Les douze livres, connus sous ce nom, sont considérés par les Juifs comme n'en formant qu'un seul. La période qu'ils représentent, pendant laquelle les grands prophètes ont aussi écrit, s'étend de 870 à 440 avant Jésus-Christ (approximativement). En vue de mieux comprendre leur enseignement, nous les grouperons autour des quatre grands prophètes.
- 1. Autour d'Esaïe sont groupés Osée ; Amos et Michée.
- 2. Autour de Jérémie, Abdias, Habakuk et Sophonie.
- 3. Autour d'Ezéchiel, Joël, Jonas et Nahum.
- 4. Autour de Daniel, Aggée, Zacharie et Malachie.
La connexité de temps pour le premier
groupe est évidente. Quant à Abdias,
il se rattache à Jérémie par
ses prophéties contre Edom. Habakuk et
Sophonie sont étroitement reliés avec
le même prophète. - Les trois derniers
des douze, avec Daniel, vécurent pour voir
le retour de la Captivité. Joël, Jonas
et Nahum contiennent des prédictions sur les
Gentils, qui peuvent être
considérées comme reliant ces
prophètes à Ezéchiel, lequel
prophétisa en terre païenne pendant la
Captivité.
« Les prophéties
contenues dans ces douze livres présentent
un point de vue complet. Le royaume de David est
considéré comme divisé, et ses
parties comme anéanties, du moins en
apparence. Mais un reste croyant survit toujours au
naufrage, et une restauration se produira lorsque
le Fils de David rebâtira la nation
ruinée et rétablira le trône.
Il y a un continuel appel à regarder en
avant : conquêtes macédoniennes,
victoires des Macchabées, apostasie des
Juifs, destruction de Jérusalem, plus loin
même que la dispersion du peuple élu,
jusqu'à sa conversion finale et à sa
restauration définitive. L'esquisse que
trace l'Ancien Testament du Messie et de son
Royaume, esquisse qui ne fut, aux plus lointaines
périodes de la prophétie, que comme
un dessin sans couleurs, atteint ici son
développement, et chaque livre
prophétique ajoute un autre coup de pinceau
ou une autre couleur au majestueux tableau... Une
fois que le lecteur de la prophétie a bien
saisi ce fait : que Christ en est le centre
personnel et Israël
le centre national, et que tout évolue
autour de ces deux centres, alors, qu'il marche ou
qu'il coure, tout se découvrira clairement
à ses yeux, car la vision est écrite
en grandes lettres comme sur des tables de pierre,
au bord du chemin. »
(1).
Le prophète Osée était un
contemporain d'Esaïe ; il
prophétisa pendant 65 ou 70 ans. Il fut le
messager de Dieu envoyé au Royaume du Nord
(Israël) et ne mentionne celui de Juda
qu'incidemment.
Il parle d'Israël parfois sous le
nom de Samarie, de Jacob et d'Ephraïm, - ce
dernier, parce que cette tribu était la plus
grande des dix et avait été à
la tête de la rébellion. Le livre
abonde en métaphores expressives.
Ephraïm est comme « un gâteau
qui n'a pas été
retourné », comme « une
colombe stupide, privée de toute
intelligence » (V. S.) ; le roi de
Samarie est « enlevé comme de
l'écume à la surface des
eaux ». Osée commença
à prophétiser pendant le règne
de Jéroboam II, roi d'Israël (un des
plus puissants souverain que ce peuple ait eus), et
pendant le règne de ses successeurs ;
le prophète ne donne pas même le nom
de ceux-ci, parce qu'ils n'avaient pas
été approuvés de
l'Éternel
(8 :
4). Il n'en fut pas
trouvé un seul parmi eux qui auraient
risqué son trône pour Dieu. Ceci
était une illustration frappante de la Loi
du Deutéronome
17 :
15 : « Tu mettras sur toi un roi
que choisira l'Éternel, ton
Dieu ». - Il est évident, par
divers passages d'Osée, notamment le verset
12
du chapitre 8,
qu'Israël possédait la Loi à
cette époque.
