Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE XXI

Paix parfaite

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À CELUI QUI EST FERME DANS SES SENTIMENTS
Tu assures la paix, la paix Parce qu'il se confie en toi.
(Esaïe. XXVI, 3.)

Cette promesse est merveilleuse, et en faire l'expérience devrait être le but de chacun de nous. Le moyen est simple du reste ; il consiste à rester ferme dans ses sentiments et à se confier en Dieu. Cependant si le moyen est simple, il faut avouer que pour la plupart des hommes il n'est point facile. Ils préféreraient s'occuper d'affaires, de plaisirs, des nouvelles du jour, de politique, d'éducation, de musique et même de l'oeuvre du Seigneur plutôt que de s'occuper du Seigneur Lui-même.

Évidemment, les affaires et autres préoccupations doivent sans conteste occuper une partie de nos pensées ainsi que l'oeuvre du Seigneur, si nous L'aimons, Lui, et les âmes pour lesquelles Il a donné sa vie ; mais, de même que la jeune fiancée au milieu de son travail et de ses plaisirs vit en pensée avec celui qu'elle aime, de même que la jeune femme entourée de préoccupations nouvelles, reste néanmoins en communion d'âme avec son mari, de même aussi devrions-nous toujours être en pensée et en communion avec Jésus, dans une confiance absolue en Sa sagesse, Son amour et Sa force ; alors nous serons gardés dans une « paix parfaite. »

Songez-y ! « Tous les trésors de la sagesse et de la connaissance sont cachés » en Lui, et, malgré notre ignorance et notre folie, nous pouvons devenir « parfaits en Lui. » Nous ne comprenons pas peut-être, mais Lui comprend ; nous ne savons pas, mais Il sait ; nous pouvons être perplexes, mais Il ne l'est pas. Nous devrions donc nous confier en Lui si nous sommes à Lui, et demeurer dans une paix « parfaite. »

Des milliers et des milliers de fois, ne sachant plus que faire, j'ai été consolé par la pensée que Jésus distinguait la fin du commencement et faisait concourir toutes choses à mon bien parce que je L'aimais et me confiais en Lui. Jésus, Lui, n'est jamais à bout de ressources et quand nous sommes le plus troublés et confondus par le fait de notre folie et de notre vue bornée, Jésus, dans la plénitude de Son amour et, l'infinité de Sa sagesse, nous accorde les désirs de nos coeurs, pourvu que ce soit de saints désirs, car ne dit-Il pas : « Il comblera les désirs de ceux qui le craignent ? »

Jésus est non seulement plein d'amour et de sagesse ; Il nous assure en outre que toute-puissance Lui est donnée dans le ciel et sur la terre ; par suite les tendres désirs de Son amour et les conseils de sa sagesse ne peuvent manquer de s'accomplir, faute de puissance. Il peut incliner les coeurs des rois à faire Sa volonté, et son fidèle amour agira pourvu que nous ayons confiance en Lui. Rien de plus surprenant pour les enfants de Dieu confiants en Lui et attentifs à Ses voies, que de constater les délivrances admirables et inattendues qu'Il leur prépare et les instruments qu'Il emploie dans l'exécution de Sa volonté.

Nos coeurs désirent vivement voir la gloire de Dieu et la prospérité de Sion, mais tout en priant nous nous demandons souvent comment notre requête sera exaucée, tandis que si nous nous confions en Dieu en nous attendant à Lui, Il se met à l'oeuvre pour répondre à nos prières et récompenser la patience de notre foi, quelquefois de la manière la plus étrange et par le moyen le plus inattendu. C'est ainsi, qu'au milieu de tous les ennuis et des vexations de notre vie journalière, si nous avons la foi, et si nous continuons à nous réjouir en dépit des tracas, nous verrons que Dieu travaille pour nous ; n'a-t-Il pas dit qu'Il est « notre secours dans la détresse, » et Il l'est pour tous ceux qui s'attendent à Lui. Il y a peu de temps le Seigneur m'a fait passer par une série de petites épreuves du caractère le plus pénible et de nature à me causer beaucoup d'ennuis. Or, tandis que je m'attendais à Lui par la prière, Il me fit comprendre que si ma confiance en Lui s'accroissait en raison de mes difficultés, je continuerais à me réjouir, et retirerais des bénédictions de mes épreuves comme Samson sortit du miel de la carcasse du lion qu'il avait tué ; il en fut ainsi. Béni soit son saint nom !

