Cantiques N° 97 et 98.
Après la prière l'action.
- Néhémie a les qualités qui
font l'homme énergique et qui
préparent le succès. Il unit deux
attitudes, en apparence opposées, et qui se
complètent admirablement : le
recueillement et l'action.
Le recueillement d'abord.
C'est
le contraire de l'impulsion
irréfléchie, qui déclenche le
mouvement, comme le courant
électrique : brusquement,
irrésistiblement C'est le contraire de
l'emballement de tant de, ceux qui partent au
premier mot qui les entraîne., au premier
signe qui les appelle, au premier sentiment qui les
émeut.
Le recueillement, on peut en faire
comprendre le caractère et la
nécessité, en rappelant la parole de
Jésus, sur le constructeur de tour :
« Quel est celui d'entre vous qui,
voulant bâtir une tour, ne s'assied d'abord
et ne calcule la dépense, pour voir s'il a
de quoi aller jusqu'au bout. »
(Luc
14 : 28, 29.)
Sans doute le recueillement est surtout
autre chose que ce calcul prudent et sage, mais il
procède du même besoin. Celui qui se
recueille, avant d'entreprendre quelque chose, a le
sentiment de sa faiblesse et il veut mesurer et
estimer ses forces ; - de la grandeur de la
tâche et il désire un évaluer
et en considérer les
difficultés ; il a aussi la conviction
que le secours vient de Dieu et il cherche à
s'en procurer l'appui par la prière, par ses
supplications.
Néhémie s'est recueilli de
cette manière-là. Il a
examiné, attentivement la rude lâche
que les mauvaises nouvelles apportées par
son frère plaçait devant sa
conscience : relever les murailles et le,
portes de Jérusalem. Il a
considéré tout ce qui était
matériellement indispensable et il s'est
adressé avec confiance, avec ferveur,
à Celui, sans l'appui duquel ceux qui
bâtissent la maison ou les murailles d'une
ville travaillent en vain.
(Ps.
127 : 1.)
Il peut alors se mettre en route, il a
pris ses précautions le roi lui est
favorable et lui accorde tout ce qui est
indispensable à sa mission ; dans son
coeur il sent l'approbation et l'appui de son
Dieu.
Et quand il est enfin arrivé
à Jérusalem, sans difficultés,
après un voyage assez long,
Néhémie va reprendre encore
l'attitude de la méditation, de la
réflexion, du recueillement.
(Néh.
2 : 11.) Il reste
trois jours avant de rien entreprendre. Mais ce
qu'il a fait avant de quitter Suse et ce qu'il va
faire après ces
trois jours de retraite, nous permettent de
pénétrer ce mystère.
Néhémie a certainement
prié Dieu et l'a remercié pour sa
protection auprès du roi Artaxerxès,
des gouverneurs et au cours du voyage - il l'a
prié ensuite, afin de lui demander ses
lumières, afin de bien voir sa tâche
et la manière de la remplir le mieux
possible. Il a répété encore
combien il se sentait petit et indigne d'une si
grande mission, mais à quel point il serait
énergique et courageux, si son Dieu
continuait à l'appuyer et à le
fortifier.
Tout cela est la part de la
réflexion et du recueillement. Que nos
enfants ne croient pas qu'on trouve la solution
d'un problème, sans en avoir soigneusement
lit et scruté la donnée ; qu'ils
ne se figurent pas qu'un artiste jette au hasard
sur sa toile les arbres ou les animaux qu'il peint,
sans mesurer exactement la place qu'ils occuperont
et les dimensions à leur donner.
Quand l'enfant a bien examiné son
problème, il doit commencer à
calculer ; l'architecte doit bâtir
après avoir établi ses plans. Et
celui qui a cherché dans la
méditation, le recueillement, la
prière, des forces nouvelles, comme
Néhémie, doit ensuite entrer
résolument dans l'action. Et
Néhémie va se montrer à nous,
avec toutes les qualités de décision.
de clairvoyance, d'énergie,
d'autorité, qui font l'homme d'action.
Il s'est informé de la situation
des, murailles ; des ressources en argent et
en bras sur lesquelles on pourrait compter en vue
de quelque entreprise importante ; mais il n'a
rien dit de son projet à personne. Et sa
promenade nocturne autour des remparts
écroulés, alors même qu'elle a
quelque chose de romantique, de mystérieux,
rentre déjà dans la catégorie
de l'action.
Le constructeur de murailles. -
Néhémie, avec quelques compagnons
sûrs et, entre autres, des guides qui
connaissent parfaitement les lieux, sort de nuit,
le troisième jour de son arrivée.
(Néh.
2 : 11, 12.) Il
sort par la porte qui donne sur la vallée de
Hinnom, il longe les murailles en dehors, afin de
mieux se rendre compte des brèches et des parties
encore saines;
il va
jusque dans la vallée du Cédron, puis
il revient sur ses pas et regagne sa demeure par la
porte sous laquelle il a passé en sortant.
(Néh.
2 :12-15.)
Nous pouvons décrire cette
promenade difficile et douloureuse au coeur de
patriote de Néhémie. Les
armées de Nébucadnetsar n'ont pas
seules ouvert ces brèches ; le temps a
lentement désagrégé ce qui ne
tenait plus solidement ensemble et bien des pans de
murs se sont encore écroulés depuis
le siège tragique; la
végétation a envahi certains tas de
décombres ; et des habitants de la ville
n'ont pas hésité à choisir,
parmi les pierres détachées, ce dont
ils avaient besoin pour leurs propres demeures.
Voyez Avenches, où l'on retrouve des
chapiteaux romains dans les murailles du temple et
où tant de maisons nous montrent leurs murs
construits avec les pierres
régulières, étroites, de la
vaste muraille d'enceinte.
A un moment donné,
Néhémie doit descendre de sa monture
; il n'y a même pas place pour elle parmi les
pierres qui] ont roulé le long de la pente,
jusqu'au Cédron
(v.
14).
Quand il fut rentré chez lui,
Néhémie s'est dit sans doute: C 'est
une rude tache que J'entreprends là. »
Mais la vision de ruine et d'abandon qu'il a
contemplée sous la clarté paisible de
la lune, ne l'a point
découragé.
Il convoque les chers du peuple ;
sacrificateurs, magistrats et notables
(v.
16) et leur expose, sans
hésitation, sa pensée et sa
volonté. Il ne les consulte pas ; il affirme
et communique sa décision: « Venez,
rebâtissons les murailles de Jérusalem
et que nous ne soyons plus dans l'opprobre »
(v.
17). Et cette énergie,
cette force communicative, faite de sûre
appréciation de la situation et de vraie
confiance en Dieu, gagnent les assistants qui
s'écrient: « Levons-nous et
bâtissons. »
Et l'on se met à l'oeuvre sans
tarder. Les travailleurs sont très divers et
organisés par escouades ; ici ce sont les
prêtres
(3
: 1) ; là , des citoyens
d'une ville
(v.
2) ; là, des membres d'une corporation,
les parfumeurs et les orfèvres
(v.
8 et 32)
; et certaines familles se
mettaient à la tâche, à la partie de la muraille
qui se
trouvait en face de leur propre demeure
(v.
10, 23,
28).
Avoir fait naître dans ce peuple
la volonté de relever les murailles de la
cité sainte ; lui avoir fait accomplir
promptement et joyeusement les sacrifices de temps,
de travail et d'argent, qui étaient
indispensables à la réussite de
cette, importante entreprise, c'est
déjà dire combien
Néhémie, que. nous avons vu
méditer et se recueillir, était aussi
un homme d'action. Il va avoir encore une autre
occasion de montrer « homme
d'énergie ».
L'opposition. - La vue de
Jérusalem qui se relevait de sa
déchéance et qui semblait vouloir
reprendre, peu à peu, une place
prépondérante dans le pays, ne
plaît guère à
quelques-uns ; de vieilles rivalités se
réveillent, hélas !
L'épreuve et le châtiment n'ont pas
pénétré aussi profond dans les
âmes qu'on le croit.
L'un des opposants les plus
énergiques et les plus redoutables, est Sanballat, le
gouverneur de Samarie. Disons,
en passant, que dans ce cas encore, comme en tant
d'autres, les découvertes
archéologiques sont venues renforcer les
affirmations et les données bibliques. Ainsi
le nom du gouverneur de Samarie, Sanballat, est de
ceux qu'on a retrouvés sur des papyrus
d'Éléphantine, une communauté
juive, en pleine terre d'Égypte et qui avait
emporté là-bas ses coutumes et sa
foi ; il y avait un temple en l'honneur de
Jahveh à Éléphantine.
Or, Sanballat et ses acolytes essaient
tous les moyens pour entraver l'oeuvre de
Néhémie : la moquerie
(4 :
2, 3), les menaces et
même la guerre
(4 :
7 et suiv.).
Néhémie organise, alors, ses
travailleurs de manière à
éviter toute surprise ; ils sont
armés et gardent leur épée
à côté d'eux, tandis qu'il
reconstruisent la muraille ; c'est ce que nous
dit la parole expressive et imagée de la
Bible : « Ceux qui
bâtissaient, ainsi que ceux qui portaient ou
chargeaient le, fardeaux, travaillaient d'une main
et de l'autre ils portaient une
épée »
(4 :
17.) En
réalité, une partie des gens
veillait, tandis que les autres travaillaient
(4 :
16).
Sanballat essaya même de la ruse
(Néh.
6 : 1 et suiv.).
Mais Néhémie ne s'y laisse
pas prendre et il répond à son
hypocrite invitation en des termes qui doivent nous
faire réfléchir et que nous devrions
répéter nous aussi,
quelquefois : « J'exécute un
grand travail et je ne puis descendre »
(6 : 3.) Ne serait-ce pas une sage
réponse, de la part d'un écolier que
ses camarades viennent appeler, alors qu'il a des
leçons à préparer ou un
service à rendre à son père ou
à sa mère ? Il est des cas
où il faut savoir ne pas se laisser
déranger, ni détourner du travail que
l'on fait, si l'on tient à le bien
faire.
L'énergie de
Néhémie tint bon, ait milieu de
toutes ces difficultés
(Ch.
6) et l'entreprise, si longtemps
différée, pendant des
générations, fut menée
à terme en 52 jours, grâce à sa
décision et à son courage
(6 :
15, 16).
Mais l'exemple de Néhémie
ne doit pas être perdu. Il nous enseigne,
à nous aussi, qu'on ne peut rien faire de
sérieux, de beau, de bon, sans recueillement
et sans énergie.
Recueillement,
c'est-à-dire examen de l'oeuvre à
accomplir, des difficultés possibles, de nos
moyens et de nos forces ; mais, surtout,
recueillement dans la recherche du secours de Dieu,
dans la prière.
Énergie, ensuite, dans
la
mise en oeuvre de nos forces, dans le travail
persévérant, dans l'action. Dieu veut
nous secourir, mais il attend aussi de nous un
effort proportionné à nos talents et
à nos capacités.
RG. B.
Récapituler
leçon du 10
décembre. - Néhémie
fit un bon voyage et arriva sain et sauf
à Jérusalem. Quelle joie
pour lui de voir enfin cette ville sainte
où avaient vécu ses
ancêtres ! Mais cette joie fut
accompagnée d'une grande
tristesse.
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