« En marchant devant Lui dans la sainteté et la justice, tous les jours de votre vie. » (Luc I, 75).
Le Révérend John Fletcher que
Wesley considérait comme l'homme le plus
saint qui eût vécu depuis les jours de
l'apôtre Jean, perdit cinq fois la
bénédiction avant d'avoir obtenu
définitivement la grâce de la
sainteté, et Wesley d'après ses
observations déclarait que beaucoup
perdaient plusieurs fois cette
bénédiction avant d'apprendre le
secret de la garder. Si donc parmi ceux qui lisent
cet ouvrage il en est qui ont perdu la
bénédiction et sont en butte aux
assauts de l'ennemi des âmes, si Satan
cherche à leur représenter qu'ils
n'arriveront jamais ni à posséder la
sainteté ni à la garder, laissez-moi
les supplier d'essayer encore et toujours.
Vous prouvez votre intention et votre
réel désir d'être saint, non
pas en rendant les armes en face de la
défaite, mais en vous relevant de chutes
nombreuses et en luttant de nouveau avec une foi et
une consécration renouvelées. En le
combattant ainsi, vous remporterez certainement le
prix et serez à même de le garder
jusqu'au bout.
La promesse est : « Cherchez
et vous trouverez. »
- Mais combien de temps devrai-je
chercher ?
- Jusqu'à ce que vous ayez
trouvé.
- Mais si c'est pour le perdre ensuite
- Cherchez de nouveau jusqu'à ce que
vous trouviez. Dieu vous étonnera un jour en
vous donnant un baptême si puissant de son
Esprit que toutes vos obscurités, vos doutes
et vos incertitudes s'évanouiront pour
toujours ; vous ne retomberez plus
désormais, le sourire de Dieu ne se retirera
plus de vous et votre soleil ne se couchera
jamais.
O frère découragé,
soeur abattue, laissez-moi vous presser de regarder
à Jésus, de vous confier en Lui de
continuer à chercher, vous souvenant que les
retards du Seigneur ne sont point des refus.
Jésus est votre Josué qui vous
introduira dans la Terre-Promise, et pourra
terrasser tous vos ennemis devant vous. Ceux qui se
rendent au milieu de la défaite ont encore
beaucoup à apprendre tant sur la
dureté et la perfidie de leur propre coeur
que sur la tendre mansuétude, la
longanimité et la merveilleuse puissance de
Dieu pour sauver. Il n'est pas dans Sa
volonté qu'aucun de ceux qui ont reçu
la bénédiction vienne à la
perdre ; il est possible de la garder à
jamais.
Mais comment ?
Un de mes anciens condisciples de la
faculté de théologie se rendait un
jour à son champ de travail après
avoir terminé ses études. Je
l'accompagnai à la gare pour lui serrer
encore la main et lui dire peut-être un
dernier adieu. Il me regarda et me dit :
- Sam, donne-moi un texte qui devienne la
devise de ma vie.
J'élevai aussitôt mon coeur
vers Dieu pour qu'Il m'éclairât. Or,
si vous voulez garder la bénédiction,
- c'est une des choses que vous devez faire
constamment - élever votre coeur vers Dieu
et vous attendre à Lui pour avoir la
lumière, non seulement dans les moments
critiques et les grands événements de
la vie, mais dans les petits et en apparence les
plus insignifiants détails. Par la pratique,
vous en acquerrez une telle habitude, que cela vous
deviendra aussi naturel que de respirer, et ce sera
pour votre vie spirituelle un acte aussi important
que la respiration pour la vie matérielle.
Restez en contact direct avec Dieu si vous voulez
garder sa bénédiction. J'en fis
l'expérience ce matin-là ; car
aussitôt les onze premiers versets du premier
chapitre de la deuxième épître
de saint Pierre me vinrent à la
pensée, non seulement comme devise à
donner à mon ami, mais comme une
règle tracée à tous par le
Saint-Esprit. En la suivant, non seulement nous
pourrons garder la bénédiction et
être préservés de chute, mais
aussi porter des fruits dans la connaissance de
Dieu, et obtenir libre accès dans le Royaume
de notre Seigneur et Sauveur
Jésus-Christ.
