L'omnipotence de Dieu se manifeste autant dans
le fait qu'Il garde Daniel pur, loyal et
fidèle, au milieu d'une cour païenne et
corrompue, que dans les délivrances
extérieures qu'Il accorda à son
serviteur et dont ce livre nous donne le
récit.
Transporté en captivité
lorsqu'il était jeune homme, Daniel se
trouva dans une situation extrêmement
difficile, par suite de circonstances
indépendantes de sa volonté. Nous
apprenons par son histoire qu'il n'est pas de
position, si hérissée de tentations
qu'elle soit, où le Seigneur ne soit capable
de nous préserver de chute, si toutefois
nous ne nous y sommes pas placés
volontairement.
Le caractère de Daniel est
admirable dans sa simplicité. Il se montre
toujours conséquent avec ses principes,
attribuant loyalement à Dieu chaque
succès, chaque degré
d'élévation auquel il est parvenu,
chaque délivrance dont il est
l'objet.
Premier ministre du plus grand empire du
monde, principal conseiller du grand monarque,
usant de son influence pour protéger son
propre peuple, il ne se met jamais en avant, ni ne
parle de ses bonnes actions, sauf pour en tirer des
exemples de la puissance de Dieu. Dès le
premier tableau qui nous est tracé de lui,
comme jeune rejeton de la race royale, nous le
voyons refusant de se souiller par les mets servis
à la table du roi païen (sans doute
parce qu'ils étaient consacrés aux
idoles) et entraînant ses compagnons par son
influence ; depuis ce moment jusqu'à sa
vieillesse, aux derniers jours de la
captivité, nous trouvons en lui une
invariable fidélité. Même ses
ennemis confessent qu'ils ne trouvent en lui aucune
faute ni aucune raison de l'accuser, excepté
la stricte observation de la loi de son
Dieu.
UN HOMME BIEN-AIMÉ. - Daniel
était très aimé. Nous lisons
que Dieu « lui fit trouver faveur et
grâce » auprès du chef des
eunuques Aschpenaz. Le fier et despotique,
Nébucadnetzar semble avoir eu une
réelle affection pour Daniel, qu'il honora
pendant tout son règne. L'amitié que
Darius ressentait pour lui était sans
feinte. Lorsque ce roi s'aperçut du
piège dans lequel il était
tombé, « il fut très
affligé et prit à coeur de
délivrer Daniel ». Nous pouvons
bien supposer que le grand âge de Daniel
rendit plus aigus les remords de Darius au sujet de
la sentence qu'on l'obligeait à prononcer
contre lui. Il est certain que le
vénérable prophète et homme
d'État exerça sur Cyrus une influence
considérable, et que très
probablement Daniel fit remarquer à Cyrus la
prophétie d'Esaïe qui le concernait,
laquelle le conduisit à rendre le
décret ordonnant la reconstruction du Temple
de Jérusalem.
Mais, mieux encore, Daniel fut le
« bien-aimé de Dieu ». Trois fois
ceci nous est répété.
C'était un homme de prière, comme
nous le voyons en diverses occasions.
L'interprétation du songe de
Nébucadnetzar lui fut donnée en
réponse à ses prières, jointes
à celle de ses compagnons, et il ne manqua
pas de reconnaître publiquement le fait. Plus
tard, malgré le décret de Darius, il
continua tranquillement à prier son Dieu,
ses fenêtres ouvertes du côté de
Jérusalem, « comme il le faisait
auparavant ». Plus tard encore, convaincu
de la vérité de la prophétie
de Jérémie quant à la
restauration de son peuple, il s'appliqua à
rechercher l'Éternel ; et dans le
jeûne et la prière du chapitre
10, il fait une confession
entière au nom de son peuple. De nouveau
encore, dans la troisième année de
Cyrus, après trois jours de jeûnes et
de prières
(10 :
1,
2), une autre vision de
l'avenir lui est accordée. Nous avons, dans
ce récit, un rapide et lumineux coup d'oeil
dans le mystère des exaucements
différés. Combien peu nous nous
rendons compte des forces invisibles des
ténèbres oui sont dressées
contre nous ! Cette pensée devrait nous
conduire à prier avec plus de ferveur. Nous
ne pouvons pas comprendre le mystère de la
prière ; mais nous avons la promesse de
Dieu et nous savons, par expérience, qu'Il
entend et exauce, et cela nous suffit.
