Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

V. CHRIST DANS LES PROPHÈTES

XII. JONAS

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Gravée en une rude esquisse sur les murs des Catacombes de Rome, il n'y a pas de représentation plus commune que celle de Jonas comme image de la résurrection. 
 
« Sur l'horizon de l'Ancien Testament, a toujours brillé ce signe de la mort et de la résurrection du Seigneur Jésus : le signe du prophète Jonas. » Notre Seigneur déclare qu'aucun autre signe ne serait donné aux hommes de sa génération, excepté celui du prophète Jonas (Matth. 12 : 39). Et depuis lors, « génération après génération, le Juif a été mis en face de ce signe. Il a tué le Messie, et de la tombe du Crucifié, s'est levée une puissance qui a transformé les vies de myriades de gens jusqu'à nos jours. Le Sauveur avait promis de ressusciter les morts. Il a accompli cette promesse. Il a prouvé son droit à être appelé Fils de Dieu et Sauveur du monde. » (1). « Il a été déclaré Fils de Dieu avec puissance, par sa résurrection d'entre les morts. » (Rom. 1: 4)

LE PROPHÈTE.
- Jonas était fils d'Amitthaï le prophète ; il était natif de Gath-hepher, village galiléen, un peu au nord de Nazareth, patrie de Celui dont il fut une imparfaite image. La tradition juive dit qu'il était le fils de la veuve de Sarepta, qu'Élisée avait rappelée à la vie. Quoique nous n'ayons pas de raisons suffisantes pour accepter cette tradition, il est certain que Jonas fut le successeur d'Elie et d'Élisée, probablement connu de tous les deux ; il est le chaînon qui relie Osée, Amos et Esaïe. Il est vraisemblable qu'il fut instruit dans les écoles de prophètes et qu'il exerça son ministère pendant le règne de Jéroboam II, peut-être même avant.

Son nom signifie « la colombe », et sa première prophétie est en harmonie avec son nom. C'était un message de consolation pour Israël, afin de lui faire savoir que l'Éternel avait vu l'affliction de son peuple, qu'Il le sauverait par la main de Jéroboam, fils de Joas, et lui rendrait les frontières qu'il avait perdues lors de l'invasion des Syriens. Ceci nous est dit dans 2 Rois 14 : 25 27, détails qui furent probablement écrits longtemps après que Jonas eût écrit son livre. Et il semble que l'auteur se soit appliqué à rendre honneur au prophète de l'Éternel qui s'est si peu préoccupé de sa propre réputation dans son fidèle récit.

Le fait que Jonas est un personnage historique contredit la théorie que ce livre est une simple parabole. Il n'est pas vraisemblable que l'auteur d'une parabole invente une histoire dont le héros aurait réellement existé. Le récit naïf que Jonas fait de ses propres fautes est une autre évidence de la vérité de ce récit, comme aussi le fait que les Juifs admettaient ce livre dans le Canon des Écritures, quoique il choquât le préjugé national, en montrant la miséricorde de Dieu envers une autre nation.

POURQUOI JONAS DÉSOBÉIT-IL.
- « La parole de l'Éternel fut adressée à Jonas en ces mots Lève-toi, va à Ninive, la grande ville, et crie contre elle car sa méchanceté est montée jusqu'à moi. Et Jonas se leva pour s'enfuir à Tarsis, loin de la face de l'Éternel. » (Jonas 1 : 1, 2).

Quelle était la raison de cette désobéissance formelle ? Ce n'était pas la peur, comme le prouve son attitude courageuse dans la tempête ; ce n'était pas non plus la longueur du voyage, car celui-ci eût été beaucoup moins long et moins hasardeux que celui de Tarsis, sur la côte d'Espagne. À cette époque, des caravanes de chameaux portant des marchandises, faisaient le service régulier, pour la grande capitale assyrienne. La répugnance de Jonas était due, sans doute, en partie, à l'idée répandue dans son pays, que les autres nations n'avaient aucun droit à la miséricorde de Dieu. Outre cela, l'Assyrie était l'ennemi redouté d'Israël, le fléau par lequel Jonas prévoyait que Dieu allait châtier son pays (voir Osée 9 : 3). Pendant des générations, l'Assyrie avait fait de féroces incursions dans les contrées qui bordent la Méditerranée, et les punitions qu'elle infligeait à ses prisonniers dépassaient en cruauté même les barbaries de ces temps-là ; elles allaient jusqu'à écorcher vives les victimes. D'ailleurs, la violence est le péché principal dont les hommes de Ninive eux-mêmes se repentirent en le confessant (3 : 8).

