Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE I

LE TÉMOIGNAGE DE L'ÉCRITURE

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L'expiation de Christ paraît offrir à notre foi la base sur laquelle repose la guérison divine. Nous disons qu'elle paraît l'offrir, car le texte biblique qui en parle est si profond et impénétrable qu'il faut se garder de vouloir en faire un dogme. Néanmoins, il est certain que Christ nous y est présenté comme ayant porté les maladies aussi bien que les péchés de ceux qui sont à lui. Voici ce que dit l'évangile de Matthieu : « Il chassa les esprits par sa parole et il guérit tous les malades, afin que s'accomplît ce qui avait été annoncé par Esaïe, le prophète : Il a pris nos infirmités et il s'est chargé de nos maladies ». (Mat. 8 : 17). Nous devons voir là quelque chose de plus qu'une compassion sympathique pour nos souffrances. Sur la croix où Christ a effacé nos péchés, « il s'est aussi chargé de nos maladies. » On peut donc dire que si « Dieu a fait péché pour nous celui qui n'avait point connu le péché » (2 Cor. 5 : 21), il a aussi chargé de maladie celui qui n'avait jamais connu la maladie. Jésus qui avait compati d'une manière mystérieuse aux souffrances des hommes, c'est-à-dire au fruit du péché, a subi lui-même la souffrance qui est le châtiment du péché. En d'autres termes, ce texte semble nous dire que Christ s'est offert comme notre substitut pour nos maladies aussi bien que pour nos iniquités (1).

Maintenant s'il est vrai que notre Rédempteur et notre Substitut se soit chargé de nos maladies, il est naturel d'en conclure aussitôt qu'il l'a fait pour que nous n'ayons plus à en être chargés nous-mêmes. Et ceci nous est confirmé par le fait que lorsque le Seigneur Jésus guérissait « tous les malades » il le faisait afin que cette parole de l'Écriture fût accomplie : « Il a pris nos infirmités et il s'est chargé de nos maladies. » (Mat. 8 : 17.)

Souvenons-nous ici de ce qu'enseigne notre théologie quant à l'expiation du péché : « Christ a porté vos péchés, afin que vous en soyez déchargé » disons-nous au pécheur qui cherche le salut. La doctrine de la croix n'est pas seulement la sympathie de quelqu'un qui souffre avec un autre, c'est la substitution de quelqu'un qui souffre pour un autre en prenant sa place. Voilà pourquoi nous pressons le pécheur de recevoir le Seigneur Jésus comme celui qui a porté ses péchés, afin qu'il n'ait plus à en subir lui-même le châtiment, la peine méritée. Après cela, nous refuserions-nous à raisonner de même quant à la maladie, à voir en Christ celui qui a porté nos souffrances physiques ? En quelque mesure au moins, nous croyons que la rédemption s'étend au corps aussi bien qu'à l'âme de l'homme. La sanctification est la consommation de l'oeuvre rédemptrice de Christ pour l'âme, tandis que la résurrection est la consommation de son oeuvre de rédemption pour le corps ; et toutes deux auront leur entier accomplissement à la venue de Christ et de son règne.

En attendant, il doit se faire toute une oeuvre de purification et de renouvellement pour l'âme. N'en serait-il pas de même pour le corps ? Ici-bas, la croix de Christ ; plus tard le retour de Christ : tels sont les deux piliers de la rédemption pendant toute l'économie du Saint-Esprit, et selon que l'établit l'évangile. La croix nous présente toujours ces deux vérités

« Il a porté nos péchés en son corps. » (1 Pier. 2: 24).
« Il s'est chargé de nos maladies. » (Mat. 8: 17).

Et le retour du Seigneur nous assure l'accomplissement de ces deux promesses :

« La sanctification de l'Esprit. » (2 Thes. 2: 13).
« La rédemption de notre corps. » (Rom. 8: 28).

L'oeuvre de notre sanctification spirituelle est donc progressive et croissante jusqu'à ce qu'elle soit complète au retour du Seigneur.

L'oeuvre de la rédemption du corps ne doit-elle pas suivre la même marche sans rester stationnaire entre le point de départ et le point d'arrivée ? L'Évangile n'a-t-il à offrir ni guérison ni bénédiction à la partie physique de la nature humaine ? C'est en présentant les remarques suivantes que nous allons répondre :

Le ministère du Christ a toujours poursuivi un double but : Il avait en vue et l'âme et le corps. « Tes péchés te sont pardonnés. » (Mat. 9: 2.) « Sois guérie de ta maladie. » (Marc 5 : 34). Ces deux choses marchent de pair, disant hautement ce qu'est l'oeuvre du Seigneur.

