Gravée en une rude esquisse sur les murs
des Catacombes de Rome, il n'y a pas de
représentation plus commune que celle de
Jonas comme image de la
résurrection.
« Sur l'horizon de l'Ancien
Testament, a toujours brillé ce signe de la
mort et de la résurrection du Seigneur
Jésus : le signe du prophète
Jonas. » Notre Seigneur déclare
qu'aucun autre signe ne serait donné aux
hommes de sa génération,
excepté celui du prophète Jonas
(Matth.
12 : 39). Et depuis
lors, « génération
après génération, le Juif a
été mis en face de ce signe. Il a
tué le Messie, et de la tombe du
Crucifié, s'est levée une puissance
qui a transformé les vies de myriades de
gens jusqu'à nos jours. Le Sauveur avait
promis de ressusciter les morts. Il a accompli
cette promesse. Il a prouvé son droit
à être appelé Fils de Dieu et
Sauveur du monde. » (1). « Il
a été
déclaré Fils de Dieu avec puissance,
par sa résurrection d'entre les
morts. »
(Rom.
1: 4)
LE PROPHÈTE. - Jonas était
fils d'Amitthaï le prophète ; il
était natif de Gath-hepher, village
galiléen, un peu au nord de Nazareth, patrie
de Celui dont il fut une imparfaite image. La
tradition juive dit qu'il était le fils de
la veuve de Sarepta, qu'Élisée avait
rappelée à la vie. Quoique nous
n'ayons pas de raisons suffisantes pour accepter
cette tradition, il est certain que Jonas fut le
successeur d'Elie et d'Élisée,
probablement connu de tous les deux ; il est
le chaînon qui relie Osée, Amos et
Esaïe. Il est vraisemblable qu'il fut instruit
dans les écoles de prophètes et qu'il
exerça son ministère pendant le
règne de Jéroboam II, peut-être
même avant.
Son nom signifie « la
colombe », et sa première
prophétie est en harmonie avec son nom.
C'était un message de consolation pour
Israël, afin de lui faire savoir que
l'Éternel avait vu l'affliction de son
peuple, qu'Il le sauverait par la main de
Jéroboam, fils de Joas, et lui rendrait les
frontières qu'il avait perdues lors de
l'invasion des Syriens. Ceci nous est dit dans 2
Rois 14 : 25 27,
détails qui furent probablement
écrits longtemps après que Jonas
eût écrit son livre. Et il semble que
l'auteur se soit appliqué à rendre
honneur au prophète de l'Éternel qui
s'est si peu préoccupé de sa propre
réputation dans son fidèle
récit.
Le fait que Jonas est un personnage
historique contredit la théorie que ce livre
est une simple parabole. Il n'est pas vraisemblable
que l'auteur d'une parabole invente une histoire
dont le héros aurait réellement
existé. Le récit naïf que Jonas
fait de ses propres fautes est une autre
évidence de la vérité de ce
récit, comme aussi le fait que les Juifs
admettaient ce livre dans le Canon des
Écritures, quoique il choquât le
préjugé national, en montrant la
miséricorde de Dieu envers une autre nation.
POURQUOI JONAS
DÉSOBÉIT-IL. - « La
parole de l'Éternel fut adressée
à Jonas en ces mots Lève-toi, va
à Ninive, la grande ville, et crie contre
elle car sa méchanceté est
montée jusqu'à moi. Et Jonas se leva
pour s'enfuir à Tarsis, loin de la face de
l'Éternel. »
(Jonas
1 : 1, 2).