Dans la proclamation du jugement de Dieu sur Ninive, Jonas voyait la possibilité que Dieu fît miséricorde à cette ville, ce qui aurait été le salut de l'ennemi de son pays ; car il avait une vraie connaissance du caractère divin, plein de compassion, de grâce et de bonté. Il pensait aussi, peut-être, que l'unique restauration morale de son peuple serait activée par la vue du formidable jugement de Dieu sur la ville qui était alors la principale du monde.

Jonas était le prophète de l'Éternel pour Israël ; son être tout entier s'absorbait dans le salut de son pays, et c'est évidemment son intense patriotisme qui lui fait mettre en doute la sagesse de l'ordre divin, encourir le déplaisir de Dieu et abandonner sa tâche prophétique plutôt que de faire courir des risques à sa patrie.

Jonas était un étudiant diligent des Psaumes. Il savait très bien que, même s'il « prenait les ailes de l'aube du jour et demeurait dans les profondeurs de la mer », il ne pouvait pas réellement fuir loin de la présence de Dieu. Mais, - comme bien d'autres serviteurs de l'Éternel, il pensait que, par un changement de circonstances, il pourrait se dégager de la main de Dieu ou étouffer sa voix. Il descendit donc à Japho. « Et il trouva un navire qui allait à Tarsis, loin de la face de l'Éternel. »

LA TEMPÊTE.
- Un récit très réaliste du voyage suit cette entrée en matière :
Le Livre de Jonas est la plus belle histoire qui ait jamais été écrite dans un cadre aussi restreint ; il comporte seulement environ 1.300 mots de notre langue. Sa concision révèle un maître dans l'art d'écrire. La violente tempête, les efforts des marins, l'indignation du pilote en trouvant Jonas insouciamment endormi, au milieu d'un pareil danger, alors que les matelots païens criaient « chacun à son dieu » - toute cette scène vit devant nous. On tire au sort pour découvrir qui est responsable d'une tempête si affreuse. Le sort, comme dans le cas d'Achan, fut dirigé par Dieu et tomba sur le prophète désobéissant ; alors, nous pouvons nous représenter les marins se réunissant autour de lui et le « bombardant » de questions : « Dis-nous ce qui nous attire ce malheur ? » crie l'un. « Quelles sont tes affaires ? » crie l'autre. « Quel est ton pays ? » « Qui es tu ? » La crainte et l'étonnement de ces hommes simples nous sont décrits, à mesure qu'ils apprennent des lèvres mêmes de Jonas qu'il sert le Dieu qui a fait la terre, et cette mer orageuse, et que pourtant il fuit loin de sa présence. Ils lui demandent son avis, mais hésitent à le suivre lorsqu'il leur ordonne de le jeter à la mer. Toutefois, leurs efforts sont vains et ils cèdent enfin, suppliant l'Éternel. de ne pas les tenir pour responsables de ce sang innocent.
Le païen Pilate eût volontiers relâché Jésus lorsque les Juifs criaient : « Crucifie-le ». Mais il se lava les mains en disant : « Je suis innocent du sang de ce juste ».

Aussitôt que Jonas eût été jeté à la nier, la tempête cessa. Et ces païens se tournèrent vers Dieu, lui offrant non seulement des sacrifices, mais faisant des promesses pour l'avenir. Dans le fait que Jonas consentit à être jeté dans la mer, nous avons une image de Celui qui a dit de sa propre vie : « Personne ne me l'ôte, je la donne de moi-même ».

« L'ÉTERNEL FIT VENIR UN GRAND POISSON.
- Il y a un mot hébreu, manah, « ordonner » ou « désigner » ou « préparer », que Jonas emploie à plusieurs reprises. Celui qui « fit souffler un vent impétueux sur la mer » « prépara un ricin », « prépara un ver », « prépara un vent chaud d'orient », et de la même manière « prépara un grand poisson », pour engloutir Jonas.

Ceux qui sourient de cette histoire de Jonas et de la baleine devraient se souvenir que non seulement le Sauveur Lui-même en a parlé, mais surtout, à propos de quoi Il en a parlé. Il employa ce récit comme le signe solennel du plus solennel événement de sa vie sur la terre. Et Il nous dit expressément, « qu'au grand jour du jugement les hommes de Ninive se lèveront et condamneront les hommes de cette génération, parce qu'ils se repentirent à la prédication de Jonas, et voici, un plus grand que Jonas est-ici » ! Nous ne pouvons pas nous imaginer Jésus-Christ prononçant de si graves paroles au sujet de personnages fictifs ou d'une repentance fictive.

