Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE XIX

Témoins modernes de la puissance de la résurrection

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Il y a plusieurs années, j'étais en prières avec une jeune femme qui désirait être sanctifiée. Je lui demandai si elle était disposée à renoncer à tout pour Jésus : elle répondit affirmativement. Résolu à la soumettre à une rude épreuve, je lui demandai encore si elle consentirait à partir pour l'Afrique comme missionnaire ; elle répondit : « Oui. » Nous nous mîmes alors à prier et pendant la prière elle éclata en pleurs en s'écriant : O Jésus !

Elle n'avait jamais vu Jésus. Elle n'avait jamais entendu Sa voix et avant cette heure-là ne concevait pas plus ce qu'est la révélation du Sauveur à l'âme, qu'un aveugle-né ne peut se représenter un arc-en-ciel. Maintenant elle connaissait ! Il n'était pas plus nécessaire de lui dire que Jésus venait de se révéler à son âme, qu'il n'est utile d'allumer une chandelle pour voir le lever du soleil. Le soleil apporte sa propre lumière ; il en est de même de Jésus.

Elle Le connut, elle L'aima, elle se réjouit en Lui « d'une joie ineffable et glorieuse », et dès cette heure rendit témoignage de Lui ; elle Le suivit, Le suivit jusqu'en Afrique pour Lui gagner les païens, jusqu'au jour où Il lui dit : « Cela suffit, viens plus haut, entre dans la joie de ton Seigneur » - et elle monta au ciel pour contempler sa gloire non plus voilée, mais dans toute sa splendeur.
Cette jeune femme fut un témoin de Jésus, un témoin qu'Il n'est pas mort, mais vivant, un témoin de Sa résurrection !

De pareils témoins sont nécessaires de tous temps, aujourd'hui comme aux jours des apôtres. Le coeur de l'homme est aussi mauvais, son orgueil aussi opiniâtre, son égoïsme aussi universel, et son incrédulité aussi obstinée qu'en n'importe quel autre moment de l'histoire du monde ; il faut un témoignage toujours aussi puissant pour soumettre les coeurs et faire naître en eux une foi vivante.

Il y a deux sortes de témoignages, aussi nécessaires l'un que l'autre pour faire accepter à l'homme la foi et le salut : le témoignage de l'histoire et celui d'hommes qui nous entourent et qui disent ce dont ils sont certains.

Dans la Bible et dans les écrits des premiers chrétiens, nous avons le témoignage historique du plan de Dieu envers les hommes et de Ses relations avec eux, de la vie, de la mort et de la résurrection du Seigneur Jésus et de la venue du Saint-Esprit. Mais ces récits à eux seuls ne suffisent pas à détruire l'incrédulité de l'homme, et à l'amener à une humble et joyeuse soumission à Dieu et à une foi enfantine en Son précieux amour. Ils peuvent produire une foi historique, c'est-à-dire amener à croire ce qu'ils disent de Dieu, de l'homme, du péché, de la vie, de la mort et du jugement, du ciel et de l'enfer, comme nous croyons ce que l'histoire nous raconte au sujet de César, de Napoléon ou de Washington. Cette foi peut amener les hommes à être religieux, à bâtir des temples, à renoncer à eux-mêmes, à organiser différentes formes de culte, à abandonner les grossiers péchés extérieurs, et à mener une vie honorable et morale tout en les laissant morts à Dieu ; elle ne les amène pas à cette union vivante avec le Seigneur Jésus qui détruit le péché intérieur et extérieur, enlève la crainte de la mort et remplit l'âme de la joyeuse espérance de l'immortalité.

La foi qui sauve est celle qui fait entrer dans l'âme la vie et la puissance de Dieu, - la foi qui rend l'orgueilleux humble, le caractère emporté patient, l'avare libéral et généreux, le voluptueux pur et chaste, l'être querelleur doux et calme, le menteur véridique, le voleur honnête, l'insensé grave et réfléchi. La foi qui purifie le coeur a toujours le Seigneur devant elle, et remplit l'âme d'un amour humble, saint et patient envers Dieu et les hommes.

