Cantiques N°, 104 et 105.
L'enfance de Jésus. - Nous savons
bien peu de chose de l'enfance de
Jésus ; et nous en savons beaucoup.
Nous ne connaissons pas les menus faits, les petits
événements, mais
l'évangéliste nous a gardé le
souvenir de ce qui est bien plus important. Ce
qu'il nous dit de Jésus, comme enfant, toute
la vie du Sauveur le confirme : « Le
petit enfant grandissait et se fortifiait,
étant rempli de sagesse, et la grâce
de Dieu était sur lui. »
(Luc
2 : 40.) Il y a dans cette
brièveté émouvante, tout le
cadre de la vie ; et
l'évangéliste nous montre
Jésus se développant normalement, ce
qui ne signifie nullement comme les autres, Car le
développement normal est bien rare. Il y a
des enfants vigoureux, qui semblent employer toutes
leurs forces à grandir et à
grossir ; d'autres, chez qui l'intelligence
prend le dessus, aux dépens du corps et
parfois du coeur ; en Jésus, rien de
pareil. Il grandit physiquement, intellectuellement
et moralement. Son corps se développe, comme
il convient à un enfant sain et
vigoureux ; son intelligence s'ouvre et
s'enrichit de tout ce qu'il apprend et de tout ce
qu'il voit ; enfin, sous l'influence d'une
famille pieuse et avec l'aide de la grâce
d'en haut, son âme s'épanouit dans la
crainte de Dieu et sous le rayonnement de son
amour.
Voilà ce que nous dit le verset 40
que nous avons cité et ce
que répète le verset 52 :
« Jésus
croissait en sagesse, en stature et en grâce,
devant Dieu et devant les hommes. »
(Stature, le corps ; sagesse,
l'intelligence ; grâce,
l'âme.)
Quant au reste nous en sommes
réduits aux suppositions. L'enfance de
Jésus a été celle des enfants
de son temps.
Il est allé à l'école de Nazareth et a appris
à lire dans ce merveilleux livre, plein de
récits magnifiques, qu'est la Bible :
les prophètes, la Loi, les récits de
l'histoire d'Israël. À l'atelier de
Joseph, il a appris le métier de
charpentier. Ses combourgeois de Nazareth
l'appellent « le charpentier »
(Marc
6 : 3) ; ce qui
signifie bien qu'il avait exercé ce
métier au milieu d'eux. « Chez les
Juifs, on disait d'un père qui ne faisait
pas apprendre un état à son fils
qu'il lui apprenait à voler. »
(Frédéric Godet.) Combien de
pères imprudents et désireux de voir
leurs enfants gagner de l'argent dès qu'ils
sortent de l'école ; on néglige
ainsi de faire un apprentissage et l'on se
prépare toute une vie de misère et de
difficultés. Nul n'ignore que pour savoir
quelque chose, il faut l'avoir appris, et un
métier doit s'apprendre. Il y a, pour les
moins fortunés, des bourses et des subsides
d'apprentissage. Chacun devrait savoir quelque
chose, afin d'être capable, non seulement de
gagner, mais de remplir
utilement sa vie ; ceci dit pour les riches,
comme pour ceux qui ne sont pas des
privilégiés.
Marie, la mère pieuse et douce, a
enseigné enfin au petit enfant à
craindre et à aimer Dieu ; c'est
avec elle qu'il a prié dans le silence de
leur demeure et qu'il a commencé à
entrer en relations avec ce Père
céleste, qu'il trouvera plus près de
lui encore lors de son voyage à
Jérusalem et duquel il dira plus tard :
« Je fais toujours ce qui lui est
agréable. » (Jean 8 29.)
« Moi et le Père, nous sommes
un. »
(Jean
10 30.)
N'oublions pas, enfin, le livre
de la
vie et de la nature, ouvert devant ses yeux et
dans lequel il savait lire si
profondément ; ce livre
étalé devant tous, mais que beaucoup
négligent. Jésus observait ceux qui
travaillaient autour de lui : la
ménagère mettant le levain dans la
pâte, le semeur jetant le grain dans les
sillons. Il parcourait la campagne et admirait au
loin les cimes des montagnes, l'Hermon blanc de
neige, le Carmel où Elie avait lutté
seul contre les prophètes de Baal, et il
connaissait les lieux voisins et
célèbres de l'histoire de son peuple.
Les fleurs et les bêtes étaient ses
amies. Nous ne sommes donc pas surpris que, plus
tard, sans avoir passe par les écoles
savantes de Jérusalem, il ait si bien connu
la Parole de Dieu qu'il étonnait les
rabbins, et parlé un langage si
coloré et si vivant, que les simples
disaient « Jamais homme n'a parlé
comme cet homme. »
(Jean
7 46.)
La Pâque à
Jérusalem. - C'est ainsi que se
passèrent les douze premières
années de la vie de Jésus.
