« Des témoins dignes de foi
affirment que les dons miraculeux des temps
apostoliques ont continué jusqu'au
troisième siècle au moins, et leur
témoignage ne laisse aucun doute à
cet égard. » Voilà ce que
déclare le Dr Gerhard Uhlhorn. Ce qu'il dit
là a une grande portée, car si l'on
peut prouver qu'il y ait eu des miracles deux cents
ans après Jésus-Christ, il n'y a pas
de raison pour nier qu'il s'en fasse encore au
dix-neuvième siècle. Sans doute les
temps apostoliques ont été tout
particulièrement favorisés à
cet égard. Tant que vécurent les
hommes qui avaient vu le Seigneur et qui l'avaient
accompagné pendant son ministère
terrestre, il se peut bien qu'ils eussent le secret
d'une puissance inconnue aux
générations suivantes. Il faut bien
reconnaître que cette période se
distingue tout particulièrement par les dons
du Saint-Esprit.
Et cependant notre Seigneur prend soin de
nous dire qu'après, son
départ il y aura augmentation plutôt
que diminution de puissance spirituelle.
« Mais vous recevrez la puissance du
Saint-Esprit. »
(Act.
1. 8) et
(Jean
14 : 12). Jésus n'a
donc point parlé d'arrêter le cours
des manifestations divines qu'il avait
opérées ; et si l'histoire de
l'Eglise ne signale pas de brusque cessation des
miracles à l'expiration des temps
apostoliques, nous devons nous demander pourquoi
les miracles ne devraient pas continuer tant que
subsiste l'Eglise et que se prolonge le
ministère de l'Esprit.
Si nous interrogeons les écrits
des Pères de l'Eglise, nous y trouvons un
grand nombre de témoignages qui attestent la
continuation des dons miraculeux. Nous n'en
citerons que quelques-uns qu'il sera facile de
vérifier si on veut en prendre la peine.
Justin Martyr qui mourut en l'an 165 dit :
« Plusieurs de nos chrétiens ont guéri et guérissent encore d'innombrables démoniaques, soit dans votre ville, soit partout ailleurs, les exorcisant au nom de Jésus-Christ qui fut crucifié sous Ponce-Pilate. Ils chassent les démons, les faisant sortir des possédés, quoiqu'ils eussent résisté à tout autre exorciste, ainsi qu'à ceux qui se servent d'incantations et de drogues. » - Apol. II Chap. VI.
Irénée qui mourut vers l'an 200 dit :
« Ceux qui sont sincèrement ses disciples, reçoivent de lui la grâce de faire en son nom des miracles, en faveur de tel ou tel, selon le don que chacun a reçu de lui. »
Tertullien qui vécut de l'an 160 à l'an 240, dit :
« Car le clerc de l'un d'eux, sujet à des crises dans lesquelles il était jeté par terre par un esprit malin fut affranchi de ce mal ; il en fut de même pour le parent d'un autre et pour le petit garçon d'un troisième. Et combien d'hommes de haut rang, sans parler des gens du peuple, ont été délivrés de démons et guéris de maladies. »
À la même époque Origène écrivait :
« Quelques-uns ont reçu par la foi une puissance merveilleuse qui se manifeste par la guérison des malades sur lesquels ils n'invoquent d'autre nom que celui du Dieu de toutes choses et de Jésus dont ils racontent l'histoire. Nous avons vu nous-même plusieurs personnes délivrées de maux graves, de troubles d'esprit, de folie, et d'innombrables maladies que n'avaient pu guérir ni les, hommes, ni les démons. »
La valeur de ces témoignages, et d'autres
de même nature, est si
généralement admise par les
historiens de l'Eglise qu'il semblerait
téméraire pour des hommes instruits
de répéter cette phrase
rebattue : L'âge des miracles a fini
avec les apôtres.
Mosheim dit en parlant du
quatrième siècle :
« Mais d'un autre côté, je ne puis pas me ranger à l'opinion de ceux qui soutiennent que les miracles ont entièrement cessé dans ce siècle. »
Le Dr Waterland dit que « les dons
miraculeux continuèrent pendant le
troisième siècle au
moins. »
Dodwell déclare que quoique les
miracles eussent généralement
cessé avec le troisième
siècle, le quatrième en offre encore
quelques exemples bien clairement
prouvés.
