Rien n'est plus complètement
ignoré des gens sages et prudents que la
source secrète de force et de victoire qui
se trouve dans la louange et les cris
d'allégresse.
Le diable exerce souvent sur les âmes
une influence que nulle autre chose ne saurait
dissiper. Il est des âmes honnêtes qui
pourraient avancer sur le chemin de la foi avec une
liberté parfaite et constante, si elles
voulaient seulement regarder le diable en face et
s'écrier : Gloire à Dieu !
au lieu de mener deuil tous les jours de leur vie.
Cette influence s'étend parfois à des
auditoires tout entiers. Leur regard est
indifférent, insouciant, inquiet. On ne lit
jamais dans leurs yeux ni attention, ni
désir ; un calme oppressant, la
sérénité de la mort plane sur
eux. Mais qu'un homme baptisé de l'Esprit,
avec un « poids de gloire »
dans son âme, vienne et bénisse le
Seigneur, et le charme sera rompu. Chacun se
réveillera, se ressaisira, se rappellera
où il est et commencera à s'attendre
à quelque chose.
Les cris d'allégresse et la louange
sont au salut ce que la flamme est au feu. Le feu
peut dégager une grande
chaleur et avoir une réelle utilité
sans dégager de flamme ; mais que
celle-ci surgisse, il devient irrésistible
et balaye tout devant lui. De même certaines
gens peuvent être excellents et
posséder le salut ; néanmoins
c'est seulement lorsqu'ils seront remplis du
Saint-Esprit qu'on les verra éclater en
louanges pour leur Dieu puissant à une heure
quelconque du jour et de la nuit, en famille et en
public, et que leur salut deviendra
irrésistiblement contagieux.
Il est vrai que certaines personnes font
étalage d'une joie bruyante et vide, qui
reste sans effet. Mais il en est d'autres qui
cherchent Dieu dans les lieux secrets, de tout leur
coeur, qui gémissent et soupirent
après la plénitude de la connaissance
de Dieu, et après la venue de son Royaume,
qui plaident avec Lui, en Lui rappelant Ses
promesses, qui sondent la Parole de Dieu et la
méditent jour et nuit, jusqu'à ce
qu'ils soient remplis des grandes pensées et
des vérités de l'Éternel et
que leur foi soit rendue parfaite. Le Saint-Esprit
descend alors sur eux avec un poids éternel
de gloire qui les pousse à la louange, et
cette louange a des résultats. Chaque
cartouche porte, et quelquefois leurs cris de joie
sont comme le bruit d'un gros fusil et ont la
rapidité et la puissance d'un boulet de
canon.
Un ancien ami du Vermont faisait un jour la
remarque que lorsqu'il se rendait dans un magasin
ou une station de chemin de fer, il trouvait ces
lieux remplis de démons
et l'atmosphère étouffante
jusqu'à ce qu'il poussât son cri de
louange ; alors les démons
s'enfuyaient, l'atmosphère était
purifiée, la place était à
lui, il était maître de la situation
et pouvait dire et faire ce qu'il jugeait à
propos. Rien ne remplit d'effroi l'enfer comme une
foi agissante, hardie et téméraire.
Rien ne peut résister à un homme qui
a dans l'âme un véritable chant de
louanges. La terre et l'enfer fuient devant lui et
le ciel entier accourt pour l'aider à gagner
ses batailles.
Au moment où les armées de
Josué poussèrent de grands cris, les
murailles de Jéricho
s'écroulèrent. Quand les hommes de
Josaphat « se levèrent pour
célébrer d'une voix forte et haute
l'Éternel, l'Éternel plaça une
embuscade contre Ammon, Moab et le Mont Séir
et ils furent défaits. » Quand
Paul et Silas, meurtris, le dos sanglant, priaient
et chantaient des louanges à Dieu dans le
cachot de l'horrible prison romaine, le Seigneur
envoya un tremblement de terre qui ébranla
les fondements mêmes de la prison, enleva les
liens des prisonniers, et convertit le
geôlier et toute sa famille. Il n'est pas de
difficulté imaginable qui ne s'efface devant
l'homme qui prie et loue son Dieu.
Quand Billy Bray avait besoin de pain, il
priait et poussait des cris de joie pour faire
comprendre au diable que ce n'était pas
envers lui qu'il avait la moindre obligation, mais
qu'il avait une parfaite confiance dans son
Père céleste. Quand le Dr
Cullisde Boston se trouvait sans
un sou dans sa caisse avec de lourdes obligations
en perspective, quand il ne savait comment se
procurer la nourriture pour son sanatorium de
phtisiques, il allait dans son cabinet, lisait la
Bible et priait, puis il se mettait à
arpenter sa chambre, louant Dieu, lui
répétant qu'il voulait croire en Lui
et l'argent affluait de tous les coins du monde. La
victoire ne peut manquer à un homme qui,
ayant ainsi répandu son coeur devant Dieu,
ose se confier en Lui et exprimer sa foi par la
louange.