J'appris à me réjouir et les difficultés s'évanouirent les unes après les autres. Seules la douceur de la présence du Seigneur et sa bénédiction demeurèrent et dès lors mon coeur fut gardé dans une paix parfaite.

Dieu ne permet-Il pas tout cela pour bannir l'orgueil de nos coeurs, pour nous humilier et nous faire comprendre que notre manière d'être envers Lui lui importe davantage que notre service ? Ne le permet-Il pas pour nous enseigner à marcher par la foi et non par la vue et pour nous encourager à nous confier et à demeurer en paix ?

Qu'aucune de ces âmes honnêtes, mais de petite foi, qu'aucun de ces importants personnages qui semblent croire que sans leurs embarras, leurs agissements et leur bruit le monde s'arrêterait ou courrait à sa ruine, qu'aucune de ces âmes n'établisse un instant la moindre ressemblance entre une « paix parfaite » et une « parfaite indifférence. » L'indifférence est fille de la paresse. La paix est le produit d'une foi infatigable dans son activité - l'activité la plus noble et la plus puissante que l'homme puisse exercer, puisque par elle, de pauvres humains désarmés « vainquirent des royaumes, exercèrent la justice, obtinrent des promesses, fermèrent la gueule des lions, éteignirent la puissance du feu, échappèrent au tranchant de l'épée, guérirent de leurs maladies, furent vaillants à la guerre, mirent en fuite des armées étrangères.... recouvrèrent leurs morts par la résurrection. » (Héb. XI, 33, 35.)

Pour exercer cette foi puissante qui donne une « paix parfaite, » nous devons recevoir le Saint-Esprit dans nos coeurs, et le reconnaître, non comme une influence ou un attribut de Dieu, mais comme Dieu Lui-même. Il est une Personne et Il nous fera connaître Jésus, comprendre Son esprit et Sa volonté, et nous donnera le sentiment de Sa présence constante par la foi en Lui. Jésus est toujours à nos côtés, et si nous soupirons après Lui, Il nous aidera toujours à fixer notre esprit sur Lui.

Il faudra cependant de notre part un certain effort ; car le monde, les affaires, la faiblesse de la chair, les infirmités de notre esprit, l'insouciant exemple de ceux qui nous entourent et le diable avec toutes ses ruses, chercheront à détourner nos pensées de l'Éternel et à nous le faire oublier. Aussi, ne sera-ce que par un effort constant même dans les heures de prière que nous pourrons réellement tourner nos pensées et nos affections vers Dieu et Le trouver réellement.

Cultivons donc l'habitude de la communion avec Jésus. Si nos pensées se sont éloignées de Lui, ramenons-les à Lui, mais tranquillement, patiemment, car l'impatience, même envers nous-mêmes, est dangereuse, parce qu'elle trouble notre paix intérieure, fait taire la voix de l'Esprit et empêche la grâce de Dieu de maîtriser et de soumettre nos coeurs.

Mais si dans la douceur et l'humilité du coeur, nous permettons au Saint-Esprit d'habiter en nous et si nous obéissons à Sa voix, Il gardera nos coeurs dans une sainte sérénité, au milieu de milliers de soucis, de faiblesses et d'inquiétudes.

« Ne vous inquiétez de rien ; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications avec des actions de grâces. Et la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence, gardera vos coeurs et vos pensées en Jésus-Christ. » (Phil. IV, 6, 7.)




CHAPITRE XXII

Quelques-unes de mes expériences dans l'enseignement de la Sainteté.


Je reçus un jour d'un des jeunes officiers les plus dévoués que je connaisse, une lettre dans laquelle il disait : « J'aime de plus en plus la sainteté, mais je me décourage à ce sujet. Il me semble que je ne pourrai jamais l'enseigner à d'autres, car je mets le but ou trop haut, ou trop bas. » Que le Seigneur le bénisse ! Je comprends parfaitement ce qu'il éprouve. Quelques mois après avoir reçu la bénédiction de la sanctification, je me sentis très malheureux à cause de mon incapacité d'amener d'autres personnes à cet état. Je savais, sans l'ombre d'un doute, que mon coeur était pur, et cependant pour une raison ou une autre, je ne parvenais pas à enseigner le moyen de parvenir à cet état.
Ce matin-là, je rencontrai un frère qui avait amené à la sanctification beaucoup d'âmes et lui fis part de mes perplexités. « Comment, lui dis-je, dois je donc enseigner la sanctification pour que mes auditeurs parviennent à la réaliser ? » - « Chargez votre arme, puis tirez, » répondit-il. Chargez, puis tirez.

