Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

MÉDITATIONS SUR LE PSAUME 23 ET LE CANTIQUE DES CANTIQUES

suite

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L'union incomparable

De Dieu, l'amour éternel à mon coeur s'est fait connaître
Et je sais qu'il est réel par l'Esprit qui me pénètre.
Toutes mes terreurs ont fui,
Une douce paix m'inonde.
O sécurité profonde! Il est a moi ; je suis à Lui !
Jamais l'oiseau n'a chanté hymnes si mélodieuses,
Ni la terre n'a porté tant de fleurs si radieuses ;
Jamais, dans l'azur, n'a lui une lumière si belle,
O bonheur ! vie éternelle ! Il est à moi, je suis à Lui!
A Lui seul et pour toujours; l'enfer, la mort, ni la vie;
Rien ne peut de Son amour priver mon âme ravie!
Que le monde soit détruit et que le soleil s'éteigne,
Jésus vit et Jésus règne, je vis et je règne avec Lui. Il est à moi! Je suis à Lui!
 
R. SAILLENS (1855-1942).


L'amour mis à l'épreuve

« Mon bien-aimé s'en était allé. » Cant. des Cant. 5 : 6.

La Sulamithe au brun visage est aimée par un Berger extraordinaire. Elle Lui a donné son coeur.
Ce Berger soigne admirablement son troupeau. Il le fait paître parmi les lis. Il le mène dans Son jardin, dans un parterre d'aromates. Les moutons ont la réputation d'abîmer les endroits où ils pâturent : gare aux jeunes pousses, aux pépinières ! Ils broutent tout. Le Berger ne s'en inquiète pas. Il ne pense qu'à Ses brebis. Il les veut dans un jardin de beauté et de parfum. Il les fait reposer à midi. Aussi, comme elles sont belles et grasses !

Si le Berger prend un soin si attentif du troupeau, que ne fera-t-Il pas pour la Bergère ? Quel bonheur d'être l'objet de Ses soins vigilants, de Son tendre amour ! La Bergère en jouit intensément. Elle dit avec joie : « Mon Bien Aimé est à moi et je suis à Lui. » Il est à moi ; je profite de Sa protection, de Sa tendresse. J'en ai fini avec les rudoiements y de mes frères, le travail pénible au soleil brûlant. Mon Berger me comble. « Ah ! que je suis heureuse ! »

Mais son bonheur n'est-il pas égoïste ? Le Berger va la mettre à l'épreuve. Un soir, il frappe à sa porte et dehors il pleut. Il voudrait un abri, Il a besoin de sa présence. Elle refuse d'ouvrir, et quelles excuses absurdes elle donne ! Elle est tellement bien dans son lit, comment le quitterait-elle ? Il lui faudrait se rhabiller, se salir les pieds fraîchement lavés, peut-être pense-t-elle que Lui aussi ferait des taches sur son plancher immaculé. La Sulamithe ne veut pas se déranger, troubler sa quiétude. Oh ! quelle ingrate ! Elle, la privilégiée, l'élue d'un pareil Berger qui a tant fait pour elle, qui lui a apporté tant de joie, refuse, vous m'entendez bien, de Le mettre en sécurité chez elle. Ah ! quelle faute ! quel manque de coeur ! Mais elle aurait dû ouvrir, sécher Ses cheveux, réchauffer le pauvre transi. Ah ! l'égoïste, qui n'aimait que pour elle, pour les avantages qu'elle en retirait 1. .. Le Fiancé, dans un dernier plaidoyer, passe Sa main par la fenêtre, geste d'amour ou de reproche qui émeut profondément la Sulamithe. Ah ! si elle aime son Berger, elle L'aime mal, mais elle L'aime quand même. Elle se lève d'un bond, s'habille, va ouvrir la porte... Hélas ! le Bien-Aimé a disparu. Elle comprend sa faute. Il faut qu'elle retrouve Celui qu'elle aime.

Elle se met à Sa poursuite. Elle Le cherche ; elle ne craint ni les ténèbres, ni la pluie, ni la boue. Elle demande à ceux qu'elle rencontre s'ils ont vu Celui que, maintenant elle le comprend, elle aime plus que tout au monde. Elle est frappée par les gardes de la ville, peu importe ! Ces gardes la méprisent, la traitent comme une femme de mauvaise vie, qu'est-ce que cela peut lui faire ? Elle ne veut qu'une chose : retrouver son Berger, c'est Son amour qui compte, c'est Lui qu'elle veut. Elle a enfin compris qu'un amour égoïste n'est pas de l'amour.

