Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LES SOURCES

TITREdeLApage

-------

RECUEILLEMENT

Sur le champ de foire.

L'autre jour, en passant sur un de ces champs de foire où l'on organise de si beaux vacarmes, j'ai vu ceci : Un petit jeune homme aux traits fins, aux cheveux bouclés, faisant partie sans doute d'une famille de forains, et rentré pour les vacances dans la roulotte paternelle, se tenait accroupi sur un pliant, les coudes sur les genoux, les pouces dans les oreilles, les yeux plongés dans un livre.

À droite, criait un bateleur ; à gauche, ronflait un trombone ; une grosse caisse battait son plein, plusieurs orgues rivalisaient sur des airs différents. Des chiens aboyaient, des passants chantaient, criaient, se battaient.
Le petit, lui, restait imperturbable !

Longtemps je le regardai. Il m'apparut comme un symbole. Si l'on veut arriver maintenant à se recueillir c'est un peu comme lui qu'il faudra s'y prendre.

Imitons ce vaillant enfant, qui, à force de volonté, établissait le silence en plein tumulte.

CH. WAGNER.



Le  
navire.

L'âme humaine est semblable à ce grand vaisseau que portent les flots.
Toute une partie du navire émerge ; c'est celle du pont, des cheminées, de la mâture. L'autre plonge dans l'eau. Elle contient les machines, le charbon, les vivres, les marchandises, les richesses. Située au-dessous de la ligne de flottaison, elle est invisible.

Or il importe que le capitaine la surveille avant tout. Car c'est d'elle que dépend la sécurité du navire. Il vaut ce qu'elle vaut. Le sous-marin qui rôde pour le détruire cherche à l'atteindre, et à y provoquer la fissure par où l'eau s'engouffrera dans ses flancs, éteindra les feux de ses machines, et le fera sombrer.

Insensé serait le capitaine qui surveillerait et soignerait avant tout ce qui se voit de son bateau, et n'aurait que la préoccupation de le voir briller au soleil.




Insensé, de même, celui qui ne soigne, de sa vie, que ce que les hommes en aperçoivent, les actes et les paroles, et qui ne prend pas un soin constant, n'exerce pas une surveillance assidue sur ses pensées secrètes, ses sentiments intimes, les désirs de son coeur.

Si tu ne veux pas faire naufrage, veille sur ce que les hommes ne voient pas ; entretiens de pensées nobles et de visions pures le foyer caché de ta vie. « Garde ton coeur plus que toute autre chose, car c'est de lui que procèdent les sources de la vie. »

L.-S. P.



Réparations nécessaires.

Quelle activité dévorante, partout, dans les beaux jours d'été ! Comme il est affairé, dans l'air, le monde des oiseaux ! À nos pieds, la fourmi court à son travail. Dans les champs, des chars, des chevaux, des mouchoirs rouges, des râteaux qui se dépêchent, des fourches que l'on brandit... Je voudrais chanter un hymne au travail fidèle, fécond, divin !

Pourtant, dans le grand livre de la nature sans cesse ouvert devant nous pour notre instruction, je lis une leçon suggestive et salutaire.

Tu vois ce faucheur si pressé, pendant que le beau temps dure, d'abattre les rangs serrés de l'herbe bariolée ? À chaque instant, il s'arrête : il a besoin d'aiguiser sa faux. - Sur ce pommier, tout près, un pinson fait de même ; il a picoré sur la route, il a fait toc toc contre les troncs : maintenant, prenant une branche comme molette, le voici qui s'appointit à nouveau le bec. - Même cette automobile « dernier cri » qui vient de passer sur la route dans un nuage de poussière malodorante, regarde, elle a dû s'arrêter au village : sans provision nouvelle de benzine, elle n'aurait pu aller plus loin. - L'églantine si joliment piquée dans la haie a eu sa robe toute empoussiérée ; elle est fatiguée du reste d'avoir ouvert toute la journée ses yeux tout grands ; pendant que le soleil baisse sur le Jura, elle se ferme ; demain, dès l'aube, toute réconfortée et rafraîchie par la nuit et la rosée, elle se rouvrira et recommencera à nous embaumer et à nous réjouir...

Crois-moi, travailleur actif et consciencieux, ton âme aussi, chaque jour s'use et s'épuise. Dans la fièvre et la fatigue du devoir journalier, au frottement de la vie, dans le contact de mauvais ou d'indifférents, dans la lutte pour surmonter les obstacles du dehors et les tentations du dedans, le fourreau use la lame ; les bonnes dispositions fléchissent, la volonté se détend, l'humeur s'aigrit, la fidélité à Dieu s'entame.

Un grand penseur a dit que notre monde mourait de ne savoir pas faire silence. À chaque andain, si tu ne veux pas t'agiter beaucoup pour n'avancer à rien, il te faut aiguiser à nouveau ton âme. À chaque étape, il te faut faire une provision nouvelle d'esprit. Sinon, au milieu de tout ce qui vit, sert, court au but, tu resteras en panne ; et tu auras manqué ta vie.

