Le Cantique des Cantiques est un des livres les
moins lus et les moins compris de la Bible.
Beaucoup de lecteurs sont scandalisés par
certaines expressions. Beaucoup de profanes s'en
servent pour blasphémer et tourner en
ridicule la Parole de Dieu. Ce sont des aveugles
qui ne peuvent pas lire. Ils n'ont pas les yeux
baignés dans le collyre qui les leur
ouvrirait.
Le Cantique des Cantiques est un des plus
beaux et des plus précieux documents de la
révélation de l'amour de Dieu, pour
l'âme qui se donne à Lui. C'est ainsi
que le comprenaient les Israélites pieux.
Ils comparaient ce livre au Saint des Saints du
Temple de Jérusalem, qui contenait le
propitiatoire, éclairé par la
lumière miraculeuse causée par la
présence même de Dieu. Seul y
pénétrait, une fois l'an, le jour des
expiations : le grand prêtre.
C'était le lieu de rencontre, par le
Souverain Sacrificateur ; d'Israël et de
son Dieu, c'était le lieu de la
réconciliation, de la communion parfaite. Le
Cantique des Cantiques fut donc
inséré dans le Canon de l'A.T. et,
sans aucun doute, quand le Seigneur
ressuscité expliqua aux disciples
d'Emmaüs, dans toutes les Écritures, ce
qui le concernait, ce livre merveilleux y
était indus.
Les prophètes d'Israël
comparaient souvent le peuple à une
épouse. « Ton Créateur est
ton époux, disait Esaïe,
l'Éternel des Armées est son
nom. »
(Es.
54 : 5). « C'est
pourquoi, voici, Je veux l'attirer et la conduire
au désert et je parlerai à son coeur,
écrit Osée ... en ce jour-là,
dit l'Éternel, tu M'appelleras
« mon mari » et tu ne
M'appelleras plus" mon maître ". »
(Osée
2 : 18).
Pour éviter une interprétation
charnelle de ce livre, il était
défendu au moins de trente ans.
Mais le Cantique ne pouvait avoir sa
signification la plus haute que quand le
véritable époux, celui dont
Jean-Baptiste fut le précurseur,
Jésus-Christ, allait venir chercher, sauver
et former Son épouse.
L'apôtre Paul voit dans
l'Église l'épouse de Christ.
« Je suis Jaloux de vous d'une jalousie
de Dieu, écrit-il à l'Église
de Corinthe, parce que - Je vous ai fiancée
à un seul époux pour vous
présenter à Christ comme une vierge
pure. »
(II
Cor. 11: 2). Quand l'apôtre
exhorte les maris à aimer leurs femmes il
n'hésite pas à leur donner
Jésus comme modèle: «Maris,
aimez vos femmes comme Christ a aimé
l'Église et s'est donné Lui
même pour elle ...
(Eph.
5 : 25). L'apôtre
Jean, a Patmos, voit la fin de l'idylle : les
noces de l'Agneau :
« Réjouissons-nous,
écrit-il, et soyons dans
l'allégresse, et donnons-Lui gloire, car les
noces de l'Agneau sont venues et Son épouse
s'est préparée, et il lui a
été donné de se revêtir
d'un fin lin éclatant et pur ... Heureux
ceux qui sont appelés au festin des noces de
l'Agneau. »
(Apoc.
19: 7-9).
Les Pères de l'Église, les
Réformateurs, les hommes de Réveil,
ont puisé dans ce livre force et
consolation. Voici quelques appréciations.
Un puritain bien connu en Grande-Bretagne, Joseph
Iron, a écrit : « Cet
âge lilliputien ne peut estimer ce livre
à sa juste valeur. Seuls ceux qui ont
vécu près de Jésus, qui ont
partagé Sa coupe, se sont nourris de Sa
chair, ont bu Son sang, seuls ceux qui connaissent
la valeur du mot communion, peuvent tirer plaisir
et délices de ce livre unique. Pour
ceux-là, ces paroles sont comme des
gâteaux au miel, de la manne Céleste,
chaque mot vaut de l'or, de l'or fin. »
Un des commentateurs les plus connus, dont les
ouvrages viennent d'être
réédités bien qu'ils datent de
200 ans : Matthew Henry, écrit :
« Christ est fréquemment
représenté comme l'Époux de
Son Église
(Matth.