Prenez-en note, vous tous qui désirez
conserver la bénédiction de la
sainteté. Vous verrez qu'au verset
4 l'apôtre
déclare que pour devenir
« participants de la nature
divine », il faut fuir « la
corruption qui existe dans le
monde par la convoitise. » Voilà
donc ce qu'est la sainteté : fuir la
corruption de nos coeurs et recevoir en
échange la nature divine. Or, l'apôtre
presse ces saints de se hâter, de
« faire tous leurs efforts ».
Un homme paresseux et endormi ne peut conserver la
bénédiction, ou plutôt, il ne
peut l'obtenir. Pour l'obtenir il faut la chercher
de tout son coeur. Vous devez creuser comme pour
trouver un trésor caché et pour le
garder « faire tous vos
efforts ». Quelques-uns
objecteront : "Une fois sauvée, on
l'est pour toujours », mais Dieu ne dit
rien de pareil. Il nous engage à veiller,
à être sobres, car nous sommes sur le
terrain de l'ennemi et ce monde n'est pas ami de la
grâce. Si vous aviez pour cent mille francs
de diamants dans un pays de brigands, vous
veilleriez avec soin sur votre trésor. Or,
vous êtes en pays ennemi si vous
possédez un coeur pur et « les
arrhes de l'esprit » qui sont votre
passeport pour le Ciel, votre gage de vie
éternelle : veillez donc pour le garder
en sûreté.
L'apôtre dit :
« Joignez à votre foi la
vertu. » Vous avez dû faire acte de
foi en « les plus grandes et les plus
précieuses promesses » pour
obtenir cette bénédiction, mais vous
aurez encore autre chose à ajouter à
votre foi pour la conserver. Le mot
« vertu » vient d'un vieux mot
latin qui signifie courage, et c'est probablement
ce qu'il signifie dans ce cas. Il vous faut du
courage pour conserver cette
bénédiction.
Le diable rôdera autour de vous comme
un lion rugissant, le monde vous tiendra rigueur,
vous exclura, vous mettra à mort
peut-être. Vos amis vous prendront en
pitié ou vous maudiront, vous
prédiront toutes sortes de calamités,
et parfois votre propre chair criera en
protestation. Alors, vous aurez besoin de courage.
On prétendait autrefois que je perdais la
raison, et cela semblait presque vrai, si intense
était mon désir de connaître
toute la volonté de Dieu à mon
égard. On me disait que je me perdrais dans
le fanatisme, que je finirais mes jours dans un
asile, que je détruirais ma santé et
resterais toute ma vie un invalide, inutile
tourment à moi-même et fardeau pour
mes amis ! L'évêque
lui-même dont l'ouvrage sur la
sainteté avait bouleversé mon
âme jusqu'en ses profondeurs, après
que j'eus obtenu cette bénédiction,
me pressa de très peu parler de la chose,
puisque cet enseignement devenait une cause de
division et de trouble. (J'appris dans la suite
qu'il avait lui-même perdu la grâce de
la sanctification.) Le diable me tenta jour et
nuit, avec mille tentations spirituelles auxquelles
je n'avais point songé et à la fin
excita contre moi un mauvais sujet qui me fit
presque sauter la cervelle, si bien que pendant des
mois entiers je demeurai dans un tel état de
prostration physique que la rédaction d'une
simple carte postale m'épouvantait et
m'enlevait le repos de la nuit. Je m'aperçus
alors qu'il fallait du courage pour conserver cette
« Perle de grand prix », mais,
- alléluia à jamais ! -
« le
Lion de la tribu de Juda », mon Seigneur
et Sauveur est aussi plein de courage que de force,
d'amour que de compassion. Dans le Livre
d'encouragement et d'instruction qu'Il nous a
laissé, Il a dit :
« Fortifie-toi et prends
courage. » Il le déclare ailleurs
d'une manière plus énergique encore
par ces mots : « Ne t'ai-je pas
donné cet ordre :
« Fortifie-toi et prends
courage. » C'est donc un ordre positif
auquel nous sommes tenus d'obéir. Souvent Il
le répète, et soixante-douze fois, Il
a dit : « Ne crains
point », ajoutant pour nous montrer que
nous n'avons rien à craindre « car
je suis avec toi ». Gloire à
Dieu ! S'Il est avec moi, pourquoi
craindrais-je ? Et pourquoi craindrais-tu, toi
aussi, mon camarade ?
