Nous arrivons maintenant à une des plus
sombres périodes de l'histoire du peuple de
Dieu. Il y a quelque chose d'effrayant dans la
rapidité avec laquelle les Israélites
dégénérèrent. Le neveu
de Caleb, Othniel, fut suscité pour leur
délivrance. Ceci nous enseigne la grande
leçon qu'aucune position de
bénédiction spirituelle n'est
suffisamment forte pour nous assurer une vie de
sainteté, sans une marche de foi et
d'obéissance, strictement
observée.
Le livre s'ouvre par une note de
victoire. Juda monta pour attaquer les
Cananéens et les vainquit en divers
endroits. Mais même ce récit de
victoires comporte une exception ; ils ne
purent pas chasser les habitants de la
vallée « à cause de leurs
chars de fer ». C'était là,
évidemment, un manque de foi, car la
promesse de Josué avait
été : « Tu chasseras
les Cananéens, malgré leurs chars de
fer et malgré leur force. »
(Josué
17 :
18).
Nous avons dans les paroles de l'un des
rois - Adoni-Bezeek - un témoignage
accidentel rendu à la justice du jugement de
Dieu sur les Cananéens ; même ce
roi idolâtre le reconnaît, La fin du
premier chapitre ne rapporte que des
défaites. Chaque tribu, l'une après
l'autre, nous est montrée comme incapable
« de chasser les Cananéens ;
ceux-ci demeurèrent dans le
pays ». « Lorsqu'Israël
fut assez fort, il assujettit les Cananéens
à un tribut, mais il ne les chassa
point. » ( D., il ne les
déposséda pas entièrement).
RÉSUMÉ. - Juges
2 : 11, 23 nous donne un
résumé du livre tout entier.
« Les enfants d'Israël firent alors
ce qui déplaît à
l'Éternel : ils servirent les Baals et
les Astartés et abandonnèrent
l'Éternel. La colère de
l'Éternel s'enflamma contre Israël et
il les livra entre les mains des pillards, il les
vendit entre les mains de leurs ennemis d'alentour.
Toutefois, l'Éternel suscita des juges, afin
qu'ils les délivrassent de la main de ceux
qui les pillaient. Car l'Éternel avait
pitié de leurs gémissements. Mais
à la mort du juge, ils se corrompaient de
nouveau plus que leurs pères, en allant
auprès d'autres dieux, et ils
persévéraient dans la même
conduite et le même endurcissement. Et
l'Éternel leur dit que puisqu'ils avaient
transgressé son alliance et n'avaient point
obéi à sa voix pour chasser les
Cananéens, désormais il ne chasserait
devant eux aucune nation ennemie ; il les
laisserait dans le pays. pour savoir si Israël
prendrait garde ou non à suivre ses
voies. »
LA SEPTUPLE DÉCADENCE D'ISRAEL. -
Dans l'histoire qui suit (chapitre 3 à 16),
nous avons un récit de chutes et de
délivrances sept fois
répétées. Israël tomba
dans l'idolâtrie et Dieu suscita quelqu'un du
milieu des nations environnantes pour
exécuter son châtiment. Israël se
repentit sous les coups, cria à
l'Éternel et l'Éternel lui envoya un
libérateur. Dieu permit que les
péchés mêmes que son peuple
commettait devinssent ses punitions. Il permit aux
Cananéens et aux autres peuples voisins de
les opprimer et de les rendre esclaves.
« Celui qui pratique le
péché est esclave du
péché. » Si nous faisons
grâce à un péché connu
et lui permettons de demeurer en nous, il deviendra
très certainement notre
maître.
Jabin, roi de Canaan, et Sisera, son
chef d'armée, « opprimèrent
violemment Israël pendant vingt
ans ». « La main de Madian fut
puissante contre Israël. » Ils
étaient tellement écrasés sous
cette oppression qu'ils se réfugiaient dans les
ravins des montagnes et dans les cavernes
(chap.
6 : 2). Lorsqu'ils
crièrent à l'Éternel, Il ne
leur envoya pas immédiatement un
libérateur, mais suscita un prophète
pour les appeler à une repentance plus
profonde encore. « La colère de
l'Éternel s'enflamma contre Israël et
il les vendit entre les mains des Philistins et
entre les mains des fils d'Ammon. Ils
opprimèrent et écrasèrent les
enfants d'Israël pendant dix-huit
ans. »
(Chap.