Aimer, c'est se donner, se sacrifier, vivre pour l'autre. La Sulamithe remémore toutes les qualités de Celui qu'elle a éloigné d'elle par sa dureté de coeur. Elle dit aux filles de Jérusalem : « Sa personne est pleine de charme, il se distingue entre dix mille... », et fait enfin cette déclaration : « Je suis à mon Bien-Aimé et mon Bien-Aimé est à moi. »

Avez-vous remarqué l'ordre renversé ? Le mot principal n'est plus le moi haïssable, c'est le nom du Bien-Aimé. Elle s'est vraiment donnée à Lui. Elle ne veut plus de cet amour égoïste qui lui a fait perdre la compagnie de Celui qu'elle aime. Elle est prête à tous les sacrifices, prête à souffrir, à mourir pour Lui. Où peut-Il être ? Les gardes l'ignorent. Mais elle devine où Il se tient. Il est dans Son jardin plein de fleurs parfumées. Il est au milieu des lis blancs et purs ; c'est là qu'elle Le retrouve, là qu'elle reprend Sa communion interrompue après s'être humiliée pour son inconcevable égoïsme.

La Sulamithe poursuit son chemin, appuyée sur le bras de Celui qui lui est si cher. Nous la voyons plus tard monter du désert ; elle peut le traverser sans trembler. Elle ne redoute plus les sacrifices, ni les souffrances, elle n'a plus qu'une crainte : voir s'éloigner le Bien Aimé. Ah ! que rien ne la sépare plus de Lui : « Mets-moi, Lui demande-t-elle, comme un sceau sur Ton coeur, comme un sceau sur Ton bras. » Elle veut avoir part à Son activité, elle veut partager toutes les manifestations de Son amour. Elle est indissolublement une avec Lui. La Sulamithe possède maintenant cet amour plus fort que la mort. Elle possède l'amour divin, l'amour éternel.

L'histoire de la Sulamithe est la nôtre, celle de ceux d'entre nous qui ont été trouvés par le Berger divin. Nous étions dans le désert aux effroyables hurlements. Nous vivions dans le pays des ténèbres et de l'ombre de la mort. Ah ! dans quelle misère morale nous étions ! Quel désespoir étreignait notre coeur quand nous avons compris où menait ce chemin que nous parcourions et de quel être infâme nous étions les esclaves ! Jésus nous a trouvés ! Le divin Berger nous a secourus ! Il nous a sauvés, Il a chassé notre maître, Il a délié nos liens. Il nous a aimés d'un amour incompréhensible et immérité.

Ah ! quel Berger nous avons eu ! Il nous a menés dans des gras pâturages, le long des eaux paisibles. Il a restauré notre âme. Nous avons joui intensément de tous les avantages que nous donnait notre conversion. Très souvent, notre vie matérielle s'est transformée. Dieu, en nous donnant Sa sagesse, nous a débarrassés de ce qui causait nos insuccès. Nous avons vu le changement incroyable de la vie d'un alcoolique devenu sobre, d'un joueur renonçant aux cartes, d'un sensuel devenant un mari modèle. Vraiment, la piété a les promesses de la vie présente. Notre conscience apaisée, notre sécurité éternelle assurée, quel bonheur a été le nôtre !

Vous vous souvenez de ces premiers mois qui ont suivi votre conversion ? La nature elle-même était plus belle. Nous disions comme le Psalmiste : « Dans Son Palais, tout s'écrie : Gloire ! » Nous avons joui de la communion fraternelle. Notre Berger nous a mis dans un parterre d'aromates, Il nous a fait jouir des fleurs superbes de Son jardin. Que dire des moments de communion que nous avons eus avec Lui ! Jours heureux ! Euphorie du premier amour ! Nous disions du fond du coeur : « Il est à moi et je suis à Lui. À moi pour me combler, à moi pour m'accorder des dons multiples, à moi pour que je sois un instrument puissant. Il est à moi. »

Mais que s'est-il passé ? Quel nuage dans notre ciel bleu ? Quelle interruption de notre communion ? Le Seigneur a frappé à notre porte, Il a troublé notre quiétude, exigé un sacrifice. Nous avons refusé. Celui demandé, à la Sulamithe n'était vraiment pas bien grand : sortir de son lit, se salir les pieds ... Vous la blâmez ! Ah ! ne la blâmons pas ! Nous avons perdu notre communion avec le Sauveur pour des choses de moins de valeur peut-être. Une petite désobéissance ferme la porte à notre Bien-Aimé. .

