Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

V. CHRIST DANS LES PROPHÈTES

II. ESAÏE

suite

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 L'EXPIATION. - « En sa mort », en hébreu, est au pluriel, « en ses morts » ; c'est probablement « le pluriel de majesté », qui signifie « sa grande mort », cette grande mort expiatoire qui fut un sacrifice pour le péché. Ou bien, cette expression préfigure-t-elle la vérité que « si l'un est mort pour tous, tous donc sont morts ». Dans sa mort, Il représentait les grandes multitudes pour lesquelles Il mourut. Depuis ce moment, dans l'évolution. prophétique, le chant du triomphe a commencé, comme nous le discernons au psaume 22, tout aussi bien que dans Philip. 2 ; Il est tout d'abord descendu, degré par degré, dans l'humiliation, jusqu'à la mort, même la mort de la croix ; et tout à coup, Il s'élève dans un crescendo toujours ascendant et triomphal, jusqu'à « la gloire de Dieu le Père ». Ainsi en est-il dans ce chapitre. Le triomphe à venir est révélé : la joie de l'âme du Rédempteur à la vue du butin qu'Il a conquis ; la grande multitude rachetée, par sa mort, pour la vie éternelle.

Le chapitre suivant éclate de nouveau en une description du glorieux avenir. Puis, vient l'invitation évangélique du chapitre 55. - « Vous tous qui avez soif, venez aux eaux », - dans laquelle nous voyons notre Sauveur, debout, le dernier et grand jour de la fête, et s'écriant : « Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive ». (Jean 7 : 37-39.)

LE RÈGNE DU CHRIST.
- Les chapitres qui terminent le livre d'Esaïe sont pleins de la note victorieuse, mais ils évoquent aussi l'heure du jugement qui précédera l'inauguration du glorieux règne millénaire du Christ. Israël ayant été rassemblé dans sa patrie dans l'incroyance, doit passer par un temps de tribulation épouvantable ; mais quand ils verront « Celui qu'ils ont percé » (Zach. 12 : 10), revenant en puissance et en grande gloire, accompagné de son Église, pour exécuter ses jugements sur la terre (Jude 14, 15), le voile de l'incrédulité sera ôté (2 Cor. 3 : 15, 16) ; ils le recevront comme leur Messie, et Il régnera sur eux, sur le trône de David son père (Esaïe 9 : 7 ; 16 : 5). Et Jérusalem « sera rendue glorieuse sur la terre ». (Esaïe 62 : 7). Pendant ce règne, Satan sera lié, (Esaïe 24 : 21, 22 ; Apoc. 20 : 1, 3) ; la paix universelle sera établie parmi les nations (Esaïe 2 : 4) ; même la férocité de la création animale sera complètement domptée (Esaïe 65 : 25 ; 11 : 6-9). La vie humaine sera prolongée comme aux jours d'avant le déluge (65 : 20-22) ; les eaux seront de nouveau abondantes dans la terre de Palestine (30 : 23, 25 ; 41 : 18) et ses déserts deviendront fertiles comme le jardin de l'Éternel (51 : 3 ; 43 : 19, 20 ; 41 : 18, 19 ; 35 : 1, 2, 7). Tout Israël sera sauvé d'un salut éternel (45 : 17) et le plan de Dieu de bénir le monde entier par le moyen de son peuple élu sera réalisé. (Genèse 12 : 2, 3 ; Romains 11 : 15 ; Esaïe 2: 2, 3 ; 66 : 12, 19 ; 60, 61 et 62).

ACCOMPLISSEMENT DES PROPHÉTIES RELATIVES A BABYLONE.
- Les prédictions du prophète Esaïe concernant Babylone ont été réalisées d'une façon remarquable, tant en ce qui concerne sa chute que sa désolation subséquente. L'armée qui doit la détruire est appelée des montagnes, d'une terre éloignée : la Perse, sans doute (13 : 17). Mais la Perse ne doit pas agir seule ; la Médie doit se joindre aux escadrons déjà réunis (13 : 17). L'Éternel des armées les appelle pour exécuter ses jugements sur la ville coupable (13 : 2, 3 ; 11, 19) et la terre tremble sous les pas des soldats qui accourent à l'appel. Au chapitre 21 : 2, il nous est dit que c'est l'armée Médo-Perse qui doit prendre la capitale chaldéenne. L'avance continuelle de l'armée ennemie avec ses bataillons de chevaux, d'ânes et de chameaux, passe dans la vision de la sentinelle (21 : 7). Hérodote nous dit que l'armée perse avait exactement les auxiliaires ici mentionnés.