Le Dr Marshall, traducteur de Cyprien,
dit que « les miracles
continuèrent d'une manière
évidente jusqu'au temps de
Constantin. »
Beaucoup plus tard encore, en 429,
Théodore de Mopsneste rend le même
témoignage. Ce dernier dit :
« Les miracles sont si fréquents
au milieu de nous que plusieurs païens ont été
guéris par des chrétiens de toute
espèce de maladies. » Christlieb. Modern doubt p. 821.
L'ère qui s'ouvre à la
conversion de Constantin amène la transition
bien tranchée qui fit du christianisme,
jusque-là pur et franc, un christianisme
plus mondain et
dégénéré. Depuis ce
moment, l'Eglise ne dépend plus uniquement
du Seigneur remonté au ciel, mais elle ploie
sous le patronage de directeurs terrestres ;
elle ne regarde plus au retour de Christ et
à son royaume comme au but de ses voeux,
elle se complaît dans son triomphe et sa
grandeur terrestre. Plusieurs de ses
prédicateurs vont même jusqu'à
déclarer que le Royaume est venu et que les
mots : « Il dominera d'une mer
à l'autre, depuis le fleuve jusqu'aux
extrémités de la terre »
(Zac.
9 : 10) sont accomplis.
(Eusèbe, L. X. 3, 4).
Si les miracles étaient jadis les
insignes de la royauté de Christ, ainsi que
nous l'avons déjà dit, s'ils
étaient les gages de son retour et de sa
domination sur toutes choses, il n'est pas
surprenant qu'à mesure que ces
vérités se sont effacées de
l'esprit humain, les signes qui les rappelaient
aient aussi disparu. Quoi qu'il en soit, c'est dans
les trois premiers siècles
que les historiens placent l'époque
où s'était généralement
conservée l'espérance apostolique,
c'est-à-dire « la manifestation de
la gloire du grand Dieu et notre Seigneur
Jésus-Christ, »
(Tit.
2 : 13) et où se
rencontrait encore la foi apostolique à
cette promesse : « Ils imposeront
les mains aux malades, et les malades seront
guéris. » (Marc, 16 : 18). Il
n'est donc point étonnant que lorsque
l'Eglise négligea de chercher « sa
bourgeoisie » dans les cieux pour
s'établir ici-bas avec un luxe et un
éclat tout terrestres, elle ait perdu les
dons surnaturels qui viennent du ciel. Lorsque peu
à peu la mort et le repos de la tombe
remplacèrent pour le croyant la foi au
retour de Christ et devinrent le but de ses
espérances, nous voyons s'introduire des
miracles de guérison attribués au
contact des os des saints et des martyrs au lieu
des miracles de guérison
opérés par Christ en réponse
à la prière de la foi. Quelle ironie
dans ce fait ! Voilà ce qu'amena
l'ère de Constantin.
Mais plus tard, partout où se
dessina un réveil de simplicité
apostolique et de foi primitive, on vit
reparaître les miracles
évangéliques qui avaient
caractérisé le temps des
apôtres. On en constate la présence au berceau de
toutes les
réformations opérées par
l'Esprit de Dieu. Les Vaudois, les Moraves, les
Ligueurs, les Amis, les Baptistes et les
Méthodistes en ont tous gardé le
souvenir. Écoutez ce qu'en disent les
Vaudois, ce peuple qui depuis tant d'années
a vaillamment fait briller le flambeau de la
Vérité au milieu des
ténèbres dont le papisme avait
recouvert les peuples. En 1431 l'un d'eux, Johannis
Lukawitz écrit :
« Quant à l'onction des malades, nous tenons pour article de foi, et nous croyons sincèrement que les malades sont autorisés à demander et à recevoir l'onction d'huile accompagnée de prière, et que ceci peut être efficace pour la guérison du corps, selon le dessein et le but mentionnés par les apôtres. Nous enseignons que cette onction administrée selon que le faisaient les apôtres sera utile pour guérir les malades ».
