M. le Curé.
- Que le printemps est hâtif Cette
année !
Je suis heureux de la belle
journée que Dieu nous donne aujourd'hui.
Nous pourrons causer à loisir. La semaine
prochaine j'aurai peu de temps à moi,
Pâque approche, je me tiendrai au
confessionnal pour voir :
Le peuple saint en
foule inonder
les portiques.
M.
A. -
Je voulais précisément
m'éclairer sur une double difficulté
relative à ce sacrement, la première
est relative au mot pénitence auquel
nous ne donnons pas le même sens ; la
seconde porte sur l'institution
même.
M.
le
Curé. - Dans le mot pénitence l'Eglise catholique
romaine
implique l'idée d'un châtiment
à subir ; cela sous-entend le regret
d'avoir mal agi. Toutefois le châtiment
domine toute la pensée de
l'Eglise : On répare l'injure faite
à Dieu... surtout pour la pénitence
que le prêtre impose
(1).
M.
A. -
Je pensais que par pénitence on
entendait plutôt la repentance, le
regret d'avoir péché.
M.
le
Curé. - C'est l'opinion protestante,
nous la déclarons
hérétique.
M.
A. -
Je vous avais prié d'apporter votre texte
grec du Nouveau Testament, selon le manuscrit du
Vatican, l'avez-vous ?
M.
le
Curé. - Le voici.
M.
A. -
Veuillez chercher les passages que je vous
indiquerai (2).
M.
le
Curé. - J'ai rencontré
vingt-cinq fois le substantif grec métanoia et trente-cinq
fois le verbe
grec metanoo.
M.
A. -
C'est exact. Comment la Bible, dite Vulgate,
a-t-elle traduit ?
M.
le
Curé. - « Facere
paenitentiam. »
M.
A. -
Vous souvenez-vous du sens donné par les
dictionnaires latins et grecs, admis dans les
séminaires et dans les
lycées ?
M.
le
Curé. - Metanoia, paenitentia,
changement d'avis, se repentir, avoir du regret, de
la douleur à cause de ce que l'on a fait
...
M.
A. -
Donc, à l'origine l'idée de
châtiment, n'était pas
indiquée, En dehors de toute
préoccupation dogmatique
définissez-moi la pénitence
d'après les données du
dictionnaire.
M.
le
Curé. - La pénitence
consisterait en un changement dans l'esprit et dans
le coeur, une transformation de l'âme et de
la volonté opérée avec l'aide
de l'Esprit de Dieu, et capables de produire une
saine orientation de la vie chrétienne. Mais
j'ajoute ...
M.
A. -
Je vous en prie, laissez à votre
définition toute sa saveur
évangélique !
M.
le
Curé. - Mais j'ajoute que l'Eglise
catholique romaine, par le Sacrement de
Pénitence, a le pouvoir de remettre les
péchés commis après le
baptême (si énormes et en si grand
nombre qu'ils soient) (3).
M.
A. -
C'est un pouvoir tel que je ne puis l'admettre sans
avoir une connaissance approfondie du
Sacrement.
M.
le
Curé. - Eh bien, commençons
par la contrition. C'est l'acte le plus important
de la pénitence, il est indispensable pour
recevoir le pardon de ses péchés,
même en dehors du Sacrement
(4)
M.
A. -
Vous enseignez que la contrition est une douleur
et une
détestation de ses péchés,
avec un ferme propos de ne plus les commettre
(5). Nous
sommes
d'accord.
M.
le
Curé. - Vous le serez tout à
fait aujourd'hui, car vous savez comme moi ce que
disait Jésus : « Je vous
dis qu'il y aura plus de joie dans le ciel pour un
seul pêcheur qui fait pénitence que
pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas
besoin de pénitence
(6). »
M.
A. -
Notre foi sera à l'unisson tout autant
qu'elle aura pour base l'Écriture Sainte.
C'est pour cela que la contrition nous
ramène sur un terrain commun. Jean-Baptiste
criait au bord du Jourdain :
« Faites
pénitence, le royaume des cieux
est proche
(7). »
Et Jésus disait à ses
disciples qu'il fallait qu'on
prêchât en son nom la pénitence
et la rémission des péchés
à toutes les nations
(8)
M.
le
Curé. - La splendide journée
printanière dont nous jouissons semble nous
inspirer ! Si nous avions la même
entente sur tous les sujets !
