M. le Curé.
- Je suis le premier au rendez-vous ! J'ai
hâte de vous entendre.
Pour simplifier notre discussion
je
vous accorde que la formule d'absolution : Ego te absolvo, je
t'absous et le pouvoir de
la prononcer datent des XIe et XIIe siècles.
C'est un fruit des travaux d'Alexandre de Hales et
de Thomas d'Aquin.
M.
A. -
J'ajoute que depuis lors l'absolution a pris un
caractère tel, que le Concile de Trente a
osé dire qu'un prêtre, même
en état de péché mortel,
avait encore le pouvoir de la donner !
(1).
M.
le
Curé. - C'est en cela que consiste
notre supériorité sur les
protestants ; dans leur confession faite
à Dieu, ils n'ont pas d'absolution
authentique.
M.
A. -
Je présume que l'absolution donnée
par un prêtre a une valeur infiniment moindre
que l'assurance du pardon qui
pénètre le coeur du fidèle
contrit et repentant.
« Si nous
confessons
nos péchés, dit saint Jean, Dieu est
fidèle et juste pour nous remettre nos
péchés et pour nous purifier de toute
iniquité
(2). »
M.
le
Curé. - Ceci n'est pas dans le
paroissien, je vous accorde néanmoins que
saint Jean dit vrai et que c'est Dieu qui pardonne,
mais il le fait par bouche du prêtre qui
absout en son nom.
M.
A. -
Tel n'a pas été l'avis des
Pères de l'Église qui paraissent
ignorer totalement l'absolution du prêtre
(3).
M.
le
Curé. - Je leur préfère
l'autorité de saint Pierre. Le pouvoir des
clefs qu'il a reçu a naturellement
amené l'absolution.
M.
A. -
Pour absoudre il faut juger, or le grand
apôtre se garde soigneusement d'usurper cette
fonction :
« Le Seigneur
nous a
commandé de prêcher au peuple et de
témoigner que c'est Jésus que Dieu a
établi juge des vivants et des morts
(4). »
Il reconnaît, comme nous
l'avons fait, que le fameux pouvoir des clefs c'est
la prédication de l'Évangile et non
l'absolution.
M.
le
Curé. - Cela est vrai... Mais au
confessionnal, le juge ce n'est pas le
prêtre, c'est Jésus-Christ qui parle
par sa bouche...
M.
A. -
Le prêtre, dites-vous, n'est que l'instrument
de Notre Seigneur, dès lors qu'il nous
prouve qu'il a le pouvoir
d'absoudre !
M.
le
Curé. - Je ne vois pas comment on
pourrait vous en donner la preuve, autrement que
par l'exercice de la fonction !
M.
A. -
Les adversaires de Jésus lui niaient le
pouvoir de pardonner les péchés,
Notre Seigneur ne s'est point dérobé,
il a donné des preuves :
« Des gens
présentèrent à Jésus un
paralytique étendu sur son lit.
Jésus, voyant leur foi, dit au
paralytique : Mon fils, ayez confiance, vos
péchés vous sont remis.
Aussitôt, quelques-uns des scribes dirent en
eux-mêmes : cet homme
blasphème.
Mais Jésus, ayant vu
leurs
pensées, leur dit : Pourquoi
pensez-vous mal dans vos
coeurs ?
Lequel est le plus
aisé,
ou de dire : Vos péchés vous
seront remis, ou de dire : Levez-vous et
marchez ? Or, afin que vous sachiez que le
Fils de l'homme a sur la terre le pouvoir de
remettre les péchés :
Levez-vous, dit-il alors au paralytique, prenez
votre lit, et retournez dans votre maison. Et il se
leva et s'en alla dans sa maison
(5). »
M.
le
Curé. - Ce récit
m'embarrasse ; j'aimerais
reprendre avec vous les points les plus
importants.
M.
A. -
Jésus a vu dans le coeur des scribes
leurs mauvaises pensées... Le prêtre,
instrument de Jésus, voit-il ce qui
se passe dans le coeur de celui qu'il
confesse ?
M.
le
Curé. - Hélas, non ! le
prêtre s'en rapporte à la
sincérité du
pénitent.
M.
A. -
La formule de pardon employée par le Fils de
Dieu diffère considérablement de la
vôtre...
