M. le Curé.
- Ce matin le ciel s'éclaircit, mais quel
orage nous avons eu la nuit dernière !
Notre dernier entretien m'avait tellement
bouleversé que, comme en un cauchemar
affreux, les éclairs et la foudre m'ont
représenté avec une acuité
extraordinaire les tourments des âmes dans le
Purgatoire.
M.
A. -
Je crois que la nouvelle de la mort de votre ami M.
le curé de V.... qui nous est parvenue
aussitôt après notre entretien, a
contribué à votre
surexcitation.
M.
le
Curé. - Cela est vrai ... Je n'ai pu
me remettre de l'émotion que j'ai eue
à la pensée qu'on me demanderait de
prier pour lui !... C'était un saint
homme, pieux, charitable et bon et
généreux... lui, en Purgatoire !
C'est à douter de la miséricorde de
Dieu !... Mais je m'oublie...
M.
A. -
Puissé-je vous rassurer ! La Parole de
Dieu ne parle jamais de ce lieu de souffrances
où les âmes des justes sont
censé achever d'expier leurs
péchés avant d'entrer en paradis
(1).
M.
le
Curé. - Je ne puis partager vos
doutes. Le dogme du Purgatoire est plus que
chrétien, il est universel. Platon et
Virgile ont parlé clairement de ce lien
intermédiaire entre le ciel et l'enfer
(2)
...
M.
A. -
Ce dogme est romain et non chrétien et vous
avez besoin de l'appui du paganisme pour
l'établir.
M.
le
Curé. - Nous ne devons pas chercher
à revendiquer pour le christianisme le
privilège de la nouveauté ;
comme s'il s'agissait d'une invention humaine...
Nous trouvons les dogmes chrétiens
épars dans toutes les religions de la terre,
mais défigurés par la superstition
... Dans le christianisme seul, ils deviennent
l'objet raisonnable de notre foi et la règle
féconde de nos moeurs. C'est la croyance
universelle du genre humaine, corrigée et
vérifiée en Jésus-Christ
(3).
M.
A. -
Avec une pareille conception vous faites de
Jésus un simple réformateur qui
corrige et vérifie ; vous oubliez que
Notre Seigneur est le fondateur de la religion
unique révélée de Dieu...
Même, en admettant que le dogme divin du
Purgatoire se trouvât épars dans les
croyances mythologiques, vous nous devez de montrer
quand et comment
Jésus-Christ a corrigé et
vérifié cette antique
croyance !
M.
le
Curé. - Avant d'ouvrir la Bible
consultons la tradition. Au second siècle,
le Pasteur d'Hermas parlait des prières pour
les morts ; Clément d'Alexandrie et
Origène adoptaient les vues de Platon
(4).
M.
A. -
Le Pasteur d'Hermas est reconnu unanimement comme
apocryphe ; les docteurs dont vous parlez
partageaient les idées du philosophe grec
avec les manichéens,
hérétiques, et les fameux oracles
Sybillins, non moins
hérétiques.
M.
le
Curé. - ilsprofessaient cette
même foi, mais corrigée et
vérifiée par
Jésus-Christ...
M.
A. -
J'en doute car, ni saint Cyprien au IIIe
siècle, ni Épiphane au IVe ne
connaissent ce dogme christianisé, ils le
combattent même énergiquement :
« Le Purgatoire, s'écrie
Épiphane, c'est une invention des
hérétiques Simoniens...
Arius est l'inventeur des
prières pour les morts. »
(5)
M.
le
Curé. - Saint Augustin a un langage
plus noble pour approuver notre dogme.
M.
A. -
Les théologiens romains invoquent à
faux son autorité. Le docte
évêque d'Hippone a eu quelques idées
erronées sur le sort des âmes
après la mort, mais il dit
expressément :
« Le Purgatoire
consiste
dans les mortifications de cette vie et il ne faut
pas entendre par ce mot un lieu où les morts
souffrent des châtiments... Il n'existe pas
de lieu mitoyen. » (6)
M.
le
Curé. - Nos papes en ont jugé
autrement. Eux seuls font autorité.
Grégoire le Grand (555) décrit le
Purgatoire dans ses
« Dialogues ».
M.
A. -
Comparez sa description avec celle de Virgile dans l'Enéide,
vous serez frappé de
leur ressemblance ! Claude,
évêque de Turin, au IXe siècle,
malgré les écrits des Papes, interdit
dans son diocèse les prières pour les
morts.
M.
le
Curé. - Ce fut un cas isolé.
Le pape Jean XVIII décréta la
validité des prières et des messes
payées pour les défunts.
M.
A. -
C'est frappant ! Tous vos dogmes, toutes vos
doctrines romaines paraissent éclore au
moyen âge ! Ainsi c'est en 1001, peu
après la prédiction de la fin du
monde faite par le clergé, que le
Saint-Siège recommanda la fête des
Trépassés...
M.
le
Curé. - Il fallait arracher les
âmes aux conquêtes du paganisme. Le
peuple aime les fêtes, les païens
célébraient une fête des morts
le 2 novembre... par opposition l'Eglise dans sa
sagesse a institué la sienne.
M.
A. -
Cinquante ans plus tard les prières en
faveur des âmes du Purgatoire devinrent
très populaires.
M.
le
Curé. - Grâce aux merveilleux
exaucements de prières obtenus par Milon.
Pierre Damien, le pieux moine d'Ombrie, a vu sortir
du Purgatoire l'âme du pape Benoît
VIII, délivrée après les
prières d'Odilon de Cluny, né en
Auvergne en 962.
M.
A. -
Je suis convaincu de la sincérité de
Pierre Damien, mais une vision n'est pas un
fait.
M.
le
Curé. - Avez-vous des faits qui
établissent que le Purgatoire n'était
pas la croyance de l'Eglise
chrétienne ?
M.
A. -
Certes ! Au moment où s'est produit le
grand schisme d'Orient le Purgatoire ne pouvait pas
être un article de foi puisque l'Eglise
orthodoxe ne le possède
pas !
M.
le
Curé. - Cela n'a rien de
surprenant : le dogme n'était pas
défini ; le Concile de Florence en 1439
a comblé cette lacune.
M.
A. -
Le Concile de Trente n'a pas osé ne pas en
parler. Il s'en est occupé très peu
et très vite dans sa dernière
session. Très embarrassé il s'est
contenté de donner un décret vague et
même confus et, chose très importante
à noter, il n'a pas prononcé
l'anathème sur quiconque rejette le Purgatoire.
C'est
le seul de
vos dogmes qui soit dans ce cas
(7).
M.
le
Curé. - La question était
délicate : on ne savait où
placer le Purgatoire. Grégoire-le-Grand
l'avait mis dans le vent dont le mugissement
représentait sans doute pour lui le
gémissement des âmes ... ou bien dans
la fumée des bains ou dans les
rivières ... D'autres, docteurs ou
évêques, le plaçaient sous la
mer Méditerranée où, par ses
deux ouvertures, l'Etna et le Vésuve, on
voyait le feu qui consumait les âmes et on
entendait leur effrayante clameur...
(8).
M.
A.
- On aurait pu parler aussi de saint Patrick, qui,
au IVe siècle, en Irlande avait vu dans une
grotte les âmes du Purgatoire et leurs
tourments !...
Mais j'ai hâte de
connaître la croyance du Purgatoire
corrigée et vérifiée par Notre
Seigneur. À quelle page me faut-il ouvrir
mon Paroissien ?
M.
le
Curé. - Il est nécessaire de
commencer par la prière pour les morts,
rapportée dans le livre des
Maccabées :
« Le vaillant
Judas
Maccabée ayant fait une collecte de douze
mille drachmes d'argent les envoya à
Jérusalem afin d'y offrir un sacrifice pour
les péchés des
morts, car il avait de bons et religieux sentiments
touchant la résurrection (et s'il n'avait eu
aucune espérance que ceux qui étaient
morts à la guerre dussent revivre, en vain
aurait-il fait faire des prières pour
eux) ; mais il considérait la glorieuse
récompense qui attend ceux qui meurent
saintement. C'est donc une sainte et salutaire
pensée de prier Dieu pour les morts, afin
qu'ils soient délivrés de leurs
péchés. »
(9).