M. V.


 
Le
recueillement.

Pour pouvoir vivre, il faut prendre le temps de se nourrir. Notre âme ne vivra que si nous lui donnons le temps d'assimiler la force de Dieu.

Pour vivre une vie qui vaille la peine d'être vécue, qui ne soit pas le long bâillement de l'égoïste, il faut se donner. Mais pour se donner, il faut d'abord se posséder.

Pour te posséder, tu dois apprendre à rentrer en toi-même. Est-ce donc que nous sortons de nous-mêmes ? Constamment. Notre personnalité est double, il y a en nous quelqu'un qui veut vivre et qu'il faut faire mourir, quelqu'un qui est égoïste, sensuel, buveur, menteur, paresseux, ... et quelqu'un d'autre qui est plus profond et qui est vraiment nous. C'est ce meilleur toi-même que tu retrouves chaque fois que tu te recueilles. Prends garde de le perdre, et de laisser l'autre, le mauvais, prendre le dessus. En te recueillant tu reprends contact avec toi, et avec Celui qui est en toi, et qui te veut, ton Sauveur.

Il y a deux sortes de recueillement : celui qui nous est nécessaire dans les grandes crises de notre vie, quand nous devons prendre une décision qui influencera toute notre carrière. Et puis le recueillement quotidien où se renouvelle le contact avec Dieu.

Du premier, je t'apporte deux exemples :

Comment Louis s'est recueilli.
Le meunier arrêta son char devant la maisonnette de Jeanne : « Voilà votre garçon, cria-t-il, je vous l'ai fourré là, sur mes sacs ; essayez voir de lui faire chanter des psaumes, à présent ! » Il tira par les bras un grand garçon en habit militaire, qui, une fois par terre, se mit droit comme il put. C'était Louis, le fils de Jeanne. Il fit deux ou trois pas en chancelant, rencontra le visage de sa mère, vit deux grosses larmes qui coulaient, silencieuses, sur ses joues pâles, la regarda tout interdit, puis fut se jeter sur son lit... Le lendemain, Louis se réveilla, entendant un bruit de voix de l'autre côté de la paroi. C'était sa mère qui priait .....

Alors, si le soleil eût éclairé la chambre de Louis, on eût pu voir se redresser un jeune homme très grand, très pâle, le front sincère, et les yeux résolus. Il passa ses habits ordinaires, et descendit sans bruit l'escalier. Il alla chercher dans le fouillis des haies un abri plein de fraîcheur, écarta les branches, pénétra dans le fourré, retira son bonnet et se tint debout le front découvert :
« Mon Dieu, dit-il, j'ai mal fait ! »

Puis il resta silencieux. D'une voix plus basse, il reprit : « J'ai été lâche ! »
Puis il releva la tête, il regarda le ciel, il le regarda d'un oeil loyal et confiant, et s'écria : « Mon Dieu, je veux marcher avec toi ! »

Son front rayonnait, et une telle joie emplit son coeur qu'il serra ses deux mains dessus avec force, comme pour le contenir. Sa résolution était arrêtée. Il avait plongé dans la boue, la boue l'avait souillé, il la méprisait, elle lui soulevait le coeur. Et son âme, qui avait senti la honte, savourait le bonheur d'un parti-pris loyal, sans faiblesse et sans retour. Il remonta le chemin creux, d'un pas ferme, la tête haute, le front radieux. En rentrant, il vit sa mère, marcha vers elle, lui prit les deux mains, et, la regardant bien en face
« Mère, fit-il, j'ai compris ! .... »

(D'après un récit de Mme de Gasparin.)


Avez-vous compris comment une heure de recueillement peut transformer toute une vie ? La Bible nous raconte que le fils prodigue « rentra en lui-même »... et dit : « Je me lèverai, j'irai vers mon père, et je lui dirai : j'ai péché ! », et que Pierre, dans le jardin du grand-prêtre, « pleura amèrement ». Votre vie peut dépendre d'une heure semblable.

Le recueillement dans la souffrance.
Le chagrin d'Halfdan était immense. Sa fiancée l'avait abandonné. Un jour et une nuit, il s'enferma dans sa chambre, avec une expression dans la figure telle que sa soeur n'aurait pas osé le laisser seul, si elle n'avait pas su avec qui il s'enfermait. Toute la nuit, elle l'entendit aller et venir, ou s'asseoir lourdement.

Le matin, il entra vers elle, pâle, et lui dit : « je porterai ma croix et je vivrai. Ce qui doit être porté peut être porté : Il faut que je monte plus haut ! » Dès ce jour, il se remit au travail comme si rien ne s'était passé.

I. M. SICK.

La Bible nous parle de Marie, qui pleurait sur une tombe le matin de Pâques, qui rencontra son Sauveur et lui dit : « Mon Maître ! » Sa vie en fut transformée.

Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant