Dieu choisit, pour son oeuvre, des instruments
imprévus. Il fit choix du timide et
tremblant Jérémie pour ce qui
paraissait une mission vouée à
l'insuccès, par ces mots :
« Ne dis
pas : je ne suis qu'un enfant. Car tu iras
vers tous ceux auprès de qui je t'enverrai
et tu diras tout ce que je t'ordonnerai. Ne les
crains point, car je suis avec toi pour te
délivrer ».
(Jér.
1 : 7-9). Et
Jérémie se montra digne de cette
confiance. Quoique son coeur fût brisé
par les dures menaces qu'il eut à prononcer
et par l'entêtement du peuple à les
rejeter ; quoique, souvent, il criât sa
plainte à Dieu et allât même
jusqu'à dire qu'il ne parlerait plus en son
Nom, cependant, nous ne le voyons jamais en dehors
du chemin du devoir. Mis en prison, à
maintes reprises, descendu par des cordes dans une
citerne boueuse - raillé,
méprisé
(20 :
7), « un homme
de dispute et de querelle dans tout le
pays »
(15 :
10), accusé de
trahison envers son peuple
(38 :
4), contredit par les
prophètes
(23 :
28), en face d'un peuple
en colère qui en voulait à sa
vie ; emmené contre son gré, par
ses compagnons, en Égypte
(43 :
1-7) - dans toutes ces
épreuves, Jérémie
persévéra à délivrer
son message avec une fidélité
inébranlable pendant plus de quarante
ans.
Il prophétisa dix-huit ans sous
le règne de Josias ; puis, sous celui
de quatre rois de Juda, jusqu'après la prise
de Jérusalem et la fin du royaume. Il vivait
donc environ cent ans plus tard que le
prophète Esaïe. Il habitait le village
d'Anathoth, à quelques milles au nord de
Jérusalem, et il était prêtre
de naissance. Il est possible, quoique non certain,
que son père, Hilkija, fut le grand
Sacrificateur qui découvrit le Livre de la
Loi dans le Temple, sous le règne de Josias.
En tous cas, cette découverte eut un effet
aussi marqué sur le ministère du
jeune prophète, que sur la conduite du jeune
roi. Sans doute Jérémie fortifia la
décision de Josias dans l'accomplissement de
son oeuvre de réforme et contre l'alliance
égyptienne. Quoique Jérémie
eût beaucoup d'ennemis, Dieu lui donna de
véritables amis, depuis le roi Josias
jusqu'à Ebed-Mélec,
l'Éthiopien qui le délivra de la
prison.
SON COURAGE. - La hardiesse de
Jérémie, en face du danger, est
particulièrement évidente au chap.
26, où le Seigneur
l'envoie délivrer son message dans le parvis
du Temple et l'adjure de n'en pas retrancher un
seul mot. Le peuple et les prêtres devinrent
si furieux qu'ils le saisirent en disant :
« Tu mourras ! ».
« Pour moi », répliqua
le prophète, « je suis entre vos
mains ; traitez-moi comme il vous semblera bon
et juste. Seulement, sachez que si vous me faites
mourir, vous vous chargez du sang innocent, vous,
cette ville et ses habitants ; car
l'Éternel m'a véritablement
envoyé vers vous pour prononcer à vos
oreilles toutes ces paroles ».
TROIS GRANDS ÉVÉNEMENTS. -
Il y a trois grands événements dans
la vie de ce prophète :
1) La bataille de Méguiddo, entre Juda et Pharaon Nécho, où le bon roi Josias fut tué ; il fut profondément regretté par son peuple ; Jérémie composa une Lamentation à son sujet.
2) La bataille de Carkémis, près du même endroit, quatre ans plus tard, sous le règne de Jéhojakim, qui était devenu vassal de l'Égypte. Dans cette bataille, les Égyptiens furent complètement défaits par les forces babyloniennes sous Nébuchadnetzar, et cette défaite fut suivie par la déportation des Juifs à Babylone.