M.
A.
- Observons d'abord.....
M.
le
Curé. - Que le livre des
Maccabées est apocryphe... C'est ce que
disent les protestants !
M. A. - Saint Jérôme,
le traducteur de la Bible latine, saint Cyprien, se
défient de l'authenticité de ce
livre ; le Concile de Laodicée (365),
saint Augustin, les 630 évêques du
Concile de Chalcédoine ont refusé de
le recevoir dans le Canon (10).
M.
le
Curé. - Cinquante
évêques réunis à Trente,
prélats, prêtres ou laïques, ont
pensé autrement. Le premier et le second
Maccabée sont placés parmi les livres
canoniques (11).
M.
A.
- Il vaudrait la peine d'écrire une « histoire
des
variations des Conciles », elle serait
éloquente pour démontrer le peu
d'unité de la foi de l'Église
catholique romaine !
Bien qu'apocryphe, interrogeons
ce
fameux. passage du livre des
Maccabées.
M.
le
Curé. - Alors notre cause est
gagnée !
M.
A. -
Le héros de l'indépendance juive,
Juda Maccabée, ne priait pas pour que les
morts aient un soulagement de leurs souffrances
dans le Purgatoire, mais pour qu'il plaise à
Dieu de leur accorder une résurrection
bienheureuse, parce qu'il considérait la
glorieuse récompense qui attend ceux qui
meurent saintement.
M.
le
Curé. - Votre observation est
judicieuse mais elle ne peut suffire. Dans quel but
immédiat Juda agissait-il
ainsi ?
M.
A. -
Persuadé que dans sa lutte contre les
oppresseurs du peuple Juif, il défendait la
cause sacrée du peuple élu, et qu'il
agissait au nom de Jéhovah, il croyait que
la gloire éternelle serait
réservée de droit à ceux qui
perdraient leur vie dans cette guerre
sainte.
En parlant de résurrection
glorieuse il excitait le courage de ses guerriers,
comme Urbain Il réveillait l'ardeur des
Croisés par la promesse d'une indulgence
plénière.
M.
le
Curé. - En résumé le
passage des Maccabées, apocryphe, et le fait
qu'il présente un cas spécial,
isolé, ne permet pas de le maintenir comme base du
dogme du
Purgatoire ou de la prière pour les
défunts. L'Écriture sainte doit
compléter ailleurs les données de cet
important article de notre foi.
M.
A. -
J'attends toujours que vous me placiez en
présence du dogme corrigé et
vérifié par
Jésus-Christ.
M.
le
Curé. - J'avoue que l'Évangile
n'en parle pas ; il est souvent question de
peines éternelles, de vie éternelle,
mais le purgatoire n'est pas mentionné.
Toutefois, nous possédons le
témoignage de saint Paul :
« Dieu a
exalté
Jésus-Christ et lui a donné un nom
au-dessus de tout nom, afin qu'au nom de
« Jésus tout genou
fléchisse dans le ciel, sur la terre et aux
enfers (12). »
Il est évident que les
âmes du purgatoire fléchissent aussi
les genoux.
M.
A. -
Oui, si le purgatoire existe ! Mais ici, il
n'est pas mentionné, ni
indiqué ; l'apôtre désigne
trois endroits bien distincts : le ciel, la
terre, les enfers .....
M.
le
Curé. - Le purgatoire est
prouvé néanmoins par les textes
nombreux de l'Écriture, qui affirment que
Dieu rendra à chacun selon ses
oeuvres ; de telle sorte que ceux qui
meurent étant coupables,
même des moindres fautes, n'échappent
pas au châtiment (13).
M.
A. -
Vous mettez toujours en question l'oeuvre de
Notre-Seigneur. Le cri sublime poussé sur
Golgotha : « Tout est
consommé ! » n'est pas encore
parvenu à vos oreilles ni à celles de
vos fidèles. Vous leur réservez
toujours une mort sans espoir.