L'INIQUITÉ DU PAYS. -
L'état moral d'Israël n'aurait pas pu
être pire. L'idolâtrie inaugurée
par Jéroboam 1er, fils de Nébat,
avait continué pendant deux cents ans et
avait développé toutes les formes du
vice parmi le peuple. « L'Éternel
a un procès avec les habitants du
pays », dit Osée,
« parce qu'il n'y a point de
vérité, point de miséricorde,
point de connaissance de Dieu dans le pays. Il n'y
a que parjures et mensonges, assassinats, vols et
adultères. »
(4 :
1, 2). L'ivrognerie et une
honteuse idolâtrie se répandaient dans
le pays. Les prêtres idolâtres usaient
même de violence sur les voyageurs et souvent
les assassinaient.
JUGEMENT ET MISÉRICORDE. -
Osée avait été envoyé
d'abord pour dénoncer les
péchés du peuple ; ensuite, pour
proclamer l'amour plein de compassion de Dieu et sa
bonne volonté envers eux, s'ils voulaient
revenir à Lui. Le prophète
lui-même leur devint un
« signe ». Son amour patient
pour une épouse infidèle qu'il avait
arrachée à une vie de honte,
était une image de l'amour de Dieu envers
son peuple rebelle, qui avait violé
l'alliance contractée envers Lui et
s'était adonné au culte des
idoles.
Tout d'abord Dieu prononce son jugement
sur son peuple. Il leur sera comme une
« teigne »
(5 :
12), comme une
« carie », comme un jeune lion,
comme un jeune léopard, comme une ourse
à laquelle on a dérobé ses
oursons. Il leur dit qu'Il les a
déchirés par les prophètes et
tués par les paroles de sa bouche. Il
prédit l'épouvantable destruction de
Samarie, l'épée qui les transpercera,
le feu qui les détruira. Mais avec son
jugement, Il leur fait connaître sa
miséricorde, son ardent désir qu'ils
se repentent. « Je m'en irai, je
reviendrai dans ma demeure, jusqu'à ce
qu'ils s'avouent coupables et cherchent ma face.
Quand ils seront dans la détresse, ils
auront recours à moi. »
(Osée :
5 : 15).
Rien ne peut dépasser
l'accent d'amour avec lequel l'Éternel
supplie Ephraïm de revenir à Lui.
« Comment pourrais-je t'abandonner,
Ephraïm ? » (V. S.), Quatre
fois ce « comment » est
répété : « O
Israël, tu es perdu, mais ton secours est en
moi ». - « O Israël,
reviens à l'Éternel ton Dieu ;
car tu es tombé par ton iniquité.
Apportez avec vous des paroles, et revenez à
l'Éternel. Dites-lui : pardonne toutes
les iniquités et reçois-nous
favorablement !... Je réparerai leur
infidélité, j'aurai pour eux un amour
sincère. » Ensuite, vient sa
bienveillante promesse de restauration ; Il
sera comme la rosée de la nuit, et
Israël croîtra comme un lis, avec la
force des cèdres du Liban, avec le parfum
des arbustes de ces montagnes, avec la
fertilité de l'olivier, du blé, de la
vigne et avec la perpétuelle verdeur du
cyprès.
LE MESSIE. - Les allusions messianiques
du livre sont claires et admirables. Pierre et Paul
nous montrent, tous les deux, que la
prophétie du 1er
chapitre,
verset 10, a
été accomplie en Christ
(1
Pierre 2 : 10 ; Rom.
11 : 25,26).
Dans le chapitre 3 :
4, l'état actuel
d'Israël est décrit. « Sans
roi, sans chef, sans sacrifice, sans
éphod » (emblème de la
sacrificature), parce qu'ils ont rejeté leur
Roi, leur vrai Prêtre selon l'ordre de
Melchisédec, et rejettent encore le
sacrifice qu'Il a offert. Et, d'autre part, ils
sont « sans statue, sans
téraphim », car ils sont
libérés de l'idolâtrie. Le
verset suivant décrit leur glorieux avenir
lorsqu'ils reviendront et chercheront
l'Éternel leur Dieu, et David leur Roi,
c'est-à-dire le Seigneur
Jésus-Christ.
LA RÉSURRECTION DE CHRIST. -
Chapitre 6 :
2 : « Il
nous rendra la vie dans deux jours ; le
troisième jour, il nous relèvera et
nous vivrons devant Lui ». La
résurrection de Christ et la nôtre en
Lui ne pourraient être plus clairement prédites.
