Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LES SOURCES

suite

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BIBLE

Pourquoi ne lis-tu pas la Bible ?

Réponse : C'est un livre trop simplet, pas assez moderne, bon pour les vieillards et les enfants !

D'accord. Puisque les vieillards et les enfants sont aussi appelés à lire ce livre, il est naturel qu'il renferme des choses simples et des récits enfantins. Crois-tu peut-être avoir fait beaucoup de progrès depuis que tu ne prends plus plaisir à ces pages, depuis que tu es un homme ? Tu étais plus naïf, autrefois, les récits étonnants, tu les acceptais sans effort. Mais tu étais plus vrai aussi, plus pur, plus gentil, plus heureux. Les paroles si simples du livre, tu les prenais pour loi et tu avais raison. Si tu essayais de redevenir un peu enfant et de relire ta Bible ! Car, on a beau être un homme, on n'en est pas moins un être fragile, exposé à la mort, et aux tentations. Crois-moi, beaucoup d'hommes forts ont été heureux aux jours de tempête de chercher leur secours dans la simplicité de la Bible.

Et puis, si tu veux des choses profondes et compliquées, crois-tu qu'elles y manquent ? Tu trouveras dans la Bible des pages de la plus haute philosophie, des peintures de moeurs saisissantes, des inspirations poétiques que rien n'a dépassé. Beaucoup d'hommes, de très savants, se sont penchés sur cette source. Luther, un des hommes les plus instruits de son siècle, a consacré des années de sa vie à traduire la Bible. Lorsque Walter Scott mourut, lui qui avait tant écrit de livres, il demanda « le livre ». Ce n'était pas un des siens, c'était la Bible. Le ministre anglais Gladstone écrivait : « Tout ce que je pense, tout ce que j'écris, repose sur la foi en Jésus-Christ, seul espoir de notre race déchue. »

Le grand journaliste et explorateur Stanley, à la recherche de Livingstone, a écrit ces lignes : « J'avais emporté ma Bible, et un grand nombre de journaux... La solitude m'a révélé bien des choses ; elle m'a fait voir les journaux sous un jour tout nouveau. J'y trouvais des questions traitées d'une façon qui me semblait misérable au sein de la nature sauvage. Par contre, je continuais à lire ma Bible... Dans le silence du désert, les versets prenaient une signification tout autre et il s'en dégageait une plus pénétrante influence... Retiré solitaire dans ma tente, mon esprit travaillait et rien ne me soutenait, ne m'apaisait mieux que le souvenir des consolations et de l'appui si longtemps négligé... Je me sentais de nouveau inspiré par le désir de servir Dieu. »
Ces hommes, ils furent des grands. Ils n'ont pas trouvé la Bible trop enfantine pour eux.

Autre réponse
 : C'est un livre trop compliqué, plein de récits incompréhensibles et de choses obscures !

D'accord. Certains récits miraculeux, certaines pages de saint Paul, certains chapitres de l'Ancien Testament nous dépassent, et peut-être nous choquent. Crois-tu que c'est là toute la Bible ? Est-ce que les paraboles de Jésus, est-ce que le récit de ses souffrances et de sa mort sont difficiles à comprendre, ou choquants pour ton intelligence et ta conscience ? Lis-les, et laisse le reste. J'ai connu un jeune homme qui ne lisait de la Bible qu'un seul verset : « Père, pardonne-leur... » Son père l'avait chassé de chez lui dans une heure d'ivresse, et le pauvre garçon ne parvenait pas à pardonner. Il sentait qu'il ne pouvait pas aller plus loin dans la lecture du livre avant d'avoir surmonté ce passage. Il y parvint. Donc, lis ce que tu comprends, et pratique ce que tu lis. Ne t'inquiète pas de la suite.

Tu as sûrement eu entre les mains un guide Baedeker. Je n'ai pas besoin de t'expliquer ce que c'est. On y trouve toutes les indications nécessaires pour voyager dans tous les pays. Rien de plus utile pour un voyageur. Mais qui trouverait agréable la lecture d'un tel livre dans son bureau, en guise de roman ? À quoi bon tant d'explications sur les trains et les hôtels, puisqu'on n'a pas l'intention de se mettre en route ? Quoi de plus agaçant que d'entendre vanter des paysages que l'on ne verra pas et des villes qu'on ne visitera jamais !

La Bible est un guide. Elle veut nous conduire quelque part, elle nous vante les beautés du royaume de Dieu, nous en montre le chemin, nous invite à nous mettre en voyage. Quoi de plus simple et de plus utile ? Si après cela, nous lisons, sans essayer de nous mettre en route pour le pays divin, quoi d'étonnant si le guide vous semble, ou trop enfantin, ou trop compliqué ? Prenons le chemin, allons à Dieu, et on n'aura plus besoin de nous vanter la Bible. Elle sera pour nous aussi « le livre ».


 
Lettre d'un marin à sa fiancée.

Ma bien chère Marie,

J'ai mené une vie si aventureuse depuis que je ne t'ai vue, qu'à peine si je me reconnais moi-même quand j'y pense. Ce n'est pourtant pas de cela que je veux te parler. Depuis mon départ, une autre histoire s'est passée dans l'intérieur de mon âme, et c'est celle-là que je voudrais essayer de te faire comprendre.

Il me semble qu'à partir de l'après-midi où nous avons causé ensemble, je me suis senti un autre homme. Je me dis : « Cette vie intérieure découle certainement de quelque source secrète. » Et je savais que de façon ou d'autre elle se rattachait à la Bible que tu m'as donnée, en sorte que je résolus de la lire attentivement pour voir ce que je pourrais en tirer.

Je commençai par le commencement, qui me parut quelque chose d'étrange et d'un peu fragmentaire, et cependant j'y trouvais maint endroit allant droit au coeur d'un homme comme moi, qui avais affaire à la vie. Un passage surtout me frappa, celui où Jacob, quittant sa famille pour aller chercher fortune dans une terre étrangère, s'endormait dans un champ solitaire avec une pierre pour oreiller. Cela me semble une fidèle image de ce qui arrive à tout jeune homme quittant la maison paternelle pour se tirer seul d'affaire dans ce monde si rude. Jacob était là, tout aussi isolé que moi sur le pont de mon vaisseau, et dormant sur cet oreiller de pierre. Il vit dans son sommeil une échelle entre le ciel et lui. Il comprit qu'un chemin existait entre lui et Dieu. « Le lendemain il se leva, et marquant l'endroit avec la pierre, il fit ce voeu : « Si Dieu demeure avec moi... le Seigneur sera mon Dieu. »

C'était donc quelque chose qui m'apparaissait comme une fondation tangible pour commencer. Je me dis intérieurement : « C'est là la grande épreuve, et je veux en essayer. » Je pris dans mon coeur la même résolution que Jacob, et je me promis d'agir pendant quelque temps comme si j'étais certain que Dieu existât, d'implorer son secours, et de voir ce qui arriverait.

À mesure que j'avançais dans la lecture de l'Ancien Testament, je me convainquais de plus en plus que les hommes de ces temps avaient tenté cette épreuve, et qu'elle leur avait réussi. De fait, je remarquais moi-même plusieurs choses arrivant de façon si remarquable que je ne pouvais m'empêcher de penser que quelqu'un écoutait réellement mes prières.

Des pensées plus élevées surgirent bientôt. Je souhaitais d'être meilleur. J'avais le sentiment d'une vie plus pure et plus noble que celle que j'avais menée jusqu'ici. Sur ces entrefaites je commençai la lecture du Nouveau Testament, et l'idée me vint que la même puissance qui m'avait secouru dans ma vie extérieure m'aiderait à accomplir ce que me suggéraient ces aspirations. Peut-être les évangiles ne m'eussent-ils pas tant intéressé si j'avais commencé par les lire d'abord, mais ma vie de l'Ancien Testament semblait m'y avoir pour ainsi dire préparé, et m'avoir amené à un point où je sentais le besoin de quelque chose de plus élevé, et je commençai à remarquer que dans mes prières j'implorais la grâce d'être patient, courageux, désintéressé et fidèle à mon devoir, plus souvent que tout autre espèce de secours. Et alors ce que j'avais lu dans le premier chapitre de saint Matthieu : « il sera appelé Jésus, c'est-à-dire Sauveur, car il sauvera son peuple en le délivrant de ses péchés » me parut clair. Je commençai à vivre d'une nouvelle vie dans laquelle je me sentais en sympathie avec toi ; car, Marie, en lisant les évangiles, je te reconnus et je compris que tu avais été avec Jésus.

La crise décisive de ma vie fut cette affreuse nuit du naufrage. Aucune parole ne pourrait dire ce que je sentis lorsque je ne vis plus que ces terribles rochers, et l'angoisse que j'éprouvai. Mais au milieu de tout cet effroi, ces mots me revinrent à l'esprit : « Jésus était couché dans le bateau et il dormait » et aussitôt je sentis qu'il était là. Et quand le vaisseau se brisa, je n'eus plus conscience que de l'ardeur avec laquelle mon âme s'élançait vers lui, comme Pierre, lorsqu'il se jeta dans l'eau pour aller le rejoindre.

Je ne reviendrai pas sur ce que j'ai déjà écrit, la façon dont je fus sauvé... Je n'ai plus besoin d'arguments pour me convaincre que la Bible est divine. Il y a dedans beaucoup de choses que je ne puis comprendre, mais tout ce que je puis dire, c'est que j'ai essayé de suivre ses conseils et que je les ai trouvés vrais et efficaces, c'est que c'est un livre selon lequel je puis vivre, et cela me suffit.

Et maintenant, Marie, je reviens un autre homme que lorsque je t'ai quittée. Après Dieu, c'est à toi que je le dois, et si tu veux me permettre de te consacrer ma vie entière, ce ne sera qu'un léger retour de ce que tu as fait pour moi. Je t'ai laissée entièrement libre. Mais je ne sais quel espoir me dit que je trouverai vrai ce que la Bible dit de l'amour, que « de grandes eaux ne peuvent l'éteindre, ni un déluge le noyer ».

À toi jusqu'à la mort,

JAMES.
(Extrait de La Fiancée du ministre, par Mme Beecher-Stove.)


 
La
famille et la Bible.

Regardez-moi, le soir, la famille unie dans la lecture commune. Observez cette femme, comme elle écoute le touchant commentaire, la pieuse réflexion du mari. Comme tous deux sentent et comprennent d'un même coeur !

Leur profonde unité imprime au coeur de l'enfant une autre Bible encore. Il n'oublie jamais le regard attendri dont sa mère surprit l'esprit saint dans les yeux de son père. Voilà la tradition forte ! Élevé dans sa famille à ce puissant foyer, qu'il aille en Amérique, qu'il s'enfonce dans les forêts, loin de toute demeure humaine, qu'il vive pionnier solitaire, il ne sera point seul. Il a avec lui la tradition. Laquelle ? Celle de la Bible.

Dans les nuits les plus sombres, la lueur y revient sur la table de famille, la divine lumière de ce tendre regard que son père et sa mère échangeaient devant lui, dans un moment de sainteté.

MICHELET.

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