La chute de la ville doit prendre place au temps d'une fête (21 : 5 ; Daniel 5.) Il est déclaré que la crainte s'emparera de la cité condamnée à périr ; dans sa panique, elle ne se défendra même pas (13 : 8). Ceci s'est réalisé à la lettre, comme nous l'assure Daniel. Nous lisons dans le chapitre 5, verset 6 de ce prophète, que la nuit de l'assaut de Babylone, le roi fut saisi de terreur. « Ses genoux se heurtèrent l'un contre l'autre. » - « Cette nuit-là, Belschatsar, roi des Chaldéens, fut tué. » - Les portes de Babylone devaient s'ouvrir devant Cyrus (45 : 1). L'histoire nous raconte que la nuit de la prise de la ville, ceci s'accomplit. S'avançant jusqu'au coeur de la cité par le lit du fleuve qui avait été mis à sec, Cyrus trouva la porte qui conduisait des rues au fleuve laissée providentiellement ouverte, dans le désarroi général causé par la grande fête. Autrement, l'armée aurait été bloquée dans le lit du fleuve, comme dans une trappe, et détruite. Enfin retentit le cri soudain de la conquête et de la capture : « Babylone est tombée, est tombée ! » et ses principaux dieux, Bel, Nébo et Mérodach, sont pour toujours discrédités. (21 : 9 ; 46 : 1-2). L'authenticité absolue de la prédiction est pleinement attestée par l'histoire de la chute de Babylone. Elle s'accomplit comme elle avait été prophétisée.

L'avenir de Babylone fut également prédit. « Elle ne sera jamais habitée ; elle ne sera plus jamais peuplée. L'Arabe n'y dressera plus sa tente, et les bergers d'y parqueront plus leur troupeaux. Les animaux du désert y prendront leur gîte ; les hiboux rempliront ses maisons, les autruches en feront leur demeure et les boucs y sauteront. Les chacals hurleront dans ses palais, et les chiens sauvages dans ses maisons de plaisance. » (13 : 19, 22). Ceci dépeint exactement l'état d'indescriptible désolation de Babylone. Aucun être humain n'habite sur l'emplacement de l'antique cité. Le Bédouin, pendant qu'il paît ses troupeaux dans ses alentours, en regarde les ruines avec un effroi superstitieux. Les tentes arabes sont nombreuses dans les plaines chaldéennes, mais pas une seule n'est dressée dans les ruines de Babylone. D'autres villes anciennes ont disparu, mais presque toujours, il reste, pour marquer le site, un village, un groupe de huttes ou une bergerie. Seule, Babylone fait exception et connaît l'absolue solitude.

Au quatorzième siècle, Maundeville écrivait : « C'est le désert plein de dragons et de grands serpents ». Ainsi en est-il encore aujourd'hui. Les hiboux sortent des maigres buissons, les lions font leurs antres dans les anciennes demeures ensevelies, les chacals hideux se glissent furtivement entre les ondulations du terrain. Celui-ci est couvert de monticules informes et le pied s'enfonce dans une poussière molle, faite de toute sorte de détritus ; et ainsi s'accomplissent ces prédictions « Babylone sera un monceau de ruines ». (Jérémie 51 37). « Descends, et assieds-toi dans la poussière, vierge, fille de Babylone ! » (Esaïe 47 : 1). Les richesses de la cité semblaient défier tous les pillages, en accord avec cette parole : « Tous ceux qui la pilleront seront rassasiés ». (Jérémie 50 - 10). « Ses villes seront ravagées, la terre est aride et déserte ; c'est un pays où personne n'habite, où ne passe aucun homme. » (Jér. 51 : 43). Au temps de sa gloire, le pays qui entourait la grande ville avait été drainé et irrigué au prix d'une dépense énorme, jusqu'à ce que sa fertilité devint incomparable. Maintenant, après des siècles d'abandon, il est retombé dans sa première condition, « une steppe sans végétation, un marais puant » ; un vaste désert aride, où rien, sauf, parfois, une tente noire de Bédouin ou un chameau errant, ne vient révéler l'existence de quelque être vivant.