LE CONTRASTE DES DEUX PUISSANCES. - Le
grand but du livre de Daniel est de manifester la
puissance de Dieu en contraste avec celle du monde.
Cette idée apparaît dans les deux
parties qui forment ce recueil. Les six premiers
chapitres sont surtout une narration ; les six
derniers, surtout une
Révélation.
Chapitre
1. La puissance de Dieu est
démontrée, comme nous l'avons
déjà vu, dans le caractère de
Daniel et de ses trois compagnons, et dans la
sagesse et l'intelligence que Dieu leur donna,
au-dessus de tous les sages de Babylone. Tous leurs
noms, auparavant, étaient commémoratifs du vrai
Dieu. Le changement de noms, qui leur fut
imposé, et bien que, dans deux cas, ces noms
au moins fussent ceux d'une idole, ne
modifièrent pas leurs coeurs. Ils furent
instruits dans toutes les sciences
chaldéennes comme Moïse avait
été instruit dans celles du plus
grand pays de son temps.
Chapitre
2. La puissance de Dieu est
montrée dans la révélation
qu'Il fait à Daniel du songe de
Nébucadnetzar, resté inexplicable
pour tous les sages de Babylone.
Chapitre
3. Elle se prouve ici dans
la délivrance des trois compagnons de Daniel
de la fournaise ardente, lorsqu'ils
refusèrent d'adorer la statue d'or. Il
n'était pas rare alors que les souverains de
vastes empires exigeassent pour eux-mêmes les
honneurs dus à la Divinité ; et
c'est sans doute cette idée qui avait
conduit Nébucadnetzar à ériger
cette énorme statue d'or qui le
représentait, probablement, lui-même,
et à envoyer dans tout le royaume des ordres
pour qu'on vint l'adorer. L'histoire ne
présente pas de plus beau tableau que celui
de ces trois jeunes hommes, debout, seuls devant
toute une nation, avec la foi tranquille que Dieu
les délivrera, et ajoutant, toutefois :
« sinon, sache, ô roi, que nous
n'adorerons pas la statue que tu as
élevée ». D'après sa
promesse
(Esaïe
43 : 2)
l'Éternel fut avec eux dans le feu,
« et la figure du Quatrième
ressemblait à un Fils de Dieu ».
Nous avons ici le premier aperçu du Christ
dans ce livre ; et Il est encore avec les
siens lorsqu'ils traversent le feu ; plus d'un
saint a fait l'expérience, comme les trois
jeunes Hébreux, que seuls les liens ont
été consumés. « Je
vois quatre hommes sans liens, qui marchent au
milieu du feu et qui n'ont point de
mal. »
Chapitre
4. Encore une fois, nous
voyons la puissance de Dieu dans sa manière
d'agir avec Nébucadnetzar. D'abord, Il
l'avertit dans un songe de la folie qui le
menace ; puis Il révèle à
Daniel l'interprétation de ce songe. La
considération respectueuse qu'éprouve
Daniel pour le monarque se
trahit dans sa répugnance à lui
donner l'explication demandée :
« Daniel resta un moment
stupéfait, et ses pensées le
troublèrent ». Le roi dût
l'encourager à parler, ce qu'il fit avec un
mélange de tendresse et de hardiesse en
l'exhortant à la repentance. Les douze mois
écoulés, comme l'orgueilleux
souverain se vantait de son pouvoir sur le toit de
son magnifique palais, Dieu le frappa ;
Nébucadnetzar fut chassé du milieu
des hommes et eut sa demeure avec les bêtes
des champs. Alors, il se repentit, et Dieu, selon
sa promesse, le rétablit dans son royaume et
sa puissance. Le chapitre tout entier est d'un
intérêt spécial, étant
non pas un récit de Daniel, mais un rapport
officiel promulgué par
Nébucadnetzar.
Chapitre
5. Ici encore, la puissance
de Dieu est manifestée par la main qui
écrit sur la muraille, et dans le fait que
le sacrilège de Belschatsar reçut sa
rétribution de la part de Dieu
Lui-même. Le prophète qui avait
plaidé si respectueusement avec
Nébucadnetzar n'eut que des paroles de
sévère condamnation pour le sensuel
et inintelligent jeune roi que fut son petit-fils.
