Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LES SOURCES

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AMOUR

 À un jeune homme.

Lorsque la chair gouverne, et que l'instinct rebelle
Donne à la volupté le sceptre de l'amour,
L'âme, vers les bas-fonds entraînée à son tour,
Y roule avec la chair et s'y flétrit comme elle.
 
Mais quand l'âme est maîtresse, et d'un coup de son aile
Loin des brouillards épais monte jusqu'au grand jour,
Elle ennoblit tout l'être, en son royal séjour,
Et prête au corps lui-même une beauté nouvelle.
 
Sois fort, sois fier, sois homme, et, sans la devancer
Attends l'heure sacrée où tu pourras presser
Sur ton sein resté vierge une chaste compagne
 
Et l'étoile du soir, blanche au bord du ciel bleu,
Vous renverra l'écho de la sainte montagne :
« Heureux sont les coeurs purs, parce qu'ils verront Dieu. »

(Année des poètes 1892, anonyme.)



Comme l'
oiseau dans le filet.

J'étais à la fenêtre de ma maison. Je remarquai parmi les jeunes gens, un garçon dépourvu de sens. Il se dirigeait lentement du côté de sa demeure. C'était au crépuscule...
Et voici, il fut abordé par une femme, ayant la mise d'une prostituée, et la ruse dans le coeur. Elle était bruyante et rétive. Tantôt dans la rue, tantôt sur les places, elle était aux aguets.
Elle le saisit et l'embrassa, et d'un air effronté lui dit : Je suis sortie au-devant de toi pour te chercher, et je t'ai trouvé ! Viens ! Enivrons-nous d'amour jusqu'au matin l Livrons-nous joyeusement à la volupté !
Elle le séduisit à force de paroles. Elle l'entraîna par ses lèvres doucereuses. Il se mit tout-à-coup à la suivre, comme le boeuf qui va à la boucherie, comme un fou qu'on lie pour le châtier, comme l'oiseau qui se précipite dans le filet, sans savoir que c'est au prix de sa vie.



L'
abri.

Une araignée vivant sous l'eau, l'argyronète, se tisse, au sein des eaux troubles, une délicate cloche de soie où elle emmagasine l'oxygène qu'elle va chercher à la surface, et qu'elle rapporte en bulles. Sous sa coupole d'argent, elle n'a rien à redouter des miasmes corrupteurs.

À son image, faites-vous, jeunes gens, une haute demeure de pensées nobles et de rêves généreux ; en cet abri idéal, vous ne risquerez rien des contacts ignominieux.


Responsables.


Je demanderai aux jeunes filles d'estimer plus noblement le merveilleux pouvoir d'exaltation qu'elles ont sur le jeune homme. Il faudrait qu'elles connussent mieux les luttes intimes, héroïques souvent, des jeunes gens qui essayent de se respecter.

Plus d'une jeune fille est responsable de la chute d'un jeune homme, par l'audace des toilettes et des attitudes, et par ce jeu cruel et pervers du flirt, triste comédie de l'amour. Savent-elles l'effet ravageur de leurs enveloppements, et quelle flamme elles allument, dans une chair jusque-là paisible ?

Elles perdent leur peine au surplus, car si l'homme peut se laisser tenter un instant par le jeu, il ne choisira jamais sa compagne parmi les souples sirènes. Un sûr instinct l'avertit que l'amour est ailleurs.

A. WAUTIER D'AYGALLIERS.



Amour

Pourquoi l'amour, dans tous les êtres, s'enveloppe-t-il d'harmonie et de beauté ? Dites-le nous, ô lis des champs, plus magnifiquement vêtus que Salomon dans sa gloire ; et vous, papillons aux ailes de soie, qui de vos obscures prisons, pour l'heure trop brève des noces, venez de sortir, pareils à des fleurs ailées ; et vous encore, muets si longtemps, oiseaux chanteurs que pour une saison l'amour a faits poètes. Dites nous quel principe il y a en lui qui soulève la création vers je ne sais quel mystérieux idéal !

Toi-même, jeune homme, qui viens d'échanger les premiers aveux et qui t'en vas par les chemins de la verte campagne, l'âme inondée d'une joie divine, est-ce que tu ne te sens pas transporté au-dessus de toi-même, capable de toutes les généreuses folies, à la hauteur de tous les héroïsmes ?

N'est-ce pas que tu donnerais ton sang, ta vie, ton bonheur même, non pour celle que tu aimes seulement, mais pour n'importe quelle noble cause ? Oui, tu le ferais, dans ton exaltation première, pour être digne de celle que tu aimes, pour être digne de l'amour que tu portes en toi.

Car tu le sens bien, que l'amour veut une humanité meilleure !

HENRI WARNERY.

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