La sainteté ne court pas les rues
à la recherche des oisifs, comme semblait le
croire un chrétien paresseux qui pensait que
cette bénédiction lui
« viendrait d'elle-même quelque
jour ». À quoi un camarade
remarqua fort justement qu'il pourrait tout aussi
bien attendre que la salle vînt à
lui.
Il est certain que pour la plupart des
hommes le chemin de la sainteté est
semé d'obstacles ; mais, vous qui
désirez en faire l'expérience,
rejetez pour jamais la pensée qu'un seul de
ces obstacles vienne de Dieu ou des circonstances
particulières où vous êtes
placés ; si nombreux soient-ils, c'est
en vous seuls qu'ils se trouvent tous. Ceci
posé, c'est donc le comble de la folie
d'attendre paisiblement, les mains jointes, que
cette expérience bénie vienne
à vous. Soyez certains qu'elle ne viendra
pas plus à vous qu'une récolte de
pommes de terre n'ira au devant du paresseux qui,
assis sous l'ombrage, ne fait aucun usage de sa
bêche dans les mois du printemps et de
l'été. La règle dans le monde
spirituel est : « Celui qui ne veut
pas travailler ne doit pas non plus manger,
et : ce qu'un homme a semé, il le
récoltera, aussi. »
La sagesse consiste donc à rechercher
sur le champ le nombre et la nature de ces
obstacles par une étude minutieuse de la
Parole de Dieu, accompagnée de beaucoup de
prières secrètes, d'un examen de
soi-même, rigoureux et sans complaisance,
d'une stricte abnégation, d'une joyeuse
obéissance à toute la lumière
de Dieu et d'une fréquentation
régulière des réunions des
enfants de Dieu. Une fois ces obstacles
découverts il faut, par la grâce de
Dieu, les éloigner, dût-il en
coûter autant que de se couper la main droite
ou de s'arracher l'oeil droit.
Or, la Bible nous dit - et le
témoignage et l'expérience de tous
les saints sont d'accord avec elle - que les deux
principaux obstacles à la sainteté
sont : premièrement, une consécration incomplète,
deuxièmement, une foi
imparfaite.
Avant que l'horloger puisse nettoyer et
régler ma montre, je dois la remettre sans
réserve entre ses mains ; pour que le
docteur puisse me guérir, je dois prendre
son remède de la manière et au moment
indiqués ; pour qu'un capitaine puisse
me conduire à travers un océan sans
voie frayée, je dois me rendre à bord
de son vaisseau et y demeurer. De même, si je
désire que mon coeur soit purifié et
dirigé dans toutes ses affections, si je
veux que mon âme, atteinte de la maladie du
péché, soit guérie, que le
Seigneur me conduise sain et sauf de l'océan
du temps dans celui de l'éternité,
plus vaste encore, je dois me remettre
entièrement entre Ses mains et y demeurer.
En d'autres termes, je dois faire
ce qu'Il me dit, Lui être complètement
consacré.
Une capitaine de l'Armée du Salut,
agenouillée avec ses soldats,
chantait :
Partout, Jésus, je te suivrai.
Elle ajoutait en elle-même :
« Seigneur, partout, excepté
à H. »
Sa consécration était
imparfaite ; et aujourd'hui elle ne fait plus
partie de l'oeuvre. Elle ne voulait pas tout faire
pour Jésus ; c'est pourquoi Il ne put
la purifier et la garder.
Il y a quelque temps, un pauvre
rétrograde me disait qu'il savait bien
qu'à un moment donné il aurait
dû renoncer au tabac. Dieu lui demandait ce
sacrifice ; mais il continuait à fumer
en secret. Sa consécration imparfaite le
retint loin de la sainteté et le conduisit
à la ruine ; c'est aujourd'hui un
malheureux ivrogne qui suit le chemin de
l'enfer.
Il y avait dans son coeur une secrète
déloyauté et Dieu ne pouvait ni le
purifier ni le garder. Le Seigneur demande une
loyauté parfaite dans le secret de votre
coeur, et il le demande non seulement pour Sa
gloire, mais aussi pour votre bien ; car si
vous saviez le comprendre, la plus grande gloire de
Dieu et votre plus grand bien sont une seule et
même chose.