M.
A. -
Malheureusement, si nous faisons un pas de plus,
notre harmonie s'évanouit ! L'Eglise de Rome
a dépassé l'Écriture sainte
lorsqu'elle a dit que la
contrition parfaite ne dispensait pas de la
confession auriculaire ; qu'elle justifiait
avant la confession, mais qu'elle en laissait
subsister l'obligation
(9).
M.
le
Curé. - Que trouvez-vous à
critiquer en cela ?
M.
A. -
Qu'entendez-vous par justification ?
M.
le
Curé. - Ce n'est pas seulement la
rémission des péchés, c'est
aussi la sanctification et le renouvellement de
l'homme intérieur par une volontaire
réception de grâce et de dons. De
là, vient que l'homme, d'injuste se fait
juste, et d'ennemi se fait ami, afin qu'il soit,
selon l'esprit, héritier de la vie
éternelle (10).
M.
A. -
Permettez-moi de préciser votre
définition par ces paroles de saint Paul
à Tite :
« Étant
justifiés par la grâce de
Jésus-Christ, notre Sauveur, nous devenons
héritiers de la vie éternelle
(11). »
En d'autres termes, la
justification
est un témoignage de la paix avec
Dieu ; or, quel est le but de la
religion ?
M.
le
Curé. - De nous relier, nous
réconcilier avec Dieu.
M.
A. -
Dès lors, puisque ce but est atteint par la
contrition parfaite,
pourquoi l'Eglise insiste-t-elle encore pour
obtenir du chrétien la confession
auriculaire ?
M.
le
Curé. - Parce que la confession est
d'ordre divin et que les protestants sont
infidèles en ne la pratiquant
pas.
M.
A. -
Vous faites erreur. La confession existe chez les
Luthériens et chez les Calvinistes,
seulement elle est libre, non ordonnée. Le
fidèle peut se confier à son pasteur,
mais il ouvre surtout son coeur à
Dieu.
M.
le
Curé. - Cette confession faite
à Dieu est d'une impuissance
notoire.
M.
A. -
Vous préférez mettre à sa
place le commandement donné par le Concile
de Latran (1215) :
« Tous Les
péchés confesseras,
À tout le moins une fois
l'an »
Le chrétien se confesse
à Dieu tous les jours, et plus
sincèrement que s'il le faisait à un
prêtre. Aux yeux de Dieu, « il n'y
a rien de caché qui ne doive être
révélé, ni rien de secret qui
ne doive être connu
(12) ».
M.
le
Curé. - Je le veux bien ; mais
reconnaissez aussi que l'humiliation de l'homme
devant le prêtre est un sentiment plus
salutaire, parce qu'il est plus réel ...
M.
A. -
J'estime, au contraire, que l'humiliation est plus
grande et plus sérieuse devant
l'Éternel ! C'est qu'on ne s'agenouille
pas devant Lui sans crainte ! Dans le
confessionnal, on peut ne pas voir le prêtre,
et même ne pas le connaître !
Enfin, comment voulez-vous qu'au bout d'une
année écoulée on ait la
mémoire de toutes ses
fautes !
M.
le
Curé. - La confession aurait
été plus fréquente, et nul
n'aurait songé à l'attaquer sans ces
hérétiques de Novatiens qui,
dès le IIIe siècle, niaient au
prêtre le pouvoir de remettre les
péchés !
M.
A. -
C'était pour réformer un abus qui se
glissait dans l'Eglise. À la suite de la
persécution de Décius, en 251,
quelques chrétiens, pour avoir la vie sauve,
avaient renié leur foi. On s'efforça
de les ramener dans le sein de l'Eglise en leur
envoyant des prêtres confesseurs dont la
fonction était occasionnelle et
provisoire.
Nectarius, archevêque de
Constantinople, abolit plus tard cette fonction
(383), d'accord avec les protestations des
Novatiens.
M.
le
Curé. - Cela n'a pas
empêché saint Benoît, au VIe
siècle, de mettre la confession au nombre
des obligations de l'ordre qu'il
fondait.