Quelle était la raison de cette
désobéissance formelle ? Ce
n'était pas la peur, comme le prouve son
attitude courageuse dans la tempête ; ce
n'était pas non plus la longueur du voyage,
car celui-ci eût été beaucoup
moins long et moins hasardeux que celui de Tarsis,
sur la côte d'Espagne. À cette
époque, des caravanes de chameaux portant
des marchandises, faisaient le service
régulier, pour la grande capitale
assyrienne. La répugnance de Jonas
était due, sans doute, en partie, à
l'idée répandue dans son pays, que
les autres nations n'avaient aucun droit à
la miséricorde de Dieu. Outre cela,
l'Assyrie était l'ennemi redouté
d'Israël, le fléau par lequel Jonas
prévoyait que Dieu allait châtier son
pays (voir Osée
9 :
3). Pendant des
générations, l'Assyrie avait fait de
féroces incursions dans les contrées
qui bordent la Méditerranée, et les
punitions qu'elle infligeait à ses
prisonniers dépassaient en cruauté
même les barbaries de ces
temps-là ; elles allaient
jusqu'à écorcher vives les victimes.
D'ailleurs, la violence est le péché
principal dont les hommes de Ninive eux-mêmes
se repentirent en le confessant
(3 :
8).
Dans la proclamation du jugement de Dieu
sur Ninive, Jonas voyait la possibilité que
Dieu fît miséricorde à cette
ville, ce qui aurait été le salut de
l'ennemi de son pays ; car il avait une vraie
connaissance du caractère divin, plein de
compassion, de grâce et de bonté. Il
pensait aussi, peut-être, que l'unique
restauration morale de son peuple serait
activée par la vue du formidable jugement de
Dieu sur la ville qui était alors la
principale du monde.
Jonas était le prophète de
l'Éternel pour Israël ; son être tout entier
s'absorbait dans le salut de son pays, et c'est
évidemment son intense patriotisme qui lui
fait mettre en doute la sagesse de l'ordre divin,
encourir le déplaisir de Dieu et abandonner
sa tâche prophétique plutôt que
de faire courir des risques à sa
patrie.
Jonas était un étudiant
diligent des Psaumes. Il savait très bien
que, même s'il « prenait les ailes
de l'aube du jour et demeurait dans les profondeurs
de la mer », il ne pouvait pas
réellement fuir loin de la présence
de Dieu. Mais, - comme bien d'autres serviteurs de
l'Éternel, il pensait que, par un changement
de circonstances, il pourrait se dégager de
la main de Dieu ou étouffer sa voix. Il
descendit donc à Japho. « Et il
trouva un navire qui allait à Tarsis, loin
de la face de l'Éternel. »
LA TEMPÊTE. - Un récit
très réaliste du voyage suit cette
entrée en matière :
Le Livre de Jonas est la plus belle
histoire qui ait jamais été
écrite dans un cadre aussi restreint ;
il comporte seulement environ 1.300 mots de notre
langue. Sa concision révèle un
maître dans l'art d'écrire. La
violente tempête, les efforts des marins,
l'indignation du pilote en trouvant Jonas
insouciamment endormi, au milieu d'un pareil
danger, alors que les matelots païens criaient
« chacun à son dieu » -
toute cette scène vit devant nous. On tire
au sort pour découvrir qui est responsable
d'une tempête si affreuse. Le sort, comme
dans le cas d'Achan, fut dirigé par Dieu et
tomba sur le prophète
désobéissant ; alors, nous
pouvons nous représenter les marins se
réunissant autour de lui et le
« bombardant » de
questions : « Dis-nous ce qui nous
attire ce malheur ? » crie l'un.
« Quelles sont tes
affaires ? » crie l'autre.
« Quel est ton pays ? »
« Qui es tu ? » La crainte
et l'étonnement de ces hommes simples nous
sont décrits, à mesure qu'ils
apprennent des lèvres mêmes de Jonas
qu'il sert le Dieu qui a fait la terre, et cette
mer orageuse, et que pourtant il
fuit loin de sa présence. Ils lui demandent
son avis, mais hésitent à le suivre
lorsqu'il leur ordonne de le jeter à la mer.
Toutefois, leurs efforts sont vains et ils
cèdent enfin, suppliant l'Éternel. de
ne pas les tenir pour responsables de ce sang
innocent.