Mon petit garçon a grand'peur des
chiens ; la crainte semble innée chez
lui ; mais quand il me tient la main, il
passerait crânement à
côté du plus gros chien du pays. Dieu
a dit :
- « Car je suis l'Éternel ton Dieu
- Qui fortifie ta droite,
- Qui te dis : Ne crains rien,
- Je viens à ton secours.
- Ne crains rien, car je suis avec toi.
- Ne promène pas des regards inquiets, car je suis ton Dieu,
- Je te fortifie, je viens à ton secours,
- Je te soutiens de ma droite triomphante. »
Jésus, ce même Jésus qui est
mort pour nous, dit : « Tout pouvoir
m'a été donné dans le Ciel et
sur la terre.... Et voici je suis toujours avec
vous, tous les jours jusqu'à la fin du
monde. » Pourquoi donc craindre
encore ?
Le diable s'y connaît pour tromper et
ruiner les âmes, mais rappelez-vous que
Jésus est « l'Ancien des
jours. » D'éternité en
éternité Il est Dieu, et Il a mis
toute Sa sagesse, toute Sa puissance, tout le
courage de Sa divinité à la
disposition de notre foi et de notre salut et
certainement ceci devrait nous remplir de courage.
Êtes-vous abattu et effrayé ?
Prenez courage et dites hardiment avec le roi David
qui plus qu'aucun de nous avait des raisons de
s'inquiéter et de s'effrayer :
- « Dieu est pour nous un refuge et un appui,
- Un secours qui ne manque jamais dans la détresse ;
- C'est pourquoi nous sommes sans crainte quand la terre est bouleversée
- Et que les montagnes chancellent au coeur des mers. »
Une des expériences de David m'a
été d'un grand secours. Il eut un
jour à fuir loin de Saül qui le
poursuivait pour lui ôter la vie. Il se
retira au pays des Philistins où il demeura
dans un village que le roi lui donna. Alors les
Philistins prirent les armes contre Saül et
David se joignit à eux. Mais les Philistins
craignant que dans la mêlée, il ne se
tournât contre eux, le renvoyèrent.
Lorsque David et ses hommes retournèrent
chez eux, ils trouvèrent que des ennemis
étaient venus et avaient détruit et
brûlé leur ville, emporté leurs
biens, et emmené captifs leurs femmes et
leurs enfants. Fous de douleur ces hommes
parlèrent de lapider David. Il y avait
certes de quoi s'effrayer, mais la Bible dit :
« David reprit courage
en s'appuyant sur l'Éternel, son
Dieu. » Lisez vous-même ce
récit et voyez de quelle manière
merveilleuse Dieu l'aida à rentrer en
possession de tout ce qu'il avait perdu.
(1
Sam. XXX.)
Pour moi, je suis résolu à
rester plein de courage. Dieu m'a
délivré de toutes mes frayeurs, et de
celles de mes amis. Il a mis en déroute mes
ennemis. Il s'est montré plus fort que mes
adversaires, et Il m'a mis à même par
Sa puissance, par Sa bonté et Son amour
infinis, de marcher devant Lui dans la
sainteté depuis plus de vingt ans.
La femme d'un sénateur suivait
régulièrement une série de nos
réunions de sanctification et semblait y
prendre un grand intérêt. Un jour,
elle vint à moi et me dit :
- Frère Brengle, je voudrais que vous
disiez « consécration »
au lieu de « sanctification ».
Nous serions alors tous d'accord.
- Mais je ne veux pas dire
« consécration », ma
soeur, je veux dire
« sanctification », et il y a
entre ces deux états une différence
aussi grande qu'entre la terre et le ciel, entre
l'oeuvre de l'homme et celle de Dieu,
répondis-je.
L'erreur de cette personne est très
répandue. Elle voulait enlever à la
religion son élément surnaturel et en
rester à ses propres oeuvres.