Le cri d'allégresse est le point
culminant et l'expression la plus
élevée de la foi. Quand un
pécheur s'approche de Dieu, dans une vraie
repentance et un entier abandon, et s'en remet
complètement à la miséricorde
de Dieu, regardant à Jésus seul pour
son salut, et saisit par la foi, pleinement et sans
crainte la bénédiction de la
justification, la première expression de
cette foi sera la confiance et la louange. Sans
doute, il en est beaucoup parmi ceux qui proclament
leur justification qui ne louent jamais Dieu, mais,
ou bien ils se trompent, ou leur foi est faible et
mêlée de doute et de crainte. Si elle
était parfaite, la louange jaillirait
spontanément de leur coeur.
De même quand l'homme justifié
en vient à comprendre la sainteté de
Dieu, la largeur immense de Ses commandements, et
le droit absolu de Dieu sur chacune des
facultés de son être ; quand il
se rend compte de ce qui reste dans son coeur
d'égoïsme et d'attachement à la
terre ; quand après » des
insuccès réitérés
dans la recherche de la pureté, après
des conflits avec sa conscience et des arrêts
dans sa foi, il vient à Dieu pour être
sanctifié par le précieux sang de
Christ et le baptême du Saint-Esprit et de
feu, l'expression finale de la foi qui saisit
résolument et parfaitement la
bénédiction, sera non la
prière, mais la louange et
l'alléluia.
Le même fait se produit quand cet
homme sauvé et sanctifié voyant les
souffrances d'un monde perdu, et sentant la sainte
colère de Jésus s'allumer en lui,
s'avance pour « combattre contre les
dominations, contre les autorités, contre
les princes de ce monde de ténèbres,
contre les esprits méchants dans les lieux
célestes », afin de sauver les
esclaves du péché et de l'enfer.
Après avoir demandé avec larmes au
Seigneur une effusion de Son esprit,
enseigné et prêché aux hommes,
les suppliant de se donner entièrement
à Dieu ; après beaucoup de
jeûnes, d'épreuves et de conflits dans
lesquels sa foi et sa patience seront devenues
parfaites, sa prière sera transformée
en louange, ses pleurs en cris d'allégresse
et une apparente défaite en victoire
décisive.
Où il y a la victoire, il y a le
chant d'allégresse ; là
où il n'y a pas de chant, la foi et la
patience sont dans une période de
déclin ou engagées dans un conflit
dont l'issue est incertaine.
Du reste ce qui est vrai dans
l'expérience individuelle s'applique
à l'Eglise dans son triomphe
définitif ; car après de longues
périodes de détresse, de conflit, de patiente
attente et
de terribles épreuves, après les
intercessions incessantes de Jésus et les
soupirs inexprimables de l'Esprit dans le coeur des
croyants, l'Eglise arrivera enfin à une foi
et une patience parfaites, dans l'unité de
l'amour, suivant la prière de Jésus
dans le dix-septième chapitre de saint
Jean ; alors « le Seigneur
lui-même, à un signal donné,
à la voix du Ciel avec un cri d'archange et
au son de la trompette de Dieu descendra du
Ciel » et la défaite apparente se
changera en une victoire éternelle.
Mais que personne ne se hâte de
conclure qu'il ne faut louer Dieu qu'inspiré
par un puissant sentiment de triomphe spirituel.
Paul dit : « Nous ne savons pas ce
qu'il nous convient de demander dans nos
prières. Mais l'Esprit lui-même
intercède par des soupirs
inexprimables. » Mais si un homme refuse
de prier aussi longtemps qu'il n'a pas ressenti
dans son coeur cette puissante intercession du
Saint-Esprit dont John Fletcher dit :
« Un Dieu luttant avec un
Dieu » il ne priera pas du tout. Nous
devons ranimer en nous le don de la
prière ; nous devons nous y exercer
jusqu'à ce que notre âme soit en
agonie, alors nous nous rendrons compte de la
puissante énergie du Saint-Esprit
intercédant en nous.
Nous ne devons jamais oublier que
« les esprits des prophètes sont
soumis aux prophètes. » De
même aussi devons-nous ranimer et
développer en nous le don de la louange.
Il faut y mettre toute notre volonté.