Obéissons-nous à ce qu'Il nous demande ou discutons-nous avec Lui ? N'oublions pas pourquoi des gens qui se croyaient en règle ont perdu à jamais la présence du Bien-Aimé. Ils avaient refusé de sacrifier leurs aises pour nourrir les affamés, vêtir ceux qui étaient nus, visiter les malades et les prisonniers ; ils n'avaient pas compris que, prendre soin de ces malheureux, c'était soigner Jésus Lui-même. Ne voyez-vous personne frapper à votre porte ayant besoin d'un abri ?

Mais il n'y a pas que les soins du corps. Le Seigneur veut que nous donnions le pain de vie à tous : « Allez par tout le monde et prêchez l'Évangile à toute créature. » Que faisons-nous pour ouvrir notre porte, faire asseoir à notre foyer ceux qui ont faim et soif de justice ?

Peut-être Jésus a-t-Il demandé un sacrifice plus grand que celui de nos biens ou de notre temps. Il y avait quelqu'un ou quelque chose qui prenait Sa place dans notre coeur, qui nous empêchait de répondre à Son appel. Nous n'avons pas pu accepter l'épreuve qu'Il nous envoyait, la discipline qu'Il exerçait. Hélas ! un jour, nous avons fait comme la Sulamithe, nous avons refusé d'ouvrir. Alors, Il est parti. Plus de douce communion, plus d'intimité, plus de joie.

Ah ! j'espère qu'aucun de nous ne s'est accommodé de ce départ, heureux de ne plus être dérangé dans notre quiétude ! J'espère que, comme la Sulamithe, votre coeur s'est ému. Quand nous avons goûté Son amour, quand nous Lui avons vraiment donné notre coeur, Son absence est intolérable. Nous sommes saisis de remords et d'angoisses ; nous voulons à tout prix reprendre l'intimité interrompue par notre faute. Il y a des sacrifices à faire, des souffrances à supporter pour être unis à Lui. Jésus ne nous a jamais laissé d'illusions. Pour Le suivre, il faut renoncer à tout. « Celui qui ne hait pas son père, son frère ... ou même sa propre vie, ne peut être

Mon disciple. » Il faut que nous portions la croix. Le chemin est étroit et difficile. Celui qui veut vivre pieusement sera persécuté. « Vous aurez des tribulations dans le monde », et je crois que l'état de la société actuelle donne à l'enfant de Dieu plus de souffrances que jamais. Mais, pensez à la récompense : L'avoir, Lui ! Le voir entrer chez nous y faire Sa demeure, s'asseoir à notre foyer, que dis-je, entrer dans Son intimité, partager Son amour pour ceux qui périssent, exécuter Ses ordres ! Être dans le jardin embaumé, être entouré de Son amour, ou bien traverser le désert, appuyés sur Son bras. Quel bonheur ineffable !

Nous avons enfin compris que nous Le préférions à tous les avantages de Son amour. Lui, était le centre de tout. À Lui, nous nous donnions corps et âme et nous pouvions dire alors comme la Sulamithe : « Je suis à mon Bien-Aimé. Je me donne à Lui entièrement. Je Lui livre les clefs de toutes les portes. Qu'il entre quand Il voudra, qu'Il fasse de moi ce qu'il Lui semblera bon. Je suis à Lui pour vivre et pour mourir.

Ah ! qu'Il me mette comme un sceau sur Son bras, comme un sceau sur Son coeur ! Que je partage toutes Ses préoccupations, que je prenne part à toute Son activité ! Je suris à Lui ! Je suis à Lui ! »

En ce moment, frappe-t-Il à la porte de quelque lecteur ? Peut-être est-ce pour la première fois. Vous ne Lui avez encore jamais ouvert. Vous êtes dans la cellule noire d'une geôle infecte. Il vient vous délivrer. Ah ! ouvrez-Lui ! II a donné Sa vie pour pouvoir briser vos chaînes. Il a payé votre dette pour vous renvoyer libre. Ouvrez-lui ! Il ne force pas la porte. Il respecte votre liberté. Il faut que vous vous leviez pour aller Lui ouvrir. N'hésitez pas ! Il Y va de votre bonheur terrestre et éternel.

