Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

III. LE CHRIST DANS LES LIVRES HISTORIQUES

XI. ESDRAS

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Le décret de Cyrus est l'une des preuves les plus remarquables que l'Esprit de Dieu parle même à ceux qui sont en dehors de son alliance de grâce. Soixante-dix ans auparavant, Jérémie avait prophétisé le retour des enfants d'Israël de Babylone à cette époque.

Cent soixante-dix ans à l'avance, Esaïe avait prédit qu'un homme qui ne connaissait pas Dieu, mais qu'il appelle par son nom - Cyrus - accomplirait toute la volonté de Dieu quant à la restauration de son peuple. Le texte hébreu donne Koresh, au lieu de Kuresh, qui serait cependant la forme exacte de Cyrus. Mais les points-voyelles en hébreu ne sont pas inspirés - puisqu'ils n'apparaissent pas dans les plus anciens manuscrits ; par conséquent, ce mot peut se lire des deux façons, et probablement Kuresh est la bonne. C'est une merveilleuse prophétie : Cyrus y est nommé longtemps avant sa naissance. Il se peut fort bien que Daniel ait attiré l'attention du grand conquérant persan sur ces prophéties, et que Cyrus ait beaucoup appris de lui sur la religion du seul vrai Dieu.

Le Saint-Esprit était aussi à l'oeuvre parmi son peuple, encourageant beaucoup d'entre eux à saisir cette occasion pour retourner à Jérusalem et reconstruire le Temple. C'était seulement la cruelle persécution qu'ils avaient subie en Égypte qui les avait décidés à sortir de ce pays, sans laisser une âme derrière eux. À Babylone, au contraire, ils avaient prospéré, et ce fut seulement ceux dont Dieu avait « réveillé l'esprit » qui consentirent à retourner sous la conduite de Zorobabel et de Josué, le sacrificateur. Ils étaient au nombre de 50.000 ; un bien petit reste, comparé au total que faisait Israël aux jours lointains de sa prospérité, et à celui qui restait en arrière, à Babylone.

RESTAURATION.
- La note dominante du livre d'Esdras est Restauration ; image de la réintégration après un acte d'apostasie ; de fidélité individuelle et d'un effort sincère pour marcher tout près de Dieu. La mondanité et l'incrédulité, que nous voyons autour de nous dans l'Eglise de nos jours, ne sont pas nécessairement un obstacle à notre propre fidélité dans la marche avec ce Dieu qui nous appelle encore à être un peuple à part.

Les captifs rétablis en leur ville semblent avoir commencé par le coeur même de leur oeuvre, c'est-à-dire par le centre, en se dirigeant vers l'extérieur. Ils ne débutèrent pas par la construction des murailles, pas même par celle du Temple, mais « ils bâtirent l'autel du Dieu d'Israël, pour y offrir des holocaustes, selon ce qu'il est écrit dans la loi de Moïse homme de Dieu. Ils célébrèrent aussi la fête des Tabernacles ». Au centre même de ce livre, nous voyons Christ et sa grande oeuvre d'expiation préfigurée dans ces holocaustes. La foi du peuple restauré est dirigée vers Celui qui devait venir. Ainsi toute âme qui revient de ses infidélités aujourd'hui peut recommencer une nouvelle vie au pied de la Croix.

Le fait qui vient ensuite, c'est la pose des fondements du Temple au milieu des chants de louange et de reconnaissance. Mais quelques-uns des plus âgés, parmi les assistants, qui se rappelaient la gloire de la Maison précédente, pleuraient à haute voix, de sorte « qu'on ne pouvait distinguer le bruit des cris de joie d'avec le bruit des pleurs. » De même, lorsqu'après son retour l'âme s'appuie sur le seul fondement - Jésus-Christ - il se mélange à la joie de la communion retrouvée la tristesse du temps perdu loin de Dieu.

SÉPARATION.
- Nous en arrivons ensuite à une leçon très pratique pour l'Eglise du Christ aujourd'hui : la nécessité de la séparation en vue du service. Les adversaires des Juifs étaient les Samaritains à moitié païens que Salmanasar, roi d'Assyrie, avait transportés dans les villes de Samarie, à la place des captifs qu'il avait emmenés en Assyrie au temps de l'exil des dix tribus. Nous avons tous les détails de ces faits dans 2 Rois 17. Là, nous lisons aussi que le roi d'Assyrie renvoya un des prêtres juifs captifs pour enseigner à ces peuples « la manière de servir le dieu du pays ». Le résultat fut que ces gens « craignirent l'Éternel ET servirent aussi leurs propres dieux » ; et ce mélange de cultes s'est perpétué parmi leurs descendants.