La consécration consiste à se
dépouiller entièrement de sa
volonté propre, de ses dispositions, de son
caractère, de ses désirs, de ses
sympathies et antipathies et à se
revêtir de la volonté, des dispositions, du
caractère, des désirs, des sympathies
et des antipathies de Christ. En un mot, la
consécration consiste à se
dépouiller de soi-même pour se
revêtir de Christ, à renoncer, en
toutes choses, à sa volonté propre
pour la volonté de Jésus-Christ. Cela
peut paraître presque impossible et
très désagréable à
votre coeur non sanctifié, mais si votre
intention est d'accomplir un travail qui subsistera
pendant l'éternité, et si vous voulez
regarder intelligemment et sans vous
détourner ni à droite ni à
gauche vers la porte étroite par laquelle il
en est peu qui entrent, si vous dites au Seigneur
que c'est dans ce chemin-là que vous voulez
marcher, dût-il vous en coûter la vie,
le Saint-Esprit vous montrera bientôt qu'il
est non seulement possible, mais facile et
agréable de vous abandonner ainsi à
Dieu.
Le second obstacle qui se dresse sur la
route de celui qui recherche la sainteté est une foi imparfaite.
Quand Paul
écrivait aux salutistes de Thessalonique, il
les louait d'être en exemple à tous
ceux qui croyaient, tant en Macédoine qu'en
Achaïe, ajoutant :
« Vous êtes devenus des
modèles pour tous les croyants. »
(I
Thess. 1, 7. 8.)
C'était l'Eglise la plus vivante de
la chrétienté si réelle et si
solide était sa foi qu'elle put endurer la
persécution, comme nous le voyons dans les
chapitres
I, 6 ; Il,
14 et III,
2-5 de la première
Épître, de sorte que Paul pouvait
dire : « Nous sommes consolés
à votre sujet dans toutes nos afflictions et
notre détresse par votre
foi. » Foi solide sans doute, mais non
parfaite, puisque Paul ajoute :
« Nuit et jour nous le prions avec une
extrême ardeur de nous permettre de vous voir
et de compléter ce qui manque à votre
foi. »
(1
Thess. III, 10.)
Or, s'ils n'étaient pas
sanctifiés, c'est que leur foi était
imparfaite ; c'est pourquoi l'apôtre
termine sa lettre par ces mots :
« Que le Dieu de paix vous sanctifie
lui-même tout entiers. »
Tous ceux qui sont nés de Dieu et qui
tiennent du Saint-Esprit le témoignage de
leur justification, savent parfaitement bien que ce
n'est point par leurs bonnes oeuvres ni par un
développement graduel qu'ils ont
été sauvés, mais par la
grâce qui s'obtient par la foi, tandis que
beaucoup de braves gens paraissent s'imaginer que
nous croissons dans la sanctification ou que nous
l'obtenons par nos propres oeuvres. Pourtant le
Seigneur lui-même a résolu cette
question de la manière la plus claire
lorsqu'Il dit à Paul qu'Il l'envoie vers les
Gentils « pour ouvrir leurs yeux et les
conduire des ténèbres à la
lumière et de la puissance de Satan à
Dieu, afin d'obtenir le pardon de leurs
péchés et l'héritage avec ceux
qui sont sanctifiés, par la foi en
Lui. » Ce n'était point par leurs
oeuvres, ni graduellement qu'ils devaient
être rendus saints, mais par la foi.
Si donc vous voulez être saints, vous
devez venir à Dieu « avec un coeur
sincère et une pleine assurance dans la
foi, » et si vous attendez patiemment en
vous tenant devant Lui, cette
oeuvre merveilleuse s'accomplira.
La consécration et la foi sont du
domaine du coeur et pour beaucoup c'est là
que gît la difficulté ; mais il y
a évidemment des gens qui sont
arrêtés par un obstacle qui a sa
source dans l'intelligence ; ceux-ci ne
reçoivent pas cette
bénédiction parce qu'ils recherchent
quelque chose qui lui est bien
inférieur.
La sainteté est une grande
bénédiction. C'est le renouvellement
de l'homme entier à l'image de Jésus.
C'est la destruction complète de toute
haine, de toute envie, de toute malice, de toute
impatience, de toute convoitise, de l'orgueil, de
l'impureté, de la crainte des hommes, de
l'amour de ses aises, de l'admiration humaine, de
l'amour des grandeurs, de la honte de la croix, de
la volonté propre et autres choses
semblables. Elle rend celui qui la possède,
« doux et humble de coeur »,
comme Jésus l'était lui-même,
patient, plein de mansuétude, compatissant,
rempli d'amour et de foi, bienveillant et
zélé pour les bonnes oeuvres.
