : 15-18) ».

Il est évident que Jésus ne parle pas ici de l'Eglise dans le même sens qu'en Matthieu 16, bien que ce soit le même mot qui est employé. L'Eglise, en Matthieu 16, est l'Eglise idéale, tandis que dans ce passage-ci l'Eglise est envisagée comme étant une assemblée temporelle et locale, ayant parmi ses attributions le devoir de juger en dernier ressort les différends qui peuvent surgir entre ses membres.

Cette Église-tribunal ne peut évidemment être composée que de personnes unies par une foi commune et formant une société régulière, ayant une discipline conforme à la Parole de Dieu dans sa lettre et dans son esprit. Les décisions prises par une telle assemblée jugeant un conflit entre deux de ses membres, seront, dit le Seigneur, homologuées dans le ciel.

Ce caractère d'infaillibilité octroyé par Jésus-Christ au jugement de l'assemblée chrétienne locale, donne à celle-ci une très grande importance. L'Eglise locale est, dans la pensée du Christ, une institution divine, tout aussi bien que l'Eglise invisible. Quels soins ne doivent-ils pas être donnés à la formation d'une telle assemblée ! On n'imagine pas qu'il puisse suffire d'être descendant de chrétiens pour être soi-même, et par droit de naissance investi de responsabilités aussi essentielles !

L'Eglise visible et locale a le même Chef, Jésus-Christ, que l'Eglise universelle, ce qui implique que tous ses membres font profession d'être régénérés.

Cependant, toujours d'après ce passage, l'Eglise locale, à la différence de l'Eglise invisible, peut avoir parmi ses membres des irrégénérés, soit qu'ils se soient fait illusion en y entrant, soit qu'ils aient voulu tromper, soit qu'ils y soient entrés en vertu d'une erreur dans la constitution même de l'Eglise, soit qu'on les ait inscrits automatiquement, sans que leur consentement ait été requis. Il peut s'y trouver aussi des chrétiens authentiques, mais qui sont en état de chute. Dans ce dernier cas, le devoir de l'Eglise locale sera de juger ses membres infidèles, et s'ils persistent dans leur péché, elle devra se séparer d'eux, dans leur propre intérêt et dans celui de l'Eglise elle-même.

Ces deux conceptions de l'Eglise : l'Eglise universelle et l'Eglise locale, loin de s'exclure, se complètent mutuellement. L'Eglise locale sera l'école, où se formeront, sous la direction du Saint-Esprit, les membres de l'Eglise universelle. Tandis que celle-ci nous est présentée comme un corps parfait, un édifice achevé, celle-là est le chantier dans lequel les pierres que le missionnaire ou l'évangéliste auront tirées de la carrière seront devenues, par l'action de la grâce, des pierres vivantes, préparées en vue de leur glorieuse et immortelle destinée, qui est d'être partie intégrale de l'édifice parfait : le corps du Christ.

Il est très remarquable que, dans le Nouveau Testament, l'Eglise locale est mentionnée beaucoup plus fréquemment que l'Eglise universelle. Toutes les lettres de Paul, excepté celles qui sont personnelles, sont adressées à des Églises locales : celles de Rome, de Corinthe, de Galatie, d'Éphèse, de Philippes, de Colosse, de Thessalonique, celles de Jean, et dans l'Apocalypse, celles aux sept Églises d'Asie-Mineure. La raison de ce fait est facile à déduire : le recrutement et le perfectionnement des Églises locales sont nécessaires pour la formation de l'Eglise universelle. Celle-ci n'a besoin ni de ministres, ni de locaux, ni de finances ; elle est une société spirituelle et invisible. L'Eglise locale, au contraire, est une société temporelle en même temps que spirituelle elle doit avoir une organisation, si simple qu'elle soit des réunions régulières, des serviteurs de Dieu pour la recruter, l'instruire, l'édifier ; un budget pour le soulagement de ses membres âgés ou indigents, ainsi que pour le salaire de ses ministres réguliers.
Elle a une discipline, formulée dans les écrits du Nouveau Testament. Elle doit pratiquer les deux symboles qui sont sa confession de foi donnée par le Maître Lui-même : le Baptême et la Cène. Rien de tout cela n'est possible dans l'Eglise invisible et ne lui est imposé ; mais tout cela fait partie de l'institution chrétienne, telle que l'a voulue notre Seigneur et que l'ont formulée et mise en oeuvre les apôtres. Pour eux, certes, l'Eglise locale n'était pas une institution sans importance. Son existence et sa fidélité étaient nécessaires au recrutement de l'Eglise universelle ; on peut dire hardiment que sans les Églises locales, il n'y aurait jamais eu d'Eglise universelle. Aussi les apôtres et les premiers propagateurs de l'Évangile, ont-ils tenu essentiellement à ce que les Églises locales fussent formées et organisées dans tous les lieux où ils portaient la Parole divine ; ils considéraient leur oeuvre comme n'étant qu'ébauchée, aussi longtemps que l'Eglise locale n'avait pas été fondée ; c'est elle, en effet, qui devait servir de berceau aux nouveau-nés de la grâce, de foyer aux âmes sauvées qui se séparaient du monde et des religions d'erreur et qui n'auraient pu vivre dans l'isolement sans péril pour leur vie spirituelle. Certes, les premiers chrétiens auraient fortement blâmé le propos de certains croyants d'aujourd'hui : « Pourvu qu'on appartienne à l'Eglise invisible, peu importe qu'on appartienne ou non à une église visible ! ».

Dans la pensée des apôtres et de leurs collaborateurs, le fait d'être nés de nouveau, bien loin de dispenser les nouveaux convertis de se rattacher à une Église, les y obligeait, sauf cas de force majeure. L'Eglise locale était le foyer où naissaient, où étaient accueillis et allaités, les nouveau-nés en Christ. Elle était aussi l'école où l'on devait entrer, non pour être sauvé, mais parce qu'on l'était déjà, afin d'être instruit et sanctifié. Elle était la communauté dans laquelle étaient mis en commun les grâces spirituelles et les charismes que les membres avaient reçus ou devaient recevoir, tous devant se prêter un mutuel appui, afin de montrer au monde ce que serait la société humaine si elle devenait la société divine. Enfin l'Eglise locale devait être « la ville sur la montagne », dont toutes les lampes réunies doivent émettre une lumière unique, brillant aux regards de tous les hommes.


Table des matières



1 (Afin qu'il n'y soit rien changé.)

 

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