Pour faire naître cette foi, il ne faut pas seulement la Bible avec ses témoignages historiques, il faut aussi un témoignage vivant de celui qui a « goûté la bonne Parole de Dieu et les puissances du siècle à venir, qui sait que Jésus n'est pas mort, mais vivant, qui peut témoigner de la résurrection parce qu'il connaît le Seigneur ressuscité, qui s'est appelé Lui-même « la Résurrection et la Vie. »

Je me rappelle une petite fille de Boston dont le témoignage calme et sérieux attirait à nos réunions des foules de gens désireux de l'entendre. Un jour que nous étions ensemble dans la rue, elle me dit : Hier, pendant que je me préparais dans ma chambre pour aller à la réunion, Jésus s'approcha de moi ; je le sentis tout près, et reconnus sa présence. »
Je répliquai : « Nous pouvons avoir le sentiment de Sa présence plus que de celle de tout autre ami terrestre. » Alors, à ma grande surprise et à ma profonde joie, elle me répondit : « Oui, car Il est dans nos coeurs. »

Paul devait être un de ces témoins-là pour conduire les Gentils au salut. Il n'avait pas assisté à la résurrection dans le sens littéral du mot, il n'avait pas vu Jésus en personne, mais dans le sens élevé et spirituel, le Fils de Dieu s'était révélé en lui (Gal. I, 16) et son témoignage fut aussi puissant pour convaincre les hommes de la vérité et détruire leur incrédulité que celui de Pierre ou de Jean !

Ce pouvoir de servir de témoins limité aux apôtres qui avaient vécu auprès de Jésus et à Paul choisi spécialement pour prêcher aux Gentils, il est l'héritage de tous les croyants. Plusieurs années après la Pentecôte, Paul écrivait aux Corinthiens : « Ne reconnaissez-vous pas que Jésus-Christ est en vous, à moins peut-être que vous ne soyez réprouvés ? » Et en écrivant aux Colossiens, au sujet du mystère de l'Évangile, il dit : « C'est Christ en vous, l'espérance de la gloire. » En effet, c'est dans le but le plus élevé possible, que Jésus promit d'envoyer le Saint-Esprit, quand Il dit : « Quand le Consolateur sera venu, Il ne parlera pas de Lui-même, .... Il me glorifiera, parce qu'Il prendra de ce qui est à moi et vous l'annoncera. »

Voici l'oeuvre par excellence du Consolateur - révéler Jésus à la conscience spirituelle de chaque croyant individuellement et ainsi purifier son coeur, détruire en lui toute disposition mauvaise et y implanter les dispositions et les pensées même de Jésus.
En effet, la révélation intérieure de l'esprit et du coeur de Jésus par le baptême du Saint-Esprit était nécessaire pour faire des témoins vrais de chacun des hommes qui l'avaient suivi pendant trois ans et avaient été les témoins oculaires de Sa mort et de Sa résurrection.

Après Sa résurrection, Il ne les envoya pas d'emblée dans le monde pour proclamer ce fait à tous les hommes. Il demeura encore quelques jours avec eux, les enseignant, et au moment de monter au Ciel, au lieu de leur dire : « Vous avez été avec moi pendant trois ans, vous connaissez ma vie et avez entendu mes enseignements, vous avez été témoins de ma mort et de ma résurrection, - allez maintenant dans le monde et proclamez partout ces choses, » nous lisons : qu' « Il leur recommanda de ne pas s'éloigner de Jérusalem, mais d'attendre ce que le Père avait promis, ce que je vous ai annoncé, leur dit-il ; car Jean a baptisé d'eau, mais vous, dans peu de jours, vous serez baptisés du Saint-Esprit.... Vous recevrez la puissance du Saint-Esprit qui viendra sur vous, et vous serez mes témoins. »

Ils avaient vécu trois ans avec Lui, mais sans Le comprendre. Il leur avait été révélé en chair et en os, maintenant Il allait leur être révélé par l'Esprit. En cette heure-là ils reconnurent Sa divinité ; ils comprirent Son caractère, Sa mission, Sa sainteté, Son amour éternel et Sa puissance de salut, il n'en eût pas été ainsi lors même qu'Il eût vécu en chair avec eux durant l'éternité. C'est ce qui fit dire à Jésus, peu avant sa mort : « Il vous est avantageux que je m'en aille, car si je ne m'en vais pas, le Consolateur ne viendra pas vers vous ; » si le Consolateur n'était venu, ils n'auraient pas connu Jésus autrement qu'ils le connurent en chair durant sa vie terrestre.

