Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LES SOURCES

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ÉGLISE

Mon Église. (Un témoignage)

Les beaux soirs d'été, on voit apparaître d'abord une étoile, puis deux, puis dix, et à mesure que l'ombre s'étend, des milliers ; de grandes étoiles qui brillent comme des soleils, et de toutes petites qu'on ne découvre qu'après avoir longtemps fixé un point obscur.
Ainsi, en regardant mes années écoulées, et mes relations avec l'Eglise, j'ai compris que des points lumineux s'étaient levés, les uns très brillants, les autres plus modestes, mais tous ayant attiré mes regards Là-haut.

Première étoile. 1920.
La mort venait de passer dans notre maison ; je me rendais à une rencontre de jeunesse ; et pour la première fois, ce n'était pas avant tout pour les jeux.
Le travail est présenté par un jeune. Il dit son rêve d'aller à ceux qui ne songent pas à Jésus-Christ, ou qui ne le connaissent pas assez pour l'aimer...

Perdue dans l'auditoire je suis avec une amie... Je ne comprends pas encore que cette joie qui m'inonde, vient de ce qu'un écho de la voix divine a pénétré dans mon âme par cette voix humaine, et a réveillé cette soif de pureté, de vérité et d'amour qui est dans toutes les âmes.
... Seulement, moi, je ne suis rien ; je ne puis rien !




Deuxième étoile. 1921. - Je ne suis toujours rien, mais je fais quelque chose. On a bien voulu m'utiliser ; on m'a demandé de dactylographier des feuillets. Ce n'est pas grand'chose : mais c'est quelque chose pour la cause du Christ, que j'aime...
On nous a parlé du passé de l'Eglise. Un souffle d'héroïsme passe, devant le défilé de ces disparus qui ont souffert pour leur foi. Je me donne de tout mon coeur à l'Eglise que ces hommes ont voulue.
Un autre nous parle de l'avenir de notre Église. Il nous dit la vision qu'il a devant les yeux : une Église vivante, une Église charitable, une Église rayonnante.

J'écoute avidement. Cette Église-là, elle m'appelle...
De retour à la maison, je suis accablée, Jésus a passé tout près ; mais il n'est plus là. Pourtant, une ambition est née en moi.




Troisième étoile. - Plus tard. Une rencontre. Je me suis mise au travail. Je lis ma Bible. L'Eglise ne sera plus entravée par mon inertie.

C'est grâce à une jeune fille. Elle ne parle pas beaucoup. Ce qu'elle dit est simple, clair... Lorsqu'on est auprès d'elle, on trouve la vie plus belle ; Plus digne d'être vécue ; on aspire à plus d'harmonie en soi.
Elle est venue à moi lors d'une rencontre de montagne où je ne connaissais personne. Nous avons vécu une journée ensemble. J'ai senti qu'elle avait trouvé ce que je cherchais. J'ai senti qu'elle était quelqu'un à qui Jésus parlait, et qui parlait à Jésus.
En descendant à côté d'elle, silencieusement, devant les sommets sombres qui se détachaient sur le sol orangé, j'ai ardemment désiré lui ressembler.

Il y a encore beaucoup de points lumineux. Il y en a de première grandeur. Mais il en ai dit assez.

Dans le ciel sombre, les étoiles reflètent la lumière du soleil invisible. Elles rassurent. Elles ont des regards amis. Il semble, quand on les contemple, que l'âme se libère, qu'elle va retrouver sa patrie.
J'ai rencontré dans l'Eglise des jeunes et des aînés, qui reflétaient Jésus invisible, qui m'ont entourée et aimée, qui m'ont donné la nostalgie du vrai et des réalités profondes.

À l'aube, les étoiles s'effacent. Voici dans toute sa splendeur, le soleil-roi qui donne la vie. Quand Jésus m'est apparu, ceux qui le reflétaient pour moi se sont effacés devant Lui.
C'est à cause de mon Église qu'il m'est apparu.
C'est pour cela que j'aime mon Église.

O. C.


 
Pourquoi ne vas-tu pas au culte ?

Lettre à mon ami Jean-Louis.

