Dans l'hébreu, ces six livres ne sont
qu'au nombre de trois, chaque groupe de deux ne
formant qu'un seul livre.
Samuel et les Rois racontent une
histoire consécutive, et la note dominante
(la clef) des deux est : le Royaume.
Les Chroniques sont l'histoire de 2
Samuel et de 1 et 2 Rois,
répétée à un point de
vue différent. Ici, la clef est la Théocratie. Ces livrés
traitent seulement du Royaume de Juda et en
racontent l'histoire en rapport avec le Temple et
le culte de Jéhova. Ils ont probablement
été écrits par Esdras.
Le privilège spécial des
enfants d'Israël était d'avoir Dieu
pour Roi, d'être choisis par Lui afin
d'être pour Lui un peuple particulier,
destiné à manifester sa louange dans
le monde.
Pendant le temps des Juges, ils avaient
rejeté Dieu comme Roi. Cet état
d'esprit arrive à son point culminant aux
jours de Samuel, « lorsqu'ils
demandèrent un roi comme les autres
nations ». Lorsque les enfants de Dieu
ont peur de ne pas ressembler assez au monde qui
les entoure, ils perdent la faculté de
témoigner pour Lui.
Dieu leur donna Saül, un roi
d'après leur propre coeur. Lorsque Saül
viola l'alliance divine par sa
désobéissance, Dieu leur donna David,
un roi selon son coeur à Lui.
David était une figure du seul
Roi parfait. De même, Salomon. Mais
après Salomon, la puissance de Dieu.
abandonna les rois ; elle fut alors uniquement
dévolue aux prophètes. Elie envoya
dire à Achab : « Voici, Elie
est ici ! Et Achab alla au-devant
d'Elie. » Comme Moody le fait
remarquer : « Qui était roi,
alors ? » Moïse était un
prophète. Samuel fut à la fois
prophète, le dernier des Juges, et aussi
sacrificateur. Mais la grande lignée des
prophètes commence avec Elie. Les
prophètes représentaient Dieu au
milieu de son peuple, à travers les
années de décadence et de ruine qui
caractérisèrent la monarchie.
L'état de rébellion du peuple de
Dieu, décrit dans le livre des Juges, se
prolongea jusque dans la première partie de
1 Samuel et atteignit son apogée lorsque
l'Arche de l'Éternel était entre les
mains des Philistins et que les prêtres se
livraient à leurs débordements. Nous
avons ici une leçon très
sérieuse pour les parents qui se sont
relâchés dans la discipline de
l'éducation ; ce sont même
parfois de bons parents. Nous lisons, au sujet des
fils d'Héli : « Ces jeunes
gens se rendaient coupables devant l'Éternel
d'un très grand
péché » et
« Héli ne les avait pas
réprimés ».
De la même façon,
même les fils du juste Samuel « ne
marchèrent point sur ses traces ; ils
se livraient à la cupidité,
recevaient des présents et violaient la
justice », jusqu'à ce que le
peuple eût pris leur conduite comme
prétexte pour demander un roi. David aussi
paraît avoir été bien incapable
de gouverner sa propre maison, comme nous en avons
une preuve dans la révolte d'Absalom et
d'Adonija. Nous lisons au sujet de ce
dernier : « Son père ne lui
avait de sa vie fait un reproche, en lui
disant : « Pourquoi agis-tu
ainsi ? » Il est évident que
David n'avait pas rempli ses devoirs de père
et châtié son fils.
Samuel, Saül et David sont les
trois figures centrales de 1 et 2 Samuel.
LE NOM DE SAMUEL. - Samuel
lui-même préfigurait notre Sauveur. La
signification de son nom avait toujours
embarrassé les savants
hébraïsants jusqu'en 1899. À cette époque eut lieu
le
douzième congrès des Orientalistes,
tenu à Rome, et le professeur Jastrow, de
Philadelphie, fit part à ses
collègues de la conviction qu'il avait
acquise que dans la langue assyrienne (qui se
rapproche beaucoup de l'hébreu) le mot sumu veut dire fils,
et il
traduisait
Samuel par « fils (ou
postérité) de Dieu ». Anne,
dans la profondeur et la sincérité de
sa soumission, avait abandonné
complètement à Dieu son
premier-né.
Il fut donc « fils de
Dieu » depuis le moment de sa naissance.
« J'en fais un don à
l'Éternel » (V. S), non pas un
« prêt » (comme dans
l'ancienne version anglaise). (1) Le
mot, commun aux langues
babylonienne et hébraïque avant leur
séparation, devient un témoin de
l'ancienneté du livre. Il disparut du
langage des Israélites si
complètement qu'aucun étudiant de la
Bible, ancien ou moderne, n'était capable de
l'expliquer. Mais il était incontestablement
d'un emploi courant à l'époque
d'Anne, car elle voulut que chacun sût
que l'enfant appartenait à l'Éternel,
et elle doit naturellement avoir choisi un nom que
tout le monde pût comprendre.
Le nom « fils de
Dieu » nous fait faire un pas de plus. La
similitude entre le Cantique d'Anne et celui de
Marie, la mère de Jésus, a toujours
été remarquée. Le Cantique de
Marie n'est pas une répétition de
celui d'Anne, et pourtant toutes les deux voient la
même vision : celle du plein salut
accordé à la terre, et du Christ de
Dieu. « Les ennemis de l'Éternel
trembleront », chante Anne :
« du haut des cieux, il lancera sur eux
son tonnerre ; l'Éternel jugera les
extrémités de la terre. Il donnera la
puissance à son roi et il relèvera la
force de son oint »,
(1
Sam. 2 : 10),
c'est-à-dire de son Messie.
« Il a déployé
la force de son bras », répond
Marie : « Il a dispersé ceux
qui avaient dans le coeur des pensées
orgueilleuses Il
a secouru Israël, son serviteur, et Il s'est
souvenu de sa miséricorde ; comme Il
l'avait dit à nos pères, envers
Abraham et à sa postérité
à toujours. »
(Luc
1 : 51-55).
(2).
Le Cantique d'Anne et le, nom qu'elle
donna à son fils sont l'un et l'autre des
prophéties du Christ. Elle a l'honneur
d'être la première qui ait
employé le mot
« Messie. »
« L'ÉTERNEL DES
ARMÉES ». - Un autre titre
divin, extrêmement majestueux, apparaît
pour la première fois, dans le premier
chapitre de ce livre. C'est
« l'Éternel des
Armées ». Le
Révérend A. Craig Robinson base sur
ce fait l'argument suivant :
« L'appellation divine l'
« Éternel des
Armées » n'est jamais
donnée dans le Pentateuque. On la trouve,
pour la première fois, dans 1
Samuel 1 : 3. Ensuite, elle
est très fréquemment employée,
surtout dans les prophètes - 281 fois en
tout.
Si le Pentateuque, comme on voudrait le
prétendre, avait été
écrit par une multitude d'écrivains
à une époque plus récente,
lorsque ce titre était continuellement
appliqué à Jéhova, comment se
fait-il que pas un d'entre eux ne l'ait
employé une seule fois dans le
Pentateuque ? »
(3).
Nous avons une preuve que le nom
« l'Éternel (ou de Jéhova)
des Armées » était un titre
du Christ, en comparant Esaïe
6: 1 à 3 avec Jean
12 : 41, et Esaïe
8: 13-14 avec 1
Pierre 2: 5-8.
Samuel préfigurait le Christ en
cumulant les fonctions de prophète, de
prêtre et de gouverneur. Les écoles de
prophètes qu'il a fondées sont une
image de l'action du Seigneur
lorsqu'Il répand son Esprit sur ses
apôtres. ses évangélistes, ses
prédicateurs.
Par dessus tout, Samuel
représentait Christ dans sa vie de
prière et d'intercession., Depuis le temps
où Dieu « appela
Samuel » - histoire qui nous est
chère depuis notre enfance - sa vie fut une
vie de communion ininterrompue. La voix de Samuel
arrivait jusqu'à l'oreille de Dieu et sa
propre oreille était ouverte à la
voix divine. Lui et Moïse sont des exemples
d'intercesseurs d'élite. « Quand
Moïse et Samuel se présenteraient
devant moi, je ne serais pas favorable à ce
peuple » (Jérémie 15 :
1). Samuel dit à la nation rebelle :
« Loin de moi aussi de pécher
contre l'Éternel, de cesser de prier pour
vous ! » « Jésus
est toujours vivant pour intercéder pour
eux. »
UN AMI. - En Jonathan nous avons une
autre image du Christ, de son amour, de sa
céleste et divine amitié.
« Il y a tel ami plus attaché
qu'un frère. » Jonathan, le fils
du roi, n'eut pas honte de faire du berger son ami,
et Jésus n'à pas eu honte de nous
appeler ses frères. « L'âme
de Jonathan s'attacha à l'âme de David
et Jonathan l'aima comme son âme. »
- Jésus « ayant aimé les
siens, qui étaient dans le monde, les aima
jusqu'à la fin »
Jonathan fit avec David une alliance
perpétuelle.
(1
Sam. 18 : 3, 20 :
15-16, 23 :18)
Il ôta le manteau
qu'il portait pour le donner à David et il
lui donna ses vêtements, même son
épée, son arc et sa
ceinture ». Lui aussi, s'est
dépouillé de sa gloire, nous a
revêtus de la robe de sa justice, nous a
armés et nous a ceints pour le combat.
Jonathan fortifia la force de David en Dieu
(23 :
16) et le Seigneur nous
dit : « Ma force s'accomplit dans ta
faiblesse ». Naturellement l'image, comme
toutes les autres, est loin de la
réalité. Jonathan, au péril de
sa vie
(20 :
33), cherche à
réconcilier son père avec David.
Jésus, en donnant sa vie comme
médiateur et comme notre
avocat auprès du Père, nous a rendus
participants de son trône et de sa
gloire.
LE BERGER-ROI. - Comme berger et comme
roi, David est une figure de notre Sauveur. Dans 1
Samuel, il nous est parlé de la longue
préparation de David pour le
Royaume.
La petite ville de Bethléem est
également le lieu de naissance de David et
du fils suprême de David. Les années
tranquilles de labeur que David vécut avec
le troupeau de son père nous rappellent les
années passées par Jésus
à Nazareth, dans l'atelier du
charpentier.
Un grand nombre de Psaumes sont tout
imprégnés des souvenirs de David
quand il passait ses nuits à garder son
troupeau :
« Quand je contemple les
cieux, ouvrage de tes mains, la lune et les
étoiles que tu as créées,
qu'est-ce que l'homme, pour que tu te souviennes de
lui ? Et le fils de l'homme pour que tu
prennes garde à lui ? »
(Ps.
8: 3-4). « Les cieux
racontent la gloire de Dieu, et l'étendue
manifeste l'oeuvre de ses mains. »
(Ps.
19 : 1).
Dans ces mêmes plaines autour de
Bethléem, les bergers gardaient leurs
troupeaux pendant les veilles de la nuit, pendant
que l'étoile qui guidait les Mages brillait
au-dessus de leurs têtes. Et voici que l'Ange
du Seigneur leur apporta la bonne nouvelle d'une
grande joie, celle de la naissance, dans la ville
de David, d'un Sauveur qui est le Christ, le
Seigneur. « Et soudain, il se joignit
à l'ange une multitude de l'armée
céleste, louant Dieu et disant : Gloire
à Dieu dans les lieux très hauts et
paix sur la terre parmi les hommes qu'il
agrée. »
Ceux qui ont contemplé le lever
du soleil, dans ces plaines où David doit
l'avoir si souvent admiré, nous disent que
rien ne peut décrire la magnificence de ce
spectacle. « Il a dressé une tente
pour le soleil... Et le soleil, semblable à
un époux qui sort de sa chambre,
s'élance dans la carrière avec la
joie d'un héros. »
(Ps.
19 : 5-6).
LE PSAUME 23.
(Ps:
23) - Dans le
Psaume du
Berger, David décrit certainement sa propre
expérience. Qu'il a souvent conduit ses
propres brebis dans de verts pâturages, le
long des eaux tranquilles ! Et combien de fois
il les a dirigées vers les gorges profondes
du désert de Judée !
(4). Ce
désert a 80 kilomètres de long sur 16
de large, avec de nombreuses vallées que le
mot hébreu placé dans ce psaume
dépeint très bien. Il y a, en
hébreu, huit mots différents pour
vallée ; mais celui que David emploie
ici signifie une gorge profonde et rocheuse, dont
quelques-unes avaient seulement deux ou trois pieds
de largeur dans le fond. Celles-ci demeuraient
très sombres, même le jour, à
cause des roches escarpées qui
s'élevaient, de chaque côté,
à plus de 800 pieds. Ici, les hyènes
s'emparent des brebis si elles s'éloignent
du berger. Mais avec sa houlette, il peut lutter
soit contre les bêtes sauvages, soit contre
les hordes bédouines encore plus sauvages.