Quand Habacuc le prophète eut tout perdu,
quand il se vit réduit à la plus
extrême désolation, il
s'écria :
- « Toutefois je veux me réjouir en l'Éternel,
- Je veux me réjouir dans le Dieu de mon salut. »
Nous sommes ouvriers avec Dieu, et si nous avons
la volonté de le louer, Il veillera
à ce que nous ayons des sujets de louanges.
Nous avons souvent entendu parler de Daniel qui
priait trois fois par jour, mais nous oublions de
remarquer qu'il rendait grâce en même
temps, ce qui est une sorte de louange. David
disait : « Sept fois le jour, je te
célèbre. » À maintes
et maintes reprises, il nous est ordonné de
louer Dieu, de Le célébrer à
haute voix et de nous réjouir en Lui. Si
donc par crainte ou par honte, l'homme s'y refuse,
qu'il ne s'étonne point d'être sans
joie et de ne point remporter de victoire
décisive.
Mais s'il veut se retirer seul avec Dieu
dans son propre coeur - remarquez bien, je
dis : seul avec Dieu, seul avec Dieu dans son
propre coeur et c'est là la seule place
où l'on puisse être seul avec Dieu et
un cri d'allégresse n'est ni plus ni moins
que l'expression de la joie que l'on éprouve
à rencontrer Dieu dans son coeur - si donc
il fait cela, il louera Dieu pour ses oeuvres
merveilleuses, il Le louera parce qu'Il est digne
de louanges, il Le louera s'il sent quelque chose
ou s'il ne sent rien, il Le louera dans les
ténèbres comme dans la
lumière, il Le louera dans les moments de
rude combat comme dans les moments de victoire, et
il
pourra bientôt éclater en accents
d'allégresse. Cette joie, nul ne pourra la
lui ravir ; car l'Éternel le fera boire
à la source du bonheur, et Il sera
lui-même sa joie suprême.
Bien des personnes aux prises avec une
violente tentation ou avec les
ténèbres de l'enfer, ont
répandu leur âme dans la prière
pour retomber ensuite dans le
désespoir ; tandis que si elles avaient
terminé leur prière par une action de
grâce et un chant d'allégresse, elles
eussent rempli l'enfer de confusion remportant une
victoire qui eût fait vibrer toutes les
harpes des cieux et provoque les concerts des
anges. Mainte réunion de prière n'a
échoué que par ce fait. On chantait
des cantiques, on rendait témoignage, on
lisait et expliquait la Bible, on faisait entendre
aux pécheurs des paroles d'avertissement, on
faisait monter des prières à Dieu,
mais personne n'en arrivait au point où l'on
pouvait et voulait louer Dieu intelligemment pour
la victoire et ainsi la bataille était
perdue, faute de chants d'allégresse.
Du moment où nous sommes nés
de Dieu et durant tout le temps de notre
pèlerinage terrestre, jusqu'à l'heure
où nos yeux s'ouvriront à la vision
céleste où à jamais
glorifiés, nous verrons Jésus tel
qu'Il est, nous avons non seulement le droit, mais
le devoir de nous réjouir. C'est notre plus
beau privilège et notre devoir le plus
solennel. En le négligeant, nous remplissons
les anges de confusion et les démons dans
leur abîme sans fond, d'une joie hideuse et infernale.
Louons Dieu,
puisque
c'est à peu près la seule chose
commencée ici-bas, que nous continuerons aux
cieux. Là-haut les pleurs, les jeûnes,
la prière, le renoncement, l'acceptation des
croix et la lutte avec l'enfer cesseront, mais la
louange à l'Éternel et
l'Alléluia à « Celui qui
nous aime, qui nous a délivrés de nos
péchés par Son sang, et qui a fait de
nous un royaume de prêtres pour Dieu son
père, » résonneront dans le
Ciel durant l'Éternité !
L'Éternel et l'Agneau soient bénis
dès maintenant et à jamais !
Amen !
- « Nous avons vu que Dieu a parlé à des hommes et qu'ils sont demeurés vivants. » (Deut. V, 24.)
Dieu n'a pas cessé de parler aux hommes
quand le canon de l'Écriture fut
terminé. Bien que la manière dont
Dieu se révèle aujourd'hui peut avoir
changé quelque peu, la
révélation n'en reste pas moins un
fait joyeusement attesté par toute âme
née de l'Esprit. Tous ceux qui,
déplorant leur péché, crient
et soupirent après la délivrance,
tous ceux qui ont faim et soif de la justice
découvriront bientôt comme le firent
les Israélites, que « Dieu parle
à l'homme. »
C'est par des paroles de l'Escriture que le
Seigneur m'a parlé le plus souvent et le
plus puissamment. Quelques-unes se détachent
à ma vue intérieure et spirituelle
comme de merveilleux sommets s'élevant d'une
vaste plaine. L'esprit qui inspira les saints
hommes de jadis à écrire les paroles
de la Bible m'a rendu capable de les comprendre en
me faisant marcher dans les voies suivies par eux
et m'a révélé les choses de
Christ, au point d'être rempli d'une
certitude divine aussi satisfaisante et absolue que
l'est mon intelligence par une démonstration
mathématique.
Les premières paroles qui vinrent
à moi avec cette force divine
irrésistible me furent adressées
tandis que je cherchais la
bénédiction d'un coeur pur. Bien que
j'eusse faim et soif de cette
bénédiction, j'éprouvais
parfois une indifférence complète, -
une sorte de torpeur spirituelle m'envahissait et
menaçait d'engloutir toutes mes saintes
aspirations de même que les sept vaches
maigres de Pharaon dévorèrent les
sept vaches grasses. J'étais dans une grande
détresse et ne savais que faire. Cesser de
chercher était, je le savais, ma ruine
éternelle, mais continuer à chercher
semblait d'autre part hors de question, tous mes
désirs et tous mes sentiments étant
pour ainsi dire paralysés.
Sur ces entrefaites, je lus un jour le
verset suivant :
Il n'y a personne qui invoque ton nom,
Qui se réveille pour s'attacher à toi. (Es. LXIV, 6.)
Dieu me parla par ces paroles aussi directement
qu'il parla à Moïse au sein du buisson
ardent ou aux enfants d'Israël de la montagne
fumante. C'était pour moi une
expérience absolument nouvelle. Cette parole
était comme un reproche adressé
à mon incrédulité et à
ma coupable indifférence, mais cependant
elle me rendit l'espoir et je me dis :
« Par la grâce de Dieu,
même si nulle autre personne ne le faisait,
je me réveillerai pour Le chercher, que j'en
éprouve ou non de
l'émotion. »
Vingt ans se sont écoulés
depuis, mais dès ce moment, sans avoir
égard à mes sentiments, j'ai
cherché l'Éternel. Je n'ai pas
attendu d'être réveillé en mon
âme, mais quand cela a été
nécessaire, j'ai jeûné,
prié en vue de ce but. J'ai souvent
répété avec le
Psalmiste : « Rends-moi la vie selon
ta parole ; » que je ressentisse ou
non un renouveau immédiat, je me suis
attaché à Lui, je l'ai cherché
et, que Son nom soit béni ! - je L'ai
trouvé. « Cherchez et vous
trouverez. »
Ainsi, avant de trouver Dieu dans la
plénitude de Son amour et de Sa faveur, il
est des obstacles à écarter, des
« entraves » et le
« péché » qui
nous enveloppe si facilement, à rejeter, le
« moi » à vaincre dans
la forteresse de ses ambitions et de ses
espérances.
Le jeune homme d'aujourd'hui est ambitieux.
Il veut devenir ministre s'il suit la
carrière politique, millionnaire ou
milliardaire s'il est dans les affaires,
évêque ou dignitaire s'il entre dans
l'Eglise.
La passion dominante de mon âme, qui
pendant des années me préoccupa
davantage que la recherche de la sainteté ou
du Ciel était l'ambition de faire quelque
chose, d'être quelqu'un, qui gagnerait
l'estime et l'approbation des hommes
cultivés et réfléchis ;
c'est pourquoi, de même que l'ange en
déboîtant la hanche de Jacob, le
rendit pour jamais boiteux, de même le
Seigneur pour me sanctifier pleinement et
« amener toute pensée captive
à l'obéissance de
Christ, » m'a frappé et
humilié dans ce penchant, le plus fort de ma
nature.
Durant plusieurs années, avant que
Dieu m'eût pleinement sanctifié, je
savais que cette bénédiction
était possible, je priais, mais d'une
manière inégale, j'avais faim et
soif, mais sans bien me rendre compte de quoi. La
sainteté en elle-même me semblait
désirable, mais je comprenais en même
temps qu'elle m'apporterait la croix et un conflit
inévitable avec ceux que je rencontrerais,
chrétiens, pécheurs, sages ou
ignorants ; je sentais que je trouvais sur mon
chemin des obstacles à l'estime et
l'approbation de ceux dont je désirais
l'admiration, comme ce fut le cas pour Jésus
et pour saint Paul. Pourtant si subtile est la
perfidie du coeur non sanctifié, que je ne
voulais pas m'avouer à moi-même la
raison de mes hésitations, bien que je
reconnaisse maintenant que cette répugnance
à prendre la croix fut pendant des
années l'ennemi qui m'empêcha d'aller
vers Celui qui m'attendait pour me sanctifier.