ANALYSE:
Le Livre d'Esaïe peut se diviser en trois parties. La première et la troisième sont d'une composition poétique des plus magnifiques.

Ces deux parties sont, pour ainsi dire, enchaînées l'une à l'autre par la seconde partie qui est historique et presque entièrement écrite en prose. Deux chapitres se relient avec la première partie du livre et racontent l'histoire de l'invasion assyrienne et ses résultats. Deux autres chapitres se relient à la troisième partie du livre et parlent de la maladie d'Ézéchias, de sa guérison et de l'incident des ambassadeurs babyloniens.

PREMIÈRE PARTIE. CHAPITRES 1 À 35

1. Chapitre 1 à 12. Reproches principalement adressés à Juda et à Jérusalem. La gloire à venir, chap. 11 et 12.

2. Chapitres 13 à 23. Jugements sur les nations hostiles à Juda : Babylone, la Syrie, l'Égypte, Tyr.

3. Chapitres 24 à 35. Jugements sur le monde, sur Samarie et sur Juda. Ses péchés qui attirent le jugement. L'invasion assyrienne et la destruction de Jérusalem. La gloire à venir, chap. 35.

DEUXIÈME PARTIE. CHAPITRE 36 À 39

1. Chapitres 36 et 37. L'invasion assyrienne et ses résultats. (Étroitement liée à la première partie).

2. Chapitres 38 à 39. La maladie et la guérison d'Ézéchias. Les ambassadeurs babyloniens. La captivité babylonienne prédite. (Étroitement liée à la troisième partie).

TROISIÈME PARTIE. CHAPITRE 40 À 66

1. Chapitres 40 à 48. Consolation. Antithèse de Jéhova et des idoles, d'Israël et des nations. Cette partie se termine avec le glas du jugement. « Il n'y a pas de paix pour le méchant ». dit l'Éternel.

2. Chapitres 49 à 57. Le Serviteur de Jéhova. Antithèse entre les hypocrites et les fidèles : entre le péché et la douleur du présent et la sainteté et la félicité de l'avenir. Cette partie se termine par une note encore plus sévère de jugement. (66 : 24).

LA CROIX AU CENTRE. - Les vingt-sept chapitres de la troisième partie constituent un poème messianique grandiose, subdivisé en trois livres. Chaque livre consiste en trois sections de trois chapitres chacune, correspondant à peu près aux divisions de nos versions modernes.

Le chapitre 53 (avec les trois derniers versets du 52), est le chapitre du milieu de la partie centrale de ce grand poème prophétique, le coeur des écrits prophétiques de l'Ancien Testament. Et le verset central de ce chapitre central contient, comme un écrin contient un joyau, la vérité centrale de l'Évangile :

Il était blessé pour nos péchés,
Brisé pour nos iniquités ;
Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur Lui,
Et c'est par ses meurtrissures que nous avons la guérison.

L'UNITÉ D'ESAÏE. - Un résumé du livre d'Esaïe serait incomplet sans une allusion à la question soulevée depuis quelques années quant à la dualité ou à la pluralité des auteurs. On demande : « Quelle différence cela peut-il faire, que la prophétie soit l'oeuvre d'un seul homme, ou de deux, ou de vingt ? » - Superficiellement, en effet, la différence est nulle, à la condition, toutefois, que son inspiration soit établie. Si nous sommes certains que l'Esprit de Dieu parle, le canal humain importe peu. Mais c'est justement parce que cette question d'inspiration est doublement en cause, que nous sentons que la question est importante.