Il n'en est pas moins vrai que
les
textes auxquels vous faites allusion envisagent non
le purgatoire mais le jugement dernier
(14).
M.
le
Curé. - Et le texte de saint
Pierre ? Jésus est allé
prêcher aux esprits en prison,
c'est-à-dire dans le purgatoire
(1
Pierre 3-19).
M.
A. -
Nous aurions beaucoup à dire sur ce texte si
curieux emprunté au livre
d'Énoch ; qu'il nous suffise de
remarquer que l'apôtre n'a en vue que ceux
qui avaient été incrédules au
jour de Noé et que pour les autres, pour
nous par conséquent le
Christ est mort une fois pour nos
pêchés. Cela exclut toute idée
d'un état moyen des âmes souffrant
pour un temps en expiation de leurs
péchés (15).
M.
le
Curé. - Croyez-vous que la mort de
Jésus a expié les
péchés des incrédules du temps
de Noé et les nôtres, d'une
manière définitive ?
M.
A. -
Écoutez plutôt :
Jésus-Christ n'est le
médiateur du Nouveau-Testament qu'afin que,
mourant pour expier les transgressions qui
n'avaient pu être effacées sous le
premier (Testament), ceux qui sont appelés
à l'héritage céleste
reçoivent l'effet des promesses divines, en
Jésus-Christ Notre Seigneur (16).
M.
le
Curé. - Je veux être de bonne
foi et avouer que tous les textes invoqués
par les théologiens catholiques romains ne
prouvent rien en faveur du purgatoire.
M.
A. -
Si bien que ce dogme fameux du paganisme n'a pas
été enseigné par Notre
Seigneur, mais que, au contraire, la croyance
populaire a été
vérifiée et corrigée afin
d'obtenir sa suppression.
M.
le
Curé. - J'attends à mon tour
que vous m'en donniez la preuve.
M.
A. -
Jésus n'a pas aboli la loi, mais il l'a
accomplie, donc, puisque le Deutéronome prohibait
tout rapport, de
quelque nature qu'il soit, avec les morts, Notre
Seigneur n'a pas pu recommander de prier pour les
morts (17).
M.
le
Curé. - Votre point de départ
est plus solide que le nôtre. Vous n'invoquez
pas un livre apocryphe !
M.
A. -
Étudions maintenant les paraboles de
Jésus, relatives aux fins dernières.
L'humanité est toujours
séparée en deux fractions :
d'une part les justes appelés à la
vie éternelle ; d'autre part les
méchants, rejetés, et
condamnés aux peines
éternelles ; il n'est jamais question
d'un état moyen, d'un purgatoire.
M.
le
Curé. - Mon paroissien est-il de
votre avis ?
M.
A. -
Voici la parabole du filet :
« À la fin du
monde les anges viendront, et sépareront les
méchants du milieu des justes ; et ils
les jetteront dans la fournaise du feu (18). »
M.
le
Curé. - Jésus ne pouvait
parler de purgatoire à ce moment puisque ce
lieu de souffrances ne doit durer que jusqu'au
jugement général
(19).
M.
A. -
Prenons alors la parabole des
serviteurs.
Le Maître dit aux bons
serviteurs : « Entrez dans la
joie de votre maître » ;
et à celui qui n'a pas
travaillé : « Jetez ce
serviteur inutile dans les ténèbres
extérieures : là sera le pleur
et le grincement de dents
(20). »
M.
le
Curé. - Ces
« ténèbres
extérieures » ne seraient-elles
pas le Purgatoire ?
M.
A. -
Je réponds avec l'abbé Glaire :
les ténèbres extérieures
désignent l'enfer (21).
M.
le
Curé. - N'avez-vous rien de plus
catégorique encore ?
M.
A. -
J'ai une preuve décisive, mais en dehors du
Paroissien.
M.
le
Curé. - N'importe,
dites-là.
M.
A. -
C'est la parabole du Mauvais riche.