Plus loin et après avoir condamné l'extrême-onction dont le papisme a fait un sacrement de mort tandis qu'elle était originairement un sacrement de vie, il ajoute encore :
« Cependant nous admettons l'onction des malades administrés selon le dessein et le but des apôtres, et telle qu'ils l'ont pratiquée eux-mêmes avec efficace, ainsi qu'en parlent les écrits de saint Marc et de saint Jacques. Si donc il se trouve à portée quelque pasteur possédant le don de guérison, nous exhortons tous ceux qui sont réellement malades à ne pas négliger de recevoir ce sacrement et de ne point le mépriser, car ceux qui méprisent tel ou tel sacrement institué par Christ s'exposent à être repris et châtiés selon les lois de l'Évangile. »
Les Moraves, appelés aussi les Frères de l'Unité, sont bien connus par leur piété, par leur simplicité et surtout par leur zèle missionnaire. Non seulement ils ont été de sérieux réformateurs, mais ils ont en outre été des réformateurs de réformateurs ; c'est par eux que Wesley a été éclairé et qu'il a amené un nouveau réveil chez les apostats de la réformation. Nous devons donc nécessairement voir leur zèle missionnaire accompagné de signes surnaturels, et c'est en effet ce qui a eu lieu à en croire des récits dignes de foi. Dans l'histoire très fidèle des Moraves par A. Bost, l'auteur expose clairement ses propres vues sur la continuation des dons apostoliques. Ce livre contient divers détails sur le caractère et la discipline des Églises moraves. Le célèbre Zinzendorf écrit ceci :
« Croire contre espérance est la racine du don des miracles et je dois ce témoignage à notre chère Église que les puissances apostoliques s'y voient ; nous en avons eu des preuves irrécusables dans la découverte très positive de certaines choses, personnes et circonstances, qui humainement ne pouvaient se découvrir, dans la guérison de maladies en elles-mêmes incurables, de cancers, de phtisies avancées jusqu'à l'agonie, etc., le tout au moyen de la prière, ou d'une seule parole. »
En parlant de l'année 1780 il dit :
« À cette époque (1730), il se manifesta dans l'Eglise différents dons surnaturels et il se fit des guérisons miraculeuses. Les frères et les soeurs croyaient enfantinement ce que le Seigneur avait dit de l'efficace de la prière, et lorsqu'un objet les intéressait fortement, ils lui en parlaient, puis il leur était fait selon leur foi. Le comte (Zinzendorf) s'en réjouissait de tout son coeur et louait dans le silence le Sauveur qui s'abaissait si volontiers vers ce qui est pauvre et petit. Il reconnaissait dans cette familiarité des Frères ; envers notre Seigneur Jésus-Christ un fruit de l'Esprit au sujet duquel on devait bien se garder d'inquiéter qui que ce fut et qu'au contraire on devait respecter. En même temps il ne voulait pas que les frères et soeurs fissent trop de bruit de ces choses et les regardassent comme extraordinaires, mais lorsque, par exemple, quelque frère était guéri de quelque maladie, même des plus graves, par une seule parole ou par quelque prière, il regardait cela comme une chose toute simple, rappelant même cette parole de l'Écriture que les signes n'étaient pas faits pour les croyants, mais pour les incrédules. »
Nous savons par là ce que pensent les
Moraves des dons miraculeux et ceci est bien
d'accord avec la foi simple, la filiale confiance
au Seigneur qui se révèle chez eux
pour d'autres choses. Les lignes suivantes donnent
un aperçu de leurs expériences quant
au retour des dons miraculeux.
Jean de Watteville avait une confiance
enfantine à la promesse qu'a faite le
Sauveur qu'il exaucerait ses enfants dans leurs
prières. Il en eut plusieurs preuves dont
nous ne citerons que celle-ci :
« Une soeur mariée tomba très malade à Herrnhout. Le médecin avait déjà perdu toute espérance et son mari était dans une profonde tristesse. Watteville se rendit chez la malade, vit qu'elle allait avec joie au devant de son délogement et la quitta après l'avoir fortifiée dans ces heureux sentiments. C'était alors encore l'usage que les frères non mariés parcourussent l'endroit le dimanche soir en chantant des cantiques devant les maisons des frères. Watteville fit chanter, sous la fenêtre de la malade, des cantiques qui allaient à la circonstance, tout en priant le Seigneur en son coeur qu'il voulût bien, s'il le jugeait bon, rétablir cette soeur. Il en conçut une si douce espérance de foi, qu'il entonna avec confiance ce verset :
Quel ne fut pas l'étonnement de tous ceux qui entouraient le lit de cette mourante, lorsqu'on la vit se dresser sur son séant et se joindre vivement au chant de la dernière ligne en ces mots :
En remontant dans sa chambre, il fut rempli d'étonnement et de joie en la voyant très bien ; elle guérit entièrement et ce n'est que trente-cinq ans plus tard qu'il accompagna au repos sa dépouille mortelle. » (Histoire de l'Eglise des Frères de Bohême et de Moravie, par A. Bost. 11, p. 272, 300 à 302).