1. Tout d'abord, la négation de l'unité d'Esaïe a sa racine dans le refus de reconnaître la valeur surnaturelle des prédictions prophétiques.
2. En second lieu, maintenir la négation de son unité affaiblit l'autorité du Nouveau-Testament.

En considérant cette question, nous écarterons pour le moment la division du livre en trois parties, et parlerons d'Esaïe 1 (chapitres 1 à 39), et d'Esaïe Il (chapitres 40 à 46). Le premier aurait été écrit par Esaïe, fils d'Amos ; le dernier, aurait pour auteur quelque grand prophète inconnu, du temps de la captivité babylonienne.

LA LANGUE.
- Une prétendue différence de langage est la première raison qu'on donne pour justifier les doutes sur l'unité du livre. Mais, d'après les grands hébraïsants presque sans exception, il est prouvé qu'il n'existe aucune nécessité linguistique qu'il y ait deux ou plusieurs auteurs. En vérité, la ressemblance de style entre Esaïe I et Il, nous dit-on, est plus prononcée qu'entre chacun d'eux et les autres livres de l'Ancien Testament. La similarité entre les deux parties du livre est si frappante que certaines personnes, tout en penchant vers la théorie des deux auteurs, en sont venues à croire que le second Esaïe a imité le style du premier !

Lorsque nous considérons la longue période pendant laquelle Esaïe lui-même nous dit qu'il posséda le don prophétique (depuis les jours d'Osias à ceux d'Ézéchias, probablement soixante ans), et les sujets très variés sur lesquels il écrivit, il est plus que raisonnable d'admettre n'importe quelle différence de style. « Le second Esaïe emploie des mots connus seulement du premier Esaïe, et dont la signification était tombée en désuétude au temps de Jérémie. Le second Esaïe se montre, d'ailleurs, maître d'un vocabulaire technique et scientifique que seul le premier Esaïe partageait avec lui » (1).

Le professeur Birk, en étudiant les mots qui se trouvent dans Esaïe I et Il et nulle autre part dans, les anciens prophètes, en trouve des exemples si nombreux qu'il en limite la liste à ceux qui commencent avec la première lettre de l'alphabet hébreu - la lettre aleph. - Il en cite quarante.

LES PRÉDICTIONS.
- La raison que l'on donne pour nier l'unité du livre d'Esaïe, est plus qu'une question de langue ; elle a sa source dans le caractère surnaturel des prédictions, caractère qu'on ne veut pas admettre. « Écartez cette pierre d'achoppement : le fait de la prophétie, et tout est en faveur de son authenticité. » (Dr Payne Smith).

Que le prophète ait prédit la chute de Babylone, lorsqu'elle n'était pas même encore une grande puissance mondiale, et que l'Assyrie était alors l'ennemi redouté de la nation juive ; qu'il ait prédit la délivrance de la captivité avant que le peuple ait été emmené captif ; qu'il est prévu que la délivrance viendrait des Médo-Perses lorsque ces deux nations étaient encore séparées et insignifiantes ; qu'il ait appelé le libérateur par son nom - Cyrus - plus de cent ans avant sa naissance, - ces choses ne sont des pierres d'achoppement que pour ceux qui ne voient dans la prophétie que l'intuition d'un homme sage qui ne possède que l'intelligence de son temps. Mais pour le croyant fervent, c'est une confirmation de sa foi en un Dieu tout-puissant qui a vraiment inspiré ses prophètes par le Saint-Esprit.

Dans Esaïe II, Dieu Lui-même, par son prophète, en appelle à l'accomplissement des premières prédictions pour attester la réalisation des dernières. (Esaïe 48 : 3, 5). Cette preuve n'aurait aucune raison d'être, si ces premières prédictions n'existaient pas. Parmi celles d'Esaïe 1, étaient l'invasion et la destruction de Samarie par Sanchérib, sa menace d'invasion, la délivrance de Jérusalem et la prolongation de la vie d'Ézéchias.