M.
A. -
Cela prouve donc que la confession auriculaire
n'était pas en pratique. Si elle eût
existé, on n'en aurait pas fait une mention spéciale,
on, du moins,
elle ne serait pas présentée comme
une obligation particulière aux
bénédictins.
M.
le
Curé. - Vous supposez... Je
préfère les certitudes.
M.
A. -
Je puis vous satisfaire. Le Concile de
Châlons-sur-Saône (813) n'a pas pu se
prononcer définitivement.
« Quelques-uns disent qu'il faut
confesser ses péchés à Dieu,
d'autres prétendent qu'il faut aussi les
confesser au prêtre. ».
(13).
M.
le
Curé. - Qu'a-t-on
décidé ?
M.
A. -
On a laissé aux fidèles leur
liberté. Mais le quatrième Concile de
Latran (1215), obéissant à Innocent
III, a déclaré que la confession
faite à l'oreille du prêtre
était un commandement de l'Église
(14).
M.
le
Curé. - L'élaboration des
dogmes est progressive. L'arbre ne naît pas
tout formé avec branches et ombrage, il lui
faut du temps ; la Confession a mis 1215 ans
pour arriver à maturité... Le Concile
de Trente explique clairement sur quoi l'Eglise
s'appuye... (15)
M.
A.
Je serais curieux de connaître ces preuves
ignorées pendant si
longtemps !
M.
le
Curé. - « Notre Seigneur a
institué ce Sacrement
quand, étant ressuscité de mort
à Vie, il souffle sur ses disciples, en leur
disant : Recevez le Saint-Esprit ceux
desquels vous aurez pardonné les
péchés, ils leur seront
pardonnés.
Par ce fait notable et par ces
paroles si claires, le consentement de tous les
Pères a toujours entendu que la puissance de
remettre et de retenir les péchés a
été communiquée aux
apôtres et à leurs successeurs
(16). »
M.
A. -
Vous parlez du consentement unanime des
Pères ! Mais de Clément
d'Alexandrie à Bernard de Clairvaux au XIIe
siècle, je ne trouve aucune
interprétation de ce passage dans le sens du
Concile de Trente. Lisez par exemple Paul de
Thèbes (251), saint Cyprien (IVe
siècle), Grégoire de
Néocésarée (270), Athanase
(373), saint Basile (379), saint Ambroise (397),
saint Martin de Tours (396), etc. et vous serez
convaincu que ce qui manque le plus au sacrement de
Pénitence c'est le consentement de tous les
Pères (17).
M.
le
Curé. - Je vous l'accorde, non de ma
propre autorité, mais en m'abritant sous la
responsabilité de Thomas d'Aquin. Il avoue franchement
que la
confession
auriculaire n'a pas été d'une
pratique universelle dans l'Eglise
catholique (18).
M.
A. -
Nous prenons donc en défaut l'infaillible
Concile de Trente, sur un point important !
Cette constatation suffirait à prouver la
fausseté de sa position, mais puisqu'il cite
l'Écriture sainte, je désire
l'étudier avec vous.
M.
le
Curé. - Elle nous dit par des paroles
très claires, que le sacrement de
Pénitence a été
institué par Notre Seigneur. Le prêtre
a le droit de remettre et de retenir les
péchés.
M.
A. -
Lorsque Jésus a donné ce pouvoir les
apôtres étaient-ils
seuls ?
M.
le
Curé. - Je me souviens que vous
m'avez prouvé que les deux disciples
d'Emmaüs et quelques autres en nombre
indéterminé se trouvaient avec
eux :
Les disciples d'Emmaüs,
dit,
saint Luc, retournèrent à
Jérusalem où ils trouvèrent
les onze apôtres avec les autres disciples
assemblés (19).
M.
A. -
Vous constatez donc que le pouvoir donné par
Jésus les concernait tous puisqu'aucune
distinction n'est faite en faveur des
onze.
Donc un premier point demeure
acquis
c'est que les apôtres seuls n'avaient pas le
droit de remettre ou retenir les
péchés.
M.
le
Curé. - Je ne refuse pas de le
reconnaître, mais je maintiens que pour
remettre ou retenir les péchés, il
faut la confession auriculaire.
M.
A. -
Et moi je vous dis, au nom du Seigneur, que pour
exercer ce pouvoir il faut avoir reçu le
Saint-Esprit. Avant toute parole, Jésus
avait dit : « Recevez le
Saint-Esprit. »
M.
le
Curé. - Le sacrement de l'Ordre en
tient lieu.
M.
A. -
Permettez ! Ni l'ordination du prêtre,
ni la consécration du ministre protestant ne
donnent le Saint-Esprit, cela appartient à
Dieu seul.
M.
le
Curé. - C'est parce que le
prêtre a reçu le Saint-Esprit qu'il
peut confesser.
M.
A. -
Confessez vous aussi aux jeunes enfants que
l'évêque vient de confirmer, puisqu'il
leur a donné le
Saint-Esprit !
M.
le
Curé. - Assurément non. On ne
peut se confesser validement qu'au prêtre,
parce qu'il a reçu les pouvoirs d'ordre et
de juridiction
(20).
M.
A. -
Cela revient à dire que pour établir
votre Sacrement vous vous permettez de modifier les
paroles sacrées de Notre Seigneur. Au lieu
de répéter avec assurance :
Recevez le Saint-Esprit, vous faites de vos
séminaristes des prêtres par ces
paroles : Recevez les pouvoirs d'ordre et de
juridiction !
M.
le
Curé. - Nul ne peut prouver qu'un
prêtre n'a pas reçu le
Saint-Esprit.
M.
A. -
Nul ne peut prouver non plus qu'il le
possède. En tous cas, il nous importe de
savoir si les apôtres qui ont
été présents lorsque le Christ
a prononcé les paroles que vous avez
citées, les ont comprises dans le sens de la
confession auriculaire.
M.
le
Curé. - Cela ne laisse aucun
doute.
M.
A. -
Suivons auparavant Saul de Tarse chez Ananie.
Après avoir reçu l'imposition des
mains, le Saint-Esprit, est descendu sur lui, sans
qu'il nous soit parlé de confession de ses
péchés :
« Ananie s'en
alla et
étant entré dans la maison, il lui
imposa les mains et lui dit : Saul mon
frère, le Seigneur Jésus qui vous a
apparu dans le chemin par où vous veniez,
m'a envoyé afin que vous recouvriez la vue,
et que vous soyez remplis du Saint-Esprit
(21). »
M.
le
Curé. Le cas est tout à fait
exceptionnel.
M.
A. -
Saint Pierre nous apporte encore son
témoignage. Arrivé chez le païen
Corneille, au lieu de le confesser et de l'absoudre
en réponse à sa foi nouvelle, il lui
dit : « C'est à
Jésus que tous les prophètes rendent
ce témoignage, que tous ceux qui croient en lui
reçoivent, par son nom, la rémission
des péchés (22). »
M.
le
Curé. - Vous voyez, vous voyez :
il ne peut pas y avoir rémission des
péchés sans
confession !
M.
A. -
Il n'est nullement question d'une confession faite
à l'oreille de saint Pierre. Le centurion
Corneille s'était confessé à
Dieu et c'est en réponse à sa foi que ses péchés lui sont
remis.
M.
le
Curé. - En quoi faites-vous donc
consister le pouvoir de lier et de
délier ?
M.
A. -
À prêcher le salut des hommes en
Jésus-Christ, c'est-à-dire à
répandre l'Évangile.
M.
le
Curé. - Anathème ! Si
quelqu'un dit que les paroles de Notre
Seigneur : Recevez le Saint-Esprit ceux
desquels vous aurez pardonné les
péchés ils leur sont
pardonnés, et ceux desquels vous les aurez
retenus, ils leur sont retenus, ne se doivent pas
entendre de la puissance de pardonner et de retenir
les péchés au Sacrement de
Pénitence... et les tire par force à
l'autorité de prêcher
l'Évangile, contre l'institution de ce
Sacrement, qu'il soit maudit !
(23).
M.
A. -
Je prends votre paroissien et je courbe la
tête, l'anathème nous atteint tous les
deux.
M.
le
Curé. - Comment
cela ?
M.
A..