3) Le troisième grand événement fut la prise de Jérusalem par Nébuchadnetzar, la destruction de la ville et du temple, et l'exil de la plus grande partie du reste du peuple à Babylone.
Ce fut dans des temps aussi troublés que.
Jérémie vécut. La vie de la
nation, depuis les jours de Manassé, le
grand-père de Josias, était
extrêmement corrompue. Les réformes de
Josias semblaient n'avoir atteint que la surface
des choses, et cela, même
temporairement ; après sa mort, le
peuple retomba dans les pires formes de
l'idolâtrie et dans toutes sortes
d'injustices. La mission de Jérémie
avait pour but de les ramener
à leur Dieu. Pendant le règne de
Josias il commença à
prophétiser l'épouvantable
calamité qui les menaçait du
côté du nord s'ils ne se repentaient
pas. Le salut de Juda était encore possible,
mais, chaque année, sa culpabilité
devenait plus grave et sa perte plus
certaine.
L'Éternel suscita
Nébuchadnetzar pour exécuter son
jugement sur Juda. Il lui donna un pouvoir
universel et l'appela même « mon
serviteur ». C'était parce que
Dieu avait révélé ceci
à Jérémie que nous le voyons
recommander la soumission à
Nébuchadnetzar, et c'est pour cela que son
peuple l'accusa de trahison. Après la
destruction de Jérusalem,
Jérémie eut à choisir entre
aller à Babylone ou demeurer avec la petite
minorité encore dans le pays. Suivirent les
jours d'obscurité. Jérémie
exhorta le peuple à obéir à la
voix de l'Éternel, à rester dans le
pays, à ne pas fuir en Égypte. Mais
ils refusèrent d'obéir et
emmenèrent de force Jérémie
avec eux en Égypte où, d'après
la tradition, il mourut lapidé.
LA FABRICATION DES BRIQUES EN
ÉGYPTE. - Lorsque Johanan et le chef des
capitaines refusèrent d'obéir
à la voix de l'Éternel par
Jérémie et s'entêtèrent
à aller en Égypte avec le reste de
Juda - hommes, femmes et enfants, y compris les
filles du roi, - ils arrivèrent à
Tachpanès. Sur l'ordre de l'Éternel,
Jérémie prit de grandes pierres et
les cacha dans l'argile du four à briques,
qui était à l'entrée de la
maison de Pharaon, et prophétisa que sur ces
pierres, Nébuchadnetzar placerait un jour
son trône et déploierait son pavillon
royal. Le Dr Flinders Petrie a découvert
« le palais de la fille du
Juif » à Tachpanès. Cette
ville semble avoir été une vieille
forteresse sur la frontière syrienne,
gardant la route d'Égypte et servant
évidemment de refuge continuel aux Juifs.
Devant le fort, on voit une grande plateforme, ou
pavé en briques, pour des travaux
extérieurs tels que le chargement des
marchandises, l'établissement des
tentes, etc., exactement ce qu'on appelle
aujourd'hui une mastaba. Le Dr Petrie dit -
« Jérémie parle de la
« tuilerie » (v. S.) qui est
à l'entrée de la maison de Pharaon
à Tachpanès ; ce passage, qui
est toujours resté inexpliqué et
d'une difficulté insurmontable aux
traducteurs jusqu'ici, est la description exacte de
la mastaba que j'ai trouvée, et c'est bien
là l'endroit le plus vraisemblable où
Nébucadnetsar a pu vouloir planter sa tente
royale, comme le dit
Jérémie ».
(1).
LE COEUR. -
« Jérémie fut, de tous les
prophètes de l'Ancien Testament, le
suprême messager de Dieu au coeur humain. En
temps et hors de temps, toute sa vie il fit le
siège du coeur de ses auditeurs.
« Le remède à toutes vos
famines », leur criait-il,
« à toutes vos pestes, à
toutes vos défaites, à toutes vos
captivités - la cause et le remède de
tout cela est dans votre propre coeur : dans
le coeur de chaque habitant de Jérusalem et
de chaque captif à Babylone ».
(2).