Ce fut un trait de lumière. Je compris qu'il s'agissait pour moi de prier, d'étudier ma Bible, de m'entretenir avec ceux qui avaient reçu cette grâce, jusqu'à ce que je fusse « chargé » assez abondamment pour que mon coeur débordât, pour ainsi dire, de lui-même. Dieu se chargerait ensuite de faire pénétrer la vérité dans les coeurs et de les sanctifier.

C'était un samedi : Le lendemain, je parus devant mon auditoire chargé si je puis dire, de vérité, et soutenu par l'amour et la foi, je tirai en droite ligne et aussi vigoureusement que je le pus, et voici, vingt personnes vinrent s'agenouiller au banc des pénitents pour demander la grâce de la sainteté. Je n'avais jamais rien vu de semblable jusqu'alors, mais depuis lors, cette expérience s'est répétée bien des fois.

Depuis ce moment, jusqu'à aujourd'hui, j'ai rempli strictement ma part, me confiant en Dieu pour qu'il accomplit la Sienne et partout où je suis allé des résultats ont couronné mes efforts. Mais partout aussi, Satan m'a fortement tenté, particulièrement quand les foules endurcissaient leurs coeurs, ne voulant ni croire, ni obéir ; je me disais alors : « Le mal vient de ma manière de prêcher la vérité. » Parfois le diable me suggérait que j'allais trop loin, risquant ainsi de mettre mes auditeurs en fuite, d'autres fois, que je n'allais pas droit au but et que je les empêchais ainsi de parvenir à la sainteté. J'ai parfois souffert beaucoup, mais dans ma détresse, je me suis toujours adressé au Seigneur pour Lui dire qu'Il connaissait mon sincère désir de prêcher la vérité dans toute sa pureté, de manière que les hommes vinssent à Lui pour L'aimer et se confier à Lui d'un coeur parfait.

Le Seigneur me consola en me montrant que le diable me tentait pour m'empêcher de prêcher la sainteté ! Parfois, des gens qui professaient être religieux venaient me trouver pour me dire que je faisais plus de mal que de bien. Mais ces hommes étaient semblables à ceux dont parle saint Paul : « Ils ont, dit-il, l'apparence de la piété, mais renient ce qui la rend efficace. » Aussi, j'ai suivi son commandement : « Éloigne-toi de ces hommes-là, » n'osant pas plus prêter l'oreille à leurs insinuations qu'à celles du diable. J'ai ainsi tenu bon, au milieu de l'approbation comme de la désapprobation, et l'Éternel ne m'a jamais abandonné ; Il m'a soutenu et donné la victoire, de sorte que j'ai pu voir constamment des âmes amenées à la glorieuse liberté et à l'amour parfait. Satan a cherché de plusieurs manières à m'arrêter dans la prédication de la sainteté, sachant bien que s'il y parvenait, il m'aurait bientôt entraîné au péché et consommé ma ruine. Mais dès le début, le Seigneur avait mis en moi une frayeur salutaire en attirant mon attention sur Jérémie I, 6, 8 et 17. Ce dernier verset me fit comprendre que je devais dire exactement ce que voulait le Seigneur. Les passages d'Ezéchiel au chapitre II, versets 4, 8, et au chapitre III, versets 8 et 11, m'impressionnèrent de même fortement. Par ces passages, le Seigneur m'ordonnait de prêcher Sa vérité telle qu'Il me la communiquait, qu'on m'écoutât ou non. Dans le quatrième chapitre de l'épître aux Ephésiens, verset 15, Il m'indiqua comment je devais la prêcher : « dans l'amour ».
Je compris alors que je devais annoncer la vérité aussi directement que possible, mais qu'il importait d'avoir toujours le coeur rempli d'amour pour ceux auxquels je m'adressais.

