Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

III. LE CHRIST DANS LES LIVRES HISTORIQUES

III. RUTH

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Au sortir de la sombre époque que nous venons d'étudier « des jours où il y avait des juges en Israël », l'horizon s'éclaire de la délicieuse histoire de Ruth. Au milieu de la guerre, des débordements de tous genres et de l'idolâtrie, il y avait encore ceux qui, pauvres ou riches, craignaient Dieu et vivaient pieusement à sa gloire.

La famille d'Élimélec était évidemment parmi ceux-là, quoiqu'elle eût aussi commis la faute d'aller dans le pays de Moab, pour y trouver du secours. Le nom d'Élimélec signifie « Mon Dieu est Roi » ; et si sa foi avait été assez forte pour se confier en son Roi, bien des peines lui auraient été évitées. « Il y eut une famine dans le pays », même à Bethléem, « la Maison du Pain », et ils descendirent à Moab pour y chercher de la nourriture ; comme il arrive trop souvent, « ils y fixèrent leur demeure ». Épreuve sur épreuve succédèrent à cette décision. Élimélec mourut, ses deux fils épousèrent des femmes moabites et moururent aussi.

Environ dix ans après, Naomi « apprit que l'Éternel avait visité son peuple et lui avait donné du pain » ; elle se leva donc et revint dans son pays. C'est alors qu'a lieu cette scène mémorable du choix que fait Ruth de s'attacher à sa belle-mère, de la suivre dans une contrée inconnue, pour y endurer vraisemblablement des privations et des épreuves.
Lorsque Naomi vit qu'elle était décidée à s'en aller avec elle, elle « cessa ses instances ».

Il doit y avoir eu un très grand charme dans le caractère et la vie de Naomi pour gagner ainsi le dévouement et l'amour de Ruth, tout d'abord à elle-même, puis à son Dieu. Et il est bon que son nom qui signifie beauté, douceur, nous ait été conservé, au lieu de celui qu'elle voulait lui substituer, Mara, c'est-à-dire amertume.

Elles arrivèrent à Bethléem, au commencement de la moisson des orges ; la ville justifiait de nouveau son nom de « Maison du Pain ». La tranquille poésie de ces champs d'épis, la glaneuse empressée au milieu des servantes, les moissonneurs, le maître du champ - tout le tableau, inondé de lumière d'or, a vécu dans notre esprit depuis notre enfance.
Et il se trouva justement (V. S.) qu'elle était dans une pièce de terre appartenant à Booz. » Derrière nos vies, il y a une Main qui les dirige et qui fait que des choses insignifiantes ont des résultats considérables.

En Booz, le parent d'Élimélec, « un homme puissant et riche », nous avons un autre beau caractère. La simplicité de sa vie, la courtoisie de sa conduite envers tous ceux avec lesquels il avait affaire, sa générosité, son observation de la Loi, et surtout le parallèle continuel qu'il établit entre les événements et l'intervention divine, se profilent en un frappant contraste sur le fonds sombre du tableau de son époque.

LE « GOEL 
». - Ce fut à cet homme que Naomi envoya Ruth pour réclamer les droits de rachat. Le mot employé est Goël, le rédempteur ; celui dont le devoir autant que le droit, d'après la loi, était de racheter la part de son parent défunt et d'épouser sa veuve. (Voyez Lév. 25 : 31, 47, 55 ; Deut. :25: 5-10).
Comme ces droits appartenaient au plus proche parent, le mot Goël en vint à exprimer cette qualité. Son devoir absolu d'après la Loi était d'assumer cette responsabilité, et c'est cet acte dont Naomi voulait amener l'accomplissement.

La réponse de Booz fut : « Il est vrai que j'ai droit de rachat, mais il y en à un qui est plus proche que moi. S'il veut user envers toi de ce droit, à la bonne heure, sinon, j'en userai, moi, l'Éternel est vivant ! »

Vient ensuite le récit de la confiance tranquille de Naomi et de sa belle-fille, et de la cérémonie publique, pleine de dignité, prescrite par la loi, en présence des anciens à la porte de la ville, où Booz annonce ses intentions.
Le plus proche parent voulait bien racheter la terre de Naomi, mais il refusait d'accepter la condition de ce rachat, qui était d'épouser Ruth, de peur de nuire à son propre héritage. Cette attitude laissait Booz libre de réaliser le désir de son coeur aimant. Il acheta la part d'Élimélec, racheta Ruth la Moabite pour qu'elle devînt sa femme, « afin de relever le nom du défunt dans son héritage ».