M.
le
Curé. - En quoi, je vous
prie ?
M.
A. -
Vous dites au confessionnal :
« Moi, je t'absous ».
Notre Seigneur, investi de suprêmes pouvoirs,
n'a jamais prononcé de pareilles
paroles ; il répondait à l'acte
de foi que le pénitent avait
manifesté en disant :
« Vos péchés vous sont
pardonnés ».
M.
le
Curé. - Ah ! je saisis !
« En conséquence de votre foi, vos
péchés vous sont
pardonnés », tandis que nous
disons : « En vertu de Mon pouvoir
d'ordre, moi, prêtre catholique romain, je
t'absous ! »,
M.
A. -
Enfin, Jésus a prouvé par un miracle
son pouvoir de pardonner les péchés.
Au lieu d'envoyer les fidèles à
Lourdes, tandis que les prêtres vont
guérir leurs maladies à la Bourboule
ou au Mont-Dore, ils devraient, au nom de
Jésus, faire marcher les paralytiques, par
exemple.
M.
le
Curé. - Cela n'est pas
possible !
M.
A. -
Alors, ne vous scandalisez pas si un sceptique, -
à l'instar des scribes, - lorsqu'un
prêtre dit : « Je
L'absous », s'écrie :
« Cet homme-là
blasphème ! »
M.
le
Curé. - Pour ma part, j'avoue qu'il
m'est plus facile de dire à quelqu'un :
« Moi, je t'absous »,
que de lui dire : « Levez-vous et
marchez », s'il est perclus !
Toutefois, c'est Jésus tout puissant qui a
accompli ce miracle ; dès lors, la
question posée est autre...
M.
A. -
Attendez ! Le prêtre sert d'instrument
et d'organe à Jésus, Jésus
parle par sa bouche, agit par ses mains. Le miracle
du changement de l'hostie et du vin en corps et en
sang de Notre Seigneur, c'est Jésus-Christ
qui l'accomplit par le prêtre...
(6) Miracle
plus
surprenant encore que la guérison d'un
paralytique, et vous me parlez
d'impuissance !
Quoi ! le prêtre à
l'autel, dit une parole : « Ceci est
mon corps, ceci est mon sang », et
aussitôt l'hostie n'est plus du pain, le vin
n'est plus le fruit de la vigne, c'est le corps
tout entier du Christ qui est là... ;
et lorsqu'il s'agit de prouver, comme Jésus,
par un miracle, le pouvoir de pardonner les
péchés, vous dites : c'est
impossible !
M.
le
Curé. - Je suis prêtre, j'ai
confessé, j'ai absous...
Jamais, on ne m'avait présenté une
pareille objection. Somme toute, si ce dangereux
pouvoir ne nous pas été donné
par Jésus-Christ, s'il soulève de
très grandes difficultés, je ne vois
pas pourquoi on le maintient !
M.
A. -
Parce qu'on veut à tout prix faire de la
pénitence un sacrement. Notez que le
sacrement ne réside ni dans la contrition,
ni dans la confession, mais plutôt dans la
satisfaction.
M.
le
Curé. - En effet, c'est le sens que
nous donnons au sacrement de Pénitence : les Pater,
les Ave, les bonnes oeuvres, les
pèlerinages, les processions, les
aumônes, constituent les satisfactions
nécessaires à l'exercice de ce
sacrement.
M.
A. -
De sorte que la satisfaction, c'est...
M.
le
Curé. - ... Une réparation de
l'injure faite à Dieu et du tort fait au
prochain par le péché
(7).
M.
A. -
Et vous réparez cette injure faite à
Dieu par la prière, le jeûne,
l'aumône (imposés), par la patience
dans les afflictions et dans les travaux de la vie,
mais surtout par la pénitence que le
prêtre impose (8).
M.
le
Curé. - Je remarque, en outre, que
les bonnes oeuvres sont réputées
méritoires et comptent pour le salut des
âmes. Les protestants ont tout à fait
laissé de côté les bonnes
oeuvres.
M.
