Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE VII

Le coeur de Jésus.

-------

« Rends mon coeur semblable au Tien
Par Ta merveilleuse puissance,
Par Ta grâce de tous les instants,
Rends mon coeur semblable au Tien.

De tout notre coeur, nous chantions un matin les paroles ci-dessus dans une heure d'humiliation et d'examen de soi-même. J'étais alors cadet à l'École militaire.
Un de mes camarades pénétré de l'esprit de ce cantique s'approcha de moi, la réunion terminée, et, très sérieux, sur un ton d'ardente investigation, me demanda : « Voulons-nous réellement dire que nous puissions avoir un coeur semblable au Sien ? » Je lui répondis que j'en étais certain puisque le Seigneur ne demande qu'à nous rendre semblables à Lui :

Un coeur humble et contrit
Plein de foi et de pureté,
Un coeur pleinement renouvelé
Rempli de charité divine,
Parfait et droit et pur et bon,
Un coeur, Seigneur, semblable au tien.

Jésus a été en effet « le premier-né parmi les frères. » Il est notre « frère aîné » et nous devons Lui être semblables. Nous sommes dans ce monde présent comme Il y fut et Il dit que « celui qui demeure en Lui doit marcher comme Il a marché Lui-même. » Or, il nous est impossible de marcher comme Lui, de vivre comme Lui, à moins d'avoir un coeur semblable au Sien.

Nous ne pouvons porter les mêmes fruits que Lui qu'à la condition de posséder la même nature que Lui ; c'est pourquoi Il veut nous rendre semblables à Lui. C'est à ses fruits qu'on juge un arbre ; c'est par ses oeuvres que nous pouvons connaître le coeur de Jésus.

Nous trouvons l'amour dans sa vie, par conséquent son coeur était rempli d'amour. Il portait le fruit délicieux du parfait amour. Ni haine, ni fiel, ni dédain, ni égoïsme ne se mêlaient à cet amour : Il aimait Ses ennemis et priait pour Ses bourreaux. Ce n'était point un amour inconstant, changeant au gré des saisons, mais un amour immuable et éternel. « Je vous ai aimés d'un amour éternel », dit-Il. Gloire à Dieu ! que tout cela est merveilleux !

Voilà précisément l'amour qu'Il désire voir en nous. Écoutez : « Je vous donne, dit-Il, un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » Il peut paraître extraordinaire de me commander d'aimer mon frère comme Jésus m'a aimé ; telles sont cependant Ses paroles, et pour y parvenir, il me faut un coeur semblable à celui du Sauveur.

Nous savons que l'amour renferme toutes les autres grâces. Regardons au coeur de Jésus pour les chercher et les trouver.
Jésus était humble de coeur.
Il dit de Lui-même : « Je suis doux et humble de coeur », et Paul nous dit : qu'Il « s'est dépouillé lui-même en prenant une forme de serviteur, Il s'est humilié lui-même. »

Béni soit son nom ! Il s'est humilié Lui-même, car bien qu'Il fût le Seigneur de vie et de gloire, Il a condescendu à naître d'une humble vierge, dans une crèche et à travailler trente ans comme un obscur charpentier ; Il a voulu vivre avec les pauvres, les ignorants et les gens de la plus basse classe, plutôt qu'avec les riches, les grands et les savants.

Si Jésus ne fut jamais embarrassé en présence des puissants et des sages de ce monde, Son coeur simple et humble sut également s'accommoder du contact journalier des gens du peuple, des rudes travailleurs de la plus modeste origine. Il s'attacha à eux, ne voulant pas être élevé. Lorsqu'ils cherchèrent à le faire, Jésus leur échappa et alla prier sur la montagne, et lorsqu'Il revint, Il parla à Ses disciples d'une façon si intransigeante que presque tous l'abandonnèrent.

Peu avant sa mort, Il prit la vile place d'un esclave et lava les pieds de Ses apôtres, puis Il leur dit : « Je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait. »

De quel secours ceci ne m'a-t-il pas été dans notre École militaire ! Le lendemain de mon arrivée, on m'envoya dans un étroit réduit pour cirer une quantité de souliers sales appartenant aux cadets. Le diable s'approcha de moi pour me rappeler que peu d'années auparavant j'avais pris mes grades universitaires et passé deux ans dans une des premières facultés de théologie du pays ; qu'ensuite ayant été pasteur d'une église de la capitale, je venais d'abandonner mon travail d'évangélisation où j'avais vu des centaines d'hommes chercher leur Sauveur, et que maintenant je cirais les souliers de garçons ignorants. Le diable est mon vieil ennemi ; mais je lui rappelai l'exemple de mon Sauveur, et il s'éloigna. Jésus a dit : « Si vous savez ces choses, vous êtes heureux pourvu que vous les pratiquiez. » - Je les pratiquais, le diable le savait, il me laissa et je fus heureux : ce petit réduit s'était transformé pour moi en un parvis du ciel et mon Seigneur m'y visita.

« Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles. » Si vous voulez avoir un coeur semblable à celui de Jésus, qu'il soit rempli d'humilité et non gonflé d'orgueil, ne se cherchant pas lui-même. « Revêtez-vous d'humilité. »
Jésus était doux et humble de coeur.
Paul parle de sa douceur et Pierre nous dit que : « injurié, il ne rendait point d'injures, maltraité, ne faisait point de menaces, mais s'en remettait à celui qui juge justement. » Il ne frappait pas quand on L'injuriait ; Il ne cherchait pas à se justifier, mais remettait Sa cause à son Père céleste et attendait.
« Semblable à un agneau qu'on mène à la boucherie, à une brebis muette devant ceux qui la tondent, Il n'a point ouvert la bouche. »

C'était la douceur portée à sa perfection ; car non seulement Il se refusait à rendre les coups, mais Il subissait les plus cruelles et les plus humiliantes injustices. « De l'abondance du coeur la bouche parle. » Son coeur étant plein de douceur, sa bouche ne récriminait pas contre ses ennemis.
C'est précisément ce qu'Il exige de nous dans ces paroles : « Je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l'autre, et si quelqu'un te contraint à faire un mille, fais-en deux avec lui. »

Je connais un frère nègre, haut de plus de six pieds, à la forte charpente, aux bras musculeux, qui fut il y a peu de temps, repoussé d'un tramway d'une manière inconvenante et brutale, tandis qu'il avait autant de droit à sa place que le conducteur lui-même.
Une personne, connaissant ses exploits passés et sa force au pugilat, lui dit :
- Pourquoi, Georges, ne l'avez-vous pas corrigé ?
- Je n'aurais pu, car Dieu m'avait enlevé toute envie de lutter, répondit le bon nègre.
« Si vous passez votre couteau au feu et en enlevez le tranchant, il ne coupe plus, » ajouta-t-il avec une exclamation joyeuse.
« Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. »




CHAPITRE VIII

Le secret de la puissance.


« Ceux qui s'attendent à l'Éternel renouvellent leurs forces » (Es. XL, 31).

Si j'étais mourant et qu'il me restât le privilège d'adresser une dernière exhortation aux chrétiens du monde entier, et que ce message dût être condensé en cinq mots, je leur dirais : « Attendez-vous à l'Éternel. »

Partout où je porte mes pas, je rencontre des rétrogrades - méthodistes, baptistes, salutistes - des rétrogrades de tout genre et par milliers, au point que mon coeur saigne à la pensée d'une si grande armée d'âmes découragées, qui ont contristé le Saint-Esprit et affligé le Seigneur.

Si l'on demandait à tous ces rétrogrades la cause de leur condition actuelle, ils répondraient par dix mille raisons différentes, tandis qu'en réalité il n'y en a qu'une seule et c'est celle-ci : Ils ne se sont pas attendus à Dieu. S'ils s'étaient attendus à Lui au moment du terrible assaut qui a détruit leur foi, enlevé leur courage et fait sombrer leur amour, ils auraient renouvelé leur force et surmonté tous les obstacles, comme portés sur les ailes de l'aigle. Ils se seraient élancés sans se lasser contre l'ennemi. Ils auraient marché sans faiblir au milieu des difficultés.

S'attendre à Dieu veut dire plus que de lui adresser une prière de trente secondes au moment du lever et du coucher. Cela peut vouloir dire se saisir de Dieu par une prière et Le quitter avec la bénédiction ou bien encore : assiéger Son trône par une série de prières persévérantes, persistantes, prières de l'âme qui est décidée à ne pas s'éloigner avant que Dieu ne se soit levé et n'ait étendu son bras en sa faveur.