Plus tard, le ministère des apôtres, sous la direction du « Consolateur » fut le fac-similé exact du ministère du Maître. Il consistait à prêcher le Royaume de Dieu et à guérir les malades, rédemption de l'âme et soulagement du corps. Plusieurs des grandes promesses de l'Évangile mentionnent également le pardon et la guérison alliés ensemble. Quand Jésus confie l'évangélisation du monde à ses disciples, il leur parle dans le même sens : « Celui qui croira... sera sauvé. Ils imposeront les mains aux malades et les malades seront guéris ».(Marc 16 : 16, 18). Dans l'Épître de saint Jacques, la promesse faite à la prière de la foi dit expressément qu'elle « sauvera le malade » et que « s'il a commis des péchés, il lui sera pardonné ». (Jac. 5 : 15). C'est ainsi que ce double ministère, rémission des péchés et rémission de la maladie a rempli la vie de Christ et celle des apôtres.

Remarquons encore ici quel rapport mystérieux et bien reconnu existe entre le péché et la maladie. Le terrible fléau de la lèpre qui frappa Marie, soeur de Moïse, fut la suite immédiate du péché qui s'était emparé de son coeur, comme ensuite sa guérison fut le signe de son pardon dès que l'Éternel lui eut rendu sa faveur. Aujourd'hui, notre Rédempteur ne déracine pas le péché dans le coeur sans enlever du même coup les conséquences du péché dans le corps.

Jésus est le second Adam ; il est venu réparer le mal qu'avait fait le premier Adam. Pour cela, il remonte à l'origine du péché et le poursuit jusque dans ses dernières manifestations. Partout, il découvre et signale les traces du « serpent ancien » et chemin faisant il pardonne, il compatit jusqu'à ce qu'il finisse par payer lui-même les gages du péché en mourant sur la croix. C'est de la même manière qu'il poursuit les traces de la maladie, offrant à tous guérison et affranchissement jusqu'au moment de sa résurrection. Là il fait voir au monde les prémices de nos corps rachetés dont il est dit que « le corps corruptible aura revêtu l'incorruptibilité et que le corps mortel aura revêtu l'immortalité. » (I Cor. 15 : 53).

De cette doctrine profonde et mystérieuse, passons à présent aux promesses claires et précises de l'Évangile. Voyons d'abord ce que nous en dit Marc : « Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru. En mon nom ils chasseront les démons ; ils parleront de nouvelles langues ; ils saisiront des serpents ; s'ils boivent quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades seront guéris. » (Marc. 16 : 18).

C'est à la foi qu'est offert tout ce faisceau de riches promesses. Il ne s'agit pas là d'une foi particulière et exclusive. Non, la promesse des miracles se lie à la promesse du salut et c'est la même foi qui doit saisir l'un et l'autre. Il n'y a donc pas de raison pour limiter cette promesse aux temps apostoliques, comme on l'a soutenu avec tant de véhémence. Ces deux anneaux sont étroitement liés l'un à l'autre - « Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé. » Dans tous les âges de l'économie chrétienne, c'est là ce que l'Eglise a unanimement admis. N'est-ce pas aussi pour tous les temps de l'histoire de l'Eglise qu'il faut accueillir ces mots : « Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru. »

Ne séparons pas ces deux promesses, conservant l'une parce que nous savons comment nous en servir et laissant l'autre aux apôtres parce que nous ne savons pas comment la réaliser.

Où nous est-il dit que la première partie de ces promesses soit pour les chrétiens de tous les temps, mais que les miracles promis à ceux qui croient doivent être seulement pour les chrétiens des premiers temps de l'Eglise ? « Que nul ne sépare ce que Dieu a uni ! »

Observons ici que le même mot croire qui est employé dans les deux membres de ce texte varie pourtant du singulier au pluriel. « Celui qui croit sera sauvé. » C'est à une foi personnelle qu'est faite la promesse de la vie éternelle. « Ces miracles accompagneront ceux qui auront cru. » Ici la promesse des miracles s'adresse à l'ensemble des fidèles.

L'Eglise a existé aussitôt que quelques-uns ont cru et ont été baptisés et c'est à l'Eglise, réunion des croyants en un même corps, que paraît s'adresser cette promesse. « Tous ont-ils le don des miracles ? Tous ont-ils le don de guérison ? Tous parlent-ils en langues ? » (I Cor. 12 : 30) demande l'apôtre. Non, mais quelques-uns ont reçu ces dons qui par là même appartiennent à l'Eglise comme corps de Christ ; et le corps doit maintenir et prouver son union avec la Tête en faisant les choses que Christ a faites aussi bien qu'en prêchant les choses qu'il a dites. Quelle force acquièrent ces paroles quand on se souvient que le Seigneur les a prononcées au moment d'être reçu dans le ciel et d'être « donné pour chef suprême à l'Eglise qui est son corps. » (Eph. 1 : 22-23). N'est-ce pas là le manteau d'Elie tombant sur Élisée et rendant le disciple capable de faire à son tour les miracles du Maître ? O timide Église, qui demandes « une double portion de l'Esprit » au Seigneur remonté dans les cieux, n'as-tu pas sa promesse : « En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais... parce que je m'en vais à mon Père. » (Jean 14 : 12). Quelles oeuvres faisaient Jésus-Christ ? Des guérisons et des miracles. Ne faut-il pas conclure de ce texte que les dons miraculeux devaient demeurer dans l'Eglise jusqu'à la fin, quoiqu'ils ne fussent pas accordés à tous les croyants ?

Dans le chapitre 5 de l'épître de Jacques, la promesse de guérison est formelle et sans condition. « La prière de la foi sauvera le malade et le Seigneur le relèvera, et s'il a commis des péchés il lui sera pardonné. » Il faut insister sur ces mots : « La prière de la foi. » Cette prière doit être accompagnée de la foi spéciale et miraculeuse dont il est parlé dans les Écritures comme étant « le don de la foi, » « le don de guérison. » (I Cor. 12 : 1,9). Nous croyons que cette foi-là ne manque pas absolument de nos jours, quoiqu'elle soit comparativement devenue rare. Il faut remarquer ici ces mots que Bengel souligne dans son commentaire :
« Que ceux-là usent de l'onction d'huile qui peuvent obtenir par leurs prières la guérison des malades, mais que ceux qui ne le peuvent pas s'abstiennent de ce signe vain en lui-même. » Si cette foi dont nous parlons avait complètement disparu de l'Eglise, il vaudrait certainement mieux renoncer à l'onction plutôt que de la continuer comme une vaine cérémonie ou d'en faire comme dans l'extrême onction de l'Eglise romaine, un aveu sacramentel d'incapacité à guérir les malades.

Nous espérons mieux que cela. Nous croyons que de nos jours, il se trouve encore d'humbles croyants qui ont demandé et manifestement reçu le don de cette foi efficace. Ils croient que les dons miraculeux appartiennent à tous les temps et que par conséquent il n'y a pas de présomption de leur part à les réclamer. S'ils le font, c'est pour que le Seigneur ait ainsi l'occasion de manifester sa puissance et sa gloire.
Pourquoi donc semblerait-il impossible qu'ils pussent obtenir ce qu'ils demandent ? Examinez si jamais sous l'ancienne alliance les miracles de guérison ont été limités à telle époque particulière et restreinte. Parcourez-en les récits et voyez : « Abraham pria Dieu, et Dieu guérit Abimélec, sa femme et ses servantes. » (Gen. 20 : 17.) Moïse cria à l'Éternel pour lui demander la guérison de Marie : « O Dieu, je te prie, guéris-la » (Nombr. 12. 13, 14) et Dieu promit qu'au bout de sept jours elle serait guérie de sa lèpre. « Moïse pria pour le peuple » décimé par les serpents brûlants et le peuple fut guéri par un regard de foi au serpent d'airain. (Nom. 21: 7-9). Naaman, le Syrien, fut guéri de sa lèpre par la foi d'Élisée. (2 Rois 5.) Le roi Ézéchias, « malade à la mort, » fut guéri après avoir prié l'Éternel qui ajouta quinze ans à sa vie (2 Rois 20 : 6.) Et combien d'autres exemples encore, trop longs à énumérer ici.
Ces guérisons miraculeuses nous prouvent que ce genre de miracle n'était pas réservé à l'ouverture d'une ère nouvelle, mais qu'il a eu lieu de tout temps. La prière demandant la guérison. faisait partie des rites, religieux des juifs, et son exaucement faisait partie de l'alliance que Dieu avait contractée avec son peuple. Écoutez la prière de Salomon lors de la dédicace du temple : « Quand il y aura des fléaux et des maladies quelconques, si un homme, si tout le peuple d'Israël fait entendre des prières et des supplications et que chacun reconnaisse la plaie de son coeur, et étende les mains vers cette maison, exauce-les des cieux, du lieu de ta demeure, et pardonne. » (1 Rois 8 : 37, 38 ; 2 Chro. 6 : 28-30). Et qu'est-ce que Dieu répond et promet : « J'exauce ta prière et ta supplication que tu m'as adressées. Je sanctifie cette maison que tu as bâtie pour y mettre à jamais mon nom et j'aurai toujours là mes yeux et mon coeur. » « Quand je fermerai le ciel et qu'il n'y aura point de pluie...
Quand j'enverrai la peste parmi mon peuple, si mon peuple prie, s'humilie, et cherche ma face et s'il se détourne de ses mauvaises voies, je l'exaucerai des cieux, je lui pardonnerai son péché et je guérirai son pays. » (1 Rois 9 : 3 ; 2 Chro. 7 : 13, 14).

Quelle vaste promesse ! Elle dépend, il est vrai de la repentance et de la foi du peuple d'Israël, mais elle n'est limitée par aucune loi qui restreigne la miséricorde de Dieu et lui assigne telle période miraculeuse. Nous savons aussi par l'histoire des prophètes et des saints que toujours cette promesse s'est accomplie répondant à la foi de ceux qui avaient voulu y recourir. Tout cela sous l'ancienne alliance ! Et sous la nouvelle que ne pouvons-nous attendre, à présent que le Seigneur est monté au ciel d'où il a envoyé « des dons aux hommes » (Eph, 4 : 8), le don suprême du Consolateur pour habiter à jamais dans l'Eglise. C'est « par ce même Esprit » que sont accordés « les miracles, le don de guérison, la diversité des langues ». (1. Cor. 12 : 1-11).

Il est plus facile de croire aux miracles qui ont eu lieu aux temps reculés des patriarches et des prophètes parce qu'on les voit à distance, enveloppés de l'auréole de sainteté qu'on accorde aux hommes de ce temps-là ; mais l'antiquité n'a pas gardé le monopole des dons de Dieu, et les hommes d'alors n'avaient pas plus d'accès que nous aux trésors de Dieu. C'est pour nous le faire comprendre que Jacques dit avec force : « La prière fervente du juste a une grande efficace ! » Après avoir dit : « Priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris, » il prévoit qu'on pourrait attribuer aux prophètes et aux apôtres une foi et des privilèges d'un ordre supérieur, aussi ajoute-t-il aussitôt : « Elie était un homme de la même nature que nous ; il pria avec instance pour qu'il ne plut point et il ne tomba point de pluie sur la terre pendant trois ans et six mois. Puis il pria de nouveau, et le ciel donna de la pluie, et la terre produisit son fruit. » (Jac. 5 : 16-18.) Elie n'était donc pas le courtisan favori du Roi des rois, quelque grand personnage ayant, plus que nous, des droits à la communion avec Dieu. S'il a pu fermer et ouvrir le ciel, ne le pouvons-nous pas encore aujourd'hui ? Il était notre frère, assujetti aux mêmes faiblesses, aux mêmes craintes que nous, mais il était aussi, comme nous, le fils et le disciple du « même Seigneur qui est riche pour tous ceux qui l'invoquent. » (Rom. 10 : 12).

Voilà ce que nous déclare le Saint-Esprit quant à cette grande promesse de guérison divine. Qu'il est important de l'étudier avec soin ! Oui, nous avons besoin d'apprendre de nouveau que si Christ, l'ancien ami et guérisseur des malades, a quitté la terre pour « s'élever au dessus des cieux » (Heb. 7 : 26) et que si de nouveaux siècles se sont ajoutés dès lors à sa vie « dont l'origine remonte aux temps anciens, aux jours de l'éternité » (Mich. 5 : 1), néanmoins « sa main n'est pas trop courte pour sauver, ni son oreille trop dure pour entendre ». (Esa. 59: 1)


(1) Le Dr Hovey dit de ce texte : Ces mots cités par l'évangéliste se trouvent associés dans l'original aux souffrances de Christ comme substitut. Il est donc presque impossible de les comprendre autrement. De là il faut inférer que Jésus a connu pleinement le mal et la souffrance qu'il enlevait lorsqu'il guérissait miraculeusement les maladies qui sont le fruit, sinon le châtiment, du péché. Son angoisse, soit à Gethsémani, soit sur la croix, n'a donc été que le résumé de ce qu'il avait souffert chaque jour en détail quand il guérissait les malades, qu'il nettoyait les lépreux et pardonnait aux pécheurs repentants. Sa vue sainte et perçante pénétrait au-delà du voile des sens et des causes naturelles pour voir le mal moral, source de tout désordre, de toute souffrance physique. Il ne pouvait donc guérir soit les maux du corps, soit le mal moral sans avoir l'intime conscience d'être le Substitut, le Rédempteur, l'Agneau de Dieu chargé de porter la peine des péchés du monde. (Les miracles du Christ, p. 120).

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