Ces ennemis témoignèrent tout d'abord de leur hostilité par l'offre d'aider à construire le temple. C'est la manière par laquelle le monde, encore aujourd'hui, inaugure son opposition à l'Eglise de Dieu. Nous avons besoin de prendre la même attitude énergique qu'eurent les Israélites restaurés, et de ne pas compromettre l'oeuvre de Dieu en acceptant de telles alliances, comme, par exemple, placer des inconvertis dans des situations en vue dans nos Églises ou dans nos Écoles du Dimanche. Il y a aussi une tendance croissante, de nos jours, à rechercher une union avec l'Eglise de Rome. En attendant, on travaille avec elle, en certaines circonstances, et l'on s'aveugle au point de ne pas voir que ce sont au fond des « adversaires » comme l'étaient ceux auxquels Zorobabel refusa toute participation au travail de la reconstruction du Temple.

Le vrai caractère de ces hommes fut bientôt manifesté. Ils harassaient le peuple de Juda dans son travail et, enfin, ils réussirent à l'arrêter. Mais l'Éternel envoya les prophètes Aggée et Zacharie qui encouragèrent les constructeurs au point qu'ils reprirent la construction, malgré cette hostilité. Alors Thathnaï, le gouverneur, leur demanda : « Qui vous a donné l'autorisation de bâtir cette maison ? » Ne voulant pas croire à leur réponse, il fit faire une enquête auprès de Darius. Le décret de Cyrus fut trouvé à Achmetta (ou Ecbatane) palais d'été du roi ; et encouragée à tous égards par Darius, la construction se poursuivit jusqu'à son achèvement.

LE PENTATEUQUE SAMARITAIN.
- Les Samaritains étaient férocement hostiles aux Juifs à cette époque, connue nous l'avons vu, et cette animosité n'était pas moindre, aux jours d'Esdras et de Néhémie, quatre-vingts ans, puis cents ans plus tard. Étant donné cet état d'esprit, il est sûr que les Samaritains n'auraient accepté aucune addition ou altération du Pentateuque ; nous savons qu'ils avaient été enseignés par un prêtre juif, envoyé par le roi d'Assyrie, en ce qui concernait « la manière de servir le dieu du pays », et qu'ils n'auraient pu l'apprendre que par les écrits de Moïse tels qu'ils étaient alors. Ils avaient eu ces écrits (ou l'enseignement qui en dérive), en leur possession cent-soixante-dix ans avant les jours d'Esdras, et n'auraient jamais permis que rien y fût ajouté par ce grand ennemi, ni, d'ailleurs, par aucun de ces Juifs qu'ils méprisaient et haïssaient. Cette animosité, nous le savons, durait encore au temps du Christ, et pourtant, les Samaritains, même aujourd'hui, possèdent le Pentateuque en entier, le même que celui de notre Bible hébraïque. Nous en concluons donc forcément qu'ils doivent avoir reçu leur Pentateuque avant que l'inimitié entre eux et les Juifs ait commencé, ce qui fut le cas quatre-vingts ans avant l'arrivée d'Esdras à Jérusalem.

L'existence du Pentateuque samaritain - écrit comme il l'est, dans le style d'écriture des anciens Phéniciens - est un très solide témoin de son antiquité (Dr Rouse). Nous avons aussi d'abondantes preuves dans ce Livre que les Israélites possédaient également la Loi de Moïse, avant les jours d'Esdras. L'autel, les holocaustes, et la fête des Tabernacles célébrée au temps de Zorobabel, ajoutent leur témoignage à ce fait.

Aussitôt que le Temple fut terminé, le peuple en fit la dédicace « avec joie » et parmi les offrandes, il y avait « douze boucs, d'après le nombre des tribus d'Israël. » (Esdras 6 : 16). Ceci est la preuve que parmi le « reste » qui était revenu, il y avait des représentants des dix tribus d'Israël aussi bien que des deux tribus de Juda et de Benjamin ; il en fut de même pour le « reste » qui revint sous Esdras, lorsqu'on offrit encore « douze boucs pour tout Israël. » (8 : 35).