Enfin, j'entendis un Évangéliste
distingué et un gagneur d'âmes
prêcher un sermon sur le baptême du
Saint-Esprit ; je me dis alors :
« C'est ce qu'il me faut et c'est ce qui
me manque ! Je dois le trouver. » Je
me mis donc à chercher et à prier
dans ce but avec la secrète pensée
que je deviendrais ainsi un puissant gagneur
d'âmes, connu comme tel dans le monde. Je
recherchais ardemment la sainteté ;
mais Dieu dans sa miséricorde se voila
à moi, éveillant ainsi dans mon coeur
la seule crainte de
l'Éternel et augmentant en même temps
ma faim spirituelle. Je priais, je pleurais, je
suppliais le Seigneur de me baptiser de l'Esprit et
m'étonnais qu'il ne le fit pas, jusqu'au
jour où je lus ces paroles de saint
Paul : « Que nulle chair ne se
glorifie devant Dieu ! »
(1
Cor. 1, 29.)
Je compris alors que l'ennemi du Seigneur
dans mon coeur c'était - mon moi. Je vis que
l'idole de mon âme c'était - ce
désir passionné, consumant de gloire
- je le vis non plus caché et nourri dans
les replis de mon coeur, mais découvert
devant le Seigneur comme Agag devant Samuel ;
alors ces paroles : « Que nulle
chair ne se glorifie devant Dieu »
devinrent pour moi l'Épée de l'Esprit
qui me transperça de part en part et me
montrèrent que je ne pourrais jamais
être saint ni recevoir le baptême de
l'Esprit tant que je chérirais en secret le
désir d'obtenir des honneurs humains au lieu
de rechercher « celui qui vient de Dieu
seul. » Cette parole agit avec puissance
et dès lors j'ai cessé de rechercher
la gloire de ce monde. Lors même que je ne la
recherchai plus, cette tendance que je portais en
moi devait être encore
révélée pour être
vaincue définitivement au point de me
disposer à perdre le peu de gloire que je
possédais déjà ou que je
croyais posséder, et d'être prêt
à être considéré comme
« insensé » par amour
pour Christ.
L'inclination dominante de la nature
charnelle cherche sa propre satisfaction ; si
elle peut l'obtenir d'une
manière légitime, tout est bien,
sinon, elle veut l'obtenir d'une manière
illégitime ; or, tout moyen est
illégitime qui le serait aux yeux de
Jésus. Le chrétien qui n'est pas
entièrement sanctifié ne fait pas de
propos délibéré ce qu'il juge
mauvais, il y est plutôt incité par
son coeur pervers ; s'il est vaincu,
secrètement ou soudainement (ce qui,
grâce à Dieu n'est pas toujours le
cas), il l'est d'une manière qui le rend
haïssable à lui-même, et qui est,
semble-t-il, le seul moyen par lequel Dieu puisse
le convaincre de sa dépravation et de la
nécessité d'un coeur pur.
Or, deux fois, je fus ainsi tenté, -
une fois de tromper à un examen, une autre
fois de me servir du plan d'un sermon d'un autre
prédicateur. Je me repentis amèrement
de la première de ces chutes ; quant
à la seconde, je confesse qu'elle ne me
paraissait pas si grave, puisque tout en conservant
le plan du sermon, je l'avais traité
à ma manière, et surtout parce qu'il
était probablement meilleur que tous ceux
que je pourrais préparer. Il était de
Finney, et si je m'étais servi de ce plan
dans un bon esprit, je crois que je n'aurais pas eu
le moindre reproche à m'adresser. Mais la
Parole de Dieu qui « discerne les
pensées et les intentions du
coeur, » révéla à
mon âme étonnée et
humiliée, non seulement la portée et
le caractère de cet acte, mais aussi les
mobiles qui m'avaient poussé. Il me frappa
et m'humilia par cet avertissement. « Si
quelqu'un parle, qu'il parle selon les oracles de
Dieu ; si quelqu'un remplit un ministère,
qu'il le
remplisse selon la force que Dieu
communique. »
(1
Pierre IV, 11.)