Abraham dit à cet
égoïste « enseveli dans
l'enfer » : « Entre nous
et vous, il y a pour jamais un grand abîme,
de sorte que ceux qui voudraient passer d'ici
à vous ou de là venir ici ne le
peuvent pas (22). »
M.
le
Curé. - Je me rends ! L'exemple
est on ne peut plus probant, car il est pris au
cours même de la vie actuelle.... le mauvais
riche est allé tout droit en enfer et non
dans le purgatoire. Et Lazare ? Ce
n'était pourtant pas un saint !
M.
A. -
Il a été porté par les anges
dans le sein d'Abraham ...
M.
le
Curé. - Ne serait-ce point le
purgatoire ?
M.
A. -
Le sein d'Abraham ! Vous n'oseriez pas dire,
que le grand patriarche était dans le
purgatoire ! L'abbé Glaire estime que
c'était un lieu de repos des âmes des
saints, jusqu'à ce que le Sauveur leur eut
ouvert le ciel par sa mort.
M.
le
Curé. - Vous me gagnez à votre
croyance, mais permettez-moi une dernière
objection. Que ferez-vous des âmes pieuses
qui n'auront jamais pu acquérir la
Sainteté parfaite et qui mourront
après leur vie de
péché ?
M.
A. -
Votre dogme, vous ai-je dit, vous fait oublier
l'oeuvre du Sauveur :
« Jésus-Christ
nous a purifiés de nos
péchés
(23). »
Les âmes pieuses purifiées par le sang
de l'Agneau de Dieu jouissent de la vie
éternelle. De quelle utilité serait
un état moyen où il nous faudrait
purger quoi ?... Puisque nos
péchés sont
effacés...
M.
le
Curé. - Je prends un cas
extrême : le mourant a été
un misérable toute sa vie. Au dernier moment
la foi en Jésus-Christ illumine son
âme..., est-il sauvé sans avoir
à expier ses fautes ?
J'ai assisté pendant une nuit
entière un criminel
condamné à mort. La seule
pensée qui a paru l'émouvoir c'est
que Dieu miséricordieux le châtierait
dans le purgatoire et qu'après cela il
serait sauvé...
M.
A. -
N'a-t-il point douté de vos
paroles ?
M.
le
Curé. - Il est vrai que
jusqu'à la seconde fatale il a
hésité... Jugez donc si je lui avais
dit que s'il avait la foi il irait tout droit en
paradis !
M.
A. -
Vous auriez atteint plus sûrement son coeur.
Au lieu d'une parole humaine, d'un dogme de la foi
catholique romaine, vous auriez dû lui
apporter une parole divine, un pardon complet
acquis à un grand prix. Il aurait fallu lui
rappeler la scène sublime de Golgotha
où Jésus disait au brigand
crucifié à ses
côtés :
« En
vérité je te le dis, aujourd'hui, tu
seras avec moi dans le paradis
(24). »
M.
le
Curé. - Je n'y avais point
songé... Et si le malheureux m'avait
dit : « Vous n'êtes pas le
Christ, vous », j'aurais pu lui
répondre : « Non, mon ami,
mais Jésus-Christ est le même,
hier, aujourd'hui et dans tous les
siècles... »
M.
A. -
N'est-ce point plus beau, plus consolant que la
doctrine du purgatoire ? Un riche peu
scrupuleux mais pour lequel on payerait bien irait
plus vite au ciel qu'un honnête homme pauvre
pour lequel la famille ne pourrait point payer de
messes !
M.
le
Curé. - Je connais les
abus de notre dogme et j'en souffre. La doctrine de
Notre-Seigneur est supérieure à celle
de nos Conciles. Elle oblige les âmes
à travailler ici-bas à leur salut
avec crainte et tremblement, au lieu de compter sur
le purgatoire et sur les messes des morts.
..
Je vous tends fraternellement la
main et je puis dire sans crainte : je partage
votre foi et je condamne celle de Rome...
L'Anathème du Concile de Trente n'a pas
été prononcé !
« 0 mourants que le
départ effraye, ne craignez pas ! Je
puis rendre moins terribles vos derniers
moments ! J'élèverai votre
âme plus haut que la terre, toujours plus
haut, jusque dans le ciel, où vous entendrez
la douce voix du Sauveur vous dire :
Aujourd'hui, tu seras avec moi, dans le
paradis. »
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