Ce mauvais règne se termine brusquement.
« Cette nuit-là, Belschatsar, roi
des Chaldéens, fut tué » -
il ne nous est pas dit comment, - « et
Darius le Mède s'empara du
royaume. »
L'armée Médo-Perse,
vraisemblablement, prit la ville sans combat, et,
sans doute, Darius reçut le royaume de Cyrus
comme vice-roi d'une partie du pays conquis.
L'identité de ce Darius est encore, dans une
certaine mesure, une énigme pour les
historiens, mais il en était de même
pour celle de Belschatsar, jusqu'à une
époque récente. « Car
l'Histoire atteste que le dernier roi de Babylone
fut Nabonide ; qu'il était absent de la
capitale lorsque Cyrus y entra et qu'il
vécut bien des années encore
après la conquête perse. La
contradiction entre l'Histoire et la Bible
était donc évidente. Mais les inscriptions que
l'on a
dernièrement déchiffrées ont
amené à la lumière le fait que
Belschatsar était le fils aîné
et l'héritier de Nabonide, qu'il
était régent à Babylone
pendant l'absence de son père, et qu'il fut
tué la nuit où l'armée perse
entra dans la ville. » (Sir R.
Anderson).
Chapitre
6. La puissance divine se
montre ici en délivrant Daniel de la fosse
aux lions, lorsque sa conduite impeccable lui a
fait des ennemis et que leurs intrigues contre lui
ont réussi.
MANIFESTATION DE PUISSANCE. - Le temps
de la captivité de Babylone fut l'occasion
spéciale pour Dieu de montrer son pouvoir.
Lorsque son peuple était esclave en
Égypte, Il avait fait des merveilles en sa
faveur par la main de Moïse, montrant ainsi
à son peuple et à la grande nation
égyptienne qu'Il est le Seigneur universel.
Et maintenant, son peuple étant de nouveau
captif, Il manifeste de nouveau sa toute-puissance
au point que les plus grands empereurs du monde
furent amenés à Le reconnaître
comme le Dieu Vivant, le Très-Haut, le Roi
du Ciel dont la domination est éternelle. Au
centre même de cette puissance païenne,
Jéhova visite Ses exilés par le
miracle et la prophétie, et les console par
des aperçus de leur avenir. « La
prophétie réalisée est le
miracle accompli dans la plus haute sphère,
celle de l'esprit. C'est la preuve, toujours plus
évidente, de la prescience divine chez les
auteurs des Saintes Écritures. »
(H. Grattan Guinness).
Cette révélation de
l'avenir devenait une confirmation de plus pour le
peuple de Dieu, à mesure qu'il la voyait se
réaliser graduellement sous ses yeux. Mais
combien plus elle l'est pour notre foi, à
nous, qui pouvons regarder en arrière et
voir le vaste champ des révélations
déjà réalisées dans
l'histoire du monde ! Dieu sanctionna
spécialement la prophétie accomplie
comme le sceau de la vérité de sa
parole
(Jérémie
28. 9 ; 2
Pierre 1 : 19, 21).
DOMINATION UNIVERSELLE. - La
première révélation
donnée dans ce livre se présente dans
la partie historique ; c'est la statue
à la tête d'or, à la poitrine
et aux bras d'argent, au ventre et aux cuisses
d'airain, aux jambes et aux pieds de fer et
d'argile ; cette statue est finalement
renversée et mise en pièces par une
petite pierre qui se détache sans le secours
d'aucune main ; et cette pierre devint une
grande montagne qui remplit toute la terre.
Aucune ingéniosité humaine
n'aurait pu deviner l'interprétation de ce
songe. La statue symbolise les royaumes du monde,
dans leur succession historique. Dieu fait
connaître à Nébucadnetzar
« ce qui doit arriver après
lui », le futur et glorieux Royaume du
Christ. Il lui révèle d'abord la
domination païenne : quatre grands
empires universels, et seulement quatre, devaient
se succéder depuis celui de Chaldée
jusqu'à la fin des temps. Le premier
était l'empire Babylonien avec
Nébucadnetzar à sa tête :
« Tu es la tête d'or ».