C'est à Jérémie que
fut confiée la tâche ingrate d'essayer
à la onzième heure de ramener le
peuple. Il prophétisa les soixante-dix ans
de servitude des Juifs à Babylone, les
suppliant de se résigner à vivre dans
cette ville et à racheter sa paix. Il
prophétisa avec une égale assurance
la restauration de son peuple et
l'inaltérable amour de Dieu à son
égard. Au moment du siège de
Jérusalem, et du fond de sa prison,
Jérémie, sur l'ordre de
l'Éternel, acheta un champ de son cousin
Hananéel, comme preuve qu'Israël
reviendrait dans sa patrie.
PRÉDICTION. - Les chapitres 1
et 2 font un tableau de l'avenir
de Babylone. Ceux qui nient le miracle de la
prédiction prophétique nient, pour la
même raison, que ces
chapitres aient été écrits par
Jérémie. Ils voient en eux l'oeuvre
d'un disciple du prophète et habitué
à sa phraséologie, oeuvre
écrite, prétendent-ils, peu avant la
chute de Babylone. Pour combattre cette
théorie, nous avons les deux faits
suivants :
1) Même ceux qui nient que Jérémie soit l'auteur, admettent que le style de ces deux chapitres présente tous les caractéristiques du style original de ce prophète.
2) Ces deux chapitres, en particulier, portent une marque authentique, plus personnelle que n'importe quelle autre portion du livre ; le chapitre 50 commence ainsi : « La parole que l'Éternel prononça sur Babylone par Jérémie, le prophète », et le chapitre 51 se termine par ces mots : « Jusqu'ici sont les paroles de Jérémie ». Or, suspecter l'identité de l'auteur, c'est suspecter la valeur morale de ces chapitres.
3) Le fait de placer la prophétie au temps où la prise de Babylone par Cyrus était prévue, n'annule pas le miracle de la prédiction, car un grand nombre des détails qu'elle contient ne s'accomplirent que cinq siècles plus tard. Au moment de la conquête, les murs ne furent pas renversés ; ni le semeur, ni le moissonneur ne furent retranchés de Babylone ; la ville ne fut pas évacuée par sa population ; et la désolation extrême décrite dans ces deux chapitres ne se réalisa pas alors, mais seulement longtemps après, et à la lettre.
SACRIFICES. - Dans Jérémie 7 :
22, 23, nous
lisons :
« Je n'ai point parlé avec vos
pères et je ne leur ai donné aucun
ordre, le jour où je les ai fait sortir du
pays d'Égypte, au sujet des holocaustes et
des sacrifices ; mais voici l'ordre que je
leur ai donné :
« Écoutez ma voix ». Ces
paroles ne sont pas en opposition avec l'histoire,
telle qu'elle nous est rapportée dans le
Pentateuque, ni une preuve, comme quelques-uns le
prétendent, que le « Code
lévitique » n'existait pas aux
jours de Jérémie. Cette phrase est
une façon de parler, dont on trouve de fréquents
exemples dans
l'Ancien et le Nouveau Testament comme les savants
l'ont fait remarquer à maintes reprises.
Cette forme littéraire consiste
grammaticalement en ceci : une
négation, suivie généralement,
quoique pas toujours, par une particule
adversative, le plus souvent la conjonction
« mais », cesse
fréquemment d'être une négation
et devient une forme de comparaison. Par
exemple : « Car j'aime la
piété et non les sacrifices, et la
connaissance de Dieu plus que les
holocaustes ».
(Osée
6 : 6).
« Ce n'est pas vous qui m'avez
envoyé ici, mais Dieu. »
(Genèse
45 : 8). Ces
paroles de Joseph ne contredisent en aucune
façon le fait historique que
c'étaient ses frères qui l'avaient
envoyé. « Ce n'est pas contre nous
que vous murmurez, mais c'est contre
l'Éternel. »
(Exode
16 : 8). Ceci veut dire
plus contre Jéhova que contre Moïse et
Aaron. De même, « Ce n'est pas toi
qu'ils rejettent, mais c'est moi »
(1
Sam. 8 : 7), veut dire
seulement que l'injure est faite plus à
Jéhova qu'à Samuel.