Il y a une manière de s'approcher de Dieu, de heurter à la porte du ciel, de réclamer au Seigneur la réalisation de Ses promesses, une manière de plaider auprès de Jésus en s'oubliant soi-même, en mettant de côté toute préoccupation terrestre et en persistant dans la résolution de ne pas s'éloigner sans avoir été exaucé, une manière, dis-je, qui met toute la richesse et la sagesse du Ciel, toute sa puissance et son amour à la disposition de l'homme qui prie ainsi, tellement qu'il peut pousser des cris de joie et de triomphe et devenir plus que vainqueur en face même de la mort et de l'enfer, tandis que d'autres chrétiens ne peuvent que trembler et s'éloigner sans avoir rien obtenu.

C'est en s'attendant à Dieu dans les moments critiques que toute âme forte obtient la sagesse et la force qui remplissent les autres hommes d'étonnement. Eux aussi pourraient être « grands aux yeux de Dieu », s'ils voulaient s'attendre à Lui et être fidèles au lieu de s'agiter et de courir d'un homme à l'autre pour chercher le secours quand vient le moment de l'épreuve.

Après avoir traversé une période de trouble et d'angoisse, le Psalmiste parle ainsi de sa délivrance :

« J'avais mis en l'Éternel mon espérance
Et il s'est incliné vers moi, il a écouté mes cris,
Il m'a retiré de la fosse de la destruction,
Du fond de la boue ;
Et il a dressé mes pieds sur le roc,
Il a affermi mes pas.
Il a mis dans ma bouche un cantique nouveau :
Une louange à notre Dieu ;
Beaucoup l'ont vu et ont eu de la crainte,
Et ils se sont confiés en l'Éternel. »

Je visitais dernièrement un pauvre petit Corps de l'Armée du Salut où tout était en décadence. Beaucoup de soldats étaient froids et découragés, mais je trouvai une soeur au visage rayonnant, un chant de louanges sur les lèvres. Elle me raconta qu'en voyant les autres faiblir autour d'elle, en constatant l'insouciance du plus grand nombre et le déclin de piété vitale dans ce poste, elle avait souffert dans son coeur et s'était sentie découragée au point que ses pieds avaient failli glisser. Mais elle était allée à Dieu, s'était prosternée devant Lui, priant et attendant jusqu'à ce qu'Il se fût approché d'elle et lui eût montré l'effroyable précipice au bord duquel elle se trouvait elle-même - jusqu'à ce qu'Il lui eût fait comprendre que l'unique chose qu'elle avait à faire était de suivre Jésus, de marcher devant Lui avec un coeur confiant, et de s'attacher à Lui, le poste tout entier dût-il faire défection. Alors elle confessa au Seigneur tous les péchés sur lesquels Il lui avait ouvert les yeux, et reconnut combien elle avait été près de grossir le grand nombre des rétrogrades. Elle s'humilia devant Dieu et renouvela avec Lui son alliance jusqu'à ce qu'une joie inexprimable entrât dans son coeur ; Dieu mit Sa crainte dans l'âme de cette soeur et la remplit de la gloire de Sa présence.

Elle ajouta que le lendemain elle tremblait à la pensée de l'effroyable danger couru et m'affirma que cette attente à Dieu dans le silence de la nuit avait seule sauvé son âme et rempli son coeur d'assurance et d'espoir, non seulement pour elle, mais aussi pour le Corps dont elle faisait partie. Puisse notre Armée compter des milliers de soldats semblables !

David a dit : « Mon âme, attends-toi à Dieu, car mon espérance est en Lui » et ailleurs il déclare. « Je m'attendrai au Seigneur et j'espérerai en Son nom. Mon âme attend le Seigneur, comme le garde le matin, » puis il lance cette retentissante exhortation et cette parole d'encouragement à vous et à moi : « Attends-toi à l'Éternel, et demeure ferme et Il fortifiera ton coeur. Attends-toi, dis-je, à l'Éternel. »

Le secret de toute chute comme de tout vrai succès réside dans l'attitude de l'âme devant Dieu. L'homme qui s'attend courageusement au Seigneur ne peut manquer de réussir. Il ne tombera point. Aux yeux des autres hommes il semblera échouer peut-être, mais ils reconnaîtront à la fin ce qu'il n'a jamais cessé de sentir, c'est que Dieu était avec lui, le rendant prospère en dépit de toutes les apparences.

Jésus fait consister ce secret dans ces paroles :
« Mais quand tu pries, entre dans ta chambre, ferme la porte, prie ton Père en secret, et ton Père qui voit dans le secret te récompensera. »

Sachez donc, que toute chute a sa source dans le fait de ne pas s'être attendu à Dieu dans les moments de prière, jusqu'à ce qu'Il nous ait remplis de sagesse, revêtus de puissance et enflammés d'amour.

Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant