Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LES SOURCES

suite

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PRIÈRE

Pour chaque jour.

Ta vie n'est pas faite que de crises, elle est faite surtout de devoirs réguliers, de tentations renouvelées, de victoires à remporter chaque jour. Comment faut-il s'y prendre ?

D'abord prendre le temps, quelques minutes au moins chaque jour, une heure le dimanche. Choisir le moment le plus favorable, si possible dès le début de la journée. Aller dans sa chambre, si on a le privilège d'en avoir une. Sinon, se chercher un coin tranquille, peut-être dans la grange, ou dans la belle nature, ou au galetas, qu'importe ? Un jeune garçon n'a-t-il pas trouvé pour se recueillir le seul endroit où on le laissait tranquille, un « boiton » vide ?

Tu ouvres ta Bible et tu lis quelques versets. Tu auras soin de te procurer un de ces calendriers de lectures bibliques qu'on distribue dans toutes nos paroisses. Tu auras aussi des versets à toi, ceux que tu as soulignés et qui te rappellent une date de ta vie. Tu lis lentement, à demi-voix, pour que les paroles résonnent jusque dans ta conscience et dans ton coeur. Car tu sais que Dieu a quelque chose à te dire, aujourd'hui, par sa Parole. Tu sais aussi qu'en ce moment même, beaucoup lisent la Bible, dans toutes les langues du monde. Tu t'enveloppes de cette présence invisible des croyants, et de cette présence divine. Tu écoutes quelqu'un qui veut te parler, tu luttes contre ce qui te distrait... et Jésus est là, près de toi.

Il te montre deux tableaux : l'image de ce que tu es, et l'image de ce que tu dois être. Tu traces un parallèle entre ce que tu as dit et fait le jour précédent, et ce que tu aurais pu et aurais dû dire et faire. Tu seras chaque jour humilié par ta laideur, ton égoïsme, ton orgueil, et tu seras en même temps ému et soulevé par la beauté de ta vision : ce que je dois devenir. Tout naturellement tu commenceras à prier : « Seigneur, prends-moi tel que je suis, et rends-moi tel que je dois être ! » C'était la prière de la femme de David Livingstone.

À cette lumière, tu envisages les devoirs du jour, la tâche à faire, les êtres à aimer. Tu pries pour toi, et tu pries pour eux. Tu racontes au Père, en pensant qu'Il est un Père auquel on peut tout dire, tes pensées, tes projets, et comme tu es égoïste, sensuel, faible, malheureux. Tu n'auras pas peur de demander les choses les plus petites, et les choses matérielles, la santé, les ressources pécuniaires, la mémoire, le chemin à suivre. Dieu se charge de faire le triage, et il donne toujours tout ce qu'il faut pour notre âme. Surtout, si, t'oubliant toi-même, tu demandes pour les autres ; si, demandant pour toi, tu penses toujours à ce qui, en toi, pourra servir aux autres.

Après cela, va à ta journée. Je te promets qu'elle sera bonne. Le Dieu que tu auras cherché sera avec toi. Une présence invisible t'accompagnera. Au milieu du brouhaha de la vie, tu resteras recueilli, tranquille, en pleine possession de toi. On le sentira à toute ta manière d'être, on le verra dans ton regard. Tu seras un appui pour les tiens, un fort pour soutenir les faibles, une lumière pour celui dont la route croisera la tienne.



Un
réchappé.

Le légionnaire Froidevaux, empoisonné au Tonkin par une piqûre d'épine, couché depuis par dizaines de fois sur la table d'opération, amputé peu a peu de ses membres, était arrivé aux confins du désespoir.

... Un soir, que je me trouvais plus malheureux que jamais et que je regardais fixement devant moi, je vis très nettement une croix lumineuse dessinée sur le noir de la paroi. Ayant détourné les yeux, je regardai de nouveau : la croix était encore là, aussi brillante. Je fus si saisi que je dis à haute voix : « Allons ! pas de bourrage de crâne ! » Cependant j'avais vu juste et je voyais encore. Peu à peu, la croix s'effaça.

Cette apparition, que je ne veux pas essayer d'expliquer, de discuter, me calma beaucoup. Alors que je me trouvais abandonné, couché dans le néant, l'esprit écorché vif, quelque chose avait pénétré dans ma chambre, une force très douce qui peu à peu m'enveloppait. Sans réfléchir, sans me débattre, je me laissai aller. Et cette nuit-là, je dormis comme rarement.

Et le lendemain matin, tout naturellement, pour m'évader de mon abandon, conseillé par mon père, je récitai les prières de mon enfance. Mais ça ne me suffisait pas. J'essayai d'une prière directe, inventée par moi, poussée dehors par ma sincérité du moment, et je demandai à Dieu de me tirer de cette terrible situation, de se tenir près de moi dans mon abandon. Il le fit presque immédiatement parce que je l'avais demandé avec une foi inouïe, celle du noyé qui regarde l'homme qui pourrait lui tendre la main.

Dans la suite, pourtant, je réfléchis à ce qui m'était arrivé et j'arrivai à établir la logique des choses. La mort de Jésus, sur la croix, fut glorieuse et surtout lumineuse puisqu'elle resplendit depuis ce moment sur la terre. Sans quoi, est-ce qu'il y aurait encore beaucoup de croyants ? Or, depuis deux mille ans, il y en a. Et j'en avais vu un, mon père, qui souriait malgré son cancer.

Jour après jour il se fit un grand apaisement en moi, un grand repos. Je ne me sentais plus seul. Et je n'avais pas besoin de me raisonner. C'était comme ça. Alors je me dis : « Essaie d'écrire ». J'avais un crayon à ma portée et un bout de ficelle. Je commençai par m'attacher ce crayon au poignet droit en m'aidant de la bouche et de la main gauche où restait donc un cinquième de pouce. Comme j'ai béni ce moignon ! Le crayon attaché, je traçai des traits sur un journal, puis je tentai d'écrire mon nom. Après un quart d'heure je contemplai le résultat : oh ! rien de la calligraphie, des lettres tourmentées, rondes ou aplaties, mais on pouvait lire. Alors j'attaquai une petite phrase où je voulais exprimer ma reconnaissance.

Après une heure d'efforts, je pus lire : « Jésus est mon Sauveur. » À ce moment un fleuve de joie coula dans mon coeur.


 
Une
prière.

Seigneur, dans la simplicité de mon coeur, je m'offre à toi aujourd'hui pour te servir et pour t'obéir.
Daigne m'accepter pour l'amour de ce sacrifice qui a consommé mon salut et le salut de tout le peuple.

Seigneur, tous les péchés que j'ai commis devant toi depuis le jour ou j'ai commencé à pécher jusqu'à cette heure, je te les offre sur l'autel de la croix.
Tous ces péchés, je les regrette vivement, je suis décidé à ne plus les commettre... Je me confie en ta miséricorde je me remets entre tes mains.

Je t'offre aussi toutes mes oeuvres, pauvres et imparfaites, afin qu'en les épurant et en les sanctifiant, tu les aies pour agréables, et qu'en me rendant meilleur, tu me conduises à une heureuse fin.

Je t'offre aussi les besoins de mes parents, de mes amis, de tous ceux qui me sont chers, de tous ceux qui ont rendu à moi ou à d'autres quelque service à cause de ton amour, de tous ceux enfin qui se sont recommandés mes prières.

Je te prie principalement pour ceux qui m'ont offensé en quelque chose, qui m'ont affligé, qui m'ont blâmé, qui m'ont causé quelque tort ou quelque peine.

Je te prie enfin pour tous ceux que j'ai pu troubler, affliger, scandaliser, le sachant ou sans le savoir, afin que tu nous pardonnes à tous.

Ôte, Seigneur, de nos coeurs, le soupçon, l'amertume, la colère, tout ce qui divise, tout ce qui pourrait blesser la charité et diminuer l'amour fraternel.

(Imitation de Jésus-Christ.)


 
Les phases d'un
combat.

Du journal intime du lieutenant Raymond de Perrot, tombé au Maroc.

Nif, Aderj, 17 mai 1925
. - La question est simple. Suis-je prêt à renoncer au monde et à vivre pour Dieu ; ou vais-je continuer à me laisser dominer par l'ambition mesquine ?
Je viens de passer deux journées mauvaises ; il faut que Dieu me terrasse. Il est 4 h. 25 du soir. J'ai jusqu'à minuit pour voir clair.