De quelle tendresse Jésus les aimait et comme il désirait se faire connaître pleinement à eux ! Aujourd'hui encore, Il a le même désir de Se faire connaître à Son peuple et de se révéler à leurs coeurs.
Or, c'est la preuve de cette connaissance de Jésus que les pécheurs exigent des chrétiens avant de croire.
Mais, s'il est vrai que les enfants de Dieu peuvent arriver à cette connaissance de Christ, par la révélation du Saint-Esprit, qu'en outre Jésus désire si ardemment être connu de son peuple et que les pécheurs réclament cette manifestation divine chez le chrétien, n'est-ce pas le devoir de tout disciple de Jésus de Le chercher de tout son coeur jusqu'à ce qu'il soit rempli de cette connaissance et puisse Lui servir de témoin ? Du reste, cette connaissance devrait être recherchée, non seulement pour son utilité vis-à-vis de nos frères, mais pour la consolation personnelle et la sécurité qu'elle donne au croyant lui-même puisqu'elle est le salut et la vie éternelle. Jésus a dit : « La vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et Celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. »

On peut savoir des milliers de choses au sujet du Seigneur, s'exprimer éloquemment sur son caractère et son oeuvre, et avoir cependant le coeur absolument dépourvu d'une véritable connaissance de Jésus. Un homme du peuple peut avoir appris beaucoup sur un souverain, peut croire à sa justice, se confier en sa clémence, sans l'avoir jamais vu ; mais les membres de la famille royale seuls le connaissent réellement. La révélation universelle du Seigneur Jésus est plus que la conversion ; c'est le côté positif de l'expérience que nous appelons « un coeur pur » ou la sainteté.

Désirez-vous Le connaître de cette manière ? Si c'est le désir de votre âme, vous y parviendrez.
Tout d'abord, ayez la certitude du pardon de vos péchés. Si vous avez fait tort à quelqu'un, réparez ce tort dans la mesure du possible. Zachée dit à Jésus : « Je donne aux pauvres la moitié de mes biens, et, si j'ai fait tort de quelque chose à quelqu'un, je lui rends le quadruple. » Jésus lui accorda le salut à l'instant. Soumettez-vous à Dieu, confessez vos péchés, confiez-vous en Jésus et soyez aussi assurés du pardon de vos péchés que de votre propre existence ; car Dieu a dit : « J'efface tes transgressions comme un nuage » et : « Je ne me souviendrai plus de leurs péchés. »

En second lieu, après avoir obtenu le pardon de vos péchés, venez à Lui avec toute votre volonté, votre affection, votre moi et demandez-Lui de vous purifier de toute mauvaise pensée, de tout désir égoïste, de tout doute secret, de venir habiter dans votre coeur et de vous maintenir dans la pureté afin de vous employer à Sa gloire. Puis cessez de lutter ; marchez dans la lumière qu'Il vous accorde, et attendez avec foi et patience l'exaucement de votre prière ; aussi sûrement que vous vivez, vous serez bientôt « remplis de la plénitude de Dieu. » Parvenus à ce point, cessez de vous impatienter et de céder à des craintes ou à des doutes secrets, mais « retenez ferme la profession de votre foi, » car suivant la parole de Paul : « Vous avez besoin de persévérance, afin qu'après avoir accompli la volonté de Dieu, vous obteniez ce qui vous est promis. Encore un peu, un peu de temps ; Celui qui doit venir viendra, et il ne tardera pas. » Dieu viendra à vous. Il le veut ! Et quand Il sera venu, Il satisfera les aspirations les plus élevées de votre coeur.




CHAPITRE XX

Le radicalisme de la Sainteté


« Ne reconnaissez-vous pas que Jésus-Christ est en vous à moins peut-être que vous ne soyez réprouvés. » (2 Cor. XIII, 5.)
« Christ en vous, l'espérance de la gloire. » (Col. 1, 27.)

Ne crois pas, mon cher frère, que tu puisses rendre la sainteté populaire parmi les hommes. Cela est impossible. Il n'y a pas de sainteté réelle à moins que « Christ ne soit en vous », et il est impossible que Jésus devienne populaire dans ce monde. Pour les pécheurs et les esprits charnels, Jésus-Christ a toujours été et sera :

« Comme un rejeton qui sort d'une terre desséchée,
.................................................................................
Méprisé et abandonné des hommes. »

« Christ en vous » est le même, hier, aujourd'hui, éternellement - haï, insulté, persécuté, crucifié.