En outre, avant la captivité, beaucoup d'Israélites d'entre ces dix tribus vinrent en Juda à cause de l'idolâtrie d'Israël (voir 2 Chron. 11 : 14, 17 et 21 : 6). Les captifs revenus représentaient véritablement la nation entière. Il en est de même du peuple juif à travers le monde aujourd'hui, quoique un certain nombre d'entre les dix tribus se trouvent probablement parmi les Nestoriens de Perse (1). « Le vif contraste existant entre Juda et Israël avait disparu sur la terre étrangère. Pour les dix tribus, dans la tristesse du repentir et de l'exil, le nom de Jérusalem était redevenu un nom également aimé et précieux » (2).

Après la dédicace du Temple, les rapatriés célébrèrent la Pâque. Nous ne lisons pas souvent de récit concernant cette fête. Aux temps d'infidélité, Israël négligeait la célébration des cérémonies de l'Éternel ; la joie disparaissait de sa vie. Mais partout où nous voyons que la Pâque a été observée, ce fait nous reporte en arrière, à la rédemption de l'Egypte et, en avant, vers la Rédemption accomplie pour nous sur le Golgotha.

ESDRAS.
- Entre la dédicace du Temple et le retour du contingent de captifs qui suivit Esdras, il y a un intervalle de soixante ans dans l'histoire de ce livre. Alors, Dieu suscita un grand réformateur en la personne d'Esdras. Par sa naissance, il était prêtre. Mais à Babylone où il n'y avait ni temple, ni autel, Esdras s'était adonné, à défaut de ces fonctions, à l'étude de la Loi de Dieu. C'était un scribe très versé dans la loi mosaïque, « parce qu'il avait appliqué son coeur à étudier et à mettre en pratique la Loi de l'Éternel et à enseigner à Israël ses ordonnances et ses préceptes ».

Cette Loi divine brûlait en son âme, et brillait dans sa vie, avant qu'il l'enseignât aux autres. Ceci le rendit capable de parler avec une conviction intense.
C'était un témoignage de haute estime au caractère et à l'intelligence d'Esdras que la lettre qui lui fut donnée par le roi Artaxerxès, autorisant les enfants d'Israël qui le désiraient à s'en aller avec lui ; cette lettre ordonnait aussi qu'il emportât tout ce qui serait nécessaire pour la Maison de Dieu ; elle l'autorisait à établir des juges et des magistrats pour juger le peuple et elle lui enjoignait de lui enseigner la Loi de Dieu.

Esdras attribue tous ses succès : la faveur du roi, la préparation du peuple, la sécurité du voyage, à la bonne main de Dieu sur lui. En toute choses, l'Éternel le conduisait.

Quelques milliers de personnes seulement se rassemblèrent avec lui près du fleuve Ahava et là, par le jeûne et la prière, tous remirent leur sort à la bonne garde de Dieu, car « Esdras aurait eu honte » de demander une escorte de cavaliers pour les protéger. Sans nul doute, le souvenir de la délivrance que Dieu avait accordée à son peuple, sous la reine Esther (et survenue pendant l'intervalle des soixante ans écoulés) rendait Esdras doublement confiant en cette protection à l'heure présente.

UN HOMME PROFONDÉMENT FIDÈLE ET CONSACRÉ.
- Cet intervalle avait été une fois de plus une période d'apostasie parmi les Juifs de Jérusalem. De nouveau, ils s'étaient mélangés par mariage aux nations païennes environnantes. La seule raison d'être d'Israël comme nation était de rester un peuple saint, mis à part pour le Seigneur ; et quand Esdras apprit à quel point Israël avait failli à ces devoirs, il fut accablé de chagrin « et s'assit, désolé, jusqu'à l'offrande du soir. » Et une fois de plus, à cette heure sacrée, le soulagement est accordé.

Esdras répand son âme en une prière d'angoisse profonde devant Dieu, s'associant avec son peuple pour confesser leur péché. Sa prière, venant du fond du coeur, toucha ceux qui étaient là, et tous, hommes, femmes et enfants, furent saisis du feu de son Esprit et « pleurèrent abondamment ». Mais cette repentance ne se traduisit pas seulement en larmes. Ils prirent le parti de Dieu contre eux-mêmes et promirent de soutenir Esdras dans son oeuvre de réformation. Tout le courage d'Esdras lui fut nécessaire pour la mener à bien et, sans doute, l'autorité de la lettre royale faisait partie des précautions prises par Dieu en faveur de son serviteur. Parmi la population entière, on releva cent douze cas de ces mariages mixtes, et à chacun, la Loi de Moïse fut appliquée.


 

XII. NÉHÉMIE


Une période d'environ douze ans s'était écoulée depuis les réformes d'Esdras, lorsque Néhémie obtint du roi Artaxerxès, dont il était échanson, l'autorisation de se rendre à Jérusalem. Il avait été profondément ému des nouvelles qu'il avait reçues au sujet de la situation misérable de la ville dont les murailles avaient été détruites. Néhémie trouva toutes choses comme on les lui avait dépeintes ; il rassembla les anciens et leur dit que la bonne main de son Dieu était sur lui. Il ajouta : « Levons-nous et bâtissons ! » Et ils se fortifièrent dans cette bonne résolution.

La note dominante de ce livre est encore : Restauration. C'est pratiquement la suite du livre d'Esdras. Dans le premier, nous voyons la reconstruction du Temple ; dans le second, celle des murailles. La restauration commença par le centre, pour s'étendre graduellement vers la périphérie. Quand le coeur est en règle avec Dieu et qu'Il en a fait sa demeure, le service extérieur peut avancer,

Le livre entier abonde en leçons pour le serviteur du Christ. Il commence par la confession de Néhémie à Dieu, dans laquelle il s'humilie à cause de l'état du peuple. Deux fois, d'abord à Suse, et ensuite sur place, à Jérusalem, il fait une enquête détaillée sur les besoins de la cause sainte. Nous le trouvons toujours non seulement homme de prière, mais aussi homme d'État, avec des capacités innées qu'il apporte au service de Dieu. Il comprend la puissance de la coopération, et il inspire à un peuple faible l'énergie nécessaire pour l'accomplissement d'une grande oeuvre.

JOYEUX SERVICE.
- En reconstruisant les murs de Jérusalem, Néhémie commença par la porte des Brebis et divisa en secteurs le circuit complet de la ville. Nous lisons, à plusieurs reprises, que « chaque homme travailla vis-à-vis de sa maison (voyez 3 : 10, 23, 28, 29). Prêtres et gouverneurs, orfèvres, marchands et parfumeurs, travaillaient côte-à-côte, les frères ensemble, et Schallum, chef de la moitié du district de Jérusalem, aidé par ses filles ». Plusieurs des travailleurs semblent avoir prudemment commencé par entreprendre peu à la fois ; puis, cette petite tâche achevée et leur enthousiasme allant en augmentant, ils en demandèrent une autre. Ainsi agit Mérémoth, fils d'Urie ; puis Meschullam, fils de Besodia, qui réparèrent une portion du mur, en plus de celle qui était vis-à-vis de leur chambre (vers. 4, 30), et Néhémie, fils d'Azbuk, dont le travail est décrit en trois parties (verset 16). « Baruc, fils de Zabbaï, répara avec ardeur une autre portion, depuis l'angle jusqu'à la maison d'Eliaschib, le grand prêtre » (verset 20). Il nous est dit quels furent ceux qui relevèrent les diverses portes, avec leurs verrous et leurs barres. Aucun détail du travail pour sa gloire n'est ignoré de Dieu et Il prend plaisir à noter le plus humble service.

LES ADVERSAIRES.
- Mais les descendants des Samaritains, qui avaient tourmenté Zorobabel, s'acharnèrent à créer des obstacles à Néhémie. Tout d'abord ils se moquèrent de lui : « À quoi travaillent ces misérables Juifs ? Vienne un renard : il renversera leurs murailles de pierres ! » « Écoute, ô notre Dieu, comme on nous méprise, » supplie Néhémie. « Nous rebâtîmes donc la muraille qui fut rétablie tout entière, jusqu'à la moitié de sa hauteur : et le peuple prit à coeur ce travail. » (4 : 1, 6).

