Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

CHAPITRE II

La Papauté

& 1. - LA PRIMAUTÉ DE SAINT PIERRE.



M. A. - Vous arrivez de Rome, J'envie votre bonheur. Vous avez fait un voyage magnifique.

M. le Curé. - Le ciel de l'Italie, les palais et les cathédrales ne m'ont point fait éprouver une aussi grande émotion que lorsque j'ai cru voir saint Pierre, le prince des Apôtres, sous la figure auguste de Sa Sainteté Léon XIII.

M. A. - Le Pape a de grands pouvoirs et de grands privilèges...

M. le Curé. - Ils sont divins, c'est Jésus qui les lui a donnés comme successeur de saint Pierre.
Cet apôtre a occupé toujours le premier rang, il a reçu le droit de gouverner les autres. Sa primauté est double : primauté d'honneur et primauté de juridiction (1).

M. A. - Quel rapport cela a-t-il avec la Papauté ?

M. le Curé. - Saint Pierre, pape à Rome pendant 25 ans a transmis ses pouvoirs à ses successeurs.

M. A. - J'ai entendu contester l'authenticité de ce Pontificat et des pouvoirs de saint Pierre tels que vous les interprétez.

M. le Curé. - Ce sont les protestants. Ces hérétiques qui disent toujours avoir la Bible à la main feraient bien de méditer cette déclaration de Notre Seigneur :
« Tu es Pierre, et sur celle pierre Je bâtirai mon Église (2). »
Cette parole est claire. La base de l'Église chrétienne est une pierre inébranlable, et cette pierre, c'est en réalité saint Pierre.

M. A. - Je comprends autrement cette promesse si nette ; peut-être serez-vous de mon avis. L'Église catholique romaine se dit-elle église de saint Pierre ou église chrétienne ?

M. le Curé.. - Elle s'appelle avec fierté : Église chrétienne.

M. A.. - Donc, elle reconnaît par là que la base inébranlable sur laquelle elle est bâtie, c'est Jésus-Christ et non saint Pierre.

M. le Curé. - Je le reconnais, mais...

M. A.. - Encore une question. Des deux titres que porte le Pape : successeur de saint Pierre et vicaire de Jésus-Christ, lequel est le plus grand ?

M. le Curé. - Je le sais bien !

M. A. - Vous constatez encore vous-même que l'Église chrétienne est bâtie sur le Christ, et non sur son disciple.

M. le Curé. - J'hésite à vous suivre dans les subtilités du raisonnement, je n'accepte de discuter qu'avec mon Paroissien. Il vous prouvera que la pierre sur laquelle le Christ a établi son Église, c'est Simon Pierre. Je ne sors pas de là.

M. A. - Saint Paul aura plus d'autorité que moi. Il écrivait aux Corinthiens :
« Nos pères.... ont bu tous le même breuvage mystérieux : car ils buvaient de l'eau de la pierre mystérieuse qui les suivait, et cette pierre était Jésus-Christ (3). »

M. le Curé. - C'est une comparaison assez obscure, et vous connaissez le dicton : Comparaison n'est pas raison.

M. A. - L'opinion de saint Pierre aura plus de poids.
« Nous déclarons - dit-il - que cet homme qui paraît devant vous a été guéri au nom de Jésus de Nazaret, Notre Seigneur, que vous avez crucifié et que Dieu a ressuscité. C'est cette pierre qui a été rejetée par vous qui bâtissiez, et elle est devenue la principale pierre de l'angle. Et il n'y a point de salut par aucun autre car nul autre nom sous le ciel n'a été donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés (4).

M. le Curé. - Si donc Jésus est la pierre fondamentale de l'Église, de l'aveu même de saint Pierre, quel sens donnez-vous à cette parole :
- Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église ?

M. A. - La pierre dont parle Jésus, le roc inébranlable contre lequel les puissances infernales se briseront, c'est la déclaration admirable de l'Apôtre qui précède les paroles de Notre Seigneur :
« Vous êtes le Christ, le Fils dit Dieu vivant ! (5). »

M. le Curé. - Il faudrait pour cela que dans le latin le substantif que l'on traduit par pierre fût au féminin.

M. A. - C'est ce qui arrive en effet :
« Tu es Petrus (masculin) et super hanc petram (féminin) oedificabo ecclesiam meam. »

M. le Curé. - L'interprétation de l'Eglise catholique romaine s'appuie sur la tradition unanime des Pères.

M. A. - Je vous conseille de consulter Origène, saint Chrysostome, saint Hilaire de Poitiers, saint Augustin, saint, Cyrille d'Alexandrie, Theodoret.... Vous les verrez interpréter ce passage comme je l'ai fait.