« Christ en vous » n'est pas venu apporter la paix sur la terre, mais l'épée ; Il est « venu mettre la division entre l'homme et son père, entre la fille et sa mère, entre la belle-fille et sa belle-mère ; et l'homme aura pour ennemis les gens de sa maison. »

« Christ en vous » n'éteindra pas le lumignon fumant, il ne brisera pas le roseau froissé, mais Il prononcera bien qu'avec larmes les plus terribles malédictions contre le formaliste hypocrite et le tiède qui étant amis du monde sont ennemis de Dieu. « Adultères que vous êtes ! Ne savez-vous pas que l'amour du monde est inimitié contre Dieu ? Celui donc qui veut être ami du monde se rend ennemi de Dieu. » (Jacques IV, 4.) « Si quelqu'un aime le monde, l'amour du Père n'est point en lui. » (1 Jean II, 15.)

Dans la demeure du pauvre, dans les repaires des êtres les plus abjects, « Christ en vous » ira chercher et sauver ceux qui sont perdus ; Il leur dira avec douceur et tendresse : « Venez à Moi, et Je vous donnerai du repos ; » mais au sein des splendeurs de l'église et de la cathédrale où la pompe, l'orgueil et le formalisme se moquent de Dieu, Il s'écriera avec larmes et indignation : « Les publicains et les prostitués vous devanceront dans le Royaume de Dieu. »

« Christ en vous » n'est pas l'aristocrate vêtu pompeusement de pourpre et de fin lin, d'or et de perles, c'est l'humble charpentier, aux mains calleuses, disant la vérité, serviteur des serviteurs, cherchant les sièges les plus humbles dans les synagogues et dans les festins, condescendant à laver les pieds de ses apôtres « et qui ne se tourne pas vers les hautains. » (Ps. XL, 5.)

« Mais ses paroles sont des paroles pures
Un argent éprouvé sur terre au creuset
Et sept fois épuré. »
(Ps. XII, 7.)

« La parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu'une épée quelconque à deux tranchants ; elle pénètre jusqu'à la division de l'âme et de l'esprit. »

Cherchez à reconnaître et à suivre les traces du véritable Jésus, l'humble et saint Paysan de Galilée, car en vérité beaucoup de faux Christs aussi bien que de faux prophètes se sont répandus dans le monde.
Ce sont des rêveurs, des Christs poétiques. À chacun d'eux l'on peut appliquer les paroles du psalmiste :

« La bouche est plus douce que la crème,
Mais la guerre est dans son coeur ;
Ses paroles sont plus onctueuses que l'huile,
Mais ce sont des épées nues. »
(Ps. LV, 21.)

Ce sont des Christs à la mode du jour, « aimant le plaisir plus que Dieu, ayant l'apparence de la piété mais en reniant sa puissance (la sainteté du coeur). Il en est parmi eux qui s'introduisent dans les maisons, et qui captivent des femmes d'un esprit faible et borné, chargées de péchés, agitées par des passions de toute espèce, apprenant toujours et ne pouvant jamais arriver à la connaissance de la vérité. (2 Tim. III, 4, 7.)

Il y a des Christs mercantiles qui font de la maison de Dieu une caverne de voleurs. (Matt. XXI, 13.)

Il y a des Christs, distributeurs de nourriture, qui cherchent à captiver les hommes en rassasiant l'estomac plutôt que le coeur et l'esprit. (Rom. XVI, 18.)

Il y a des Christs philosophes et savants, qui feront « de vous une proie par la philosophie et par une vaine tromperie, s'appuyant sur la tradition des hommes et les rudiments du monde. » (Col. II, 8.)

Il y a des Christs, réformateurs politiques, oubliant les affaires de leur Père, dans un effort absorbant, pour élire ou être élus, afin de prendre place parmi les gouverneurs de ce monde ; traversant la moitié d'un continent pour aller discourir sur des questions de tempérance ou sur les droits de la femme, tandis qu'auprès d'eux des centaines de milliers de pécheurs prennent le chemin de l'enfer ; des Christs s'efforçant vainement de mettre des fruits aux branches au lieu de mettre hardiment la cognée à la racine de l'arbre. (Matt. III, 10.)

