Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

(24 DÉCEMBRE.)

Noël, naissance de Jésus.


Luc 2 : 1 -20.

Cantiques N°28 et 29.


Introduction. - La date de la naissance de Jésus ne petit être précisée d'après les documents que nous possédons. Il y a là des noms et des faits, qu'il n'est pas possible de concilier.

Matthieu (2 : 1) et Luc (1 : 5 et 26) parlent de la naissance de Jésus au temps d'Hérode le Grand, qui régnait en Judée, sous la suzeraineté de Rome. Pompée avait pris Jérusalem en 63 avant Jésus-Christ, mettant fin au règne indépendant des princes juifs asmonéens. Ce n'était donc pas encore tout à fait une province romaine. La Palestine ne l'est devenue qu'en l'an 6 après Jésus-Christ, à la mort d'Archélaüs, fils d'Hérode. C'est alors que Quirinius devint gouverneur de cette partie du pays.

Nous, ne voulons pas nous arrêter à discuter ces événements. Jésus est né au temps de l'empereur Auguste (Luc 2: 1), probablement à une date antérieure à celle de laquelle part Père chrétienne et notre manière de compter le temps (Hérode le Grand est mort, en effet', en l'an 4 avant Jésus-Christ.)

Le règne d'Auguste fut brillant. Il connut de longues périodes de paix, pendant lesquelles le Temple de Janus, qu'on ouvrait seulement lors d'une déclaration de guerre, demeura fermé. « C'est au milieu de ce silence des armées, dit Victor Duruy, que naquit Celui dont la parole allait mettre ait ciel un seul Dieu, et sur la terre un seul dogme, la charité. » Mme Selma Lagerlöf, le célèbre écrivain suédois, a écrit un conte très poétique à ce sujet dans « Les liens invisibles » (p. 148 : la Vision de l'Empereur) : « Alors il arriva qu'une très grande et très sainte nuit tomba sur la terre.... Comme les ténèbres, le silence et le calme étaient profonds. Les fleuves s'étaient arrêtés dans leur cours ; le vent ne soufflait pas ; les feuilles même des trembles avaient cessé de trembler.... Tout était pétrifié et comme immobile pour ne pas troubler la nuit sainte. L'herbe n'osait croître ni la rosée tomber, ni les fleurs exhaler leur parfum.

« À Rome, cette nuit-là, un petit cortège s'en allait du palais impérial vers le Capitole. C'était l'empereur, avec quelques gens de confiance. On parlait d'élever un temple à Auguste sur la colline sacrée ; et celui-ci voulait consulter les dieux pour savoir s'ils agréaient ce projet. Mais, tandis que le César essaie vainement de sacrifier ses colombes, qui s'échappent, la Sibylle, la vieille et redoutable prophétesse, immobile non loin de là, regardait à travers l'espace vers un lieu très lointain, où, dans les champs paissaient des troupeaux et sur lequel, dans la nuit, des vols d'anges mettaient de la lumière et des chants.

Et quand, brusquement troublée dans sa vision par les éclats de voix de ceux qui croyaient avoir reçu enfin un présage favorable au projet de déifier l'empereur, elle se tourne vers Auguste, c'est pour lui montrer, tout là-bas, dans l'infini de l'espace, une étable, quelques bergers et une mère qui tient son petit enfant sur ses genoux : « Ave Caesar ! dit-elle. Voici le Dieu qui sera adoré sur le sommet du Capitole. » Et lentement elle s'éloigna dans la nuit. »

L'espérance. - Nous venons de voir, dans les leçons précédentes, comment le peuple juif était rentre dans sa patrie, après le long exil en Babylonie et la rude épreuve qui avait suivi les séculaires défaillances. Nous avons écouté les hymnes d'allégresse des prophètes et suivi les cortèges qui revenaient vers Jérusalem, tandis que palpitaient dans les coeurs les plus lumineux espoirs de bonheur, de paix, de liberté, de fidélité aussi à l'Éternel. Mais ces espoirs ne se réalisèrent guère. Le règne d'un prince indépendant n'eut que peu de durée, sous les Asmonéens. Pendant les cinq siècles qui vont du retour de l'exil à la naissance de Jésus, les Juifs restèrent sous la domination étrangère des Perses, puis des Grecs et des princes syriens ; et nous venons de rappeler la prise de Jérusalem par Pompée en 63 avant Jésus-Christ. Aussi, de plus en plus, se dessinait la vision du Messie, du roi agréable à l'Éternel, qui devait enfin réaliser toutes les espérances, déçues tant de fois, mais qui renaissaient toujours plus vivaces, plus grandioses aussi. Ils étaient nombreux ceux qui, comme le vieillard Siméon, attendaient « la consolation d'Israël » (Luc 2 : 25).

