Au sortir de la sombre époque que nous
venons d'étudier « des jours
où il y avait des juges en
Israël », l'horizon s'éclaire
de la délicieuse histoire de Ruth. Au milieu de la
guerre, des
débordements de tous genres et de
l'idolâtrie, il y avait encore ceux qui,
pauvres ou riches, craignaient Dieu et vivaient
pieusement à sa gloire.
La famille d'Élimélec
était évidemment parmi
ceux-là, quoiqu'elle eût aussi commis
la faute d'aller dans le pays de Moab, pour y
trouver du secours. Le nom d'Élimélec
signifie « Mon Dieu est
Roi » ; et si sa foi avait
été assez forte pour se confier en
son Roi, bien des peines lui auraient
été évitées.
« Il y eut une famine dans le
pays », même à
Bethléem, « la Maison du
Pain », et ils descendirent à Moab
pour y chercher de la nourriture ; comme il
arrive trop souvent, « ils y
fixèrent leur demeure ».
Épreuve sur épreuve
succédèrent à cette
décision. Élimélec mourut, ses
deux fils épousèrent des femmes
moabites et moururent aussi.
Environ dix ans après, Naomi
« apprit que l'Éternel avait
visité son peuple et lui avait donné
du pain » ; elle se leva donc et
revint dans son pays. C'est alors qu'a lieu cette
scène mémorable du choix que fait
Ruth de s'attacher à sa belle-mère,
de la suivre dans une contrée inconnue, pour
y endurer vraisemblablement des privations et des
épreuves.
Lorsque Naomi vit qu'elle était
décidée à s'en aller avec
elle, elle « cessa ses
instances ».
Il doit y avoir eu un très grand
charme dans le caractère et la vie de Naomi
pour gagner ainsi le dévouement et l'amour
de Ruth, tout d'abord à elle-même,
puis à son Dieu. Et il est bon que son nom
qui signifie beauté, douceur,
nous ait été conservé, au lieu
de celui qu'elle voulait lui substituer, Mara, c'est-à-dire amertume.
Elles arrivèrent à
Bethléem, au commencement de la moisson des
orges ; la ville justifiait de nouveau son nom
de « Maison du Pain ». La
tranquille poésie de ces champs
d'épis, la glaneuse empressée au
milieu des servantes, les moissonneurs, le
maître du champ - tout le tableau, inondé de
lumière d'or, a vécu dans notre
esprit depuis notre enfance.
Et il se trouva justement (V. S.)
qu'elle était dans une pièce de terre
appartenant à Booz. »
Derrière nos vies, il y a une Main qui les
dirige et qui fait que des choses insignifiantes
ont des résultats
considérables.
En Booz, le parent
d'Élimélec, « un homme
puissant et riche », nous avons un autre
beau caractère. La simplicité de sa
vie, la courtoisie de sa conduite envers tous ceux
avec lesquels il avait affaire, sa
générosité, son observation de
la Loi, et surtout le parallèle continuel
qu'il établit entre les
événements et l'intervention divine,
se profilent en un frappant contraste sur le fonds
sombre du tableau de son époque.
LE « GOEL ». - Ce
fut à cet homme que Naomi envoya Ruth pour
réclamer les droits de rachat. Le mot
employé est Goël, le
rédempteur ; celui dont le devoir
autant que le droit, d'après la loi,
était de racheter la part de son parent
défunt et d'épouser sa veuve. (Voyez Lév.
25 : 31, 47,
55 ;
Deut. :25:
5-10).
Comme ces droits appartenaient au plus
proche parent, le mot Goël en vint
à exprimer cette qualité. Son devoir
absolu d'après la Loi était d'assumer
cette responsabilité, et c'est cet acte dont
Naomi voulait amener l'accomplissement.
La réponse de Booz fut :
« Il est vrai que j'ai droit de rachat,
mais il y en à un qui est plus proche que
moi. S'il veut user envers toi de ce droit,
à la bonne heure, sinon, j'en userai, moi,
l'Éternel est
vivant ! »
Vient ensuite le récit de la
confiance tranquille de Naomi et de sa belle-fille,
et de la cérémonie publique, pleine
de dignité, prescrite par la loi, en
présence des anciens à la porte de la
ville, où Booz annonce ses
intentions.
Le plus proche parent voulait bien
racheter la terre de Naomi, mais
il refusait d'accepter la condition de ce rachat,
qui était d'épouser Ruth, de peur de
nuire à son propre héritage. Cette
attitude laissait Booz libre de réaliser le
désir de son coeur aimant. Il acheta la part
d'Élimélec, racheta Ruth la Moabite
pour qu'elle devînt sa femme,
« afin de relever le nom du défunt
dans son héritage ».
LA LIGNÉE ROYALE. - Booz prit
Ruth pour femme et elle lui enfanta un fils.