Pour nous qui croyons aux plus grands miracles de tous - l'incarnation et la résurrection du Christ - c'est peu de chose que de croire que Dieu délivra Jonas de cette manière, pour servir d'image à la résurrection du Rédempteur. Nous n'avons pas d'autre alternative que de croire à la parole du Christ à cet égard, mais, d'autre part, Dieu avait à sa disposition bien des moyens pour opérer ce miracle. Considérons-en quelques-uns.

Le mot traduit par « un grand poisson » signifie un « grand monstre marin », ce terme comprenant les baleines, les requins et autres espèces semblables. Beaucoup croient que le poisson en question était un Carcharias ou requin blanc, que l'on trouve encore dans la Méditerranée, et qui a souvent plus de 30 pieds de long ; mais il existe des vestiges d'une espèce beaucoup plus grande, maintenant éteinte. La voracité du requin le conduit à avaler tout entier tout ce qu'il trouve. Des chevaux, des veaux marins de la taille d'un boeuf, un renne sans cornes, ont été trouvés complets, à différentes reprises, dans le ventre des requins. On y a aussi trouvé plusieurs fois des hommes ; dans un cas, un homme avec une cotte de mailles.

En 1758, un marin tomba d'une frégate dans la Méditerranée et fut avalé par un requin. Le capitaine tira un coup de fusil sur ce dernier, qui rejeta l'homme, lequel était encore vivant et n'avait pas beaucoup de mal. Le poisson fut harponné, séché et offert au marin qui fit le tour de l'Europe en l'exhibant. L'animal avait 20 pieds de long.

La baleine Spermaceti a un gosier capable d'avaler des corps beaucoup plus gros que ceux d'un homme, et c'est son habitude presque invariable de rejeter le contenu de son estomac juste avant de mourir. Le journal anglais The Expository Times, d'août 1906, raconte le cas d'un marin trouvé dans une baleine. Le fait s'était produit en 1891 dans les îles Falkland. L'homme, quoique vivant, était sans connaissance. Le miracle de Jonas consiste donc plutôt dans le fait qu'il resta vivant pendant 32 à 34 heures et, une partie de ce temps au moins, resta en possession de ses facultés (2).
Mais le Créateur de toutes choses est naturellement aussi capable de préparer un poisson afin de rendre tout ceci possible, que nos ingénieurs modernes de préparer un sous-marin pour contenir des hommes vivants.

Le Révérend James Neil croit que le « grand poisson » est la baleine arctique (Balaena mysticetus). Cette baleine a une tête énorme et une bouche de 12 pieds carrés. À sa mâchoire supérieure sont attachés des centaines de fanons, ou lames d'os de baleine, dont quelques-uns ont de 10 à 15 pieds de longueur et 8 pouces de largeur, très élastiques et à bords délicatement frangés. Ces fanons sont généralement appliqués contre le palais. La baleine attire dans sa bouche une énorme quantité d'eau remplie de petits poissons dont elle se nourrit. Elle abaisse alors ces fanons en avant de sa bouche grande ouverte, et filtre pour ainsi dire l'eau a travers ces franges, ne retenant que la nourriture fine. L'étroitesse de son gosier, qui l'empêche d'avaler le gros poisson, l'aurait, naturellement, empêchée d'avaler Jonas. Cette espèce de baleine erre quelquefois dans les mers méridionales, et dans des climats chauds, comme celui de la Méditerranée, où on l'a aperçue assez récemment ; elle est sujette à devenir malade ; elle se repose alors à la surface de l'eau et remplit sa bouche d'air. Dans une pareille cellule vivante, avec les « barres » dont parle Jonas, et les « roseaux qui ont entouré sa tête », comme c'est le cas dans la bouche de cette baleine, il se peut très bien que Jonas ait été emprisonné. On peut objecter que le Seigneur Jésus a parlé de Jonas comme étant dans le ventre du poisson. Mais ce serait plutôt une confirmation qu'autre chose, car Il a dit aussi que le fils de l'homme doit être dans le « sein de la terre trois jours et trois nuits ». Or, on sait que son tombeau était dans une grotte, tout à fait à la surface de la croûte terrestre et correspondant exactement à la bouche de la baleine. Dans les deux cas la figure de synecdoche (3) est employée, c'est-à-dire que la fraction d'une chose est prise pour le tout ; la même figure se retrouve dans l'expression « trois jours et trois nuits », où, par synecdoche, le tout est mis pour la partie.