M. le Curé. - À quelle époque a-t-on détourné, selon vous, le sens de la promesse de Jésus à Pierre ?

M. A. - Au VIIe siècle, d'accord avec le pape Agathon (680).

M. le Curé. - Si votre opinion est vraie, elle ne peut empêcher toutefois de reconnaître la primauté de saint Pierre. Il est toujours placé le premier quand les Évangiles citent les apôtres. Mathieu, par exemple, dit :
« Or voici les noms des douze apôtres : le premier  Simon appelé Pierre ... (6). »

M. A. - Ceci ne reconnaît point à cet apôtre une double primauté d'honneur et de juridiction.

M. le Curé. - La preuve ?

M. A. - C'est que l'apôtre n'a jamais occupé une place unique dans l'Église des premiers siècles.
La prédication de l'Évangile lui a été confiée au même titre que les autres apôtres ; il a évangélisé la Samarie non de sa propre autorité, mais sur l'invitation des autres disciples ; il fut obligé de rendre compte de sa conduite à Césarée devant l'Église de Jérusalem ; il ne présida pas l'élection des sept diacres ; il ne dirigea pas le premier grand concile chrétien de Jérusalem, c'est saint Jacques ; son nom même n'est pas mentionné dans la première Encyclique, résultat du concile ; dans I'Eglise de Jérusalem, il n'occupe que le deuxième rang ; son ministère est considéré comme l'équivalent de celui de saint Paul ; à Antioche, où il ne marchait pas de droit pied, saint Paul lui résista en face (7).

M. le Curé. - Vous mettez la Parole de Dieu en contradiction ; elle nous dit que saint Pierre est le premier des apôtres, et vous venez de me montrer qu'il ne l'a pas été !

M. A. - Je laisse toujours à l'Écriture sa parfaite intégrité ; c'est pourquoi, au lieu d'attribuer à Simon Pierre une double primauté d'honneur et de juridiction, je lui laisse le rang qu'elle lui donne, de premier entre ses égaux, primus inter pares.

M. le Curé. - Vous allez être fort embarrassé pour expliquer le pouvoir des clefs donné par Jésus à Simon Pierre :
« Je te donnerai les clefs du royaume des cieux, et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux (8). »

M. A. - Mon embarras sera moins grand si nous nous entendons sur l'exercice de ce pouvoir. En quoi consiste-t-il ?

M. le Curé. - Les protestants, gênés par ce passage, disent que le pouvoir des clefs, c'est..... la prédication de l'Évangile ! Toute âme, disent-ils, liée à Christ sur la terre par la prédication de l'Évangile sera de même liée au ciel ; toute âme déliée de Satan et du péché par cette même prédication, sera reçue au ciel comme déliée de ses chaînes... On ne peut être plus puéril pour ne pas dire plus ! L'Eglise catholique, apostolique et romaine donne au pouvoir des clefs toute son ampleur ; Pierre devait être sur la terre un maître qui pût, à son gré, ouvrir ou fermer les cieux aux autres hommes (9).

M. A. - Remarquez en premier lieu qu'un pouvoir égal à celui de saint Pierre fut donné à tous les apôtres :
« En vérité, je vous le dis : tout ce que vous lierez sur la terre, sera lié aussi dans le ciel, et lotit ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel (10). »
Le pouvoir des clefs n'est donc pas le privilège exclusif de saint Pierre.

M. le Curé. - Je vous l'accorde.

M. A. - Et que diriez-vous si ce même pouvoir était délégué à tous les fidèles ?

M. le Curé. - Je dirais..., je dirais..., c'est une hérésie protestante !

M. A. - L'hérétique alors, ce sera Notre Seigneur. Après sa résurrection, il dit aux Fidèles assemblés :
« Recevez le Saint-Esprit ; les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez (11). »

M. le Curé. - Mais il s'agit toujours ici des onze disciples !

M. A. - Il s'agit des onze, augmentés des deux d'Emmaüs et des autres disciples, en nombre indéterminé :
« Les disciples d'Emmaüs se levant à l'heure même, ils retournèrent à Jérusalem, où ils trouvèrent les onze apôtres avec les autres disciples assemblés qui leur dirent : Le Seigneur est ressuscité (12). »

M. le Curé. - Alors, croyez-vous que tout le monde a le pouvoir, à son gré, d'ouvrir ou de fermer, les portes du ciel ?

M. A. - L'interprétation que vous défendiez tout à l'heure entraînerait cette conséquence inacceptable ; mais la difficulté cesse lorsque nous disons : tout fidèle disciple de Jésus-Christ a le droit de prêcher l'Évangile ; le véritable pouvoir des clefs ne peut être autre chose.

