Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

V. CHRIST DANS LES PROPHÈTES

VI. DANIEL

-------

L'omnipotence de Dieu se manifeste autant dans le fait qu'Il garde Daniel pur, loyal et fidèle, au milieu d'une cour païenne et corrompue, que dans les délivrances extérieures qu'Il accorda à son serviteur et dont ce livre nous donne le récit.

Transporté en captivité lorsqu'il était jeune homme, Daniel se trouva dans une situation extrêmement difficile, par suite de circonstances indépendantes de sa volonté. Nous apprenons par son histoire qu'il n'est pas de position, si hérissée de tentations qu'elle soit, où le Seigneur ne soit capable de nous préserver de chute, si toutefois nous ne nous y sommes pas placés volontairement.

Le caractère de Daniel est admirable dans sa simplicité. Il se montre toujours conséquent avec ses principes, attribuant loyalement à Dieu chaque succès, chaque degré d'élévation auquel il est parvenu, chaque délivrance dont il est l'objet.

Premier ministre du plus grand empire du monde, principal conseiller du grand monarque, usant de son influence pour protéger son propre peuple, il ne se met jamais en avant, ni ne parle de ses bonnes actions, sauf pour en tirer des exemples de la puissance de Dieu. Dès le premier tableau qui nous est tracé de lui, comme jeune rejeton de la race royale, nous le voyons refusant de se souiller par les mets servis à la table du roi païen (sans doute parce qu'ils étaient consacrés aux idoles) et entraînant ses compagnons par son influence ; depuis ce moment jusqu'à sa vieillesse, aux derniers jours de la captivité, nous trouvons en lui une invariable fidélité. Même ses ennemis confessent qu'ils ne trouvent en lui aucune faute ni aucune raison de l'accuser, excepté la stricte observation de la loi de son Dieu.

UN HOMME BIEN-AIMÉ.
- Daniel était très aimé. Nous lisons que Dieu « lui fit trouver faveur et grâce » auprès du chef des eunuques Aschpenaz. Le fier et despotique, Nébucadnetzar semble avoir eu une réelle affection pour Daniel, qu'il honora pendant tout son règne. L'amitié que Darius ressentait pour lui était sans feinte. Lorsque ce roi s'aperçut du piège dans lequel il était tombé, « il fut très affligé et prit à coeur de délivrer Daniel ». Nous pouvons bien supposer que le grand âge de Daniel rendit plus aigus les remords de Darius au sujet de la sentence qu'on l'obligeait à prononcer contre lui. Il est certain que le vénérable prophète et homme d'État exerça sur Cyrus une influence considérable, et que très probablement Daniel fit remarquer à Cyrus la prophétie d'Esaïe qui le concernait, laquelle le conduisit à rendre le décret ordonnant la reconstruction du Temple de Jérusalem.

Mais, mieux encore, Daniel fut le « bien-aimé de Dieu ». Trois fois ceci nous est répété. C'était un homme de prière, comme nous le voyons en diverses occasions. L'interprétation du songe de Nébucadnetzar lui fut donnée en réponse à ses prières, jointes à celle de ses compagnons, et il ne manqua pas de reconnaître publiquement le fait. Plus tard, malgré le décret de Darius, il continua tranquillement à prier son Dieu, ses fenêtres ouvertes du côté de Jérusalem, « comme il le faisait auparavant ». Plus tard encore, convaincu de la vérité de la prophétie de Jérémie quant à la restauration de son peuple, il s'appliqua à rechercher l'Éternel ; et dans le jeûne et la prière du chapitre 10, il fait une confession entière au nom de son peuple. De nouveau encore, dans la troisième année de Cyrus, après trois jours de jeûnes et de prières (10 : 1, 2), une autre vision de l'avenir lui est accordée. Nous avons, dans ce récit, un rapide et lumineux coup d'oeil dans le mystère des exaucements différés. Combien peu nous nous rendons compte des forces invisibles des ténèbres oui sont dressées contre nous ! Cette pensée devrait nous conduire à prier avec plus de ferveur. Nous ne pouvons pas comprendre le mystère de la prière ; mais nous avons la promesse de Dieu et nous savons, par expérience, qu'Il entend et exauce, et cela nous suffit.

LE CONTRASTE DES DEUX PUISSANCES.
- Le grand but du livre de Daniel est de manifester la puissance de Dieu en contraste avec celle du monde. Cette idée apparaît dans les deux parties qui forment ce recueil. Les six premiers chapitres sont surtout une narration ; les six derniers, surtout une Révélation.

Chapitre 1. La puissance de Dieu est démontrée, comme nous l'avons déjà vu, dans le caractère de Daniel et de ses trois compagnons, et dans la sagesse et l'intelligence que Dieu leur donna, au-dessus de tous les sages de Babylone. Tous leurs noms, auparavant, étaient commémoratifs du vrai Dieu. Le changement de noms, qui leur fut imposé, et bien que, dans deux cas, ces noms au moins fussent ceux d'une idole, ne modifièrent pas leurs coeurs. Ils furent instruits dans toutes les sciences chaldéennes comme Moïse avait été instruit dans celles du plus grand pays de son temps.

Chapitre 2. La puissance de Dieu est montrée dans la révélation qu'Il fait à Daniel du songe de Nébucadnetzar, resté inexplicable pour tous les sages de Babylone.

Chapitre 3. Elle se prouve ici dans la délivrance des trois compagnons de Daniel de la fournaise ardente, lorsqu'ils refusèrent d'adorer la statue d'or. Il n'était pas rare alors que les souverains de vastes empires exigeassent pour eux-mêmes les honneurs dus à la Divinité ; et c'est sans doute cette idée qui avait conduit Nébucadnetzar à ériger cette énorme statue d'or qui le représentait, probablement, lui-même, et à envoyer dans tout le royaume des ordres pour qu'on vint l'adorer. L'histoire ne présente pas de plus beau tableau que celui de ces trois jeunes hommes, debout, seuls devant toute une nation, avec la foi tranquille que Dieu les délivrera, et ajoutant, toutefois : « sinon, sache, ô roi, que nous n'adorerons pas la statue que tu as élevée ». D'après sa promesse (Esaïe 43 : 2) l'Éternel fut avec eux dans le feu, « et la figure du Quatrième ressemblait à un Fils de Dieu ». Nous avons ici le premier aperçu du Christ dans ce livre ; et Il est encore avec les siens lorsqu'ils traversent le feu ; plus d'un saint a fait l'expérience, comme les trois jeunes Hébreux, que seuls les liens ont été consumés. « Je vois quatre hommes sans liens, qui marchent au milieu du feu et qui n'ont point de mal. »

Chapitre 4. Encore une fois, nous voyons la puissance de Dieu dans sa manière d'agir avec Nébucadnetzar. D'abord, Il l'avertit dans un songe de la folie qui le menace ; puis Il révèle à Daniel l'interprétation de ce songe. La considération respectueuse qu'éprouve Daniel pour le monarque se trahit dans sa répugnance à lui donner l'explication demandée : « Daniel resta un moment stupéfait, et ses pensées le troublèrent ». Le roi dût l'encourager à parler, ce qu'il fit avec un mélange de tendresse et de hardiesse en l'exhortant à la repentance. Les douze mois écoulés, comme l'orgueilleux souverain se vantait de son pouvoir sur le toit de son magnifique palais, Dieu le frappa ; Nébucadnetzar fut chassé du milieu des hommes et eut sa demeure avec les bêtes des champs. Alors, il se repentit, et Dieu, selon sa promesse, le rétablit dans son royaume et sa puissance. Le chapitre tout entier est d'un intérêt spécial, étant non pas un récit de Daniel, mais un rapport officiel promulgué par Nébucadnetzar.