Voici enfin ce que disent les Covenantaires
d'Écosse. Quels témoignages que les
leurs ! Quelle couleur antique, apostolique,
toute différente de celle des temps
actuels ! Qu'on lise les
Héros d'Écosse, ce livre si
débordant de récits aventureux et de
foi héroïque qu'on croit presque lire
les Actes des apôtres. Que de courage et de
grandeur d'âme, quelle puissance de
prière, quelles victoires remportées
par la prédication et l'intercession !
On dirait qu'en l'écrivant, le but de Howie,
l'auteur, ait été de censurer les
générations suivantes, de leur
rappeler lorsque leur foi serait affaiblie que
c'est au péril de leur vie que ces pionniers
du réveil leur ont fait connaître
Christ, et de leur reprocher leur promptitude
à sortir de la bonne voie pour
« chanter et danser autour du veau
d'or ». Il prévoyait aussi, comme
il le dit dans sa préface, que devenus
riches et incrédules, les descendants de ces
vaillants chrétiens ne pourraient plus
croire aux oeuvres extraordinaires de leurs
pères, car il ajoute encore :
« On pourra alléguer que plusieurs
des récits réunis ici sentent le
fanatisme, et que d'autres sont au delà de
toute créance, mais ceux qui parleront ainsi
le feront sans doute par ignorance de ce que le
Seigneur fut jadis pour nos ancêtres et sans
rien savoir eux-mêmes de la puissance du
Saint-Esprit qui les faisait agir.
Si nous hésitions à
ajouter foi aux merveilles
d'intervention divine racontées dans ce
livre, souvenons-nous qu'elles nous ont
été transmises par des auteurs dont
les noms sont historiques dans l'Eglise
d'Écosse, par des noms tels que ceux de
Knox, de Wishart, de Livingstone, Walch, Baillie,
Peden et Craig. Oh ne peut pas se lasser de lire et
de raconter toutes les grandes et saintes choses
opérées par ces hommes de foi dans
d'autres branches du service de Dieu ! Qui ne
sait que John Livingstone prêchait avec une
telle « démonstration d'esprit et
de puissance » que dans une seule
prédication cinq cents âmes furent
converties. Et qui ne s'est senti repris de son
indolence spirituelle en lisant que John Welch se
relevait plusieurs fois pendant la nuit pour
intercéder pour son troupeau, qu'il passait
jusqu'à sept ou huit heures par jour
à prier de la prière de
Gethsémané pour son Église et
pour les âmes qui se perdent.
Voilà ce que nous avons lu et ce
que nous citons avec conviction ; mais qu'il
est peu de gens qui sachent et qui osent raconter
que le même John Welch pria sur le corps d'un
jeune homme qui après une longue maladie
avait fermé les yeux et expiré, ainsi
qu'en étaient convaincus tout ceux qui l'entouraient;
et que
malgré les remontrances de ses amis, il
avait continué à prier pendant trois
heures, puis qu'il avait persisté à
le faire pendant douze heures, vingt-cinq heures,
trente-six heures, quarante-huit heures, et
qu'enfin lorsqu'on avait insisté pour
emporter ce pauvre corps froid et l'enterrer, il
avait demandé qu'on le lui laissât une
heure de plus, et qu'au bout de ce temps, il avait
appelé ses amis et leur avait montré
le jeune homme mort ramené à la vie.
Tout ceci est raconté avec les plus grands
détails dans le livre des Héros
d'Ecosse.
Si l'on s'écrie avec surprise :
Ceci serait-il encore possible de nos jours? qu'on
s'adresse plutôt cette autre question : De
telles prières, une telle insistance
auprès de Dieu se voient-elles encore de nos
jours? Aussitôt que nous aurons la foi qui
opère les miracles, il nous sera facile de
croire aux oeuvres miraculeuses.