Le païen Pilate eût
volontiers relâché Jésus
lorsque les Juifs criaient :
« Crucifie-le ». Mais il se
lava les mains en disant : « Je suis
innocent du sang de ce juste ».
Aussitôt que Jonas eût
été jeté à la nier, la
tempête cessa. Et ces païens se
tournèrent vers Dieu, lui offrant non
seulement des sacrifices, mais faisant des
promesses pour l'avenir. Dans le fait que Jonas
consentit à être jeté dans la
mer, nous avons une image de Celui qui a dit de sa
propre vie : « Personne ne me
l'ôte, je la donne de
moi-même ».
« L'ÉTERNEL FIT VENIR UN
GRAND POISSON. - Il y a un mot hébreu,
manah, « ordonner » ou
« désigner » ou
« préparer », que Jonas
emploie à plusieurs reprises. Celui qui
« fit souffler un vent impétueux
sur la mer » « prépara
un ricin », « prépara un
ver », « prépara un vent
chaud d'orient », et de la même
manière « prépara un grand
poisson », pour engloutir Jonas.
Ceux qui sourient de cette histoire de
Jonas et de la baleine devraient se souvenir que
non seulement le Sauveur Lui-même en a
parlé, mais surtout, à propos de quoi
Il en a parlé. Il employa ce récit
comme le signe solennel du plus solennel
événement de sa vie sur la terre. Et
Il nous dit expressément, « qu'au
grand jour du jugement les hommes de Ninive se
lèveront et condamneront les hommes de cette
génération, parce qu'ils se
repentirent à la prédication de
Jonas, et voici, un plus grand que Jonas
est-ici » ! Nous ne pouvons pas nous
imaginer Jésus-Christ prononçant de
si graves paroles au sujet de personnages fictifs
ou d'une repentance fictive.
Pour nous qui croyons aux plus grands
miracles de tous - l'incarnation et la
résurrection du Christ - c'est peu de chose
que de croire que Dieu délivra Jonas de
cette manière, pour servir d'image à
la résurrection du Rédempteur. Nous
n'avons pas d'autre alternative que de croire
à la parole du Christ à cet
égard, mais, d'autre part, Dieu avait
à sa disposition bien des moyens pour
opérer ce miracle. Considérons-en
quelques-uns.
Le mot traduit par « un grand
poisson » signifie un « grand
monstre marin », ce terme comprenant les
baleines, les requins et autres espèces
semblables. Beaucoup croient que le poisson en
question était un Carcharias ou requin
blanc, que l'on trouve encore dans la
Méditerranée, et qui a souvent plus
de 30 pieds de long ; mais il existe des
vestiges d'une espèce beaucoup plus grande,
maintenant éteinte. La voracité du
requin le conduit à avaler tout entier tout
ce qu'il trouve. Des chevaux, des veaux marins de
la taille d'un boeuf, un renne sans cornes, ont
été trouvés complets, à
différentes reprises, dans le ventre des
requins. On y a aussi trouvé plusieurs fois
des hommes ; dans un cas, un homme avec une
cotte de mailles.
En 1758, un marin tomba d'une
frégate dans la Méditerranée
et fut avalé par un requin. Le capitaine
tira un coup de fusil sur ce dernier, qui rejeta
l'homme, lequel était encore vivant et
n'avait pas beaucoup de mal. Le poisson fut
harponné, séché et offert au
marin qui fit le tour de l'Europe en l'exhibant.
L'animal avait 20 pieds de long.
La baleine Spermaceti a un gosier
capable d'avaler des corps beaucoup plus gros que
ceux d'un homme, et c'est son habitude presque
invariable de rejeter le contenu de son estomac
juste avant de mourir. Le journal anglais The
Expository Times, d'août 1906, raconte le cas
d'un marin trouvé dans une baleine. Le fait
s'était produit en 1891 dans les îles
Falkland. L'homme, quoique vivant, était sans
connaissance. Le miracle de Jonas consiste donc
plutôt dans le fait qu'il resta vivant
pendant 32 à 34 heures et, une partie de ce
temps au moins, resta en possession de ses
facultés (2).