« Préférez mes instructions
à l'argent, et la science à l'or le
plus précieux »
(c'est-à-dire plutôt que)
(Prov.
8: 10) ;
« Déchirez vos coeurs et non pas
vos vêtements ».
Dans le Nouveau Testament, cette forme
de langage se reproduit continuellement.
« Travaillez, non pour la nourriture qui
périt, mais pour celle qui subsiste pour la
vie éternelle. »
(Jean
6: 27). « Ne vous
réjouissez pas de ce que les esprits vous
sont soumis, mais réjouissez-vous de ce que
vos noms sont écrits dans les
cieux. »
(Luc
10 - 20). « La parole
que vous entendez n'est pas de moi, mais du
Père qui m'a envoyé. »
(Jean
14 : 24). (Voyez aussi Matthieu
6 : 19, 20 ; Jean
7 : 16 ; Col.
3 : 2, 22,
23, etc)., etc.) Dans tous ces
passages, la négation n'est pas du tout une
négation littérale, mais un terme
frappant de comparaison. Cette figure n'exclut pas
la chose à laquelle s'applique la
négation, elle implique seulement la
préférence qu'il faut accorder
à la chose qui est mise en opposition avec
l'autre. (Rév. James Neil).
Le principe même de l'alliance que
Dieu fit au Sinaï était
l'obéissance. « Si vous
obéissez à ma voix et si vous gardez
mon alliance, vous serez ma possession. »
L'accomplissement de la loi lévitique
était une partie de l'obéissance qui
formait le principe de l'alliance.
UNE IMAGE DE CHRIST. -
Jérémie préfigurait
véritablement le Christ. On s'étonne
à peine que quelques-uns aient pris pour
l'Homme de douleurs ce prophète au coeur
brisé.
(Matth.
16 : 14). Il pleura sur
son peuple, comme Jésus
(9 :
1). Sa courageuse
dénonciation du péché lui
valut d'être rejeté et de souffrir,
comme ce fut le cas pour le Sauveur. Il se compare
lui-même à un agneau que l'on
mène à la boucherie.
(11 :
19).
LE MESSIE. - Jérémie ne
nous révèle pas autant qu'Esaïe
le Messie promis, mais nous avons des
prophéties relatives au Christ dans :
la Source d'eau vive
(2 :
13), le grand
Médecin
(8 :
22), le Bon Berger
(23 :
4), le Germe juste
(23 :
5), David le Roi
(30 :
9), le Rédempteur
(50 :
34), dans l'Éternel
notre Justice
(23 :
6). Au temps même
où le trône de David était en
danger, où la justice et
l'équité étaient presque
inconnues, les prophètes annoncèrent
la venue d'un Roi de la maison de David, d'un Germe
juste qui régnerait et prospérerait,
exécuterait les jugements et rendrait la
justice sur la terre. « En son temps,
Juda sera sauvé, Israël aura la
sécurité dans sa demeure ; et
voici le nom dont on l'appellera :
L'ÉTERNEL NOTRE JUSTICE »,
Jéhova Tsidkenu. En ce nom majestueux, la
divinité originelle de notre Sauveur est
prédite, comme son humanité, en tant
que descendant de David.
LA NOUVELLE ALLIANCE. - Dieu dit par son
serviteur qu'Il fera une alliance nouvelle avec la
Maison d'Israël et avec la
Maison de Juda
(31 :
31, 37). Dans le Nouveau
Testament, ceci est distinctement appliqué
aux Juifs de l'avenir
(Héb.
8 : 8-13). Christ
est le Médiateur de cette meilleure alliance
(Hébr.
12: 24). La
prophétie nous montre de loin Son
jour ; elle comprend non pas les Juifs
seulement, mais tous ceux qui le reconnaissent
comme leur Sauveur et leur Médiateur. Elle
montre la nature spirituelle de son royaume, dans
lequel ses lois seront inscrites sur nos esprits
afin que nous les connaissions, sur nos coeurs afin
que nous les aimions, et Il nous donnera Son Esprit
pour nous rendre capables de les pratiquer.