Ils attendaient, certainement, autre chose que ce que Dieu leur a donné. Coloré par les souvenirs du passé, du temps de David et de Salomon, leur espoir leur parlait d'indépendance nationale, de gloires terrestres, de succès immédiats, de sainteté morale et de fidélité religieuse aussi. C'est ainsi que beaucoup furent déçus et ne reconnurent point en Jésus le Messie promis et attendu. Ils se détournèrent de lui ; les uns pour chercher et attendre un Messie plus conforme à leurs désirs, les autres pour se contenter de ce qu'ils avaient et en jouir le mieux possible.

La réalisation est si différente de leurs rêves ! Ce fils de David, car Jésus est bien de la race royale, n'est qu'un descendant pauvre d'une grande famille déchue. il va naître dans une grotte servant d'étable à quelque caravansérail ouvert à tous ; il n'aura pas de cour vêtue de brillantes couleurs et d'étoffes précieuses pour saluer sa naissance. Des bergers, gardant leurs troupeaux en pleine campagne, viennent seuls se prosterner à l'entrée de la grotte. Et quand il aura grand"], quand il cherchera à grouper son peuple autour de lui, il ne voudra le gagner que par l'amour et par la sainteté de sa vie. La liberté qu'il apporte, c'est celle de l'enfant de Dieu, quittant l'esclavage du péché pour se mettre an service du Père céleste et se laver dans les eaux de la miséricorde divine. Jésus acceptera le titre de roi de la bouche de Pilate, qui va le condamner, et faire graver en même temps ce titre au-dessus de sa croix ; mais il ajoute aussitôt : « Mon royaume n'est pas de ce monde. »

Quelle majesté royale, pourtant, dans le récit de Luc ; dans cette nuit auguste, qui annonce la naissance du petit enfant, du Sauveur du monde ! Dans l'air calme, des voix se font entendre, des anges sont là qui disent aux hommes : « Ne craignez point, car je vous annonce une grande joie.... »

Ne craignez pas! Quoi ? Les bergers tremblent devant le mystère qui les environne et la grandeur du spectacle qui s'offre à leurs yeux. Ils tremblent aussi, comme un jour Esaïe, parce qu'ils contemplent j'immensité de la sainteté et de l'amour de Dieu et qu'ils se sentent en face d'elle petits, faibles, pécheurs. La lumière est toujours redoutable à celui qui fait mal et quel est le coeur humain qui oserait affronter la lumière du Soleil de justice, sans se revêtir du « vêtement de noce », du pardon que Jésus apportait au monde ?

Nous comprenons la crainte qui trouble le coeur des bergers. Une émotion profonde nous saisit quand nous lisons ce récit, toujours magnifique et toujours nouveau. Nous partageons les sentiments qui agitaient leur âme en entendant chanter les anges « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, paix sur la terre... » ; et, comme à Moïse, une voix nous dit : « Ôte tes souliers de tes pieds, car le lien où tu te tiens est une terre sainte » (Exode 3 : 5) quand sur les pas des bergers, nous approchons de l'étable où se tiennent Joseph, et Marie, et le petit enfant.

Noël 1916. - Mais il y a autre chose en nous que ce saint émoi en présence d'un événement, qui rapproche si intimement le ciel et la terre. Notre crainte et notre tremblement s'expliquent pour d'autres raisons encore. Et si nous détournons nos regards de la lumière qui resplendit sur les champs de Bethléhem, ce n'est pas seulement parce qu'un regard mortel ne supporte pas un tel éclat. Comme Esaïe et avec plus de raison que lui encore, nous pouvons dire : « Malheur à moi ! Je suis perdu car mes lèvres sont impures et je demeure au milieu d'un peuple dont les lèvres sont souillées et mes yeux ont vu le Roi. » (Esaïe 6 : 5).

