Cantiques N° 35 et 55.
Introduction. - L'établissement
des exilés dans leur ancienne patrie ne
s'est pas faite en une seule fois. Il y eut
plusieurs retours successifs, sous des chefs dont
les noms des principaux sont connus. Nous en avons
déjà cités (leçon du 26
novembre, p. 530). Nous devons nous occuper
maintenant de deux autres : Esdras et
Néhémie.
Un temps assez long s'est
écoulé depuis les
événements (le
retour de l'exil) dont nous avons parlé la
dernière fois. Cent ans ont
passé ; et c'est quelque chose dans
l'histoire d'un peuple ; Cyrus avait
permis aux Israélites de rentrer dans leur
patrie, en 538. Ce retour leur avait causé
beaucoup de joie et beaucoup de
désillusions ; car ils n'avaient pas
trouvé à Jérusalem tout ce
qu'ils y attendaient. Le pays s'était
appauvri, les villes en partie ruinées,
Jérusalem sans temple et sans murailles. Les
exilés avaient donc commencé par
courir au plus pressé ; et ce n'est que
sous le règne de Darius que la construction du temple,
longtemps
différée, avait été
achevée en 515.
On pouvait donc célébrer
de nouveau le culte et offrir des sacrifices
à l'Éternel, ailleurs que sur un
simple autel dressé sur la colline sainte,
en plein vent. Mais on était loin d'avoir
réalisé l'unité nationale,
« l'union sacrée » tant
désirée et tant désirable. Les
Judéens restés au pays après
la ruine de Jérusalem n'acceptaient pas
volontiers la suprématie de ceux qui
revenaient d'exil et qui leur étaient
supérieurs, soit au point de vue de la
fortune, soit surtout religieusement et moralement.
L'épreuve, c'est-à-dire le long
séjour sur la terre étrangère,
avait provoqué bien des réflexions et
rapproché les coeurs de Dieu. Les
immigrés étrangers et tous les
voisins de Jérusalem voyaient aussi de
mauvais oeil la tentative de restaurer le royaume
de Juda et sa capitale (Esdr. 4 et 5 ;
Néhém. 4) et se montrèrent
fort peu bienveillants.
C'est ainsi que s'écoula la
période qui va du premier retour de l'exil
(538) à l'activité des deux hommes
dont nous devons nous entretenir pendant ces trois
leçons : Esdras et Néhémie, tous deux sous le
règne d'Artaxerxès Ier
Longue-main, roi de Perse.
Tandis que les premières
caravanes avaient pris le chemin du retour
dès 538 et s'étaient établies
sur la terre des ancêtres, d'importantes
colonies juives étaient restées en
Chaldée et en Perse. Ces dernières
étaient en relations constantes avec leurs
compatriotes à Jérusalem
(Néhém,
1: 2-3) ;
et les difficultés que les Juifs
rencontraient en Judée ne laissaient point
indifférents ceux qui étaient
restés en terre étrangère. Esdras
et Néhémie se sentirent donc
poussés à venir à
Jérusalem pour encourager leurs compatriotes
et relever les murailles de la ville. Nous verrons,
une autre fois comment Néhémie s'y
est pris (leçon du 13 décembre).
Quant à Esdras il se mit en route avec une
forte troupe de ses compatriotes. Son intention
était de prendre en main la direction
spirituelle et de ranimer le zèle et la foi
de son peuple. Le secours matériel et les
hommes énergiques venaient donc toujours des
colonies demeurées encore sur la terre
d'exil.
Esdras. - De tous ceux qui ont
contribué à reformer le peuple juif
dans sa patrie : Sesbatsar, Zorobabel,
Jésua, Néhémie, Esdras,
d'autres encore, au cours de ce siècle qui
va du retour de l'exil à la période
où nous sommes, Esdras est le plus grand.
Car il a travaillé, avant tout, à
fortifier l'âme, à tremper la
conscience, à purifier la foi de ses
compatriotes. Tous ceux qui font quelque chose de
durable dans le monde ont eu un idéal
lumineux devant les veux, et les plus grands furent
ceux qu'animaient une grande foi et une
profonde conviction religieuse.
Esdras est de ceux-là. Mais cette
foi n'est point nécessaire seulement aux
hommes appelés à des tâches
compliquées et importantes ; elle est
indispensable aussi pour les plus petits devoirs,
nécessaires à chacun de nos enfants.
L'exemple de la foi d'Esdras, et de l'oeuvre qu'il
a réalisée sous son inspiration, doit
nous pousser aussi à la même
fidélité sous la même
inspiration, quelque modeste que soit notre oeuvre.
Le grand apôtre l'a dit :
« Quelque travail que vous fassiez,
faites-le de bon coeur, comme pour le
Seigneur. »
(Col.
3 : 23.)
Qui était Esdras ? Un prêtre, dont
on fait remonter la
généalogie à Aaron, et
« un scribe versé dans la loi de
Moïse, qu'avait donnée
l'Éternel, le Dieu d'Israël
(7 :
6). » Il vivait
à Babylone et il y avait eu l'occasion de
travailler avec ceux qui s'étaient
donné pour tâche de recueillir les
lois et les traditions du passé, de
rassembler par écrit ces ordonnances venues
de Dieu, qui auraient dû inspirer toute la vie
d'Israël, et dont la
violation avait attiré de si rudes
châtiments sur le peuple
infidèle.
Esdras était un homme
énergique aussi, qui savait ce qu'il
voulait. C'est ainsi qu'il a agi avec une vigueur
impitoyable contre les mariages mixtes qui
introduisaient des païennes dans les familles
israélites et, avec elles,
l'idolâtrie. Ou, en tout cas, le
relâchement dans la crainte et le service de
Dieu, l'indifférence, comme c'est si souvent
le cas, actuellement, dans les mariages entre gens
de convictions différentes.
L'énergie et la foi d'Esdras
étaient fondées solidement sur la connaissance de la Parole de
Dieu. Celle-ci
était encore bien incomplète, bien
loin d'être telle que nous la
possédons. Il y manquait, cela va sans dire,
tout l'Évangile ou le Nouveau
Testament ; Jésus ne paraîtra que
quatre siècles plus tard. D'autres livres de
l'Ancien Testament même n'étaient pas
non plus composés à cette
époque. Mais ce qu'Esdras possédait
des écrits sacrés, il
l'étudiait avec et avec respect.
« Car Esdras avait appliqué son
coeur à étudier la loi de
l'Éternel, à la mettre en pratique et
à faire connaître aux
Israélites les lois et les
ordonnances. »
(7-10.)
Cette connaissance de la Bible
a
été et est encore la source la plus
claire de la vie religieuse, le foyer d'une vie
morale intense. Il suffit de rappeler le
zèle ardent et la piété des
Réformateurs, qui furent des hommes de la
Bible et qui voulaient mettre le livre saint dans
toutes les mains. N'oublions pas non plus la
fermeté des huguenots au milieu des
persécutions ; ils cherchaient leur
force dans la Parole de Dieu, alors même
qu'ils s'exposaient, par cette simple lecture,
à la prison, aux galères, à
l'échafaud.
Et profitons de l'occasion pour rappeler
à nos enfants que la Bible n'est pas
seulement un livre utilisé dans le culte et
à l'école du dimanche ; il doit
être un livre de famille, une source de force
pour chacun individuellement ; et dès
la jeunesse il faut s'appliquer à y chercher
les encouragements et les directions qui orientent
la vie vers les sommets. C'est la loi de
l'Éternel qui avait formé le coeur d'Esdras, c'est
d'elle
qu'il
tirait cette fermeté et cette confiance, qui
nous sont proposées aujourd'hui en exemple.
(A propos du culte de famille et de la lecture de
la Bible, nous attirons l'attention sur un
bienfaisant article de La Famille,
numéro du 220 août 1916.)
La confiance d'Esdras. - Nous avons
autre chose que les affirmations de la Bible pour
prouver la piété d'Esdras. On nous a
conservé un exemple frappant de sa confiance en Dieu.
Sous le règne
d'Artaxerxès, roi de Perse, Esdras obtint la permission de rentrer
dans sa patrie,
avec tous les Juif, qui voudraient librement se
joindre à lui
(7 :
13). Esdras était
porteur d'un message du roi lui-même, lui
donnant autorité pour établir l'ordre
et faire régner la loi à
Jérusalem et dans le pays de Juda
(7 :
14). Le scribe
reçoit en outre de l'or et de l'argent,
ainsi que la promesse de subsides de la part du
trésor royal. Ceux qui se joignent à
lui forment une troupe imposante de plusieurs
milliers de personnes, y compris les femmes et les
enfants ; car la liste qui nous est
donnée ne comprend, suivant l'habitude, que
les chefs de famille
(8:
1).
Faire un voyage, long, en des
contrées d'accès difficile et au
milieu de populations souvent hostiles,
n'était pas une petite entreprise. Que va
faire Esdras ? Demander encore l'appui des
troupes du roi ? (Ce sera le cas de
Néhémie, Néh.
2 : 9.) Il n'y
songe pas : « J'aurais eu honte de
demander au roi une troupe et des cavaliers, pour
nous protéger contre les ennemis pendant le
voyage ; car nous avions dit au roi : La
main de notre Dieu protège tous ceux qui le
recherchent. »
(8 :
22.) De l'Éternel
seul viendra le secours ; de lui seul on
implorera la protection indispensable pour mener
à bien ce voyage. Esdras fait ce que nous
devrions toujours faire avant toute
entreprise : il prie et il ordonne
même un jeûne, afin que toute la
caravane s'humilie avec lui et implore l'appui de
Dieu. Comptant sur Dieu seul, on part ensuite
vaillamment pour un pèlerinage qui va durer
des mois et qui s'accomplit heureusement.
Arrivés enfin à Jérusalem, les
exilés rendent gloire à Celui qui les
a délivrés
« de la main de leurs ennemis et de leurs
embûches »
(8 :
31). S'il faut savoir
demander à Dieu son secours, il est juste
aussi de ne pas oublier de l'en remercier. La foi
d'Esdras avait été
récompensée et Dieu l'avait
protégé. Mais nous sommes certain
qu'il aurait gardé sa confiance en Dieu,
même dans l'épreuve, convaincu que
celui-ci ne, les abandonnerait pas et que,
tôt ou tard, sa bénédiction
reposerait, comme et quand il le jugerait bon. sur
ceux qui se confiaient en lui. La prière
n'est pas toujours l'objet d'un exaucement
immédiat.
Mais la confiance en Dieu conduit
à la confiance dans les hommes. Esdras sait
qu'il peut compter sur ceux qui, comme lui,
craignent l'Éternel et qui se savent sous
son regard. Il répartit donc l'or, l'argent,
tous les objets précieux qu'il emporte pour
l'usage du Temple, entre un certain nombre d'hommes
fidèles, « consacrés
eux-mêmes à
l'Éternel »
(8:
24-30). Et ceux qu'il honora
ainsi montrèrent qu'ils avaient, comme lui,
le respect de la foi de Dieu et qu'ils la mettaient
en pratique. Ils gardèrent soigneusement et
scrupuleusement le dépôt qui leur
était remis et qui, après
vérification
(8 :
34), fut placé dans
le trésor du temple, à
l'arrivée à Jérusalem.
Prenons donc exemple sur cet homme de
foi : Esdras que dès la jeunesse nous
appliquions notre coeur à étudier la
loi de l'Éternel et à la mettre en
pratique
(7 :
10). Et souvenons-nous du
conseil : « Exerce-toi à la
piété.., car la piété
est utile à toutes choses, ayant la promesse
de la vie présente et de celle qui est
à venir »
(1
Tim. 4 : 7).
ROGER BORNAND.
Récapituler
leçon du 26
novembre. - Environ quatre-vingts ans
après le premier retour, il y en
eut un second, au temps du roi de Perse
Artaxerxès Longue-main. Les
Israélites eurent pour les conduire
un homme très remarquable :
c'était Esdras. Il méritait
son nom, qui signifie
« secours », car il
fut d'un grand secours à ses
compatriotes, grâce à ses
vertus.
(Esdras 7: 1-10 ; 8: 21-36.)
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