25 : 1 ; Rom.
7 : 4 ; II
Cor. 11 :
2 ;
Eph. 5 : 2, etc. ... ). Dans
le Cantique des Cantiques, Christ et
l'Église, Christ et le croyant se parlent
avec une estime mutuelle et une grande tendresse.
La meilleure clef de ce livre est le Psaume
45 qui, dans le N.T., est
appliqué à Christ, ce qui nous donne
le droit d'en faire autant pour le livre que nous
étudions. Il est difficile d'en comprendre
certains passages. Ce livre met à
l'épreuve l'intelligence des plus savants,
mais, quand le véritable sens est
découvert, il suscite en nous les sentiments
les plus profonds d'amour. Quand nous nous
appliquons à l'étude de ce livre,
nous ne devons pas seulement nous déchausser
comme le firent Moïse et Josué en
présence de l'Éternel, car le lieu
sur lequel nous sommes est une terre sainte, nous
devons la quitter en esprit, et, comme
l'apôtre Jean à Patmos, monter, monter
plus haut, oui ; déployons nos ailes,
volons jusqu'à ce que, par la foi et un
saint amour, nous pénétrons dans le
lieu très saint, car nous sommes dans la
Maison de Dieu, nous sommes, en
vérité, à la porte des
cieux.
Le grand prédicateur anglais du
siècle passé, C. H. Spurgeon, a
prêché sur ce livre 52 sermons ;
il en a tiré des accents merveilleux, il
écrit : « Le vrai croyant,
qui a vécu près de son Maître,
ne comparera pas ce livre a de l'or seulement, car
toute la Parole de Dieu en est faite ; mais ce
livre est un monceau de diamants étincelants
de tous leurs feux ; rien ne peut se comparer
à sa valeur, elle est inestimable... Quand
le chrétien est tout près du ciel,
c'est ce livre qu'il prend avec lui... Quand il est
près de franchir le grand fleuve, qu'il lui
semble voir de l'autre côté la face
adorable de son Sauveur, alors il se met à
chanter le cantique de Salomon.
C'est le chant dont il fera retentir le ciel
pour célébrer les louanges de son
ami, de son époux. Nous voyons le visage de
notre Sauveur dans presque tous les livres de la
Bible, mais, dans celui-là, Il nous
révèle son coeur et nous plonge dans
Son amour. »
L'apôtre de la Chine, Hudson Taylor, a
écrit quelques pages exquises sur ce
cantique : « Union and
communion ». En voici un extrait :
« Ce livre mérite, en
vérité, son titre de Cantique des
Cantiques ! Aucun autre ne l'égale. Lu
de la bonne manière, il apporte au coeur une
joie qui passe celle que donne le monde, comme le
ciel est au-dessus de la terre. C'est un cantique
que seule la grâce peut nous enseigner et
l'expérience nous apprendre. Notre Sauveur,
en parlant de l'union du cep et des sarments,
ajoute :
"Je vous ai dit ces choses afin que ma joie
soit en vous et que votre joie soit parfaite. "
S'unir à Christ, demeurer en Lui, nous
assure des biens incomparables : la paix
parfaite, le repos constant, l'exaucement de nos
prières, la victoire sur nos ennemis, une
conduite pure et sainte, des fruits toujours plus
abondants. Tout cela est l'heureux résultat
de demeurer en Christ. Approfondir cette union, la
rendre plus constante, est l'utilité
pratique de ce livre précieux.
Puissent nos quelques simples
méditations, sur ce livre trop peu connu,
faire goûter à quelques lecteurs la
joie ineffable d'une union plus étroite avec
le fiancé de notre âme :
Jésus, notre adorable Sauveur.