Avons-nous perdu notre zèle ? N'avons nous plus de joie dans notre culte ? Ne goûtons-nous plus la douceur de la communion de notre Sauveur ? Que s'est-il passé ? Y a-t-il une désobéissance à notre actif ? Avons-nous une idole secrète ? Dieu veut nous mettre sur le plan supérieur. Il veut que tout soit sacrifié à la présence du Bien-Aimé. Ah ! aujourd'hui, par ma voix, Il frappe à la porte. N'hésitons pas à Lui ouvrir. « Aie donc du zèle, nous dit-Il, et repens-toi. Si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui. Je souperai avec lui et lui avec Moi. » Il nous sollicite avec une tendresse infinie. Écoutons Sa voix : « Ouvre Moi, ma soeur, mon amie, ma colombe, ma parfaite. »

Aimons d'un coeur entier Celui qui nous aime tant, aimons-Le de cet amour qui résiste aux sacrifices, aux souffrances, qui est plus fort que la mort même. Disons comme la Sulamithe : « J'ai trouvé Celui que mon coeur aime, je L'ai saisi et je ne l'ai point lâché ... »

Amen.

Lecture : 1 Jean 4 : 7 à 21 ; Éphésiens 3 : 8 à 21
Cantiques : 323: Seigneur, à Ton regard 450: Mon coeur Te cherche 609: Veux-tu briser...

 



Le  jardin de la fiancée

« Lève-toi, aquilon ! viens autan ! soufflez sur mon jardin et que les parfums s'en exhalent... Que mon bien-aimé entre dans son jardin et qu'il mange de ses fruits excellents. » C. des C. : 4 : 16

La fiancée a un jardin. Il est entouré de murs, il est bien à elle. Il est de toute beauté ; il contient des arbres fruitiers, des plantes aromatiques que le fiancé énumère : « les troènes avec le nard, le safran, le roseau aromatique, le cinnamome (ou cannelle), avec les arbres qui donnent l'encens, la myrrhe, et l'aloès avec tous les principaux aromates ».

Au milieu de ce jardin est une source, une fontaine : il est donc abondamment arrosé.

Ces plantes aromatiques sont remarquables par la diversité des origines du parfum. Pour le troène, il vient de la fleur. Les femmes égyptiennes en portaient des bouquets sur le coeur. Pour le roseau aromatique, ce sont les racines qui le produisent. Quant au cinnamome, c'est l'écorce ; pour la myrrhe, c'est son sang même : la plante blessée, comme nos pins des Landes, produit une résine extrêmement parfumée, aux propriétés microbicides qui la faisaient servir aux embaumements. Le nard, humble graminée qui ressemble à la lavande, exhale du parfum par sa tige, ses racines, ses fleurs et ses feuilles. Quant à l'aloès, arbre superbe aux fleurs très odorantes, c'est surtout le coeur du bois réduit en poudre qui produit un parfum tenace et précieux.

Les arbres fruitiers sont passés sous silence, sauf le grenadier, symbole de la fécondité.

Le fiancé identifie celle qu'il aime à ce jardin frais, parfumé et fertile : « Tu es un jardin fermé, ma soeur, ma fiancée, une source fermée, une fontaine scellée... » (4: 12).

Nous sommes, nous enfants de Dieu, un jardin fermé. Il n'y poussait à l'origine que ronces et épines, mais Jésus, le divin jardinier, est venu, Il a « remué le sol, ôté les pierres ... » (Es. 5 : 2). Il l'a entouré d'un mur : « Il nous donne le salut pour rempart et pour muraille. » (Es. 26 : 1). C'est encore Lui qui met dans le jardin aride « une source d'eaux vives, une fontaine des jardins, des ruisseaux du Liban ». C'est Lui, notre Sauveur bien-aimé, qui nous a donné Son Esprit : « Celui qui croit en Moi, des fleuves d'eau vive découleront de son sein. Il dit cela de l'Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en Lui. » (Jean 7 : 37). La Samaritaine en est une illustration. Quelles épines et quelles ronces dans le terrain inculte qui lui servait de jardin ! Mais Jésus vint, Il lui promit l'eau de la vie qui devint en elle une source jaillissant jusque dans la vie éternelle. Cette pécheresse, cette femme de mauvaise vie, devint une ardente évangéliste. Jamais notre jardin n'est dans un état désespéré ; le Seigneur peut toujours le transformer en un lieu plein de sources, mais encore faut-il accepter qu'Il s'occupe de nous, faut-il dire « oui » à Son offre de grâce.