A. -
Je pourrais crier à
l'hérésie ! En 1900, ces
protestants comptaient plus de cinquante oeuvres
pour l'évangélisation et la
moralisation de la France, une quarantaine
d'oeuvres pour les pasteurs et leurs familles, une
douzaine de sociétés d'instruction,
113 écoles primaires, 8 écoles
supérieures : enfin, les oeuvres de
bienfaisance pour les vieillards, les pauvres, les
veuves, les orphelins, avec diaconesses ou soeurs
de charité protestantes, s'élevaient
an nombre de 301. Cela dû à la seule
générosité des protestants,
qui envoient bénévolement les fonds
nécessaires et indépendamment des
nombreux dévouements individuels, des
missionnaires qui vont évangéliser
les païens, etc...
M.
le
Curé. - Quand les protestants font
leurs bonnes oeuvres, n'est-ce point aussi en vue
de gagner le ciel ?
M.
A. -
Non, car ils font de bonnes oeuvres, ils se
dévouent, poussés par un mobile
supérieur : la charité
chrétienne. Leur foi les oblige à
l'action, c'est une inspiration qui leur vient du
Sauveur. Ils ne songent pas à gagner le
ciel, puisqu'ils le possèdent : ils
sont les rachetés de la grande tribulation,
leurs oeuvres ne les précèdent pas,
elles les suivent
(9).
M.
le
Curé. - Nous ordonnons la
Prière, Ave Maria, Pater, Angelus,
Requiem, nierez-vous
l'excellence de cette satisfaction, essentiellement
méritoire ?
M.
A. -
La prière ! mais c'est la respiration
de l'âme ! Les protestants prient, ils
élèvent leur coeur à Dieu,
mais jamais dans leur catéchisme on ne leur
a donné cette règle :
« On récite le
chapelet en disant le Symbole des apôtres sur
la croix (Credo), l'oraison dominicale sur
les gros grains (Pater) et la salutation
angélique sur les petits grains (Ave)
(10).
M.
le
Curé. - Dieu prêtera toujours
une oreille attentive à ceux qui
réciteront le rosaire ou le chapelet. Quelle
universelle bénédiction si d'un bout
à l'autre de la chrétienté on
récitait le matin et le soir trois Ave
Maria !
Le pape Léon XIII a
accordé 200 jours d'indulgence à
perpétuité à quiconque se
livrerait à cette dévotion ! Un
de ses prédécesseurs, Benoît
XIV, avait pris une décision analogue
(11).
M.
A. -
Quelle universelle bénédiction si, au
lieu de répéter, le matin et le soir,
les mêmes paroles en latin ou en
français, le fidèle ouvrait
simplement son coeur à Dieu, naïvement
comme l'enfant ; la multitude des paroles ne
peuvent obtenir l'attention de
l'Éternel : « Or, priant - disait Jésus - ne
parlez pas
beaucoup comme les païens ; ils
s'imaginent qu'à force de paroles ils seront
exaucés
(12). »
M.
le
Curé. - J'avais fait cette
réflexion ... je vous avoue même que
je me suis senti gêné bien des fois au
confessionnal... J'ai plutôt conseillé
à mes paroissiens d'élever leur
esprit et leur coeur vers Dieu, de lui exposer
leurs besoins..., je n'ai imposé qu'à
regret les prières auxquelles étaient
attachées des indulgences ...
M.
A. -
Je suis heureux de vous entendre parler
ainsi ; mais il y a le jeûne prescrit,
le jeûne ordonné, qui fait aussi
partie de la satisfaction.
M.
le
Curé. - Oh ! pour cela je ne
transige point ! Notre Seigneur a
jeûné, nous imitons son divin
exemple.
M.
A. -
Oui, Jésus-Christ a
jeûné ; les protestants
jeûnent aussi parfois ; seulement le
jeûne est libre et non
ordonné.
M.
le
Curé. - Que
dites-vous ?
M.
A. -
Je dis que le seul jeûne qui puisse plaire
à Dieu n'est pas une loi imposée. Le
jeûne qu'Il agrée est celui qui
provient de la contrition, de la douleur que l'on
ressent d'avoir offensé Dieu.
Le jeûne, dans ce cas, n'est
pas un commandement de l'Eglise, mais un acte
d'humiliation que le chrétien accomplit de
lui-même pour implorer la miséricorde
divine.