10: 7-8). De nouveau,
lorsqu'ils crièrent à
l'Éternel, Il leur rappela qu'ils
s'étaient détournés de Lui
pour servir d'autres dieux, et Il ajoute :
« Allez, invoquez les dieux que vous avez
choisis ; qu'ils vous délivrent au
temps de votre
détresse ! »
Cette réprimande leur rendit une
fois encore le sentiment de leur
péché, et Israël,
humilié, cria : « Nous avons
péché, traite-nous comme il te
plaira. Seulement, daigne nous délivrer
aujourd'hui ! » Et ils
ôtèrent les dieux étrangers du
milieu d'eux et servirent l'Éternel qui fut
touché des maux d'Israël
(chap.
10 :
10-16).
UN SAUVEUR. - Quel tableau des chutes et
du péché continuel de l'homme, et de
la patience et de la grâce continuelle de
Dieu ! Nous voyons que par sept fois,
Israël s'éloigna de l'Éternel et
que, par sept fois, Il lui envoya des
délivrances distinctes par le moyen
d'Othniel, d'Ehud, de Shamgar, de Débora, de
Barak, de Gédéon, de Jephté et
de Samson. En ces libérateurs et sauveurs
d'Israël, nous pouvons voir une image du Grand
Libérateur qui devait venir.
- Un Sauveur. Luc 2: 11 : « Un Sauveur, qui est le Christ vous est né. »
- Le Sauveur. Jean 4 : 42 : « Il est vraiment le Christ, le Sauveur du monde. »
- Mon Sauveur. Luc 1 : 47 : « Mon esprit se réjouit en Dieu mon Sauveur. »
Il n'est pas suffisant de le connaître
comme un Sauveur, ou même
comme le Sauveur du monde. Nous devons, chacun pour
soi-même, pouvoir dire : « Il
est mon Sauveur. »
LES DEGRÉS DU DÉCLIN. - Le
péché d'Israël fut de ne pas
chasser les Cananéens et de leur permettre
de demeurer parmi eux : un compromis au lieu
de l'obéissance. Ils descendent un
échelon de plus vers la décadence par
des mariages entre eux et ces ennemis d'hier
(3 :
6), puis de nouveau, en
participant à leurs idolâtries
(verset
7). Le résultat fut la
corruption de tout le peuple. Le livre des Juges
décrit la condition morale la plus sombre
dans laquelle ait jamais été le
peuple de Dieu. Les chapitres 17 à 21 ne
suivent pas le reste du livre dans l'ordre
chronologique, mais ils donnent un exemple de la
barbarie grossière du peuple pendant cette
période. Dans le Cantique de Débora,
nous avons un autre aperçu du complet
désordre moral qui régnait
alors : « Les routes étaient
abandonnées, et ceux qui voyageaient
prenaient des chemins détournés. Les
villes ouvertes étaient
délaissées. (D.)
(chap.
6 et 7). Plus loin, quatre
fois l'affirmation suivante est
répétée :
« Chacun faisait ce qui lui semblait
bon. »
La note dominante du livre des Juges
c'est : l'anarchie.
LA LOI DE DIEU. - C'est à la
transgression de la loi de Dieu qu'il faut
attribuer ce terrible état de choses. Le
fait qu'ils possédaient la loi de Dieu telle
que Moïse la leur avait donnée, est
évident, par les fréquentes allusions
qui y sont faites dans ces livres. Dieu
lui-même se réfère à
cette Loi d'une façon qui implique
qu'Israël la connaissait. Il leur rappelle les
conditions de son alliance
(chap.
2 : 1-3). Il dit à
Gédéon d'ordonner aux peureux et aux
lâches de quitter l'armée
israélite, d'après le commandement de Deut.
20 : 8. C'était
là un acte de sage prévoyance, car la
lâcheté a toujours été
contagieuse, alors comme
maintenant. Il dit aux parents de Samson
d'accomplir en sa faveur le voeu du
Nazaréat. L'allusion aux offrandes, le
récit des trompettes de Gédéon
appelant les enfants d'Israël au combat,
l'apologue de Jotham au sujet de l'huile de
consécration, de l'huile de la lampe et du
vin de l'offrande, tout cela prouve qu'Israël
possédait la Loi de Dieu telle que
Moïse l'avait donnée, et qu'aux
époques de réveil cette Loi
était remise en honneur. Mais pendant toute
cette période, il y eut une forte tendance
à mettre la Loi de côté et il
en résulta l'idolâtrie, la
méchanceté, et un complet
débordement d'immoralité dans le
pays. Il en est toujours ainsi pour n'importe
quelle nation privée de la Parole de Dieu.
Cela explique les ténèbres
épaisses du moyen-âge et des
contrées auxquelles le catholicisme-romain a
refusé la connaissance de la Bible.