M. le Curé. - Voici mon Paroissien ; je me déclare entièrement de votre avis si vous y trouvez une seule ligne qui vous approuve.

M. A. - Lisez vous-même à cette page...

M. le Curé. - « Jean et Paul ... sont les deux oliviers plantés devant la demeure du Seigneur comme deux candélabres qui brûlent en sa présence ; ils ont reçu le pouvoir de fermer et d'ouvrir les portes du ciel, car leurs langues sont devenues les clefs du royaume des cieux... » (13).

M. A. - Qu'en dîtes-vous ?

M. le Curé. - Je n'avais jamais réfléchi à cela... Il n'est nullement parlé de saint Pierre. que l'on représente seul avec les clefs du Paradis... ; leurs langues, c'est évidemment de la prédication de l'Évangile dont il s'agit... Vous avez raison.

M. A. - Nous n'avons encore rien dit de la succession apostolique qui dérive de la primauté de saint Pierre.

M. le Curé. - Cet apôtre devait posséder, malgré vos dires, de très grands pouvoirs, puisqu'il les a légués au pape.

M. A. - C'est la tradition qui l'affirme, et non l'Évangile.

M. le Curé. - Je le sais ; mais ces traditions sont respectables, tant par leur ancienneté que par la dignité de leurs auteurs. Ce sont elles qui établissent d'une manière irréfutable le Pontificat de saint Pierre à Rome pendant 25 ans.

M. A. - Basez-vous sur ce ministère l'institution de la Papauté avec tous ses privilèges et ses pouvoirs étendus ?

M. le Curé. - Sans le moindre doute. Cet édifice est d'une solidité telle, que les coups répétés des protestants ne l'ébranleront jamais. J'ai vu à Rome, au Vatican, la chaire où prêcha saint Pierre, les colonnes où il fut flagellé avec saint Paul, la pierre sur la Voie Appienne où est marquée l'empreinte du pied du Seigneur lorsqu'il apparut à son apôtre pour lui dire de ne point quitter la ville, les chaînes qui ont serré ses mains et ses pieds à Jérusalem et à Rome, soudées miraculeusement, j'ai vu la prison Mammertine et le lieu de sa crucifixion....

M. A. - Vous avez admiré de grandes choses !
Mais je suis un sceptique endurci sur le chapitre de ces reliques. Le père Tillemont, le cardinal Baronius, et d'autres écrivains catholiques romains ne cachent pas leurs doutes sur l'authenticité de la chaire ; les colonnes découvertes seulement en 1563 appartiennent aux ruines du mausolée de Scipion l'Africain ; l'apparition de Jésus est problématique ; la soudure de la chaîne d'Hérode avec celle de Néron est une pieuse légende ; la prison Mammertine ne servait qu'aux condamnés politiques ; et l'on montre à Rome plusieurs endroits pour la crucifixion.

M. le Curé. - Plusieurs prêtres libéraux qui m'accompagnaient m'ont dit tout cela à Rome..... Ma conviction s'est plutôt établie sur le consentement unanime des Pères.

M. A. - Vous allez me parler du pape Clément qui vivait au premier siècle.

M. le Curé. - Non, son témoignage manque de précision ; il ne dit pas que saint Pierre est mort à Rome.

M. A. - Vous avez encore saint Ignace, au commencement du second siècle.

M. le Curé. - Je ne puis le citer : on conteste l'authenticité du passage invoqué.

M. A. - Citerez-vous alors saint Denis ?

M. le Curé. - Précisément. Il nous dit que saint Pierre et saint Paul ont planté ensemble l'église de Corinthe, qu'ils l'ont enseignée ensemble, qu'ils ont prêché ensemble en Italie, et qu'ils ont souffert ensemble le martyre (14).

M. A. - Il y a une erreur grave dans le témoignage de saint Denis : l'église de Corinthe a été fondée par l'apôtre saint Paul, tout seul, et non « ensemble », avec saint Pierre, en outre.....

M. le Curé. - Cela est vrai, mais j'ai encore le fragment de la prédication de saint Pierre à Rome rapporté par saint Cyprien.

M. A. - Je le connais, malheureusement il se trouve dans le traité De non iterando Baptismo qui n'est pas de saint Cyprien.