La prière que Jonas prononça du fond de sa prison révèle quelqu'un à qui les Psaumes sont familiers depuis longtemps. Il cite de courts fragments de divers Psaumes et les adapte à son propre cas. On trouve, dans sa prière, des allusions aux grands Psaumes messianiques 22, 69 et 16. La plus frappante de toutes est l'application du Ps. 16 : 10 : « Tu ne livreras pas mon âme au séjour des morts. Tu ne permettras pas que celui qui t'aime voie la fosse ». Jonas dit : « Du sein du séjour des morts, j'ai crié » et « Tu m'as fait remonter vivant de la fosse ».
« L'Éternel parla au poisson et le poisson vomit Jonas sur le sable. »

L'ORDRE DONNÉ POUR LA SECONDE FOIS.
- « La parole de l'Éternel fut adressée à Jonas une seconde fois en ces mots : « Lève-toi, va à Ninive la grande ville, et proclames-y la publication que je t'ordonne ». Trois fois cet ordre fut donné au prophète ; deux fois par le Seigneur : « Lève-toi ». La troisième fois, ce fut par le pilote du navire. Les pécheurs dorment, comme Jonas, n'ayant entre eux et l'éternité qu'une planche ; et l'appel qui leur est adressé est : « Réveille-toi, toi qui dors, et te relève d'entre les morts, et Christ t'éclairera ». Mais l'appel à s'éveiller fut adressé ici à un serviteur de Dieu par le moyen d'un pilote païen. Dieu choisit souvent des instruments bien primitifs pour porter son message. Soyons prêts à le recevoir d'où qu'il vienne.

Deux fois, l'Éternel parle directement à Jonas : « Lève-toi ». Il ne le gronde pas à cause de sa désobéissance ; la dure leçon qu'il a apprise est suffisante ; et Dieu dans sa bonté, est toujours disposé à employer son serviteur lorsque celui-ci est prêt à obéir. « Courbé » le premier, Jonas fut capable ensuite de « courber » les païens de Ninive, de sorte que le réveil des consciences suspendit le jugement menaçant. Oh ! si le peuple de Dieu était « courbé » maintenant, quel réveil se produirait sur l'Angleterre, sur la France, sur le monde entier ! (4)

La nouvelle de la délivrance miraculeuse de Jonas se répandit au loin. Les mariniers répétèrent l'histoire. Tout Israël l'apprit. Dans le continuel échange de pensée qui existait entre ces nations anciennes, la nouvelle peut très bien avoir atteint Ninive. Ou bien Jonas lui-même peut l'avoir apprise aux Ninivites. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'elle leur était connue, car Jonas ne fut pas seulement un prophète pour eux ; notre Sauveur nous dit qu'il fut un « signe », un miracle vivant qui forçait la conviction par son message.

NINIVE.
- « Cette grande ville. » Dieu Lui-même l'appelle grande. Jusqu'en 1841, tout ce que l'on savait de Ninive était pris de la Bible et de quelques fragments épars de l'histoire assyrienne ; et, il y a soixante ou soixante-dix ans, on trouvait des gens qui considéraient Ninive comme un mythe. Mais depuis lors, les fouilles n'ont fait que démontrer continuellement la véracité du récit biblique.

La ville fondée par Nimrod était grande par son antiquité, mais aussi par son étendue. Trois chariots pouvaient rouler côte à côte sur le faîte de ses murailles. « Une très grande ville de trois jours de marche », ainsi l'appelle Jonas ; et les excavations prouvent que ces murs avaient un circuit de 96 kilomètres. Cette circonférence renfermait évidemment des pâturages, en plus des constructions proprement dites, ce qui explique cette expression de Jonas : « des animaux en grand nombre ». Elle contenait 120.000 petits enfants « qui ne savaient pas distinguer leur droite de leur gauche » ; la population totale doit donc avoir atteint près d'un million d'âmes. Ninive était grande par ses palais, ses fortifications, ses temples et ses merveilleuses oeuvres d'art, ses grands lions de pierre et ses taureaux avec des ailes et des faces humaines. Elle fut grande par sa haute civilisation et, par-dessus tout, par sa corruption.

C'est à cette ville que fut envoyé Jonas pour la seconde fois, mais, en cette occasion, avec cet ordre impératif : « Proclames-y la publication que je t'ordonne ». Cette fois, Jonas n'hésite pas. Il se lève et part. Le message était bien lourd ; il consistait en ces mots : « Encore quarante jours, et Ninive sera détruite ».