RECUL. - La terrible famine du chapitre 14 :
18 peut être
interprétée spirituellement comme
l'image d'un coeur qui a connu le Sauveur et s'est
détourné de Lui. C'est une terre
aride. Pas d'eau, pas de pluie, pas d'herbe, pas de
verdure. L'Éternel est « comme un
étranger dans le pays », comme un
héros, incapable de secourir ».
Avec quelle intensité ceci décrit le
coeur dont le péché et
l'incrédulité « limitent le
Saint d'Israël » !
Jérémie est le livre des croyants
rétrogrades. Il révèle la
tendresse du Seigneur et contient sa gracieuse
invitation, puis la résolution qu'ils
prennent de revenir à Lui.
« Revenez, enfants rebelles et je
pardonnerai vos infidélités. - Nous
voici, nous, allons à toi, car tu es
l'Éternel notre Dieu. »
(3 :
22).
QUESTIONS. - Le livre contient des
questions variées dont la réponse ne
se trouve que dans l'Évangile de Notre
Seigneur Jésus-Christ.
« Pourquoi te
pardonnerais-je ? »
(Jérémie
5: 7. -
R. : Eph.
1 : 7.)
« Comment te mettrai-je parmi
mes enfants ? »
(3
- 19. - R. : Jean
1 : 12.)
« N'y a-t-il point de baume en
Galaad , n'y il point de médecin? »
(8 : 22.
- R. : Matth.
9 - 12 .)
« Un Éthiopien peut-il
changer sa peau, et un léopard ses
taches ? » 13 :
23 - R. : Actes
8 : 37 et 2
Pierre 3 : 14.)
« Que feras-tu sur les rives
orgueilleuses du Jourdain ? » -
(R : 1
Cor. 15 : 55, 57.)
« Où est le troupeau
qui t'avait été donné, le
troupeau qui faisait ta gloire ? » -
(R : Col.
1 : 28 ; Héb.
13: 17.)
TEXTES ÉVANGÉLIQUES. - Ce
livre contient également des textes
variés qui fournissent des sujets pour des
prédications de l'Évangile.
« Que diras-tu de ce qu'Il te
châtie ? »
(13 :
21).
« Le coeur est tortueux
par-dessus tout, et il est
méchant. »
(17 :
9).
« Fuyez, sauvez votre vie, et
soyez comme un misérable dans le
désert ! »
(48 :
6).
« Ma parole n'est-elle pas
comme un feu, dit l'Éternel, et comme un
marteau qui brise le roc ? »
(23 :
29).
« Défrichez-vous un
champ nouveau ? »
(4 :
3).
« Son soleil se couche quand
il est encore jour. »
(15: 9).
« Je connais les projets que
j'ai formés sur vous, dit l'Éternel,
projets de paix et non de malheur. »
(29 :
11).
« Je t'aime d'un amour
éternel ; c'est pourquoi je te
réserve ma bonté. »
(31 :
3).
« Vous me chercherez et vous
me trouverez si vous me cherchez de tout votre
coeur. »
(29 :
13).
« Demandez quels sont les
anciens sentiers.... et vous trouverez le repos de
vos âmes. »
(6 :
16).
« Ils s'informeront du chemin
de Sion, ils tourneront vers elle leurs
regards. »
(50 :
5).
« Mon peuple était un
troupeau de brebis perdues... oubliant leur
bercail. »
(50 :
6).
« Le temps de leur
visitation. »
(8 :
7
à 12).
« La moisson est
passée, l'été est fini, et
nous ne sommes pas sauvés. »
(8 :
20).
« Rien n'est étonnant
de ta part. »
(32 :
17).
LE CANIF. - Le livre de
Jérémie jette une vive lumière
sur le sujet de l'inspiration. C'est une
étude fructueuse que de prendre du
commencement jusqu'à la fin toutes les expressions
qui
affirment ou
sous-entendent que Dieu parla à
Jérémie, telles que :
« ainsi dit l'Éternel »,
« la parole de l'Éternel me fut
adressée »,
« l'Éternel dit », etc.