En lisant ces paroles je me sentis aussi vil
et coupable que si j'avais volé dix mille
francs. Je commençai alors à
comprendre le vrai caractère et la vraie
mission du prédicateur et du
prophète : c'est-à-dire qu'il
est l'envoyé de Dieu et doit, s'il veut Lui
plaire, chercher la gloire qu'il donne Lui seul,
s'attendre à Dieu dans la prière et
sonder sa Parole jusqu'à ce qu'il
reçoive du trône un message direct.
Alors seulement il peut parler « selon
les oracles de Dieu » et remplir son
ministère « suivant la force que
Dieu communique. » Je n'en conclus point
qu'il faille mépriser soit ceux qui
instruisent, soit le savoir humain, quand Dieu est
en eux ; mais je compris la valeur sublime de
l'inspiration directe et la nécessité
absolue de la posséder pour tous ceux qui
veulent amener des âmes à la justice,
et leur indiquer le chemin de Dieu et du Ciel. Je
vis qu'au lieu de rester assis indéfiniment
aux pieds d'instructeurs humains, de se pencher sur
des commentaires, d'étudier les sermons des
grands prédicateurs pour chatouiller ensuite
agréablement l'oreille des auditeurs par de
beaux discours, de gagner les applaudissements
vides et passagers par des sermons admirablement
conçus, travaillés et ciselés,
l'homme est appelé par Dieu à
annoncer la Parole, à s'asseoir aux pieds de
Jésus pour apprendre de Lui, à prier
à genoux dans le secret et à
étudier ainsi la Parole de Dieu à la
lumière directe du
Saint-Esprit, à considérer la
sainteté de Dieu et la justice de ses
jugements jusqu'à ce qu'il reçoive le
pouvoir de réveiller les consciences
endormies, faire naître le remords dans les
coeurs endurcis et leur faire pousser ce cri :
« Que ferons-nous ? » Je
compris qu'il faut étudier et méditer
la tendre et infinie compassion de Dieu, Son amour
en Christ, la parfaite expiation du
péché dans ses racines, aussi bien
que dans le tronc et les branches et se
l'approprier par la foi et la repentance
jusqu'à ce qu'en étant pleinement
possédé, l'homme apprenne à
conduire les coeurs brisés directement
à Jésus pour en obtenir la parfaite
guérison, « à consoler ceux
qui pleurent, à délier les
prisonniers, à libérer les captifs,
à proclamer l'année favorable du
Seigneur et le jour de la vengeance de notre
Dieu. »
Cette manière de voir m'humilia
profondément, et je me demandai quelle
était la voie à suivre ;
à la fin, je compris que de même que
j'avais confessé la faute commise à
mon examen, je devais confesser celle du plagiat
commise plus tard. Ma conscience en fut
bouleversée et ébranlée dans
une agonie indescriptible. Pendant trois semaines,
je restai aux prises avec ce problème ;
je discutai en moi-même, plaidant
auprès de Dieu pour qu'Il m'indiquât
sa volonté, que je lui promettais de faire,
mais retirant ensuite ma promesse. Enfin je m'en
ouvris à un ami intime. Il m'assura que mes
scrupules ne venaient pas de Dieu, qu'il allait ce
soir même prêcher un sermon de
réveil en se servant des
matériaux recueillis dans celui d'un autre
prédicateur. J'enviai sa liberté
d'esprit, mais sans en être le moins du monde
soulagé. Je ne pouvais m'enfuir loin de mon
péché. Comme pour David, il
« était constamment devant
moi. »
Un matin, dans cet état d'esprit, je
pris un petit livre sur des expériences
religieuses, dans l'espoir d'y trouver la
lumière, lorsqu'en l'ouvrant, le premier
sujet sur lequel s'arrêta mon regard fut
celui-ci : Confession. J'étais
acculé. Avais-je besoin d'une autre
lumière ? Je désirai la mort et
à ce moment, mon coeur se brisa.
« Les sacrifices qui sont
agréables à Dieu sont un esprit
brisé » et du plus profond de mon
coeur brisé, mon esprit vaincu dit à
Dieu : « Je le veux. » Je
l'avais auparavant dit des lèvres, je le
disais maintenant du coeur. Alors Dieu parla
directement à mon âme, non par des
paroles écrites, mais par son Esprit.
« Si nous confessons nos
péchés, il est fidèle et juste
pour nous les pardonner et nous purifier de toute
iniquité. »
(1
Jean I, 9.) Je connaissais la
première partie de ce verset concernant le
pardon, mais la seconde concernant la purification
fut pour moi une révélation. Je ne me
souvenais pas de l'avoir vue ou entendue
auparavant. Cette parole agit avec puissance, je
courbai la tête, et dis :
« Père, je crois. » -
Alors un grand calme descendit dans mon âme
et je sus que j'étais purifié. En cet
instant : « Le sang de Christ qui
par un esprit éternel s'est offert
lui-même sans tache à Dieu, purifiera
votre conscience des oeuvres
mortes afin que vous serviez le Dieu
vivant. »
(Hébr.