LES GENS DE NINIVE SE REPENTIRENT.
- L'âme de Jonas avait été tellement dépouillée et préparée par Dieu, que son message fut accompagné de la puissance de l'Esprit. Il était lui-même un « signe ». L'Esprit de Dieu travailla si énergiquement, qu'à la fin du premier jour de sa prédication, la ville fut complètement bouleversée. Le récit raconte que « les gens de Ninive crurent à Dieu ».
Ils agirent immédiatement selon leur conviction, proclamèrent un jeûne et se revêtirent de sacs ; cette repentance commença évidemment par le peuple lui-même, car le verset 6 du chapitre 3 nous dit que « la chose parvint au roi de Ninive », et que lui aussi crut à la menace ; il se leva de son trône, ôta son manteau, se couvrit d'un sac, et s'assit sur la cendre.

Et le décret fut promulgué, de la part du roi et de ses grands, pour qu'il y ait un jeûne universel, s'étendant même aux bêtes des champs. Hommes et animaux furent donc couverts de sacs, et le cri de repentance (mêlé, sans doute, aux gémissements du bétail en détresse), s'éleva de la grande ville jusqu'à l'oreille d'un Dieu plein de pitié et de patience. Il vit que ce repentir était sincère ; qu'il ne se bornait pas au sac et à la cendre, mais que le peuple se détournait véritablement de ses mauvaises voies. Et Il entendit leurs cris et épargna la ville.

Maintenant, une question se pose. Est-il vraisemblable que l'État soit intervenu en une telle matière et qu'un édit royal ait enjoint un jeûne long et général ? Le professeur Sayce trouve une réponse dans les monuments de Ninive, et nous dit que dans les jours d'Ezarhaddon II, lorsque l'ennemi du Nord s'assemblait contre l'empire assyrien, le roi fit une proclamation qui ordonnait un service solennel d'humiliation pendant une période de cent jours.

Et encore : Est-il vraisemblable que les bêtes aient été couvertes de sacs ? Hérodote nous dit que lorsque les armées perses étaient en Grèce, à l'occasion de la mort d'un de leurs généraux, le deuil fut pris par tout le camp. Les hommes se coupèrent les cheveux et coupèrent le poil de leurs chevaux et des bêtes de somme. Il est donc évident que cette coutume était commune chez une nation voisine de Ninive.

La façon d'agir de Dieu à l'égard de Ninive et à l'égard de son prophète, devenu de nouveau rebelle au dernier chapitre, nous montre bien Sa miséricordieuse bonté. Jonas était en colère de ce que la grande cité, l'ennemie de son pays, fût épargnée. Il était irrité de ce que le ricin qui l'abritait fût détruit. Sur ces deux points, l'Éternel lui demande, avec la plus patiente tendresse : « Fais-tu bien de t'irriter ? » Et Jonas, toujours soucieux de ne pas s'épargner dans ce récit, lègue cette leçon à ses compatriotes et à nous-mêmes, à savoir que le salut de Dieu est destiné au monde entier.

Le livre de Jonas est essentiellement un livre missionnaire, qui fait pressentir la grandiose mission que notre Sauveur donna à ses disciples d'aller et de prêcher l'Évangile à toute créature.

Lorsque le Christ sortit du tombeau, le message de son Évangile fut porté aux Gentils, et a donné des preuves de la puissance de Dieu pour sauver ceux qui croient, et cela, sur toute la terre.




XIII. MICHÉE


Michée habitait le village de Moréheth, dans la plaine maritime de Juda, près des frontières du pays des Philistins.

Il était contemporain d'Osée et d'Esaïe et prophétisait au temps de Jotham, d'Achaz, et pendant les premières années du règne d'Ézéchias, rois de Juda. Il prophétisa sur Samarie et sur Jérusalem, mais sa prophétie s'adresse surtout à Juda.

Michée porte le même nom que Michée, fils de Jimla, prophète d'Israël qui soutint la cause de Dieu contre 400 faux prophètes, 150 ans avant lui, au temps d'Achab, lorsque ce prophète et Josaphat montèrent contre Ramoth de Galaad (1 Rois 22).

