L'expiation de Christ paraît offrir
à notre foi la base sur laquelle repose la
guérison divine. Nous disons qu'elle
paraît l'offrir, car le texte biblique qui en
parle est si profond et impénétrable
qu'il faut se garder de vouloir en faire un dogme.
Néanmoins, il est certain que Christ nous y
est présenté comme ayant porté
les maladies aussi bien que les
péchés de ceux qui sont à lui.
Voici ce que dit l'évangile de
Matthieu : « Il chassa les esprits
par sa parole et il guérit tous les malades,
afin que s'accomplît ce qui avait
été annoncé par Esaïe, le
prophète : Il a pris nos
infirmités et il s'est chargé de
nos maladies ».
(Mat.
8 : 17). Nous devons voir
là quelque chose de plus qu'une compassion
sympathique pour nos souffrances. Sur la croix
où Christ a effacé nos
péchés, « il s'est aussi
chargé de nos maladies. » On peut
donc dire que si « Dieu a fait
péché pour nous celui qui n'avait
point connu le péché »
(2
Cor. 5 : 21), il a aussi
chargé de maladie celui qui n'avait jamais
connu la maladie. Jésus qui avait compati
d'une manière mystérieuse aux
souffrances des hommes, c'est-à-dire au
fruit du péché, a subi lui-même
la souffrance qui est le châtiment du
péché. En d'autres termes, ce texte
semble nous dire que Christ s'est offert comme
notre substitut pour nos maladies aussi bien que
pour nos iniquités
(1).
Maintenant s'il est vrai que notre
Rédempteur et notre Substitut se soit
chargé de nos maladies, il
est naturel d'en conclure aussitôt qu'il l'a
fait pour que nous n'ayons plus à en
être chargés nous-mêmes. Et ceci
nous est confirmé par le fait que lorsque le
Seigneur Jésus guérissait
« tous les malades » il le
faisait afin que cette parole de l'Écriture
fût accomplie : « Il a pris
nos infirmités et il s'est chargé de
nos maladies. »
(Mat.
8 : 17.)
Souvenons-nous ici de ce qu'enseigne
notre théologie quant à l'expiation
du péché : « Christ a
porté vos péchés, afin que
vous en soyez déchargé »
disons-nous au pécheur qui cherche le salut.
La doctrine de la croix n'est pas seulement la
sympathie de quelqu'un qui souffre avec un autre,
c'est la substitution de quelqu'un qui souffre pour un autre
en prenant sa place.
Voilà pourquoi nous pressons le
pécheur de recevoir le Seigneur Jésus
comme celui qui a porté ses
péchés, afin qu'il n'ait plus
à en subir lui-même le
châtiment, la peine méritée.
Après cela, nous refuserions-nous à
raisonner de même quant à la maladie,
à voir en Christ celui qui a porté
nos souffrances physiques ? En quelque mesure
au moins, nous croyons que la rédemption
s'étend au corps aussi bien qu'à
l'âme de l'homme. La sanctification est la
consommation de l'oeuvre
rédemptrice de Christ pour l'âme,
tandis que la résurrection est la
consommation de son oeuvre de rédemption
pour le corps ; et toutes deux auront leur
entier accomplissement à la venue de Christ
et de son règne.
En attendant, il doit se faire toute une
oeuvre de purification et de renouvellement pour
l'âme. N'en serait-il pas de même pour
le corps ? Ici-bas, la croix de Christ ;
plus tard le retour de Christ : tels sont les
deux piliers de la rédemption pendant toute
l'économie du Saint-Esprit, et selon que
l'établit l'évangile. La croix nous
présente toujours ces deux
vérités
« Il a porté nos péchés en son corps. » (1 Pier. 2: 24).
« Il s'est chargé de nos maladies. » (Mat. 8: 17).
Et le retour du Seigneur nous assure l'accomplissement de ces deux promesses :
« La sanctification de l'Esprit. » (2 Thes. 2: 13).
« La rédemption de notre corps. » (Rom. 8: 28).
L'oeuvre de notre sanctification spirituelle est
donc progressive et croissante jusqu'à ce
qu'elle soit complète au retour du Seigneur.
L'oeuvre de la rédemption du
corps ne doit-elle pas suivre la même marche
sans rester stationnaire entre le point de
départ et le point d'arrivée ?
L'Évangile n'a-t-il à offrir ni
guérison ni bénédiction
à la partie physique de la nature
humaine ? C'est en présentant les
remarques suivantes que nous allons
répondre :
Le ministère du Christ a toujours
poursuivi un double but : Il avait en vue et
l'âme et le corps. « Tes
péchés te sont
pardonnés. »
(Mat.