- J'ouvre et je lis. : « Jean et
Paul... ont reçu le
pouvoir de fermer et d'ouvrir les portes du ciel,
car leurs langues sont devenues les clefs du
royaume des cieux
(24). »
M.
le
Curé. - Je me souviens de ce
passage... On pourrait dire que « leur langue
» c'est le « Je vous absous »,
prononcé par le prêtre... Mais saint
Paul n'était pas présent quand Notre
Seigneur a donné le pouvoir des clefs... Il
est évident de plus en plus qu'il s'agit de
la prédication de
l'Évangile.
M.
A. -
La sainte Congrégation des rites n'a pas
remarqué ce passage, sans quoi elle
l'eût supprimé...
M.
le
Curé. - Malgré tout il est
parlé de confession chez les
Pères !
Jean-Baptiste ne baptisait que
ceux
qui avaient confessé leurs
péchés (25).
À Éphèse, beaucoup d'entre les croyants
venaient
confessant et déclarant ce qu'ils avaient
fait (26).
Saint Jacques dit en toutes
lettres
« Confessez
vos
péchés les uns aux autres et priez
les uns pour les autres afin que vous soyez
sauvés, la prière
persévérante du juste peut
beaucoup... (27). »
M.
A. -
Remarquez ce trait fondamental que dans tous les
cas cités il s'agit d'une confession faite
publiquement et non en secret à l'oreille
d'un prêtre. C'est un acte d'humilité
accompli devant Dieu, entre chrétiens, suivi
soit du baptême, soit de l'admission dans
l''Église, soit de la prière
d'intercession.
M.
le
Curé. - Cela est exact. Cependant ce
mode de confession publique avait des
inconvénients et on lui a
préféré la confession
auriculaire.
M.
A. -
Vous êtes donc obligé d'avouer que
c'est l'Eglise qui a institué la confession
faite à l'oreille du
prêtre.
Que n'a-t-on plutôt
écoulé Jean Chrysostome que Rome a
canonisé :
« Mais quoi,
s'écrie-t-il, peut-être t'en
coûte-t-il de dire que tu as
péché. Eh ! dis-le chaque jour
dans ta prière. Je ne te parle point d'aller
les déclarer à l'un de tes semblables
qui te gourmanderait, déclare-les à
Dieu qui les pardonne
(28). »
M.
le
Curé. - Je ne sais vraiment ce qui
vaut le mieux.
M.
A. -
Pour moi, je n'hésite pas à choisir.
Entre la confession auriculaire qui
n'entraîne pour moi que les pénitences
imposées par le prêtre, et la confession faite à
Dieu qui m'accorde le pardon complet, je
préfère cette
dernière !
M.
le
Curé. - Il est logique
néanmoins de placer la confession
aussitôt après l'examen de
conscience !
M.
A. -
Quand la confession est faite à l'oreille du
prêtre les deux choses se tiennent, et un
temps plus ou moins long - celui de la
pénitence - peut s'écouler encore
avant que le fidèle puisse
communier.
Celui qui se confesse à Dieu,
qui met son coeur à nu devant lui, est
pardonné immédiatement et peut se
présenter aussitôt après
à la Table Sainte.
M.
le
Curé. - Vous ne vous plaisez que dans
les hérésies.
M.
A. -
M'approcher de l'Écriture Sainte est tout
mon plaisir. Saint Paul a dit :
« Que chacun
s'éprouve donc soi-même, et
qu'après cela il mange de ce pain et boive
de ce calice
(29). »
M.
le
Curé. - Pourquoi vous obstinez-vous
à repousser le secours du prêtre dans
votre confession ?
M.
A. -
Parce qu'aucun homme ne peut prendre la place de
l'Éternel. Seul Dieu peut sonder le coeur de
l'homme, examiner les circonstances du
péché qu'il a commis, peser les
mobiles qui l'ont poussé
à l'action, discerner avec justice toutes
les responsabilités...
M.
le
Curé. - Je vous approuve
jusqu'à l'absolution Comment saurez-vous que
Dieu vous l'a donnée ?
M.
A -
Cette question appelle un entretien
nouveau.
M.
le
Curé. - Eh bien, à
demain !
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