La raillerie ayant manqué son effet, l'ennemi complota une attaque contre Jérusalem. Mais Néhémie dit : « Nous priâmes notre Dieu et nous établîmes une garde jour et nuit. »

Néhémie arme les travailleurs et donne l'ordre à chacun de se défendre et de défendre la ville, en quelque lieu que le son de la trompette lui arrive. Alors, l'ennemi essaya d'un stratagème et, par quatre fois, envoya à Néhémie une requête de venir au rendez-vous qu'il lui donnait dans la plaine d'Ono. Par quatre fois, la réponse fut la même : « J'ai un grand ouvrage à exécuter et je ne puis descendre ; le travail serait interrompu pendant que je le quitterais pour aller vers vous. » Quand nous avons trouvé une bonne réponse, inutile d'y faire des variantes.
Alors, ils accusèrent les Israélites de révolte et cherchèrent à les intimider et à les décourager. Mais Néhémie répondit à Tobija : « Ce que tu dis là n'est pas. C'est toi qui l'inventes. » Et comme, en dernier ressort, on lui conseillait de se réfugier dans le Temple, « car ils viendront pour te tuer, » la réponse décidée de Néhémie fut celle-ci : « Un homme comme moi, prendre la fuite ! » « Ainsi la muraille fut achevée en cinquante-deux jours. » (6 : 15).

Les ennemis de notre âme emploient aussi des ruses, des menaces et des complots afin de nous intimider, si possible, et de nous décourager de faire l'oeuvre de Dieu. Nous devons, comme Néhémie, nous souvenir de Celui qui nous a envoyés et, en Le priant, nous détourner de toute suggestion qui affaiblirait nos mains.

NOTRE GRAND SOUVERAIN SACRIFICATEUR.
- Le registre généalogique de ceux qui furent les premiers rapatriés de Babylone, sous Zorobabel, est de nouveau répété ici. Quelques prêtres qui cherchaient leurs titres sans pouvoir les trouver « furent exclus du sacerdoce. Et le gouverneur leur défendit de manger des choses saintes jusqu'à ce qu'un prêtre eût consulté l'Urim et le Thummim. » (7 : 63, 65) (3).

Nous avons ici une de ces occasions dans l'Ancien Testament où la Face du Christ brille soudain sur nous de la façon la plus inattendue et dans des lieux invraisemblables. Il ne s'agit que d'un registre généalogique et de quelques prêtres qui ne pouvaient y retrouver leur place. Mais nos coeurs ont battu à la pensée que nous avons un grand Souverain Sacrificateur - Jésus Lui-même - qui a Urim et le Thummim, qui est la « Parfaite Lumière », auxquels nos coeurs sont ouverts et qui peut, sans hésitation, résoudre le problème de nos droits à la communion de Dieu. Cette communion est représentée par les choses très saintes que les prêtres indignes ne devaient pas manger. Jésus peut seul aussi répondre de nos droits à la fonction de prêtres à son service, pour la bénédiction des autres. Souillés, indignes, impurs comme nous le sommes, Il est, par son propre sang, entré, une fois pour toutes, dans le lieu saint, ayant obtenu une rédemption éternelle pour nous. (Hébr. 9 : 12). Et si nous avons foi en son sacrifice unique pour le péché offert une fois pour toutes, nous pouvons aussi nous approcher et communier avec Lui, non pas une fois par an, ou par mois, ou par semaine seulement, mais jour après jour.

Christ est un grand Souverain Sacrificateur, non par la généalogie d'Aaron, mais « d'après l'ordre de Melchisédek », qui était « sans généalogie. » (Hébr. 7 : 3). La généalogie de Melchisédek fut, sans doute, omise, afin de le rendre propre à préfigurer Celui qui n'eut pas de père terrestre. Dieu a appelé tous les croyants à être des prêtres à son Nom, et notre droit à ce sacerdoce dépend du fait que nous sommes, ou non, nés de nouveau, et que nos noms sont, ou ne sont pas, écrits dans le Livre de vie de l'Agneau. De plus, il a pourvu à notre préparation pour les « temps présents » indiqués dans l'Épître de Jean et que voici : Premièrement : « Le sang nous purifie », afin qu'il n'y ait pas de nuage entre nos âmes et Dieu. Secondement : « L'onction demeure sur nous », de sorte que l'Esprit pour le service nous sera toujours abondamment accordé.

LA PRÉDICATION D'ESDRAS.
- Le résultat immédiat de l'oeuvre de réparation fut une grande soif de la Parole de Dieu. Le peuple s'assembla tout entier devant Esdras à la Porte des Eaux et ils lui demandèrent de faire apporter le Livre de la Loi de Moïse.