Chapitre 5. Ici encore, la puissance de Dieu est manifestée par la main qui écrit sur la muraille, et dans le fait que le sacrilège de Belschatsar reçut sa rétribution de la part de Dieu Lui-même. Le prophète qui avait plaidé si respectueusement avec Nébucadnetzar n'eut que des paroles de sévère condamnation pour le sensuel et inintelligent jeune roi que fut son petit-fils. Ce mauvais règne se termine brusquement. « Cette nuit-là, Belschatsar, roi des Chaldéens, fut tué » - il ne nous est pas dit comment, - « et Darius le Mède s'empara du royaume. »

L'armée Médo-Perse, vraisemblablement, prit la ville sans combat, et, sans doute, Darius reçut le royaume de Cyrus comme vice-roi d'une partie du pays conquis. L'identité de ce Darius est encore, dans une certaine mesure, une énigme pour les historiens, mais il en était de même pour celle de Belschatsar, jusqu'à une époque récente. « Car l'Histoire atteste que le dernier roi de Babylone fut Nabonide ; qu'il était absent de la capitale lorsque Cyrus y entra et qu'il vécut bien des années encore après la conquête perse. La contradiction entre l'Histoire et la Bible était donc évidente. Mais les inscriptions que l'on a dernièrement déchiffrées ont amené à la lumière le fait que Belschatsar était le fils aîné et l'héritier de Nabonide, qu'il était régent à Babylone pendant l'absence de son père, et qu'il fut tué la nuit où l'armée perse entra dans la ville. » (Sir R. Anderson).

Chapitre 6. La puissance divine se montre ici en délivrant Daniel de la fosse aux lions, lorsque sa conduite impeccable lui a fait des ennemis et que leurs intrigues contre lui ont réussi.

MANIFESTATION DE PUISSANCE.
- Le temps de la captivité de Babylone fut l'occasion spéciale pour Dieu de montrer son pouvoir. Lorsque son peuple était esclave en Égypte, Il avait fait des merveilles en sa faveur par la main de Moïse, montrant ainsi à son peuple et à la grande nation égyptienne qu'Il est le Seigneur universel. Et maintenant, son peuple étant de nouveau captif, Il manifeste de nouveau sa toute-puissance au point que les plus grands empereurs du monde furent amenés à Le reconnaître comme le Dieu Vivant, le Très-Haut, le Roi du Ciel dont la domination est éternelle. Au centre même de cette puissance païenne, Jéhova visite Ses exilés par le miracle et la prophétie, et les console par des aperçus de leur avenir. « La prophétie réalisée est le miracle accompli dans la plus haute sphère, celle de l'esprit. C'est la preuve, toujours plus évidente, de la prescience divine chez les auteurs des Saintes Écritures. » (H. Grattan Guinness).

Cette révélation de l'avenir devenait une confirmation de plus pour le peuple de Dieu, à mesure qu'il la voyait se réaliser graduellement sous ses yeux. Mais combien plus elle l'est pour notre foi, à nous, qui pouvons regarder en arrière et voir le vaste champ des révélations déjà réalisées dans l'histoire du monde ! Dieu sanctionna spécialement la prophétie accomplie comme le sceau de la vérité de sa parole (Jérémie 28. 9 ; 2 Pierre 1 : 19, 21).

DOMINATION UNIVERSELLE.
- La première révélation donnée dans ce livre se présente dans la partie historique ; c'est la statue à la tête d'or, à la poitrine et aux bras d'argent, au ventre et aux cuisses d'airain, aux jambes et aux pieds de fer et d'argile ; cette statue est finalement renversée et mise en pièces par une petite pierre qui se détache sans le secours d'aucune main ; et cette pierre devint une grande montagne qui remplit toute la terre.

Aucune ingéniosité humaine n'aurait pu deviner l'interprétation de ce songe. La statue symbolise les royaumes du monde, dans leur succession historique. Dieu fait connaître à Nébucadnetzar « ce qui doit arriver après lui », le futur et glorieux Royaume du Christ. Il lui révèle d'abord la domination païenne : quatre grands empires universels, et seulement quatre, devaient se succéder depuis celui de Chaldée jusqu'à la fin des temps. Le premier était l'empire Babylonien avec Nébucadnetzar à sa tête : « Tu es la tête d'or ». Le don de l'empire lui fut fait par Dieu Lui-même. (Versets 37, 38 ; Jér. 27 : 5-7).