QUI est-ce que renoncer au monde et vivre pour Dieu ?
Dans ma vie privée, c'est me recueillir et prier jusqu'à ce que l'impulsion de Dieu soit ressentie.
Rechercher les idées-force de la Bible.
Voir dans chaque tentation une occasion d'intercession. Chasser Satan dans toutes ses suggestions mauvaises.
Renoncer dans tous mes actes et toutes mes pensées à tout entraînement vers la sensualité.
C'est accepter Dieu comme maître absolu, lui abandonner la direction totale de ma vie. Ce n'estpas à moi à me tracer un plan d'avenir, je n'ai qu'à accepter celui de Dieu.
Dans ma vie sociale : vivre pour les autres, pour mes hommes, pour mes camarades, pour mes chefs, afin de les rendre plus heureux et meilleurs.
Mon but doit être de me perfectionner, afin d'être entre les mains de Dieu un instrument plus utile.

7 h. 20. Il faut que je sois brisé ! J'ai été jusqu'ici un égoïste et un ambitieux. Dieu, qui le sait, ne peut que me mépriser.

8 h. 15. Le moment de choisir est arrivé : ou bien tomber de chute en chute, en voulant lutter par mes propres forces, ou me jeter dans tes bras, mon Dieu, pour te supplier de me prendre pour ton enfant.
Je reconnais ma misère, mon impuissance. Je te demande pardon. Pour combien de lâchetés, mon Dieu, n'ai-je pas à te demander pardon ?
Il faut que Christ, qui a souffert, intercède pour moi, afin que sa souffrance puisse racheter mes fautes.

8 h. 45. Ne suis-je pas capable de lutter avec Dieu jusqu'à minuit ?

9 h. 05. J'ai trois heures devant moi. Aide-moi à réaliser la grandeur du don que tu me fais en effaçant mes fautes.
Aide-moi à me préparer à ma tâche qui est celle d'un disciple de Christ.

10 h. 15. Dieu m'accorde son alliance. Le mal ne me tente plus. Je suis un chevalier du Christ.

11 h. 40. Et maintenant, à l'oeuvre ! Vie mystique. Vie d'étude. Vie de réalisation sociale.

Minuit. Mon Dieu, merci de m'avoir pardonné !



Sur la  
terrasse d'une vieille église.

Dieu veut le bien, tout le bien, rien que le bien, toujours le bien ; par conséquent il veut notre bien, il nous aime. De quelque manière que ma constitution mentale se soit formée, elle m'oblige à chercher dans le bien moral la dernière raison de l'existence, ce qui revient à penser que Dieu m'aime. Je sais qu'il est parce que je sais que j'en suis aimé, je ne subsiste que par cet amour.

Dans ses pages les moins oubliées, Théodore Jouffroy retrace avec une éloquence un peu voulue la nuit où s'écroulèrent les croyances de sa jeunesse. Si j'ai quelquefois envié ce don d'éloquence, c'eût été pour fixer l'instant où, dans une soirée d'hiver, sur la terrasse d'une vieille église, je sentis entrer en moi, avec le rayon d'une étoile, l'intelligence de cet amour. Il y a bien cinquante ans de cela, car mon foyer n'était pas fondé. Je rentrai chez moi avec quelque hâte, j'essayai de me concentrer et d'adorer. Pressé de traduire l'impression reçue en pensées distinctes, j'écrivis avec une impétuosité que j'ignorais et qui n'est jamais revenue ; je m'efforçai de graver l'éclair sur des pages que je n'ai jamais relues. Je crois que le cahier qui les renferme existe encore, mais je n'oserais l'ouvrir, certain que l'écart serait trop grand entre la lumière aperçue et les mots tracés alors par la plume.

Depuis ce moment, j'ai vécu, j'ai souffert, j'ai eu des torts dont le souvenir me laboure, j'ai essayé de bâtir des systèmes ; les motifs de nier ont passé sur mon âme, j'ai vu les difficultés se dresser l'une sur l'autre, j'ai compris que je n'avais réponse à rien, mais je n'ai jamais douté. L'évidence du contact prévaut sur tous les raisonnements, sur tous les spectacles, sur toutes les fautes.

Nous sommes aimés, Dieu nous veut quand même je le crois quand même, c'est bien le moins !

CH. SECRÉTAN.

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