Nous avons là un aperçu de
ce qu'étaient les hommes de ce groupe de
héros. Quels récits merveilleux nous
viennent de ce temps-là! Prodiges de tous
genres, prodiges de courage, de foi, de martyre et
de vues prophétiques... C'est pendant les
plus cruelles persécutions que leur foi
avait pris naissance et s'était
fortifiée ; mais si comme le dit un de
leurs biographes, ils étaient
accompagnés de l'ombre des prophètes,
c'est-à-dire de la haine des
méchants, on peut dire avec tout autant de
vérité qu'ils furent couronnés
de l'auréole des apôtres,
c'est-à-dire de la puissance du
Saint-Esprit.
C'est là que nous trouvons aussi
l'histoire du saint et vénéré
Robert Bruce : Un jour qu'il tardait à
monter en chaire, on lui envoya un messager pour
l'appeler. Celui-ci revint en disant : je
crois qu'il ne viendra pas aujourd'hui, car je l'ai
entendu dire à quelqu'un : Je te
déclare que je n'irai pas à moins que
tu ne viennes avec moi. Bientôt
après on le vit arriver tout seul, riche des
bénédictions de Christ, car sa
prédication témoignait d'une
véritable « démonstration
d'esprit et de puissance. » On raconte de
lui que lorsqu'on lui amenait des
aliénés et des épileptiques
incurables et qu'il priait pour eux, ils
étaient complètement guéris.
C'est là encore qu'on peut lire le
récit de Patrick Simpson dont la femme
était sujette à des crises de
violence et de blasphème, véritable
possession du démon. Par l'insistance de ses
prières, elle fut miraculeusement
guérie ; et tel livre de sa bibliothèque
témoigne encore de sa reconnaissance par
l'inscription suivante :
« Rappelle-toi, ô, mon âme,
et jamais n'oublie le 16 août 1601, la
délivrance que Dieu t'accorda ce
jour-là où il accomplit à ta
demande cette parole de Zacharie :
« N'est-ce pas là un tison
arraché du feu ? »
(Zac.
3 : 2).
Voici encore un exemple de
guérison tiré de ce même livre
et que nous donnons ici tel qu'il est, avertissant
le lecteur que ce récit a été
ainsi que d'autres, modifié dans les
éditions ultérieures de cet ouvrage,
afin de le rendre plus conforme aux vues
religieuses de notre temps. Il est tiré de
la vie de John Scrimgeour, pasteur de Kingshorn in
Fife, éminent par la foi qui sait lutter
avec Dieu :
M. Scrimgeour avait perdu plusieurs amis et plusieurs enfants dont la mort l'avait privé. Il lui restait une fille unique qu'il chérissait et qui fut atteinte d'écrouelles (ou scrofules). Minée par ce mal, elle était près de mourir lorsqu'une nuit on appela son père pour la voir expirer. Quand il la vit dans cet état, il sortit dans la campagne et là avec angoisse, il adressa au Seigneur des plaintes et des reproches, se servant d'expressions, que pour rien au monde il n'aurait osé répéter plus tard. Dans sa douleur, il s'écriait : Tu sais, Seigneur, que je t'ai toujours servi avec droiture de coeur et selon la mesure de mes forces. Jamais je n'ai hésité à déclarer tes oracles à la face même des hommes les plus haut placés ; tu sais aussi que cette enfant fait ma joie. Oh ! puissé-je obtenir de toi que ta main l'épargne... Pendant qu'il était là dans une grande angoisse, le Seigneur lui dit enfin : « Pour cette fois je t'ai entendu, mais à l'avenir n'use plus de cette hardiesse-là en pareille circonstance. » Lorsqu'il rentra à la maison, l'enfant était guérie. Assise dans son lit, elle prenait de la nourriture et quand il regarda son bras, il était parfaitement guéri. »
Quand on considère que ces choses ont
été écrites par quelques-uns
des plus saints hommes qu'ait jamais vu l'Eglise de
Dieu, et qu'elles sont racontées comme les
fruits de leur ministère de foi et de
prière, il y a là de quoi faire
réfléchir ceux qui continuent
à affirmer avec assurance que l'âge
des miracles est passé. Passé, il
peut l'être en effet, s'il faut avouer aussi
que l'âge de la foi soit passé, car
c'est là qu'est le fond de la question. Les
limites du surnaturel ne sont
déterminées ni par la
géographie, ni par la chronologie. Nous
voudrions parfois faire reculer l'ombre de quelques
degrés, sur le cadran pour retrouver
l'âge des miracles; c'est oublier que celui en qui
« il n'y a ni variation, ni ombre de
changement »
(Jac.