C'est tout à fait la mode maintenant
d'être
« consacré » et de
parler beaucoup de
« consécration ». Des
dames charmantes, vêtues de soie, couvertes
de bijoux, de plumes et de fleurs, des messieurs
parfumés, aux mains et aux vêtements
soignés, déclarent d'une voix douce
et avec des paroles onctueuses être
« consacrés » au
Seigneur.
Je ne voudrais point les décourager;
il faut cependant que
j'élève la voix pour affirmer que la
consécration telle que ces gens la
comprennent est simplement l'oeuvre de l'homme et
ne suffit pas au salut de l'âme.
Elie prépara son autel sur le mont
Carmel, tua un taureau, le plaça sur l'autel
et versa de l'eau sur le tout. C'était une
consécration.
Mais les prêtres de Baal en avaient
fait autant, à l'exception de l'eau
versée. Ils avaient préparé
leur autel, tué leurs taureaux et
passé la journée dans les
dévotions les plus ardentes ; à
vues humaines, leur zèle surpassait
même celui d'Elie.
Qu'avait donc fait Elie de plus
qu'eux ?
Rien, si ce n'est de verser quelques cruches
d'eau sur son sacrifice, acte de foi des plus
hardis. Néanmoins s'il en était
resté là, le monde n'eût jamais
entendu parler de lui ; mais il avait la
certitude que Dieu se manifesterait. Il attendit et
pria : les nuages s'ouvrirent et le feu de
Dieu tomba, consumant l'holocauste, le bois, les
pierres et la terre et absorbant l'eau qui
était dans le fossé. C'était
là la sanctification !
De froides pierres, de l'eau et un taureau
mort ne pouvaient glorifier Dieu et convertir une
nation apostate ? Cependant quand tout fut
consumé par le feu du ciel, « le
peuple tomba la face contre terre en
s'écriant : C'est l'Éternel qui
est Dieu, c'est l'Éternel qui est
Dieu ! »
Que sont les plus grands dons,
l'éloquence et une soi-disant
consécration pour sauver le monde et glorifier
Dieu ?
« Et quand je distribuerais tous mes
biens pour la nourriture des pauvres, quand je
livrerais même mon corps pour être
brûlé, si je n'ai pas la
charité, cela ne me sert de
rien. »
C'est Dieu en l'homme qui rend celui-ci
capable de Le glorifier et de travailler avec Lui
au salut du monde.
Il faut à Dieu des hommes
sanctifiés. Sans doute, ils doivent d'abord
être consacrés, c'est-à-dire
s'être donnés à Dieu afin
d'être sanctifiés. Mais quand ils se
sont une fois abandonnés à Lui,
qu'ils ont livré leur être entier,
dans ses profondeurs les plus intimes, leurs
souvenirs, leur esprit et leur volonté, leur
langue, leurs mains, leurs pieds, leur
réputation, non seulement parmi les
pécheurs, mais aussi parmi les saints ;
quand ils se sont livrés à Lui avec
leurs doutes et leurs craintes, leurs sympathies et
leurs antipathies, leur disposition à
récriminer contre Lui et à s'apitoyer
sur eux-mêmes, à murmurer et à
se plaindre quand Il met leur consécration
à l'épreuve ; quand ils ont
réellement fait tout cela, puisqu'ils ont
retiré leurs mains de l'autel pour laisser
l'Eternel agir, comme Elie après avoir
placé son taureau sur l'autel,
s'éloigna de l'holocauste, alors ils doivent
s'attendre à Dieu et crier à Lui avec
une foi humble mais hardie et persistante,
jusqu'à ce qu'Il les baptise du Saint-Esprit
et de feu. Il l'a promis et Il le fera, mais il
faut que les hommes sachent avoir confiance, prier,
persévérer dans la foi et si la
bénédiction tarde, demeurer dans l'attente. Un
soldat, sortant d'une de nos réunions rentra
chez lui et tomba à genoux disant :
"Éternel, je ne me relèverai point
que tu ne m'aies baptisé du
Saint-Esprit. » Dieu vit que cet homme
était sérieux, qu'il avait besoin du
Seigneur plus que de tout autre chose, et Il lui
accorda à l'instant même le
baptême du Saint-Esprit.