La poitrine et les bras d'argent représentent l'empire Médo-Perse qui renversa l'empire Chaldéen, et devint son successeur dans le gouvernement du monde. L'airain ou plutôt le cuivre, est l'empire Grec, qui renversa celui de Perse. D'après le livre même de Daniel, nous apprenons quels sont ces quatre grands royaumes. Le chapitre 2, verset 38, nous montre que la tête d'or est Babylone. Dans le septième chapitre, verset 20, nous voyons que l'empire Médo-Perse devait succéder à celui de Chaldée. Et le huitième, verset 21, déclare que l'empire Grec suivra l'empire des Perses, tandis que le neuvième, verset 26, indique clairement Rome comme devant être le quatrième empire. Ensuite, le pouvoir est divisé.

Dans la pierre détachée sans le secours d'aucune main, nous voyons le royaume de Christ, royaume qui ne sera jamais détruit, qui mettra en pièces tous les autres gouvernements, et demeurera toujours.

LES QUATRE BÊTES.
- Chapitre 7. Dans la vision où Daniel contemple les quatre bêtes, nous avons ces quatre royaumes sous un autre symbole. Dans la grande statue du songe de Nébucadnetzar apparaît la magnificence de ces royaumes au point de vue humain. Dans la vision de Daniel, ce sont les mêmes puissances terrestres, mais au point de vue de Dieu ; Daniel les voit sous l'aspect d'un groupe de bêtes sauvages et féroces. La première, Babylone, était comme un lion, avec des ailes d'aigle. Jérémie avait comparé Nébucadnetzar au lion et à l'aigle. (Jérémie 49 : 19, 22). La Perse est représentée par l'ours cruel, l'animal qui s'acharne à tuer pour le plaisir ; la bête à la tête lourde, qui symbolise bien les pesantes armées perses. La troisième est le léopard ou la panthère, animal plus insatiable que n'importe quel autre fauve, doué d'une agilité telle qu'aucune proie ne peut lui échapper ; il est présenté plus loin avec quatre ailes. Nous voyons ici la marche conquérante et rapide des armées d'Alexandre et son insatiable ambition. En treize courtes années, il eut soumis le monde.
La quatrième bête était « extrêmement terrible, avec des dents de fer et des ongles d'airain ». C'est l'Empire romain.

LE FILS DE DIEU.
- Avec la fin de la vision des quatre animaux, nous avons une autre révélation du Christ en Daniel. Nous voyons sur le trône de Dieu, l'Ancien des Jours assis en jugement, et les livres ouverts. Et là, à la droite de Dieu le Père, Daniel voit Dieu le Fils. « Quelqu'un de semblable à un Fils de l'homme arrive sur les nuées du ciel », et la domination éternelle et la gloire lui sont données. Nous voyons, traduit par des actes, ce qui n'est encore qu'en paroles dans le Psaume de David que Jésus cite comme se rapportant à Lui-même : « Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que j'aie fait de tes ennemis le marchepied de tes pieds ». (Ps. 110).

Lorsque le Souverain Sacrificateur dit à notre Seigneur : « Je t'adjure, par le Dieu vivant, de me dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu », Jésus lui répondit : « Tu l'as dit ; de plus, je vous le déclare, vous verrez désormais le Fils de l'Homme assis à la droite de la puissance de Dieu et venant sur les nuées du ciel ».

Alors, le grand prêtre déchira ses vêtements, disant « Il a blasphémé ». Notre Sauveur s'appliqua à Lui-même les paroles de Daniel, et le grand prêtre, immédiatement, reconnut en elles l'affirmation de Sa divinité.