1 : 17) a dit :
« Si tu peux croire », et non
pas : Si tu étais né en
Palestine et au premier siècle du
christianisme. Non, mais « tout est
possible à celui qui croit. »
(Marc 9 : 23). C'est quand la foi antique se
ravive sous le feu de la persécution ou sous
la douloureuse discipline de la réprobation
du monde, que nous apercevons de nouveau quelque
reflet de l'âge apostolique, et c'est
là ce qu'a offert le temps des Covenantaires
plus encore que d'autres époques de
l'Eglise.
Nul ne peut lire ces émouvants
récits de souffrances et de victoires, de
martyres et de miracles sans en être
spirituellement ravivé. Il n'y a aucun
danger que ce livre puisse exciter au fanatisme,
car si en le lisant on se sentait inspiré
à devenir un faiseur de miracles, on verrait
aussi flamboyer à chaque page ces mots du
Maître : « Pouvez-vous boire
la coupe que je dois boire, ou être
baptisés du baptême dont je dois
être baptisé ? »
(Marc
10 : 38).
Si nous interrogeons l'histoire des
Huguenots, ces fidèles disciples de
« l'Agneau » au milieu de
générations perverties et
empressées à suivre
effrontément « le
dragon », nous trouvons
là aussi des aperçus des mêmes
faits merveilleux. Le récit de leur
obéissance à la foi et de leurs
souffrances dans les Cévennes où ils
s'étaient réfugiés à la
révocation de l'édit de Nantes, est
entremêlé de récits miraculeux,
soit de guérisons divines, soit d'autres
manifestations extraordinaires de l'Esprit dont
leur foi était soutenue et vivifiée.
Lorsqu'ils durent enfin s'exiler et qu'ils
portèrent en Angleterre leurs métiers
et leurs inventions pour le plus grand bien de ce
pays, ils y introduisirent aussi çà
et là l'art perdu des guérisons
miraculeuses, excitant ainsi l'admiration de
l'Eglise de Christ.
On sait aussi qu'à l'origine de
la Société des Amis, on put souvent
constater des manifestations surnaturelles du
même genre. Quoi qu'on puisse penser des
doctrines de cette secte, personne ne peut lire le
journal de George Fox sans voir en lui un homme
consacré à Dieu et dont l'influence
fut bénie pour ranimer la vie religieuse des
croyants dans un temps de mort spirituelle et de
conformité au monde. Il avait demandé
à Dieu de lui accorder un baptême de
l'Esprit qui le rendit propre à s'adresser
à toutes les classes et il avait
été littéralement
exaucé.
Comme un véritable apôtre
des derniers jours, il circulait parmi tous les
rangs de la société,
réveillant les mondains, apaisant les
animosités, réconciliant les ennemis,
visitant les malades et s'occupant aussi des
prisonniers. Il fut le digne modèle de ce
que doit être dans tous les siècles le
pasteur qui travaille pour le Seigneur
« en temps et hors de temps. »
(2
Tim. 4 : 2.)
Soit dans ses prédications, soit
surtout par son service actif, il reconnaît
et admet l'intervention du Saint-Esprit
opérant par des faits miraculeux ; et
quand il raconte ces manifestations surnaturelles,
il le fait tout simplement comme si elles devaient
nécessairement avoir lieu aussi bien que la
conversion et la
régénération.
Dans un récit
d'évangélisation à Troy-Cross,
dans le Lincolnshire, Angleterre, il dit :
« Il y avait dans cette ville un homme de haute condition qui depuis longtemps était malade et abandonné des médecins. Quelques amis me prièrent d'aller le voir. Je montai donc dans sa chambre et lui présentai la Parole de vie. Je me sentis pressé de prier pour lui et le Seigneur voulut bien lui rendre la santé. (Journal. B. 1. p. 111.)