Or, j'ai entendu certaines gens se
réclamer de la bénédiction de
la sainteté pour avoir renoncé
à fumer, à porter des plumes ou
quelque affaire de ce genre, tandis qu'ils
demeuraient impatients, sans charité ou
absorbés par les soucis du monde. Il en
résulta qu'ils ne tardèrent pas
à se décourager, conclurent que cette
bénédiction n'existait pas, et
devinrent d'amers adversaires de la doctrine de la
sainteté, tout simplement
pour avoir cherché une
bénédiction trop minime. lis avaient
renoncé à certaines choses
extérieures ; mais la vie cachée
du moi n'avait pas été
crucifiée. Le mineur enlève la gangue
attachée au minerai, mais il ne peut
modifier la composition intime de celui-ci ;
c'est là l'oeuvre du feu par lequel le
minerai doit passer avant qu'on puisse obtenir le
métal pur. De même, il est
nécessaire de renoncer aux choses
extérieures, mais seul le baptême du
Saint-Esprit et du feu peut purifier les
désirs secrets et les affections du coeur et
le sanctifier. Si donc vous voulez recevoir ce
baptême du feu vous devez le rechercher
ardemment par une consécration et une foi
parfaites.
D'autres n'obtiennent pas cette
bénédiction parce que ce qu'ils
cherchent diffère absolument de la
sainteté. Il leur faudrait une vision du
ciel, des flammes de feu ou l'apparition d'un
ange ; ils voudraient être à
l'abri de toute épreuve et de toute
tentation, de toute erreur ou infirmité
possible ; ils voudraient posséder un
pouvoir qui jetât à leur voix les
pécheurs la face contre terre. Ils oublient
le verset déclarant que :
« le but de cette recommandation, c'est
une charité venant d'un coeur pur, d'une
bonne conscience et d'une foi
sincère » qui nous enseigne que la
sainteté n'est autre chose qu'un coeur pur,
plein d'une charité parfaite, et une
conscience pure devant Dieu et devant les hommes,
provenant de l'accomplissement fidèle du
devoir et d'une foi simple, dénuée d'hypocrisie.
Ils oublient
que la
pureté et l'amour parfait sont les attributs
d'une âme ressemblant au Christ, et des dons
si rares dans ce monde qu'ils sont en
eux-mêmes une grande, une immense
bénédiction. Ils oublient que tout en
étant le Roi des rois et le Seigneur des
seigneurs, Jésus était aussi un
humble charpentier qui « s'est
dépouillé lui-même en prenant
sur lui la forme d'un serviteur, ... et qui
« s'est humilié
lui-même ». Ils oublient qu'ils
doivent être ce qu'était Jésus
« dans ce monde » et que
« ce monde » est le lieu de son
humiliation où il est
« méprisé et
abandonné des hommes, »
« homme de douleurs, habitué
à la souffrance », n'ayant
« ni beauté ni éclat pour
attirer nos regards ». Dans ce monde, Sa
seule beauté est la beauté
intérieure de la sainteté, cet esprit
d'humilité, de douceur et d'amour,
« cet ornement d'un esprit doux et
paisible qui est d'un grand prix devant
Dieu. »
Votre âme a-t-elle faim et soif de la
justice de l'amour parfait ? Voulez-vous
être semblables à Jésus ?
Êtes-vous préparés à
souffrir avec Lui, « à être
haïs des hommes à cause de Son
nom ? » Si oui :
« Rejetant toute entrave et le
péché qui vous enveloppe
aisément » .... offrez vos corps
en sacrifice vivant, saint, agréable
à Dieu, ce qui sera de votre part un culte
raisonnable » .... « et courez
avec persévérance dans la
carrière qui vous est ouverte ayant les
regards sur Jésus, le chef et le
consommateur de la foi. »
(Héb.
XII, 1, 2.) Venez au
Seigneur avec la même simplicité de foi qu'au
moment de votre conversion, exposez-Lui votre cas,
demandez-Lui d'enlever toute souillure, de vous
perfectionner dans l'amour et croyez qu'Il le fait.
