Cantiques N° 4 et 43.
La prise de Jérusalem. - Nous
avons vu, dans la leçon
précédente déjà, les
armées de Nébucadnetzar, roi de
Babylone, devant les murs de Jérusalem.
C'est le dernier siège, ce sont les
convulsions suprêmes du royaume de Juda. La
capitale va tomber; le temple, les palais seront
détruits et le roi emmené en
captivité.
Jérémie est toujours en
prison. On l'interroge encore; on admire son
inébranlable fermeté. Les bourreaux
sentent, souvent, la grandeur et la droiture
d'âme de leurs victimes. Le centenier, au
pied de la croix du Calvaire, n'a-t-il pas dit, en
voyant Jésus expirer :
« Certainement, celui-ci était Fils de
Dieu »
(Marc
15 : 39). C'est ainsi
qu'on rendait aussi involontairement hommage
à Jérémie, tout en s'irritant
de ses paroles et en le retenant en prison. Le roi
lui-même l'avait fait conduire près de
lui, afin de l'entendre. Mais le prophète,
ferme dans sa conviction que le péché
conduit au châtiment et que seule la
repentance peut attirer le pardon et la
miséricorde de Dieu, continue à
annoncer la prise de la ville, la fin du
royaume.
Dans la cité régnait
l'agitation d'une ville assiégée. On
espérait en le secours du roi
d'Égypte. Quand l'armée des
assiégeants dut marcher à la
rencontre des troupes du pharaon, ce fut un
soulagement, une allégresse, que seul
Jérémie n'a pas partagés. La
sentence, à ses yeux, est
prononcée ; elle s'accomplira :
« Maison de David ! Ainsi parle
l'Éternel : Rendez la justice
dès le matin, et délivrez
l'opprimé des mains de l'oppresseur, de peur
que ma colère n'éclate comme un feu
et ne s'enflamme sans qu'on puisse
l'éteindre, à cause de la
méchanceté de vos actions. Voici,
j'en veux à toi, ville assise dans la
vallée, sur le rocher de la plaine, dit
l'Éternel » ( 21:
12-13). « Voici, je
livre cette ville entre les mains de
Nébucadnetzar, roi de Babylone, et il la
prendra. Les Chaldéens qui attaquent cette
ville vont entrer, ils y mettront le feu et ils la
brûleront, avec les maisons sur les toits
desquelles on a offert de l'encens à Baal
afin de m'irriter. Car les enfants d'Israël et
les enfants de Juda ont fait, dès leur
jeunesse, ce qui est mal à mes
yeux »
(32 :
28-35).
Bientôt, en effet, les
Chaldéens reviennent. Ils ont vaincu
l'armée des Égyptiens et le
siège continue. Une foule de fugitifs de la
campagne et des petites villes s'était
entassée dans la capitale. La
détresse, la famine y règnent, avec
toutes les horreurs qu'elles peuvent provoquer dans
un peuple au désespoir et luttant pour sa
vie.
Enfin, dans l'été de
l'année 586, une brèche est faite
à la muraille, et les assaillants, comme un
torrent déchaîné, se
répandent dans les rues. Le roi
Sédécias et la cour tentent de
s'enfuir. Ils sont bientôt rejoints dans la
plaine de Jéricho. Nébucadnetzar, qui
était resté à Ribla, scelle
sa victoire avec une
cruauté que les hommes n'ont pas encore
complètement désapprise et
reniée aujourd'hui. Les fils de
Sédécias sont égorgés
devant lui ; puis on crève les yeux du
roi de Juda, afin qu'ils se ferment sur cette
horrible vision, la dernière qu'il ait
contemplée. À Jérusalem, le
temple, le palais du roi, les maisons
princières sont incendiées et les
murailles abattues
(52 :
10, 11, 13, 14).
Les chefs religieux et les magistrats
furent aussi mis à mort ; le temple
pillé ; et un fort contingent de
Judéens emmenés en Babylonie, comme
on l'avait déjà fait dix ans
auparavant.
Jérémie a vu s'accomplir
les menaces dont l'Éternel l'avait
chargé. On a abattu, détruit,
arraché, ruiné, ainsi que
l'Éternel l'avait dit, lorsqu'il l'avait
appelé à devenir son prophète
(1 :
10). Prisonnier alors, il
fut délivré et laissé libre de
demeurer dans sa patrie. Son ardent désir
était d'y rester, parce qu'il sentait que
c'était là que son peuple devait
reprendre vie, retourner à l'Éternel,
délaisser ses fautes et s'engager sur le
chemin de l'obéissance. Mais des troubles
éclatèrent. De nombreux
Judéens désiraient chercher un refuge
en Égypte ; ils contraignirent
Jérémie à les accompagner. Et
la tradition rapporte que le vaillant
prophète, insulté,
méprisé, emprisonné tant de
fois, périt finalement sous les coups de ses
concitoyens.
L'exil. - Tout s'est accompli comme les
prophètes l'avaient annoncé. Non pas
que toutes leurs prédictions se soient
réalisées à la lettre. Mais le
message spirituel qu'ils avaient proclamé
s'est montré vrai, dans ce qu'il contenait
d'essentiel : la menace du châtiment,
d'un châtiment inévitable et
mérité par des
infidélités innombrables, une
infidélité incessante et toujours
renouvelée.
La plus grande partie du peuple resta
toutefois dans le pays, à Jérusalem,
dans les bourgs et dans les campagnes. On estime
à un quart de la population le nombre de
ceux qui avaient pris le chemin de l'exil. Car ce
n'est pas une captivité, mais un
exil.
Les habitants de Jérusalem et de
Juda déportés en Babylonie pouvaient
y vaquer à leurs affaires, se livrer au commerce,
à divers
métiers, à l'agriculture dans un pays
plus fertile que le leur. Ils vivaient en petites
colonies probablement, près du fleuve du
Kebar
(Ezéchiel
1 :
1) par
exemple.
Mais combien amères
étaient leurs pensées. Ils ont
laissé derrière eux une bonne partie
de leurs biens, car même traités avec
plus de bienveillance que les tragiques caravanes
d'Arméniens chassées par les Turcs,
qu'ont-Ils bien pu emporter ? Ils ont
quitté leurs demeures, celles où Ils
étaient nés ou avaient fondé
leur famille ; Ils ont abandonné des
parents, des amis. Et, enfin, ils sont loin des
lieux où ils pouvaient offrir des sacrifices
à leur Dieu. Comment le servir ici, en
pleine terre païenne, en face de ces
sanctuaires remplis d'idoles. L'Éternel
entendra-t-il leurs prières, exaucera-t-il
leurs voeux ?
Le Psaume 137
exprime ces sentiments
douloureux, ce mal du pays qui rend les coeurs
lourds et qui clôt les bouches.
« Sur les bords des fleuves de Babylone,
nous étions assis et nous pleurions en nous
souvenant de Sion »
(vers.
1). Les vainqueurs auraient
aimé entendre quelque chant de leur pays.
Chaque peuple a ses « lieds »,
dont la musique et les paroles traduisent les
sentiments profonds et révèlent le
caractère intime d'une race. Mais les
exilés se taisaient :
« Comment chanterions-nous les cantiques
de l'Éternel sur une terre
étrangère ? »
(vers. 4).
Ils ne l'auraient pas pu,
parce que leur coeur aurait éclaté.
Ils ressemblaient à ces Suisses, en service
étranger, devant lesquels on n'osait, ni
jouer, ni chanter le « Ranz des
vaches », de peur que le mal du pays et
le découragement s'emparent d'eux et les
poussent à déserter.
Ces sentiments douloureux
n'étaient pas les seuls qu'ils
éprouvaient. Notre psaume se termine sur une
note aiguë, déchirante, cruelle, qui
appelle la vengeance sur les ennemis victorieux. Ne
condamnons pas trop ceux qui pouvaient penser
ainsi. Souvenons-nous de leur souffrances, de leur
ignorance encore ; et n'oublions pas toutes
les paroles de représailles
prononcées, tous les actes accomplis au
cours de la guerre actuelle (bombardement par des
avions, mesures sévères contre les
prisonniers, que les communiqués officiels de l'un
ou de
l'autre
parti disent être des représailles).
Cherchons, d'un effort sincère, à
dominer en nous toute impulsion qui pourrait
obéir à un motif semblable, en
regardant à Celui qui a dit
« Aimez vos ennemis » et
« Père, pardonne-leur, car ils ne
savent ce qu'ils font. »
La leçon de l'épreuve. -
L'exil fut une longue et dure école. Dure,
nous venons de dire pourquoi, Longue, car les
années passèrent, passèrent et
s'accumulèrent, avant que vint le moment du
retour, qui fera le sujet de notre Prochaine
leçon.
Avant la ruine de Jérusalem, les
exilés du premier convoi (597) escomptaient
déjà leur retour dans leur patrie.
Mais Jérémie leur envoie un message
pour leur dire de ne pas se bercer d'illusions
trompeuses. « Bâtissez, plantez,
leur écrivait-il ; mariez-vous et
multipliez. Recherchez même le bien de la
ville où vous êtes
établis »
(Jér.,
ch. 29).
Il fallut bien, peu à peu, se
rendre à l'évidence. Au lieu de
l'impatience, des murmures des espoirs vains, on
s'habitua à la situation, sans l'accepter et
sans cesser de regarder du côté de
Jérusalem. N'est-ce pas dans cette direction
que se tournait l'exilé pour prononcer ses
prières ? « Si je t'oublie,
Jérusalem, que ma droite m'oublie ; que
ma langue s'attache à mon palais, si je ne
me souviens de toi »
(Ps.
137 : 5, 6). (N'oubliez pas
d'expliquer l'expression : « que ma
langue s'attache à mon
palais » ; une
catéchumène m'a dit à ce
propos, l'hiver dernier, que le
« palais », dont il est
question ici, est « une grande
maison ».)
L'exil, après la ruine de
Jérusalem, fut surtout une
prédication puissante de la
fidélité de l'Éternel.
« Les menaces de Dieu se
réalisent » dit le titre de notre
leçon.
Les prophètes avaient
répété, avec conviction et
avec douleur, ce que l'apôtre Paul a si bien
résumé en ces mots :
« Ne vous y trompez pas, on ne se moque
pas de Dieu. Ce qu'un homme aura semé, il le
moissonnera aussi »
(Gal.
6 : 7). Les
Israélites l'ont éprouvé bien
durement. Malgré l'avertissement solennel et
pressant des prophètes, les
générations passaient, et l'on
retombait toujours dans les mêmes erreurs. La
patience de Dieu a un terme. Ce terme était venu
pour Juda et
Jérusalem et le châtiment est
tombé sur les coupables.
N'avons-nous rien à apprendre de
cette leçon ? Ne sommes-nous pas
souvent, sourds et aveugles, comme le peuple
d'Israël ? N'allons-nous pas notre
chemin, à notre idée, alors
même que nous voyons nettement la direction
différente que Dieu nous indique ?
Avertissement redoutable, que nous devons entendre,
que nous devons faire entendre à nos
enfants. « On ne se moque pas de
Dieu, » Le péché est une
désobéissance et entraîne une
punition. La punition viendra, soyons-en
assurés ; les faits que nous
étudions ensemble nous le redisent
énergiquement.
Mais Dieu n'est pas fidèle
seulement dans l'exécution de ses menaces.
Fidèle il l'est toujours, il l'est partout.
Et le peuple qui a vu comment Dieu mettait à
exécution ses menaces, s'est pris à
espérer aussi dans l'accomplissement des promesses. Il y a
miséricorde pour
ceux qui se repentent ; il y a secours et
force pour ceux qui sont fidèles. Dieu a
envoyé à son peuple, non pas à
ceux qui étaient demeurés dans le
pays de Juda, mais aux exilés en Babylonie,
deux grands serviteurs pour leur dire cela :
Ezéchiel et le Second Esaïe.
Que ce soit là, pour nous aussi,
la conclusion de cette leçon : Dieu
est fidèle. Il punit, parce qu'il a dit
que tout péché mérite un
châtiment ; mais il pardonne quand on
revient à lui et il bénit plus encore
qu'il n'a châtié ; car
« Dieu est amour. »
Elle est aussi pour nous cette parole
que l'Éternel adressait à son peuple
en exil, par la bouche d'Ezéchiel :
« Dis-leur : Je suis vivant, dit le
Seigneur, l'Éternel. Ce que je
désire, ce n'est pas que le méchant
meure, c'est qu'il change de conduite et qu'il
vive. Revenez, revenez de votre mauvaise
voie ; et pourquoi mourriez-vous, maison
d'Israël ? »
(Ezéch.
33 : 11.)
RG. B.
Récapituler
leçon du 12
novembre - quand Dieu parle, on doit
l'écouter. C'est ce que ne firent
pas les Israélites du royaume de
Juda. Dieu leur parla par les
prophètes, en particulier par
Jérémie, afin de les amener
à renoncer à leurs
péchés, idolâtrie,
amour des richesses, luxe, ivrognerie,
etc., et à obéir à
ses commandements, Mais ils
continuèrent à
désobéir,
s'irritèrent contre
Jérémie, comme il vous
arrive peut-être quelquefois de vous
irriter contre maman, de crier, de frapper
du pied, jusqu'à ce qu'elle soit
obligée de vous punir. Voyez
quelles en furent pour eux les affreuses
conséquences.
(Jér. 52 : 1-16 ; Psaume 137.)
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