Le don de l'empire lui fut fait par Dieu
Lui-même. (Versets 37,
38 ; Jér.
27 : 5-7).
La poitrine et les bras d'argent
représentent l'empire Médo-Perse qui
renversa l'empire Chaldéen, et devint son
successeur dans le gouvernement du monde. L'airain
ou plutôt le cuivre, est l'empire Grec, qui
renversa celui de Perse. D'après le livre
même de Daniel, nous apprenons quels sont ces
quatre grands royaumes. Le chapitre 2,
verset 38, nous montre que la
tête d'or est Babylone. Dans le septième
chapitre, verset 20,
nous voyons que l'empire Médo-Perse devait
succéder à celui de Chaldée.
Et le huitième,
verset 21,
déclare que l'empire Grec suivra l'empire
des Perses, tandis que le neuvième,
verset 26, indique
clairement Rome comme devant être le
quatrième empire. Ensuite, le pouvoir est
divisé.
Dans la pierre détachée
sans le secours d'aucune main, nous voyons le
royaume de Christ, royaume qui ne sera jamais
détruit,
qui mettra en pièces tous les autres
gouvernements, et demeurera toujours.
LES QUATRE BÊTES. - Chapitre
7. Dans la vision où
Daniel contemple les quatre bêtes, nous avons
ces quatre royaumes sous un autre symbole. Dans la
grande statue du songe de Nébucadnetzar
apparaît la magnificence de ces royaumes au
point de vue humain. Dans la vision de Daniel, ce
sont les mêmes puissances terrestres, mais au
point de vue de Dieu ; Daniel les voit sous
l'aspect d'un groupe de bêtes sauvages et
féroces. La première, Babylone,
était comme un lion, avec des ailes d'aigle.
Jérémie avait comparé
Nébucadnetzar au lion et à l'aigle.
(Jérémie
49 : 19,
22). La Perse est représentée par
l'ours cruel, l'animal qui s'acharne à tuer
pour le plaisir ; la bête à la
tête lourde, qui symbolise bien les pesantes
armées perses. La troisième est le
léopard ou la panthère, animal plus
insatiable que n'importe quel autre fauve,
doué d'une agilité telle qu'aucune
proie ne peut lui échapper ; il est
présenté plus loin avec quatre ailes.
Nous voyons ici la marche conquérante et
rapide des armées d'Alexandre et son
insatiable ambition. En treize courtes
années, il eut soumis le monde.
La quatrième bête
était « extrêmement
terrible, avec des dents de fer et des ongles
d'airain ». C'est l'Empire
romain.
LE FILS DE DIEU. - Avec la fin de la
vision des quatre animaux, nous avons une autre
révélation du Christ en Daniel. Nous
voyons sur le trône de Dieu, l'Ancien des
Jours assis en jugement, et les livres ouverts. Et
là, à la droite de Dieu le
Père, Daniel voit Dieu le Fils.
« Quelqu'un de semblable à un Fils
de l'homme arrive sur les nuées du
ciel », et la domination éternelle
et la gloire lui sont données. Nous voyons,
traduit par des actes, ce qui n'est encore qu'en
paroles dans le Psaume de David
que Jésus cite comme se rapportant à
Lui-même : « Le Seigneur a dit
à mon Seigneur : Assieds-toi à
ma droite, jusqu'à ce que j'aie fait de tes
ennemis le marchepied de tes pieds ».
(Ps.
110).
Lorsque le Souverain Sacrificateur dit
à notre Seigneur : « Je
t'adjure, par le Dieu vivant, de me dire si tu es
le Christ, le Fils de Dieu »,
Jésus lui répondit :
« Tu l'as dit ; de plus, je vous le
déclare, vous verrez désormais le
Fils de l'Homme assis à la droite de la
puissance de Dieu et venant sur les nuées du
ciel ».
Alors, le grand prêtre
déchira ses vêtements, disant
« Il a
blasphémé ». Notre Sauveur
s'appliqua à Lui-même les paroles de
Daniel, et le grand prêtre,
immédiatement, reconnut en elles
l'affirmation de Sa divinité.