Le prophète mentionne expressément
deux jours, après lesquels la vie sera
donnée, et un troisième jour,
où la résurrection se produira.
Verset 3 : « Sa venue est aussi
certaine que celle de l'aurore. Il viendra pour
nous comme la pluie, comme la pluie du printemps
qui arrose la terre ». Celui qui
« viendra » est le même
que Celui qui doit les ressusciter ; c'est le
Christ qui, comme la Rosée d'un Haut, nous a
visités, et duquel il est dit qu'Il sera
comme la pluie sur une terre
desséchée.
« HORS D'ÉGYPTE. - 11 :
1 : « J'ai
appelé mon fils hors
d'Égypte ». Ceci eut un premier
accomplissement en Israël,
considéré comme image du
Christ ; mais la véritable
réalisation, nous dit Matthieu 2 : 15,
est dans Christ Lui-même, le Fils unique de
Dieu.
UN SEUL SAUVEUR. - 11 :
4 : « Je
les tirai avec des liens d'humanité, (V. S.
de bonté) avec des cordages
d'amour ». Christ nous a tirés
avec des liens de bonté lorsqu'Il se fit
homme et mourut pour nous. « Lorsque je
serai élevé, j'attirerai tous les
hommes à Moi, »
13 :
4 : « Il
n'y a de Sauveur que Moi ».
« Tu appelleras son nom Jésus
(Sauveur) ; car Il sauvera son peuple de leurs
péchés. » « Il
n'y a de salut en aucun autre ; car il n'y a
sous le ciel aucun autre nom qui soit donné
aux hommes par lequel nous devions être
sauvés. »
13 :
14 : « Je
les rachèterai de la puissance du
séjour des morts ; je les
délivrerai de la mort ».
« Le mot rendu par rachat ou
rançon, signifie « sauvés
par le paiement d'un certain
prix » ; le mot de rachat a rapport
à celui qui a les droits de parenté
les plus rapprochés, et qui peut
acquérir n'importe quoi en payant le prix.
Les deux mots, dans leur sens le plus exact,
décrivent ce que Jésus a fait pour
nous. » (Dr Pusey).
« O mort ! où sont
tes ravages ? Séjour des morts,
où est ta destruction ? » (V.
S.). Ceci est un cri de triomphe qui a pour objet
la rédemption promise, lorsque le Christ,
ressuscité des morts, devint « les
prémices de ceux qui dorment. »
Joël fut le premier à
prophétiser l'effusion de l'Esprit sur toute
chair. Sa prophétie semble avoir
été prononcée toute à
la fois (contrairement à celle d'Osée
qui s'étend sur une période de
plusieurs années) et se rapporte aux
événements qui se sont
déroulés depuis son époque
jusqu'à la fin des temps.
Joël est, probablement, le plus
ancien des écrivains prophétiques,
mais il ne nous dit rien sur lui-même, sauf
quelques mots nécessaires pour prouver
l'authenticité de son livre et lui donner sa
divine autorité « La parole de
l'Éternel, qui fut adressée à
Joël, fils de Pethuel. »
(1 :
1).
LES SAUTERELLES. - Prophète de
Juda, il se sert du jugement que Dieu
exerçait alors sous la forme d'une plaie de
sauterelles, pour exhorter le peuple avec
véhémence à se repentir, afin
d'éviter de plus grands malheurs, lesquels
prendraient la forme d'armées ennemies, dont
les sauterelles étaient comme
l'emblème.
Dans un langage fortement coloré,
il décrit cette plaie, en appelant, d'abord,
aux vieillards, pour en confirmer la
sévérité sans
précédent. Les ivrognes en ressentent
les effets, car la vigne est morte. Les
prêtres n'ont plus l'offrande et le
gâteau pour les oblations, ni vin à
offrir. Les laboureurs et vendangeurs sont
consternés. Le cri du bétail et des
troupeaux monte jusqu'à Dieu. Joël
conjure le peuple de faire un jeûne, puis, au commencement
du second
chapitre,
il continue la description de la plaie.