Et maintenant, Dieu en appelle à son peuple d'Israël pour qu'il soit son témoin dans l'accomplissement des prophéties des chapitres 40 à 46. (Voyez 43 : 9-10). Il défie les idoles, les dieux des nations, de prouver leur droit à un culte, en prédisant les événements à venir. (41 : 23 ; 42 : 7-9).

La mention de Cyrus par son nom est expressément déclarée être un miracle, en vue de montrer au monde entier, de l'est à l'ouest, que Jéhova seul est Dieu. (45: 4-6).
C'est là exactement l'effet qui fut produit sur le grand conquérant lui-même et sur le peuple d'Israël.

Josèphe nous dit que ce fut la lecture de la prophétie d'Esaïe le concernant, qui amena Cyrus à publier le décret suivant : « Ainsi parle Cyrus, roi de Perse : L'Éternel, le Dieu des cieux, m'a donné tous les royaumes de la terre et il m'a commandé de lui bâtir une maison à Jérusalem ». (2 Chron. 36 : 23). Si la prophétie avait été écrite quelques années seulement auparavant à Babylone, lorsque son nom était bien connu, et par un contemporain, est-il admissible qu'elle eût impressionné le grand conquérant, au point de lui faire prendre une pareille décision ?

Nous avons déjà parlé de l'effet de la prophétie d'Esaïe sur les Juifs. Quand ils allèrent à Babylone, ce fut avec ce qui apparaissait comme une tendance indéracinable à l'idolâtrie. Ils en revinrent ce qu'ils sont restés jusqu'à aujourd'hui : la plus monothéiste des nations. Aucun peuple ne peut subir un pareil changement sans avoir acquis une conviction inébranlable. Et cette conviction a été acquise à mesure qu'ils constataient, graduellement, la réalisation des prophéties d'Esaïe, à la lettre et concluaient que Dieu avait connu d'avance les événements et les avait déclarés dès le commencement (41 : 21) ; ainsi le coeur de la nation se détourna pour toujours des idoles pour reconnaître comme seul Dieu le Saint d'Israël.

L'HISTOIRE.
- L'histoire attribue uniformément la seconde partie du livre à Esaïe. Historiquement, il n'a jamais existé sous une forme séparée. La conjonction des deux parties a certainement été hors de contestation dès les jours d'Esdras. Si la seconde partie avait été écrite par un contemporain, ou par un prophète de l'époque immédiatement précédente, Esdras en aurait eu connaissance. Accuser Esdras d'insouciance ou de fausseté serait contraire à tout ce que nous savons de son caractère. La traduction des Septante, faite 280 ans avant Jésus-Christ, contient le livre entier sous le titre de Livre d'Esaïe. Le livre apocryphe de l'Ecclésiastique (200 ans avant Jésus-Christ) dit : « Il (Esaïe) vit par un bon esprit ce qui viendrait à passer et il consola ceux qui pleuraient à Sion ; il leur montra les choses à venir et secrètes ».

En face du témoignage universel de l'Histoire, l'obligation de fournir des preuves repose sur ceux qui nient l'origine « Esaïnique » de la seconde partie. « Les règles de la critique ordinaire nous demandent d'accepter Esaïe comme auteur unique jusqu'à ce qu'on nous donne des preuves suffisantes du contraire. » (Sir Edward Strachey).

LE NOUVEAU TESTAMENT.
- Le témoignage du Nouveau Testament est explicite et plus que suffisant. Esaïe est appelé par son nom comme auteur de cette prophétie, vingt-et-une fois. Dix se rapportent à des passages contenus dans la première partie de la prophétie, et onze à des citations de la seconde. D'après Wescott et Hort, le livre entier d'Esaïe est cité ou mentionné plus de 210 fois ; les chapitres 40-46, plus de 100 fois.

Pour les écrivains du Nouveau Testament, le livre contient « les paroles du prophète Esaïe, qui parla par le Saint-Esprit ». Matthieu déclare que l'écrivain du chapitre 42 était Esaïe (Matth. 12 : 17, 18). Luc assure que le chapitre 53 fut écrit par Esaïe (Actes 8 : 28-35), ainsi que le chapitre 66. Jean, dans le même paragraphe, attribue à ce prophète les chapitres 53 et 65. (Rom. 10 : 16-20).