Chapitre
8. Nous avons ensuite la
vision du bélier et du bouc,
c'est-à-dire l'empire Médo-Perse
renversé par l'empire Grec. Elle contient la
prophétie du partage de ce dernier, à
la mort d'Alexandre, entre ses quatre
généraux. Daniel eut cette vision
à Suze, capitale de la Perse, où,
soixante-dix ans plus tard, les
événements rapportés dans le
livre d'Esther se déroulèrent
LES 70 SEMAINES. - Chapitre
9. Ce chapitre contient,
comme nous l'avons déjà vu, la
découverte que fit Daniel, d'après la
prophétie de Jérémie, que la
Captivité approchait de sa fin. Ceci montre
la grande importance de l'étude des
Saintes-Écritures ; et le
onzième verset de ce chapitre contient un
témoignage tout à la fois à
l'antiquité et à
l'authenticité mosaïque du Pentateuque.
La prière de Daniel fut suivie par la vision
des 70 semaines. L'ange Gabriel dit à Daniel
« que 70 semaines sont
déterminées, ou mesurées, pour
son peuple et la cité
sainte » ; pendant cette
période, Dieu accomplira toute son oeuvre,
promise et prédite tout au travers de
l'Écriture.
Le mot « semaine »
est retenu, parce qu'il n'existe pas de mot
anglais (ou
français) qui exprime exactement
l'idée de l'original. C'est 70 fois 7
ans : 490 ans en tout. C'était une
façon de calculer familière aux Juifs
depuis les temps les plus anciens.
Les 70 semaines sont divisées en
trois groupes : sept semaines, puis
soixante-deux semaines, puis une semaine. Les
soixante-dix semaines commencèrent avec
l'Édit d'Artaxerxès qui ordonnait de
rebâtir les murs de Jérusalem, dans le
mois juif de Nisan de l'année 445 avant
Jésus-Christ. Le langage du prophète
est clair : « Depuis le moment
où la parole a annoncé que
Jérusalem sera rebâtie jusqu'à
celui où un chef (1) sera oint, il
y a sept
semaines et
soixante-deux semaines ».
(Daniel
9 : 25).
Sir Robert Anderson, aidé de
calculs, astronomiques fournis par l'astronome
royal Sir G. B. Airy, a trouvé que cet
intervalle (173.880 jours, ou sept fois 60
années prophétiques de 360 jours)
nous amène exactement au jour de
l'entrée triomphale de Christ dans
Jérusalem, apogée de son
ministère, lorsque la prophétie de
Zacharie s'accomplit : « Voici, ton
Roi vient à toi », et que sonna
l'heure du choix irrévocable de Sion. Cela
rend plus claires les paroles de notre Seigneur
Jésus-Christ : « Si tu avais
connu, au moins en ce jour, les choses qui
regardent ta paix ; mais maintenant, elles
sont cachées à tes yeux ».
La prophétie continue : « Et
après les soixante-deux semaines, un Oint
sera retranché, et il n'aura pas de
successeur ».
Alors suit la prophétie de la
destruction de Jérusalem. En l'an 70 de
notre ère, les aigles romaines s'abattirent
sur la ville sainte et la détruisirent ainsi
que le temple.
Mais la prophétie continue et se
rapporte ensuite à une époque encore
à venir. La dernière semaine est
détachée des autres soixante-neuf et
demeure isolée. Il y a un intervalle
considérable entre la
soixante-neuvième et la
soixante-dixième. La mort de Christ
interrompit la chaîne des semaines ;
elle brisa le lien qui existait encore entre Dieu
et le peuple élu.
Les versets 24
à 27 s'appliquent
clairement à la manifestation de
Jésus-Christ pour accomplir toute justice et
faire l'expiation complète des
péchés de son peuple (comparez 1
Jean 3 : 8 et 2
Corinthiens 5 : 19).
« LE TEMPS DE LA
FIN ». - Les trois derniers chapitres
de Daniel contiennent une seule vision. Le chapitre
10 révèle l'influence des êtres
surnaturels sur les affaires terrestres. Les chapitres
11 et 12 traitent du
« Temps de la fin » et de
l'apparition de l'Antichrist. Daniel, Paul Jean
(2
Thess. 2 ; Apoc.