M. le Curé. - Je ne puis le nier ; j'ai gardé pour la fin une autorité de premier ordre que vous ne récuserez pas.

M. A. - C'est de saint Irénée et de Tertullien dont vous voulez parler ; leur témoignage a quelque valeur, mais il nous transporte au troisième siècle après les événements.

M. le Curé. - ilsplacent d'un commun accord le martyre de saint Pierre à Rome (15).

M. A. Nous allons admettre pour un instant que leur témoignage est exact, cela facilitera notre discussion. Selon ces auteurs, à quelle époque saint Pierre a-t-il subi le martyre ?

M. le Curé. - Sous Néron, en l'an 66.

M. A. - Si nous déduisons de ce nombre les vingt-cinq années de son pontificat, nous daterons de l'an 41, l'arrivée de saint Pierre à Rome.

M. le Curé. - On ne peut être plus exact.

M. A. - Or, c'est de cette année, ou même de l'an 43, que date la persécution d'Hérode, et saint Pierre était à Jérusalem.

M. le Curé. - Comment cela ?

M. A. - Le livre des Actes des Apôtres nous dit :
« Le roi Hérode se mit à persécuter. quelques-uns de l'Eglise. Il fit mourir par le glaive Jacques, frère de Jean. Et voyant que cela plaisait aux Juifs, il fit aussi prendre Pierre (16). »

M. le Curé. - Vous avez raison, il s'agit ici d'Hérode Agrippa I, mort en 41 après Jésus-Christ... Mais si la persécution contre saint Pierre eut lieu au début de l'an 41, cet apôtre pouvait être à Rome vers la fin de l'année.

M. A. - En quelle année mourut la Vierge Marie ?

M. le Curé. - En l'an 43. Mais cela n'a aucun rapport avec la question qui nous occupe.

M. A. - Je vous demande pardon, le cardinal Baronius nous dit que tous les apôtres étaient auprès d'elle, sauf Thomas, qui arriva trois jours en retard (17).

M. le Curé. - Saint Pierre avait dû venir de Rome pour ce grand événement.... Mais au fond vous discutez pour une année ou deux.

M. A. - Vous verrez que non. Le livre des Actes des Apôtres (18) raconte que l'empereur Claude avait ordonné à tous les Juifs de sortir de Rome. Ce décret fut très rigoureusement appliqué, jusqu'en l'an 17. Saint Pierre, en tant que Juif, ne pouvait donc s'asseoir encore sur le trône pontifical .....

M. le Curé. - Cela est vrai ! Même une note de l'abbé Glaire retarde la date de cet édit jusqu'en l'an 50 ou 51. Où devait donc être saint Pierre ?

M. A. - À Babylone, capitale de la Chaldée, d'où il écrivit sa première épître vers l'an 45.

M. le Curé. - Il faut savoir lire ! Lorsque saint Pierre dit : « L'Église qui est dans Babylone, élue comme vous, et Marc, mon fils, vous saluent » (19), ou doit comprendre la ville de Rome d'où l'Apôtre écrit cette lettre.

M. A. - Savez-vous à quelle époque on a commencé à donner à Rome l'épithète de « Grande Babylone ? »

M. le Curé. - Après l'apparition de l'Apocalypse de saint Jean.

M. A. - Eh bien, cet écrit date de la fin du premier siècle, donc saint Pierre en écrivant Babylone, en l'an 45, ne pouvait pas avoir en vue la capitale de l'empire romain, mais plutôt la capitale de la Chaldée où il se trouvait.

M. le Curé. - Je ne puis rien dire, si ce n'est vous rappeler le témoignage d'Irénée et de Tertullien ; ils affirment que saint Paul et saint Pierre ont prêché ensemble à Rome.

M. A. - Si les faits concordent, j'accepte. En quelle année saint Paul a-t-il foulé pour la première fois le sol romain ?

M. le Curé. - À la fin de l'an 60 ou au printemps de 61, après la captivité de Césarée... Il a dû y trouver saint Pierre qui y était venu au moins après l'édit de Claude vers l'an 50.

M. A. - Lorsque saint Paul écrivit de Corinthe son épître à l'église de Rome vers l'an 58 ou 59, il ne fait pas saluer Pierre, et ce ne peut pas être un oubli puisqu'il cite par leurs noms 27 membres de cette église (20).

M. le Curé. - Il lui avait peut-être écrit une lettre particulière.

M. A. - Quand saint Paul est prisonnier à Rome il reçoit pendant deux ans la visite des frères chrétiens : celle de Pierre n'est jamais mentionnée (21).