Si vous êtes résolus à
résister à toutes les tentations de
Satan qui ont pour but de vous entraîner dans
le doute, vous verrez bientôt
disparaître les obstacles et vous vous
réjouirez d'« une joie ineffable
et glorieuse. » « Que le Dieu
de paix vous sanctifie lui-même tout entiers
et que tout votre être, l'esprit, l'âme
et le corps, soit conservé
irrépréhensible lors de
l'avènement de notre Seigneur
Jésus-Christ. Celui qui vous a
appelés est fidèle et c'est Lui qui
le fera. »
« Comment un homme « mort au
péché » peut-il être
tenté ? » me demandait il y a
peu de temps un chrétien zélé,
mais non sanctifié. « Si les
penchants mêmes et les dispositions au
péché sont détruits, que
reste-t-il en l'homme qui puisse répondre
aux sollicitations du malin ? »
C'est là une question que tout homme
doit s'adresser tôt ou tard, et lorsque Dieu
m'en indiqua la réponse, Il répandit
une grande clarté sur mon sentier; Il me
rendit capable de vaincre Satan dans mainte
bataille rangée.
L'homme véritablement
sanctifié « et mort au
péché » n'a plus en lui
aucune inclination qui corresponde aux tentations
ordinaires des autres hommes.
Ainsi que Paul le déclare :
« Il ne lutte pas contre la chair et le
sang » - contre les tentations
sensuelles, charnelles et mondaines qui
exerçaient précédemment un si
grand pouvoir sur lui, - « mais contre
les dominations, contre les autorités,
contre les princes de ce monde de
ténèbres, contre les esprits
méchants dans les lieux
célestes. » -
(Eph.
VI, 12) - comme dans son
cabinet pendant la prière
secrète.
S'il était autrefois adonné
à la boisson, il n'est plus tenté de
s'enivrer, car il est « mort »,
et « sa vie est cachée avec Christ
en Dieu ».
S'il était autrefois orgueilleux et
vain, prenant plaisir au luxe des vêtements
et des bijoux, il n'est plus attiré par
l'éclat trompeur, par la vaine pompe et la
gloire de ce monde ; car il a attaché
ses affections aux « choses d'En-Haut et
non à celles qui sont sur la
terre. »
Ces choses n'ont désormais pas plus
d'attrait pour lui que les breloques de
métal, les plumes d'aigle et les tatouages
d'un Peau-Rouge.
S'il convoitait autrefois les honneurs et la
louange des hommes, il les considère comme
de la boue et des scories, aujourd'hui qu'il peut
gagner Christ et obtenir l'honneur qui vient de
Dieu seul.
S'il recherchait jadis la richesse et ses
aises, il renonce aujourd'hui joyeusement au luxe
et à toutes les possessions terrestres, afin
d'avoir son trésor dans le ciel et de
n'être pas embarrassé des affaires de
la vie, s'il veut plaire à Celui qui l'a
enrôlé.
Je ne dis point par là que Satan ne
se serve plus de ces plaisirs charnels et mondains
pour engager l'âme à abandonner Christ
il le fera. Mais j'entends que l'âme
« morte au
péché, » et chez qui les
racines mêmes du mal sont arrachées,
ne répond plus aux suggestions de
Satan ; elle les rejette aussitôt. Satan
peut essayer son pouvoir en lui envoyant quelqu'un
pour la séduire, comme il fit pour Joseph en
Egypte, mais de même que celui-ci, l'homme
sanctifié s'enfuira et dira :
« Comment ferais-je un aussi grand mal et
pécherais-je contre Dieu ? »
Satan lui offrira peut-être une grande
puissance, des honneurs et des richesses, ainsi
qu'il le fit pour Moïse en Égypte, mais
comparant celles-ci avec la plénitude
infinie de gloire et de puissance qu'il a
trouvée en Christ, l'homme sanctifié
repoussera aussitôt les offres du
diable : « Aimant mieux être
maltraité avec le peuple de Dieu que d'avoir
pour un temps la jouissance du péché,
regardant l'opprobre de Christ comme une richesse
plus grande que les trésors de
l'Égypte. »
Satan pourra encore tenter le palais de
l'homme sanctifié par les vins exquis et les
viandes délicates de la demeure d'un roi,
ainsi qu'il le fit pour Daniel à
Babylone ; mais comme Daniel, il
décidera « de ne pas se souiller
par les mets du roi et par les vins dont le roi
buvait. »
Toutes ces amorces mondaines, Jésus
les connut ;
(Matth.
IV, 1 à 11, et Luc
IV,
2 à 13), mais nous
voyons par le récit des apôtres qu'Il
triompha glorieusement de toutes les suggestions du
tentateur. Comme Jésus l'homme
sanctifié repoussera les tentations de Satan
et remportera la victoire, car Christ
Lui-même est venu habiter dans son coeur pour
combattre avec lui ; il peut donc maintenant
répéter avec son Maître :
« Le prince du monde vient, il ne peut
rien sur moi. »
En effet, il a trouvé en Christ une
telle satisfaction, une telle paix, une telle joie,
une telle consolation, une telle pureté et
une telle puissance que la puissance de la
tentation
sous
toutes les formes qu'elle revêtait auparavant
est complètement brisée ; il
jouit maintenant de la liberté des enfants
de Dieu ; il est aussi libre que n'importe
quel archange, car : « Celui que le
Fils a affranchi est véritablement
libre. »
Mais si Christ a rendu à la
liberté l'homme sanctifié, si
celui-ci n'a plus à combattre contre les
anciennes passions mondaines et les appétits
charnels, il a cependant une lutte constante
à soutenir contre Satan pour conserver cette
liberté ! C'est ce que Paul
appelle : « le bon combat de la
foi. »
L'homme sanctifié doit lutter pour
garder la foi dans l'amour du Père.
Il doit lutter pour garder la foi au sang du
Sauveur qui purifie.
Il doit lutter pour garder la foi en la
puissance du Saint-Esprit pour sanctifier et garder
du péché.
Et bien que cette lutte ne soit pas
extérieure, elle n'en est pas moins aussi
réelle que celle des plus sanglantes
mêlées humaines et ses
conséquences pour le bien et le mal
infiniment plus importantes.
Par la foi, l'homme sanctifié est
fait « héritier de Dieu et
cohéritier de Christ, » en toutes
choses ; son Père céleste et son
héritage céleste deviennent pour lui,
par la foi, de telles réalités que
l'influence des choses invisibles surpasse celle
des choses qu'il voit de ses yeux, entend de ses
oreilles et touche de ses mains.
Il répète avec Paul et
réalise pleinement en son coeur que « les
choses
visibles ne sont que pour un temps » et
périront bientôt, mais que
« les choses invisibles »
à notre oeil naturel sont vues par les yeux
de la foi, qu'elles « sont
éternelles » et subsisteront quand
tous « les éléments seront
dissous et les cieux eux-mêmes roulés
comme un parchemin. »
Or, par leur nature même, ces choses
ne peuvent être perçues que par la
foi ; mais aussi longtemps que l'homme
sanctifié les possède, la puissance
de Satan sur lui est entièrement
brisée. Le diable sait très bien
cela ; c'est pourquoi il entreprend une
attaque systématique contre la foi de
l'homme nouvellement sanctifié.
Lorsque la conscience de celui-ci sera aussi
paisible que celle d'un ange, il l'accusera d'une
transgression volontaire de la loi de Dieu, car
Satan sait que s'il parvient seulement à lui
faire écouter cette accusation et à
lui enlever la foi au sang expiatoire de
Jésus, il le tient à sa merci. C'est
ainsi que Satan accusera l'homme sanctifié,
pour lui représenter ensuite que ce n'est
pas lui, mais le Saint-Esprit qui le condamne. Il
est « l'accusateur des
frères. »
(Apoc.
XII, 10). Il y a toutefois ici
une différence essentielle à
observer.
Le diable nous accuse de
péché.
Le Saint-Esprit nous condamne à cause
du péché.
Si je mens, si je m'enorgueillis ou viole un
des commandements de Dieu, le Saint-Esprit me
condamne aussitôt. Satan m'accuse quand je
n'ai pas péché et
ne peut prouver ses accusations. Par exemple, un
homme sanctifié parle à un
pécheur au sujet de son âme et le
supplie de fuir la colère à venir en
donnant son coeur à Dieu ; mais le
pécheur refuse. Alors Satan commence
à accuser le chrétien :
« Tu n'as pas dit à ce
pécheur ce qu'il fallait dire, si tu l'avais
dit, sûrement il serait venu à
Dieu. » Inutile d'argumenter avec le
diable ; la seule chose à faire est de
se détourner de l'accusateur pour regarder
au Sauveur et lui dire :
« Cher Seigneur, tu sais que j'ai
fait ce qui était en mon pouvoir ; si
je me suis trompé ou n'ai pas dit ce qu'il
fallait dire, je crois que ton Sang me purifie en
ce moment. »
Si dès le début de ses
accusations, Satan est reçu de cette
manière, la foi de cet homme remportera une
victoire ; il se réjouira dans
l'assurance que le sang de Jésus l'a
purifié et que la puissance du Saint-Esprit
le garde ; mais s'il écoute le diable
jusqu'à ce que sa conscience et sa foi en
soient l'une et l'autre atteintes il lui faudra du
temps pour retrouver la force qui le rendra capable
de pousser des cris de joie et de triompher de la
puissance de l'ennemi.