M. BLOCHER-SAILLENS.
- Dans ma misère et mon péché,
- O mon Sauveur, Tu m'as cherché.
- Tel que je suis je viens à Toi,
- Seigneur, accepte-moi.
- J'ai faim, j'ai soif de Ton pardon,
- Et je l'implore comme un don.
- Tel que je suis je viens à Toi,
- Seigneur, pardonne-moi.
- Je ne saurai, Jésus, T'offrir
- Qu'un pauvre coeur las de souffrir.
- Tel que je suis je viens à Toi,
- Seigneur, enrichis-moi.
- E. Pilet
Le Cantique des Cantiques est un duo d'amour
entre le puissant roi Salomon et l'élue de
son coeur : la pauvre gardienne de
chèvres. Nous verrons par ces quelques
méditations l'opinion qu'a d'elle-même
la fiancée, celle que le bien-aimé a
de la jeune fille, comment la fiancée
apprécie son futur époux, nous
verrons leur amour se développer et se
purifier jusqu'au splendide épanouissement
de l'union totale. Image de ce que doit être
l'union de l'enfant de Dieu avec son Sauveur, de
Christ avec son Église.
La jeune fille fait une déclaration
déconcertante par son humilité :
« Je suis noire, mais je suis belle,
filles de Jérusalem, comme les tentes de
Kédar, comme les pavillons de
Salomon. »
(C.d.C.,
1, 5). Elle ne se flatte
pas. « Je suis noire »,
dit-elle. Quel aveu ! Elle montre qu'elle
s'est bien regardée dans la glace et qu'elle
ne se fait aucune illusion. Elle n'essaie pas de
cacher son vilain teint sous des fards ou des
onguents. Elle en reconnaît la couleur. Plus
encore, elle le proclame en public, à ses
amies, aux filles de Jérusalem. Elle le fait
avec simplicité, sans hypocrisie et nous
l'en félicitons. Elle va jusqu'à se
comparer aux tentes de Kédar, faites de
poils de chameaux, utilisées par les
Bédouins, soumises aux intempéries,
sales, brunes, laides ... Comparaison vraiment peu
flatteuse.
La première chose à faire pour
l'homme qui s'approche de Dieu, c'est de se voir
tel qu'il apparaît dans le miroir de
l'Écriture. Il ne faut pas chercher à
le dissimuler sous de fausses apparences, par
d'hypocrites habitudes religieuses. Il faut
confesser son péché devant les
hommes, proclamer que nous sommes, par nature,
enclins au mal, que nous n'avons rien en nous qui
puisse nous valoir les faveurs de Dieu, encore
moins la place de l'Épouse de Son
Fils !
Pourquoi la jeune fille était-elle si
franche ? Pourquoi n'essaie-t-elle pas de
diminuer un peu la noirceur de son teint ?
C'est qu'elle le compare à celui de son
fiancé. Écoutez ce qu'elle en
dit : « Mon bien-aimé est
blanc et vermeil. » Il est bien probable
que tous deux se sont penchés sur le
même miroir, peut-être la surface
limpide d'un petit lac. La fiancée a vu,
comme jamais auparavant, combien sa peau
était brune !
Pour comprendre ce que nous sommes,
comparons-nous à notre Époux
céleste. Avant notre conversion,
qu'étions-nous ? même ceux qui
n'avaient jamais été l'esclave
d'aucun vice, ou qui n'avaient commis aucun
péché grossier. En comparaison de la
sainteté de notre Dieu, toutes nos justices
ne sont que du linge souillé. En sommes-nous
persuadés ? Avons-nous cette vraie.
humilité qui l'avoue simplement et
franchement ?
Mais, me direz-vous, nous avons affaire
à la fiancée c'est-à-dire au
chrétien racheté, sauvé.
'Est-il encore brûlé du soleil ?