Mais le Créateur de toutes choses
est naturellement aussi capable de préparer
un poisson afin de rendre tout ceci possible, que
nos ingénieurs modernes de préparer
un sous-marin pour contenir des hommes
vivants.
Le Révérend James Neil
croit que le « grand poisson »
est la baleine arctique (Balaena mysticetus). Cette
baleine a une tête énorme et une
bouche de 12 pieds carrés. À sa
mâchoire supérieure sont
attachés des centaines de fanons, ou lames
d'os de baleine, dont quelques-uns ont de 10
à 15 pieds de longueur et 8 pouces de
largeur, très élastiques et à
bords délicatement frangés. Ces
fanons sont généralement
appliqués contre le palais. La baleine
attire dans sa bouche une énorme
quantité d'eau remplie de petits poissons
dont elle se nourrit. Elle abaisse alors ces fanons
en avant de sa bouche grande ouverte, et filtre
pour ainsi dire l'eau a travers ces franges, ne
retenant que la nourriture fine.
L'étroitesse de son gosier, qui
l'empêche d'avaler le gros poisson, l'aurait,
naturellement, empêchée d'avaler
Jonas. Cette espèce de baleine erre
quelquefois dans les mers méridionales, et
dans des climats chauds, comme celui de la
Méditerranée, où on l'a
aperçue assez récemment ; elle
est sujette à devenir malade ; elle se
repose alors à la surface de l'eau et
remplit sa bouche d'air. Dans une pareille cellule
vivante, avec les « barres »
dont parle Jonas, et les
« roseaux qui ont entouré sa
tête », comme c'est le cas dans la
bouche de cette baleine, il se peut très
bien que Jonas ait été
emprisonné. On peut objecter que le Seigneur
Jésus a parlé de Jonas comme
étant dans le ventre du poisson. Mais ce
serait plutôt une confirmation qu'autre
chose, car Il a dit aussi que le fils de l'homme
doit être dans le « sein de la
terre trois jours et trois nuits ». Or,
on sait que son tombeau était dans une
grotte, tout à fait à la surface de
la croûte terrestre et correspondant
exactement à la bouche de la baleine. Dans
les deux cas la figure de synecdoche
(3)
est
employée, c'est-à-dire que la
fraction d'une chose est prise pour le tout ;
la même figure se retrouve dans l'expression
« trois jours et trois nuits »,
où, par synecdoche, le tout est mis pour la
partie.
La prière que Jonas
prononça du fond de sa prison
révèle quelqu'un à qui les
Psaumes sont familiers depuis longtemps. Il cite de
courts fragments de divers Psaumes et les adapte
à son propre cas. On trouve, dans sa
prière, des allusions aux grands Psaumes
messianiques 22,
69
et 16.
La plus frappante de toutes est
l'application du Ps.
16 : 10 :
« Tu ne livreras pas mon âme au
séjour des morts. Tu ne permettras pas que
celui qui t'aime voie la fosse ». Jonas
dit : « Du sein du séjour des
morts, j'ai crié » et
« Tu m'as fait remonter vivant de la
fosse ».
« L'Éternel parla au
poisson et le poisson vomit Jonas sur le
sable. »
L'ORDRE DONNÉ POUR LA SECONDE
FOIS. - « La parole de
l'Éternel fut adressée à Jonas
une seconde fois en ces mots :
« Lève-toi, va à Ninive la
grande ville, et proclames-y la publication que je
t'ordonne ». Trois fois cet ordre fut
donné au prophète ; deux fois
par le Seigneur : « Lève-toi ».
La troisième fois, ce fut par le pilote du
navire. Les pécheurs dorment, comme Jonas,
n'ayant entre eux et l'éternité
qu'une planche ; et l'appel qui leur est
adressé est :
« Réveille-toi, toi qui dors, et
te relève d'entre les morts, et Christ
t'éclairera ». Mais l'appel
à s'éveiller fut adressé ici
à un serviteur de Dieu par le moyen d'un
pilote païen. Dieu choisit souvent des
instruments bien primitifs pour porter son message.