M. le Curé. - Cet oubli est regrettable.

M. A. - Prisonnier de Néron, près de mourir, saint Paul écrit à Timothée que les principaux de l'Eglise l'ont abandonné
« Luc SEUL est avec moi », dit-il (22).
N'était-ce point le moment de parler de saint Pierre qui, selon la tradition, était captif comme lui ?

M. le Curé. - Saint Paul pouvait l'ignorer...

M. A. - Il savait cependant quel était l'évêque de Rome à ce moment...

M. le Curé. - C'était Saint Pierre...

M. A. - Je regrette de vous dire que c'était Linus...

M. le Curé. - Où avez-vous lu cela ?

M. A. - En premier lieu dans une épître de Paul, il salut Timothée de la part de Linus et de Claudie.
En second lieu, Eusèbe et Irénée nous disent - « Les saints apôtres Pierre et Paul ont fondé l'Église et remis à Linus la charge d'évêque. C'est lui qui fut le premier évêque auquel succède Anaclétus, puis, en troisième lieu, Clément (23). »

M. le Curé. - Je suis d'avis que saint Pierre étant à Rome, le silence de l'Apôtre des Gentils ne s'explique que par un différend qui avait dû se produire entre eux et auquel le reproche d'Antioche ne serait point étranger...

M. A. - Je ne puis vous approuver, saint-Pierre proteste contre vos paroles :
« Croyez, dit-il, que la longanimité de Notre Seigneur est un moyen de salut, comme notre très cher frère Paul lui-même vous l'a écrit selon la sagesse qui lui a été donnée. » (24).

M. le Curé. - Vous avez de sérieux arguments contre le Pontificat de 25 années, de saint Pierre à Rome. S'il y est allé, c'est pour y mourir peu après son arrivée... Mais je ne comprends pas pourquoi il n'aurait pas occupé le trône pontifical pendant un quart de siècle !

M. A. - La raison est bien simple, saint Pierre a obéi à son Maître qui avait dit :
« Allez, évangélisez toutes les nations. »
Si l'apôtre saint Pierre était resté dans une seule ville, Rome, il ne serait pas allé dans le monde pour évangéliser les nations... Nous l'avons vu en Asie, c'était plutôt sa place : il a donc obéi.

M. le Curé. - L'Angelus sonne... il est temps de nous séparer... j'ai encore bien des choses à vous demander, au revoir, à bientôt !


(1) Exp. Cat. Clerm., p. 87. 

(2) Math. 16-18. P. R. Le 29 juin, saint Pierre et saint Paul, p. 765.

(3) I Cor. X-4. P. R. Le dimanche de la Septuagésime, p. 273.

(4) Actes des Apôtres 4-11. P. R. La fêle du S. Nom de Jésus, p. 257.

(5) Math. 16-16, 29 juin. Saint Pierre et saint Paul, p. 765. 

(6) Math. 10-2. Voyez Marc 3-16 ; Luc 6-14 ; Actes 1-13.

(7) Marc 16-14 à 15, P. R., Ascension de N. S. J.-C., p. 382 ; Actes 8-14 à 22 ; Actes 11-3 à 4 ; Actes 6-1 à 6 ; Actes 15 ; Galates 2-9 à 21, R. P., le 25 janvier, La conversion de saint Paul, Graduel, p. 627. 

(8) Matth. 16-19, P. R., Saint Pierre et Saint Paul, p. 765.

(9) Exp. Cat. Clerm., p. 87.

(10) Matth, 18-18, P. R., Commun des Apôtres hors le temps pascal, Hymne, p. 190.

(11) Jean 20-23, P. R., Le Dimanche de Quasimodo, p. 361. 

(12) Luc 24-23, P. R., Le Lundi de Pâques, p. 355.

(13) P. R., le 26 juin, Saint Jean et Saint Paul. A Magnificat, p. 759.

(14) Cité par Eusèbe. Hist. Eccl. Liv. Il. 25.

(15) Saint Irénée. Adv. Hoeres. Ill. 1. - Tertull. Proescrip. 36.

(16) Actes des Apôtres, 12/1 à 4. 29 juin. Saint Pierre et Saint Paul, p. 764. 

(17) Baronius. Annales, an 43. 

(18) Actes, 18/2.

(19) I Pierre, 5/13 Abbé Glaire. Note. 

(20) Ep. aux Rom. 16

(21) Actes 28-15 à 31

(22) Il Tim. IV, 11.

(23) Irénée III, 5, 3 ; Eusèbe, Hist. eccl., III, 2.

(24) Il Pierre 3-15.
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