UNITÉ DE PLAN ET DE BUT.
- L'unité de pensée et de but qui distingue ce recueil est un témoignage définitif à l'unité d'auteur.

Le professeur Margoliouth, citant Aristote, nous dit qu'une oeuvre d'art doit être construite de façon à ce que la suppression de l'une de ses parties cause la chute de l'oeuvre tout entière. Il ajoute que si cette règle est appliquée à Esaïe, nous serons disposés à trouver brillamment prouvée l'unité des travaux attribués à ce prophète. Il a été impossible à ceux qui voudraient diviser Esaïe en deux parties de s'en tenir logiquement à une date antérieure pour Esaïe I et à une date plus récente ou babylonienne pour Esaïe II. La chute de Babylone est prédite dans Esaïe 13 et 14 ; il a donc fallu admettre que ces chapitres dataient, eux aussi, d'une époque plus récente.

La forme d'idolâtrie dont la nation juive est accusée au chapitre 57, comme celle qui est décrite dans la première partie du livre, est particulière à Israël, dans son propre pays, avant la Captivité. Le cadre de ce chapitre est également celui de la Palestine : les hautes montagnes, les lits rocailleux des torrents, les pierres polies des ruisseaux, sont des traits étrangers aux plaines d'alluvion de Babylone, et une date antérieure doit être, pour les besoins de cette argumentation, assignée à ces passages et à d'autres d'Esaïe II. Ces procédés réduisent les deux parties de cette magnifique prophétie à une oeuvre de rapiéçage littéraire.

D'aucuns prétendent que le livre d'Esaïe est une collection d'auteurs divers, réunis pour la commodité du lecteur. Mais dans le cas parallèle des petits Prophètes, leur nom précède toujours soigneusement leurs écrits, même pour ceux qui n'ont composé qu'un seul chapitre. L'unité de pensée et de style est un argument considérable contre la pluralité des auteurs, et l'éclat et la puissance du langage du prophète rend la supposition qu'il n'aurait pas été connu, même de nom, tout à fait invraisemblable. C'était la coutume des prophètes hébreux de donner leur nom au commencement de leurs écrits, et Esaïe ne fait pas exception à cette règle (voyez chap.1: 1). Il est évident, de par l'énumération des quatre rois sous le règne desquels il a vécu, que ce verset n'est pas la préface de la première partie ou d'une fraction quelconque du livre. Il est certain que ce verset est comme le sceau de l'auteur apposé au volume entier.

On aura observé qu'en étudiant le livre d'Esaïe, nous avons suivi une ligne de pensée ininterrompue et que nos références ont été prises dans toutes les parties du recueil. La vision d'Esaïe dans le Temple, quand il reçut son appel à la vocation de prophète, forme une introduction appropriée à la prophétie entière. Nous avons vu comment l'influence de cette vision se distingue tout au travers, dans l'impression qu'il reçut de la sainteté et de la majesté de Dieu, gravant le nom du Saint d'Israël sur toutes ses prophéties, comme s'il avait pressenti les difficultés qui sont maintenant devant nous. L'influence de cette vision se remarque encore dans l'universalité du plan divin envers le monde entier, telle qu'elle apparaît à travers tout ce livre.

Par dessus tout, l'unité du livre peut être observée dans la figure centrale, la personne du Messie, dans son oeuvre glorieuse de Rédemption, puis dans son règne universel de Justice, de Salut et de Jugement. La Paix, conséquence de la Justice, la puissance et la majesté de Dieu dans la création, en contraste avec les idoles, oeuvres de mains humaines, sont des sujets qui complètent les grands thèmes du prophète Esaïe. On les trouve, dans une harmonie ininterrompue, d'un bout à l'autre du volume qu'il a écrit. 


(1) Lines of Defence of the Biblical Revelation, p. 139 (Lignes de défense de la Révélation biblique), par le professeur Margoliouth. 
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