Soyons prêts à le recevoir d'où
qu'il vienne.
Deux fois, l'Éternel parle
directement à Jonas :
« Lève-toi ». Il ne le
gronde pas à cause de sa
désobéissance ; la dure
leçon qu'il a apprise est suffisante ;
et Dieu dans sa bonté, est toujours
disposé à employer son serviteur
lorsque celui-ci est prêt à
obéir. « Courbé »
le premier, Jonas fut capable ensuite de
« courber » les païens de
Ninive, de sorte que le réveil des
consciences suspendit le jugement menaçant.
Oh ! si le peuple de Dieu était
« courbé » maintenant,
quel réveil se produirait sur l'Angleterre,
sur la France, sur le monde entier !
(4)
La nouvelle de la délivrance
miraculeuse de Jonas se répandit au loin.
Les mariniers répétèrent
l'histoire. Tout Israël l'apprit. Dans le
continuel échange de pensée qui
existait entre ces nations anciennes, la nouvelle
peut très bien avoir atteint Ninive. Ou bien
Jonas lui-même peut l'avoir apprise aux
Ninivites. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'elle
leur était connue, car Jonas ne fut pas
seulement un prophète pour eux ; notre
Sauveur nous dit qu'il fut un
« signe », un miracle vivant
qui forçait la conviction par son
message.
NINIVE. - « Cette grande
ville. » Dieu Lui-même l'appelle
grande. Jusqu'en 1841, tout ce que l'on savait de
Ninive était pris de la Bible et de quelques
fragments épars de
l'histoire assyrienne ; et, il y a soixante ou
soixante-dix ans, on trouvait des gens qui
considéraient Ninive comme un mythe. Mais
depuis lors, les fouilles n'ont fait que
démontrer continuellement la
véracité du récit
biblique.
La ville fondée par Nimrod
était grande par son antiquité, mais
aussi par son étendue. Trois chariots
pouvaient rouler côte à côte sur
le faîte de ses murailles. « Une
très grande ville de trois jours de
marche », ainsi l'appelle Jonas ; et
les excavations prouvent que ces murs avaient un
circuit de 96 kilomètres. Cette
circonférence renfermait évidemment
des pâturages, en plus des constructions
proprement dites, ce qui explique cette expression
de Jonas : « des animaux en grand
nombre ». Elle contenait 120.000 petits
enfants « qui ne savaient pas distinguer
leur droite de leur gauche » ; la
population totale doit donc avoir atteint
près d'un million d'âmes. Ninive
était grande par ses palais, ses
fortifications, ses temples et ses merveilleuses
oeuvres d'art, ses grands lions de pierre et ses
taureaux avec des ailes et des faces humaines. Elle
fut grande par sa haute civilisation et, par-dessus
tout, par sa corruption.
C'est à cette ville que fut
envoyé Jonas pour la seconde fois, mais, en
cette occasion, avec cet ordre
impératif : « Proclames-y la
publication que je t'ordonne ». Cette
fois, Jonas n'hésite pas. Il se lève
et part. Le message était bien lourd ;
il consistait en ces mots : « Encore
quarante jours, et Ninive sera
détruite ».
LES GENS DE NINIVE SE REPENTIRENT. -
L'âme de Jonas avait été
tellement dépouillée et
préparée par Dieu, que son message
fut accompagné de la puissance de l'Esprit.
Il était lui-même un
« signe ». L'Esprit de Dieu
travailla si énergiquement, qu'à la
fin du premier jour de sa prédication, la
ville fut complètement bouleversée.
Le récit raconte que « les gens de
Ninive crurent à Dieu ».