Ces expressions reviennent souvent douze fois dans
un seul chapitre, et par elles il est
évident que Jérémie, sans
hésitation, affirme l'inspiration de ses
paroles.
Au cours de notre lecture, une
scène se dessine devant nous. Nous voyons
Jérémie en prison. Les chefs ont fait
de lui un esclave, afin de n'être plus
troublés par la parole de l'Éternel.
Dieu lui ordonne de prendre un livre
(3) et
d'y
écrire toutes les paroles que
l'Éternel avait prononcées devant
lui, depuis les temps de Josias jusqu'à ce
jour.
Nous pouvons nous représenter le
prophète dans sa prison souterraine, mal
éclairée, son fidèle ami Baruc
à ses côtés, écrivant
sous sa dictée toutes les paroles que
l'Éternel lui avait dites. « Et
Jérémie donna cet ordre à
Baruc : « Je suis retenu, et je ne
peux pas aller à la maison de
l'Éternel. Tu iras toi-même, et tu
liras dans le livre que tu as écrit sous ma
dictée, les paroles de l'Éternel, aux
oreilles du peuple, dans la maison de
l'Éternel, le jour du
jeûne. »
Donc, ce que Baruc tient dans sa main et
ce qu'il va lire en présence des princes,
des prêtres et du peuple, ce sont les
« paroles de
l'Éternel ». Le rouleau du livre
est long. Il contient toutes les prophéties
de Jérémie jusqu'à ce jour.
Mais aucune de ces paroles n'est donnée
comme sienne. Elles sont celles de Dieu.
Mais ce n'est pas tout. Après que
Baruc eût lu le rouleau au peuple, il fut
mandé par le Conseil royal qui le pria de le
lire de nouveau en sa présence. Les grands
chefs de Jérusalem dirent à
Baruc : « Dis-nous comment tu as
écrit toutes ces paroles sous la
dictée de
Jérémie ? »
Il leur répondit :
« Il m'a dicté de sa bouche toutes
ces paroles, et je les ai écrites dans ce
livre avec de l'encre ».
Ils apportent plus tard le livre au roi.
Ici, une autre scène se déroule
devant nous. Nous ne sommes plus dans un obscur
donjon, mais dans le palais d'hiver de Jojakim, au
milieu du luxe magnifique d'une cour orientale.
Lorsque le monarque eût entendu ou lu trois
ou quatre feuilles du livre, il en eut assez. Il
prit le rouleau, le coupa en morceaux au moyen d'un
canif et le jeta dans le feu du brasier.
« C'était sa
dernière chance, sa dernière offre de
miséricorde : en jetant au feu les
fragments du livre, il y jetait symboliquement sa
maison royale, sa ville condamnée, le
Temple, et tout le peuple du pays. »
(Speaker).
Il fut ordonné d'arrêter
Jérémie et Baruc, et ils auraient
sans doute été traités avec
férocité, mais
« l'Éternel les
cacha ».
Et maintenant, dans leur
réclusion, une autre tâche leur est
imposée. L'Éternel commande à
Jérémie de prendre un autre rouleau
et d'y écrire « toutes les paroles
qui étaient dans le premier livre qu'a
brûlé Jojakim, roi de Juda ; et
beaucoup d'autres semblables y furent
ajoutées ».
D'autres paroles y furent
ajoutées, mais le corps du Livre
sacré resta, mot pour mot, le même que
la première fois. (4)
Les hommes peuvent déchiqueter la
Parole de Dieu avec le canif de leur critique.
Comme Jojakim, ils peuvent jeter au feu
l'espérance de leur salut. Mais
« la parole de Dieu demeure
éternellement », et c'est par elle
que les hommes seront jugés au dernier jour. 1
Pierre 1: 25 ; Jean
12: 48).