Peut-être, vous imaginez-vous que votre jardin est en bon état. Vous ne voyez pas les plantes malodorantes qui y poussent, les bêtes répugnantes qui y vivent. Vous y voyez quelques jolies fleurs et cela vous suffit. Vous vous jugez aussi bon que les meilleurs, le monde n'a rien à vous reprocher. Mais c'est Dieu qui vous juge.

Que fait le jardinier d'un terrain plein de mauvaises herbes ? Il Y met le feu. Le jardinier pourra encore le rendre fécond après l'avoir pioché ; mais que dit la Parole de Dieu de ceux qui refusent obstinément la grâce ? « Lorsqu'une terre est abreuvée par la pluie qui tombe souvent sur elle ... et si elle produit des épines et des chardons, elle est réprouvée et près d'être maudite, et on finit par y mettre le feu. » (Héb. 6 : 7-8). Chers amis, quel est l'état de votre jardin ? Que produit-il ?

La Sulamithe ne fait pousser dans son jardin ni plantes inutiles, m malodorantes, rien pour l'apparence, tout pour la senteur exquise et des fruits abondants. C'est la règle même de vie d'un enfant de Dieu. Rien pour la vaine gloire, mais tout pour Sa gloire à Lui, pour la joie de Son coeur. La Sulamithe veut que les fleurs de son jardin embaument au loin : « Lève-toi aquilon ! Viens autan ! Soufflez sur mon jardin et que ses parfums s'en exhalent. .. »

L'autan est un vent de la haute mer, venant du Sud ; il est violent, impétueux. L'aquilon vient du Nord et, quand il souffle avec force, cause des désastres. La Sulamithe souhaite que des vents violents du Sud et du Nord soufflent sur son jardin ! Ne craint-elle pas les dégâts qu'ils vont faire : branches cassées, plantes déracinées, fleurs écrasées ? Elle sait par expérience que le vent chaud rend le parfum plus pénétrant et que celui du Nord le répand au loin. Elle n'a peur ni de l'un, ni de l'autre, parce qu'elle désire avant tout que les senteurs de son jardin arrivent jusqu'à son bien-aimé, et qu'elles prouvent à tous le changement qu'Il a opéré dans ce qui était une terre inculte.

Osons-nous faire la prière de la jeune fille ? Nous n'avons pas peur du vent du Sud ; il nous semble chaud et agréable. Cependant, la prospérité est très dangereuse, elle est souvent à l'origine de nos chutes. Rappelez-vous le cas du roi Ozias, un des meilleurs de Juda : « Quand il fut puissant, son coeur s'éleva pour le perdre. » (II Chr. 26: 16). C'est quand l'Église de Laodicée se croit riche et prospère, n'ayant besoin de rien, qu'elle est dans un dénuement total : « Tu ne sais pas, lui dit Jésus, que tu es malheureuse, misérable, pauvre, aveugle et nue. » (Apoc. 3 : 16-17). Qu'a fait pour vous le vent du Sud ? Cette fortune soudaine, cet héritage, ce mariage, qui vous ont apporté les honneurs, la considération, ont-ils été une bénédiction ou une malédiction ? La prospérité est un terrible piège. Qu'avez-vous fait de ces biens qui vous ont été confiés ? Le vent du Sud a-t-il fait sortir, plus intense de votre coeur, le parfum de votre consécration ? Avez-vous apporté à Dieu pour Son service ce qu'Il vous avait permis d'avoir ?

Le vent du Nord semble beaucoup plus terrible, il est cependant moins redoutable. C'est souvent par l'épreuve que le Seigneur se révèle à nous. C'est « l'épreuve de notre foi, écrit l'Apôtre Pierre, plus précieuse que l'or périssable (qui cependant est éprouvé par le feu), qui a pour résultat la louange, la gloire et l'honneur, lorsque Jésus-Christ paraîtra » (1 Pierre 1 : 7). Si, quand le vent souffle, nous nous révoltons, nous murmurons, comme nous sommes à plaindre !

L'aquilon doit servir à répandre au loin le parfum de notre jardin. Voyez l'Apôtre Paul qui savait par expérience ce qu'était l'ouragan. « Il a été emprisonné, battu cinq fois de verges, lapidé, naufragé, en péril, exposé à de nombreuses veilles, à la soif, au froid, à la nudité ... ') (II Cor. 11 : 24-25). Il écrit cependant : « Nos légères 'afflictions du moment présent produisent pour nous, au-delà de toute mesure, un poids éternel de gloire. » (II Cor. 4 : 17). L'aquilon a répandu jusqu'à nous le parfum du jardin de Paul. Lisez des biographies des grands serviteurs de Dieu et humez l'odeur suave qui s'en dégage. Prenons communique exemple celui de la huguenote Marie Durand, enfermée dans la Tour de Constance pour cause de religion pendant 35 ans. Le vent furieux a soufflé, elle a tout perdu, mais elle a gardé la foi ; elle aime Celui qui l'a sauvée ; elle veut que ses compagnes, celles qui viendront après elle dans cet affreux séjour, puissent rester fidèles dans la tempête. On lit avec émotion sur la margelle du puits d'aération de sa cellule le mot qu'elle y grava : « Résistez ».