Et, de son bâton, il rassure le
troupeau.
Plus d'une fois, David avait
risqué sa vie et laissé ses brebis,
pour aller délivrer un agneau de la gueule
du lion ou de la patte de l'ours. Le bon berger
doit toujours être prêt à
exposer et à donner sa vie. Avec quelle
confiance David s'écrie :
« Jéhova est mon Berger, je ne
manquerai de rien ! » Et le fils de
David répond : « Je suis le
Bon Berger ; le Bon Berger donne sa vie pour
ses brebis ». Il laisse les
quatre-vingt-dix-neuf au désert pour aller
chercher celle qui était perdue,
jusqu'à ce qu'Il l'ait
trouvée.
Le bercail oriental est une enceinte non
recouverte, avec un petit abri en arrière,
et entourée d'un mur de pierres brutes. Dans
un coin est une petite porte, mais on peut dire que
chaque berger est en lui-même la porte. Il
dort sur le seuil afin de protéger le
troupeau, la nuit.
Il se tient également sur le
seuil, le soir, lorsque les brebis rentrent, et il
examine chacune à mesure qu'elle passe
devant lui. Il a une coupe d'eau pour celles qui
ont soif, et de l'huile pour celles qui sont
blessées ; il panse celles qui se sont
meurtri la tête contre les rochers. Le
tableau allégorique du
vingt-troisième psaume ne se transforme pas
au milieu, comme quelques-uns le pensent, en une
table de festin ; le tableau des soins du
berger se continue jusqu'à la fin
(5).
Les rôles du Berger et du Roi sont
réunis en David et dans le fils de David. Un
vrai roi doit toujours avoir le coeur d'un berger.
Lorsque David vit l'Ange de l'Éternel
près de détruire Jérusalem, il
cria : « C'est moi qui ai
péché et qui ai fait le mal ;
mais ces brebis, qu'ont-elles fait ! Que ta
main soit donc sur moi... et non sur ton
peuple. »
(1
Chron. 21 : 17).
« J'établirai sur elles
un seul pasteur qui les fera paître, mon
serviteur David. Et il sera leur
pasteur. »
(Ezéch.
34 ; 23).
Il est :
- Le Bon Berger, dans sa mort. Jean 10 : 11. Voir Ps. 22.
- Le Grand Berger, dans sa résurrection. Hébr. 13 : 20. Voir Ps. 23.
- Le Souverain Berger, dans sa gloire. 1 Pierre 5 : 4. Voir Ps. 24.
David fut sacré trois fois, d'abord dans
la maison de son père, puis sur Juda, et
enfin sur tout Israël.
Dieu a oint Jésus de Nazareth
d'une huile de joie. Il est Roi des rois et
Seigneur des seigneurs, mais, de même que
David - quoique roi sacré - fut exilé pendant que
Saül
régnait, ainsi Christ est rejeté du
monde, et le « Prince de ce
monde » règne dans les coeurs des
hommes.
Un jour vint où les hommes de
Juda s'assemblèrent vers David et le
sacrèrent roi à Hébron
(2
Sam. 5: 3). "Amas aï fut
revêtu de l'Esprit et dit : Nous sommes
à toi, David, et avec toi, fils
d'Isaï. »
(1
Chron. 12 : 18). C'est un
jour de joie dans l'expérience du croyant
lorsqu'il abandonne complètement son coeur
et sa vie au Seigneur Jésus-Christ et
dit : « Je suis à toi, et de
ton côté », lorsqu'il peut
le regarder en face et s'écrier :
« Tu es mon Roi. »
(Ps.
44 : 4).
« La guerre dura longtemps
entre la maison de Saül et celle de David,
mais David devenait de plus en plus fort et la
maison de Saül allait en
s'affaiblissant »
(2
Sam. 3 : 1), jusqu'à
ce qu'enfin Abner dise aux anciens
d'Israël : « Vous
désiriez autrefois David pour roi ; établissez-le maintenant,
car
l'Éternel a dit de lui : c'est par
David, mon serviteur, que je délivrerai mon
peuple d'Israël de la main des Philistins et
de la main de tous ses ennemis. » Alors,
« toutes les tribus d'Israël vinrent
auprès de David à Hébron et
dirent : Voici, nous sommes tes os et ta
chair... Et ils oignirent David pour roi sur
Israël. »
(5 :
1-3).