19) prédisent les
scènes et les événements de
haute importance qui doivent se dérouler au
cours de cette époque, appelée aussi
« le Jour du Seigneur ». Ils
déclarent, à plusieurs reprises, que
le grand adversaire sera détruit par la
venue de Jésus-Christ Lui-même. Le
témoignage de notre Sauveur est identique au
leur
(Matthieu
24 et 25 ; Marc
13 et Luc
21). Le Seigneur Jésus
cite les paroles de Daniel concernant l'abolition
des sacrifices quotidiens, et
l'établissement de l'
« abomination de la
désolation ».
RÉSURRECTION. - Le chapitre 12
(versets
1 et 2) prédit une
époque de détresse sans
précédent. Jésus en parle
également dans Matthieu
24 : 21. C'est
« la grande tribulation ». Ici
la résurrection des morts est plus
clairement annoncée que dans n'importe quel
autre endroit de l'Ancien Testament :
« Plusieurs de ceux qui dorment dans la
poussière de la terre se
réveilleront, les uns pour la vie
éternelle, et les autres pour l'opprobre, pour la
honte
éternelle ». La joie future de
ceux qui auront « enseigné la
justice à la multitude » est
révélée.
La vision se termine par une parole de
consolation personnelle au fidèle
prophète : « Et toi, marche
vers ta fin ; tu te reposeras, et tu seras
debout pour ton héritage jusqu'à
là fin de tes jours ».
AUTHENTICITÉ. - Il est naturel
qu'un livre qui contient des prophéties si
précieuses soit attaqué.
« Le livre de Daniel est
particulièrement adapté à
être un champ de bataille entre la foi et
l'incrédulité. Il n'admet pas de
moyen terme. Ou bien il est divin, ou bien il n'est
que l'oeuvre d'un imposteur. » C'est par
ces paroles que le Dr Pusey commence son
remarquable ouvrage sur Daniel. Il montre que
d'écrire un livre quelconque sous le nom
d'un autre, en le faisant passer pour sien, c'est,
pour tout homme, commettre un faux. Mais dans ce
cas-ci, si l'auteur n'était pas Daniel, le
livre ne serait qu'un long mensonge au nom de
Dieu ; car, comme nous l'avons vu, il rapporte
tout à Dieu.
Il n'est guère possible
d'apporter ici toutes les preuves existant de
l'authenticité du livre.
(2)
1. TÉMOIGNAGE DE DANIEL. Le livre
atteste que Daniel en est l'auteur
(8 :
1, 2, etc., etc.).
2. TÉMOIGNAGE D'EZÉCHIEL.
Ezéchiel affirme l'existence et la
personnalité de Daniel
(14 :
14, 20 ;
28 :
3).
3. TÉMOIGNAGE DES MONUMENTS. Les
découvertes faites sur les anciens monuments
attestent avec une clarté toujours
croissante, à mesure qu'on peut en
déchiffrer les inscriptions, l'absolue
confiance que l'on peut avoir dans le récit de
Daniel.
La couleur locale, prise sur le vif, n'aurait pu
être inventée par un imposteur de
Palestine à une époque plus
récente.
Les inscriptions montrent qu'il existait
une école rattachée à la cour
royale de Babylone, où les jeunes gens, y
compris les princes captifs, étaient
instruits dans les sciences chaldéennes, qui
embrassaient un grand nombre de sujets.
Les monuments prouvent, directement ou
indirectement, que chacune des classes dans
lesquelles Daniel divise les sages de Babylone,
existait réellement ; de même
pour les objets de toilette portés par ses
compagnons, les nobles du pays aux jours de grandes
fêtes.
La fournaise ardente, la fosse aux
lions, étaient des châtiments bien
connus à Babylone.
Dans les plaines de Dura existe encore
aujourd'hui un remblai rectiligne, d'environ vingt
pieds de haut, un carré exact d'environ
quarante-six pieds à la base, ressemblant au
piédestal d'une colossale statue. Tout porte
à croire que la statue d'or de
Nébucadnetzar reposa sur ce socle.
La fière et impérieuse
personnalité de Nébucadnetzar s'est
imprimée sur nos imaginations depuis
l'enfance. Les inscriptions des monuments
confirment abondamment ce caractère.
