Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LES SOURCES

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PATRIE

La Patrie.

Mes enfants, lorsque vous vous endormez le soir, une belle étoile, parfois, brille juste en face de votre lit, par-dessus le toit voisin sur lequel elle semble se poser. Son front calme s'appuie aux fenêtres de votre chambre ; elle vous regarde et vous sourit comme une amie. Familière et douce, elle caresse vos cheveux. On dirait qu'elle est à vous, et cela est si vrai que bien des enfants ont « leur étoile ».

Quand vous serez plus grands, si vous marchez vers cet astre familier suspendu au-dessus de la chaumière prochaine, vous le verrez reculer vers la colline ; si vous gravissez la colline, il reculera plus loin, se posant au sommet des montagnes qui bordent votre horizon ; si vous gravissez la montagne, l'étoile brillera sur la mer ; si vous prenez le chemin des mers, par delà les flots bleus et les flots noirs, elle planera dans l'infini. Et l'on vous dira que le petit diamant pur et scintillant, dont le reflet pénétrait le soir dans votre chambre, est un monde gigantesque dont la grandeur et l'ancienneté défient l'imagination.
La Patrie est comme cette étoile.
Avec les petits enfants, elle se fait petite, mais elle grandit avec nous. À mesure que le regard porte plus loin, que l'intelligence s'élève, que le coeur s'élargit, la Patrie nous apparaît plus vaste.

D'abord, c'est un coin de rue, puis un village ou une ville, puis une banlieue, un district, une province, puis tout un territoire. D'abord ce sont quelques personnes de votre parenté immédiate, puis c'est une nation. D'abord ce sont quelques contemporains qui vivent près de nous, puis ce sont des multitudes d'êtres qui nous ont précédés et d'autres qui nous succéderont. Avec nous, la Patrie grandit ; mais le plus illustre même ne saurait la concevoir et l'embrasser dans sa totalité. Il ne tire de son génie que la faculté de voir la Patrie plus grande encore.

CH. WAGNER.


 
Notre Patrie.

La Suisse n'est pas un de ces pays qui existent nécessairement, comme l'Espagne ou l'Angleterre. Elle n'est pas non plus une de ces nations qui, fortes de l'unité de sang et de race, aspirent fatalement à devenir un tout, comme l'Allemagne ou l'Italie.

La Suisse n'existe que parce que les Suisses le veulent ; les Suisses ne le voudront qu'autant qu'ils auront intérêt à le vouloir ; ils n'auront intérêt à le vouloir que par la liberté. Toute question de liberté touche pour nous à une question d'existence. La nature nous a octroyé ce dangereux privilège de ne pouvoir être que si nous savons être libres.

... Une majorité germanique respectant une minorité romande ; une majorité protestante respectant une minorité catholique ; un certain nombre d'États relativement populeux et forts, lancés à pleines voiles dans le courant de la vie moderne, respectant la lenteur de ces vieilles démocraties pastorales, pour qui les siècles peuvent être des années : voilà l'exemple que la Suisse doit donner au monde, voilà la mission que lui a imposée la nature.

Il vaut la peine de vivre dans un pays destiné à une si belle expérience.

EUGÈNE RAMBERT.

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