A-t-il encore des imperfections visibles à
tous ? Poser la question, c'est y
répondre. Tant que nous serons dans cette
tente, tant que nous habiterons ce corps de chair,
nous aurons des imperfections, et, croyez-moi, si
vous ne les apercevez pas, d'autres le font. C'est
à des chrétiens que les apôtres
adressent leurs admonestations et leurs
recommandations. « Je crains que vos
pensées ne se corrompent et ne se
détournent de la simplicité à
l'égard de Christ », dit Paul aux
Corinthiens
(Il
Cor. 11 : 3). Les
apôtres eux-mêmes n'étaient pas
à l'abri du danger. N'a-t-il pas fallu que
Pierre fût repris par son ami et
collègue Paul, quand, craignant les
critiques des judéo-chrétiens, il
manqua de franchise !
Comment ne serions-nous pas brunis par les
rayons du soleil, dans notre vie de chaque jour,
vivant dans une atmosphère chargée de
miasmes ! Nous perdons la notion de ce qu'est
un teint éblouissant. Si nous trouvons
souvent le nôtre tout à fait clair,
c'est que nous le comparons à celui de nos
voisins !
Lors d'une fête de Noël dans la
zone noire, nous remarquâmes, assis au
premier banc, trois petits bohémiens d'une
saleté extraordinaire. Ils ne
s'étaient certainement pas lavés
depuis plusieurs jours, peut-être des
semaines. Un d'entre eux gardait obstinément
sa casquette sur sa tête, pour cacher sa
chevelure ébouriffée, le peigne n'y
avait pas passé depuis longtemps. En
comparaison de ces enfants-là, les autres
avaient un teint blanc. Mais si nous avions
amené de petits Anglais lavés,
baignés, bichonnés, comme nos zoniers
les plus propres auraient semblé
sales ! Ne nous comparons pas comme
chrétiens à d'autres enfants de Dieu,
mais à notre modèle, à
Jésus Christ. « Il faut que nous
croissions à tous égards en Celui qui
est le Chef, Christ. »
(Eph.
4 : 15).
Qu'est notre amour en comparaison de celui
de notre divin fiancé ? Passons en
revue toutes les qualités de Celui qui nous
aime et voyons les nôtres. Quand nous Le
regardons, nous ne sommes plus tentés de
nous enorgueillir, mais nous disons avec la
Sulamithe : « Je suis noire comme
les tentes de Kédar. »
Est-ce vrai pour l'Église
locale ? Certainement oui. C'est une grave
erreur de croire l'Église parfaite, de se
scandaliser des imperfections que nous lui voyons.
C'est pire encore quand l'Église se croit
sans défaut et parle comme celle de
Laodicée : « Je suis riche,
je me suis enrichie et je n'ai besoin de
rien. »
(Ap.
3 : 17).
Malheur à l'Église
enflée d'orgueil, qui juge ses soeurs, qui
les critique, qui se croit supérieure
à elles ! Malheur à elle, car
elle ne s'est pas regardée dans le miroir de
la Parole de Dieu ; elle est si peu en
communion avec son Fiancé, qu'elle ne Le
connaît plus, ne se compare plus à
Lui. Elle ne voit pas « qu'elle est
malheureuse, misérable pauvre, aveugle et
nue » ! Que Dieu garde notre
Église de tout orgueil ! Ayons toujours
devant les yeux l'idéal à atteindre.
Jésus, écrit l'apôtre Paul aux
Éphésiens, « a aimé
l'Église et S'est livré
Lui-même pour elle ... afin de faire
paraître devant Lui cette Église
glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de
semblable, mais sainte et
irrépréhensible. »
(Eph.
5 : 27).
N'oublions pas (et cela arrêtera nos
critiques) que si l'Église est noire et
brûlée par le soleil, c'est notre
faute, puisqu'elle se compose d'hommes et de femmes
imparfaits et faillibles. En nous humiliant
nous-mêmes, en reconnaissant notre faiblesse,
nous cesserons de juger et nous contribuerons, non
à l'affaiblissement de notre Église,
mais à son perfectionnement.
Heureusement que la Sulamite ne s'attarde
pas à cette triste constatation. Elle est
noire, mais elle est belle, ou plutôt,
suivant une traduction plus exacte :
gracieuse, comme les pavillons et tentures de
Salomon. Se vante-t-elle ? Est-ce l'orgueil
qui s'empare tout a coup de son coeur ? Non,
elle a raison, elle est gracieuse, elle est belle,
puisque son fiancé le lui dit et il ne
saurait mentir. Ses amies le lui
répètent et elles savent de qui elles
parlent. La Sulamite voit bien son teint noir et
brûlé par le soleil, mais elle sait
qu'elle possède une beauté, une
grâce qu'elle compare aux merveilleuses
tentures brodées qui ornent les murs du
palais du roi Salomon.
Pourquoi est-elle belle ? Parce qu'elle
aime. Elle a dit oui à son bien-aimé
quand il l'a demandée en mariage. Quand la
voix du jeune homme a murmuré à son
oreille des paroles d'amour, son coeur a
tressailli, elle l'a aimé à son tour.
Elle est toute illuminée par cet amour, elle
est toute transformée par la flamme
intérieure qui vient de s'allumer. L'amour
accomplit des prodiges.
Comment la petite bergère
n'aimerait-elle pas son beau fiancé ?
Elle était pauvre, laide, malheureuse, elle
n'avait sur terre aucune chance de bonheur. Sa
propre famille, ses frères la querellaient,
l'obligeaient à un travail ingrat. Son coeur
était meurtri... Quand, tout à coup,
Lui l'avait remarquée. Il avait passé
sur tous ses défauts et il avait
parlé à son coeur. Avec quelles
délices elle avait entendu ses paroles
d'amour ! Avec quel étonnement joyeux
elle avait constaté qu'elle pouvait
être aimée pour elle-même par
cet homme beau et riche ! Il était
l'unique entre dix mille ! Oh ! comme
elle l'aimait à son tour, d'un amour qui
envahissait tout son être, qui la remplissait
de bonheur, qui la transportait de joie, qui la
transformait, qui la rendait belle. Pourquoi se
compare-t-elle aux tentures de Salomon ? Elle
ne pouvait plus se comparer aux tentes noircies des
bergers bédouins ; elle devenait, par
le choix de son fiancé, digne d'orner
l'intérieur du palais, comme le faisaient
les riches tapisseries du Roi.
Mais, Sulamite, tu es trop humble, ce n'est
pas aux tentures du palais qu'il faut te comparer,
car tu es plus belle que les tentures, plus
splendide que le palais lui-même, tu seras la
Reine, l'Épouse honorée et ravie qui
pour toujours jouira de l'amour de celui qui l'a
choisie. : »
Un chrétien, un véritable
enfant de Dieu, quelles que soient sa faiblesse et
ses imperfections, est beau. Parlez-lui de Son
Sauveur et voyez sa figure s'illuminer ! Nous
avons constaté de ces
transformations-là. Je me souviens avec
émotion d'un forçat converti,
maintenant dans la gloire. Il avait avant sa
conversion une figure bestiale, mais, ensuite,
quelle beauté illuminait ses
traits !
Quant à l'Église locale,
peut-elle sans orgueil dire : « Je
suis belle : » ? Oui, nous
avons le droit de le proclamer. Nous
représentons, dans ce monde de
péché et de corruption, la
fiancée de Jésus-Christ. Oui,
l'Église est belle et a le droit de le
chanter, parce qu'elle aime son Époux divin,
et, plus elle L'aime, plus elle est belle.
Mais, attention ! Cet amour peut
diminuer, Satan s'y acharne, et alors
l'Église perd sa beauté.
Souvenons-nous de l'Église
d'Éphèse : « Ce que
J'ai contre toi, c'est que tu as abandonné
ton premier amour. Souviens-toi donc d'où tu
es tombée, repens-toi. Sinon, je viendrai
à toi et j'ôterai ton chandelier de ta
place.
(Ap.