« Pour étonner l'humanité,
j'ai reconstruit et renouvelé la merveille
de Borsippa, le temple des sept sphères du
monde. »
Les Arabes utilisent encore les ruines
de Babylone comme une grande carrière et en
emportent les briques. Neuf sur dix de ces briques
portent le nom de Nébuchadnetzar,
silencieuse preuve de la vérité de
l'exclamation : « N'est-ce pas
là la grande Babylone que j'ai
construite ? »
4. TÉMOIGNAGE DE LA LANGUE. Une
autre preuve de la date du livre est la langue dans
laquelle il est écrit. Du chapitre 2, verset
4, à la fin du chapitre 7, il est en
araméen ou syriaque, langue commune aux
nations païennes, langue du commerce et de la
diplomatie dans le monde entier d'alors. Le reste
est en hébreu. Ce qui est araméen a
rapport à la suprématie des
païens sur Israël. L'emploi de cette
langue signifie que Dieu avait, pour un temps, mis
le Juif de côté. Pendant la
Captivité, juste à l'époque
où Daniel écrivait, les deux langues,
araméenne et hébraïque,
étaient comprises par le peuple juif et il
était capable de suivre le livre tout
entier. Les Juifs ne comprenaient pas
l'araméen sous le règne
d'Ézéchias
(2 Rois
18 : 26) et ils avaient
cessé, comme nation, de comprendre
l'hébreu au temps d'Esdras, car lorsque
celui-ci leur lut la Loi, il dut en donner le sens
ou en traduire le texte à mesure qu'il
lisait. Si le livre de Daniel avait
été écrit, comme on le
prétend, à l'époque
d'Antiochus Épiphane, ou
immédiatement avant, afin de consoler les
Juifs dans la persécution, est-il
vraisemblable que l'auteur eût exprimé
ses consolations en une langue que les lecteurs ne
pouvaient pas comprendre ?
On prétend que la présence
de certains mots grecs dans le livre de Daniel
semble indiquer une date postérieure aux
conquêtes d'Alexandre. La plupart de ces
soi-disant mots grecs sont, après examen,
des mots réellement araméens, et leur
nombre réel est réduit à deux,
qui désignent des instruments de musique.
Les découvertes modernes ont
révélé qu'il se faisait alors
un échange universel de pensées et
qu'il existait des relations commerciales entre les
plus anciennes nations de la terre. Ces relations
étaient très actives entre la
Grèce et Babylone, environ un siècle
avant le temps de Daniel. La harpe à sept cordes
fut inventée
par Terpandre, poète et musicien qui vivait
650 ans avant Jésus-Christ. Cette harpe fut
apportée à Babylone 25 ans
après cette date, car nous en trouvons
l'image sculptée sur les monuments. Son nom,
kitharis, est un des deux mots grecs qui restent
dans Daniel !
TÉMOIGNAGE DE CHRIST. - Il reste
encore une preuve qui ne peut guère
être mise sur le même rang que les
autres, car elle les dépasse toutes :
c'est le témoignage de notre Seigneur
Lui-même. Il cite ce livre, comme on le voit
dans Matthieu
24 : 14, 15, 30 ;
Luc 21 :
24 ; et
de nouveau, dans Matthieu
26 : 63, 64, où
Il applique la prophétie de Daniel au sujet
du Fils de l'Homme venant sur les nuées du
ciel, à son caractère de Messie et
à sa Divinité. Il parle
expressément du « prophète
Daniel » par son nom et ajoute
« que celui qui lit
comprenne ». - C'est un fait remarquable
que notre Sauveur recommande ainsi à notre
méditation le livre de Daniel et aussi celui
de l'Apocalypse, tous deux pleins de
prophéties non encore accomplies, tous deux
fort difficiles à comprendre. Et
l'Apocalypse, le plus difficile de tous, commence
par une bénédiction sur celui qui lit
et sur ceux qui écoutent et qui gardent la
parole du témoignage de
Jésus-Christ ; il se termine par un
solennel avertissement à ceux qui ajouteront
ou retrancheront certaines paroles de la
prophétie de ce livre.
(Apoc.
1 : 1-3 ; 22:
16, 18, 19).
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