LA BIBLE NOTRE CHARTE. - De nos jours,
nous entendons parfois dire que si nous avons
Christ, nous n'avons pas besoin de la Bible. Mais
que savons-nous du Christ en dehors de la
Révélation que Dieu nous a
donnée dans la Bible ? D'autres
documents établissent son existence
historique, mais ils ne nous apprennent rien sur sa
personne, son enseignement, son oeuvre. Si nous
n'avions rien appris au sujet du Christ dans la
Parole écrite, que saurions-nous de sa
révélation aux âmes ? Nous
avons des preuves évidentes, dans le livre
des Juges, du fait que la conscience et la raison
de l'homme ne sont pas des guides suffisants ;
il nous est dit deux fois, non pas que
chacun violait la loi de sa propre conscience, mais
que chacun faisait ce qui lui paraissait
bon. Et nous constatons à quels
excès d'iniquité une telle
façon d'agir peut conduire.
L'auteur de ce livre fut probablement
Samuel, car il fut écrit après
l'établissement de la monarchie et
antérieurement à la conquête de
Jérusalem
(chap.
1 : 21) par David . Le
livre ayant donc
été composé pendant le
règne de Saül, l'auteur le plus
vraisemblable est certainement Samuel.
Par ces mots : « En ces
jours-là, il n'y avait pas de roi en
Israël ». l'auteur a voulu parler de
l'absence d'une royauté extérieure.
Mais pour nous, ces paroles ont une signification
plus profonde : elles nous dépeignent
l'état de rébellion du coeur dans
lequel le Seigneur Jésus ne règne pas
en souverain ; état qui est le
nôtre quand nous faisons ce qui est bon
à nos propres yeux. La Bible contient les
lois du Royaume, et lorsque celles-ci sont mises de
côté, la révolte suit
fatalement. « Comment un jeune homme
rendra-t-il pure sa conduite ? En y prenant
garde selon ta Parole. » La
négligence de la loi de Dieu explique
l'impureté du pays aux jours des Juges.
« Quiconque dit ou fait quelque chose de
contraire aux Écritures, même s'il
prétend être en cela sous la direction
du Saint-Esprit, doit être
considéré comme étant la proie
d'une trompeuse illusion... On ne peut en appeler
de la Bible à aucune autorité
existante. » (Livre de discipline de
la Société des Amis
(Quakers).
Si nous voulons voir aborder notre
barque, saine et sauve, sur l'autre rive de la vie,
il nous faut avoir à bord la carte des
Écritures, la boussole du Saint-Esprit, et
le Capitaine de notre salut, le Seigneur
Jésus-Christ. Ce serait folie de la part du
marin de dire : « Je n'ai pas besoin
de carte, parce que j'ai une boussole »,
ou vice-versa. Aussi invariablement que la boussole
pointe vers le nord, ainsi le Saint-Esprit montre
et glorifie le Christ. Les Écritures rendent
témoignage de Lui. Ces deux témoins
s'accordent, car le Saint-Esprit prend les choses
du Christ, révélées dans la
Parole écrite, et les transforme en vie pour
nos âmes.
IDOLÂTRIE. - Le
péché d'Israël fut
l'idolâtrie. L'idolâtrie est
l'adoration d'un faux dieu, créé par
l'imagination de l'homme.
Lorsque quelqu'un se crée un dieu
à lui-même, ou un Christ qui n'est pas
celui du Nouveau Testament, mais le produit de sa
propre imagination, cet homme-là est
coupable d'idolâtrie.
De plus, une idole est tout ce qui
usurpe la place de Dieu dans nos coeurs. Cela peut
être une chose mauvaise en elle-même,
ou une chose discutable, ou une chose innocente ou
même une chose sacrée ; mais si
elle prend dans nos coeurs la première
place, c'est une idole.
Lorsque Gédéon fit
l'éphod d'or, il est très probable
que sa première intention était
bonne. Il avait refusé d'être fait
roi, disant : « L'Éternel
régnera sur vous » ; et par
l'éphod qui n'était,
évidemment, pas destiné à
être porté, il peut avoir voulu
simplement exprimer le fait que la victoire venait
de l'Éternel seul. Mais Israël adora
l'éphod, qui devint un piège pour
Gédéon et toute sa famille.
Le désir de s'enrichir
était probablement une des raisons pour
lesquelles les Israélites s'allièrent
avec les Cananéens, et Dieu nous dit que
« l'avarice est : une
idolâtrie ».