« MA PAROLE. - UN
FEU ». - Les messages
sévères que Jérémie
avait à délivrer étaient si
étrangers à son tempérament de
sensitif que ce n'est que par une conviction
profonde qu'il fut capable de les prononcer. Comme
Job, il déplore le jour où il est
né. Il est seul ; la main de
l'Éternel est sur lui. Il se plaint
d'être quotidiennement un objet de
dérision. On lui reproche la Parole de
l'Éternel. À cause de Son nom, il
subit l'outrage, la moquerie, la
malédiction ; on le raille parce qu'il
est boiteux. Souffrant de toutes ces choses, est-il
vraisemblable que Jérémie aurait
continué s'il n'avait pas été
certain que l'Éternel l'avait chargé
d'une mission ? Comme nous l'avons vu, il se
propose de ne plus parler au nom de
l'Éternel
(20 :
9). « Mais -
dit-il - il y a dans mon coeur comme un feu
dévorant qui est enfermé dans mes os.
Je m'efforce de le contenir, mais je ne le
puis. »
Avec une telle flamme brûlant en
lui, est-il étonnant que la promesse de
l'Éternel s'accomplit :
« Voici, je veux que ma parole dans ta
bouche soit du feu ? »
L'Éternel lui avait dit :
« Si tu sépares ce qui est
précieux de ce qui est vil, tu seras comme
ma bouche ». - « J'ai recueilli
tes paroles », dit-il à
l'Éternel, « et je les ai
dévorées. Tes paroles ont fait la
joie et l'allégresse de mon
coeur. »
Dans ses prières à Dieu,
Jérémie révèle
l'état intérieur et secret de son
coeur. Il était par-dessus tout un homme de
prière, un homme qui savait ce que c'est que
de communier avec Dieu.
LA CITÉ DU GRAND ROI. -
« Eh quoi, elle est assise solitaire,
cette ville si peuplée ! Elle est
semblable à une veuve ! Grande entre
les nations, souveraine parmi les États,
elle est réduite à la
servitude ! » Ainsi éclate la funèbre
complainte, de
laquelle la plus ancienne tradition juive nous
parle en ces termes : « Après
la captivité d'Israël et la
désolation de Jérusalem,
Jérémie s'assit et pleura, et
répandit ses lamentations sur
Jérusalem ».
« En face d'une colline
rocheuse, sur le côté occidental de la
ville, la légende locale a placé
« la Grotte de
Jérémie ». Là, dans
cette attitude d'immobile douleur que Michel-Ange a
immortalisée, le prophète est
supposé avoir pleuré sur la chute de
sa patrie. » (5)
L'aspect désolé de la
ville après l'occupation chaldéenne
est décrit par Jérémie dans le
livre des Lamentations avec toute l'énergie
et la précision d'un témoin
oculaire.
Six cents ans ont passé ; et
maintenant, du côté opposé et
oriental de la ville, monte une procession
d'enfants joyeux qui suivent un humble roi,
jusqu'au Mont des Oliviers. Au brusque tournant de
la route, on découvre en plein la vue de
Jérusalem. Le spectacle de l'altière
cité, en ce matin ensoleillé, avec
des colonnes de marbre et les toits dorés du
temple, remplit le coeur de notre Sauveur d'un tel
flot de compassion qu'Il pleure à haute
voix : « Si toi aussi, au moins en
ce jour qui t'est donné, tu connaissais les
choses qui appartiennent à ta
paix !... » et ici, la douleur
interrompt la phrase, et, lorsqu'Il retrouve la
voix, c'est seulement pour ajouter...
« Mais maintenant, elles sont
cachées à les yeux... Il viendra sur
toi des jours où tes ennemis t'environneront
de tranchées... et ils ne laisseront pas en
toi pierre sur pierre, parce que tu n'as pas connu
le temps où tu as été
visitée. »
(6)
Le prophète qui sanglote
était une image du Sauveur qui devait pleurer. Le
premier
prédit la destruction de la ville par les
Chaldéens, le second par les
Romains.
JUGEMENT SUR LE PÉCHÉ. -
Tout au travers du livre des Lamentations,
Jérémie fait remarquer que le
jugement qui est tombé sur la ville est la
conséquence du péché. La note
dominante est Destruction. Le livre contient cinq
Lamentations, correspondant aux cinq chapitres.
Chacune revêt la forme acrostiche, chaque
vers commençant par une des vingt-deux
lettres de l'alphabet hébreu, excepté
dans la cinquième Lamentation ;
celle-ci, quoique contenant le même nombre de
vers, ne conserve pas la forme acrostiche. De plus,
dans la troisième Lamentation
(l'apogée du poème), chaque lettre
initiale est répétée trois
fois.
Première Lamentation. -
Dans la première partie de cette division,
le prophète compare la cité à
une femme privée de son mari et de ses
enfants. Dans la seconde, c'est Sion
elle-même qui parle et gémit sur sa
misère. Elle reconnaît que son
châtiment vient de l'Éternel et elle
confesse « qu'Il est juste » et
qu'elle s'est rebellée.
Dans la Deuxième
Lamentation, c'est le prophète qui fait
la description remarquable de la ruine de
Jérusalem.
Dans la Troisième, le
prophète se met à la place du peuple
et prend sur lui ses misères. Au milieu de
son humiliation, il demeure assuré de la
fidélité de l'Éternel et de sa
compassion persévérante, et il
déclare sans hésiter que
« ce n'est pas volontiers qu'Il humilie
et qu'il afflige les enfants des
hommes ».
(3 :
33).
Quatrième Lamentation.
-
De nouveau Jérémie décrit le
terrible jugement tombé sur
Jérusalem.
Cinquième Lamentation.
-
Le peuple juif parle, se confesse, et demande
à Dieu son pardon et sa délivrance.
« PAS DE REPOS ». -
Dans le premier chapitre, nous avons la description
de la désolation, Pas de repos, pas de
verdure ; pas de Consolateur (versets 3, 6,
9). Tel est l'état aride de toute âme
sans Christ.
Sans Christ. Avec Christ. Chap. 1 : 3. Pas de repos.
Matth. 11 : 28. Je vous donnerai du repos.
Chap. 1 : 6. Pas de verdure.
Ps. 23 : 2. De verts pâturages.
Chap. 1 : 9. Pas de Consolateur.
Jean 14: 16. Un autre Consolateur.
LE CALVAIRE. - Jérémie
pleurant sur la ville nous rappelle notre Sauveur.
De plus, plusieurs versets semblent
préfigurer le Calvaire. « Vous
tous qui passez ici, regardez et voyez s'il est une
douleur pareille à ma
douleur ! »
(1: 12).
Et encore :
« Tous les passants battent des mains sur
toi ; ils sifflent, ils secouent la
tête »
(2,
15: 16 ; Matth.
27, 39). De nouveau :
« Tous tes ennemis ouvrent la bouche
contre toi »
(2: 16 ;
Ps.
22: 13) ; « J'ai
beau crier et implorer du secours, il ne laisse pas
accès à ma prière »
(3 :
8 ; Matth.
27 : 46) ;
« Je suis pour tout mon peuple un objet
de raillerie, chaque jour l'objet de ses
chansons »
(3: 14 ;
Ps.
69: 12) ;
« l'absinthe et le poison »
(3 :
19 ; Ps.
69: 21) ; « il
présentera la joue à celui qui le
frappe, il se rassasiera d'opprobres »
(3 :
30 ; Esaïe
50 : 6 ; Ps.
69 : 20).
Dans le verset :
« Voilà le fruit des
péchés de ses prophètes, des
iniquités de ses prêtres, qui ont
répandu dans son sein le sang des
justes », les propres paroles de notre
Sauveur nous reviennent à la
mémoire :
« O Jérusalem,
Jérusalem, qui tues les prophètes et
qui lapides ceux qui te sont
envoyés » ; puis les paroles
de Pierre lorsqu'il accuse les gens de
Jérusalem : « Vous avez
renié le Saint et le Juste, et vous avez mis
à mort le Prince de Vie ».
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