Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LES SOURCES

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AMITIÉ

 Compagnons de voyage.

Dans un livre célèbre, Whymper, le vainqueur du Cervin, a raconté à la suite de quelles tentatives répétées, de quels efforts inouïs, il a enfin foulé la cime vierge. Ces gens-là avaient des corps et des caractères d'acier.
Mais ils avaient aussi des coeurs d'or. Une des pages les plus attachantes est celle où Whymper décrit un de ses porteurs : Luc Meynet, un bossu, qu'il aimait entre tous.

« Bien qu'il parût construit de fragments dissemblables, dit-il, il savait tirer parti de ses difformités même. Il était, nous le découvrîmes bientôt, remarquablement doué ; et parmi les habitants de la vallée nous eussions trouvé peu de compagnons plus agréables, et pas de plus agile grimpeur, que le petit bossu du village de Breuil. Il se montrait toujours le plus gai de nous deux dans les passages difficiles ; et dans les passages dangereux, il se donnait du coeur en répétant : « Après tout, on ne meurt qu'une fois »... La première fois qu'il arriva au col du Lion, et qu'il aperçut la vue, il se jeta à genoux, joignit les mains, et s'écria : « Oh mon Dieu ! les belles montagnes »

Nul besoin de s'appeler Whymper, ou d'avoir été au Cervin pour avoir fait les mêmes expériences. On sait bien comment la moindre excursion peut être embellie par un camarade aimé, et la plus belle course gâtée par une seule présence désagréable...

Ainsi dans la vie. Tout dépend des compagnons de voyage.
Or, quels ont été pour toi les amis les plus précieux ?
Tu as pu être un moment séduit par ceux ou celles qui t'avaient introduit dans un monde douteux, dans des livres pervers ou dans des conversations sales. C'est savoureux, le fruit défendu ! Mais là, tout au fond, étais-tu heureux ?
Tu as pu rigoler avec des farceurs ; c'est drôle un moment ; mais ça fatigue vite. C'est énervant, à la longue, les gens qui ne font que rire !
Tu as pu être tout fier d'avoir des amis huppés, et te rengorger en leur compagnie ; mais s'ils n'étaient que cela, tu auras fini par les trouver pauvres...

Non, ce qui ensoleille l'existence, c'est d'y rencontrer des êtres (riches ou pauvres, bien faits ou bossus, peu importe), à l'âme simple, au coeur généreux, fidèle et droit.
Choisis bien tes compagnons de route. Et rappelle-toi aussi que « pour avoir des amis, il faut en être un soi-même ».


  
Souvenir.

Au mois de janvier 1920 s'éteignait, après onze mois de souffrances, un étudiant en droit de l'Université de Neuchâtel. Lieutenant de carabiniers, il avait contracté la grippe au service militaire. Puis il s'était guéri. Puis il était retombé ; et la tuberculose l'avait terrassé.. Quelque temps après, dans un journal d'étudiants, un de ses intimes lui rendait ce témoignage.

Cet après-midi, je suis allé sur la tombe de mon ami. Il y avait du soleil. Plus loin que le lac, toutes les montagnes s'éployaient en clarté. Je me suis rappelé sa vie, ou plutôt (tant nos vies pareilles ont été autrefois mêlées), notre vie...
Dans sa chambre, nous avons vécu de longues heures nocturnes, silencieux, ou exprimant les mêmes espoirs ; nous y avons été troublés par les mêmes problèmes... Il était plus âgé que moi, et son esprit me fût un guide, souvent !
Nous avions pour notre lac le même simple amour. Nous avons passé de douces après-midi sur l'eau... Nous ne parlions guère ; notre amitié alors, n'avait plus besoin de paroles ! je me souviens de ces heures comme des meilleures que j'ai vécues.
Puis le hasard a séparé nos vies.




Quand j'ai retrouvé mon ami, il était malade... Pendant de longs mois, il vécut dans une chambre d'hôpital claire, d'où l'on voyait le paysage d'arbres, de lac et de montagnes qu'il a toujours aimé. Il semblait qu'il se remît ; et à lui-même, l'été apporta l'espérance d'une guérison.

Vers l'automne, il se fit comme une clarté dans son esprit. Il avait toujours été sceptique ; sa philosophie se résumait en le « Que sais-je ? » de Montaigne. Un jour, j'étais près de son lit ; nous ne nous étions pas encore parlé. Il souriait. Soudain il me dit : « Je me suis converti. »

Sa vie, illuminée d'une foi ardente, fut alors remplie de joies chaque jour nouvelles. il voulait partager avec les autres cette grâce, qui l'avait touché. Il fut pendant les derniers mois de sa vie, comme une lumière dans le triste hôpital. Il connut le bonheur immense de faire le bien...

Un jour d'hiver (la lampe était allumée) comme j'étais près de lui, il me sembla qu'il voulait dire les mots définitifs. Il ne le put ; mais quand je le quittai son sourire me suivit jusqu'au seuil de cette chambre où il mourait : un sourire sans tristesse. Mon regard dut s'arracher au sien. En cet instant, je connus la puissance de sa foi et l'assurance qu'il avait d'une autre vie, vers laquelle il allait, joyeux et paisible.




Je ne l'ai pas revu.
Ceux qui l'ont connu savent qu'il avait une remarquable intelligence et une singulière facilité à comprendre toutes choses.
Ceux qui l'ont connu davantage ont senti de quel prix était son amitié virile et sa presque violente sincérité.

Je me souviens simplement de lui, de sa vie, de sa mort ; je me souviens qu'il fut mon meilleur ami.

M. P.


 
Amitié.

Un ami, savez-vous ce que c'est ? C'est un être qui ne doute jamais de vous, car la plus grande injure qu'on puisse faire à un homme, c'est de douter de lui.

Un ami, c'est un être qui ne vous demande rien et qui est prêt à tout vous donner.

Un ami, c'est un terre-neuve qui se jette à l'eau pour vous repêcher. C'est un chien qui saute à la gorge de ceux qui vous attaquent.

Un ami, c'est un être clairvoyant qui a le courage de vous dire : « Tu fais mal ! ». Un ami, c'est un coeur large qui oublie et qui pardonne.

Un ami, c'est un être qui se compromet pour vous servir ; c'est la perle au fond des mers.

Amis vivants, où êtes-vous ? J'en connais un, moi. Je dis : « Il me suffit ».

O Christ aimé, tu ne trahis pas, toi ! tu es sévère et doux ; tu es bon à l'infini, tu corriges et tu relèves. Tu n'as pas de rancunes, tu es plus grand que nous, pauvres petits êtres d'un jour qui rêvons d'éternité et qui ne savons pas nous aimer. Nous prenons nos passions terrestres pour de l'amour, et notre amour égoïste pour l'amour sans fond ni rives qui n'est qu'en toi !

Le Père DIDON.

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