« Et Naomi prit l'enfant, le mit sur son
sein et elle fut sa garde. Et les voisins lui
donnèrent un nom en disant : Un fils
est né à Naomi ! Et elles
l'appelèrent Obed. Ce fut le père
d'Isaïe, père de
David. »
Cette histoire nous montre que
l'attachement désintéressé
à Dieu et au devoir est
récompensé. Orpah, qui se contenta de
manifestations affectueuses extérieures,
retourna à son peuple et à ses dieux,
et de ce fait perdit sa place en Israël. Le
nom du proche parent qui refusa d'accomplir son
devoir par crainte de perte matérielle,
n'est pas même mentionné dans le livre
de Dieu. D'autre part, Ruth, qui abandonna tout
pour suivre Naomi et le Dieu de Naomi, et Booz,
qui, sans hésiter, remplit le rôle de Goël, ont leurs noms
transmis à
la postérité, comme dignes de
louanges et comme ceux d'ancêtres non
seulement de David, mais du suprême fils de
David.
LA PRÉCISION DE LA
PROPHÉTIE. - Une des preuves les plus
merveilleuses de la vérité de la
Bible réside dans les prophéties qui
concernent la naissance du Messie. Chaque fois que
la prophétie prédit une nouvelle
branche de la famille comme branche choisie, il
semble que, humainement parlant, elle risque un
danger nouveau. Mais Dieu ayant inspiré les
prophéties, le choix est fait avec une
précision infaillible. Parmi les fils de
Noé, Sem est choisi ;
parmi ceux d'Abraham, Isaac ; des douze fils
de Jacob, Juda. Et la promesse est
renouvelée à David. Puis, il faut un
lieu de naissance au Messie. Parmi les trois
continents connus, c'est l'Asie qui est choisie, et
parmi ses nombreuses contrées, c'est la
Terre promise. Des trois districts, la
Judée, et parmi ses milliers de villages,
Bethléem. « Le prophète met
le doigt sur un village obscur de la carte du
monde ; mais il parle avec
infaillibilité, car le Dieu omnipotent
était derrière sa parole. »
(Dr Pierson).
LE PARENT-RÉDEMPTEUR. - Mais la
note dominante, la clef du Livre de Ruth, c'est le
parent-rédempteur, « celui qui a
droit de rachat. » En lui, nous voyons
une image du Christ qui a racheté l'Eglise,
pour en faire son épouse. « Trente
fois en ce court récit, le mot
« parent » est
mentionné, ou « celui qui a droit
de rachat » ou « proche
parent » ou
« parenté », tous mots
ayant rapport à une même chose...
Combien il est clair que ce livre est
destiné à nous enseigner la doctrine
de la Rédemption !
Nous en avons, la preuve tout
particulièrement dans le chapitre 4,
versets
4 à 10. ici, le
mot rachat se trouve cinq fois en trois versets et,
dans le dixième verset, Booz déclare
qu'en rachetant la propriété, il a
acquis également la Veuve de Machlon pour en
faire sa propre femme. Rien n'explique
l'extrême minutie des détails sinon le
dessein de l'Esprit inspirateur d'en faire des
symboles... Notre Seigneur Jésus-Christ dut
devenir homme pour avoir le droit de rachat. Il est
par conséquent notre semblable, dans ce
sens ; mais s'Il avait participé
à la chute et au péché de
l'homme, Il n'aurait pu remplir le rôle de
Rédempteur. Aucun pécheur ne peut se
racheter lui-même, encore bien moins racheter
son frère
(Psaume
49 : 7).
« Christ est donc, en tant qu'Homme-Dieu,
notre Booz (Booz veut dire force). »
(Pierson). « L'Eglise qu'Il a
rachetée par son propre sang. »
(Actes
20 : 28).
« Christ a aimé
l'Eglise et s'est donné Lui-même pour
elle ; afin qu'Il se la présentât
à Lui-même une Église
glorieuse, sans tache ni ride, ni rien de
semblable. »
(Eph.
5 : 27).
LA VIE CHRÉTIENNE. - Pour chaque
croyant, en particulier, ce livre est plein de
leçons. Tout d'abord, son choix doit
être fait nettement ; sa confiance
placée « sous les ailes de
l'Éternel, Dieu d'Israël ».
Puis, le glanage assidu dans le champ ; il
faut ensuite battre le grain et s'en nourrir. Tout
cela nous rappelle l'aliment constant que nous
devons rechercher dans la Parole : l'âme
ainsi nourrie a des provisions à donner aux
autres.
(Ruth
3 : 18). Le travail dans
le champ de la moisson est aussi une image de ce
service plus développé qui consiste
à rassembler les âmes pour la grande
moisson de Dieu.
Et chaque soir, nous pouvons bien nous
demander à nous-mêmes :
« Où as-tu glané
aujourd'hui ? »
L'UNION AVEC CHRIST. - Quoique l'union
de Ruth avec Booz soit symbolique de celle de
l'Eglise dans son ensemble, il y a cependant pour
chaque chrétien en particulier une
expérience bénie d'union avec Christ,
représentée sous tant de figures
différentes, telles que l'union du sarment
au cep. S'il y a eu dans nos vies des chutes comme
celles d'Israël au temps des Juges, par un
retour à notre propre volonté, le
seul remède à chercher est de nous
unir plus intimement à Christ. De peur que
nous ne nous découragions, Dieu a
placé le livre de Josué et le livre
de Ruth, l'un avant et l'autre après le
livre des Juges, comme pour nous montrer que la
Victoire de la Foi et le Repos de la Foi sont des
expériences que nous devons pouvoir faire,
si nous sommes les disciples d'un Sauveur
tout-puissant.
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