Chapitre 8. Nous avons ensuite la vision du bélier et du bouc, c'est-à-dire l'empire Médo-Perse renversé par l'empire Grec. Elle contient la prophétie du partage de ce dernier, à la mort d'Alexandre, entre ses quatre généraux. Daniel eut cette vision à Suze, capitale de la Perse, où, soixante-dix ans plus tard, les événements rapportés dans le livre d'Esther se déroulèrent

LES 70 SEMAINES.
- Chapitre 9. Ce chapitre contient, comme nous l'avons déjà vu, la découverte que fit Daniel, d'après la prophétie de Jérémie, que la Captivité approchait de sa fin. Ceci montre la grande importance de l'étude des Saintes-Écritures ; et le onzième verset de ce chapitre contient un témoignage tout à la fois à l'antiquité et à l'authenticité mosaïque du Pentateuque. La prière de Daniel fut suivie par la vision des 70 semaines. L'ange Gabriel dit à Daniel « que 70 semaines sont déterminées, ou mesurées, pour son peuple et la cité sainte » ; pendant cette période, Dieu accomplira toute son oeuvre, promise et prédite tout au travers de l'Écriture.

Le mot « semaine » est retenu, parce qu'il n'existe pas de mot anglais (ou français) qui exprime exactement l'idée de l'original. C'est 70 fois 7 ans : 490 ans en tout. C'était une façon de calculer familière aux Juifs depuis les temps les plus anciens.

Les 70 semaines sont divisées en trois groupes : sept semaines, puis soixante-deux semaines, puis une semaine. Les soixante-dix semaines commencèrent avec l'Édit d'Artaxerxès qui ordonnait de rebâtir les murs de Jérusalem, dans le mois juif de Nisan de l'année 445 avant Jésus-Christ. Le langage du prophète est clair : « Depuis le moment où la parole a annoncé que Jérusalem sera rebâtie jusqu'à celui où un chef (1) sera oint, il y a sept semaines et soixante-deux semaines ». (Daniel 9 : 25).

Sir Robert Anderson, aidé de calculs, astronomiques fournis par l'astronome royal Sir G. B. Airy, a trouvé que cet intervalle (173.880 jours, ou sept fois 60 années prophétiques de 360 jours) nous amène exactement au jour de l'entrée triomphale de Christ dans Jérusalem, apogée de son ministère, lorsque la prophétie de Zacharie s'accomplit : « Voici, ton Roi vient à toi », et que sonna l'heure du choix irrévocable de Sion. Cela rend plus claires les paroles de notre Seigneur Jésus-Christ : « Si tu avais connu, au moins en ce jour, les choses qui regardent ta paix ; mais maintenant, elles sont cachées à tes yeux ». La prophétie continue : « Et après les soixante-deux semaines, un Oint sera retranché, et il n'aura pas de successeur ».

Alors suit la prophétie de la destruction de Jérusalem. En l'an 70 de notre ère, les aigles romaines s'abattirent sur la ville sainte et la détruisirent ainsi que le temple.
Mais la prophétie continue et se rapporte ensuite à une époque encore à venir. La dernière semaine est détachée des autres soixante-neuf et demeure isolée. Il y a un intervalle considérable entre la soixante-neuvième et la soixante-dixième. La mort de Christ interrompit la chaîne des semaines ; elle brisa le lien qui existait encore entre Dieu et le peuple élu.

Les versets 24 à 27 s'appliquent clairement à la manifestation de Jésus-Christ pour accomplir toute justice et faire l'expiation complète des péchés de son peuple (comparez 1 Jean 3 : 8 et 2 Corinthiens 5 : 19).

« LE TEMPS DE LA FIN »
. - Les trois derniers chapitres de Daniel contiennent une seule vision. Le chapitre 10 révèle l'influence des êtres surnaturels sur les affaires terrestres. Les chapitres 11 et 12 traitent du « Temps de la fin » et de l'apparition de l'Antichrist. Daniel, Paul Jean (2 Thess. 2 ; Apoc. 19) prédisent les scènes et les événements de haute importance qui doivent se dérouler au cours de cette époque, appelée aussi « le Jour du Seigneur ». Ils déclarent, à plusieurs reprises, que le grand adversaire sera détruit par la venue de Jésus-Christ Lui-même. Le témoignage de notre Sauveur est identique au leur (Matthieu 24 et 25 ; Marc 13 et Luc 21). Le Seigneur Jésus cite les paroles de Daniel concernant l'abolition des sacrifices quotidiens, et l'établissement de l' « abomination de la désolation ».