Ici, Esdras, qui était probablement un vieillard à cette époque, entre de nouveau en scène et nous le voyons uni à Néhémie pour le service de Dieu. Il nous est fait un tableau frappant de la prédiction d'Esdras. Nous l'avions vu comme réformateur et comme homme de prière ; maintenant, toute sa connaissance de la Loi de l'Éternel se manifeste pendant qu'il se tient debout sur cette estrade de bois « dressée à cette occasion ». - Treize d'entre les chefs du peuple sont à ses côtés - et tout le monde se presse autour de lui.
Il ouvrit le rouleau du Livre, et, après avoir prié, lut la Loi distinctement, en donna le sens afin que chacun comprit. Heure après heure, et ensuite, jour après jour, ils écoutèrent : Hommes, femmes et enfants, « tous ceux qui étaient capables d'entendre. »

Une telle prédication émut Jérusalem, comme, beaucoup plus tard, la prédication de Savonarole bouleversa Florence. Le peuple pleurait à mesure qu'il comprenait mieux ses infidélités à la volonté de Dieu. Mais Esdras, Néhémie et les Lévites le calmèrent et lui dire de ne plus pleurer. Nous concluons, d'après le contexte, que les pleurs furent changés en joie, par le fait que les Israélites cédèrent à la volonté divine et reconnurent les droits de l'Éternel sur leurs vies. Et le peuple s'en alla... pour se livrer à de grandes réjouissances. Car ils avaient compris les paroles qu'on leur avait expliquées. (8 : 12). « Heureux ceux qui observent ta Loi ! »

Les Enfants d'Israël s'engagèrent solennellement à observer la Loi ; d'une façon spéciale, celle qui concernait les mariages avec les païens, l'observation du Sabbat et le maintien du culte de l'Éternel.

La dédicace des murailles fut l'occasion de nouvelles réjouissances, « car Dieu avait donné au peuple un sujet de grande joie. » Les femmes et les enfants se réjouirent aussi, et les cris de joie de Jérusalem furent entendus au loin. (12 : 43).

NOUVEAU RECUL.
- Douze ans se sont écoulés. Néhémie qui, pour un temps, était retourné à la cour de Suse, est revenu à Jérusalem pour trouver toutes les clauses de l'alliance violées et la Loi mise de côté. D'une main ferme, il s'occupe de faire cesser cet état de choses. De nouveau, la Loi de Moïse est apportée et l'on y trouve que les Ammonites et les Moabites ne doivent jamais faire partie de la congrégation de Dieu. Et pourtant, Éliaschib, le prêtre, sous prétexte qu'il est parent de Tobija, est allé jusqu'à donner à cet ennemi de l'Éternel une chambre dans le Temple ! Néhémie, sans perdre un instant, met l'intrus à la porte. Nous aussi, à l'heure actuelle, devons prendre garde que les liens de parenté n'affaiblissent pas notre témoignage et notre droiture vis-à-vis du Seigneur.

Encore une fois, Néhémie parlemente avec les chefs à cause des négligences qu'il constate dans le service de la Maison de l'Éternel. Ensuite, il découvre un complet oubli du Sabbat. Ce même oubli, aujourd'hui, au sujet du Jour de Dieu, est une des preuves évidentes de la condition décadente de l'Eglise. Cet état de choses ne fait qu'empirer, et, avec la désobéissance aux parents, c'est un signe des temps périlleux des derniers jours, où « les hommes seront amateurs d'eux-mêmes...., aimant le plaisir plus que Dieu. » (2 Tim. 3, 1, 4).

« LA LANGUE D'ASDOD ».
- Enfin, Néhémie découvrit que, de nouveau, les Juifs avaient contracté des mariages avec les païens. Il en résultait que les enfants parlaient moitié en langue asdodienne, moitié en langue juive (4).

Dieu a clairement ordonné que les chrétiens se marient « selon le Seigneur » et qu' « ils ne se mettent pas sous le même joug avec les infidèles ». Quand ils désobéissent à ce commandement formel et épousent des incroyants, ils s'attirent toujours des épreuves. On invoque souvent, cet argument que le mari chrétien ou la femme chrétienne sera capable de gagner son conjoint à la cause du Seigneur. Mais on ne peut s'attendre à ce que Dieu accorde sa bénédiction à un acte de désobéissance ; on constate trop fréquemment que c'est le chrétien qui est attiré (peut-être d'une façon imperceptible) à aimer les choses du monde, et on le trouve (de même que les enfants issus d'un mariage semblable) parlant « à moitié la langue d'Asdod » et incapable de parler comme un citoyen de la Cité céleste. L'Esprit de compromis avec le monde ternit le témoignage pour Christ dans plus d'un intérieur qui devrait briller pour Lui.