Au moment où nous écrivons ces lignes, nous regardons seulement du côté de Noël, qui est encore loin. C'est une claire et douce journée de septembre. Depuis deux ans et deux mois, la guerre fait rage. Les hommes ont tué des milliers, des centaines de milliers de leurs semblables. Ils ont haï, ils ont menti. Même ceux qui se réunissent habituellement autour de l'arbre lumineux qui rend plus solennel l'anniversaire de la naissance du Christ, n'ont pas su dire, ni avant, ni pendant la catastrophe, les paroles d'amour. Regardez encore l'image qui orne le calendrier des Écoles du dimanche de 1916 : Jésus, le petit enfant de Noël, le Crucifié du Calvaire, le Fils de Dieu, descend une colline vers un champ de carnage ; au-dessus des cadavres on a inscrit la parole : « Aimez-vous les uns les autres. »

Comment célébrerons-nous Noël ? Ce Noël 1916 sera-t-il semblable à ceux de 1914 et de 1915 ? La guerre encore, avec ses morts, ses douleurs et ses crimes ! Et nous n'aurons pas même le spectacle, que nous pouvons rappeler à nos enfants, du premier Noël de guerre, où, des tranchées ennemies des soldats sortirent pour fraterniser ; ils n'étaient plus ennemis, ce jour-là ; ils se souvenaient pour un instant qu'ils étaient frères en Christ et enfants d'un même Père céleste. Les commandants d'armée ont maintenant interdit ces manifestations, décidément trop peu conformes à ce qu'on attend de la guerre.

Que sera Noël 1916 ? Nous ne pouvons pas le dire. Ah si nous pouvions alors célébrer la paix. Si, vraiment, nous entendions de nouveau le chant des anges : Gloire à Dieu au plus haut des cieux. Paix sur la terre parmi les hommes de bonne volonté. Car nous gardons la vieille traduction de la Bible latine : Et in terra pax hominibus bonne voluntatis.

Quelle que soit la situation extérieure et, si comme il le paraît, la guerre doit encore persister à Noël, le devoir reste le même. Nous devons réagir contre les passions belliqueuses., arracher les haines de nos coeurs, nous dresser contre tous les mensonges qui tourbillonnent autour de nous. Et cela aussi : concerne les enfants. Ils sont atteints par le fléau actuel ; ils souffrent indiciblement, pauvres innocents, dans les pays où les combats se livrent ; ailleurs ils partagent les passions ambiantes et imitent le langage violent qu'ils entendent autour d'eux ; ils remplissent leurs yeux des visions qu'ils contemplent aux devantures des magasins, où les cartes illustrées, et les revues, étalent des images qui les frappent et les attirent.

« Paix sur la terre parmi les hommes de bonne volonté, » voilà le message de Noël. Paix, parce que Dieu, en Jésus, rapprochait le monde de son coeur de Père et le réconciliait avec lui dans le pardon. La crainte du châtiment fait place alors au repentir et le pécheur se sent enfant du Dieu qui pardonne en Jésus-Christ.
Mais Paix aussi, parce que les hommes doivent chercher, procurer, aimer la paix. Les disciples de Jésus doivent être des hommes de paix, c'est-à-dire unir la justice et l'amour dans leurs coeurs, en se souvenant de ce que demande d'eux celui que célèbre Noël. L'humanité n'est pas dans le chemin que Jésus a frayé ; aucune subtile explication ne pourra le faire croire.

Et la fête de Noël, qui est la fête des enfants, doit être un appel à l'esprit de paix et d'amour chez les petits. Nous devons, dans la mesure où cela nous est encore possible, élever nos enfants pour la paix dans la justice et l'amour. dans le respect des droits de chacun, individu ou nation. Il ne faut pas considérer comme un acte sans importance s'ils répètent les mots injurieux (par ex. : boches) et imitent les jugements inconsidérés dont les grands donnent l'exemple. La génération de demain ne sera la génération de la paix que si les coeurs sont préparés, dans l'esprit de Noël et de Jésus, à connaître, à aimer, à vouloir, à pratiquer la « paix sur la terre parmi les hommes de bonne volonté ».