Un capitaine et un lieutenant de ma
connaissance trouvant que la « vision
tardait », l'attendirent et durant trois
semaines passèrent tout le temps dont ils
pouvaient disposer à crier à Dieu de
les remplir de son Esprit. Ils ne se
découragèrent point, mais
s'attendirent désespérément
à Dieu, ne voulant pas Le laisser aller
qu'ils n'eussent obtenu le désir de leurs
coeurs. Quelque temps après, je revis le
lieutenant et fus confondu des merveilles de la
grâce de Dieu en lui. L'esprit des
prophètes était descendu sur
lui.
« Le Ciel tout entier peut
être obtenu par le pillage de la
foi, » dit un de mes amis.
Oh ! cette attente à Dieu !
Il est plus aisé de se plonger follement
dans telle ou telle oeuvre et d'agir, d'agir,
d'agir toujours jusqu'à ce que la vie et le
coeur soient comme épuisés dans un
travail sans joie et relativement vain, que de
s'attendre à Dieu dans une foi patiente et
ferme jusqu'à ce qu'Il vienne vous remplir
de la force toute puissante du Saint-Esprit. Cette
force vous communiquera une endurance, une sagesse
et une puissance surnaturelles et vous rendra
capables de faire en un jour ce que vous n'eussiez
pu réaliser sans elle en
mille ans, vous dépouillant en même
temps de tout orgueil et vous amenant à
donner toute la gloire à votre
Seigneur.
S'attendre à Dieu nous
dépouille de tout ce qui peut remplir nos
coeurs. Peu d'âmes savent ainsi attendre
jusqu'à ce qu'elles soient
dépouillées entièrement et
c'est pour cela qu'il en est si peu qui soient
remplies de Dieu. Il en est peu qui sachent
supporter l'examen de leur coeur, les humiliations,
l'attente, les railleries de Satan qui leur
demande : « Où est maintenant
votre Dieu ? » Oh ! combien de
murmures et d'insinuations du doute accompagnent
l'attente du chrétien en son Dieu !
c'est là la vraie cause pour laquelle il y a
si peu d'hommes et de femmes ancrés en
Jésus-Christ et piliers du temple de
Dieu.
Jésus ordonna à ses disciples
de « demeurer à Jérusalem
jusqu'à ce qu'ils fussent baptisés de
la force d'En Haut. » Cet ordre dut
paraître pénible à
l'apôtre Pierre, si impulsif et si
prompt ; il attendit pourtant avec ses
frères et tous crièrent à
Dieu, s'examinant eux-mêmes, oubliant leurs
craintes, les gouverneurs irrités qui
avaient fait mourir leur Seigneur, - leurs
jalousies, leurs ambitions égoïstes et
leurs puérils différends
jusqu'à ce qu'ils fussent
dépouillés de tout amour-propre, de
toute propre justice et de toute confiance en
eux-mêmes et qu'ils ne fussent plus qu'un
coeur et qu'une âme consumés d'une
soif dévorante de Dieu. Alors, soudainement,
Dieu vint sur eux ; Il vint avec puissance, Il
vint avec le feu, Il vint pour
les purifier, les nettoyer et les sanctifier de
part en part, pour habiter dans les coeurs, les
rendre vaillants en présence de leurs
ennemis, humbles dans le succès, patients
dans les conflits et les persécutions,
fermes et inébranlables en dépit des
menaces, des coups, de la prison, joyeux dans la
solitude malgré les calomnies, sans crainte
et triomphants en face de la mort. Dieu leur donna
la sagesse pour gagner des âmes et les
remplit de l'esprit même de leur Maître
jusqu'à ce que - pauvres et humbles comme
ils l'étaient - ils bouleversèrent le
monde, et ne s'en attribuèrent aucune
gloire.
Ainsi la sanctification consiste non
seulement à donner, mais encore à
recevoir. Nous sommes par conséquent aussi
soumis à l'obligation solennelle de recevoir
le Saint-Esprit et d'en être remplis, que de
nous donner à Dieu. Mais si nous n'en sommes
pas remplis dès le début,
gardons-nous de penser qu'Il ne soit pas pour nous.
Surtout n'allons pas nous croiser les bras et, dans
la subtile et railleuse humilité de
l'incrédulité cesser de crier
à Dieu. Crions au contraire d'autant plus
fort, sondons d'autant mieux les Écritures
dans la recherche de la lumière et de la
vérité ; examinons-nous et
humilions-nous : prenons le parti de Dieu
contre l'incrédulité, contre le
diable et contre notre propre coeur ; ne nous
relâchons point, que nous n'ayons obtenu par
violence le royaume des Cieux et qu'Il nous
dise : « ô homme, ô
femme, grande est ta foi, qu'il te soit fait selon
ton désir. »
Dieu aime à être contraint, Il
désire être contraint, Il veut
l'être par la prière
persévérante et la foi de ses
enfants. Comme le prophète s'indigna contre
l'homme qui ne lança que trois
flèches quand il aurait dû en lancer
six ou même davantage, le Seigneur doit
souvent être affligé,
désappointé et irrité contre
nous, - en raison du peu que nous demandons parce
que nous nous laissons si souvent détourner
de Lui sans recevoir la bénédiction
que nous faisons profession de désirer, et
parce que nous nous contentons de si peu quand
c'est le Consolateur lui-même qu'il nous
faut.
La Cananéenne qui vint à
Jésus pour Le prier de délivrer sa
fille du démon est un exemple de foi qui
fait honte à bon nombre de chrétiens
par la hardiesse et la persistance de cette
foi ; elle ne voulut pas s'éloigner
sans la bénédiction qu'elle
était venue chercher. Jésus d'abord
ne lui répondit pas un mot ; Il le fait
encore aujourd'hui fréquemment à
notre égard. Nous prions et ne recevons pas
de réponse ; Dieu reste silencieux.
Puis Il la repoussa en disant qu'Il n'était
point venu pour ceux de sa race, mais pour les
brebis perdues de la maison d'Israël ;
c'eût été assez de ces paroles
pour faire de la plupart de ceux qui vivent au
vingtième siècle de sceptiques
blasphémateurs. Il n'en fut pas ainsi pour
elle ; sa foi désespérée
devint sublime et pourtant Jésus semblait
ajouter l'insulte à l'injure quand il
dit :
- « Il n'est pas bien de prendre
le pain des enfants et de le jeter aux petits
chiens. »
C'est alors que la foi de la femme Le
vainquit, et Le contraignit par sa
réponse.
- « Oui, Seigneur, mais les petits
chiens mangent les miettes qui tombent de la table
de leurs maîtres. »
Elle était prête à
prendre la place du chien et à en recevoir
la portion. Gloire à Dieu ! Sa foi
triompha et Jésus, saisi
d'étonnement, lui
répondit :
- « Femme, ta foi est grande,
qu'il te soit fait comme tu
désires. »
Jésus, dès le commencement,
voulait la bénir si sa foi persistait, et
c'est ainsi qu'Il veut vous bénir.
Or, il existe deux classes de gens qui
professent de se consacrer à Dieu, mais en y
regardant de près on constate qu'ils sont
consacrés à un travail spécial
plutôt qu'à Dieu Lui-même. Ils
sont des économes de la maison de Dieu
plutôt que l'épouse de son Fils. Gens
d'ordinaire très occupés, ils ont peu
d'inclination pour une communion réelle avec
Jésus. Une première catégorie
pourrait être appelée des chercheurs
de plaisir. Voyant le bonheur de ceux qui sont
sanctifiés et s'imaginant que cette joie
provient de ce que ceux-ci font et de ce qu'ils
donnent, ils se mettent à les imiter, sans
se douter du trésor infini qu'ont
reçu ceux qui sont ainsi
sanctifiés.
Le secret de celui qui a dit :
« Dieu est la portion de mon
âme » leur reste caché, et
c'est ainsi qu'ils ne trouvent jamais Dieu. lis
cherchent le bonheur, mais non la sainteté.