RÉSURRECTION.
- Le chapitre 12 (versets 1 et 2) prédit une époque de détresse sans précédent. Jésus en parle également dans Matthieu 24 : 21. C'est « la grande tribulation ». Ici la résurrection des morts est plus clairement annoncée que dans n'importe quel autre endroit de l'Ancien Testament : « Plusieurs de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour l'opprobre, pour la honte éternelle ». La joie future de ceux qui auront « enseigné la justice à la multitude » est révélée.

La vision se termine par une parole de consolation personnelle au fidèle prophète : « Et toi, marche vers ta fin ; tu te reposeras, et tu seras debout pour ton héritage jusqu'à là fin de tes jours ».

AUTHENTICITÉ.
- Il est naturel qu'un livre qui contient des prophéties si précieuses soit attaqué. « Le livre de Daniel est particulièrement adapté à être un champ de bataille entre la foi et l'incrédulité. Il n'admet pas de moyen terme. Ou bien il est divin, ou bien il n'est que l'oeuvre d'un imposteur. » C'est par ces paroles que le Dr Pusey commence son remarquable ouvrage sur Daniel. Il montre que d'écrire un livre quelconque sous le nom d'un autre, en le faisant passer pour sien, c'est, pour tout homme, commettre un faux. Mais dans ce cas-ci, si l'auteur n'était pas Daniel, le livre ne serait qu'un long mensonge au nom de Dieu ; car, comme nous l'avons vu, il rapporte tout à Dieu.

Il n'est guère possible d'apporter ici toutes les preuves existant de l'authenticité du livre. (2)

1.
TÉMOIGNAGE DE DANIEL. Le livre atteste que Daniel en est l'auteur (8 : 1, 2, etc., etc.).

2.
TÉMOIGNAGE D'EZÉCHIEL. Ezéchiel affirme l'existence et la personnalité de Daniel (14 : 14, 20 ; 28 : 3).

3.
TÉMOIGNAGE DES MONUMENTS. Les découvertes faites sur les anciens monuments attestent avec une clarté toujours croissante, à mesure qu'on peut en déchiffrer les inscriptions, l'absolue confiance que l'on peut avoir dans le récit de Daniel. La couleur locale, prise sur le vif, n'aurait pu être inventée par un imposteur de Palestine à une époque plus récente.

Les inscriptions montrent qu'il existait une école rattachée à la cour royale de Babylone, où les jeunes gens, y compris les princes captifs, étaient instruits dans les sciences chaldéennes, qui embrassaient un grand nombre de sujets.

Les monuments prouvent, directement ou indirectement, que chacune des classes dans lesquelles Daniel divise les sages de Babylone, existait réellement ; de même pour les objets de toilette portés par ses compagnons, les nobles du pays aux jours de grandes fêtes.

La fournaise ardente, la fosse aux lions, étaient des châtiments bien connus à Babylone.

Dans les plaines de Dura existe encore aujourd'hui un remblai rectiligne, d'environ vingt pieds de haut, un carré exact d'environ quarante-six pieds à la base, ressemblant au piédestal d'une colossale statue. Tout porte à croire que la statue d'or de Nébucadnetzar reposa sur ce socle.

La fière et impérieuse personnalité de Nébucadnetzar s'est imprimée sur nos imaginations depuis l'enfance. Les inscriptions des monuments confirment abondamment ce caractère. « Pour étonner l'humanité, j'ai reconstruit et renouvelé la merveille de Borsippa, le temple des sept sphères du monde. »

Les Arabes utilisent encore les ruines de Babylone comme une grande carrière et en emportent les briques. Neuf sur dix de ces briques portent le nom de Nébuchadnetzar, silencieuse preuve de la vérité de l'exclamation : « N'est-ce pas là la grande Babylone que j'ai construite ? »