« Pendant qu'il prêchait dans le Hertfordshire, on lui parla d'une femme malade, le priant d'aller à son secours. Il dit :
John Rush, du Bedfordshire, vint la visiter avec moi. Nous trouvâmes la maison remplie de ses amis ; ils nous dirent qu'elle n'était pas faite pour ce monde et me prirent de lui adresser quelques paroles d'encouragement pour l'aider à passer dans le monde à venir. Le Seigneur me dit de lui parler et il la guérit à la grande surprise de toute la ville et de la campagne. (Journal B vol. 1. p. 281).
Ce livre abonde en faits du même genre
racontés sans ostentation ni amplification,
mais presque toujours présentés comme
des « miracles. »
Dans les premiers temps de l'Eglise
baptiste, encore simple et sans erreurs, nous
rencontrons la même foi et les mêmes
manifestations miraculeuses. Là aussi, comme
ailleurs, c'est dans les temps de grande
détresse et lorsque les prisons se
remplissaient des membres du troupeau
persécuté, que les bondes des cieux
s'ouvraient pour répandre des dons
miraculeux.
Vavasor Powell qu'on appelait
« l'étoile du matin des Baptistes
du Pays de Galles » a
déclaré qu'il croyait aux miracles
dont nous parlons ici. C'était un homme de
la fibre des Covenantaires. Il était
doué d'une telle puissance de l'Esprit-Saint
que sa prédication était suivie de
réveils extraordinaires partout où il
allait. Il eut aussi beaucoup à souffrir
pour la foi, car il fut enfermé dans treize
prisons différentes pour avoir parlé
fidèlement de Christ.
Outre les bénédictions
spirituelles signalées qui accompagnaient sa
prédication, plusieurs personnes furent
guéries de maladies graves par la
prière de la foi qu'il adressait à
Dieu pour les malades. Il prenait à la
lettre la promesse de Jacques.
5 : 14, comme le
montre le récit de sa propre
guérison, et comme il l'a
déclaré par ces mots :
« L'onction des malades,
administrée par les anciens au nom du
Seigneur, est un sacrement de l'Évangile qui
n'a point été
révoqué. »
Dans l'Eglise méthodiste, nous
trouvons, ça et là quelque indice de
manifestations miraculeuses, entre autres un
exemple très frappant de la guérison
d'Anne Mathar, fille de Joseph Benson, le
Commentateur méthodiste. C'est
lui-même qui en donne le récit dans
son journal. Elle était affligée d'un
mal aux pieds depuis plusieurs années et
n'avait pu faire un pas depuis
très longtemps. Voici ce qu'en dit le
journal de son père dont nous retranchons
les détails sans importance :
« Octobre 4. Ce soir le Seigneur nous a donné une preuve extraordinaire de son amour et de sa puissance. Depuis plus de douze mois, ma chère Anne ne pouvait plus se servir de ses pieds, qui étaient tous deux privés de toute sensation, et qui ne pouvaient même supporter le plus léger poids. Je craignais beaucoup que les nerfs ne fussent contractés et qu'elle ne perdît pour toujours la faculté de marcher. Nous demandions sans cesse à Dieu que ce ne fût pas le cas, et que pour le bien de ses trois petits enfants il voulût bien la rétablir.
Aujourd'hui une partie de ma famille et quelques amis pieux allèrent prendre le thé chez elle. M. Mather l'apporta sur ses bras dans la salle à manger. Après le thé je parlai de la fidélité de Dieu à écouter les prières de ses enfants, et je rappelai plusieurs de ses promesses, insistant sur ce que Christ est « toujours le même, hier, aujourd'hui et éternellement, » qu'il avait fait autrefois tant de miracles, non seulement pour prouver qu'il était le Messie, mais aussi pour soulager l'humanité souffrante et que toujours il était plein de compassion pour les malheureux. Je dis ensuite à ma fille : Anne, avant de prier, chantons le cantique qu'aimait ta mère :
Après avoir chanté, nous nous mîmes à genoux autour d'Anne qui allaitait son enfant pour l'empêcher de crier. L'un après l'autre, nous rappelâmes à Dieu ses promesses, particulièrement celle-ci : « Si deux d'entre vous s'accordent pour demander une chose quelconque, elle leur sera accordée. » (Mat. 18 : 19). Aussitôt que nous nous relevâmes, Anne dit à la bonne de prendre l'enfant, et à l'instant, elle se leva en s'écriant : « Je puis marcher, je sens que je le puis ! » Elle fit alors quelques pas jusqu'au milieu de la chambre. Son mari, craignant qu'elle ne tombât, s'élança vers elle en lui disant : Mais que fais-tu là ? L'écartant de la main, elle lui dit : « Je n'ai pas besoin d'appui, je puis marcher seule. » Trois fois, elle alla d'un bout à l'autre de la chambre, puis elle s'agenouilla en disant : « Oh ! rendons grâce à Dieu ! » C'est ce que nous fîmes tous, Anne restant à genoux tout ce temps-là, environ vingt minutes. Ensuite elle se jeta à mon cou, versant un torrent de larmes, et embrassa aussi ses soeurs. Tous, nous pleurions de joie et de reconnaissance. Elle voulut aussi qu'on fit monter le jeune frère de son mari et s'écria dès qu'il entra : « Adam, je puis marcher ! » et pour lui montrer qu'elle le pouvait réellement, elle traversa la chambre.