Ils veulent à peine admettre leur besoin de
sainteté -
déclarant qu'ils ont, toujours fait le bien,
- or Dieu n'est trouvé que par ceux qui,
reconnaissant la profonde dépravation de
leur coeur et leurs besoins recherchent la
sainteté. « Heureux ceux qui ont
faim et soif de la justice, car ils seront
rassasiés. » Les gens de cette
catégorie sont d'ordinaire de bons vivants,
mangeant de bon appétit, très
sociables, toujours vêtus à la
dernière mode, - des épicuriens
religieux.
La seconde classe comprend ceux qui peuvent
être justement appelés amateurs de
souffrances. Ils cherchent toujours à faire
quelque chose de difficile, et croient qu'il est
bon d'être perpétuellement à la
torture. Semblables aux prêtres de Baal, ils
se font des blessures, non pas il est vrai à
leur corps, mais à leur âme et
à leur esprit ; ils donnent leurs biens
pour nourrir les pauvres, leur corps pour
être brûlé, et cependant cela ne
leur sert de rien.
(Il
Cor. XIII). Leur service
ressemble à un esclavage. Ce n'est pas la
joie qu'ils recherchent, mais la douleur. Ils
jugent de leur état devant Dieu, non par la
joie que produit en eux la présence du
Consolateur, qui rend le joug aisé et le
fardeau léger, mais plutôt par la
souffrance qu'ils sont prêts à endurer
ou qu'ils ont déjà
endurée ; ils ne sont pas heureux et
doutent de leur salut à moins qu'ils
n'accomplissent quelque sacrifice qui produise un
tourment intérieur. Ils sont morts de mille
morts et ne sont pas cependant morts à
eux-mêmes. Leur religion ne consiste point en
« justice, en paix et
joie par le Saint-Esprit », mais
plutôt dans l'effort de la volonté et
en actes de souffrance.
Ces gens-là ne font pas en
réalité de plus grands sacrifices que
ceux qui sont sanctifiés ; seulement
ils en parlent davantage. N'étant pas morts
spirituellement, ils souffrent d'avoir à se
soumettre à Dieu, et l'obéissance
leur pèse. Leurs épreuves ne
surpassent pas non plus celles des chrétiens
sanctifiés ; mais elles sont d'une
nature différente et procèdent d'une
autre source. Ils éprouvent de la tristesse
en raison des sacrifices qu'ils ont à faire,
tandis que l'homme sanctifié les
considère comme une joie pour l'amour de
Jésus ; cependant lui aussi souffre,
car les tristesses et les malheurs de ce monde
pèsent sur son coeur, et sans les
consolations et la sympathie que lui prodigue son
Sauveur, son coeur se briserait parfois.
Cependant, ces gens-là sont bons et
font le bien. Que le Seigneur les
bénisse ! Mais ce qui leur manque c'est
une foi qui sanctifie
(Actes
XXVI, 18) qui, par
l'opération du Saint-Esprit, les fasse
mourir à eux-mêmes et les arrache
à jamais à leur misère,
apporte la joie et la paix à leurs coeurs
fatigués, de sorte qu'en nouveauté de
vie ils puissent s'abreuver à la source de
la joie, ne plus souffrir de la soif et accomplir
joyeusement toutes sortes de sacrifices pour
l'amour de Jésus.
C'est donc la sanctification qui nous est
nécessaire que Dieu veut que nous
possédions et vers laquelle le Saint-Esprit
nous presse. C'est une sorte de foi enfantine qui
reçoit tout
ce que Dieu veut donner, un amour parfait qui
joyeusement rend à Dieu tout ce qu'il a
reçu de Lui ; - qui préserve
l'âme d'un côté de la paresse et
de la langueur de l'église de
Laodicée et de l'autre du froid esclavage
pharisaïque - une foi qui donne la paix
intérieure et une vie spirituelle joyeuse et
abondante. L'âme qui possède cette foi
est toujours vigilante, elle ne se laisse ni
enorgueillir par le succès, ni abattre par
les déceptions ; elle cesse de se
mesurer, ou de se comparer aux autres ; elle
regarde à Jésus, marche par la foi,
et s'attend à Lui pour réaliser
pleinement en temps voulu, les grandes et
précieuses promesses de Son amour.
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