2: 5). Ah ! que jamais
Jésus ne puisse nous faire pareil
reproche ! Que notre beauté comme
Église augmente dans la contemplation de
notre divin fiancé, dans Sa compagnie
toujours plus douce, par notre amour toujours
croissant. Nous pourrons dire alors, comme la
Sulamithe : « Ne prenez pas garde
à mon teint noir, je suis belle, oui belle,
parce qu'Il m'aime et que je L'aime. »
Amen
Lecture : Ps.
14 ; 1 ; Jean
3 : 1 à 10 ; C.
des C. 1 : 5.
Cantiques :
211 : Dans ma
misère ... 236: Place pour toi. 258: Tel que
je suis ... 269: Je l'ai trouvé ...
Il n'était pas difficile de dire comment
la fiancée se voyait. N'est-elle pas vous ou
moi ? Je pouvais en sondant mon coeur,
éclairée par le Saint-Esprit, le
reconnaître ma laideur et savoir que tout ce
que j'avais de beau me venait de Celui qui, par Son
sang précieux, m'avait rachetée.
Combien il est plus difficile de comprendre comment
l'Époux voit l'Épouse ! Comment
nous mettre à la place du Sauveur ?
Cette tâche me confond ; elle
m'écrase, j'appelle à mon secours
Celui qui sonde tout, même les profondeurs de
Dieu. « Esprit Saint, expose
Toi-même à nos lecteurs comment
Jésus les aime. Exalte Son amour ; fais
nous sentir Sa présence, pour que nous
L'entendions murmurer à nos coeurs : Tu
es toute belle, ma bien-aimée ; il n'y
a point en toi de défaut.
Salomon est l'auteur de cet
épithalame. Il était le roi
tout-puissant, le plus grand roi de son temps, qui
s'y connaissait en charmes féminins, qui
avait à sa disposition les princesses les
plus renommées ; c'est lui qui dit
à l'humble gardienne de
chèvres : « Toi seule es ma
colombe, ma parfaite. Il l'aime plus que tout au
monde.
Jésus, dont Salomon est le type, est
le Roi des Rois et le Seigneur des Seigneurs.
L'univers entier lui rend hommage ; Lui seul
est digne de recevoir « la puissance, la
richesse, l'honneur, la force, la gloire et la
louange. »
(Ap.
5 : 12). Notre imagination
chancelle devant la gloire de Jésus.
Il a voulu choisir dans l'Univers une
créature, une fiancée, une
Épouse, digne d'occuper avec Lui le
trône ; assez belle, assez pure, assez
sainte pour être acclamée par le ciel
tout entier. Va t-Il la prendre parmi ces
chérubins, ces séraphins de flamme,
ces archanges et ces anges si parfaitement beaux et
purs ? Son regard va-t-il se fixer sur
quelques créatures qui occupent dans la
hiérarchie céleste le rang de
dignités, dominations,
autorités ? Qui va séduire le
coeur de l'héritier de Dieu ? o
mystère de l'amour de Christ !
L'élue ne sera pas prise dans ces glorieuses
cohortes qui entourent le trône de Dieu, mais
dans cette humanité pécheresse,
asservie à Satan. Il choisit l'humble
bergère. Elle est à Ses yeux :
le lys blanc, parfumé. Il ne voit les
autres, en comparaison, que comme les épines
du désert. Jésus admire,
apprécie Ses serviteurs fidèles qui
L'adorent, mais Il leur a
préféré la pauvre esclave de
Satan. C'est à elle qu'Il dit avec un amour
indicible : « Toi seule es ma
colombe, ma parfaite. »
Ne nous y trompons pas, la fiancée du
Christ n'est pas l'humanité tout
entière. Jamais la Bible ne nous parle d'un
salut universel. Jésus fait un choix. A-t-il
pris l'élite intellectuelle ou morale de
l'humanité ? L'Apôtre Paul
répond à cette question :
« Considérez, frères, que,
parmi vous qui avez été
appelés, il n'y a ni beaucoup de sages selon
la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de
nobles, mais Dieu a choisi les choses faibles du
monde pour confondre les fortes, Dieu a choisi les
choses folles du monde pour confondre les sages,
Dieu a choisi les choses viles du monde, celles
qu'on méprise et celles qui ne sont point
pour réduire à néant celles
qui sont. »
(1
Cor. 1 : 28). Jésus a
choisi les plus malheureux, les plus
déshérités, les perdus.
Qui a bien pu fixer le choix de
Salomon ? Il le dit à la jeune
fille : « Tu m'as ravi le coeur par
l'un de tes regards. » Quel est le regard
qui a charmé Jésus ? Voyez celui
que Lui jette la pauvre pécheresse
entrée chez Simon le Pharisien. Regard
éperdu de douleur et de remords. Voyez celui
que jette au Sauveur le brigand pendu à la
croix voisine ; quel repentir et quel souhait
il exprime ! Jésus ne pouvait
résister à un tel regard. Il a
sauvé la malheureuse femme qui baignait ses
pieds de ses larmes ; Il a dit au
brigand : « Aujourd'hui, tu seras
avec moi dans le paradis. » Jésus
choisit tous ceux qui se repentent et qui croient.
Cher lecteur, qui n'as pas encore trouvé la
paix, ravis le coeur du Sauveur par un regard de
repentir, que les larmes coulent de tes yeux,
tandis que tu diras à Jésus :
« Sois apaisé envers moi qui suis
un pécheur. »
Un problème de justice se posait.
Comment faire de cette créature
souillée la reine respecte de
l'Univers ? Le roi Salomon, monarque
tout-puissant, pouvait se moquer de l'opinion
publique et faire une mésalliance.
Jésus ne le pouvait pas. Il Lui était
impossible, sons violer la parfaite justice de
Dieu, de faire asseoir sur Son trône une
esclave de Satan même repentante. Un grand
roi de nos jours a dû renoncer au trône
de ses pères, car il ne pouvait effacer le
passé de celle qu'il avait choisie et qui la
rendait indigne d'être reine.
Notre passé ! Nos
péchés ! Comment Jésus
pouvait-Il les effacer ? Comment rendre pure
cette femme souillée ? Comment rendre
l'innocence à ce criminel ? Comment
satisfaire la justice de Dieu qui exige le
châtiment du coupable ? Ah ! venons
à la Croix, c'est là qu'est la
solution du problème, c'est là que la
justice et la paix se sont entre
baisées ! Jésus a pris sur Lui
l'iniquité de nous tous. « Il
était blessé pour nos
péchés, brisé pour nos
iniquités ; le châtiment qui nous
apporte la paix est tombé sur Lui, et c'est
par Ses meurtrissures que nous sommes
guéris. »
(Es.
53 : 4). Jésus
pouvait dire sur la croix : « Tout
est accompli. Il sauve parfaitement ceux qui
s'approchent de Dieu par Lui. Il n'y a maintenant
aucune condamnation pour ceux qui sont en
Jésus-Christ. »
(Rom.
8 : 1). Le regard
d'angoisse du pécheur repentant se change en
un sourire d'allégresse. Avez-vous connu la
joie du salut ? Elle dépasse toutes les
autres.
Nous comprenons que le roi Salomon trouve
belle la femme qu'il a choisie, mais comment
peut-il lui dire qu'il ne trouve en elle aucun
défaut ? En lisant l'histoire des deux
fiancés, nous voyons qu'ils ont eu des
difficultés. La charmante fille refuse, pour
des raisons futiles, d'ouvrir sa porte à son
ami. Le fiancé la laisse subir les
conséquences de sa faute ; il ne la
défend pas contre les coups qu'elle
reçoit quand elle se met enfin à sa
recherche. Il ne revient à la Sulamite que
quand elle a appris sa leçon
d'obéissance, quand elle a été
punie pour son égoïsme.
Jésus n'est pas aveugle non plus sur
les défauts de Son Église et de ceux
qui la composent. Toutes les Épîtres
en témoignent les avertissements de
Jésus aux sept Églises d'Asie le
montrent : « Moi, je reprends et je
châtie tous ceux que j'aime. »
(Apoc.