Ensuite elle monta l'escalier sans aucun secours pour rentrer dans sa chambre, et là, elle s'agenouilla de nouveau avec son mari pour louer le Seigneur.
Plus tard, elle me donna les détails que voici : Lorsqu'on l'avait apportée dans la salle à manger, on avait mis sous ses pieds une petite chaise qu'elle ne sentit pas plus que si ses pieds fussent morts. Pendant que nous chantions le cantique, elle commença à croire que le Seigneur voulait la guérir ; elle sentit la chaise et la poussa de côté ; elle posa ses pieds par terre et en eut la sensation. Pendant que nous étions à genoux, elle eut la conviction qu'elle pouvait marcher et elle se serait levée aussitôt avec l'enfant dans ses bras, si elle n'avait craint qu'on ne lui reprochât son étourderie. Elle attendit donc la fin de nos prières et aussitôt elle se leva, se mettant à marcher comme je viens de le dire. »
Parmi les personnes présentes à cette émouvante scène se trouvait le Rev. James Mc Donald qui écrivit plus tard la biographie de M. Benson. En parlant de cette merveilleuse guérison, il dit : « Aucun de nous ne douta que la force de marcher si soudainement reçue ne lui fut communiquée par un acte de la toute-puissance divine ».
Ce récit fut aussi publié dans le
Magasin méthodiste d'où est
tirée cette citation.
Nous venons de présenter au
lecteur des preuves si évidentes de la
continuation des miracles qu'il ne serait
guère possible de les tenir pour fausses.
Quoi qu'on puisse en penser, ces faits sont trop
avérés pour qu'il soit facile de les
réfuter. On pourra objecter qu'ils sont hors
de saison, c'est-à-dire que s'ils avaient eu
lieu au temps des apôtres, on
n'hésiterait pas à les admettre, mais
que de notre temps, ils ne sont plus
possibles.
Cependant il est encore des
croyants
prêts à croire que l'Eglise, comme
l'arbre de vie « dont les feuilles
servent à la guérison des nations,
produit douze fois des fruits, rendant son fruit
chaque mois. »
(Apo.
22 : 2).
Tandis que j'écris ces pages,
voici les mots d'un savant auteur qui me tombent
sous les yeux : « Toute
manifestation surnaturelle accompagne les temps
apostoliques et les hommes
apostoliques. »
Déplorons l'état de
l'Eglise dépouillée de sa
première grandeur et beauté.
L'apostasie a remplacé la pureté de
la doctrine, le papisme est venu ensuite, puis la
corruption, puis enfin l'incrédulité,
jusqu'à ce qu'elle soit dans l'état
décrit par ces mots d'un prophète :
« Ce qu'a laissé le gazam, la
sauterelle l'a dévoré ; ce qu'a
laissé la sauterelle, le jélek l'a
dévoré ; ce qu'a laissé
le jélek, le hazil l'a
dévoré. »
(Joël
1 : 4).
Néanmoins il reste encore. de la vie dans
l'Eglise, et comme toute sève ne s'est pas
retirée de cet arbre divin, il repousse sans
cesse de nouvelles feuilles, de nouvelles fleurs de
piété primitive, et porte les fruits
des grâces miraculeuses de Dieu. Ceci
continuera jusqu'à la fin, car il appartient
à l'Eglise de faire, comme corps de Christ,
les oeuvres de Christ, et il appartient aux
croyants, qui sont le temple du Saint-Esprit, de
manifester sa présence par les dons et les
fruits de l'Esprit.
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