Et comme la Sibylle montrait à l'empereur Auguste, à travers l'infini, l'étable où reposait le petit Jésus, ouvrons à notre tour l'espace devant les yeux de nos enfants. Faisons leur contempler, comme une émouvante vision, tous ces soldats, ennemis, dans toutes les tranchées, qui prient le même Dieu et regardent au même Sauveur en cette nuit de Noël. Faisons surgir devant leurs regards confiants et candides, le spectacle de tous ces enfants : allemands, anglais, arméniens, autrichiens, français, italiens, serbes, bulgares et roumains, recueillis comme eux et chantant avec eux les mêmes chants de Noël. Il n'est pas nécessaire qu'ils comprennent ce qu'ont fait leurs pères, c'est-à-dire nous, pour les condamner ; mais il faut qu'ils sachent ce qu'ils ont à faire eux, à l'égard de ceux qu'ils doivent apprendre à aimer comme des frères.

Noël 1916 ! C'est une prière ardente et douloureuse, mais c'est aussi un mot d'ordre impérieux et divin que la parole des anges : « Paix sur la terre parmi les hommes de bonne volonté. »

RG. B.




Pour les petits.

La fête de Noël, anniversaire de la naissance du Sauveur qui nous est racontée dans le deuxième chapitre de l'évangile selon saint Luc.

1. Le recensement. - Lire les versets 1-5. - Longtemps après Néhémie (leçon précédente), les Romains, peuple très puissant, s'emparèrent de la Palestine. Quelques années après, leur empereur, César Auguste, voulut faire le recensement de son vaste empire, en faire inscrire tous les habitants pour savoir combien il y en avait. Joseph, charpentier, à Nazareth, et Marie son épouse étaient de la famille du roi David, c'est pourquoi ils durent venir se faire inscrire dans la ville de David (rappeler le temps où il était jeune berger à Bethléhem). L'empereur romain croyait n'avoir fait que sa propre volonté, mais c'est Dieu qui avait tout dirigé pour que son Fils vînt au monde dans la ville de David. Rien n'arrive sans la volonté de Dieu (Mat. 10 : 29, 30).

2. L'enfant nouveau-né. - Lire v. 6, 7. - Dieu voulut que son fils naquît dans la pauvreté, afin que le plus pauvre enfant puisse dire, aussi bien que le plus riche : « Il est mon Sauveur » ; afin que l'un n'ait pas honte de son indigence, et que l'autre ne soit pas orgueilleux et ne se vante pas de sa richesse.

3. Les messagers divins. - Lire v. 8-14. - L'enfant nouveau-né, le Sauveur Jésus est appelé Christ, nom donné chez les Israélites aux prophètes, aux sacrificateurs et aux rois, parce qu'il enseignera, comme le faisaient les prophètes, la volonté de Dieu ; de même que les sacrificateurs offraient des victimes sur l'autel, il offrira sa propre vie en sacrifice sur la croix ; et il doit devenir le roi, le seigneur de tous les hommes.

4. Les hommages des bergers. - Lire v. 15-20. Ils furent les premiers à reconnaître le Christ, le Seigneur, dans le pauvre enfant dont une crèche était le berceau, et à glorifier Dieu. Plus tard, les riches mages d'Orient vinrent à leur tour lui offrir leurs trésors. - Pauvres et riches ont besoin de lui parce qu'ils sont tous pécheurs et qu'ils ont besoin d'apprendre de lui à connaître Dieu et ses commandements, à l'aimer et à lui obéir. - Vous voulez aussi, n'est-ce pas, être du nombre des adorateurs de Jésus. Mais l'hommage qui lui sera le plus agréable sera votre obéissance aux commandements de Dieu. Jésus en a donné l'exemple en venant au monde (Héb. 10 : 7). Les anges aussi, qui chantent en coeur : Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, exécutent ses ordres (Ps. 103 : 20). À votre tour, après avoir chanté ses louanges, vous rentrerez chez vous pour faire sa volonté. Si vous gardez toutes ces choses dans votre coeur, vous serez agréables à Dieu. Alors Jésus, sera réellement votre Sauveur.

L. N.

Partie de l'élève.

SUJET : Noël. Naissance de Jésus
(Luc 2 : 1 -20..)
Versets à apprendre :
Ne craignez point ; car je vous annonce une bonne nouvelle, qui sera pour tout le peuple le sujet d'une grande joie : c'est qu'aujourd'hui, dans la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. (Luc 2: 10, 11.)
Gloire à Dieu dans les lieux très hauts. (Luc 2 : 14.)

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