M.
le
Curé. - Notre Seigneur n'a point
condamné le jeune légal.
M.
A. -
Il en a affranchi ses disciples, ce qui a
provoqué les murmures des Pharisiens
(13), et
il a
censuré ceux qui affectaient d'afficher le
jeûne prescrit :
« Lorsque vous
jeûnez, ne soyez point tristes comme les
hypocrites ; car ils montrent un visage
exténué, afin que les hommes
connaissent qu'ils jeûnent. Je vous le dis en
vérité, ils ont reçu leur
récompense (14). »
M.
le
Curé. - Vous relevez l'esprit du
jeûne et je vous approuve, mais nous avons le
droit de l'imposer.
M.
A. -
C'est en cela que consiste votre erreur. Vous dites
que le jeûne est « un
médicament de l'infirmité du
pénitent »
(15),
de sorte
que le catholique voit dans le jeûne
légal : carême, maigre du
vendredi, etc., un véritable moyen de
salut.
M.
le
Curé. - Le jeûne imposé
et fidèlement observé, par le fait
qu'il mortifie le coeur, donne une saine nourriture
à l'âme.
M.
A. -
L'auteur de l'épître aux
Hébreux s'est élevé avec force
contre toute règle imposée par les
hommes :
« Ne vous
laissez pas
séduire par les doctrines diverses et
étrangères à la foi. Il vaut
mieux nourrir son âme de la grâce de
l'Évangile que de ces viandes légales
inutiles désormais à ceux qui en
usent (16). »
M.
le
Curé. - Les viandes légales
désignent, je pense, les prescriptions
pharisaïques érigées en
commandement...
M.
A. -
Et, par là même, tout commandement de
l'Eglise, donné comme méritoire, car
il amoindrit l'oeuvre accomplie par Notre-Seigneur
qui est complète et parfaite.
M.
le
Curé. - Savez-vous que vous
atteignez, par la vanité de vos
hérésies, tous nos
pèlerinages, toutes nos processions, toutes
nos génuflexions devant les chapelles des
saints, tous nos signes de croix, toutes nos
donations pieuses ! ... Lorsqu'une âme
sainte a accompli pour elle tout ce qui est
nécessaire pour gagner le ciel, les oeuvres
qu'elle fait au-delà servent à
suppléer la faiblesse des âmes moins
justes.
M.
A. -
Je connais votre doctrine des oeuvres
surérogatoires, mais je ne puis la partager,
car (c'est saint Paul qui parle) : Dieu
nous a sauvés non à cause des oeuvres
de Justice que nous avions faites, mais par sa
miséricorde (17).
M.
le
Curé. - Vous abritez toujours vos
hérésies sous des textes
sacrés !
M.
A. -
Et je conclus hérétiquement que, un
chrétien vraiment sincère qui s'est
plié à toutes les prescriptions
légales, s'il est sauvé, ne l'est pas
en vertu des Ave, des Pater,
des Credo, qu'il a prononcés
régulièrement, sur le chapelet
bénit de sainte Brigitte ; ni
grâce aux jeûnes, pèlerinages,
processions qu'on lui a imposés, ni parce
qu'il a suivi dévotement le Saint-Sacrement
... mais parce que Dieu a accepté pour ses
péchés le sacrifice de son divin
Fils.
M.
le
Curé. - Vous me
scandalisez !
M.
A. -
Je le regrette, mais je dis avec l'Écriture
Sainte que nous sommes sauvés non par nos
bonnes oeuvres, mais par la grâce de Dieu.
« Nous sommes justifiés par la
grâce de Dieu afin que nous devinssions
héritiers de la vie éternelle selon
l'espérance que nous avons en
Jésus-Christ
(18). »
M.
le
Curé. - Si les oeuvres
surérogatoires ne comptent pour rien, pas
plus que les bonnes oeuvres, de quoi vivra votre
juste dans sa vie spirituelle ?
M.
A. -
« Mon juste vivra de la foi (19) »,
répond votre Paroissien d'accord avec
l'épître aux Hébreux. Les bonnes
oeuvres - car il en fera de nombreuses - n'auront
jamais de mobile intéressé, elles ne
seront pas recommandées en vue de gagner le
ciel, parce qu'elles naîtront
spontanément dans son coeur comme une
puissante floraison divine, comme un fruit de la
foi.