Un jour la foule voulut faire Christ roi, il s'y refusa, ne voulant régner que sur les coeurs. Elle voulut une autre fois en faire un juge, il s'y refusa encore s'étant dépouillé lui-même (Phil. II, 7.) Tandis qu'Il aurait pu en descendant du ciel s'arrêter au trône de la Rome impériale ou se choisir un rang élevé parmi les classes supérieures de la société, mais Il quitta le sein de son Père pour prendre la place la plus humble de la terre, se faisant le serviteur de tous, afin de nous élever jusqu'à son Père, et de nous rendre participants de la nature divine et de sa sainteté. (Héb. XII, 10.) (2 Pierre I, 4.)

« Christ en vous » se répand parmi les hommes pour les relever de leur bassesse. S'Il se fût arrêté au trône, Il n'eût pu atteindre les pauvres pécheurs de Galilée, tandis qu'en descendant jusqu'à eux, Il ébranla le monde. Sans devenir populaire, « Christ en vous » s'abaisse, ne recherchant pas la gloire qui vient des hommes, mais celle qui vient de Dieu seul. (Jean V, 44 et XII, 42, 43.)

Un jeune homme riche vint un jour à Jésus et lui demanda : « Bon Maître, que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? » Le jeune homme sans doute raisonnait ainsi en lui-même : « Le Maître est pauvre et je suis riche. Il m'accueillera avec plaisir, car je puis lui apporter le prestige de ma position financière. Il est sans influence dans le pays, j'appartiens à la classe de ceux qui gouvernent et puis lui offrir la puissance politique. Le Maître est en quelque sorte au ban de la société par son association avec de pauvres pécheurs ignorants ; moi, jeune chef fortuné, je puis lui donner l'influence sociale. »

Mais le Maître frappa au coeur même cette sagesse mondaine et cette suffisance en répondant au jeune homme riche : « Vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, et après cela viens et suis-moi. » Venez, vous ne pouvez Me servir que dans la pauvreté, l'humilité et l'obscurité sociale, car Mon royaume n'est pas de ce monde. Mes armes ne sont point charnelles, elles sont puissantes par Dieu pour renverser les forteresses. Renoncez à vous-même, car quiconque n'a pas Mon esprit, n'est point à Moi (Rom. VIII, 9) et Mon esprit est un esprit de renoncement. Il faut donc renoncer à votre élégante demeure de Jérusalem pour Me suivre, en vous souvenant que le Fils de l'homme n'à pas un lieu où reposer sa tête. Vous ne serez guère plus considéré qu'un vulgaire vagabond. Vous devrez sacrifier vos aises, abandonner vos richesses, car « Dieu n'a-t-Il pas choisi les pauvres aux yeux du monde, pour qu'ils soient riches en la foi et héritiers du royaume ? » (Jac. II, 5.) et il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu. Souvenez-vous qu'en faisant cela, vous perdrez votre réputation. Les banquiers et les gens du monde de Jérusalem diront que vous avez perdu le sens, et vos anciens amis ne vous salueront pas en passant près de vous. Mon coeur est attiré vers vous, je vous aime, mais je vous dis franchement que si vous ne vous chargez pas de votre croix pour me suivre, vous ne pouvez être mon disciple ; si vous ne haïssez pas père, mère, femme, enfants, frères et votre propre vie, vous ne pouvez être mon disciple. Si vous faites ceci, vous vous amasserez un trésor dans le ciel. (1)

Ne comprenez-vous pas qu'il est impossible de rendre populaire un Évangile aussi radical ? Cet esprit et l'esprit du monde sont aussi opposés l'un à l'autre que deux locomotives s'avançant sur la même voie l'une contre l'autre à une rapidité de quatre-vingts kilomètres à l'heure. Le feu et l'eau ne se mêleront pas plus difficilement que « Christ en vous » et l'esprit du monde.

Ne perdez donc pas votre temps à chercher une sainteté qui puisse s'adapter au monde. Soyez saints parce que Dieu est saint. Cherchez à Lui plaire sans vous préoccuper de l'approbation ou de la désapprobation des hommes. Alors ceux qui sont disposés à accepter le salut, verront bientôt « Christ en vous » et s'écrieront avec Esaïe : « Malheur à moi ! je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, et j'habite au milieu d'un peuple dont les lèvres sont impures, et mes yeux ont vu le Roi, l'Éternel des armées. » Tombant à Ses pieds, ils diront avec le lépreux : « Seigneur, si tu le veux, tu peux me rendre pur. » Et Jésus ayant compassion d'eux dira : « Je le veux, soyez purs. »


(1) C'est-à-dire si vous n'aimez à un moindre degré ce qui est humain que ce qui est divin. 
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