L'entrée dans la treizième
année marquait le moment où le jeune
Israélite devenait membre de la
communauté religieuse. Nous rencontrons
là une coutume qui nous est bien connue,
celle de la
« réception, » De
même que le catéchumène qui a
achevé son instruction religieuse, et qui
atteint chez nous sa quinzième ou
seizième année, est admis dans
l'Eglise, le jeune Israélite entrait
à douze ans dans la communauté
religieuse de sa localité ; il allait
pouvoir faire la lecture des écrits
sacrés à la synagogue et devait
remplir les devoirs religieux du Juif pieux et
fidèle.
Or ses parents étaient de
ceux-là. Ils se rendaient, non seulement
chaque sabbat à la synagogue, mais, lors de
la fête de Pâque, ils montaient
à Jérusalem pour prendre part aux
cérémonies du Temple et de la foule
réunie dans la ville sainte.
Quel bel exemple nous donnent Joseph et
Marie ; et quel beau témoignage rendu
à Jésus, quand on nous dit, plus
tard, qu'il entra à la synagogue de Nazareth
« selon sa coutume » (4 :
16). Peut-on dire de tous nos enfants, de tous ceux
qui assisteront à cette leçon, qu'ils
sont venus à l'école du dimanche
« selon leur coutume » ?
Il y en a qui sont réguliers, attentifs, qui
aiment à prendre place dans leur groupe et
tiennent à savoir exactement,
fidèlement, leur
« verset ». Mais combien
d'autres qui se laissent détourner par peu
de chose : ils dorment une fois trop
longtemps, une autre fois ils font leur toilette
trop lentement pour être prêts ;
ils se laissent entraîner par le soleil, par
un cortège qui passe, malheureusement,
à l'heure des cultes, par de mauvais
camarades peut-être. Comment, devenus grands,
auront-ils l'habitude d'assister au culte
public ? Souvent aussi, certainement, il
suffira de peu de chose pour leur faire
négliger leur prière
quotidienne.
Les parents de Jésus avaient tout
fait pour lui enseigner le respect de Dieu pour
rapprocher sa Jeune âme de celui qui
était son Père d'une manière
unique. Avec un sentiment d'émotion
profonde, il entreprit ce premier voyage
à Jérusalem avec la caravane des
Juifs zélés de Nazareth. Il marchait
avec les enfants de son âge, chantant des
psaumes ; et ce fut une vision inoubliable
pour lui que l'apparition de la ville
entourée de ses remparts, dominée par
le sanctuaire somptueux et sacré. Dans les
rues tout est mouvement ; une foule
énorme, bleu des fois plus nombreuse que la
population habituelle de la cité,
séjournait, à Jérusalem
pendant la semaine sainte. On y venait de toutes
les parties de la Palestine ; des Juifs
établis à l'étranger faisaient
aussi ce pèlerinage et s'y rencontraient
avec des païens attirés par la
curiosité. Les couleurs éclatantes
s'étalaient sur les vêtements, sous le
soleil d'Orient. Il y avait là de quoi charmer les
yeux d'un
enfant. Les cérémonies du culte ont
dû faire aussi impression sur le coeur de
Jésus ; mais son âme était
déjà habituée à servir
Dieu autrement, « en esprit et en
vérité »
(Jean
4 : 23). Il sera donc
attiré, séduit, beaucoup plus encore
par la parole, pleine d'expérience, des
docteurs et des sages, de ceux dont il connaissait
la piété exemplaire et dont il avait
peut-être appris à l'école
certaines paroles toutes
pénétrées de foi et de vigueur
morale.
Nous pouvons ainsi nous
représenter comment, dans cette foule,
Jésus a pu être séparé
de ses parents. Ceux-ci le croient avec ses
camarades on avec d'autres membres de leur famille.
Au bout de la première journée de
marche, ne l'ayant pas rencontré, ils
rebroussent chemin et rentrent à
Jérusalem, inquiets, se demandant comment
ils retrouveront, dans la foule, un jeune enfant de
douze ans. Ils le découvrirent, après
bien des recherches, « dans le temple,
assis au milieu des docteurs, les écoutant
et leur faisant des questions ; et tous ceux
qui l'entendaient étaient ravis de son
intelligence et de ses réponses »
(2 :
46, 47).
Là encore Jésus est un
« modèle des enfants. »
Il ne faut en effet, pas lui attribuer une attitude
qu'il n'a pas. Jésus n'est pas encore le
Maître qui enseigne « avec
autorité »
(Mat.
7 : 29) ; mais
beaucoup plus simplement, il est
l'élève qui apprend et qui veut
apprendre. Pour apprendre il faut savoir
écouter, être attentif et
reconnaître qu'on ne sait pas encore tout.
Combien d'enfants distraits et qui ne profitent
guère des leçons qu'on leur
donne ; il y en a même qui trouvent bien
ennuyeux ou bien inutile ce qu'on, leur enseigne.