Le premier Michée avait terminé sa prophétie par ces mots : « Vous tous, peuples, entendez ! » Le second commence la sienne par les mêmes paroles. Les trois divisions de son livre commencent chacune par cet appel : Écoutez (1 : 2 ; 3 : 1 ; 6 : 1). Le premier avait vu tout Israël dispersé sur les montagnes, « comme des brebis qui n'ont point de berger ». Le second fait des allusions continuelles au Bon Berger et à ses soins compatissants envers son troupeau.

C'est avec le coeur meurtri que Michée dénonce les jugements de Dieu sur Juda à cause de ses péchés ; mais il semble se hâter d'en finir avec les paroles de condamnation pour s'étendre sur le message de pardon et d'amour dont il est chargé. Et il termine sa prophétie par cette proclamation particulièrement belle, avec laquelle il identifie son propre nom, Michée, qui veut dire Qui est comme l'Éternel ? « Quel Dieu est semblable à toi, qui pardonnes l'iniquité, qui oublies les péchés du reste de son héritage ? » « Car aucun faux Dieu n'a jamais en cette prétention. C'est là le message que Michée préférait pardessus tous les autres, et son propre nom le proclamait devant le peuple de son temps. » (Dr Pusey).

SAMARIE ET LES VILLES DE JUDA.
- Michée proclame le jugement qui doit venir, d'abord sur Samarie, puis sur les villes de Juda. Ceci s'est rapidement accompli par les armées d'Assyrie.

L'idolâtrie d'Israël s'était répandue à Jérusalem, et c'est la ville de Lakisch qui semble avoir été le point de contact, « la première cause du péché de la fille de Sion ». (1 : 13). C'est cette propagation de l'idolâtrie, avec toutes ses conséquences, pour Juda, sous le roi Achaz, que Michée déplore surtout. Il gémit sur l'extrême oppression des pauvres, des femmes et des petits enfants chassés de leurs demeures ; sur la convoitise et l'ambition égoïste, même au prix du sang, qu'il compare en une image réaliste, au cannibalisme. Il dénonce particulièrement le péché de corruption chez les juges, et de prévarication dans les poids et mesures.

Plus loin, il prédit la captivité de Babylone (4 : 10), la destruction de Jérusalem (3 : 12), même jusqu'au labourage du sol de cette ville, lequel se réalisa sous l'Empereur Adrien. Il nous est clairement dit dans le livre de Jérémie que cette prophétie produisit le retour à l'Éternel du roi Ézéchias et de son peuple, au début de son règne, retour qui retarda la destruction de la ville probablement, de 136 ans, et eut comme résultat la grande réformation qui eut lieu sous le règne de ce roi. Les anciens de Juda citèrent cette prophétie de Michée, environ 120 ans après qu'elle avait été prononcée, lorsque les prêtres voulaient mettre à mort Jérémie pour avoir prédit les mêmes jugements.

« BETHLÉEM DE JUDA ».
- Mais pour nous, le grand intérêt que présente le prophète Michée se centralise dans ses prédictions si claires sur le Sauveur qui devait venir. C'est d'après ce livre que « tous les chefs des prêtres et les scribes du peuple », rassemblés par Hérode, proclamèrent sans hésitation que c'était à Bethléem de Juda que le Christ, le Roi, devait naître. Cette prophétie atteste l'éternité du Fils. Celui qui devait venir de Bethléem était Celui dont « l'origine remonte aux jours de l'éternité ». Michée 5 : 2,3 est étroitement relié à Esaïe 7 : 14.
« Il se tiendra debout et régnera dans la force de l'Éternel, dans la majesté de Dieu. » Ici nous avons la majesté du Royal Berger prenant soin de son troupeau.

Le tableau que fait Michée de la restauration de Sion, des nations qui y afflueront, de la gloire et de la prospérité du Royaume du Christ, de son règne de paix universelle, figure aussi dans la prophétie d'Esaïe.

 
(1) The Biblical Guide, par le Rév. J. Urquhart. 

(2) Un dicton juif dit : « Un jour et une nuit font un Onah, et une partie d'Onah est comme un tout. » - Même en Angleterre, un prisonnier condamné à trois jours d'emprisonnement reste rarement plus de quarante heures en cellule, et quelquefois ce temps est réduit à 32 heures, une fraction de jour étant considérée légalement comme un jour entier. (Sir R. Anderson). 

(3) Figure de rhétorique, pour laquelle on prend la partie pour le tout ou le tout pour la partie. (Dictionnaire Larousse). 

(4) Jonas, Patriot and Revivalist. (Jonas, patriote et « revivaliste ») p. 19, par le Rév. W. J. S. Webster. 
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