J'ai lu dans la deuxième épître aux Corinthiens XII, 14, 15, combien Paul aimait : « Ce ne sont pas vos biens que je cherche, disait-il, c'est vous-mêmes. » Et plus loin : « Pour moi, je dépenserai très volontiers et je me dépenserai moi-même pour vos âmes, dussé-je en vous aimant davantage, être moins. aimé de vous. » Puis dans les Actes XX, 20 et 27 : « Vous savez que je n'ai rien caché de ce qui vous était utile car je vous ai annoncé tout le conseil de Dieu sans en rien cacher. » Ainsi je compris que ne pas révéler aux hommes la vérité de la sainteté - nécessaire à leur salut éternel - était une oeuvre pire que celle de refuser du pain à des enfants affamés, le meurtre des âmes étant incomparablement plus coupable que celui du corps. Je priai donc le Seigneur avec ferveur de mettre en moi l'amour des âmes et la force de leur prêcher toute la vérité, dût-on me haïr, - et, béni soit Son nom ! Il a entendu ma prière.

Il y a dans l'enseignement de la sainteté trois points sur lesquels le Seigneur m'a toujours montré que je devais insister continuellement.

Premièrement, l'homme ne peut pas plus se sanctifier lui-même qu'un Éthiopien ne peut changer sa peau ou un léopard ses taches. L'accomplissement d'un grand nombre de bonnes oeuvres, le renoncement, l'abnégation, la lutte pour le salut des âmes ne peuvent purifier le coeur, extirper les racines de l'orgueil, de la vanité, de la colère, de l'impatience, de la crainte et de la honte de la Croix ; tout cela ne peut déraciner davantage la luxure, la haine, l'envie, la contention, l'égoïsme, puis y substituer sans aucun mélange l'amour, la paix, la patience, la douceur, la bonté, la fidélité, la bénignité et la tempérance.
Des millions d'hommes ont cherché à purifier la source secrète de leurs coeurs sans y réussir et peuvent témoigner qu'on n'y parvient pas « par des oeuvres, de peur que l'homme ne s'enorgueillisse. »

Deuxièmement, celui qui recherche la sanctification ne doit jamais perdre de vue que cette bénédiction ne s'obtient que par la foi. Une pauvre femme demandait quelques grappes de raisin du jardin du roi pour son enfant malade. Elle offrit de l'argent au jardinier, mais il ne voulut point lui en vendre. Elle revint et rencontra la fille du roi et lui offrit pareillement de l'argent. « Mon père est roi, répondit celle-ci ; il ne vend pas son raisin, » puis elle conduisit en présence du roi, la pauvre femme qui raconta son histoire et obtint autant de raisin qu'elle en désirait.

Notre Dieu, notre Père, est le Roi des rois. Il ne vend ni Sa sainteté ni les grâces de son Esprit, mais Il les donne à tous ceux qui les demandent avec la foi simple d'un enfant. En vérité, Il le fera. « Demandez et on vous donnera. » De quoi se vanterait l'homme alors ? Il n'y a plus de place pour l'orgueil. Et comment obtient-il ces grâces ? par ses oeuvres ? Non ! par la foi. Abolissons-nous la Loi par la foi ? Non ! nous l'accomplissons. C'est par la foi que la loi de Dieu est inscrite dans nos coeurs, de sorte qu'en lisant ce commandement : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, » nous trouvons en nous une loi d'amour, parce que nous avons en nous une loi qui correspond à ce commandement. L'apôtre dit. « C'est en croyant du coeur, qu'on parvient à la justice, » et cette déclaration est vérifiée par notre expérience, car partout la vraie foi fait du voluptueux un homme chaste, rend humble l'orgueilleux, l'avare bienfaisant, l'homme colère doux, le menteur véridique ; elle transforme la haine en amour, change la misère en joie et donne une paix et un contentement ininterrompus.

Troisièmement, j'insiste sur cette vérité que ce don doit être reçu maintenant par la foi. Celui qui l'attend de ses oeuvres trouvera toujours autre chose à faire avant de le demander ; il n'arrivera jamais ainsi au point où il pourrait dire : « J'ai maintenant reçu cette bénédiction. » Au contraire, l'âme humble qui l'attend de la foi comprend que c'est un don; et persuadée que Dieu est aussi disposé à la lui accorder maintenant que dans l'avenir, elle croit et la reçoit immédiatement.

En pressant ainsi les gens à demander « immédiatement » cette bénédiction, j'ai eu l'occasion d'en voir l'exaucement, tandis que je parlais encore. Des personnes qui plus d'une fois étaient allées au banc des pénitents sans fruit, luttant et priant pour l'obtenir, la reçurent en prêtant simplement l'oreille à « la parole de la foi que nous prêchons. »

« Mon âme, bénis l'Éternel !
Que tout ce qui est en moi bénisse son saint nom ! »
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