S'étonnera-t-on qu'ils ne fassent pas de
progrès ? Jésus écoute
parce qu'il reconnaît la
supériorité de ceux qui parlent, et
l'importance de ce dont ils parlent. Il fait mieux
encore, il pose des questions ; il veut
être éclairé sur ce qu'il n'a
pas bien compris ou sur des problèmes qui le
préoccupaient et qu'il tient à
élucider. Il s'agit, ici, non de science,
mais de vie religieuse et morale. Et Jésus
qui reconnaît l'autorité de ces
vieillards, de ces rabbins respectables, met
à profit les heures précieuses
pendant lesquelles il lui est
permis de goûter un tel enseignement. Nos
enfants ne l'imiteront-ils pas aussi ? Ne
sauront-ils pas écouter respectueusement
ceux et celles qui viennent à eux avec tant
d'amour et dont l'enseignement a une si grande
importance ; ceux qui veulent diriger leur
coeur vers Dieu, ouvrir leur âme à
cette lumière qui ne vient pas d'eux, mais
qui éclaire les grands et les
petits.
Une dernière leçon se
dégage du dialogue engagé entre sa
mère et lui : « Ne
saviez-vous pas, dit-il, qu'il me faut être
occupé des affaires de mon
Père »
(2 :
49). Son père,
c'est-à-dire Dieu, Jésus n'est pas
encore le Messie, le Fils de Dieu ; il ignore
la destinée qui lui est
réservée et la tâche magnifique
pour laquelle Dieu le prépare. Mais il sait
déjà que la chose la plus
précieuse que possède un être
humain, c'est son âme et que le
bonheur le plus doux est de demeurer en communion
avec le Père céleste, de se confier
à sa main forte, de se soumettre à sa
volonté sage de marcher sous sa garde et son
inspiration.
Sans hésitation, ensuite, il suit
Joseph et Marie sur le chemin de Nazareth. De
retour dans sa patrie, il se recueille et se
rapproche toujours plus de son Père
céleste ; il se prépare à
sa mission lointaine ; mais il continue
à être l'enfant respectueux et
obéissant à ses parents :
« Il leur était
soumis. »
(Luc
2 : 51.)
Résumé. - Le titre de
notre leçon nous montre en Jésus le modèle des enfants.
Rappelons les
quelques traits que nous avons relevés, en
suivant Jésus à Nazareth et à
Jérusalem.
Il grandissait en stature.
La
nature s'en charge toute seule, semble-t-il,
pendant l'enfance ; pourtant, il est des
précautions d'hygiène à
observer et à respecter :
modération dans le manger (gourmandise et
gloutonnerie), propreté du corps, vie en
plein air, et mouvement.
Il croissait en sagesse.
Et nous
l'avons vu assis au pied des maîtres et
écoutant. On ne peut s'instruire sans
attention, sans effort, sans intérêt
et sans curiosité (il faisait des questions
).
Il a appris à travailler
de ses mains. Si Dieu ne l'avait pas appelé à une
autre tâche, il aurait accompli de cette
manière son devoir fidèlement et
utilement. Que nos enfants, - dont la
destinée sera modeste pour la plupart, - se
préparent au moins à la bien remplir.
On n'est indépendant que dans la mesure
où l'on sait un métier, où
l'on a une « vocation » bien
déterminée et bien suivie.
Il était soumis à
ses parents. Sa disparition à
Jérusalem n'est nullement un acte de
désobéissance, mais elle est
certainement due à des circonstances
fortuites ; à la foule de ces jours de
fête et à l'intérêt
ardent de Jésus pour l'enseignement des
docteurs de la religion. Car l'évangile lui
rend ce magnifique témoignage : il
était soumis à ses parents Soumission
faite de sentiments et d'actes : confiance,
respect, amour, et obéissance
active.
Enfin et surtout
« Jésus croissait en
grâce devant Dieu et devant les
hommes »
(Luc
2 : 52). Son âme
était ouverte à l'action d'en
haut ; il aimait Dieu ; il s'approchait
de lui, dans sa maison au jour du culte, et par la
prière solitaire, il cherchait en lui le
secours, les directions quotidiennes, l'appui de
chaque instant. Jésus, enfant dans une
petite ville juive, dans une modeste famille,
savait déjà ce qu'il proclamera plus
tard, quand il aura entendu l'appel de Dieu qui
l'avait élu pour sauver les hommes :
« Que servirait-il à un homme de
gagner le monde s'il perdait son âme ;
ou que donnerait l'homme en échange de son
âme ? »
(Marc
8 - 36.)
ROGER BORNAND.
Récapituler
leçon du 24
décembre. - Peu après sa
naissance, à Bethléhem,
Jésus fut emmené en
Égypte par ses parents, parce que
le roi Hérode voulait le faire
mourir : ils revinrent plus tard dans
le pays et allèrent demeurer
à Nazareth, où Joseph
travaillait comme charpentier
(Mat.
2). Jésus
enfant croissait et se fortifiait ;
peut-être lui arrivait-il, comme
à vous, d'être parfois malade
et soigné par sa maman ; la
Bible n'en parle pas, mais elle dit, ce
qui est bien plus important : Il
était rempli de sagesse, et la
grâce de Dieu était sur lui.
Elle en donne une preuve remarquable que
voici :
(Luc 2 : 40-52.)
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