Quand Satan aura porté atteinte
à la foi de l'homme sanctifié, il
attaquera ce qui est l'essence même de Dieu.
Il lui suggérera que le Père ne
l'aime pas de cet amour puissant qu'il avait pour
Son Fils contrairement aux affirmations positives
de Jésus. Ensuite il suggérera
peut-être que le sang de Christ ne le purifie pas
de tout
péché, que le Saint-Esprit ne peut
garder, ou du moins ne garde personne sans tache et
sans reproche, et qu'après tout il n'est pas
de vie sainte dans ce monde.
Comme conséquence de cette atteinte
portée à la foi, la prière
secrète de l'homme sanctifié perdra
une grande part de la bénédiction qui
lui est attachée ; son ardent
désir d'agir sur les âmes
s'émoussera ; la joie de rendre
témoignage à Christ diminuera, et la
sécheresse du langage remplacera son
brûlant témoignage ; la Bible
cessera d'être une source constante de force
et de bénédiction. Puis le diable
l'entraînera à commettre
réellement le péché, en
l'amenant à négliger quelques-uns de
ses devoirs.
Or, si l'homme prête l'oreille
à Satan et se met à douter, malheur
à sa foi ! S'il ne crie puissamment
à Dieu, s'il ne sonde sa Bible pour
connaître la volonté de Dieu et
chercher ses promesses, plaidant jour et nuit comme
Jésus « qui dans les jours de sa
chair présentait avec de grands cris et avec
larmes des prières et des supplications
à Celui qui pouvait le sauver de la
mort » ;
(Hébr.
V, 7), s'il ne
répond à Satan par la citation des
promesses divines, s'il ne ferme résolument
l'oreille à toute suggestion de doute, ce
n'est plus pour lui qu'une question de temps, avant
qu'il soit au nombre de ceux qui, paraissant
vivants, sont morts en réalité, et
gardent les dehors de la piété en
niant son pouvoir ; il figurera bientôt
parmi ceux dont la prière et le
témoignage sont stériles ; dont l'étude de la
Bible, les
exhortations et les oeuvres, sont mortes, parce
qu'il n'y a plus en eux de foi vivante ; ou
bien encore il deviendra un véritable
rétrograde.
Que fera l'homme sanctifié pour avoir
la victoire sur le diable ?
Écoutez ce que dit Pierre :
« Soyez sobres, veillez
(c'est-à-dire, tenez les yeux ouverts.)
Votre adversaire, le diable, rôde, comme un
lion rugissant, cherchant qui il
dévorera ; résistez-lui avec une
foi ferme. »
Écoutez Saint-Jacques :
« Résistez au diable et il fuira
loin de vous. »
Écoutez Saint-Paul :
« Combats le bon combat de la foi. - Le
juste vivra par la foi. Prenez pardessus tout cela
le bouclier de la foi, avec lequel vous pourrez
éteindre tous les traits enflammés du
malin. »
Et Saint-Jean : « La victoire
qui a triomphé du monde, c'est notre foi. -
Et ils l'ont vaincu (le diable, l'accusateur des
frères) à cause du sang de l'Agneau
(sang dans lequel ils avaient une foi enfantine) et
à cause de la parole de leur
témoignage (car si un homme ne rend
témoignage, sa foi périra
bientôt) et ils n'ont pas aimé leur
vie jusqu'à craindre la mort, »
mais obéirent à Dieu, quoi qu'il leur
en coûtât, renonçant à
tout pour Lui.
Paul attache la même importance au
témoignage quand il dit :
« Retenons fermement la profession
de notre espérance. »
« Prenez garde, frères, que
quelqu'un de vous n'ait un coeur mauvais et
incrédule au point de se détourner du
Dieu vivant. »
« N'abandonnez donc pas votre
assurance, source d'une grande
rémunération.
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