9: 2.) « Sois
guérie de ta maladie. »
(Marc
5 : 34). Ces deux choses
marchent de pair, disant hautement ce qu'est
l'oeuvre du Seigneur.
Plus tard, le ministère des
apôtres, sous la direction du
« Consolateur » fut le
fac-similé exact du ministère du
Maître. Il consistait à prêcher
le Royaume de Dieu et à guérir les
malades, rédemption de l'âme et
soulagement du corps. Plusieurs des grandes
promesses de l'Évangile mentionnent
également le pardon et la guérison
alliés ensemble. Quand Jésus confie
l'évangélisation du monde à
ses disciples, il leur parle dans le même
sens : « Celui qui croira... sera
sauvé. Ils imposeront les mains aux malades
et les malades seront
guéris ».(Marc
16 :
16, 18). Dans
l'Épître de saint Jacques, la promesse
faite à la prière de la foi dit
expressément qu'elle « sauvera le
malade » et que « s'il a commis
des péchés, il lui sera
pardonné ».
(Jac.
5 : 15). C'est ainsi que
ce double ministère, rémission des
péchés et rémission de la
maladie a rempli la vie de Christ et celle des
apôtres.
Remarquons encore ici quel rapport
mystérieux et bien reconnu existe entre le
péché et la maladie. Le terrible
fléau de la lèpre qui frappa Marie,
soeur de Moïse, fut la suite immédiate
du péché qui s'était
emparé de son coeur, comme ensuite sa
guérison fut le signe de son pardon
dès que l'Éternel lui eut rendu sa
faveur. Aujourd'hui, notre Rédempteur ne
déracine pas le péché dans le
coeur sans enlever du même coup les
conséquences du péché dans le
corps.
Jésus est le second Adam ;
il est venu réparer le mal qu'avait fait le
premier Adam. Pour cela, il remonte à
l'origine du péché et le poursuit
jusque dans ses dernières manifestations.
Partout, il découvre et signale les traces
du « serpent ancien » et chemin
faisant il pardonne, il compatit jusqu'à ce
qu'il finisse par payer lui-même les gages du
péché en mourant sur la croix. C'est
de la même manière
qu'il poursuit les traces de la maladie, offrant
à tous guérison et affranchissement
jusqu'au moment de sa résurrection.
Là il fait voir au monde les prémices
de nos corps rachetés dont il est dit que
« le corps corruptible aura revêtu
l'incorruptibilité et que le corps mortel
aura revêtu l'immortalité. »
(I
Cor. 15 : 53).
De cette doctrine profonde et
mystérieuse, passons à présent
aux promesses claires et précises de
l'Évangile. Voyons d'abord ce que nous en
dit Marc : « Voici les miracles qui
accompagneront ceux qui auront cru. En mon nom ils
chasseront les démons ; ils parleront
de nouvelles langues ; ils saisiront des
serpents ; s'ils boivent quelque breuvage
mortel, il ne leur fera point de mal ; ils
imposeront les mains aux malades, et les malades
seront guéris. »
(Marc.
16 : 18).
C'est à la foi qu'est offert tout
ce faisceau de riches promesses. Il ne s'agit pas
là d'une foi particulière et
exclusive. Non, la promesse des miracles se lie
à la promesse du salut et c'est la
même foi qui doit saisir l'un et l'autre. Il
n'y a donc pas de raison pour limiter cette
promesse aux temps apostoliques, comme on l'a
soutenu avec tant de véhémence. Ces
deux anneaux sont étroitement liés
l'un à l'autre - « Celui qui
croira et qui sera baptisé sera
sauvé. » Dans tous les âges
de l'économie chrétienne, c'est
là ce que l'Eglise a unanimement admis.
N'est-ce pas aussi pour tous les temps de
l'histoire de l'Eglise qu'il faut accueillir ces
mots : « Voici les miracles qui
accompagneront ceux qui auront
cru. »
Ne séparons pas ces deux
promesses, conservant l'une parce que nous savons
comment nous en servir et laissant l'autre aux
apôtres parce que nous ne savons pas comment
la réaliser.
Où nous est-il dit que la
première partie de ces promesses soit pour
les chrétiens de tous les temps, mais que
les miracles promis à ceux qui croient
doivent être seulement pour les
chrétiens des premiers temps de
l'Eglise ? « Que nul ne
sépare ce que Dieu a
uni ! »
Observons ici que le même mot croire qui est
employé dans les deux
membres de ce texte varie pourtant du singulier au
pluriel. « Celui qui croit sera
sauvé. » C'est à une foi
personnelle qu'est faite la promesse de la vie
éternelle. « Ces miracles
accompagneront ceux qui auront cru. » Ici
la promesse des miracles s'adresse à
l'ensemble des fidèles.
L'Eglise a existé aussitôt
que quelques-uns ont cru et ont été
baptisés et c'est à l'Eglise,
réunion des croyants en un même corps,
que paraît s'adresser cette promesse.
« Tous ont-ils le don des miracles ?
Tous ont-ils le don de guérison ? Tous
parlent-ils en langues ? »
(I
Cor. 12 : 30) demande
l'apôtre. Non, mais quelques-uns ont
reçu ces dons qui par là même
appartiennent à l'Eglise comme corps de
Christ ; et le corps doit maintenir et
prouver son union avec la Tête en faisant les
choses que Christ a faites aussi bien qu'en
prêchant les choses qu'il a dites. Quelle
force acquièrent ces paroles quand on se
souvient que le Seigneur les a prononcées au
moment d'être reçu dans le ciel et
d'être « donné pour chef
suprême à l'Eglise qui est son
corps. »
(Eph.
1 : 22-23). N'est-ce pas
là le manteau d'Elie tombant sur
Élisée et rendant le disciple capable
de faire à son tour les miracles du
Maître ? O timide Église, qui
demandes « une double portion de
l'Esprit » au Seigneur remonté
dans les cieux, n'as-tu pas sa promesse :
« En vérité, en
vérité, je vous le dis, celui qui
croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais...
parce que je m'en vais à mon
Père. »
(Jean
14 : 12). Quelles oeuvres
faisaient Jésus-Christ ? Des
guérisons et des miracles.
Ne faut-il pas conclure de ce texte que les dons
miraculeux devaient demeurer dans l'Eglise
jusqu'à la fin, quoiqu'ils ne fussent pas
accordés à tous les
croyants ?
Dans le chapitre
5 de l'épître de
Jacques, la promesse de guérison est
formelle et sans condition. « La
prière de la foi sauvera le malade et le
Seigneur le relèvera, et s'il a commis des
péchés il lui sera
pardonné. » Il faut insister sur
ces mots : « La prière de la
foi. » Cette prière doit
être accompagnée de la foi
spéciale et miraculeuse dont il est
parlé dans les Écritures comme
étant « le don de la
foi, » « le don de
guérison. »
(I
Cor. 12 : 1,9). Nous croyons
que cette foi-là ne manque pas absolument de
nos jours, quoiqu'elle soit comparativement devenue
rare. Il faut remarquer ici ces mots que Bengel
souligne dans son commentaire :
« Que ceux-là usent de
l'onction d'huile qui peuvent obtenir par leurs
prières la guérison des malades, mais
que ceux qui ne le peuvent pas s'abstiennent de ce
signe vain en lui-même. » Si cette
foi dont nous parlons avait complètement
disparu de l'Eglise, il vaudrait certainement mieux
renoncer à l'onction plutôt que de la
continuer comme une vaine
cérémonie ou d'en faire comme dans
l'extrême onction de l'Eglise romaine, un
aveu sacramentel d'incapacité à
guérir les malades.
Nous espérons mieux que cela.
Nous croyons que de nos jours, il se trouve encore
d'humbles croyants qui ont demandé et
manifestement reçu le don de cette foi
efficace. Ils croient que les dons miraculeux
appartiennent à tous les temps et que par
conséquent il n'y a pas de
présomption de leur part à les
réclamer. S'ils le font, c'est pour que le
Seigneur ait ainsi l'occasion de manifester sa
puissance et sa gloire.
Pourquoi donc semblerait-il impossible
qu'ils pussent obtenir ce qu'ils demandent ?
Examinez si jamais sous l'ancienne alliance les
miracles de guérison ont été
limités à telle époque
particulière et restreinte. Parcourez-en les
récits et voyez : « Abraham
pria Dieu, et Dieu guérit Abimélec,
sa femme et ses servantes. »
(Gen.
20 : 17.) Moïse cria
à l'Éternel pour lui demander la
guérison de Marie : « O Dieu,
je te prie, guéris-la »
(Nombr.
12. 13, 14) et Dieu promit
qu'au bout de sept jours elle serait guérie
de sa lèpre. « Moïse pria
pour le peuple » décimé par
les serpents brûlants et le peuple fut
guéri par un regard de foi
au serpent d'airain.
(Nom.
21: 7-9). Naaman, le Syrien,
fut guéri de sa lèpre par la foi
d'Élisée.
(2
Rois 5.) Le roi
Ézéchias, « malade à
la mort, » fut guéri après
avoir prié l'Éternel qui ajouta
quinze ans à sa vie
(2
Rois 20 : 6.) Et combien
d'autres exemples encore, trop longs à
énumérer ici.