IX, 14.)
Dieu n'exigea pas qu'Abraham immolât
Isaac ; tout ce qu'Il demandait était
un coeur obéissant. Ainsi, il ne me demanda
pas de confesser ma faute à mon
église. Une fois que mon coeur fut
disposé à accomplir sa
volonté, Il effaça ce sujet de mon
esprit et me délivra entièrement de
toute crainte servile. Mon moi, mon idole,
s'était enfui. Dieu savait que je ne gardais
plus l'interdit ; Il remplit mon âme de
paix, Il me montra que « Christ est la
fin de la loi pour la justification de tous ceux
qui croient » et que toute la
volonté de Dieu est résumée en
cinq mots : « La foi agissant par
l'amour. »
Peu après, je courus chez un ami au
sujet d'un livre que je lui avais emprunté.
À l'instant où ses yeux
s'arrêtèrent sur moi, il me dit :
« Qu'y a-t-il ? quelque chose vous
est arrivé ! » - Mon visage
avait témoigné avant mes
lèvres de la purification de mon coeur, mais
mes lèvres s'ouvrirent ensuite et n'ont
cessé de le faire jusqu'à ce
jour.
Le Psalmiste dit :
- J'annonce la justice dans la grande
assemblée ; Voici je ne ferme pas mes
lèvres, Éternel, tu le sais ! Je
ne retiens pas dans mon coeur la justice. Je publie
ta vérité et ton salut ; Je ne
cache pas ta bonté et ta
fidélité Dans la grande
assemblée. »
(Ps.
XL, 9, 10.)
Satan hait un témoignage de
sainteté, et ici il faillit me faire tomber
dans un piège. Je sentais que je devais
prêcher dans ce sens, mais je reculais devant
le bruit que cela ferait, j'hésitais
à déclarer en public que
j'étais sanctifié, de peur de faire
plus de mal que de bien ; je n'entrevoyais que
blâme et reprochés. La gloire qui
devait en résulter pour mon âme
était cachée à mes yeux. De
beaux sermons fleuris, parlant à
l'imagination et provoquant des émotions
étaient alors mon idéal. Je reculais
devant la nécessité de ces simples
entretiens exempts de toute recherche qui
s'adressent au coeur, saisissent la conscience de
l'homme et font de lui un saint ou le transforment
en ennemi aussi implacable que les Pharisiens
l'étaient de Jésus ou les Juifs de
Paul. Mais j'avais promis à Dieu avant de
recevoir la sanctification que si je faisais cette
expérience, je l'annoncerais
immédiatement. C'était un vendredi
que je reçus la sanctification et je
résolus d'en faire le sujet de mon sermon du
dimanche suivant. Mais j'étais faible et
hésitant. Le samedi matin, cependant, je
rencontrai dans la rue un bruyant voiturier qui
avait reçu la bénédiction d'un
coeur pur et je lui dis ce que Dieu avait fait pour
moi. Il poussa des cris d'allégresse et loua
Dieu, disant :
- Allez, frère Brengle, annoncez
cette grâce ; faute d'elle l'Eglise se
meurt.
Nous traversâmes ensuite Boston Common
et les jardins, nous entretenant de ce sujet ;
mon coeur brûlait au
dedans de moi comme celui des disciples avec
lesquels Jésus s'entretenait sur le chemin
d'Emmaüs ; et dans le fond de mon
âme je liai mon sort à celui de
Jésus crucifié, résolu
à prêcher la sainteté,
dussé-je être banni de la chaire et
devenir le jouet et la risée de toutes mes
connaissances. Alors je me sentis fort.
Le moyen de devenir fort est de se
délaisser soi-même pour
Jésus.
Le lendemain je pris le chemin de mon
église et je prêchai aussi bien que me
le permettait mon expérience vieille de deux
jours seulement sur ce texte :
« Marchons vers la
perfection. » Je terminai par le
récit de mon expérience ; des
coeurs furent brisés et on pleura ;
quelques personnes s'approchèrent ensuite de
moi, désireuses elles aussi de faire cette
expérience, et - Dieu soit
loué ! - plusieurs reçurent la
bénédiction. Je ne savais pas ce que
je faisais ce matin-là, je le compris dans
la suite. J'avais brûlé mes vaisseaux
et coupé tout pont derrière moi.