« Un roi que choisira
l'Éternel, ton Dieu, du milieu de tes
frères ; tu ne pourras pas te donner un
étranger, qui ne soit pas ton
frère »
(Deut.
17 : 15). Le roi nous
tient de près. »
(2
Sam. 19 : 42). « Il
a dû être rendu semblable en toutes
choses à ses frères. »
(Hébr.
2 : 17). Ici, nous
voyons tout Israël uni sous son roi
légitime : image d'un coeur qui est
parfaitement loyal au Roi des rois.
La promesse de Dieu à Israël
était qu'Il le sauverait de tous ses ennemis
par la main de David. Et ceci fut accompli à
la lettre, depuis le jour où il tua Goliath
jusqu'à la fin de son règne. Nous ne
lisons jamais qu'il ait été défait.
De même, Christ a vaincu notre grand ennemi,
Satan. Il est venu, afin que,
« étant délivrés de
la main de tous nos ennemis, nous puissions le
servir sans crainte ». « Il
doit régner jusqu'à ce qu'Il ait mis
tous ses ennemis sous ses pieds. »
« Il n'y aura pas de fin à son
empire et à la paix. »
Et David s'empara de la forteresse de
Sion ». Ceci représente notre
citadelle principale, notre propre volonté.
Lorsqu'elle s'est rendue, le Seigneur y
établit son règne.
Dans l'histoire de Méphiboscheth,
nous avons une belle image de la miséricorde
de notre Roi en nous rapprochant de Lui et en nous
traitant « comme un des fils du Roi, pour
manger à sa table
continuellement ». Il nous amène
dans la maison du festin, nous y invite en
disant : « Mangez, ô amis,
buvez, faites bonne chère, ô
bien-aimés ». Lui-même est
l'aliment céleste, car Il dit :
« Le pain qui est descendu du ciel, c'est
ma chair, et ma chair est une véritable
nourriture ».
LE PÉCHÉ DE DAVID. - Mais
toute image de notre parfait Sauveur pèche
par quelque côté. Et David ne fait pas
exception. Nous arrivons au récit de son
épouvantable faute. Comment un tel
pécheur a-t-il pu être appelé
« un homme selon le coeur de
Dieu ? »
Tout au travers de la vie de David, un
trait de caractère le distingue des autres
hommes, surtout de Saül ; c'est sa
confiance ininterrompue en Dieu, sa soumission au
gouvernement divin, son acceptation de la
volonté de Dieu. Le grand désir de
son coeur était de lui bâtir une
maison, mais quand Dieu le met de côté
parce qu'il a été un homme de guerre,
il acquiesce avec la plus parfaite
résignation à la décision de
l'Éternel.
Lorsque Nathan vient réveiller sa
conscience en lui montrant le grand
péché de sa vie - David, quoique
monarque absolu - le reconnaît tout de suite.
Et la profondeur de son repentir
est telle que, seul, le coeur qui a connu Dieu peut
en faire l'expérience.
Pour tous les temps, le Psaume 51 reste
comme l'expression de la plus profonde angoisse
d'une âme remplie de remords. Dans ce psaume,
David parle d'un coeur brisé comme du seul sacrifice qu'il
puisse offrir ;
du
seul, d'ailleurs, que Dieu trouverait acceptable.
Et le Très-Haut et le Saint qui habite
l'Éternité va encore plus loin dans
sa merveilleuse condescendance et dit :
« J'habite dans les lieux
élevés et dans la
sainteté ; mais je suis avec l'homme
contrit et humilié, afin de ranimer l'esprit
des humbles et les coeurs contrits. »
(Esaïe :
57 :
15).
La Bible ne « gaze »
pas le péché, et encore moins celui
des enfants de Dieu. Elle n'épargne pas les
saints. Il y eut des degrés qui conduisirent
David à cette faute : ses nombreuses
femmes, et le fait de rester à
Jérusalem alors qu'il aurait dû
être à la guerre. Lorsqu'il y a un
recul dans la vie extérieure du
chrétien, on peut être sûr qu'il
y a eu auparavant un recul correspondant dans la
vie intérieure.
David avait gravement
péché. Mais son repentir fut
immédiat, profond, sincère. Dieu, il
est vrai, effaça ses transgressions, par sa
compatissante miséricorde, mais les
conséquences du péché
demeurèrent : Il punit David par de
dures épreuves dans sa famille.
UN RÉVOLTÉ. - Dans la
fuite d'Absalom, après le meurtre de son
frère, nous avons l'image d'une âme
révoltée, éloignée de
Dieu. En David, nous avons l'image de la douleur
que Dieu éprouve à cause, des
pécheurs. « Le roi pleurait tous
les jours son fils... Et l'âme de David
soupirait après Absalom. »
D'après les paroles de la « femme
habile » de Tékoa :
« Dieu désire que le fugitif ne
reste pas banni de sa présence. »
(2
Sam. 14 : 14). Nous avons
ici
un écho des paroles même de
Dieu : « Délivre-le, afin
qu'il ne descende pas dans la fosse ; j'ai
trouvé une
rançon (ou une expiation). »
(Job.
33 : 24).
Même lorsqu'Absalom était
encore révolté, le roi ordonna :
« Pour l'amour de moi, doucement avec le
jeune homme Absalom. » En ceci, nous
voyons la patience de Dieu envers les
pécheurs. Et lorsque David apprit sa mort,
il cria : « 0 mon fils Absalom, mon
fils, mon fils Absalom ! Plût à
Dieu que je fusse mort à ta place, ô
Absalom, mon fils, mon fils ! »
David serait volontiers mort pour son fils rebelle,
mais il ne le pouvait pas. Combien ceci reporte nos
pensées vers Celui qui fut non seulement
disposé à mourir, mais capable de le
faire, Lui, Juste, pour nous, injustes, afin de
nous amener à Dieu !
LA FIDÉLITÉ De L'AMOUR. -
Dans l'exil de David, on trouve de nouveau un
symbole du Sauveur rejeté. Les murs à
l'est de Jérusalem bordent d'un profond
ravin le lit du torrent de Cédron. Lorsque
la révolte d'Absalom chassa David de sa
propre ville nous pouvons nous l'imaginer
s'avançant par une des portes de c'est
probablement celle qu'on appelle aujourd'hui la
porte de Saint-Etienne - et le long du sentier
sinueux qui descend vers la vallée rocheuse.
Le roi n'était pas seul. Une bande de
fidèles serviteurs allaient avec lui ;
et un peu en avant, six cents Philistins, de la
ville de Gath, sous la conduite d'Ittaï, le
Guittien. David avait probablement gagné le
coeur de ces hommes pendant qu'il demeurait
à Tsiklag, trente ans auparavant ; et
maintenant, ils étaient prêts à
le soutenir, à l'heure du danger. Quand
David arriva au fond du ravin avec cette escorte,
il essaya de dissuader Ittaï de l'accompagner.
Il lui fit remarquer que, comme étranger et
comme recrue « d'hier », il ne
devrait pas s'attarder à une cause
douteuse ; il le supplia donc de s'en
retourner avec sa
bénédiction.
Mais Ittaï tint bon ; sa
place, pour la vie ou pour la mort, était près
du maître qu'il aimait. Touché d'une
telle fidélité. David permit à
Ittaï de traverser le lit du torrent avec tous
ses gens, et avec les enfants qui étaient
avec lui (probablement ceux de ces mêmes
hommes.) Avec des pleurs et des cris, tous les
exilés traversèrent le torrent et
gravirent les pentes herbeuses du Mont des
Oliviers, de l'autre côté.
David établit des capitaines de
milliers sur le peuple qui l'avait
accompagné - un tiers sous la conduite
d'Ittaï le Guittien. Le dévouement de
cette armée se manifeste à chaque
instant. Lorsqu'ils s'aperçurent que leur
roi avait l'intention d'aller avec eux à la
bataille, ils ne voulurent. sous aucun
prétexte, le lui permettre, mais le
forcèrent à rester par ces
mots : « Tu ne sortiras point ;
et quand la moitié d'entre nous
succomberait, on n'y ferait pas attention ; mais toi, tu es
comme dix mille de
nous ! »
Mille ans ont fui.
De nouveau, un Roi rejeté sort de
la porte de Jérusalem et descend par le
chemin de la sombre vallée, pour gravir
ensuite la colline des Oliviers. Au lieu de la
forte escorte qui accompagnait David, il n'y a que
trois hommes avec le Fils de David, choisis parmi
les onze, et même ceux-ci ne peuvent veiller
avec lui dans son agonie. « J'ai
été seul à fouler au pressoir,
et nul homme d'entre les peuples n'était
avec moi. »
(Esaïe
63 : 3).
L'enthousiasme des fidèles de
David les porta à l'empêcher d'aller
à la bataille. Mais lorsque les soldats
parurent pour arrêter le Seigneur de gloire,
sa petite garde du corps l'abandonna et s'enfuit.
Et Lui, « qui est le plus grand entre dix
mille et parfaitement aimable », donna sa
vie pour des rebelles et des déserteurs
...
Près de deux mille ans ont
passé depuis ce jour. Notre Seigneur est
encore rejeté et renié par le monde.
Mais nous, aujourd'hui, nous avons la
possibilité de réjouir son coeur par un
attachement tel que celui d'Ittaï. Nous sommes
sa propriété, achetée au prix
de son sang. C'est son désir que nous
partagions sa gloire pendant
l'éternité ; mais Il
réclame l'amour de notre coeur
maintenant.
Huschaï, Tzadok et Abiathar
devaient représenter le roi au centre
même de la rébellion -
« dans le monde et cependant pas du
monde » - ambassadeurs dans un pays
ennemi. En Schimei, qui maudit David alors que
celui-ci semble rejeté, nous avons une
figure de ceux qui outrageaient Jésus,
secouant la tête et se moquant de Lui.
« Je frapperai le roi seul »
fut le conseil d'Achitophel à Absalom,
« et tout le peuple qui est avec lui
s'enfuira. » - « Je frapperai
le Berger, et les brebis seront
dispersées. » - Jésus,
notre Berger, fut « brisé,
frappé de Dieu » pour nous. - Et
le roi traversa le Jourdain, le fleuve de la
mort.
LE RETOUR DU ROI. - Il nous est fait un
tableau très vivant du retour de David dans
la ville de Sion. Le peuple, réclamait le
roi à grands cris :
« Pourquoi donc ne parlez-vous pas de
faire revenir le roi ? » Le roi
apprit ceci et envoya un message encourageant aux
anciens. « Et David fléchit le
coeur de tous ceux de Juda comme s'ils n'eussent
été qu'un seul homme ; et ils
envoyèrent dire au roi : Reviens, toi
et tous tes serviteurs. »
« Amen, oui, Seigneur
Jésus, viens ! »
D'après la coutume orientale, les hommes de
Juda vinrent à la rencontre de leur roi,
au-delà du Jourdain, pour l'amener dans sa
ville, au milieu des acclamations de ses sujets
dont la foule joyeuse augmentait à mesure
que le cortège s'avançait. Un jour,
le cri retentira : « Voici,
l'Époux vient ; sortez au-devant de
lui. » Alors, « les morts en
Christ ressusciteront
premièrement » et les saints qui
seront vivants sur la terre seront enlevés
dans les airs pour le rencontrer. Notre Roi a mis
cette espérance certaine
devant nous et nous appelle à vivre dans la
joyeuse attente de ce jour. Ceci nous conduira
naturellement à plus de
fidélité dans notre service. -
« Voici, je viens bientôt ; et
j'ai ma récompense avec moi, afin de rendre
à chacun selon ses oeuvres »
(Apoc.
22 : 12), et aussi
à plus de sainteté.
(Tite
2 : 11-14).
UN ÉVANGILE POUR CEUX QUI N'ONT PLUS
D'ESPOIR. - Les « hommes
vaillants » du royaume de David
étaient ceux qui vinrent à lui dans
son exil, lorsqu'il fuyait devant Saül. Parias
et criminels auparavant, ils étaient
devenus, sous la conduite de David, braves,
magnanimes, pleins de sang-froid comme leur chef.
« Tous ceux qui se trouvaient dans la
détresse, qui avaient des créanciers
ou qui étaient mécontents, se
rassemblèrent auprès de lui, et il
devint leur chef. Ainsi se joignirent à lui
environ quatre cents hommes. »
(1
Sam. 22 : 2). -
« Cet homme mange avec les
pécheurs. » C'est un glorieux
Évangile qui nous est confié. C'est
un Évangile pour les proscrits, pour les
parias de la société. C'est
l'Évangile d'espérance pour les pires
et les plus bas tombés. La puissance de
transformation qui est dans la Croix du Christ est
visible en des vies renouvelées partout
où l'Évangile est
prêché.
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