Dans toutes ces violations de la Loi, Néhémie « réprimanda les Juifs » ; qu'ils fussent nobles, ou chefs, ou gens du commun, il les traita tous de la même énergique façon et ne s'arrêta pas avant d'avoir tout remis en ordre. Il agit ainsi, non par manque d'amour, car il était disposé à se dépenser et à se donner pour son peuple.
C'est une preuve d'amour vrai que d'agir fidèlement vis-à-vis de la fausse doctrine ou du mal sans une forme quelconque. L'Eglise de Christ serait plus pure aujourd'hui si ses conducteurs avaient eu vis-à-vis de la violation de la Loi de Dieu, la courageuse attitude de Néhémie.


 

XIII. ESTHER


Le livre d'Esther a pour but de montrer le soin providentiel de Dieu à l'égard de son peuple. Quoique le nom de Dieu n'y soit pas mentionné, la main du Dieu dirigeant et contrôlant les événements pour la conservation de son peuple y est manifeste tout au long (5).

Dans le Talmud, la question est posée : « Où trouvons-nous Esther dans la Loi ? » La réponse est dans Deut. 31 : 18 : « Je cacherai ma face en ce jour-là. » Dieu cachait sa face à son peuple à cause de leurs péchés ; ils avaient délibérément choisi de demeurer dans le pays de leur captivité, parmi les païens, au lien de profiter de l'occasion offerte pour retourner à Jérusalem avec Zorobabel. Les événements de ce livre se déroulent pendant les soixante ans qui s'écoulèrent entre le retour du premier contingent de rapatriés et celui du second, sous Esdras.

LA PRIÈRE.
- Quoiqu'il ne soit pas fait positivement mention de la prière à Dieu, dans ce livre, elle est clairement sous-entendue dans le deuil et le jeûne qui eurent lieu parmi les Juifs lorsqu'ils entendirent le décret royal qui ordonnait leur destruction ; et, de nouveau, quand Esther prescrit un jeûne de trois jours parmi son peuple avant qu'elle se hasarde à demander audience au roi. La fête du Purim, instituée par Esther et Mardochée, prouve encore, non seulement la véracité du récit, mais aussi la reconnaissance de la nation et le souvenir qu'elle conservera de sa délivrance, à travers tous les âges.
« Leurs jeûnes et leurs cris » sont aussi mentionnés, et à qui auraient-ils pu crier, si ce n'est à Dieu ? (9 : 31).

LE SCEPTRE D'OR.
- Le récit qui nous montre ce roi, étendant son sceptre d'or, a encouragé maint croyant à apporter ses requêtes au Roi des rois.
Demande-lui beaucoup, pour beaucoup obtenir...
Inutile de craindre que notre Roi nous refuse une audience ou que nous puissions encourir son déplaisir. en nous approchant de Lui. Mais il y a des moments où il semble, d'une manière spéciale, étendre son sceptre d'or et vouloir nous donner une entrée plus abondante en sa présence, par la prière.

SATAN.
- Derrière la haine personnelle d'Haman, il y a la malignité encore plus profonde de Satan, cherchant à annuler les promesses de Dieu par la destruction de la race juive tout entière. Car Xerxès était roi sur tous les Juifs de Palestine, aussi bien que sur ceux de Perse et de Babylone. Satan savait que le grand Libérateur qui devait sortir de la maison de David détruirait sa puissance à lui, et nous pouvons découvrir sa main derrière des événements historiques tels que ceux-ci : Saül jetant sa javeline contre le jeune David ; la reine Athalie essayant d'anéantir. la semence royale. Mais Dieu détourna le coup, dans le premier cas, et nourrit l'enfant de Joas dans les parvis du Temple, dans l'autre. La même hostilité diabolique inspira à Hérode de tuer tous les nouveau-nés de Bethléem, mais Dieu sauva son Fils en l'envoyant en Égypte. Le grand ennemi réussit à blesser Jésus au talon quand il unit Hérode à Ponce Pilate, avec les Gentils et le peuple d'Israël, contre le saint Enfant Jésus ; mais Dieu le ressuscita des morts.

L'EXACTITUDE HISTORIQUE.
- Il n'y a peut-être pas, dans toute la Bible, un livre dont on ait, aussi obstinément contesté l'authenticité que le livre d'Esther. Mais les écrits d'Hérodote et les découvertes faites au palais de Xerxès, à Suse, par M. Dieulafoy, s'accordent pour confirmer chaque détail de ce récit (6).