Avant l'armée des sauterelles, le
pays était comme le Jardin d'Eden, mais
quand elles ont passé, il est devenu
« un désert affreux »
(2 :
3). Une invasion de
sauterelles est une chose incroyable pour ceux qui
ne l'ont pas vue. Elle emplit l'air et obscurcit le
soleil comme une éclipse
(2 :
2) et s'étend sur
tout le pays. Les colonnes d'avant-garde attaquent
tout ce qui est vert et succulent ; en une
demi-heure, chaque feuille et chaque tige sont
détruites. D'autres sauterelles arrivent
successivement et dépouillent les arbres de
leur écorce
(1 :
4, 7). - Un pays met des
années à se guérir d'une telle
dévastation.
(1 :
17-20). Le bruit des ailes
de ces insectes terribles peut s'entendre à
une distance considérable, et le bruit
qu'elles font en dévorant est comme le
pétillement d'un feu ; le sol qu'elles
ont traversé est devenu comme un
désert brûlé. Après
avoir désolé la contrée, elles
escaladent les remparts des villes en rangs
serrés comme des cavaliers armés ou
des chariots, et forçant l'entrée des
maisons, elles consomment dans leur fureur tout ce
qui peut être consommé.
(2 :
4, 7-9)
« LE JOUR DE
L'ÉTERNEL ». -
« Sonnez de la trompette en Sion, car le
Jour de l'Éternel vient, car il est proche
Publiez un jeûne, une convocation
solennelle !
Assemblez le peuple ! »
(2 :
1, 15-17).
Joël
exhorte toutes les
classes du peuple à se repentir, depuis les
sacrificateurs - ministres de l'Éternel - et
les anciens, jusqu'au fiancé et à la
fiancée, jusqu'aux enfants, même tout
petits. « Le Jour de
l'Éternel » signifie toujours un
jugement ; cette expression revient cinq fois
dans ce livre si court, et c'est sa note dominante.
Il a certainement rapport à une série
de jugements ; les sauterelles d'abord, puis
les armées qui devaient envahir plus tard le
pays, comme un châtiment de Dieu, et enfin le
jour final de l'Éternel,
décrit dans le troisième chapitre.
Joël prie l'Éternel d'épargner
son peuple, et, comme Moïse, il
présente cet argument : les païens
diront : « Où est leur
Dieu ? »
(2 :
17). Son appel à la
repentance se renforce de promesses : la
miséricorde de l'Éternel ; son
désir de bénir, si les conditions
sont remplies ; l'arrêt de la
plaie ; l'abondance de la pluie ; la
richesse des récoltes et l'effusion de
l'Esprit de Dieu.
PROMESSE DE L'ESPRIT. - Ceci nous
amène à la grande promesse centrale
du livre. D'autres prophètes ont
prédit les détails de la vie de notre
Sauveur et de son règne futur ; c'est
à Joël que fut accordé le
privilège de dire qu'Il répandrait
son Esprit sur toute chair, sans distinction entre
Juifs et Gentils, esclaves ou libres, hommes ou
femmes, car tous seraient un dans le
Christ-Jésus. Il nous dit que la
bénédiction viendra de
Jérusalem
(2 :
32 ; 3 :
18). Cette
prophétie, nous est-il dit clairement, se
réalisa le jour de la Pentecôte ;
car Pierre dit : « C'est ici ce qui
a été dit par le prophète
Joël ». Et encore :
« Ce Jésus que Dieu a
ressuscité, a été
élevé à la droite de Dieu et a
reçu du Père le Saint-Esprit qui
avait été promis, et Il l'a
répandu, comme vous le voyez et
l'entendez ».
(Actes
2 : 16, 32,
33). Naturellement, cette
prophétie aura un autre accomplissement, au
grand Jour du Seigneur, décrit au
troisième chapitre ; là,
indiscutablement, le prophète regarde vers
un jour suprême où l'Éternel
viendra en jugement. Christ parle de ce jour sous
la même figure, celle de la moisson
(3 :
13 ; Matth.
13 : 36-43) et nous
trouvons celle du pressoir dans l'Apocalypse
(3 :
13 ; Apoc.
14 : 18-20).
UNE LEÇON POUR NOTRE
ÉPOQUE. - Le livre entier contient une
très belle leçon pour notre temps.
Tout d'abord, l'état misérable de
l'Eglise du Christ, dévastée par une
foule d'ennemis spirituels comme ceux qui sont décrits
au chapitre
1er verset 4. La famine et
la sécheresse font partout leurs ravages. Et
l'appel à se repentir jusque dans la
poussière s'adresse à l'Eglise de
Dieu aujourd'hui. Cette repentance doit commencer
par les conducteurs : pasteurs, anciens,
évangélistes. Mais il se peut que
l'oeuvre commence par les humbles, comme cela a
été le cas si souvent, en des temps
de réveil. Si seulement il y a un retour du
coeur vers Dieu, nous pouvons compter sur
l'accomplissement de la promesse qu'Il a faite de
répandre son Esprit et de restaurer le pays
(c'est-à-dire son Église) que les
plaies ont ravagées.
Quoique le troisième chapitre
soit un message de jugement, nous pouvons le
prendre aussi dans un sens spirituel, et voir
l'Eglise, préparée par la
plénitude de l'Esprit, prête à
livrer le combat de l'Éternel contre les
armées des ténèbres,
prête pour une grande moisson d'âmes,
et des multitudes sans nombre seront amenées
à la « vallée de la
décision ».
« L'homme de Dieu, venant de
Juda », fut envoyé à
Béthel, dans le royaume du nord, pour
reprendre Jéroboam 1er à cause des
sacrifices que celui-ci offrait aux Veaux d'or. Un
autre homme de Dieu, également de Juda, fut
envoyé à Béthel, pendant le
règne de Jéroboam Il, et ce fut le
berger Amos. Amos est un des nombreux exemples
qu'on trouve dans la Bible, d'hommes appelés
par l'Éternel en vue d'un service
spécial, pendant qu'ils sont occupés
à leur travail habituel et
quotidien.
Sur les plateaux sauvages de Juda,
au-delà de Tékoa, qui est à
une quinzaine de kilomètres au sud de
Jérusalem, Amos, endurci au danger et aux
difficultés, reçut son
éducation de prophète directement de
l'Éternel. Son admirable style abonde en
images empruntées à sa vie agreste. Il a appris à
connaître la puissance du Créateur,
dans les montagnes, au souffle des vents, à
la clarté des aurores ou dans les
ténèbres des nuits. Comme David, il a
contemplé les étoiles et, par
delà les constellations, il a aperçu
le Dieu qui les créa.
Comme lui aussi, il a
« marché derrière le
troupeau », il a su ce que c'est que
d'avoir à le défendre contre le lion
et l'ours ; il décrit probablement sa
propre expérience lorsqu'il parle d'un
berger arrachant de la gueule d'un lion
« deux jambes ou un bout
d'oreilles »
(2).
Le filet de
l'oiseleur et le serpent caché dans les
pierres du mur rugueux lui sont également
familiers. Il était aussi
« cultivateur » ou
« préparateur » des
fruits du sycomore. Ce fruit, qui est une
espèce inférieure de figue,
consommée seulement par les gens très
pauvres, doit être scarifié à
une certaine période de son
développement, au moyen d'un instrument
spécial, afin de pouvoir gonfler et
mûrir comme il faut. Un grand nombre des
images qu'emploie Amos sont prises des plaines au
climat plus tempéré, celles-ci lui
étaient probablement familières
depuis sa première enfance, et, en
observateur avisé de la nature, il se
souvient de ces détails, en
prophétisant, dans les plaines de Samarie.
Il parle des chênes et des
cèdres ; des vignes, des figuiers et
des oliviers ; des jardins, des laboureurs, du
semeur, du moissonneur et du chariot qui plie sous
le poids des gerbes.
LE TREMBLEMENT DE TERRE. - Amos
introduit sa prophétie par ces paroles qu'il
emprunte au prophète Joël :
« De Sion, l'Éternel rugit; de
Jérusalem, Il fait entendre sa
voix ». Il
nous dit, dans le verset précédent,
que sa prophétie fut prononcée
« deux ans avant le tremblement de
terre ». Joël dit aussi :
« Les cieux et la terre
trembleront ». Il est probable que tous
les deux font allusion au même tremblement de
terre, et que celui-ci a dû être d'une
gravité exceptionnelle, car Zacharie en
parle, près de trois cents ans plus tard,
comme d'un événement dont on se
souvient, quoique toute la captivité de
Babylone se fût déroulée dans
l'intervalle
(Zach.
14 : 5). Le mot
hébreu Ra'ash rappelle le mot anglais Crash
(3) « deux ans avant le
crash ». Le Dr Waller, dans son petit
livre sur Amos, montre combien parfaitement la
description, par le prophète, de la
catastrophe à venir, s'appliquait à
l'événement, quoique, à
l'époque de sa prophétie, il ne se
rendit pas compte qu'il décrivait un
tremblement de terre. Deux fois
(8 :
8 ; 9 :
5) nous lisons que le
« pays se soulèvera comme un
fleuve et s'abaissera comme le fleuve
d'Égypte ». C'est là une
terrible forme de tremblement de terre.
« Si les effets considérables du
tremblement de terre dans le livre d'Amos sont
indiqués littéralement par la clause
sept fois répétée dans les chapitres
1
et 2 :
« J'enverrai un feu qui dévorera
les palais, », alors le choc dut
s'étendre de Tyr à Gaza, sur la
côte de la Méditerranée, et
depuis Damas jusqu'à Rabba des enfants
d'Ammon, à l'est du Jourdain. On dit que le
lit du Jourdain est entièrement volcanique -
ce qui signifie que les forces souterraines sont
là, à la disposition du
Créateur, s'il lui plaît de les mettre
en oeuvre ». (Dr Waller). Les incendies
succèdent presque invariablement aux
violents tremblements de terre.
Si on lit Amos à la lueur de
cette catastrophe, il est facile de comprendre ses
diverses prédictions. Les incendies tout au
travers du livre ; les eaux répandues
sur la surface de la terre
(5 :
8) ; « s'il
reste dix hommes dans une maison, ils
mourront »
(6 :
9) ; « Il
fera tomber en ruines la grande maison, et en
débris la petite maison ».
(6 :
11). « Le pays ne
sera-t-il pas
ébranlé ? »
(8 :
8). « Frappe les
chapiteaux et que les seuils
s'ébranlent. »
(9:
1). « Il touche la
terre, et elle entre aussitôt en
fusion. » (V. S. 9 :
5).
Mais derrière l'accomplissement
littéral de la prophétie sur le
tremblement de terre, il y avait aussi la terrible
invasion des Assyriens, et le peuple emmené
en captivité
(5 :
27 ; 6 :
14). Et derrière
tout ceci : « le Jour de
l'Éternel ».
« Prépare-toi à la
rencontre de ton Dieu, ô
Israël. »
(4 :
12).
LE JUGEMENT DES NATIONS. - Amos ouvre la
voie pour son message à Israël, par la
proclamation du jugement de l'Éternel sur
six nations environnantes : Damas (Syrie),
Gaza (Philistie), Tyr (Phénicie), Edom,
Ammon et Moab. Puis, il en vient aux pays plus
rapprochés et prononce un jugement sur Juda
(2:
4), contre Israël
lui-même
(2 :
6), et finalement contre la
nation tout entière
(3 :
1, 2).
Il semble que le peuple ait
discuté son autorité, car il commence
par une série de sept questions, pour
montrer que l'Éternel lui a
révélé son secret, et que, par
conséquent, il ne peut faire autrement que
de prophétiser
(3 :
3-8).
Il dénonce les
péchés d'Israël, avec des
détails plus réalistes que ceux
d'Osée, appuyant surtout sur le luxe,
l'insouciance, l'oppression des pauvres, la
violence, le mensonge et la fraude qui
sévissaient alors, et la complète
hypocrisie dans le culte. L'Éternel
déplore l'état du peuple qui ne fait
aucune attention à ses jugements, en cette
phrase qui revient comme un refrain :
« Vous n'êtes pas encore revenus
vers moi, dit l'Éternel », et
l'invitation renouvelée :
« Cherchez-moi et vous
vivrez ».
CINQ VISIONS. - Les trois derniers
chapitres contiennent une quintuple vision du
jugement que l'Éternel a
révélé à Amos. D'abord,
les sauterelles, puis le feu, deux plaies qui sont
retirées grâce à l'intercession
du prophète. Troisièmement, le niveau
(ou fil à plomb). Il n'y avait aucun espoir
de délivrance quant à ce dernier.