3 : 19). Jésus
nous perfectionne par les épreuves, Il nous
discipline par la souffrance, Il nous fait voir les
conséquences de nos fautes. Un amour aveugle
ne serait pas de l'amour. Le véritable amour
est sévère quand il le faut, car il
n'a pour but que le bien de l'être
aimé.
Redoutons ceux qui nous flattent,
méfions-nous des conducteurs spirituels qui
ne nous font que des compliments et ne savent pas
nous reprendre, nous avertir, nous détourner
du mauvais chemin. La Parole de Dieu ne nous flatte
jamais elle nous dit la vérité.
Mais alors comment Jésus peut-Il
trouver sans défaut cette Église
imparfaite ? Il ne la voit pas comme elle est,
mais comme elle sera quand la vie qu'il a mise en
elle aura fait son oeuvre. Il voit en elle le coeur
qui Lui appartient. n sait que l'amour dont il est
rempli agira. L'âme chrétienne aime
son Sauveur, elle marche sur le chemin de la
sanctification. Elle désire ardemment
être de plus en plus étroitement unie
avec Celui qu'elle aime. Elle souffre de tout ce
qui l'éloigne de Lui. La vie de Christ, par
ce coeur qui aime, passe dans toutes les parties de
notre corps. Nous nous donnons entièrement
à Celui qui nous a sauvés ; nous
pouvons dire : « Ce n'est plus moi
qui vis, c'est Christ qui vit en moi
(Gal.
2 : 21). « Il
nous donne de Sa plénitude et grâce
pour grâce. »
(Jean
1: 16). Comment ne
trouverait-Il pas l'Église sans
défaut ?
Si Jésus juge ainsi Son
Église, comment se trouve-t-il des
chrétiens pour la mépriser ? la
critiquer ? Ah ! que Dieu nous garde de
toucher. à Son Épouse !
Que Dieu nous garde aussi de croire que ces
magnifiques déclarations ne sont pas pour
nous : « Oui, l'Église est
belle, sans défaut, mais moi je ne compte
pas, je suis' perdue dans la masse. »
C'est à chacun de Ses élus que le
Seigneur dit : « Tu es toute belle,
il n'y a point en toi de
défaut » ; c'est à
vous en particulier qu'Il adresse ce beau' nom de
Bien Aimé, qu'Il emploie ce possessif qui
remplit mon coeur d'adoration : Ma
bien-aimée. Vous Lui appartenez, comment
trembleriez-vous encore ? Faisons comme la
jeune fille qui vient de recevoir sa bague de
fiançailles. Elle la fait tourner autour de
son doigt, elle l'admire. Elle regarde ce nouvel
ornement avec délice et son coeur chante
sans cesse : « Il m'aime ! Il
m'aime ! »
Nous pouvons comprendre les sentiments qui
remplissent notre coeur en pensant au don ineffable
de l'amour de Jésus, mais je voudrais que le
Saint-Esprit nous fasse entrevoir la joie indicible
de Jésus en voyant notre beauté,
notre perfection dues à Son amour. Je
voudrais que nous comprenions Sa joie parfaite en
nous entendant Lui dire avec adoration :
« Mon Bien Aimé, je t'aime plus
que tout au monde. » C'est en vue de
cette joie-là qu'Il a souffert la croix et
méprisé l'ignominie.
(Héb.
12 : 2).
Aimons Le d'un coeur entier ; que Lui
seul compte, qu'Il soit en tout le premier ;
remplissons-Le d'une sainte allégresse
jusqu'au jour où Il nous revêtira d'un
corps glorieux, jour où nous ne pourrons
plus Le désappointer, où nous serons
arrivés enfin à cette perfection qui
nous rendra capables de partager le trône du
Fils de Dieu et de recevoir les hommages de
l'univers tout entier.
Amen
Lecture : Sophonie
3: 9 à 20 / Jean
17: 9 à 26.
Cantiques :
507 : Le Fils
de Dieu. 78: Quel ami 408: 0 Jésus 535: Mon
Sauveur m'aime
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