Les positions relatives des diverses parties du palais et des jardins s'adaptent parfaitement avec la description que nous en fait le livre. Le caractère frivole et vaniteux d'Assuérus - le Xerxès de l'histoire - son festin extravagant, les noms persans des courtisans, les lits d'or, le sceptre, l'anneau, les scribes, les courtiers, tous ces détails sont historiques et nous voudrions avoir la place pour les examiner l'un après l'autre. Dans le compte-rendu du festin royal (chap. 1 : 6), les tentures de la cour du jardin sont décrites comme étant « blanches, vertes et bleues ». Le mot traduit par « vertes » est eu, réalité un vieux mot persan qui veut dire « fin tissu de coton » ; de sorte qu'on devrait lire « des tentures de fin tissu de coton bleu et blanc ». C'étaient là, d'après Xénophon, les couleurs royales de la Perse. Les colonnes de marbre ont été trouvées dans la cour du jardin, et il est clair que le pavé était une mosaïque, telle qu'elle est décrite au verset 6.

LE SALUT.
- On a essayé plusieurs fois de découvrir des symboles compliqués dans le livre d'Esther. Mais un fait bien simple y apparaît nettement : c'est que cette jeune reine était prête à donner sa vie pour son peuple.
C'est ici que nous trouvons Christ dans le livre d'Esther : image de Celui qui, non seulement était prêt à donner sa vie, mais la donna réellement pour nous, et par l'intercession de qui le salut nous est assuré.

L'OCCASION.
- La grande leçon pratique de ce livre, c'est l'extrême empressement que nous devons mettre à utiliser les occasions que Dieu nous donne. Ces occasions sont une question de vie ou de mort pour nous-mêmes et pour les autres. Mardochée était sûr de l'intervention divine, quand il envoya ce message à Esther - « Si tu te tais maintenant, le secours et la délivrance surgiront d'autre part pour les Juifs, et toi et la maison de ton père vous périrez ; et qui sait si ce n'est pas pour un temps comme celui-ci que tu es parvenue à la royauté ? » (4 : 14).

Nous pouvons être tentés de considérer les occasions qui nous sont données comme insignifiantes, notre cercle d'influence trop restreint pour avoir quelque importance. Si nous étions une grande reine comme Esther, ce serait une autre affaire. Mais « qui sait si tu n'es pas parvenue à la royauté pour un temps comme celui-ci ? » Toi, qui que tu sois et quelles que soient tes circonstances, tu es appelé à « régner dans la vie par un seul, Jésus-Christ ». Veille à ne pas manquer les occasions qui te sont offertes. Dieu a un plan pour chacune de nos vies. Il nous a placés où Il peut le mieux nous employer à sa gloire. Si nous ne réussissons pas là, c'est que peut-être Il veut réaliser son plan de quelque autre manière ; mais quelle perte nous subirons ! Comme Esther, soyons prêts à tout et disposés à risquer n'importe quoi au service de Dieu.


(1
) Israël, my glorg (Israël, ma gloire), p. 201, par le Rév. John Wilkinson. 

(2) Commentary on Esther (Commentaire sur Esther), p. 50, par le Dr Cassel.

(3) L'Urim et le Thummim, « Lumières et Perfections. » En hébreu, quand deux noms apparaissent sous cette forme, l'un doit être considéré comme adjectif, avec une force particulière. Ainsi, nous devrions traduire ici « parfaite lumière », car la forme du pluriel est le « pluriel hébreu » de majesté 

(4) Nous donnons ici le sens de la traduction, sans lequel la leçon que l'auteur désire faire ressortir ne s'expliquerait pas. Ce sens diffère des versions Synodale et Segond qui disent que « la moitié des enfants parlait asdodien, et l'autre moitié parlait juif ». Nous avons dû recourir à la version Darby qui traduit (comme les auteurs de la version anglaise révisée) « les enfants parlaient moitié asdodien, moitié juif. » (Trad.)

(5) Le Dr Bullinger fait remarquer que les savants hébraïsants ont trouvé le nom de Jéhova quatre fois, sous la forme acrostiche, dans le livre d'Esther. 

(6) ». Dieulafoy a reconstitué le bithân (apadana, la grande salle des festins ou salle du trône) dans le musée du Louvre, et l'on peut y voir actuellement les restes des piliers de marbre et des dallages de marbre de la salle du festin. 
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