Ces guérisons miraculeuses nous
prouvent que ce genre de miracle n'était pas
réservé à l'ouverture d'une
ère nouvelle, mais qu'il a eu lieu de tout
temps. La prière demandant la
guérison. faisait partie des rites,
religieux des juifs, et son exaucement faisait
partie de l'alliance que Dieu avait
contractée avec son peuple. Écoutez
la prière de Salomon lors de la
dédicace du temple : « Quand
il y aura des fléaux et des maladies
quelconques, si un homme, si tout le peuple
d'Israël fait entendre des prières et
des supplications et que chacun reconnaisse la
plaie de son coeur, et étende les mains vers
cette maison, exauce-les des cieux, du lieu de ta
demeure, et pardonne. »
(1
Rois 8 : 37, 38 ; 2
Chro. 6 : 28-30). Et
qu'est-ce que Dieu répond et promet :
« J'exauce ta prière et ta
supplication que tu m'as adressées. Je
sanctifie cette maison que tu as bâtie pour y
mettre à jamais mon nom et j'aurai toujours
là mes yeux et mon
coeur. » « Quand je fermerai le
ciel et qu'il n'y aura point de pluie...
Quand j'enverrai la peste parmi mon
peuple, si mon peuple prie, s'humilie, et cherche
ma face et s'il se détourne de ses mauvaises
voies, je l'exaucerai des cieux, je lui pardonnerai
son péché et je guérirai son
pays. »
(1
Rois 9 : 3 ; 2
Chro. 7 : 13, 14).
Quelle vaste promesse ! Elle
dépend, il est vrai de la repentance et de
la foi du peuple d'Israël, mais elle n'est
limitée par aucune loi qui restreigne la
miséricorde de Dieu et lui assigne telle
période miraculeuse. Nous savons aussi par
l'histoire des prophètes et des saints que
toujours cette promesse s'est accomplie
répondant à la foi de ceux qui
avaient voulu y recourir. Tout cela sous l'ancienne
alliance ! Et sous la nouvelle que ne
pouvons-nous attendre, à présent que
le Seigneur est monté au ciel d'où il
a envoyé « des dons aux
hommes »
(Eph,
4 : 8), le don
suprême du Consolateur pour habiter à
jamais dans l'Eglise. C'est « par ce
même Esprit » que sont
accordés « les miracles, le don de
guérison, la diversité des
langues ».
(1.
Cor. 12 : 1-11).
Il est plus facile de croire aux
miracles qui ont eu lieu aux temps reculés
des patriarches et des
prophètes parce qu'on les voit à
distance, enveloppés de l'auréole de
sainteté qu'on accorde aux hommes de ce
temps-là ; mais l'antiquité n'a
pas gardé le monopole des dons de Dieu, et
les hommes d'alors n'avaient pas plus
d'accès que nous aux trésors de Dieu.
C'est pour nous le faire comprendre que Jacques dit
avec force : « La prière
fervente du juste a une grande
efficace ! » Après avoir
dit : « Priez les uns pour les
autres, afin que vous soyez
guéris, » il prévoit qu'on
pourrait attribuer aux prophètes et aux
apôtres une foi et des privilèges d'un
ordre supérieur, aussi ajoute-t-il
aussitôt : « Elie était
un homme de la même nature que nous ; il
pria avec instance pour qu'il ne plut point et il
ne tomba point de pluie sur la terre pendant trois
ans et six mois. Puis il pria de nouveau, et le
ciel donna de la pluie, et la terre produisit son
fruit. »
(Jac.
5 : 16-18.) Elie
n'était donc pas le courtisan favori du Roi
des rois, quelque grand personnage ayant, plus que
nous, des droits à la communion avec Dieu.
S'il a pu fermer et ouvrir le ciel, ne le
pouvons-nous pas encore aujourd'hui ? Il
était notre frère, assujetti aux
mêmes faiblesses, aux mêmes craintes
que nous, mais il était aussi, comme nous, le fils
et le
disciple du « même Seigneur qui est
riche pour tous ceux qui l'invoquent. »
(Rom.
10 : 12).
Voilà ce que nous déclare
le Saint-Esprit quant à cette grande
promesse de guérison divine. Qu'il est
important de l'étudier avec soin ! Oui,
nous avons besoin d'apprendre de nouveau que si
Christ, l'ancien ami et guérisseur des
malades, a quitté la terre pour
« s'élever au dessus des
cieux »
(Heb.
7 : 26) et que si de
nouveaux siècles se sont ajoutés
dès lors à sa vie « dont
l'origine remonte aux temps anciens, aux jours de
l'éternité »
(Mich.
5 : 1), néanmoins
« sa main n'est pas trop courte pour
sauver, ni son oreille trop dure pour
entendre ».
(Esa.
59: 1)
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