M.
le
Curé. - Je ne saisis pas bien votre
pensée.
M.
A. -
Tous ceux qui comprennent la pensée
évangélique que j'ai exprimée,
apprennent à aimer leur prochain comme
eux-mêmes ; les aumônes
distribuées, les vieillards abrités,
les orphelins recueillis, toutes ces oeuvres sont
inspirées par la charité
chrétienne, l'unique chose qui leur donne de
la valeur.
L'apôtre Paul disait dans le,
même sens : « Quand je
distribuerais tout mon bien pour nourrir les
pauvres et que je livrerais mon corps pour
être brûlé, si je n'ai point la
charité, tout cela ne sert de rien
(20). »
M.
le
Curé. - Dans cet ordre d'idées
les bonnes oeuvres sont plus difficiles, car il
faut être chrétien pour les
accomplir ; elles constituent un don
précieux de Notre Seigneur.
M.
A. -
Convenez que vos prières imposées,
vos jeûnes prescrits, vos macérations,
vos aumônes, vos pèlerinages ne
peuvent réparer l'injure faite à Dieu... il
fallait plus que
nos
souffrances et nos châtiments ! Regardez
la croix où Christ expire : c'est
là qu'a été
réparée une fois pour toutes l'injure
faite à Dieu...
M.
le
Curé. Vous fuyez la discussion. Vos
bonnes oeuvres m'avez-vous dit - constituent un don
précieux du Seigneur. Est-ce
vrai ?
M.
A. -
Cela va sans dire...
M.
le
Curé. - Si quelqu'un dit que les
bonnes oeuvres d'un homme justifié sont
tellement des dons de Dieu qu'elles ne sont pas
aussi bons mérites de celui même qui
est justifié... et aussi l'augmentation de
gloire, par les bonnes oeuvres qu'il fait par la
grâce de Dieu, et le mérite de
Jésus-Christ, duquel il est membre vivant,
anathème ! (21).
M.
A. -
Je vais porter mes pas sur les traces de saint
Paul, nous sommes maudits tous les
deux !
L'apôtre des Gentils avait
dit :
« C'est par
Jésus-Christ que nous avons une grande
confiance en Dieu ; non que nous soyons
capables d'avoir de nous-mêmes aucune bonne
pensée comme de nous-mêmes ; mais
c'est Dieu qui nous en rend capable
(22). »
M.
le
Curé. - Saint Paul parle des bonnes
pensées et non des bonnes oeuvres, donc vous
restez seul maudit !
M.
A. -
Patience ! Je lis encore quelques lignes plus
loin :
« Au reste
Dieu est
assez puissant pour vous combler de toutes sortes
de grâces, de manière qu'en tout temps
et en toute occasion, ayant ce qui vous est
nécessaire, vous puissiez abondamment faire
de bonnes oeuvres (23). »
M.
le
Curé. - J'aurais mauvaise grâce
à ne pas reconnaître le
bien-fondé de votre attitude... mais je ne
puis partager votre foi. Je la reconnais vraie,
mais en tant que catholique romain je ne puis
l'embrasser sans m'exposer à la perte de mon
âme : Quiconque ne recevra pas
fidèlement et fermement la doctrine
catholique de la justification telle que l'a
définie le saint Concile de Trente, ne
pourra être justifié
(24).
M.
A. -
Il est clair que ce même concile qui a
décidé d'égaler la tradition
à l'Écriture, devait parvenir
à se placer au-dessus de la Bible, de la
tradition et des Pères.
Mais l'Écriture nous
dit :
« Prenez garde
que
personne ne vous séduise par la philosophie,
par des raisonnements vains et trompeurs selon la
tradition des hommes, selon les
éléments du monde et non selon le
Christ... Que personne ne vous juge sur le manger
ou sur le boire, ou à
cause des jours de fête, ou des
néoménies ou des sabbats, choses qui
ne sont que l'ombre des choses futures, tandis que
le Christ en est le corps (25). »
M.
le
Curé. - Et nous lâchons la
proie pour l'ombre ! Oh ! combien je
voudrais qu'une puissante réforme
corrigeât les erreurs et les abus que je
constate avec vous !
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