LES TÉMOINS DE DIEU. - Même
durant cette sombre période, comme dans tous
les âges, Dieu ne resta pas sans
témoins, et nous pouvons voir dans les
libérateurs qu'Il suscita, non seulement une
image générale du Christ, mais un
enseignement pour le chrétien. Cet
enseignement nous montre que, par la puissance du
Christ, nous aussi pouvons devenir ses
témoins. Le livre des Juges est un
commentaire pratique de cette vérité
que « Dieu a choisi les choses faibles de
ce monde pour confondre les fortes... afin
qu'aucune chair ne se glorifie en sa
présence ».
Débora. - Dieu employa
Ehud, le gaucher, pour délivrer Israël,
et Shamgar, avec son aiguillon à boeufs. Il employa
une femme pour
stimuler
le courage faiblissant de Barak et pour reprendre
les hommes qui ne se rendaient pas utiles à
l'heure du besoin. Débora dit à
Barak : « N'est-ce pas l'ordre qu'a
donné l'Éternel, le Dieu
d'Israël ? Va, dirige-toi sur le Mont
Thabor et l'Éternel livrera Sisera entre tes
mains. »
(Chap.
4: 6-7). Lorsque Barak ne
consentit à y aller que si elle
l'accompagnait, elle lui fit entendre que le voyage
ne serait plus à son honneur à lui,
« car l'Éternel livrera Sisera
entre les mains d'une femme ».
Gédéon. -
L'histoire de Gédéon est
particulièrement encourageante.
C'était un homme conscient de son
néant. « Ah ! mon Seigneur,
avec quoi délivrerai-je Israël ?
Voici, ma famille est la plus pauvre en
Manassé, et je suis le plus petit dans la
maison de mon père. » -
« Va avec cette force que tu as, vaillant
héros. » « Le Seigneur
se tourna vers lui » et encouragea sa foi
par divers signes de sa grande puissance. C'est ce
regard et ce commandement qui firent de
Gédéon un héros. Il
commença dans sa propre maison, et sur
l'ordre de l'Éternel détruisit
l'autel de Baal élevé dans la maison
de son père. Sa timidité naturelle se
trahit par le fait qu'il le fit de nuit ; le
courage qu'il avait reçu de Dieu par le fait
qu'il le fit malgré tout.
Puis, l'Éternel dût
réduire en nombre l'armée de
Gédéon, afin que la victoire
fût clairement attribuée à la
force divine. Et avec les trois cents hommes
d'élite qui ne s'arrêtèrent pas
pour étancher longuement leur soif, Il
délivra Israël.
Samson. - En Samson,
nous avons
le plus grand contraste possible avec
Gédéon. Il était trop faible
pour se gouverner lui-même ; riche en
merveilleuses possibilités, il les gaspilla
en temporisant avec le monde et violant son voeu de
Nazaréat. Lorsque le chrétien essaie
de servir deux maîtres, son témoignage
pour Dieu perd sa puissance.
L'ANGE DE L'ALLIANCE. - Pendant cette
sombre période des Juges, l'Ange de
l'Alliance, le Fils de Dieu Lui-même, apparut
trois fois à son peuple. La première
fois
(Juges
II : 1), Il montait de
Guilgal, où Il apparut à Josué
comme chef de l'armée de l'Éternel,
puis à Bokim, et là Il leur parla
comme nul autre que Jéhova ne pouvait
parler, leur rappelant sa puissance et sa
bonté et les réprimandant à
cause de leur désobéissance. À
ces paroles, « les enfants d'Israël
élevèrent leur voix et
pleurèrent. Et ils offrirent des sacrifices
à l'Éternel ».
Environ cent cinquante ans après,
Il apparut à Gédéon pour
l'appeler à la grande oeuvre de la
délivrance d'Israël.
Gédéon apporta une offrande et un
holocauste, et l'Ange de l'Éternel lui
commanda de les poser sur le rocher - le rocher
lui-même étant une image du Christ, de
même que l'offrande - et Il toucha celle-ci
avec son bâton, comme signe qu'elle
était acceptée.
Quelque trente ans plus tard,
l'Éternel apparut de la même
manière à la femme de Manoah, et de
nouveau à elle et à son mari, tous
deux ensemble. Manoah, lui aussi, fit brûler
une offrande et un holocauste, et l'offrit sur un
rocher, « et il s'opéra un
prodige ; car, comme la flamme montait de
dessus l'autel vers le ciel, l'Ange de
l'Éternel monta dans la flamme de
l'autel ». Lorsque Manoah avait
demandé son nom, Il avait
répondu : « Pourquoi
demandes-tu mon nom ? Il est
merveilleux » ; le même nom
donné plus tard par Esaïe au Messie qui
devait naître. Ainsi, nous sommes mis en
présence de l'Enfant de Bethléem en
la personne de l'Ange de Jéhova.
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