Ils agirent immédiatement selon
leur conviction, proclamèrent un jeûne
et se revêtirent de sacs ; cette
repentance commença évidemment par le
peuple lui-même, car le verset 6 du chapitre
3 nous dit que « la chose parvint au roi
de Ninive », et que lui aussi crut
à la menace ; il se leva de son
trône, ôta son manteau, se couvrit d'un
sac, et s'assit sur la cendre.
Et le décret fut
promulgué, de la part du roi et de ses
grands, pour qu'il y ait un jeûne universel,
s'étendant même aux bêtes des
champs. Hommes et animaux furent donc couverts de
sacs, et le cri de repentance (mêlé,
sans doute, aux gémissements du
bétail en détresse), s'éleva
de la grande ville jusqu'à l'oreille d'un
Dieu plein de pitié et de patience. Il vit
que ce repentir était sincère ;
qu'il ne se bornait pas au sac et à la
cendre, mais que le peuple se détournait
véritablement de ses mauvaises voies. Et Il
entendit leurs cris et épargna la
ville.
Maintenant, une question se pose. Est-il
vraisemblable que l'État soit intervenu en
une telle matière et qu'un édit royal
ait enjoint un jeûne long et
général ? Le professeur Sayce
trouve une réponse dans les monuments de
Ninive, et nous dit que dans les jours d'Ezarhaddon
II, lorsque l'ennemi du Nord s'assemblait contre
l'empire assyrien, le roi fit une proclamation qui
ordonnait un service solennel d'humiliation pendant
une période de cent jours.
Et encore : Est-il vraisemblable
que les bêtes aient été
couvertes de sacs ? Hérodote nous dit
que lorsque les armées perses étaient
en Grèce, à l'occasion de la mort
d'un de leurs généraux, le deuil fut
pris par tout le camp. Les hommes se
coupèrent les cheveux et coupèrent le
poil de leurs chevaux et des bêtes de somme.
Il est donc évident que cette coutume
était commune chez une nation voisine de
Ninive.
La façon d'agir de Dieu à
l'égard de Ninive et à l'égard
de son prophète, devenu de nouveau rebelle
au dernier chapitre, nous montre
bien Sa miséricordieuse bonté. Jonas
était en colère de ce que la grande
cité, l'ennemie de son pays, fût
épargnée. Il était
irrité de ce que le ricin qui l'abritait
fût détruit. Sur ces deux points,
l'Éternel lui demande, avec la plus patiente
tendresse : « Fais-tu bien de
t'irriter ? » Et Jonas, toujours
soucieux de ne pas s'épargner dans ce
récit, lègue cette leçon
à ses compatriotes et à
nous-mêmes, à savoir que le salut de
Dieu est destiné au monde entier.
Le livre de Jonas est essentiellement un
livre missionnaire, qui fait pressentir la
grandiose mission que notre Sauveur donna à
ses disciples d'aller et de prêcher
l'Évangile à toute
créature.
Lorsque le Christ sortit du tombeau, le
message de son Évangile fut porté aux
Gentils, et a donné des preuves de la
puissance de Dieu pour sauver ceux qui croient, et
cela, sur toute la terre.
Michée habitait le village de
Moréheth, dans la plaine maritime de Juda,
près des frontières du pays des
Philistins.
Il était contemporain
d'Osée et d'Esaïe et
prophétisait au temps de Jotham, d'Achaz, et
pendant les premières années du
règne d'Ézéchias, rois de
Juda. Il prophétisa sur Samarie et sur
Jérusalem, mais sa prophétie
s'adresse surtout à Juda.
Michée porte le même nom
que Michée, fils de Jimla, prophète
d'Israël qui soutint la cause de Dieu contre
400 faux prophètes, 150 ans avant lui, au
temps d'Achab, lorsque ce prophète et
Josaphat montèrent contre Ramoth de Galaad
(1
Rois 22).
Le premier Michée avait
terminé sa prophétie par ces
mots : « Vous tous, peuples,
entendez ! » Le second commence la
sienne par les mêmes paroles. Les trois divisions
de son livre
commencent chacune par cet appel :
Écoutez
(1 :
2 ; 3 :
1 ; 6 :
1). Le premier avait vu
tout Israël dispersé sur les montagnes,
« comme des brebis qui n'ont point de
berger ». Le second fait des allusions
continuelles au Bon Berger et à ses soins
compatissants envers son troupeau.
C'est avec le coeur meurtri que
Michée dénonce les jugements de Dieu
sur Juda à cause de ses
péchés ; mais il semble se
hâter d'en finir avec les paroles de
condamnation pour s'étendre sur le message
de pardon et d'amour dont il est chargé. Et
il termine sa prophétie par cette
proclamation particulièrement belle, avec
laquelle il identifie son propre nom,
Michée, qui veut dire Qui est comme
l'Éternel ? « Quel Dieu est
semblable à toi, qui pardonnes
l'iniquité, qui oublies les
péchés du reste de son
héritage ? » « Car
aucun faux Dieu n'a jamais en cette
prétention. C'est là le message que
Michée préférait pardessus
tous les autres, et son propre nom le proclamait
devant le peuple de son temps. » (Dr
Pusey).
SAMARIE ET LES VILLES DE JUDA. -
Michée proclame le jugement qui doit venir,
d'abord sur Samarie, puis sur les villes de Juda.
Ceci s'est rapidement accompli par les
armées d'Assyrie.
L'idolâtrie d'Israël
s'était répandue à
Jérusalem, et c'est la ville de Lakisch qui
semble avoir été le point de contact,
« la première cause du
péché de la fille de
Sion ».
(1 :
13). C'est cette
propagation de l'idolâtrie, avec toutes ses
conséquences, pour Juda, sous le roi Achaz,
que Michée déplore surtout. Il
gémit sur l'extrême oppression des
pauvres, des femmes et des petits enfants
chassés de leurs demeures ; sur la
convoitise et l'ambition égoïste,
même au prix du sang, qu'il compare en une
image réaliste, au cannibalisme. Il
dénonce particulièrement le
péché de corruption chez les juges,
et de prévarication dans les poids et
mesures.
Plus loin, il prédit la
captivité de Babylone
(4 :
10), la destruction de
Jérusalem
(3 :
12), même jusqu'au
labourage du sol de cette ville, lequel se
réalisa sous l'Empereur Adrien. Il nous est
clairement dit dans le livre de
Jérémie que cette prophétie
produisit le retour à l'Éternel du
roi Ézéchias et de son peuple, au
début de son règne, retour qui
retarda la destruction de la ville probablement, de
136 ans, et eut comme résultat la grande
réformation qui eut lieu sous le
règne de ce roi. Les anciens de Juda
citèrent cette prophétie de
Michée, environ 120 ans après qu'elle
avait été prononcée, lorsque
les prêtres voulaient mettre à mort
Jérémie pour avoir prédit les
mêmes jugements.
« BETHLÉEM DE
JUDA ». - Mais pour nous, le grand
intérêt que présente le
prophète Michée se centralise dans
ses prédictions si claires sur le Sauveur
qui devait venir. C'est d'après ce livre que
« tous les chefs des prêtres et les
scribes du peuple », rassemblés
par Hérode, proclamèrent sans
hésitation que c'était à
Bethléem de Juda que le Christ, le Roi,
devait naître. Cette prophétie atteste
l'éternité du Fils. Celui qui devait
venir de Bethléem était Celui dont
« l'origine remonte aux jours de
l'éternité ». Michée
5 :
2,3 est
étroitement relié à Esaïe
7 : 14.
« Il se tiendra debout et
régnera dans la force de l'Éternel,
dans la majesté de Dieu. » Ici
nous avons la majesté du Royal Berger
prenant soin de son troupeau.
Le tableau que fait Michée de la
restauration de Sion, des nations qui y afflueront,
de la gloire et de la prospérité du
Royaume du Christ, de son règne de paix
universelle, figure aussi dans la prophétie
d'Esaïe.
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