LA LIGNÉE ROYALE.
- Booz prit Ruth pour femme et elle lui enfanta un fils. « Et Naomi prit l'enfant, le mit sur son sein et elle fut sa garde. Et les voisins lui donnèrent un nom en disant : Un fils est né à Naomi ! Et elles l'appelèrent Obed. Ce fut le père d'Isaïe, père de David. »

Cette histoire nous montre que l'attachement désintéressé à Dieu et au devoir est récompensé. Orpah, qui se contenta de manifestations affectueuses extérieures, retourna à son peuple et à ses dieux, et de ce fait perdit sa place en Israël. Le nom du proche parent qui refusa d'accomplir son devoir par crainte de perte matérielle, n'est pas même mentionné dans le livre de Dieu. D'autre part, Ruth, qui abandonna tout pour suivre Naomi et le Dieu de Naomi, et Booz, qui, sans hésiter, remplit le rôle de Goël, ont leurs noms transmis à la postérité, comme dignes de louanges et comme ceux d'ancêtres non seulement de David, mais du suprême fils de David.

LA PRÉCISION DE LA PROPHÉTIE.
- Une des preuves les plus merveilleuses de la vérité de la Bible réside dans les prophéties qui concernent la naissance du Messie. Chaque fois que la prophétie prédit une nouvelle branche de la famille comme branche choisie, il semble que, humainement parlant, elle risque un danger nouveau. Mais Dieu ayant inspiré les prophéties, le choix est fait avec une précision infaillible. Parmi les fils de Noé, Sem est choisi ; parmi ceux d'Abraham, Isaac ; des douze fils de Jacob, Juda. Et la promesse est renouvelée à David. Puis, il faut un lieu de naissance au Messie. Parmi les trois continents connus, c'est l'Asie qui est choisie, et parmi ses nombreuses contrées, c'est la Terre promise. Des trois districts, la Judée, et parmi ses milliers de villages, Bethléem. « Le prophète met le doigt sur un village obscur de la carte du monde ; mais il parle avec infaillibilité, car le Dieu omnipotent était derrière sa parole. » (Dr Pierson).

LE PARENT-RÉDEMPTEUR.
- Mais la note dominante, la clef du Livre de Ruth, c'est le parent-rédempteur, « celui qui a droit de rachat. » En lui, nous voyons une image du Christ qui a racheté l'Eglise, pour en faire son épouse. « Trente fois en ce court récit, le mot « parent » est mentionné, ou « celui qui a droit de rachat » ou « proche parent » ou « parenté », tous mots ayant rapport à une même chose... Combien il est clair que ce livre est destiné à nous enseigner la doctrine de la Rédemption !
Nous en avons, la preuve tout particulièrement dans le chapitre 4, versets 4 à 10. ici, le mot rachat se trouve cinq fois en trois versets et, dans le dixième verset, Booz déclare qu'en rachetant la propriété, il a acquis également la Veuve de Machlon pour en faire sa propre femme. Rien n'explique l'extrême minutie des détails sinon le dessein de l'Esprit inspirateur d'en faire des symboles... Notre Seigneur Jésus-Christ dut devenir homme pour avoir le droit de rachat. Il est par conséquent notre semblable, dans ce sens ; mais s'Il avait participé à la chute et au péché de l'homme, Il n'aurait pu remplir le rôle de Rédempteur. Aucun pécheur ne peut se racheter lui-même, encore bien moins racheter son frère (Psaume 49 : 7). « Christ est donc, en tant qu'Homme-Dieu, notre Booz (Booz veut dire force). » (Pierson). « L'Eglise qu'Il a rachetée par son propre sang. » (Actes 20 : 28).
« Christ a aimé l'Eglise et s'est donné Lui-même pour elle ; afin qu'Il se la présentât à Lui-même une Église glorieuse, sans tache ni ride, ni rien de semblable. » (Eph. 5 : 27).

LA VIE CHRÉTIENNE.
- Pour chaque croyant, en particulier, ce livre est plein de leçons. Tout d'abord, son choix doit être fait nettement ; sa confiance placée « sous les ailes de l'Éternel, Dieu d'Israël ». Puis, le glanage assidu dans le champ ; il faut ensuite battre le grain et s'en nourrir. Tout cela nous rappelle l'aliment constant que nous devons rechercher dans la Parole : l'âme ainsi nourrie a des provisions à donner aux autres. (Ruth 3 : 18). Le travail dans le champ de la moisson est aussi une image de ce service plus développé qui consiste à rassembler les âmes pour la grande moisson de Dieu.
Et chaque soir, nous pouvons bien nous demander à nous-mêmes : « Où as-tu glané aujourd'hui ? »

L'UNION AVEC CHRIST.
- Quoique l'union de Ruth avec Booz soit symbolique de celle de l'Eglise dans son ensemble, il y a cependant pour chaque chrétien en particulier une expérience bénie d'union avec Christ, représentée sous tant de figures différentes, telles que l'union du sarment au cep. S'il y a eu dans nos vies des chutes comme celles d'Israël au temps des Juges, par un retour à notre propre volonté, le seul remède à chercher est de nous unir plus intimement à Christ. De peur que nous ne nous découragions, Dieu a placé le livre de Josué et le livre de Ruth, l'un avant et l'autre après le livre des Juges, comme pour nous montrer que la Victoire de la Foi et le Repos de la Foi sont des expériences que nous devons pouvoir faire, si nous sommes les disciples d'un Sauveur tout-puissant.


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