Mon cher ami,

Tu sais que nous sommes de vieux camarades. Nous avons passé l'école ensemble. Nous nous sommes toujours dit franchement la vérité ; et depuis notre discussion d'avant-hier sur la religion, je me suis dit que je devais t'écrire.
Tu m'as dit que tu n'allais pas à l'église ; mais les raisons que tu m'as données pour te justifier ont de la peine à m'entrer dans la tête.

D'abord, tu dis que « le culte qui te fait plaisir, c'est de faire un tour le dimanche, et d'entendre de loin le son des cloches ». Bon ! moi aussi, j'aime la nature et les cloches. Mais mon coeur, ma conscience et ma raison ont pourtant besoin de quelque chose de plus. Nous avons besoin d'instruction, d'avertissement, de consolation. Que penseras-tu, Jean-Louis, quand tu seras malade, ou à ton lit de mort (et ça ne veut pas te manquer), que penseras-tu lorsque, ayant besoin d'une parole d'amour et d'espérance, ta Jeannette te dira : « Jean-Louis, faut-il faire sonner les cloches ? »

Tu me dis : « Je fais mon culte pour moi seul. » Tant mieux, Jean-Louis. Tout de même j'en doute un petit brin. Si tu avais ton culte particulier, tu aimerais aussi le culte public.
Rien ne saurait remplacer de beaux chants, un bon sermon, et des prières en commun. Quoi qu'on en dise, nous avons besoin qu'on nous explique la Bible, et qu'on vienne réveiller notre conscience.

« Mais je sais déjà ce que le ministre me dira ; je sais ce qui est bien, et je connais ce qui est mal. » - Oui, Jean-Louis, mais le fais-tu ? N'as-tu pas besoin, comme moi, d'être affermi dans le bien, fortifié contre le mal, les mauvaises pensées, le découragement, la jalousie ?

« Je m'ennuie à l'église. » Eh bien, je t'accorde, Jean-Louis, que notre culte est trop souvent sec et froid. Mais, au lieu de le déserter, nous devrions tous nous entendre pour qu'il soit moins monotone et plus vivant. Je crois que si tu veux prendre part au culte, tel que tu nous l'avoues, avec de bonnes dispositions, tu en retireras bonheur et profit. Commence par ne pas être ennuyé toi-même, et le service divin ne te paraîtra pas ennuyeux.

« Mais je ne vois pas que ceux qui vont à l'église vaillent beaucoup mieux que les autres ! » - En es-tu bien sûr ? Dieu seul peut le dire. En tous cas, ceux qui ne mettent jamais les pieds dans les églises ne sont pas précisément nos meilleurs pères de famille, et nos fils les plus braves ! En définitive, où va-t-on chercher les gens disposés à se dévouer ? Où les trouve-t-on, si ce n'est surtout chez les chrétiens. il y aura toujours des hypocrites partout ; mais ce n'est pas ceux-là qu'il faut imiter.

« Je n'ai pas le temps d'aller à l'église. » Allons donc ! C'est que tu ne veux pas le prendre. Si on te disait : « Jean-Louis, il y a à ramasser tous les dimanches, de dix à onze heures du matin, dans le temple de la paroisse, cinquante francs qui sont cachés sous les bancs », tu trouverais bien le temps pour y aller ! Crois-moi, pour trouver le temps nécessaire, fais commencer ton dimanche déjà la veille.

« J'ai des doutes sur la religion, et je ne veux pas faire l'hypocrite. » Que tu aies des doutes, je l'admets. Les meilleurs croyants ont eu les leurs. Mais préoccupe-toi de l'essentiel ; de ce que Dieu demande de toi, de tes propres péchés, de ton propre salut. Et puis, justement, si tu souffres de tes doutes, ne reste pas seul. Ta foi s'affermira !

Pour ces raisons, Jean-Louis, et pour beaucoup d'autres que je n'ai pas le temps de t'écrire, j'espère que dorénavant nous aurons souvent l'occasion de nous serrer la main au sortir de l'église. Tu te feras plaisir à toi-même, et tu en feras à celui qui t'écrit ces lignes. À dimanche prochain ! Ton vieux camarade,

ALFRED CÉRÉSOLE.

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