L'Éternel dit : « Je ne leur
pardonnerai plus ». Cette sentence sans
appel allume la colère d'Amatsia,
prêtre de Béthel, et il dénonce
le prophète au roi, en disant :
« Le pays ne peut supporter toutes ses
paroles », tant Amos avait
profondément remué la nation. En
même temps, Amatsia enjoint au
prophète de fuir dans le pays de Juda et
là, d'y prophétiser ; mais pas
ici, à la cour du roi. Amos, sans aucun
émoi, parle de l'appel que Dieu lui a
adressé : « Je ne suis ni
prophète, ni fils de prophète ;
mais l'Éternel m'a pris derrière le
troupeau, et l'Éternel m'a dit :
« Va, prophétise à mon
peuple d'Israël ». Il prononce
encore le jugement de l'Éternel sur Amatsia,
et continue par le récit de ses autres
visions, sans se soucier de cette interruption. La
quatrième vision était celle d'une
corbeille pleine de fruits d'été, la
dernière. « La fin est venue pour
mon peuple d'Israël. » Le
prophète voit la nation coupable, mûre
pour le jugement. La cinquième vision est
celle de l'Éternel Lui-même, debout
sur l'autel, et elle se termine par la promesse
glorieuse de la restauration de la Maison de David,
la promesse du Messie qui doit venir, au moment de
la plus grande humiliation du peuple. Ce passage
est cité dans les Actes
(15 :
15-17) par Jacques, et
appliqué au rassemblement des croyants
Gentils ; et en même temps, à la
faveur de Dieu envers la Maison de David, lorsque
son plan pour les Juifs et les Gentils sera
accompli.
Entre le golfe d'Akaba et la Mer Morte,
s'élève une rangée de hauteurs
sablonneuses et rouges, entremêlées de
précipices, connue sous le nom de Mont
Séir.
C'est là qu'Ésaü
s'établit, après avoir
méprisé son droit
d'aînesse ; et Ses descendants,
après en avoir chassé les Horiens
(Genèse
14 : 6),
occupèrent la montagne tout entière.
(Deut.
2 : 12). La ville
principale, Séla, ou Pétra (Rocher),
était unique en son genre. Perchée
comme un nid d'aigle
(verset
4) au milieu des solitudes de
la montagne, ses maisons étaient pour la
plupart, des caves, taillées dans le creux
de rochers friables
(versets
3 et 6) et placées
où l'on n'aurait pu imaginer qu'un pied
humain pût grimper.
JUGEMENT SUR EDOM. - C'est contre ce
peuple que la prédiction du prophète
inconnu, Abdias, « un adorateur de
l'Éternel », est
dirigée.
Dieu avait dit à Israël
(Deut.
23 : 7) :
« Tu n'auras point en abomination
l'Édomite, car il est ton
frère ». Mais Edom avait
témoigné à Israël une
haine implacable depuis le temps où il lui
avait refusé le passage à travers le
pays d'Égypte en Canaan
(Nombres
20: 14, 21) jusqu'au jour de
la destruction de Jérusalem par les
Chaldéens, et où Edom cria
violemment : « Rasez-la,
rasez-la ».
(Ps.
137 : 7).
À cause de son orgueil et de
cette haine cruelle, la destruction totale d'Edom
fut décrétée
(versets
3, 4, 10).
Ce peuple fut arraché
à ses demeures rocheuses, cinq ans
après la ruine de Jérusalem, lorsque
Nébucadnetzar, passant par la vallée
d'Araba, qui constituait la route
stratégique vers l'Égypte,
écrasa les Édomites. Ils perdirent
leur existence comme nation environ un
siècle et demi avant Jésus-Christ, et
leur nom périt à la prise de Jérusalem par les
Romains. « Comme tu as fait, il te sera
fait. »
LA DÉLIVRANCE POUR ISRAËL. -
Le livre se termine sur une promesse de
délivrance pour Sion : « La
Maison de Jacob reprendra ses
possessions ». Le premier pas dans les
succès futurs des Juifs fut la reprise de ce
qui leur avait appartenu auparavant.
Abdias prédit la venue du Jour de
l'Éternel, et l'établissement du
royaume du Messie.
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