J'étais maintenant en pays ennemi,
engagé dans une guerre d'absolue
extermination de tout péché.
J'étais maintenant en vue devant le ciel, la
terre et l'enfer. Anges, hommes et démons
avaient entendu mon témoignage : il
s'agissait d'aller en avant ou de reculer
ignominieusement à la face d'un ennemi
railleur. Je comprends maintenant la divine
philosophie qui nous ordonne non seulement de
croire à la justice, mais de la confesser de
la bouche afin de parvenir au salut. C'est Dieu
qui m'a
conduit dans ces voies-là ; aucun homme
ne m'en a instruit.
Après cela, je marchai doucement avec
Dieu ne désirant que Sa volonté, et
regardant à Lui pour me garder constamment.
J'ignorais qu'il y eût un autre travail
devant moi ; mais avec la grâce de Dieu,
je comptais garder ce que j'avais acquis en faisant
Sa volonté telle qu'Il me l'avait fait
connaître et en me confiant à Lui de
tout mon coeur.
Cependant Dieu avait en vue de plus grandes
choses pour moi. Le mardi suivant, au moment
où je venais de me lever, le coeur plein du
désir de m'approcher de Dieu, je lus ces
mots de Jésus au tombeau de Lazare :
« Je suis la résurrection et la
vie ; celui qui croit en moi vivra quand
même il serait mort, et celui qui vit et
croit en moi ne périra jamais. Crois-tu
cela ? » Le Saint-Esprit, le
Consolateur était dans ces paroles, et
à cet instant mon âme se fondit devant
le Seigneur, comme la cire au feu et je connus
Jésus. Il s'était
révélé à moi comme Il
l'avait promis, et je L'aimais d'un amour
inexprimable. Je pleurais, j'adorais, j'aimais,
j'aimais, j'aimais encore. J'allai avant
déjeuner sur le Boston Common - pleurant,
adorant, aimant. On parle des occupations du Ciel -
J'ignore ce qu'elles seront, mais il est certain
qu'elles seront appropriées à nos
capacités et à nos forces
rachetées - quoi qu'il en soit, je sus alors
que s'il m'était accordé d'être
prosterné aux pieds de Jésus durant
toute L'éternité pour L'aimer et
L'adorer, je serais satisfait.
Mon âme avait trouvé ce qu'elle
cherchait, elle était satisfaite,
satisfaite, satisfaite !
Cette expérience décida de mon
avenir au point de vue théologique. Depuis
ce moment, les hommes et les démons
pourraient aussi bien m'amener à discuter la
présence du soleil dans le ciel que celle de
l'existence de Dieu, de la divinité de
Jésus et du pouvoir sanctifiant du
Saint-Esprit omnipotent, omniprésent. Je
suis aussi certain que la Bible est la Parole de
Dieu que je suis certain de ma propre
existence ; le ciel et l'enfer sont pour moi
des réalités aussi bien que le jour
et la nuit, l'hiver et l'été, le bien
et le mal. Je sens la puissance du monde à
venir et la félicité du ciel dans mon
âme. Gloire à Dieu !
Plusieurs années se sont
écoulées depuis la venue du
Consolateur, mais il continue à habiter en
moi. Il n'a cessé de me parler. Il a
embrasé mon âme, mais, semblable au
buisson ardent que vit Moïse en Horeb, elle
n'est point consumée.
À tous ceux qui désirent faire
cette expérience, je dis ceci :
« Demandez et vous recevrez. »
S'Il ne vient pas après cette prière
« Cherchez et vous trouverez. »
S'Il tarde encore « Heurtez et l'on vous
ouvrira. » En d'autres termes, cherchez
de tout votre coeur jusqu'à ce que vous ayez
trouvé, et alors, en cet endroit
même, vous trouverez Dieu. « Ne
sois pas incrédule, mais crois. »
« Si vous me voulez croire, vous ne serez
point établis. »
Je ne me considère point au
delà de la possibilité de toute chute. Je sais que
je
reste debout par la foi et dois veiller et prier de
peur d'être induit en tentation et de tomber.
Cependant, en considérant la bonté et
l'amour merveilleux de Dieu envers moi, Sa tendre
miséricorde, je chante constamment comme
l'apôtre Jude :
« Or à Celui qui peut vous
préserver de toute chute et vous faire
paraître devant Sa gloire
irrépréhensible et dans
l'allégresse, à Dieu seul, notre
Sauveur, par Jésus-Christ, notre Seigneur,
soient gloire, majesté, force et puissance
dès avant tous les temps et maintenant et
dans tous les siècles !
Amen ! »
Chapitre précédent | Table des matières | - |