L'épreuve est dure, comment oser la souhaiter ? Quel courage il faut pour demander aux ouragans de venir dévaster notre jardin ? Quel est le secret de la Sulamithe ? Elle aime. « Que mon bien-aimé, dit-elle, entre dans son jardin et y mange ses fruits excellents. » Avez-vous remarqué le changement de personne ? Ce n'est plus mon jardin, mais son jardin. Elle est à son bien-aimé avec tout ce qu'elle possède. Du reste, ce jardin, qu'était-il avant Sa venue ? C'est Lui qui l'a transformé, Il en est, de droit, le propriétaire. À Lui, tous les parfums, toutes les fleurs, tous les fruits. Plus les vents souffleront, plus elle pourra prouver son amour en montrant le résultat du merveilleux jardinage.

Si nous redoutons l'épreuve, si la prospérité nous est néfaste, c'est que notre amour pour notre Sauveur est tiède. Nous reculons devant les sacrifices à faire parce que nous nous aimons plus que Lui. Nous Lui refusons notre argent, nos talents, notre temps, nos enfants, parce que nous nous imaginons que tous ces trésors nous appartiennent.

Chers amis, notre jardin n'est pas à nous. Le Sauveur l'a acheté dans cet autre jardin où Il a agonisé sous les Oliviers, tandis qu'Il buvait, à notre place, la coupe amère et nauséabonde de nos péchés : « Ne savez-vous pas, écrit l'Apôtre Paul aux Corinthiens (1 : 6-2,0), que nous ne nous appartenons plus à nous-mêmes, car vous avez été rachetés à grand prix ? Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit qui appartiennent à Dieu. » Ne redoutons pas les épreuves ! Ce que nous voulons, c'est prouver à notre Sauveur bien-aimé que nous Lui sommes complètement consacrés. Qu'il entre donc dans Son jardin, qu'Il en cueille les fruits, qu'Il jouisse des fleurs, qu'Il se délecte de Ses parfums. Tout est à Lui ! Peut-être, en sage jardinier, aura-t-il à émonder, arracher, nettoyer, laissons-Le faire. Il nous aime et ne veut que notre bien.

Quelles fleurs cueille-t-Il dans notre jardin ? Quels fruits y mange-t-Il ? Que le Saint-Esprit nous permette de répondre honnêtement à ces questions.

Voulez-vous savoir jusqu'où se répand le parfum de notre jardin ? L'Apôtre Jean l'apprend à Patmos. Le ciel s'entrouvre, le vieux prophète contemple sur l'autel, au milieu du trône, l'Agneau de Dieu « qui était là comme immolé ». Autour de Lui est une foule immense. L'Apôtre sent une odeur suave qui remplit le ciel entier. D'où vient-elle ? L'Apôtre voit les 24 vieillards prosternés devant le trône qui élèvent dans leurs mains et offrent à l'Agneau des coupes en or. D'elles, se dégage ce parfum exquis, « qui est, nous dit Jean, les prières des Saints » prières de reconnaissance, de louanges, d'intercession et d'adoration. Ah ! quelle joie pour notre Sauveur bien-aimé, quelle gloire pour Lui de prouver au ciel entier que de nos pauvres jardins Il a tiré une senteur si délicieuse !

Ah ! puisque nos épreuves peuvent augmenter Sa gloire, puisque le parfum de nos vies en est plus intense et Sa joie à Lui plus parfaite, disons comme la Sulamithe : « lève-toi aquilon ! Viens autan ! Soufflez sur mon jardin et que les parfums s'en exhalent. .. Que mon bien-aimé entre dans son jardin et qu'Il mange de ses fruits excellents.

Amen

Lecture : C des C : 4 : 9 à 16 ; Galates : 5 : 16 à 26

Cantiques ; 4: Il faut, grand Dieu. 54: Que Ton fidèle amour. 277: 0 Fils de Dieu ... 320: Mon Sauveur, je voudrais être


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