4.
TÉMOIGNAGE DE LA LANGUE. Une autre preuve de la date du livre est la langue dans laquelle il est écrit. Du chapitre 2, verset 4, à la fin du chapitre 7, il est en araméen ou syriaque, langue commune aux nations païennes, langue du commerce et de la diplomatie dans le monde entier d'alors. Le reste est en hébreu. Ce qui est araméen a rapport à la suprématie des païens sur Israël. L'emploi de cette langue signifie que Dieu avait, pour un temps, mis le Juif de côté. Pendant la Captivité, juste à l'époque où Daniel écrivait, les deux langues, araméenne et hébraïque, étaient comprises par le peuple juif et il était capable de suivre le livre tout entier. Les Juifs ne comprenaient pas l'araméen sous le règne d'Ézéchias (2 Rois 18 : 26) et ils avaient cessé, comme nation, de comprendre l'hébreu au temps d'Esdras, car lorsque celui-ci leur lut la Loi, il dut en donner le sens ou en traduire le texte à mesure qu'il lisait. Si le livre de Daniel avait été écrit, comme on le prétend, à l'époque d'Antiochus Épiphane, ou immédiatement avant, afin de consoler les Juifs dans la persécution, est-il vraisemblable que l'auteur eût exprimé ses consolations en une langue que les lecteurs ne pouvaient pas comprendre ?

On prétend que la présence de certains mots grecs dans le livre de Daniel semble indiquer une date postérieure aux conquêtes d'Alexandre. La plupart de ces soi-disant mots grecs sont, après examen, des mots réellement araméens, et leur nombre réel est réduit à deux, qui désignent des instruments de musique. Les découvertes modernes ont révélé qu'il se faisait alors un échange universel de pensées et qu'il existait des relations commerciales entre les plus anciennes nations de la terre. Ces relations étaient très actives entre la Grèce et Babylone, environ un siècle avant le temps de Daniel. La harpe à sept cordes fut inventée par Terpandre, poète et musicien qui vivait 650 ans avant Jésus-Christ. Cette harpe fut apportée à Babylone 25 ans après cette date, car nous en trouvons l'image sculptée sur les monuments. Son nom, kitharis, est un des deux mots grecs qui restent dans Daniel !

TÉMOIGNAGE DE CHRIST.
- Il reste encore une preuve qui ne peut guère être mise sur le même rang que les autres, car elle les dépasse toutes : c'est le témoignage de notre Seigneur Lui-même. Il cite ce livre, comme on le voit dans Matthieu 24 : 14, 15, 30 ; Luc 21 : 24 ; et de nouveau, dans Matthieu 26 : 63, 64, où Il applique la prophétie de Daniel au sujet du Fils de l'Homme venant sur les nuées du ciel, à son caractère de Messie et à sa Divinité. Il parle expressément du « prophète Daniel » par son nom et ajoute « que celui qui lit comprenne ». - C'est un fait remarquable que notre Sauveur recommande ainsi à notre méditation le livre de Daniel et aussi celui de l'Apocalypse, tous deux pleins de prophéties non encore accomplies, tous deux fort difficiles à comprendre. Et l'Apocalypse, le plus difficile de tous, commence par une bénédiction sur celui qui lit et sur ceux qui écoutent et qui gardent la parole du témoignage de Jésus-Christ ; il se termine par un solennel avertissement à ceux qui ajouteront ou retrancheront certaines paroles de la prophétie de ce livre. (Apoc. 1 : 1-3 ; 22: 16, 18, 19).


(1) La version anglaise traduit par le Messie-Prince. Nos versions françaises (à côté de celle de Segond citée plus haut) traduisent : Version Synodale par l'Oint, le Conducteur, Darby : Messie le prince (trad.). 

(2) Les plus convaincantes sont exposées dans Lectures on Daniel the Prophet (Discours sur Daniel, le prophète) par le Dr Pusey ; The Coming Prince (le Prince à venir) et Daniel in the Critic's Den, (Daniel dans la fosse aux Critiques) par Sir R. Arderson; The Biblical Guide (Guide biblique) et The Inspiration and Accuracy of the Holy Scriptures (l'Inspiration et l'exactitude des Saintes-Écritures), par J. Urquhart.
Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant